• BONJOUR A TOUS ET

    bienvenue (2)

     CHEZ FRANCESCA 

  • UN FORUM discussion

    http://devantsoi.forumgratuit.org/

    ............ ICI ............
    http://devantsoi.forumgratuit.org/

  • téléchargement (4)

  • Ma PAGE FACEBOOK

    facebook image-inde

    https://www.
    facebook.com/francoise.salaun.750

  • DECOUVERTES !

    petit 7

  • BELLE VISITE A VOUS

    aniv1

    PETITS COINS DE PATRIMOINE QUI SERONT MIS EN LUMIERE AU DETOUR DE NOTRE REGION DE FRANCE...

  • Cathédrale St-Etienne-Auxerre

    St-Etienne Cathédral, Auxerre

    « La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle s’arrête là où commence l’hypothèse, sur le plan des reconstitutions conjecturales, tout travail de complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques relève de la composition architecturale et portera la marque de notre temps. » citation Charte de Venise, art. 9, ICOMOS, 196.

  • M

    JE SUIS ORIGINAIRE MOI-MEME DE LA BOURGOGNE....

  • FRANCE EN IMAGES

    G

    « Un monument restauré traduit les connaissances, les ambitions, les goûts, non seulement du maître d’oeuvre mais aussi du maître d’ouvrage : c’est le vrai révélateur de l’appréhension des édifices par une génération donnée, qui leur permet de reconnaître pour sien un édifice centenaire. » citation de Françoise Bercé.

  • amis

  • Méta

  • amis

  • Architecture Française

    5

  • Artisanat Français

    1

  • A

  • amour-coeur-00040

  • montagne

    Tout devient patrimoine : l'architecture, les villes, le paysage, les bâtiments industriels, les équilibres écologiques, le code génétique.

  • 180px-Hlézard1

  • Patrimoine Français

    3

    Citation sur la France.
    !!!!
    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

  • a bientot

La naissance du premier supermarché

Posté par francesca7 le 5 avril 2016

 

L’ouverture du premier supermarché en France remonte au 15 octobre 1958, soit 28 ans après celui de Michael Cullen. Goulet-Turpin fut le premier à exploiter le concept venu des Etats-Unis avec son magasin Express-Marché de 560m².

 supermarche5

C’est à la suite de plusieurs voyages aux Etats-Unis et en Europe que Goulet-Turpin sut qu’il pouvait implanter le concept de supermarché en France. Afin de mettre au point le premier supermarché français, Jean Goulet, fils de Goulet-Turpin se rendit fin 1957 aux Etats-Unis, pays d’origine des supermarchés.

Une fois l’apparence de son supermarché définie, il lui fallait trouver un emplacement pour le futur magasin. Pour ce faire, il appliqua une tactique quasi-militaire. Après une étude très minutieuse, le site de Rueil-Plaine, en banlieue parisienne, fut choisi comme emplacement du futur supermarché. Pierre Goulet avait recensé 20741 habitants dans un rayon de 750 mètres autour du site prévu. Après avoir peaufiné son projet, fait des études sur le fonctionnement des supermarchés aux Etats-Unis et choisi l’emplacement pour son futur supermarché par rapport aux écoles, gare… il définit le portrait-robot que pouvait avoir un supermarché : « Un magasin fonctionnant uniquement en libre-service, d’une surface de vente de 200 à 1000 mètres carrés et entouré d’un parking. La ménagère y trouve absolument tout ce qui est nécessaire à l’approvisionnement d’une famille. » (revue interne de Goulet-Turpin)

Il ne lui manquait plus qu’un nom, ce fut Express Marché. Le nom de l’enseigne ne contenait pas le mot supermarché pour la simple raison que les Goulet-Turpin voulaient insister sur le fait que l’on pouvait y faire ses courses rapidement. Si l’on regarde autour de nous, on peut s’apercevoir que Carrefour ou Leclerc ont adopté le même raisonnement quelques années plus tard : Carrefour Express (Hypermarché en Espagne) et Leclerc Express (Supermarché de proximité).

Avec le Monoprix de Rueil comme principal concurrent, il s’agissait pour Goulet-Turpin de maximiser ses profits et d’attirer le plus grand nombre de clients. C’est pourquoi, lors des travaux, il utilisa un train routier comme magasin provisoire. Il s’agissait d’un véhicule tractant trois remorques pouvant tripler de surface à l’arrêt. Une pour le magasin, une autre pour le stock et une dernière pour loger le gérant. Train routier que l’on retrouvera moins d’un mois plus tard aux pieds des nouvelles barres d’immeubles de Nanterre avant l’ouverture de son deuxième supermarché (13 Novembre 1958).

Même si Goulet-Turpin n’utilisa pas la presse pour annoncer l’ouverture ; la naissance du premier supermarché français intéressa vivement la presse. Celle-ci fut étonnée par la taille du projet Goulet-Turpin. Inquiets de ne pas savoir si le succès allait avoir lieu, les gérants ne voulaient pas faire de publicité pour l’ouverture du supermarché. Cependant, feux d’artifices et films publicitaires diffusés dans les cinémas firent, par la suite, la promotion des supermarchés de l’enseigne auprès de la population. Avec le magasin Paris Prix, l’Express-Marché, le premier supermarché français, fit partie d’un des trois blocs qui formeront le centre commercial de Rueil. Dans les autres blocs, on retrouverait des commerces, une banque, une garderie… Avec ses 2000 références (contre 600 dans une succursale classique), 24 personnes étaient employées pour assurer le fonctionnement du magasin. Ce nombre apparaît important en comparaison des standards actuels : un magasin d’environ 600m² du type Shopi emploie généralement dix à quinze salariés seulement.

Le 15 octobre 1958, le pari était réussi : la nouvelle formule faisait l’unanimité. Presque tous les produits étaient réunis au même endroit. Le chiffre d’affaires était supérieur à 30 millions de francs par mois. Et ce succès se traduisit ensuite par la création de nouvelles enseignes…

 1

Plan approximatif du 1er supermarché français

Express Marché – 1958 – Créé par Goulet-Turpin

Bibliographie :

 Photographies du premier supermarché français :

http://lespremierssupermarches.over-blog.com/photo-281602-photo6_jpg.html

 Photographies et films publicitaires Goulet-Turpin :

http://www.leroy-goulet-turpin.com/index.php ?p=news

 Frédéric Carluer-Lossouarn -2007- « L’aventure des premiers supermarchés » édition Linéaires

Auteur : Gaylord Becker. Source : projet tutoré – IUT Nancy 

Publié dans ARTISANAT FRANCAIS, FONDATEURS - PATRIMOINE, HISTOIRE DES REGIONS | 1 Commentaire »

Les curés à la campagne

Posté par francesca7 le 3 avril 2016

 

Selon les régions, le curé peut être appelé « recteur » ou « abbé ». Attention également aux faux-amis : ainsi en anglais, vicar désigne au contraire celui qui a la charge d’une paroisse, et curates les prêtres qui l’assistent éventuellement.

Le curé, assisté par ses vicaires, occupait une place centrale et jouait un rôle essentiel dans les paroisses sous l’Ancien Régime et dans une moindre mesure au XIXe siècle.

Ils assurent la messe, les enterrements, les mariages et les baptêmes;

CURE

En janvier 1789, Louis XVI l’atteste lui-même ; il invite tous les curés du royaume à participer à la hauteur de leur rôle aux États généraux prévus pour le 1er mai suivant. Ainsi ordonne-t-il aux gouverneurs et agents chargés de l’exécution des lettres de convocation de veiller particulièrement à remplir leur office « en appelant aux assemblées du clergé tous les bons et utiles pasteurs qui s’occupent de près et journellement de l’indigence et de l’assistance du peuple, et qui connaissent plus intimement ses maux et ses appréhensions. » Dérogeant même à son souci de simplification, le pouvoir royal les considère si indispensables qu’il les autorise à « donner leur suffrage par procuration » s’ils n’ont point de vicaires et s’ils sont à plus de deux lieues du lieu de l’assemblée (art. 14 du Règlement royal du 24 décembre 1788).

Le curé est un prêtre catholique qui est chargé de la cure c’est-à-dire qu’il a « charge d’âmes » d’une paroisse (en latin, cura animarum). Il est nommé par un évêque, dont il est le représentant et le délégué dans la paroisse. Il doit confesser et absoudre les péchés des personnes qui le souhaitent.

Les autres prêtres qui l’assistent sont nommés vicaires, ou prêtres habitués.

En 2007, la France comptait 20 277 prêtres, en majorité âgés. En 2008, 98 prêtres diocésains ont été ordonnés en France et 741 séminaristes étaient en formation. En moyenne, environ 50 % des séminaristes de première année finissent ordonnés. En 2015, 68 ordinations de prêtres diocésains ont lieu en France, auxquelles il faut ajouter des ordinations au sein des communautés religieuses. La forme extraordinaire du rite romain suscite proportionnellement plus de vocations avec 20 ordinations en 2015, chiffre à peu près stable depuis 2010.

En France, les ministres du culte ont une certaine reconnaissance légale, indépendamment de la religion à laquelle ils appartiennent.

Les prêtres diocésains de France sont rémunérés par les dons des fidèles. Ils ne perçoivent pas un salaire pris directement sur les quêtes dominicales ou lors des sacrements réalisés. On ne parle d’ailleurs pas de salaire mais d’indemnités. Un prêtre touche environ 950 €. Mais les prêtres d’Alsace et de Moselle sont rémunérés par l’État du fait que l’Église et l’État se sont séparés alors que l’Alsace et la Moselle étaient allemandes, par conséquent ces dernières sont toujours sous le régime du Concordat.

Il n’y a pas d’évolution de salaire durant la vie d’un prêtre, hormis celui du coût de la vie. Les prêtres français, hors églises du concordat, perçoivent la même indemnité, quelle que soit la fonction (prêtre en paroisse, recteur de cathédrale, doyen, curé, vicaire…).

Un évêque perçoit la même indemnité qu’un prêtre, mais est souvent logé plus confortablement par l’église.

Depuis le Xe siècle, le régime normal des prêtres de l’Église latine est le célibat. Il est admis, bien que peu courant, qu’un laïc marié en séparation de corps et n’ayant pas d’enfant mineur puisse être ordonné prêtre. Certains prêtres catholiques, venant de la Communion anglicane, ou de certaines Églises orientales en communion avec Rome (et donc catholiques), comme l’Église Maronite, sont autorisés à être mariés. Dans ces cas, les hommes mariés peuvent être validement ordonnés. En revanche, une fois ordonnés, les prêtres ne peuvent plus se marier, et les évêques ne sont choisis que parmi les célibataires.

Deux films sont désormais disponibles pour quiconque souhaite découvrir la vie des prêtres d’aujourd’hui.

