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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

  • a bientot

Les Maîtres saintiers à Saint-Jean De Braye

Posté par francesca7 le 6 novembre 2015

 

 

Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux,
Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
Jette fidèlement son cri religieux,
Ainsi qu’un vieux soldat qui veille sur la tente ! »
Baudelaire

Extrait de La cloche fêlée, Les Fleurs du Mal

« Ainsi la voix des cloches exprime-t-elle, en quelque sorte,
les sentiments du peuple de Dieu, quand il exulte et qu’il pleure, quand il rend grâce
ou qu’il supplie, quand il se rassemble et manifeste le mystère de son unité dans le Christ »
Livre des bénédictions, chapitre XXX, n° 1032

 

Les-maitres-saintiers 

L’usage liturgique des cloches dans le rite romain

 « C’est un usage qui remonte à l’Antiquité, de convoquer le peuple chrétien à  l’assemblée liturgique et de l’avertir des principaux événements de la communauté locale par un signal sonore. Ainsi la voix des cloches exprime-t-elle, en quelque sorte, les sentiments du peuple de Dieu, quand il exulte et qu’il pleure, quand il rend grâce ou qu’il supplie, quand il se rassemble et manifeste le mystère de son unité dans le Christ » (Livre des bénédictions, chapitre XXX, n° 1032)

 C’est en ces termes que s’ouvre l’introduction du Rite de la bénédiction d’une cloche promulguée à Rome en 1984, dont l’édition en langue française sera officiellement reconnue par la Congrégation du Culte divin le 22 décembre 1986.

Un regard sur les origines : Comptant parmi les plus vieux instruments sonores, les cloches ont toujours été associées à la Chrétienté dès les premiers siècles de son essor, « proclamant Dieu à l’horizon » (Charles Péguy).

Il semble bien que les moines et les moniales furent les premiers à se servir des cloches pour leur vie religieuse ainsi qu’il est rapporté dans la règle de saint Césaire d’Arles datant de 513 (Vita lupi, c.v, n°21, dans Acta sanct. sept.t.I, p.292) et dans une lettre d’un diacre de l’Église de Carthage, écrite en 515 (Regula sanctarum virginum, II, 843).

La cloche s’appelle alors « signum » d’où l’expression « signum tangere » qui se traduit par « toucher la cloche ». Son emploi est mentionné sur plusieurs documents hagiographiques du VIe et IXe siècle. On traduira le latin tangere « toucher » par « sonner » (Dictionnaire d’Archéologie Chrétienne et de Liturgie, T.3, Letouzey-Ané, p. 1960).

Dans les monastères, la cloche devient l’observance comprise de tous. L’instrument d’airain est un reflet de la vie monastique (Cf. « Les cloches dans la vie monastique de l’abbaye de Fontgombault » ; p.60).  Cette fonction demeure aujourd’hui : elle signale les exercices communs de la vie quotidienne depuis le réveil jusqu’au coucher, incluant les offices, les repas, le chapitre, le commencement ou la fin du travail ainsi que les circonstances exceptionnelles liées au temps liturgique ou à des événements de la vie conventuelle… 

La convocation des frères avec « exactitude » est précisée dans la règle de saint Benoît au chapitre 47 : « La charge d’annoncer l’Œuvre de Dieu, aussi bien le jour que la nuit, incombe à l’abbé. Il l’exercera lui-même, ou la confiera à un frère si ponctuel que l’office se fasse toujours aux heures prescrites. » L’exactitude et la régularité soulignent l’importance première dans la vie monastique de ne rien préférer à l’Œuvre de Dieu, à l’Office divin, rythmant ainsi le temps sacré.

Le tintement de la cloche permet aussi aux frères convers qui ne participent pas à tous les offices de pouvoir s’associer à la prière des frères de chœur célébrée à l’église du monastère. 

Un autre témoignage provient de saint Grégoire, évêque de Tours de 573 à 594, ville dans laquelle l’évêque est accueilli à son entrée « cum signis » (Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, T.3, Letouzey-Ané, T.3, p. 1960).

Bundesarchiv Bild 183-2005-0724-528, Bochum, Glockengießerei.jpgÀ l’époque carolingienne, des conciles régionaux d’Aix-la-Chapelle (801 et 817) déclarent que la sonnerie des cloches est à considérer comme un acte sacré qui revient aux prêtres. Une ordonnance demande que chaque église paroissiale soit munie de deux cloches et chaque cathédrale d’au moins six cloches.

