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DES TERRITOIRES
ATTRACTIVITE DES TERRITOIRES
Les points de rencontre entre économie et culture sont de plus en plus nombreux et éclairants, mais leur place dans les analyses des experts et dans les politiques publiques n’est pas encore à la hauteur des enjeux pour l’attractivité des territoires, pour la croissance et l’emploi.
Une illustration saisissante de la force et de la richesse du patrimoine immatériel et matériel nous est offerte à Venise. Le droit d’auteur y est né : c’est en effet dans la République de Venise qu’un privilège personnel d’édition est accordé à l’éditeur Jean Spira en 1469 ; la France inscrira le droit d’auteur quelques siècles plus tard dans le marbre de la loi. Mais Venise, ce n’est pas seulement l’un des premiers lieux de la protection du patrimoine immatériel. La simple évocation de son nom renvoie à l’histoire de la création artistique et littéraire, à l’incroyable patrimoine bâti de la lagune, aux palais qui se succèdent tout le long du grand canal, à l’« embarras de richesse », au patrimoine dans sa splendeur, ainsi que du point de vue de ses coûts. Un économiste vénitien, Gianfranco Mossetto (1992), propose une lecture intéressante de l’histoire de Venise et du rapport entre l’économie et l’art. Deux relations polaires peuvent se nouer entre les deux termes.
La première va du commerce à l’art : ce sont l’expansion commerciale et le développement économique qui poussent à la production artistique, à la recherche du rayonnement par le faste de l’architecture, la beauté des intérieurs, l’invention des formes. C’est la Venise du XIVe au XVIe siècles. Dans le second modèle, la relation entre l’art et le commerce s’inverse.
L’approche de la culture et de ses effets sur la croissance par le patrimoine, complémentaire d’une approche par la création, permet d’évaluer les effets de la dépense culturelle publique ou privée sur l’économie et de déployer une vision cohérente d’un ensemble d’activités qui participent de l’attractivité des territoires et de la capacité de notre société à mieux organiser le « vivre ensemble ». Parce que le patrimoine relève de plusieurs logiques (développement urbain ou rural, cohésion sociale, solidarités intergénérationnelles, mise en évidence des retombées, interactions entre le matériel et l’immatériel), il convient de le penser comme appartenant à un écosystème dont la soutenabilité est tributaire du bon équilibre entre ses dimensions : développement touristique vs lutte contre la congestion des sites, conservation des centres historiques vs spéculation immobilière, aide aux propriétaires privés qui valorisent et donnent accès au patrimoine vs prudence devant le risque de création de niches fiscales, etc.
Le patrimoine suppose la volonté de léguer des biens aux générations futures. Pour les monuments historiques et les trésors nationaux, la loi du 31 décembre 1913, modifiée à différentes reprises, définit ce qui a vocation à être protégé au titre de son intérêt historique ou artistique. Mais l’acception du patrimoine, avec les incidences économiques qu’elle implique, aussi bien en termes de charges que du point de vue de ses retombées, est bien plus large que ce que la loi désigne.
La loi implique une limitation à l’exercice du droit de propriété puisqu’elle encadre précisément le champ des interventions sur les immeubles protégés. La loi impose toute une série d’obligations destinées à garantir la qualité des biens patrimoniaux, qu’elle compense par l’ouverture d’un droit à la subvention et aux dégrèvements fiscaux.
On compte en France 43 180 monuments historiques protégés, dont 14 367 classés et 28 813 inscrits. La pratique du déclassement étant exceptionnelle, c’est à un accroissement permanent mais très irrégulier du nombre des protections que l’on assiste.
Extrait de : Valoriser le patrimoine culturel de la France – Rapport de Françoise Benhamou et David Thesmar
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