L’Eglise de France a choisi de faire son année sacerdotale, de juin 2009 à juin 2010, une année tournée vers les prêtres. En lien avec cette initiative, le diocèse de la Manche vient de sortir deux courts métrages d’environ 15 minutes sur la fonction de prêtre. Ils ont été présentés aux prêtres du diocèse et sont disponibles pour le grand public.

Six parcours différents
“Il s’agit de changer le regard des gens sur le prêtre, en allant à la racine de la vocation et à la joie du sacerdoce”, explique le père Thierry Anquetil, responsable du service diocésain des vocations. “Quand on parle du prêtre, on va surtout insister sur sa raréfaction, sur la question du célibat, sur celle de l’ordination des femmes. On en parle avec des questions qui ont leur raison d’être, mais qui occultent peut-être l’essentiel : qui est réellement le prêtre ? Et cela, ça intéresse tout le monde”.

Concrètement, la réalisation de ce projet, qui semble être unique en terme d’initiative diocésaine, a été confiée à Bernard Simon. Réalisateur, chef opérateur et monteur, Bernard Simon, originaire de Marigny, a déjà réalisé plus d’une soixantaine de documentaires, reportages et films d’entreprise.

 

VIDEO   Image de prévisualisation YouTube

Il a réalisé un premier DVD, intitulé “La joie d’être prêtre”. C’est un témoignage donné par six hommes d’Eglise : le père Laurent Perrée (prêtre à Avranches, 27 ans), le père Fabien Lecam (curé de la paroisse de Sourdeval, 39 ans), le père Hervé Destrés (curé de Villedieu-les-Poëles, 48 ans), le père Pierre Tournerie (curé-doyen des paroisses de Saint-Vaast, Quettehou et Barfleur, 64 ans), le père Lucien Debeaupte (aumônier de la maison d’arrêt de Cherbourg, 73 ans) et le père Pierre Serrant (en retraite, 94 ans). Du jeune prêtre ordonné en 2009 (le premier) à celui ordonné en 1939 (le dernier), les profils sont très différents. Six hommes qui, de prime abord, n’ont rien en commun, mais chez qui on retrouve le même fond. “Très vite, ils m’ont emmené dans la raison de leur engagement, dans ce qui fait qu’ils sont heureux dans leur fonction”, explique le réalisateur. “La joie… On n’a pas l’habitude d’entendre les prêtres parler de leur ressenti personnel. En rencontrant ces hommes très différents par leur âge et leur style qui me livraient un peu de leur vie, ma surprise a été de découvrir que cette expérience était partagée et profonde. Cela a changé mon regard sur le prêtre”.

Un curé au jour le jour

Dans le deuxième DVD, intitulé “La vie des gens”, Bernard Simon a accompagné le père Emmanuel Serveau (47 ans), curé de la paroisse de Picauville, dans son quotidien et ce qui est le coeur de sa mission : les rencontres avec les gens. Ce court métrage relate la vie d’un “curé de campagne” au jour le jour. Une vraie plongée en immersion dans la vie d’un prêtre, dans ses fonctions d’homme d’Eglise, mais aussi dans ses temps de loisirs. Nés d’une initiative du service diocésain des vocations et de celui de la communication, ces DVD vont servir de support de communication dans les paroisses du département. Pour que les paroissiens redécouvrent “leurs” prêtres, le père Thierry Anquetil ne cache pas que “c’est aussi une manière de poser la question chez les jeunes de la vocation sacerdotale”. Le renouvellement des prêtres reste une question essentielle pour l’Eglise. Ils sont 224 dans le diocèse, répartis sur une soixantaine de paroisses. 119 sont encore en activité et 105 en retraite. Mais seuls 32 ont moins de 60 ans. Mais le père Thierry Anquetil précise tout de suite : “Il ne s’agit en aucun cas d’une promotion pour un “sacerdoce en crise”. Chacun de ces courts-métrages se veut un témoignage vrai de simplicité et d’authenticité”.

Denis Bersauter

Publié dans ARTISANAT FRANCAIS, CINEMA FRANCAIS, HISTOIRE DES REGIONS, VILLAGES de FRANCE | Pas de Commentaire »

Marcel Pistre… ou le miroir liquide du temps

Posté par francesca7 le 3 avril 2016

 

 

« Ce qui me paraît atroce dans la vie, c’est la fuite du temps. Mes tentatives n’ont d’autre raison que de fixer un instant, de le tenir à ma disposition et, ainsi, de pouvoir le revivre comme on le fait lorsque, voulant retrouver un climat particulier, on remet sur l’électrophone un disque de Mozart, de Fauré de Prokofiev.

C’est la seule manière d’arrêter le mouvement stupide de l’horloge et du calendrier…
La peinture est un talisman; peindre, c’est conjurer les maléfices du temps. Cela m’amène à donner à mes formes, ce quelque chose suggérant l’idée d’un déploiement léger s’ordonnant dans un univers sans rupture où les déchirements eux-mêmes seraient doux. Je pense parfois à des frissonnements à d’ailes, à des rivages…
Mais ce ne sont là que des sensations de surface l’essentiel reste, je crois, indéfinissable, et mon aventure picturale demeure une expérience mystico-profane personnelle, au sens le plus humble du terme. »

Marcel Pistre. 

Pistre

Passage

« L’un des mots du vocabulaire de la peinture qui me définit le mieux est celui de « passage » et dans mes « chutes » non moins que dans mes réalisations antérieures qui souvent ont eu des localisations trop indiquées, soit par des lignes soit par des contours très nets, très précis.

Et c’est peut-être dans le parti-pris le plus absolu des passages que se trouve ma meilleure voie. Aucune clarté, aucun foncé (alors que l’extrême clarté de la figure centrale ou principale et l’extrême foncé de l’opposition la plus forte sont une règle impérative) ne sont localisés; ils sont préparés, annoncés de loin et se manifestent par degrés insensibles jusqu’à atteindre leur intensité la plus grande ».

pistre

Marcel Pistre.
Carnets, 3 juillet 1979.

Approcher la peinture de Pistre, du moins celles de ses dernières années la mieux connue aussi grâce à la Galerie Protée et à une exposition de 1979 au Centre culturel de l’Aérospatiale (qui ne put aller à son terme par le doux effacement du peintre parti rejoindre ses déploiements légers), approcher donc ces miroirs liquides du temps passe par les paroles préalables du peintre citées en exergue. 

Effectivement ce qui capture à jamais le regard dans « les frôlements d’ailes » que sont ses tableaux, c’est la certitude de pouvoir y lire tous les mouvements des nuages, tous les glissements de l’eau, tous les miroirs du temps. 

La peinture de Pistre est mouvements de nuages, ailes de papillons étranges. Posé en son centre un étrange noyau vous regarde et de là irradie des volutes de souvenirs de l’au-delà. Comme un avant-goût du retour flotte dans l’univers flou de Marcel Pistre un parfum d’éternité. Un profond silence est palpable aussi.

On pose le regard presque à mi-voix sur ses tableaux. Un étrange nouvel ordonnancement du monde s’est opéré pendant notre absence. Et devant nous des marées inconnues viennent à nous presque immobiles. Le maître mot de Pistre, passage, définit bien cet autre côté du miroir que sont ses oeuvres. On est passé de l’autre côté, les terres inconnues se lèvent vu de l’ailleurs. 

La présence obsédante d’un certain bleu, d’une histoire de bleu, nous entraîne par delà les nuages. La peinture de Pistre est bien un passage, une sorte d’initiation à l’invisible. Si on prête les sens, un infini chuchotement sourd de ses toiles, musique des sphères ou silence habité des puits, on ne sait. Une magie est à l’oeuvre, un doigt sur les lèvres pour ne pas se trahir. Tout glisse lentement dans l’univers de Pistre, tout est flou, l’illusoire n’a plus ici sa place. Un rêve où se déplient les draps fins de l’inconscient. 

Regarder une toile de Marcel Pistre veut dire accepter de se laisser submerger par l’impalpable. Se laisser aller à la dérive des atmosphères, à la migration des fées. Tout insensiblement se met en place pour le basculement vers les vapeurs du temps. 

Du centre vers les bords se produit une dissipation de gouttes fondamentales de couleurs et de fantômes. Une alchimie du chuchotement s’opère dans ses toiles. Un mystère est à l’oeuvre. Il semblerait que l’on ne doive voir ses toiles qu’à la dérobée pour ne pas faire fuir l’éphémère figé qui les habite.  

La fuite du temps nous contemple et nous trouble. Mais ce temps en allée a laissé ses traces d’ailes sur les tableaux de Pistre. Ce qui nous dérange alors doit être cette étrange mise en miroir de notre propre finitude. Les tableaux du doux et discret Marcel Pistre ne montrent pas la violence de la mort en marche, non. Seulement la fuite, l’échappée lente et inéluctable du temps profond. Les toiles de Pistre ne se regardent pas elles se soupçonnent, ne se laissent entrevoir que par un autre regard à hauteur de ciel. 

Des feuillets de matière dérivent atteint par la fonte des bleus du monde. Les tableaux de Pistre veillent alors sur notre éparpillement aux étendues du silence. Dans cet univers vaporeux nos regards remontent aux surfaces, un sourire serein et apaisé nous fait signe. 

Se confronter à une toile de Marcel Pistre est comme être dans l’antichambre des passages. Là le ciel ne brûle pas, il apaise. Tout glisse entre les doigts, le sablier n’a plus cours. Tout est fluide, achevé dans le bel inachevé des formes qui flottent comme feuilles éparses. Le lumineux promène sa douce lanterne. La transparence se fait châle de l’inexprimable.
« Le doux déploiement » dont parle le peintre nous fait l’amitié discrète de l’indéfinissable. 

Cette peinture est échouée sur les hauts-fonds de l’âme.

 Source : http://www.espritsnomades.com

Publié dans LITTERATURE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

AU BONHEUR DES DAMES

Posté par francesca7 le 2 avril 2016

 

Les débuts au grand magasin / Au Bonheur des Dames est un roman d’Émile Zola publié en 1883, prépublié dès décembre 1882 dans Gil Blas, le onzième volume de la suite romanesque les Rougon-Macquart. À travers une histoire sentimentale, le roman entraîne le lecteur dans le monde des grands magasins, l’une des innovations du Second Empire (1852-1870).