Tout en rythmant l’écoulement des heures depuis le Moyen-âge, leur fonction première est liturgique : par leurs volées et leurs tintements, elles appellent les fidèles à se rassembler et à prier, associant leurs chants aux joies et aux peines de la communauté chrétienne. La cloche ne ressemble-t-elle pas à la voix du berger qui rassemble son troupeau ?

Cet usage a traversé les âges. C’est ainsi que l’on peut lire encore aujourd’hui cette inscription gravée : « Ma voix annonce les fêtes, combattant tout ce qui pourrait causer un oubli pernicieux » (Chroniques d’art sacré, n° 46, p.10) ou encore cette autre tirée d’un verset de l’Écriture Sainte : « Aujourd’hui si vous entendez ma voix, ne fermez pas votre cœur » (Psaume 94, Bible de la liturgie). On peut noter la double compréhension possible : 
« Entendez ma voix » peut s’attribuer à  « Dieu qui parle » ou à « la cloche qui sonne » !… » (*)

 

(*)  Chanoine Norbert HENNIQUE. L’usage liturgique des cloches dans le rite romain [en ligne]. Portail de la liturgie catholique. Disponible sur : <http://www.liturgiecatholique.fr/IMG/pdf/Texte_P.H_Cloches.pdf> (consulté 20/09/2012)

 

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Une cloche pour ADANO

Posté par francesca7 le 9 mai 2015

 

 1 CLOCHE

Comment la ville se procurait-elle de l’argent en 1943 ? Eh bien voici l’affaire des balles de mousseline. Un vaisseau de la liberté était arrivé au port d’Adano et avait déchargé une cargaison de matériel de guerre : machines à cintrer, traverses de ponts, tentes et munitions. Au fond de la cale, les débardeurs avaient trouvé des ballots de mousseline blanche. Le capitaine du bateau voulait qu’on les déchargeât. Le quartier-maître du port en le voulait pas, car il n’y avait ni papiers ni lettres de consignation concernant ces ballots. Comme ils portaient l’estampille du Trésor des Etats Unis c’étaient évidemment des marchandises envoyées en lend-lease et égarées. Le commandant Joppolo, sachant que les gens de la ville s’en allaient en guenilles, dit qu’il les utiliserait. Il appela au téléphone le chef des Fournitures civiles et obtint la permission de vendre cette mousseline à un prix équitable. Il en avait mis deux ballots en vente et les quatre autres en réserve. Le manque d’étoffes dans la ville était si grand que les deux ballots avaient disparu en un rien de temps.

-          Voilà du bon travail Joppolo, dis Sa Seigneurie. Et puis ?

Venais ensuite la question des réfugiés. Le jour de l’invasion, il n’y avait que six ou sept mille habitants dans la fille, les autres s’étant réfugiés dan la montagne. Peu de jours après, on en comptait trente-deux mille environ. Cet afflux de population, très gênant pour Adano, s’expliquait par le fait qu’un grand nombre de ces réfugiés étaient des habitants de Vicinamare qui avaient fui leur ville lors des bombardements. A présent, la bataille se livrait au-delà de Vicinamare. Les réfugiés auraient voulu rentrer chez eux, mais il n’y avait pas de moyen de transport. Le commandant, rencontra un jour dans la rue un autocar allemand conduit par un soldat américain, avait eu l’idée de s’en servir. Renseignements pris l’autocar appartenait au génie ; L’officier en charge, consulté par téléphone, lui avait permis moyennant l’autorisation officielle du commandant de la base, de le mettre en circulation une fois par semaine. Quelques jours plus tard, l’autocar partait bondé d’Italiens ravis et exubérants. Mais ce rapatriement n’avait pas continué, parce que le colonel Sartorius, chef des Affaires civiles pour la province de Vicinamare, ayant appris cette initiative, s’en était montré très blessé.

-          je me demande, dit le commandant Joppolo, si le colonel Sartorius n’est pas une véritable dope !

-          Vous voulez dire qu’il prend de la drogue ? demanda lord Runcin, puisant dans sa tabatière.

-          Oh non lord. Je veux simplement dire qu’il est un abruti.

-          Dope c’est ça ? dit Sa Seigneurie qui inscrivit le mot dans son carnet. Très bon, et puis ?

-          Eh bien, lors, les habitants d’Adano étaient si contents de l’administration américaine qu’ls avaient offert, tout à fait spontanément, d’entretenir à leurs frais le petit cimetière américain aux portes de la ville ; Ils avaient construit une barrière tout autour et l’avaient peint en blanc et Russo, le vieux tailleur de pierres, faisait les dalles. Tous les dimanches, les gens de la ville portaient des fleurs sur les tombes des soldats américains morts en prenant la ville.