Gil_Blas_Bonheur_des_Dames(2)

 

L’action se déroule entre 1864 et 1869. Arrivée à Paris avec ses frères, pour travailler dans le petit magasin de son oncle, Denise Baudu prend rapidement conscience que l’emploi n’existe que dans les grands magasins. Elle se fait embaucher au Bonheur des Dames, un grand magasin de prêt à porter féminin, découvre le monde cruel des petites vendeuses, la précarité de l’emploi et assiste au développement exponentiel de ce magasin et à la mort des anciens petits commerces. Elle suscite l’intérêt du directeur du magasin, Octave Mouret qui lui confie de plus en plus de responsabilités. Elle refuse de devenir sa maitresse mais finit par accepter sa demande en mariage

Chapitre I. Denise Baudu, jeune Normande de vingt ans originaire de Valognes, arrive à Paris avec ses frères Jean et Pépé, âgés respectivement de seize et cinq ans. Leur père, dont ils portent le deuil, est mort il y a un an environ de la même maladie qui avait emporté leur mère un mois auparavant. Elle découvre place Gaillon le magasin Au Bonheur des Dames qui la fascine et, lui faisant face, la boutique Au vieil Elbeuf, propriété de son oncle. Celui-ci lui avait écrit un an plus tôt qu’il y aurait toujours une place pour elle dans sa boutique à Paris. Mais depuis un an, les affaires ont périclité et il ne peut embaucher Denise. Il tente, sans succès, de la faire embaucher dans un petit commerce ami. Là, Robineau, commis au Bonheur des Dames, lui suggère de postuler pour un poste dans ce magasin. M. Baudu décrit à Denise l’histoire du bazar : Au Bonheur des Dames est à ce moment dirigé par Octave Mouret, fils de François Mouret et Marthe Rougon. Ce grand magasin prospère aux dépens des petites boutiques du quartier. Les Baudu, tenant le Vieil Elbeuf qui se trouve en face du Bonheur, sont exaspérés par les agrandissements successifs opérés par Mouret. Ils ont en effet connu la boutique, fondée par les frères Deleuze, à l’époque où elle avait une taille modeste. Mouret est devenu propriétaire de la boutique en épousant, dans Pot-Bouille, Mme Caroline Deleuze veuve Hédouin, qui mourut peu après, des suites d’une chute sur le chantier du magasin. Denise, ne trouvant pas de place dans les petites boutiques, décide d’aller chercher du travail au Bonheur des Dames et ce malgré l’avis défavorable de son oncle. Ce premier chapitre d’exposition permet de présenter un des thèmes principaux du roman : la lutte entre le petit commerce et les grands magasins.

Chapitre II : Denise, arrivée trop tôt au Bonheur des Dames, patiente à l’entrée tandis qu’à l’intérieur tout le personnel prend place et subit l’inspection de Mouret et Bourdoncle qui donnent les dernières directives commerciales. Lorsque Denise se présente à l’embauche, sa mine pauvre et son origine provinciale ne plaident pas en sa faveur, mais l’avis favorable de Mouret, qui l’a remarquée et lui trouve un charme caché, lui permet d’être engagée. Ce second chapitre d’exposition permet à Zola de présenter le fonctionnement du magasin, la personne de Mouret et sa politique commerciale.

Chapitre III : Mouret se rend chez sa maîtresse Henriette Desforges pour y rencontrer un investisseur potentiel le baron Hartmann. Le salon est également fréquenté par de nombreuses femmes du monde, clientes du Bonheur des Dames. Mouret retrouve un compagnon d’étude , Paul Vallagnosc. Le baron Hartmann, d’abord réticent à risquer des fonds, est convaincu en voyant la fièvre d’achats qui s’empare des dames à la vue de quelques dentelles.

Chapitre IV. Première étape dans la croissance spectaculaire du Bonheur des Dames. C’est le premier jour de travail de Denise, elle est engagée au rayon des confections. Mais elle doit subir les railleries des vendeuses qui, se moquant de sa robe trop large et de sa chevelure difficile à coiffer, ne lui laissent aucune vente importante. Elle est affectée au rangement des affaires dépliées et devient la risée du magasin lors d’une vente ratée d’un manteau. Mouret, d’abord inquiet du peu d’affluence du matin assiste triomphant aux ventes records de l’après-midi.

Chapitre V. Denise est convoquée par Mouret qui veut la conseiller sur sa tenue. Encouragée par sa mansuétude, elle se lance dans un travail acharné, supportant pendant des mois le travail pénible et les persécutions des vendeuses qui s’accentuent quand elle se révèle une vendeuse remarquable. Mal nourrie, mal payée, elle doit encore couvrir les dettes de son frère, et payer la pension de Pépé. Pauline, une de ses rares amies au Bonheur des Dames, lui suggère de prendre un amant, ce à quoi elle se refuse. Mais elle découvre que cette pratique est courante parmi les vendeuses et que la direction ferme les yeux tant que cela ne se passe pas dans le magasin. Elle prend connaissance des affaires de cœur du comptoir, surprend le secret de Colomban, commis chez Baudu et fiancé à sa cousine mais amoureux transi de Clara, vendeuse au Bonheur des Dames. Touchée par la galanterie hypocrite de Hutin, premier vendeur au Bonheur des dames, qui se moque d’elle dans son dos, elle s’en croit amoureuse. Mais lors d’une sortie à Joinville, elle découvre la vraie nature de celui-ci, hypocrite et coureur. Deloche, un timide commis du Bonheur des Dames, lui avoue son amour qu’elle repousse gentiment. En rentrant, elle croise Mouret, qui échange avec elle quelques mots amicaux, mais qui sent une jalousie poindre à l’idée qu’elle puisse avoir un amant.

Chapitre VI. Juillet 1865. C’est le début de la morte saison, le personnel vit dans la crainte des licenciements. Chaque année, à cette époque le Bonheur des Dames se débarrasse du tiers de son personnel sous le moindre prétexte. Des rumeurs courent sur Denise : on lui prête, malgré ses dénégations, un enfant (Pépé) et un amant (Jean). Denise, constamment sollicitée par Jean pour des questions d’argent, accepte un travail de confection de nœuds de cravate proposé par Robineau, qu’elle effectue le soir mais dont la source se tarit pour banqueroute. L’inspecteur Jouve dont les rapports sont à l’origine de nombreux renvois, surprend des bavardages entre Pauline et Denise et pense en tirer avantage pour obtenir des faveurs de Denise. Une fronde, orchestrée par Hutin, est menée par les commis contre Robineau, et l’affaire des cravates sert de prétexte à son licenciement. Les employés se plaignent en vain de la mauvaise qualité de la nourriture. Denise repousse les avances de Jouve mais celui-ci la surprend avec Jean, venue la solliciter une fois de plus. Jouve et Bourdoncle organisent le licenciement de Denise sans en référer à Mouret dont ils connaissent la faiblesse. Denise aimerait aller se justifier auprès de Mouret, en expliquant que Jean et Pépé sont ses frères, mais elle ne s’y résout finalement pas. Mouret, apprenant le licenciement de Denise, s’énerve contre Bourdoncle car il voit là une tentative d’échapper à son pouvoir, parle de la réembaucher mais finit par se résigner à cet état de fait.

Printemps1900

Le passage par les petites boutiques

Chapitre VII. Denise loue une chambre chez Bourras, un artisan qui fabrique des parapluies. Elle croise Pauline et Deloche qui lui donnent des nouvelles du grand magasin. Colomban vient l’entretenir de Clara. Elle traverse une période de misère noire et résiste à la tentation de la prostitution. Bourras l’embauche par charité. En janvier 1866, elle quitte Bourras, pour lequel elle est une charge, et se place comme vendeuse chez Robineau qui a repris une des boutiques du quartier. Celui-ci, aidé par Gaujean, un petit tisserand lyonnais, décide de batailler contre le Paris-Bonheur de Mouret, la soie miracle. Lui aussi décide de créer sa faille (soie noire). Mais Mouret baisse le prix du Paris-Bonheur devant les yeux effarés de ses salariés et le vend à perte. Robineau le suit, baisse le prix de sa faille. Finalement, c’est Mouret qui gagne la partie, Robineau est ruiné. Denise défend le principe des grands magasins, l’avenir selon elle. Au printemps c’est contre Bourras que la guerre s’engage, Mouret achète l’immeuble voisin, encerclant Bourras, lui propose le rachat de son bail pour un prix avantageux. Celui-ci refuse, rénove son magasin et tente de concurrencer le bazar. Un soir d’été, Mouret rencontre Denise aux Tuileries et lui propose de réintégrer le magasin, offre qu’elle décline. Il est troublé par Denise devenu femme, s’étonne de sa connaissance du problème des grands magasins et du petit commerce, et du fait qu’elle fasse partie du clan de la modernité, et c’est à regret qu’il la quitte, la chargeant d’apporter à Bourras sa dernière offre de rachat, une nouvelle fois repoussée. Denise se réconcilie avec son oncle.

Chapitre VIII. Les travaux haussmanniens se poursuivent. Le Bonheur des Dames s’agrandit. Lors d’un repas chez Baudu, Denise défend le principe du grand magasin. Geneviève, sa cousine, confie à Denise son désespoir de voir Colomban s’éloigner d’elle. Tandis que les travaux s’accélèrent, les faillites dans le quartier se multiplient. Baudu est contraint de vendre sa maison de Rambouillet. Denise, voyant que Robineau, au bord de la faillite, ne sait comment la congédier, accepte un emploi bien rémunéré au Bonheur des Dames. Elle apprend par Deloche que Clara est l’amante de Mouret et en conçoit de la jalousie. Elle retourne voir Colomban pour l’inciter sans succès à tourner son affection vers Geneviève en lui racontant les aventures de Clara. Les Baudu ont l’impression que le bazar leur a tout volé, leur clientèle, le fiancé de leur fille et leur nièce.

Chapitre IX. Deuxième étape dans la croissance spectaculaire du Bonheur des Dames. En mars 1867, c’est l’inauguration du nouveau magasin. Mouret innove en mélangeant les rayons. Une foule innombrable se presse au Bonheur des Dames. Denise, rentrée en février, a retrouvé un personnel respectueux. Mme Desforges vient au bazar pour voir le « caprice de Mouret ». Malgré les informations de Mme Marty qui lui désigne Clara, elle comprend très vite à la vue de l’attitude de Mouret envers Denise que celle-ci est sa vraie rivale et se venge en faisant tourner Denise en rond dans le magasin. À l’issue de cette journée qui est une complète réussite, Mouret convoque Denise dans son bureau et la promeut seconde vendeuse du rayon confections. À l’arrivée de la recette, il tente de la séduire en lui proposant une part. Denise, troublée de sentir le désir de Mouret, refuse. L’arrivée de Bourdoncle interrompt l’entretien.

Chapitre X. À l’inventaire d’août, Denise, qui se remet d’une entorse à la cheville, reçoit une lettre de Mouret l’invitant à dîner. Le message est clair, connu de tous au Bonheur des Dames : après le dîner il y a « le dessert », Clara et d’autres vendeuses y ont eu droit. Tout le magasin, au courant de la lettre, guette la réponse de Denise. Mme Aurélie organise même une entrevue entre le grand patron et la lingère mais Denise, dont l’amour pour Mouret est violent, ne peut se contenter de cette offre. Malgré l’insistance de Mouret, qui devient brutale, elle refuse l’offre : elle ne partage pas.