-          Mais dites, c’est diablement touchant, commenta Sa Seigneurie. Et puis ?

Le ravitaillement marchait bien. Un des premiers jours, le commandant avait trouvé cinq wagons de blé sur une voie de garage. Il avait fait moudre le blé et avait pu en garder un peu pour les villages voisins qui en manquaient. Il avait imposé une très lourde amende – trois mille lires – à un boulanger pour avoir fait du pain spongieux, refusé de vendre à crédit, refusé d’accepter les lires américaines et parce qu’il avait les mains sales. A partir de ce moment, le pain avait été tolérable chez tous les boulangers. Il prenait des mesures pour que les pêcheurs puissent retourner en mer. Grâce à lui, on recommençait à manger des pâtes dont on avait été privé pendant huit mois. La situation alimentaire était bonne.

-          Bravo dit Lors Runcin. Chaque fois que Sa Seigneurie prenait une prise, le commandant Joppolo la regardait avec des yeux ronds et oubliait de quoi il parlait.

-          Quoi d’autres ?

Mon Dieu, veiller à la propreté de la ville ressemblait pas mal au travail d’Hercule dans sa fameuse écurie. Heureusement, le commandant était au courant des questions sanitaires ; Lorsque les Américains étaient arrivés, le vieux balayeur chargé de l’entretien des rues avait juste assez de force pour balayer devant le palazzo et vider la boîte aux ordures du maire Nasta. Le commandant Joppolo avait à présent une équipe de quarante-cinq hommes, huit voitures pour le service de la voirie et un camion itialen qu’il avait fait transformer en voiture d’arrosage. On arrosait les rues tous les matins.

-          De l’eau ! dit Sa Seigneurie. Mais c’est absolument efféminé.

Le commandant ne compris pas l’expression, mais il la prit pour son compliment .

[…]

D’abord, on peut se rassembler dans la rue et parler comme on veut ; Il est permis d’écouter la radio. On sait que je suis juste et qu’on peut venir me trouver à toute heure à l’hôtel de ville. Le maire Nasta avait mis son heure de bureau de midi à lune heure et il fallait lui demander un rendez-vous des semaines à l’avance. Je vous ai parlé de l’entretien des rues. Oh il ya beaucoup d’améliorations et il y en aura bien d’autres, lord, si je continue à m’en occuper.

Joppolo commençait à ennuyer légèrement sa Seigneurie qui puisait de plus en plus souvent dans sa tabatière et regardait par la fenêtre :

-          Une seule chose, lord.

-          Je souhaiterais que toutes les villes n’en aient pas davantage, Joppolo.

-          Mon Dieu ce n’est pas d’une importance immédiate, lord, et je crains que cela ne vous paraisse un peu ridicule.

-          Ma mission, dit lord Runcin, en prenant majestueusement du tabac, est de donner un sens aux choses ridicules. qu’est-ce, Joppolo ?

-          La ville a besoin d’une cloque.

-          Une cloche ? Mais commandant, j’ai entendu de tels carillons ce matin que je me suis cru à Noël.

-          Celle-ci était du XIIIè siècle. A entendre parler des habitants, c’était ce que la ville possédait de plus beau. Mussolini à la prise…

Et le commandant raconta comment la cloche avait été mise en caisse et expédiée pour faire des canons, comment les habitants lui en avaient parlé, comment il avait fait une enquête et établi que la cloche avait été très probablement fondue, en tout cas se trouvaient en territoire occupé.

Le Colonel, en la personne de Sa Seigneurie, montra le bout de l’oreille .

-          Ces gens, du lord Runcin, doivent se suffire avec les cloches qu’ils ont. Nous ne pouvons nous permettre d’être sentimentaux, vous savez Joppolo. C’est une faute d’amollir la discipline en rendant les gens trop heureux.

 

Pour lire l’intégralité de ce livre de John Hersey, rejoindre le site : http://bibliothequecder.unblog.fr/2015/05/08/une-cloche-pour-adano/

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Histoire de cloches pour les Moines

Posté par francesca7 le 11 février 2015

 

La fonderie Charles Obertino - Labergement Sainte Marie est la plus vieille fonderie de cloche de vache en activité de France.

Elle est basée à Labergement Sainte Marie dans le Haut-Doubs depuis 1834 environ. Cette entreprise artisanale, de six employés, produit des cloches de vaches (personnalisées ou non), des cloches souvenirs (personnalisables), des cloches d’appel (de quelques centaines de grammes à la cloche de chapelle pesant 17 kilos).

La technique de production de moulage au sable et le savoir-faire sont traditionnels mais le résultat est de toute première qualité.

La fonderie expose chaque année au Salon de l’Agriculture à Paris et à la Foire Exposition à Besançon.

CLOCHES+CHAPELLES

Plus de renseignements sur la fonderie et la production des cloches :http://monjura.actifforum.com/de-l-artisanat-jurassien-la-petite-industrie-f14/la-fonderie-de-cloches-obertino-labergement-ste-marie-25-t64.htm

Je vous propose quelques photos prises à la fonderie. D’autres sont visibles en cliquant ici.

Les moînes cisterciens de Citeaux ont créer une nouvelle abbaye à Munkeby en Norvège.

Cela fait 500 ans que cet ordre n’avait pas créé de nouvelle fondation. Quatre moines sont partis en Norvége fonder la nouvelle abbaye, début septembre 2009. Ils ont emporté avec eux cette cloche qui rythmera la vie de la nouvelle communauté.

Historique de la cloche :

Cette cloche vient de l’Abbaye de la Grâce Dieu dans le Doubs. C’est une abbaye cistercienne créée en 1139. Des moines ont occupé les lieux sans interruption jusqu’à la Révolution Française. Les bâtiments et l’église furent tranformés en fonderie et forge après l’expulsion des moines.

Ces dernier réoccupèrent l’abbaye dès la fin des années 1830 environ.

En 1929, des religieuses cisterciennes achetent le monastère et font vivre l’abbaye jusqu’en 2009. Elles quittent ce couvent suite à une réorganisation de leur ordre monastique.

Une nouvelle communauté, les Travailleuses Missionnaires, occupent déjà les lieux. Ainsi la vocation religieuse du lieu perdure encore.

Comme partout, chaque déménagement est l’occasion de faire le tri. Trois cloches se trouvaient dans les greniers de l’abbaye sans aucune utilité. Elles ont été mises en vente et j en ai été l’acquéreur. 

La cloche destinée à l’abbaye de Munkeby est la première sur la photo (celle du bas). Les deux autres font partie désormais de ma collection. Ce patrimoine Franc-Comtois reste donc dans la région.

La cloche destinée à la nouvelle fondation a un diamètre de 33 cm. Elle pèse 27 kilos, a été fondue à Besançon par le maître fondeur BEAU.

Elle est en bronze et date probablement des années 1820 ou 1830. De part sa taille et le type de fixation, cette cloche devait servir de cloche d’appel dans le monastère. On imagine aisément qu’elle pouvait se trouver au dessus de la porte d’entrée, ou à un endroit stratégique du monastère pour rythmer la vie des religieux. A noter que l’abbaye possède un clocher avec deux cloches monumentales servant encore actuellement pour les sonneries des heures et des offices.

La cloche avait été suspendue dans le clocher il y a plus de vingt ans dans l’espoir de créer un carillon, mais cela n’a pas abouti. De plus elle ne possèdait pas de battant.

La cloche a été nettoyée car certaines taches disgracieuses se trouvaient dessus. Le bronze se patinera avec le temps. Un battant neuf provenant de la fonderie de cloche OBERTINO à Labergement Sainte Marie dans le Doubs a été installé (Pour la petite histoire, une abbaye cistercienne se trouvait dans cette commune jusqu’à la Révolution)   

La cloche chez les moines :

Dans mon projet, j’ai souhaité que les moines disposent d’un support adapté à la cloche et surtout simple à fixer.

Diverses solutions ont été envisagées. J’ai proposé mon projet à Mr Claude GUINOT, ferronier d’art à MONTEPLAIN dans le Jura (pour la petite histoire, sa maison est une ancienne grange dépendant de l’abbaye cistercienne d’Acey).

Il a conçu un support moderne en forme d’ailes d’ange. C’est une très belle réalisation qui s’adaptera à merveille dans le cadre tout aussi moderne de la nouvelle abbaye.   

La curiosité est à son comble pour les quatres moines qui découvre avec joie, la cloche qui rythmera leur vie en Norvège. C’est une joie également pour eux que cette cloche issue d’une abbaye cistercienne multi-séculaires fasse le lien cistercien avec leur nouvelle fondation. Fin août, la cloche est partie en Norvège en camion avec les bagages des moìnes, ainsi que tout le materiel necessaire au bon fonctionnement de l’abbaye.