Chapitre XI. Mme Desforges confie à Bouthemont, responsable des achats au Bonheur des Dames, sa frustration de voir Mouret lui échapper. Elle a organisé une rencontre entre Denise, venue chez elle pour retoucher un manteau, et Mouret qu’elle a attiré en promettant la présence du baron Hartmann. En effet, Mouret envisage une vaste extension du magasin et cherche des investisseurs. Henriette Desforges projette d’humilier la lingère devant son patron, mais le plan se retourne contre elle : Mouret prend la défense de Denise, renvoie Bouthemont et quitte sa maîtresse.

Chapitre XII. En septembre 1868 démarrent les nouveaux travaux d’agrandissement du magasin. Clara projette de séduire définitivement Colomban pour attrister Denise. Bourdoncle craint le pouvoir de Denise sur son patron et cherche à la discréditer. Il aimerait lui découvrir des amants, Hutin ? Deloche ? Mouret est obsédé par Denise et même l’ampleur de sa réussite commerciale ne peut le consoler. Sa jalousie se reflète dans son comportement qui devient agressif envers tout le magasin. Lorsqu’il la surprend en compagnie de Deloche, il lui fait une scène de jalousie passionnée, lui reprochant ses « amants » et menaçant de renvoyer le commis. Mais quand elle annonce son intention de quitter la maison, il se soumet, et la nomme première aux costumes pour enfants. Il se contente de longues conversations amicales au cours desquelles Denise propose des améliorations sociales sur le sort des employés. Pauline interroge Denise : quel est son but avec le patron ? L’idée improbable d’un mariage naît dans l’esprit de Mouret et Denise.

Chapitre XIII. En novembre, Geneviève, abandonnée par Colomban, meurt de chagrin . L’enterrement sert de manifestation de protestation du petit commerce contre le géant Au Bonheur des Dames. Se sentant coupable, Denise obtient des compensations financières pour les chutes inévitables de Bourras et Baudu, mais Mouret la convainc que le progrès est à ce prix. Robineau, désespéré par la faillite de son commerce, tente de se suicider en se jetant sous un omnibus. Bourras est chassé de chez lui et refuse les compensations de Mouret. Mme Baudu se laisse mourir et son mari abandonne sa boutique pour s’enfermer dans une maison de retraite.

Chapitre XIV. Au Bonheur des Dames s’étend d’avantage et les rumeurs concernant la relation de Mouret et Denise vont bon train. Mouret finit par demander Denise en mariage, qui accepte après quelques réticences.

 

Publié dans ARTISANAT FRANCAIS, AUX SIECLES DERNIERS, LITTERATURE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

Les chansons de Nino Ferrer

Posté par francesca7 le 1 avril 2016

 

Nino Agostino Arturo Maria Ferrari dit Nino Ferrer était génois. Français aussi depuis 1989 !
« Comme il le dit Et j’ai vite compris que je ne pouvais rien faire de bon si je n’étais poussé par une passion, d’amour, d’amitié, de révolte ou d’ailleurs. Finalement il en est sorti une vingtaine d’Albums d’à peu près 40 minutes chacun soit approximativement deux centaines de pièces sonores ». Ceci fait une vie, ceci fait une œuvre.
 
Fumeur de pipe, fin lettré, le temps s’enroulait autour de lui. Toujours aussi entier et tranchant, il se souciait comme d’une guigne des malentendus, voire des pas-entendus du tout, qui auront jalonné sa route. Exigeant il était, exigeant il restera, quitte à envoyer paître tout un plan de tournées mitonné dans les bureaux de la capitale, si la convivialité n’est pas au rendez-vous : « on n’a pas donné trente ans d’amour aux gens pour être promotionné comme une savonnette ou un saucisson ».

Image de prévisualisation YouTube 

 
Nino Ferrer a su échapper aux tubes à répétition, aux grandes maisons de disque, à l’univers glauque du show-biz pour rester intègre et prendre le maquis dans le Causse. Dans sa ferme « la Taillade », au milieu de sa tribu, il était le bon patriarche revenu de tout sauf de l’amour.
L’homme de « La Maison près de la fontaine » avait su transporter la sienne loin des caniveaux. Et face à la vérité du Lot, les épiphénomènes de la capitale sont ramenés à leur juste proportion : anecdotique et microscopique.

 

Imprégné de poèmes italiens et français il savait ce qu’écrire voulait dire, et il s’avançait dans des chansons-poèmes. Il peignait, il gravait ; mais surtout il était jardinier du cœur : il faisait pousser les amis comme bonne laitue. Nino Ferrer avait la patience de la colère, et lentement il a bâti avec sa tendresse d’écorché son cheminement non pas avec des chansons isolées, mais avec des albums globaux. Plus question de se laisser enfermer dans une seule chanson car pour lui les bons tubes peuvent faire les meilleurs barreaux. Couché Mirza, raccroché le téléphone qui sonne ! Nino Ferrer ne se laissera plus ferrer par le futile et se battra pour son indépendance.

Et les albums se suivent de « la Vie des Automobiles » (1944) à « la Désabusion » (1993) en passant par Blanat (1979) et Métronomie (1972) en tout plus de vingt albums.

Amour et tendresse, romantisme et dérision, notre artisan sourcilleux fut autant plus une grande gueule qu’une voix.
Il aura été du côté de la passion et de l’énergie. Du côté des animaux aussi.
 
« Et l’araignée s’interroge sur la raison de la disparition totale et définitive de la chaleur et du vent, de la musique et de la nourriture, des vibrations et du mouvement, du ronflement et de la lueur verte qui illuminait parfois ses toiles et en irisait les théorèmes. »
 
« Il n’y a que la passion qui fait vivre. », elle fait aussi mourir.

Mélancolique, il aura laissé ses voitures sous la poussière, ses souvenirs de star sous les feuilles mortes, et son angoisse au soleil éclatant, au milieu des blés. Son fusil de chasse aura été son dernier mot le 13 août 1998. En plein cœur comme toujours.

Sans titre1

La maison près de la fontaine (1965)
Paroles : N.Ferrer – Musique : N.Ferrer
 
 
La maison près de la fontaine,
couverte de vigne vierge et de toiles d’araignées,
sentait la confiture et le désordre et l’obscurité,
l’automne
l’enfance
l’éternité. . .
 
Autour il y avait le silence,
les guêpes et les nids des oiseaux,
on allait à la pêche aux écrevisses
avec Monsieur le curé,
on se baignait tout nus, tout noirs,
avec les petites filles et les canards . . .
 
La maison près des H.L.M
a fait place à l’usine et au supermarché,
les arbres ont disparu, mais ça sent l’hydrogène sulfuré,
l’essence,
la guerre,
la société . . .
 
Ce n’est pas si mal,
et c’est normal,
C’est le progrès. 

 

 

 

le site www.nino-ferrer.com est exhaustif
et doit être consulté en priorité.

Publié dans CHANSON FRANCAISE | Pas de Commentaire »

Le Réseau des Grands Sites de France sort son programme presse 2016

Posté par francesca7 le 30 mars 2016

 

Le Réseau des Grands Sites de France sort son programme presse 2016 (février à juin) dans lequel on retrouvera tous les évènements majeurs concernant le Réseau et ses membres, avec notamment :

Avril : Le lancement de la 2e édition des Escapades nature sans voiture

grand-site-livrets-fute-reseau-grand-site

Estuaire de la Charente-Arsenal de Rochefort, Sainte-Victoire, Puy de Dôme… En 2016, de nouvelles Escapades nature sans voiture viendront compléter cette offre touristique durable et sans voiture testée et mise en place par le Réseau des Grands Sites de France. Sur www.escapadenature-sansvoiture.fr, le visiteur pourra retrouver des carnets de voyage inédits, une sélection de lieux incontournables à visiter … A pied, en train, à vélo et toujours sans voiture!

13 avril : 21e Forum des Gestionnaires « Patrimoines naturels & culturels – Enjeux et synergies » (Paris)

Les Grands Sites de France sont des espaces protégés où nature et culture se rencontrent. Co-organisé par l’ATEN et le RGSF, ce Forum accueillera près de 300 participants issus de réseaux tels que les Parcs nationaux de France, le Conservatoire du Littoral, afin d’approfondir ces défis communs pour les gestionnaires d’espaces naturels et de sites culturels.

Mai : Parution de 4 nouveaux titres dans la collection Grands Sites de France (avec Le Petit Futé)

Les Deux-Caps Blanc-Nez, Gris-Nez, Solutré Pouilly Vergisson, Puy Mary-Volcan du Cantal et le Marais poitevin rejoignent la collection de jolis petits livres co-éditée avec le Petit Futé. A travers les témoignages d’acteurs des Grands Sites et d’habitants engagés dans la préservation de leur environnement, redécouvrez ces paysages exceptionnels.

Télécharger le programme presse du RGSF

Publié dans FONDATEURS - PATRIMOINE, HISTOIRE DES REGIONS | Pas de Commentaire »

Cérémonie des Jarretières

Posté par francesca7 le 30 mars 2016

 

 
 
Dans la commune d’Auchonvillers, en Picardie, avait lieu autrefois le deuxième jour de la fête du village, la cérémonie des Jarretières, obéissant à un rituel convenu et prélude au bal du soir…

C’est aujourd’hui lundi, deuxième jour de la fête communale. Hier, les jeux de ballon et quelques autres divertissements, trop peu variés, hélas ! dans nos pauvres campagnes, ont amusé paysans et enfants ; puis le soir, le bal a attiré la rustique jeunesse du village et des environs, et tous ces gars aux larges épaules, aux jarrets solides, et ces filles rougeaudes, dont la poitrine puissante se trouve mal à l’aise dans le corset des dimanches, ont sauté, tourbillonné, dansé jusqu’aux premières lueurs du jour.

JarretièreTout à coup le violon de la veille se fait entendre. C’est la cérémonie des Jarretières qui commence. Les jeunes gens du village accompagnent le vieux ménétrier et chantent au refrain. L’un d’entre eux, affublé d’une redingote démodée qui lui descend aux talons, et coiffé d’un ancien chapeau haut de forme des plus burlesques, porte une perche ornée d’un cerceau à l’un des bouts ; les autres suivent ; et toute cette bande joyeuse tombe comme une avalanche dans chaque maison qui possède une jeune fille en âge de danger ; pas une n’est oubliée ; et c’est alors un mélange de bruyants éclats de rire qui se prolongent comme un écho, et de petits cris d’étonnement ou d’effroi.