Le 12 septembre, les moines sont arrivés à Munkeby.  Un premier bâtiment est déjà construit. Il comporte les logements, la chapelle, une fromagerie. Plus tard d’autres batiments et une église seront construits.

Dès le premier jour, une messe et les vêpres ont été célébrés à Munkeby en présence des représentants des communautés religieuses voisines (il y a des soeurs cisterciennes entre autre), des représentants des autres religions et des autorités locales. La cloche, même si elle n’est pas encore fixée, semble déjà avoir trouvé sa vocation.   

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Quelques liens intéressants :

La nouvelle abbaye possède un site internet très intéressant expliquant le projet de création d’une nouvelle abbaye en Norvège.

Je vous invite à le visiter et à divulguer ce lien autour de vous : http://munkeby.net/francais/index.html

Le site de l’abbaye de Citeaux : cliquez ici

http://www.cloches.org/28.html

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Pourquoi un Coq sur les Clochers

Posté par francesca7 le 6 novembre 2014

 

par le chanoine R. Gaudin

coq 5Pourquoi met-on, depuis longtemps, un coq sur le clocher des églises? 

Ecartons résolument la légende selon laquelle saint Pierre, pour empêcher les coqs de lui rappeler sa faute par leurs chants, aurait empalé l’un d’eux et, ainsi, rendu les autres, muets d’épouvante. Saint Pierre avait d’autres soucis que de faire taire les coqs et pratiquait trop l’humilité pour ne pas leur  être, au contraire, reconnaissant de lui remémorer sa faiblesse. Le coq des clochers n’est pas une perpétuation du légendaire coq empalé de saint Pierre. 

Pourquoi met-on, depuis longtemps, un coq sur le clocher des églises? 

Voyons ce que l’antiquité païenne et les premiers temps du Christianisme pensaient du coq. Un rappel de ce genre peut nous mettre sur la voie d’une réponse plausible. 

A – Le Symbolisme du Coq dans les Civilisations Anciennes.

Partout et toujours, le coq a eu pour qualités proverbiales la fierté, le courage et la vigilance. Aussi bien, dès avant le VIe siècle antérieur à notre ère, le trouvons-nous dans les arts des civilisations les plus évoluées sur les monnaies grecques, sur les monuments protohistoriques de la Gaule, sur la céramique cyrénéenne, sur des objets précieux de Babylonie, de l’Inde, de l’Extrême-Orient. Chez les Grecs et les Latins, le coq blanc fut consacré à Zeus-Jupiter. Voilà pourquoi Pythagore défendait à ses disciples de les tuer et de s’en nourrir. Le même coq blanc fut aussi l’oiseau d’Hélios Apollon. Il n’était pas rare de voir un coq aux pieds ou dans la main du dieu sur les bas-reliefs ou autres sculptures. Il y eut un rapprochement naturel de la divinité de la lumière et de l’oiseau qui, avant tous les autres, appelle l’aurore de ses cris impérieux et qui est ainsi une sorte de « prophète de la lumière ». 

Le chant du coq, explosion matinale de la vie qui commence, fit adopter le coq comme emblème de la vigilance. Une fable grecque veut que le soldat Alectryon, qui avait manqué d’attention dans la surveillance qu’Arès et Aphrodite lui avaient confiée, fut métamorphosé en coq, pour qu’il apprenne ainsi la vigilance. 

C’est encore parce que le coq sonne le réveil à tout ce qui l’entoure, qu’il fut associé au culte d’Hermès-Mercure, le dieu du commerce. Le musée Guimet conserve un curieux autel, découvert à Fleurieu (Ain). C’est un autel à Mercure. Sur l’une de ses faces, on voit un coq. 

Chacun sait que le coq était aussi l’oiseau d’Esculape et de son temple d’Epidaure. Dans les représentations du dieu de la médecine, l’oiseau de lumière et de vie est assez souvent opposé au serpent silencieux, sournois et porteur d’un mortel venin. Le serpent rappelle la maladie et la mort et le coq la guérison qui conserve la vie. Sur l’actuel blason de la Faculté de Médecine de Lyon figurent coq et serpent. 

Les Chaldéens, frappés de son activité matinale, crurent que le coq recevait, chaque jour, un influx divin, qui le poussait à chanter avant tout autre. Une monnaie grecque du VIe siècle avant J-C. porte un coq surmonté d’un signe astral, d’où partent des rayons. 

Les Grecs firent du coq l’emblème du courage militaire. Thémistocle sur le point de livrer bataille aux Perses, harangua ses hommes en leur recommandant l’exemple des coqs. En souvenir de ce fait, Athènes créa une fête annuelle, qui comportait principalement des combats de coqs. Les Gaulois eurent la même idée que les Grecs. On a des monnaies portant un coq. Des bijoux en forme de coqs furent trouvés dans les sépultures. Quelques bas-reliefs révèlent des enseignes militaires surmontées de coqs. Notons en passant que le coq ne fut pas l’ordinaire enseigne des Gaulois, comme on l’a souvent dit. Le sanglier est plus fréquemment employé que le coq. 

Tant de qualités chez le coq contribuèrent à en faire partout, chez les Anciens, une sorte de messager des dieux. Aussi bien eut-il le douloureux privilège — surtout le coq blanc — de servir, par ses entrailles ouvertes, à la révélation des volontés des dieux et à l’annonce des bonheurs ou malheurs futurs. C’est ce qu’exprime Rabelais quand il parle dans « Pantagruel » du « coq vaticinateur ». Le nom d’alectryomancie désigne cette pratique sanglante. 

Toujours à cause de ses qualités proverbiales, les Anciens croyaient que les entrailles du coq renfermaient une pierre mirifique: la « pierre alectorienne », talisman supposé de l’audace, de la vigueur, de la décision. N’a-t-on pas raconté que Milan de Crotone, qui tuait un taureau de son poing prodigieux, devait à la pierre alectorienne sa force surhumaine. Il est curieux de trouver un  archevêque de Rennes: Marbode, mort en 1123, qui rappelle cette légendaire tradition et ajoute que le même talisman donne l’éloquence aux orateurs et la fidélité aux époux. 

On a cru très longtemps que le gésier d’un coq castré contenait parfois une autre pierre  merveilleuse, capable de procurer à qui la portait, la sagesse et le bon sens. Le Moyen Age appelait ce talisman la « pierre de chapon » ou « chaponnette ». Un inventaire — celui du duc de Berry, oncle de Charles VI dressé en 1416, fait état « d’une pierre de chappon, tachée de blanc et de rouge, assize en un annel d’or: prisée quatre livres tournois ».

 

B – Le Coq dans les plus Anciennes Symboliques du Christianisme. 

Le caractère d’ « oiseau de la lumière » a été gardé au coq pendant tout le premier millénaire chrétien. A l’exemple des Egyptiens, qui avaient des lampes de terre ou de bronze en forme de coqs, les potiers chrétiens de Grèce et de Rome réunirent, eux aussi, le coq à l’idée de la lumière et donnèrent, entre autres sujets symboliques, à leurs lampes la représentation du coq. Sur l’une, le coq est accompagné d’une croix; sur une autre, il semble diriger une barque vers le port; sur une troisième, il porte une palme de triomphateur, telle la lampe trouvée à Ardin (Deux-Sèvres). A n’en pas douter, le coq est là l’emblème du Christ, chef de l’Eglise, guide et défenseur des fidèles. Sur une barque, il est le Christ dirigeant l’Eglise. Surmonté d’une palme, il est le Christ ressuscité, vainqueur de la mort. 

Depuis longtemps un beau témoignage a été rendu au coq. L’auteur du « Livre de Job » se demande si le Créateur ne lui a pas donné plus que de l’instinct:  « Qui a mis la sagesse au cœur de l’homme?

Qui a donné l’intelligence au coq? » (XXXVIII – 36). 

Le « Dictionnaire d’Archéologie Chrétienne » cite une ampoule en terre cuite des premiers siècles du Christianisme, sur laquelle on peut voir la Vierge Marie présentant son Fils nouveau-né à quelque personnage placé devant elle; au-dessus un coq bat des ailes et chante; à leurs pieds est un autre coq. 

512333053Le symbole est net: l’avènement de Jésus est pour le monde, au moral, ce qu’est l’apparition matinale du soleil, matériellement, pour la terre, apparition que chantent les coqs. La symbolique chrétienne ne s’est pas contentée de voir dans le coq l’emblème du Christ ou de l’associer à l’avènement du Messie. Elle l’a également uni à la Résurrection. N’est-ce pas à l’aube pascale que le miracle s’est accompli, c’est-à-dire au moment où retentit le chant du coq? Les lampes chrétiennes, décorées d’un coq porteur de palme, lui donnent l’insigne honneur de rappeler le Christ ressuscité.

Le chant du coq devient la voix du Christ. Le sens poétique de Prudence a fait ce rapprochement.