 

La jeune fille, surprise dans son négligé du matin, et le regard encore voilé par un sommeil trop tôt interrompu, a l’air embarrassée devant tous ces garçons ; elle sent qu’une vive rougeur colore ses joues pâlies par la fatigue du dimanche ; elle se retourne vivement pour cacher son trouble, et fait semblant de ne pas trouver dans l’armoire la jarretière qu’elle y a pourtant toute préparée d’avance.

Les parents rient de l’embarras où ils voient leur enfant, pendant qu’au coin de l’âtre l’aïeule repasse en sa mémoire ses souvenirs d’enfance. Elle aussi a donné sa jarretière il y a quelque cinquante ans. Jeune fille alors, forte et droite, elle avait pour amoureux le plus solide gaillard du village. Comme elle était fière, lorsque au bras de son Pierre, elle se promenait dans la salle du bal, et comme elle était heureuse lorsqu’il l’enlaçait de son bras d’hercule aux premières mesures de la valse !… Hélas ! ce temps est loin, et depuis bien des chagrins ont assailli l’aïeule !… Il y a cinq ans déjà que son pauvre Pierrot est dans la tombe !…

A ce dernier souvenir, une larme glisse, silencieuse, sur son visage ridé ; puis son œil humide se lève lentement sur les jeunes gens, et devant toutes ces figures épanouies, la vieille oublie subitement sa tristesse et sourit en voyant sa petite-fille qui apporte enfin le fameux ruban, et timidement le donne au porte-jarretières. Pendant que ce dernier le suspend au cerceau, un autre jeune homme offre à l’ingénue sa rude main de paysan, et sans façon, la prenant par la taille, danse avec elle quelques pas de polka.

Puis toute la troupe s’échappe, et toujours précédée du violoneux qui recommence son éternel del tarte à pimmes,… elle va dans une autre maison trouver une autre jeune fille qui ornera le cerceau d’une nouvelle jarretière.

Quand toutes les rues ont été suivies, et que chaque danseuse a livré son ruban, le cortège reprend la route du bal et y rentre. Les jeunes filles arrivent bientôt après ; les couples se forment au fur et à mesure, et quelques quadrilles précèdent la Vente des Jarretières.

Plusieurs jeunes gens sont préposés à cette vente. L’un figure le notaire : ample redingote, chapeau noir et cravate noire entourant un gigantesque col de chemise en papier, d’où sort un menton qu’il s’efforce de rendre triple ; d’ailleurs l’air très grave et très digne, ou du moins s’efforçant d’être tel. Ce pseudo-notaire porte à l’oreille un énorme porte-plume et à la main un registre où il doit inscrire l’acte de vente.

Près de lui et juché sur une table boiteuse, apparaît le crieur. Celui-ci veut être amusant autant que le notaire essaie d’être sérieux. Il porte un accoutrement qu’il a composé le plus bizarrement possible : sur sa tête enfarinée, il a équilibré un vieux chapeau que des coups de poing répétés ont transformé en accordéon ; dans un vêtement hors d’usage, il s’est taillé un habit à queue, une basque dépassant l’autre, et sur les côtés deux énormes poches d’où il n’oublie jamais de laisser pendre la moitié d’un grand mouchoir à carreaux. Un gilet fond vert-pomme avec des fleurs jaunes dissimule mal une paire de bretelles qui tirent de-toute leur force sur un pantalon trop court ; un vrai pitre de foire, enfin, avec cette différence qu’aux fêtes foraines c’est un paillasse qui imite les paysans, et qu’ici c’est un paysan qui singe les paillasses des villes.

Enfin un troisième remplit de son mieux les fonctions de garde-champêtre, et répète, en voix de basse, la mise à prix du crieur. Après maintes simagrées de ce burlesque trio, chacune des jarretières est adjugée à sa propriétaire, comme il est convenu d’avance ; et c’est à chaque vente une explosion de réflexions et de bons mots qui, certes, ne sont pas toujours bien spirituels, mais qui excitent le vrai rire et cette franche gaieté, débarrassée de toute étiquette, que l’on rencontre trop rarement dans les soirées parisiennes.

Quand la dernière jarretière est vendue, l’orchestre soulève toute la jeunesse dans un galop frénétique, puis danseurs et danseuses vont au cabaret dépenser en sirops et en chopes de bière le produit de la vente, et avant de se quitter, tous ces Roméos picards donnent à leurs Juliettes rendez-vous pour le bal du soir.

(D’après « La Tradition », paru en 1887)

Publié dans AUX SIECLES DERNIERS, HUMEUR DES ANCETRES | Pas de Commentaire »

Les Chansons à boire

Posté par francesca7 le 28 mars 2016

gp

 

 
Si l’on associe volontiers la chanson française à ces couplets badins entonnés au dessert par de joyeux buveurs, le verre en main, avec des refrains bachiques repris en chœur par les assistants, la chanson à boire fut cependant initialement l’œuvre de lettrés, surgissant vers le XIIe siècle et élevée au rang de véritable genre trois cents ans plus tard avec les vaudevires, pour acquérir une immense popularité au XVIIe grâce, notamment, au célèbre menuisier Adam

Le vin est un de ces élixirs souverains, comme on dit dans les opéras-comiques, duquel la chanson jaillit comme par enchantement ; il n’est pas d’endroit où l’on chante plus volontiers qu’à table ; la musique est réputée l’accompagnement le plus agréable de la bonne chère, et de tout temps les grands seigneurs ont entretenu à leur solde des chanteurs ou des instrumentistes chargés d’égayer leurs repas : cela depuis le Moyen Age, où semblables fonctions incombaient aux ménestrels, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les princes des cours d’Allemagne, notamment, ayant alors à leur disposition un orchestre qui leur donnait concert pendant qu’ils mangeaient.

Plusieurs des symphonies d’Haydn et de Mozart n’ont pas été composées pour d’autres occasions. Sans viser si haut dans l’échelle artistique et sociale, il suffira de citer ces trois vers d’un roman du Moyen Age, Li Diz dou Soucretain, rapportés par plusieurs auteurs, pour démontrer que l’usage de chanter à table a existé en tout temps :

Usages est en Normendie
Que qui hébergiez est qu’il die
Fable ou chançon die à l’oste.

Est-il besoin de rappeler ici les réunions bachiques dont la vogue fut si grande aux dix-septième et dix-huitième siècles, et où chaque convive était tenu de fournir son écot, c’est-à-dire sa chanson ? De nos jours, la coutume de chanter au dessert, après s’être maintenue dans les réunions bourgeoises jusqu’au premier tiers à peu près du XVIIIe siècle, n’a pas encore disparu : elle s’est réfugiée à la campagne, où, en dehors des veillées, la chanson ne connaît pas de meilleure occasion de se produire qu’à table, ou au cabaret, après boire.

 

Cependant la tradition orale, qui, consultée à la campagne, nous a fait connaître tant de chansons portant la marque d’une incontestable ancienneté, ne nous révèle pour ainsi dire rien qui touche au sujet de la chanson à boire. Le vin n’est pas chanté par les paysans ; s’il l’est par hasard, c’est en chansons empruntées à la ville et d’importation récente. A peine y trouverons-nous de rares allusions dans un petit nombre de recueils de chansons populaires. Parfois il en est question incidemment dans un ou deux vers d’une chanson qui tourne aussitôt et passe à un autre sujet : par exemple dans ces fragments de chansons :

Tout en revenant de boire bouteille,
L’envie m’y a pris d’aller voir ma belle.
(Armagnac et Agenais, par Bladé)

Le bon vin m’endort,
Et l’amour m’y réveille.
(Recueilli dans le Morvan)

A la table sans rien faire
Je commence à m’ennuyer,
Je vais commencer par boire,
Messieurs, à votre santé,
De ce bon vin de bouteille
Que l’automne a-t-apporté.
(Ouest, tome I, par Bujeaud)

Ces fragments, très disséminés, représentent, on peut le dire, une quantité négligeable, et les collectionneurs, s’ils veulent pousser plus avant leurs recherches en ce genre, en sont réduits à publier des pièces comme la dernière du recueil de Bujeaud : « Bénissons à jamais / Le p’tit vin de Sigournay » (Ouest, tome I), parodie du cantique : « Bénissons à jamais / Le Seigneur de ses bienfaits » ; ou bien encore la chanson flamande intitulée le Vin, qui a pour refrain ces mots extrêmement peu populaires : Gaudeamus, Laudamus, Vivamus (Flamands de France, par De Coussemaker) ; ou enfin une parodie de la chanson des Nombres, type des chansons énumératives ; mais ici les douze Nombres mystiques sont remplacés par les douze Verres, ce qui est la marque d’un genre d’esprit fort peu populaire et assez moderne.

Les paysans n’ont donc pas, pour leurs repas, noces et beuveries, de chansons à boire à eux : celles qu’ils chantent au dessert ou au cabaret ne sont pas différentes de celles qu’ils chantent aux veillées ou dans les champs ; il est même assez singulier de remarquer qu’ils ont soin le plus souvent de choisir ce qu’ils savent de plus langoureux et de plus plaintif pour une sorte de réunions qui devraient avant tout éviter d’engendrer la mélancolie.

La première chanson à boire dont le texte nous soit connu est une chanson en latin, Vinum bonum et suave, parodie du cantique à la Vierge : Verbum bonum et suave. Du Méril la cite dans Poésies populaires latines du Moyen Age, avec d’autres productions du même genre, du XIIe et du XIIIe siècle, dont les moines se font honneur de reconnaître la paternité. Le manuscrit de Montpellier lui-même, ce précieux recueil poétique et musical, généralement si grave de ton, en fournit aussi du quatorzième siècle. Qui l’eût dit ? C’est dans le silence et l’austérité du cloître que, s’il faut en croire ces documents, la chanson à boire des temps modernes aurait vu le jour !

chansons à boire

Les auteurs du XVIIIe siècle, qui ont très fort creusé la question, disent que la première chanson à boire que l’on connaisse « dans notre poésie » figure dans les œuvres d’Eustache Morel, dit Deschamps, poète du XIVe siècle, rapporte Nisard dans Des chansons populaires. Du Faïl, l’écrivain breton du XVIe, parle d’une chanson à boire connue sous le nom deLaetabundus, considérée à l’époque, comme une vieille chanson remontant aux trouvères anglo-normands, et dont le refrain était :

Or hi parra !
La cerveyse vos chauntera.

Rabelais, qui, par parenthèse, parmi le grand nombre de chansons du XVIe siècle qu’il cite, ne parle pas d’une seule chanson à boire (et quelle chanson pouvait mieux que la chanson à boire être à sa place dans le livre de Rabelais ?), n’a qu’un mot sur ce sujet dans le chapitre intitulé : Le propos des buveurs, mais bien caractéristique : « Chantons, buvons : un motet ! Entonnons. » Un motet – le motet était, depuis le Moyen Age, une composition le plus généralement profane, mais essentiellement polyphonique – en guise de chanson à boire ! Ailleurs, il fait parodier par Frère Jean des Entommeures les mots du texte sacré : Venite adoremus en Venite apotemus (dans Gargantua, chap. XLI).