Dans son « Cathemerinon » (chants pour toute la journée), publié au début du IVC siècle, le poète chrétien consacre sa première hymne à « l’oiseau annonciateur du jour » (« Ales diei nuntius ») dont la voix sonore « appelle les âmes à la vie » chrétienne (« … ad vitam vocat »). Racine nous en a traduit les strophes: 

« L’oiseau vigilant nous réveille; Et ses chants redoublés semblent chasser la nuit; jésus se fait entendre à l’âme qui sommeille Et l’appelle à la vie où son jour nous conduit… » 

Saint Ambroise, évêque de Milan, lui aussi consacre au coq sa première hymne: « Le coq réveille les dormeurs Et presse les mal-éveillés… «  

Et l’on pourrait citer Denis d’Alexandrie, saint Basile… 

Le coq garde l’actualité dans la symbolique liturgique puisque, encore maintenant, l’Eglise fait réciter au bréviaire l’hymne de saint Ambroise dans les « Laudes » du dimanche et celles de Prudence, dans les « Laudes » du mardi. 

Quant à donner le coq en modèle aux prédicateurs, c’était chose facile. Saint Hilaire de Poitiers l’a fait dans une hymne:

« Le coq qui chante et qui bat des ailes

Ressent l’approche du jour.

Nous aussi, avant la lumière,

Annonçons au monde le Christ… » 

Saint Grégoire-le-Grand n’y a pas manqué: 

« Le prédicateur a le devoir de s’animer… comme le coq qui bat des ailes avant de pousser son chant… » (Morales: XXX). 

Le coq a même été associé à la fin du monde, en faisant de lui l’image du Juge suprême. La nuit rappelle la mort, mais le jour évoque la résurrection. Le chant du coq fait à l’aube ce que fera l’appel de l’ange de la résurrection, au jour où s’accomplira la définitive destinée des hommes. Mais le coq dressé au milieu d’une nature encore endormie entraîne à lui faire représenter le Christ lui-même.

Prudence, dans une hymne, écrit en effet le coq « est la figure de notre Juge ». Nous avons là l’explication de ces coqs gravés sur les plus anciennes sépultures chrétiennes; par eux s’expriment l’espérance et la foi dans la résurrection future. Nous donnons la même signification au petit coq en os, trouvé dans une sépulture mérovingienne de Blaye. 

La place du coq sous la tradition chrétienne ne se limite pas à des considérations mystiques. Elle s’étend aussi à la liturgie pratique. Dans la vie romaine, les « heures » — comme chacun sait — étaient des périodes de temps d’une certaine longueur et non pas de soixante minutes seulement. La première division légale de la journée ou « première heure » était au chant du coq. On l’appelait, à cause de cela, le « Gallicinium ». Elle allait d’environ une heure (style moderne) à trois ou quatre heures en été, à quatre ou six en hiver. L’Eglise, soucieuse de faire donner par ses fidèles les prémices du jour à Dieu, fit du « Gallicinium » l’heure de la prière par excellence. Les « canons d’Hippolyte », écrits à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle, indiquent expressément qu’une assemblée de prières aura lieu au « Gallicinium ». La « Peregrinatia Etherioe », de la fin du IIIe siècle, nous apprend qu’à Jérusalem le coq donne le signal de l’assemblée du dimanche. Des « Constitutions apostoliques » des IV et Ve siècles déclarent que, après la longue veillée pascale, les Baptêmes étaient conférés au chant du coq et qu’aussitôt après le « Gallicinium » il était permis de rompre le jeûne.

En Orient, le « Gallicinium » faisait partie de l’horaire monastique quotidien. Au Ve siècle, notamment chez les moines égyptiens, nous dit Dom Leclercq, certains monastères consacraient particulièrement deux temps à la prière en commun le « Gallicinium », au matin, et le « Lucernarium », le soir autrement dit: l’heure du coq et l’heure de la lampe.

 

Le plus ancien coq de clocher connu est celui de la cathédrale de Brescia. Il remontait au IXe siècle. Il était en cuivre doré. Le poète anglais Wolstan, au Xe siècle, parle du coq de la cathédrale de Winchester. La vieille chronique de Coutances nous apprend que le coq de la cathédrale fut frappé par la foudre en 1091. 

Mais pourquoi des coqs sur les clochers? 

Nous ne pouvons répondre que par des conjectures. Cependant tout ce que nous avons dit de l’emblématique du coq chez les anciens et dans les premiers temps du christianisme, nous permet de croire que la tradition concernant le coq a continué de s’affirmer, mais sous une forme différente, par son installation au faîte des édifices saints. 