Tout cela n’est que bribes. Mais au XVe et au XVIe siècle, deux auteurs, dont l’un parait appartenir beaucoup moins à l’histoire qu’à la légende, et dont l’identité, l’existence même ont été contestées, fusionnant en un tout homogène des éléments éparpillés, les traitant avec un esprit et une bonne grâce d’ailleurs incontestables, élèvent la chanson à boire à la hauteur d’un genre. Le premier, le plus célèbre, c’est Olivier Basselin, foulon au lieu dit les Vaux de Vire, en Basse Normandie, qui, sous le nom même de son pays natal, passe pour avoir composé un grand nombre de chansons à boire. L’autre, sur lequel on a des données plus exactes, est son compatriote Jean le Houx.

La plus grande incertitude règne sur tout ce qui touche à la personnalité d’Olivier Basselin. Une chanson qu’on trouve dans plusieurs recueils du XVe et du XVIe siècle est le document le plus important qu’on possède sur lui. Il y est parlé d’un Olivier Bachelin, compagnon du Vau de Vire, qui se serait illustré par sa bravoure dans les guerres contre les Anglais, mais du talent poétique duquel il n’est aucunement fait mention. Paul Lacroix (le bibliophile Jacob) a publié dans son édition des vaudevires tout un dossier duquel il parait résulter que Basselin fut, durant toute sa vie et longtemps après, complètement ignoré en dehors de sa province et même de sa petite ville, et que ses chansons, recueillies, rajeunies et augmentées par Jean le Houx, poète et avocat de Vire postérieur au moins d’un siècle, ont été publiées pour la première fois par les soins de ce dernier, aux environs de 1576, date que n’atteste d’ailleurs aucun document.

Plus récemment enfin, un écrivain normand, Gasté, a été jusqu’à contester à Basselin la paternité du vaudevire et à attribuer ses prétendues chansons au seul Jean le Houx. Il se peut faire que Gasté ait raison. Par amour pour la tradition, qui doit nécessairement faire autorité en cette étude, ne privons cependant pas tout à fait Basselin de ce qui a fait sa gloire, et prenons-les, lui et Jean le Houx, pour les créateurs ou du moins les propagateurs de la chanson à boire en France. Ce foulon des Vaux, avec cet avocat de la cour de Vire, tous deux, à leurs heures, poètes bas Normands, ce sont là des éléments parfaitement provinciaux ; pour provincial, le vaudevire l’est sans conteste, on peut en donner acte aux Normands qui ont très fort bataillé à ce sujet. Cependant, tout provincial que soit le vaudevire, il n’en est pas plus populaire pour cela : on peut en juger simplement à son allure. Les chansons de Basselin et de le Houx, cela apparaît à chaque morceau, sont des œuvres de lettrés.

Ce foulon était vraiment étonnant pour son époque. Comme Sganarelle du Médecin malgré lui, il avait dû pousser ses études au moins jusqu’à la sixième, peut-être même quelque peu au delà, car il se permet très bien d’intercaler du latin en guise de refrain dans quelques-unes de ses chansons. C’est ainsi que chaque couplet du vaux-de-vire XVIII (dans l’édition Julien Travers, 1833) se termine par ce vers : Hoc acuit ingenium, qui rime avec Trinque, seigneur, le vin est bon. Le vau-de-vire XXXVI est tout entier composé de vers latins et français alternés ; et, au début du vau-de-vire IX, l’auteur tient à prouver qu’il sait que Hoc vinum est bonus est de mauvais latin.

Quant à le Houx, il va jusqu’aux mots grecs, et l’on commence déjà à trouver dans les chansons qui lui sont plus spécialement attribuées ces applications de noms et de mots antiques dont l’abus rend si fastidieuses les chansons des deux siècles suivants : il y est question de Bacchus et de Vénus, d’Homère et de Jupin ; Agamemnon rime avec Ilion, etc. Ce qui n’empêche pas, du reste, le plus grand nombre de ces morceaux d’être pleins d’entrain ; les plaisanteries proverbiales sur les mérites du vin prescrit comme remède infaillible à tous les maux, les vieux mots si gaulois : le doz au feu et le ventre à la table, suive qui m’aimera ; des vers comme celui-ci : « Les buveurs d’eau ne font point bonne fin », ou cet autre, toujours jeune : « Qui aime bien le vin est de bonne nature », et d’autres traits pleins de bonne humeur et encore d’un usage courant parmi les bons vivants, apparaissent déjà dans les vaux-de-vire.

Si nous insistons sur le côté littéraire de ces chansons, c’est que c’est là la seule manière possible d’en donner une idée, car non seulement la musique des vaux-de-vire n’a pas été conservée, mais encore on manque de toute indication capable d’éclairer les chercheurs sur sa nature et son caractère. Les mélodies des vaux-de-vire ont-elles été composées en même temps que les paroles par le poète lui-même ? Iu s’adjoignait-il un collaborateur musical, comme autrefois certains trouvères qui faisaient mettre en musique par leur jongleur les poésies qu’ils écrivaient ? Iu chantait-il enfin ses couplets sur des airs connus ? Cette dernière hypothèse est la plus vraisemblable, mais aucune preuve ne la confirme ; et ici la tradition ne peut nous être d’aucun secours, car les vaux-de-vire, en raison de leur tournure littéraire, par leur allure vive et toute différente de celle des poésies populaires, n’ont apparemment jamais été chantés par le peuple ; en tout cas, ils ont complètement disparu de ses souvenirs : du moins aucun recueil, bas normand ou autre, ne renferme-t-il de chansons qui, par leur ton ou leur forme, paraissent en procéder.

Cependant l’élan était donné, et la coutume d’écrire et chanter des chansons à boire ne tarda pas à se répandre. On en trouve quelques-unes dans les manuscrits de Bayeux et de Vire ; elles pénètrent dans les volumes de chansons en parties. Roland de Lassus lui-même, le maître par excellence de l’école franco-flamande du XVIe siècle, ne dédaigne pas de prendre pour textes de ses chansons ou de ses madrigaux des vers de chansons à boire : O vins en vigne, joli vin en vigne ; Je ne bois que trop sans cela ; Le vin qui me plaît tant ; ce dernier, par parenthèse, est en allemand.

Voici une autre chanson qui a servi de texte à plus d’un musicien du XVIe siècle : Manchicourt, Crespel, l’Italien Horazio Vecchi, etc. :

J’ai vu le cerf du bois saillir
Et boire à la fontaine.

Je bois à toy, mon bel amy,
Et à ta souveraine.

Si tu ne fais ainsi que moy,
Tu paieras pinte pleine.

Ces vers rappellent certaines pratiques des buveurs s’invitant à boire l’un l’autre en chantant, pratiques restées en vigueur de nos jours sous le nom de la pomponnette, ou, dans les campagnes, la rinçonnette. Voici une chanson de la fin du XVIe siècle dans laquelle sont énoncés ces usages encore vivaces (La fleur des chansons amoureuses, 1600) :

Air à chanter quand on boit l’un à l’autre.

C’est à toi, mon capitaine,
A qui je bois ce coup d’autant.
Si je le fais d’une baleine,
Il en faudra faire autant.

La compaignie prenant le pot ou la bouteille diront tous ensemble :

Je ne t’y lairrai jamais, m’amie,
Tant que tu feras clou, glou, glou ;
Je ne t’y lairrai jamais, m’amie,
Tant que nous ayons bu tout.

Quand celuy qui boit a beu, fait qu’il die tout seul :

Soldat, je te remercie
De ce que tu bois à moi.
De cela ne t’en soucie,
J’en feray autant que toi.
Je ne t’y lairrai jamais, etc.

Jusqu’ici, ces sortes de publications sont faites d’une façon aussi peu suivie qu’avant Olivier Basselin. Mais à partir du XVIIe siècle, nous allons voir la vogue de la chanson à boire se généraliser et prendre des proportions inattendues. C’est encore la Normandie qui en fournit le premier recueil : les Bacchanales, autrement dites Vaudevires, qui forment une division entière du chansonnier de Jacques Mangeant, publié à Caen en 1615. Le mot vaudevire, on le voit, sans cesser de s’appliquer aux chansons à boire, s’était maintenu, au moins en basse Normandie, jusqu’au XVIIe siècle.

Pour le style musical, il ne diffère pas sensiblement de celui des autres chansons du même recueil, ce qui tendrait à confirmer l’hypothèse émise au sujet des vaudevires d’Olivier Basselin, savoir, que dans le principe la chanson à boire se chantait sur des airs connus. Il faut s’en étonner d’autant moins que plusieurs des poésies appartiennent purement et simplement à d’autres chansons populaires, et que le caractère bachique apparaît seulement dans le refrain. C’est ainsi que nous retrouvons dans cette classe l’éternelle chanson de laMaumariée, qui trouve sa place au milieu des chansons à boire, avec un refrain qui ne laisse aucun doute sur ses attributions :

As-tu point veu rouge nez,
Le maistre des yvrognes ?
Mon père m’y veut marier.
As-tu point veu rouge nez ?
A un vieillard my veut donner.
Il pleut, il vente, il tonne.

La chanson à boire ne se dégage réellement que vers le milieu du XVIIe siècle. L’homme auquel on peut faire revenir le mérite d’en avoir fixé la forme définitive (si ce ne fut pas plutôt l’œuvre du temps), c’est Adam Billaud, connu surtout sous le nom de maître Adam, qui composa ses chansons au temps de Louis XIII et mourut en 1662. Comme Olivier Basselin, maître Adam fut un artisan ; il était menuisier à Nevers. Par une seule chanson, il a donné au genre sa véritable formule : qui ne la connaît ? C’est la chanson Aussitôt que la lumière, si pleine d’entrain, de rondeur et de bonne humeur, que tous les buveurs de France l’adoptèrent immédiatement : c’est assez dire qu’elle fut en un moment universellement populaire.

On ne sait, à la vérité, s’il faut faire honneur à maître Adam de la mélodie si franche et si gaie de sa chanson ; plusieurs de ses autres productions ont été imprimées avec indication d’airs connus. Pourtant l’air Aussitôt que la lumière ne doit pas être plus ancien que les paroles ; il paraît, au contraire, beaucoup plus jeune que tout ce que l’on trouve dans les recueils du XVIIIe siècle ; il n’est guère possible non plus de lui attribuer une origine absolument populaire : la répétition à la tierce du thème initial, dans la phrase intermédiaire, et la marche harmonique descendante qui suit, sont des procédés que la facture populaire n’a jamais connus. S’il n’a pas pour auteur le chansonnier lui-même, il est probable qu’il aura été composé par quelque organiste ou maître à chanter ivrogne, mis en verve par la poésie de son compagnon, et peut-être aussi par de certains autres procédés moins immatériels.

Le modèle ne pouvait pas manquer d’appeler les imitations. L’une des meilleures est la chanson Quand la mer Rouge apparut, dont l’air n’est pas encore oublié aujourd’hui. Bientôt le succès de la chanson à boire prit des proportions considérables : pour en donner une idée, nous citerons seulement les titres de deux publications de la fin du XVIIe et du XVIIIe siècle : les Recueils d’airs sérieux et à boire de différents auteurs que les Ballard firent paraître par livraisons trimestrielles, de 1690 à 1732, et les Tendresses bachiques, ou duo et trio melez de petits airs tendres et à boire des meilleurs auteurs, deux volumes parus chez Ballard en 1712 et 1718. Au nombre des auteurs de ces productions, dénuées de la franchise et du naturel qui faisaient le seul mérite des chansons d’autrefois, nous relevons parfois les noms d’artistes devenus célèbres dans la suite : Montéclair, Marchand, Clérambault, Campra, etc.

A l’instar des cabarets, très en vogue au XVIIIe siècle, les sociétés chantantes de l’époque donnèrent aussi une impulsion nouvelle à la chanson de table, la firent sortir des lourdeurs et des fadeurs de la chanson à boire du siècle précédent et lui rendirent un peu de sa bonne humeur. La première et la plus célèbre fut le Caveau, qui fut fondé par Piron, Crébillon fils et Collé, en 1733, dit Capelle, l’auteur du recueil intitulé : la Clef du Caveau ; en 1729 ou 1735, prétendent d’autres auteurs.

Le Caveau, avec des succès divers, subsista presque jusqu’à la veille de la Révolution ; en 1796, les Dîners du Vaudeville lui succédèrent : parmi les habitués de cette nouvelle société, on pouvait remarquer Laujon, Piis et Barré, Radet, les trois Ségur, Armand Gouffé, Dupaty, etc. Sous l’influence des chansonniers du Caveau et des sociétés analogues, aucun nouvel élément mélodique ne fut plus introduit dans la chanson à boire : les airs connus suffirent à tous les besoins du genre.

(D’après « Histoire de la chanson populaire en France », paru en 1889)

Publié dans AUX SIECLES DERNIERS, CHANSON FRANCAISE, FONDATEURS - PATRIMOINE | Pas de Commentaire »

Une table dans les règles de l’art Français

Posté par francesca7 le 27 mars 2016

 

 

Aujourd’hui cuisiner et recevoir chez soi est de nouveau à la mode (et c’est tant mieux!), les hôtes aiment offrir à leurs invités un bon repas et pour ravir les  yeux autant que les papilles prévoient une décoration soignée. Mieux vaut donc ne pas faire d’erreurs en  dressant la table pour éblouir totalement les convives !

Avant tout autre chose posez sur votre table un molleton recouvert  d’une nappe ce qui en plus d’absorber les bruits et les chocs des couverts  pourra servir de toile de fond à votre décoration.
Prenez également soin d’offrir à chaque personne un espace de 60 à 70 cm pour ses couverts et prévoyez au minimum 30 cm entre chaque convive. Les assiettes doivent être disposé à 60cm minimum l’une de l’autre.

A partir de ses recommandations, il existe plusieurs manières de dresser la table, je vous exposerai ici les deux plus connus : le service à la française et celui à l’anglaise.

Première étape : la nappe

Avant de l’étendre, disposez un molleton, pratique car il évitera qu’en cas d’accident des tâches n’apparaissent sur votre superbe table ! Il permettra aussi d’amortir le bruit des assiettes, le tintement des verres et il empêchera également la formation de plis sur votre nappe.

Attention, la nappe doit tomber au moins trente centimètres en dessous du plateau de la table. Mais prenez garde: si celle-ci peut bien entendu tomber plus bas, elle ne doit pas pour autant arriver à moins de 6 centimètres au-dessus du sol, pour ne pas incommoder les pieds des invités !

Une fois que cela est fait, vous pouvez commencer à mettre le couvert. Et parfois, cela peut être assez compliqué… où placer le couteau à poisson, la salière et la poivrière ou encore la cuillère pour le dessert ? Voilà donc comment il faut que vous procédiez.

Comme pour le plan de table, deux traditions s’affrontent dans l’art de disposer le couvert : la Française et l’Anglaise. Nous allons vous détailler chacune d’entre elle, et après cela, ce sera à vous de voir celle que vous préférez !

Le service à la française

A tout seigneur tout honneur, je commencerai donc par vous expliquer la mise en place d’une table à la française.

1A

Les couverts

Ils doivent être placés de part et d’autre de l’assiette  ( à 2 cm du bord de la table) dans leur ordre d’utilisation. Les couverts dont on se servira en premier sont placés à l’extérieur, puis en se rapprochant de l’assiette ceux dont on se servira tout au long du repas.

A droite

Près de l’assiette, le couteau de table  dont le tranchant de la lame est tourné vers l’assiette. Si vous servez du poisson lors de votre repas, vous disposerez ensuite le couteau à poisson. La cuillère à soupe se placera à l’extérieur puisque se plat ouvre le repas,côté creux vers la table.

A gauche

Vous commencerez par poser près de l’assiette la fourchette de table,  dents tournés vers la nappe. Venant à l’extérieur la fourchette à poisson se place également à gauche et toujours dents vers la table.

Les couverts à déssert sont  au choix soit placés dès le début du repas entre l’assiette et les verres, soit apportés avec les desserts, à vous de choisir.

Les verres

Débutez la mise en place de vos verres en disposant le verre à eau dans l’alignement du couteau de table, puis en respectant un angle à 45° (si le diner n’est pas trop formel disposer légèrement en diagonal sera suffira) placez le verre à vin rouge et le verre à vin blanc. La flûte à champagne se place en retrait entre le verre à eau et le verre à vin rouge si vous prévoyez de servir le champagne en début de repas, sinon posez la en léger décalage à gauche du verre à eau.

1B

L’assiette à pain et le couteau à beurre

L’assiette à pain se place à gauche de la grande assiette et supporte le couteau à beurre sur son bord droit, le tranchant de la lame étant tourné vers l’extérieur.

Les serviettes

Le placement de la serviette est laissé à votre discrétion : dans le verre, sur l’assiette ou sur la table. Vous pouvez également vous permettre quelques fantaisie en matière de pliage, pourvu que celui-ci soit en adéquation avec le thème de votre décoration.

Article paru sur http://les-muses-deco.tv/?p=20

Publié dans ARTISANAT FRANCAIS, GASTRONOMIE FRANCAISE, HUMEUR DES ANCETRES | Pas de Commentaire »

Calendrier des anciens Gaulois

Posté par francesca7 le 26 mars 2016

Sans titre

 
 
Les druides, qui tiraient leur nom d’un mot grec ou plutôt du mot celtique deru signifiant chêne, étaient vraisemblablement chargés de régler la division du temps chez les Gaulois. Leurs années étaient purement lunaires et divisées par périodes de 30 ans.

La semaine paraît être la période la plus anciennement et la plus généralement adoptée pour la mesure du temps au delà du jour. Ce sont, au dire des historiens, les Egyptiens qui les premiers ont donné une forme certaine à leurs années ; et le calcul que Moïse nous donne de la durée de la vie des premiers patriarches, la manière même dont il explique les circonstances du déluge ne permettent pas de douter qu’il n’y eût dès lors une division fixe du temps.

 Les Egyptiens avaient distribué l’année en douze mois, par la connaissance qu’ils avaient des astres. Ces mois n’avaient pour toute dénomination, dans le commencement, que celles de premier, de second, de troisième mois, etc., jusqu’au douzième. Hérodote déclare qu’il n’est pas possible de déterminer la forme que l’année des douze mois a eue originairement chez les Egyptiens. L’année a-t-elle été simplement lunaire, c’est-à-dire de 354 jours, ou l’ont-ils composée de 360 jours dès le moment de son institution ? C’est ce qu’Hérodote ne peut aussi décider.

On croit seulement que l’année de 360 jours dut être d’un usage fort ancien en Egypte ; elle dut être réglée ainsi même avant Moïse, car c’est d’une année de 360 jours que s’est servi le législateur des Juifs pour compléter celles du monde, et en particulier celle du déluge. Plus tard, l’année civile des Egyptiens fut de 365 jours ; tous les quatre ans, elle retardait d’un jour sur l’année solaire, et ce n’était qu’après un intervalle de 1460 années, qu’ils appelaient période sothiaque ou grande année caniculaire, que les années civiles et solaires se retrouvaient d’accord.

Les Grecs partagèrent d’abord les mois en trois parties, chacune de 10 jours : la première dizaine s’appelait mois commençant, la seconde dizaine mois qui est au milieu, et la troisième mois finissant. La première dizaine se comptait de suite ; ainsi on disait : le premier, le second, le troisième, etc., du mois commençant ; mais, comme les Grecs ne comptaient jamais au-dessus de 10, quand ils voulaient, par exemple, exprimer les 16, ils disaient le second sixième, ainsi de suite ; pour dire 24, ils disaient le troisième quatrième. Telle était la manière de compter des Grecs du temps d’Hésiode. Les Grecs eurent aussi, par la suite, une période de quatre années révolues par lesquelles ils comptaient, et qu’ils nommaient olympiades ; l’ère commune des olympiades commença au solstice d’été de l’an 776 avant J.-C.

Jusqu’en l’an 600 environ avant J.-C., les Grecs comptèrent successivement deux années de douze mois de 30 jours chacun, et une troisième année (triétéride) de treize mois. Mais les oracles ayant déclaré que l’on devait régler les années sur la marche du soleil, et les mois sur celle de la lune, il en résulta la réforme suivante : l’année fut alors composée de douze mois alternativement de 30 et 29 jours commençant à la néoménie ou nouvelle lune ; les troisième, cinquième et huitième années de cette période dite octaétéride eurent chacune un mois complémentaire de 30 jours : après deux octaétérides, on ajoutait 3 jours complémentaire ou épagomènes.

Meton, célèbre astronome athénien, pour corriger ce calendrier, imagina un cycle de 19 ans, après lesquels les rapports des jours, des mois, des années avec les retours de la lune et du soleil aux mêmes points du ciel se trouvaient conservés. Dans cette période, on comptait 235 lunaisons, à savoir : 228 à raison de 12 par an, et 7 autres appelées intercalaires ou embolismiques, dont 6 de 30 jours et le dernier de 29 jours. Ce résultat excita l’admiration des Grecs au point qu’on le grava en lettres d’or sur les places publiques ; de là lui vint le nom de nombre d’or. Callipe, pour remédier à une erreur légère de calcul de Meton, établit que l’on retrancherait le dernier jour de chaque quatrième cycle.

Le calendrier des Romains dut aussi sujet à de grandes variations ; leurs années étaient lunaires ; ils avaient, comme les Grecs, recours aux intercalations de jours et de mois. Cette irrégularité devait, à la longue, opérer un changement qui fît passer à la fin le mois de janvier d’une saison dans une autre, et cette confusion dura jusqu’à la réforme due à Jules César. Sous ce règne, Sosigène, Egyptien, versé dans les hautes sciences, détermina l’étendue de l’année solaire. On régla l’année civile sur le cours du soleil ; elle prit le nom d’année julienne, et s’ouvrit en 44 avant J.-C. Les mois furent au nombre de douze, alternativement de 30 et 31 jours, excepté février qui en avait 28 les années ordinaires, et 29 les années bissextiles. Le premier jour des mois portait le nom de calendes, les nones commençaient le 5, les ides le 13 ; en mars, mai, juillet et octobre, les nones se trouvaient le 7 et les ides le 15 : on comptait les jours en rétrogradant avant ces trois époques principales des mois.

Chez les Gaulois, les druides, qui tiraient leur nom d’un mot grec ou plutôt du mot celtique Deru signifiant chêne, étaient vraisemblablement chargés de régler leur division du temps. Leurs années étaient purement lunaires et divisées par périodes de 30 ans. Pline dit dans son Histoire naturelle que la lune réglait leurs mois, leurs années, et leur siècle de 30 ans ; mais il ne dit point, et aucun auteur ancien ne dit comment ils s’y prenaient pour ramener au bout de leur cycle les lunaisons au premier du mois. Il était nécessaire que dans cet intervalle ils ajoutassent 11 jours. Peut-être, comme les Arabes, faisaient-ils 19 années de 354 jours, et 11 de 355. Ce qui porte à le croire, c’est qu’il est constant qu’ils employaient le cycle de 30 ans pour régler leurs années lunaires.

 

Les Latins ont eu de grandes relations avec les Gaulois, et ils auraient pu et dû nous conserver plus de détails sur leur calendrier ; mais ils étaient si peu avancés dans les sciences physiques et mathématiques que les recherches sur la manière dont les peuples qui les entouraient divisaient le temps leur paraissaient peu intéressantes ; ignoti nulla cupido. Ils ne nous ont pas conservé seulement les noms de leurs mois ; car, comme nous allons le faire voir, les noms des mois en usage dans les pays où la langue celtique s’est conservée sont fondés sur l’année solaire que les Romains firent adopter aux Gaulois, et dérivent, pour la plupart, de mots latins qui expriment ces mois dans le calendrier julien. La réforme julienne fut adoptée dans les Gaules après la conquête de César. Les Romains portaient leurs dieux et leurs calendriers partout où ils portaient leur vaste domination.

Parmi les Romains, il semble que seuls Pline et César aient mentionné le calendrier des Gaulois. Voici le passage de Pline, qui se trouve à la fin du livre 16 de son Histoire naturelle, lorsqu’il parle du gui de chêne. « Je ne dois pas passer sous silence une coutume singulière usitée dans les Gaules ; les druides (c’est ainsi qu’ils appellent leurs prêtres) n’ont rien de plus sacré que le gui, et l’arbre sur lequel il croît, surtout si c’est un chêne. Ils choisissent, pour leur habitation, des forêts de chêne et ne font aucun sacrifice, sans avoir des feuilles de cet arbre. C’est ce qui fait qu’on les appelle druides d’un mot grec qui signifie chêne. Toutes les fois qu’il naît quelque chose sur cet arbre, ils le regardent comme envoyé du ciel et comme une marque qu’il est choisi par Dieu même. Or, il est assez rare de trouver du gui sur le chêne. Ainsi, quand ils en trouvent ils le cueillent avec de grandes cérémonies religieuses et le tout se fait le sixième de la lune ; car c’est cet astre qui règle le commencement de leurs mois et de leurs années ; il règle aussi leur siècle de 30 ans ».

Pline poursuit : « Ce qui les détermine à agir ainsi, c’est qu’alors la lune est assez forte, sans être dans le premier quartier ; ils appellent le gui dans leur langue le remède à tout. Pour cette cérémonie, ils préparent le sacrifice et le festin sous l’arbre même ; ensuite ils y conduisent deux taureaux blancs qui sont accouplés pour la première fois ; le prêtre, revêtu d’une robe blanche, monte sur l’arbre et coupe le gui avec une faucille d’or ; on le reçoit dans une nappe blanche. Ils terminent le sacrifice en adressant des prières à Dieu, pour qu’il sanctifie le don qu’il vient de leur faire, et le rende utile à ceux auxquels ils en donneront. Ils pensent qu’en le faisant prendre en breuvage à un animal stérile ils le rendent fécond, et que c’est un remède spécifique contre toute sorte de poisons : tant sont superstitieuses les religions de plusieurs peuples ».

Dans le sixième livre de la Guerre des Gaules, César dit que les Gaulois se disent descendus de Pluton, tradition qu’ils tiennent des druides. « C’est pour cela, ajoute ce général historien, qu’ils mesurent le temps par le nombre des nuits et non par celui des jours. Soit qu’ils commencent les mois ou les années, ou qu’ils parlent du temps de leur naissance, la nuit précède toujours le jour ». Nos ancêtres comptaient donc par nuits et non par jours comme nous. C’est par un reste de cette coutume que les Anglais disent encore aujourd’hui dans leur langue d’aujourd’hui sept nuits, d’aujourd’hui quatorze nuits, this day sennight, this day fortnight. Les anciens Germains, suivant Tacite, avaient aussi le même usage : et des locutions semblables à celles des Anglais se sont conservées dans leur langue. Les paysans, dans plusieurs provinces de France, disent aussi à nuit, au lieu d’aujourd’hui, ce qui pourrait bien être un reste de l’ancien usage de compter par nuits.

 

Calendrier

Calendrier gaulois

 

Ainsi, tout ce que nous pouvons tirer des anciens auteurs, au sujet du calendrier celtique, se réduit aux faits suivants : 1° Leur année était lunaire ; 2° Ils employaient pour régler leurs années une période de 30 ans ; 3° Ils cueillaient le gui le 6 du premier mois, et célébraient ce jour comme leur fête la plus solennelle ; 4° Ils passaient les premiers jours de leur année à parcourir les campagnes, pour rechercher cette plante si importante pour eux ; mais on ne sait à quelle époque ils commençaient leur année, quelle était leur ère, quels noms ils donnaient aux mois. Il paraît qu’ils connaissaient la semaine et qu’ils donnaient aux jours des noms dérivés des sept planètes.

Nous donnons ici un aperçu des mois dont on se servait au XIXe siècle dans la Bretagne Armorique et dans la principauté de Galles en Angleterre, les langues parlées dans ces deux contrées ayant beaucoup d’analogie et paraissant deux dialectes de l’ancienne langue celtique. Ces mois ne datent évidemment que du temps de la réforme julienne. L’étymologie de plusieurs des noms qu’on leur donne en est une preuve certaine. Cette année est d’ailleurs solaire et la même que celle dont se servent tous les Européens. Le nom du mois julien est donné, suivi du nom en breton armoricain, puis de celui en breton gallois :

1. Janvier ; Ghener et Ghenver ; Janawr ou Marwsis ou Misdu
2. Février ; Choëvrer ou Chwewror ; Chwefror
3. Mars ; Meurs ; Mawrts
4. Avril ; Ebrel ; Ebril
5. Mai ; Maë ; Mai
6. Juin ; Miseven ; Mehefin
7. Juillet ; Gouëre ou Gouhere ; Gorphennaf
8. Août ; Eost ; Awst
9. Septembre ; Guengolo ; Seithfed-mis ou Mismedi
10. Octobre : Ezre ou Here ; Withfedmis ou Hydef
11. Novembre ; Mis-du ; Tachwed, Hedrew, Hyddfe
12. Décembre ; Kersu ou Kerdu ; Ragfyr

On voit aisément dans cette énumération que les noms des mois correspondants à janvier, février, mars, avril, mai et août dérivent des noms latins des mois correspondants. On ne sait pas précisément ce que signifie Mizeven qui répond à juin. Quelques auteurs pensent que ce mot est mis pour mis-e-ben signifiant mois en tête, parce que c’est celui où se trouve le solstice d’été. On ne connaît pas mieux la signification de Gouherre ou Gouerre ouGorphennaf qui répond à juillet. Gwengolo signifie paille blanche, et indique dans l’Armoricain la récolte du blé qui se fait en septembre. Dans le Gallois Seithfed-mis signifie septième mois, et mismedi, mois de la moisson. On ne sait d’où vient erze dans l’Armoricain ni hydef dans le Gallois pour octobre ; mais dans le Gallois withfed mis signifie le huitième mois, il est la traduction littérale d’octobre. Misdu pour novembre signifie mois noir, ettachwed, dont usent les Gallois, paraît signifier la fin, ce qui indiquerait qu’ils finissaient leur année à la fin de ce mois. Les Armoricains appellent leur dernier mois, mois encore noirkerzu. On ne sait ce que signifiait le mot que les Gallois employaient pour décembre ; mais ils appelaient quelquefois janvier misdu. Ainsi, leur mois noir n’était pas le même que celui des Bretons Armoricains.

Suivant Court de Gébelin, les mois des Francs, du temps de Charlemagne, avaient les mêmes noms que ceux dont les anciens Gaulois se servaient avant qu’ils eussent emprunté ceux des Romains :

Janvier : Winter-manoth, mois d’hiver
Février : Hornung, lugubre
Mars : Lentzin-manoth, mois où les jours allongent
Avril : Ostar-manoth, mois d’Ostar
Mai : Wunne-manoth, mois gai
Juin : Brack-manoth, mois du labour
Juillet : Jeu-manoth, mois des foins
Août : Barn-manoth, mois des granges
Septembre : Herbst-manoth, mois de la moisson
Octobre : Wyn-manoth, mois du vin
Novembre : Windt-manoth, mois du vent
Décembre : Heilag-manoth, mois sacré

(D’après « Encyclopédie du dix-neuvième siècle : répertoire
universel des sciences, des lettres et des arts (Tome 6) » paru en 1844,
et « Traité complet du calendrier, considéré sous les rapports
astronomique, commercial et historique » paru en 1822)

Publié dans AUX SIECLES DERNIERS, FONDATEURS - PATRIMOINE, HUMEUR DES ANCETRES | Pas de Commentaire »

1...45678...212
 

leprintempsdesconsciences |
Lechocdescultures |
Change Ton Monde |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | C'est LE REVE
| Détachement Terre Antilles ...
| ATELIER RELAIS DU TARN ET G...