Lorsque nous avons sous les yeux de vieilles estampes, représentant les instruments de la Passion, accompagnant toujours la lance, l’éponge, les clous, le marteau, la couronne d’épines, la lanterne, nous voyons un coq perché sur une colonne. Il n’est pas tellement rare, non plus, de découvrir, sur des monuments chrétiens, un coq toujours perché sur une colonne. Il s’agit ou bien du coq qui a chanté au moment du reniement de Pierre, début de la Passion du Christ, ou bien de l’emblème, parmi les instruments de douleur, de la Résurrection proche. L’idée du coq sur le clocher a pu venir de cette figuration du coq de la colonne. La transition ne paraît pas impossible. 

téléchargement (1)Ce qui semble plus évident, après tous les symboles du coq dans l’emblématique chrétienne et les allusions poétiques ou mystiques des premiers chantres et orateurs du christianisme. C’est que le coq, haut placé, rappelle le Christ protecteur vigilant et défenseur de ses enfants, engagés dans la lutte contre le mal dont ils doivent sortir vainqueurs. Le coq-girouette toujours face au vent, est le Christ face aux péchés et aux dangers du monde et, par similitude, le chrétien face aux mêmes dangers et aux mêmes péchés. 

Une explication subsidiaire vaut d’être donnée. On a remarqué que souvent l’intérieur du coq des clochers contenait des reliques. Ainsi, le coq de Notre-Dame de Paris, descendu, il y a quelques années, pour une remise en état, renfermait des ossements. Cette constatation est à rapprocher des talismans légendaires attribués aux coqs blancs. On a imaginé que les ossements trouvés devaient appartenir à des saints locaux, protecteurs de la cité. Peut-être peut-on penser qu’autrefois,   lorsqu’on mettait une sainte émulation à se voler d’église à église les reliques vénérées, le reliquaire le mieux protégé était au sommet quasi-inaccessible du clocher.

 

Mémoires de la Société Archéologique et Historique de la Charente – année 1956

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Les belles lettres du Sonneur et l’Araignée

Posté par francesca7 le 21 août 2014

 fable de La Fontaine ou supercherie littéraire ?

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Il serait difficile de s’imaginer combien de formes diverses peut prendre, pour se produire, la supercherie littéraire. Un exemple singulier nous est fourni par la fable intitulée le Sonneur et l’Araignée, attribuée à La Fontaine et publiée au sein d’un recueil paraissant en 1735 dont l’auteur, un certain Bouillet, est le pourtant très sérieux membre fondateur de l’Académie des sciences et belles-lettres de Béziers.

On comprend ce phénomène de supercherie, sans l’excuser, quand celle-ci ne vise qu’au bénéfice coupable de l’anonyme, et en l’excusant, quand elle est soit un simple moyen de piquer la curiosité, soit un désir réel d’effacement personnel, ou encore une façon de s’assurer un gain dont on ne tient pas à divulguer la recherche.

Mais en combien de cas la voyons-nous se manifester dans des conditions à peu près inexplicables, et dans lesquelles l’auteur n’a pu courir d’autres chances que celles d’être moqué, s’il ne réussit pas à imposer son subterfuge, ou d’être mis complètement hors de cause, si au contraire il y réussit.

Nous en citerons pour exemple le fait suivant. Bouillet, médecin de Béziers, publia, en 1735, un volume in-4°, qu’il intitula Recueil de Lettres, Mémoires et autres pièces pour servir à l’histoire de l’Académie des sciences et belles-lettres de la ville de Béziers. Ce Bouillet, renommé dans son art, sur lequel il a laissé plusieurs mémoires fort remarquables, et membre fondateur de l’académie de sa ville natale, en fut toute sa vie le secrétaire très actif. Au cours d’une des lettres faisant partie du recueil, en date du 15 mars 1732, après avoir analysé une dissertation sur la dangereuse inutilité de sonner les cloches pendant l’orage, il ajoute :

« Au lieu de ces raisons, dont tout le monde ne conviendrait peut-être pas, voici une fable de M. de La Fontaine qui appuie absolument le sentiment de l’auteur de la dissertation, elle fera peut-être plus d’impression sur ceux qui n’entendent pas la physique. »

Et sans plus de façon, le secrétaire de l’académie de Béziers cite un apologue intitulé le Sonneur et l’Araignée, à la marge duquel il place cette indication volontairement erronée :Fables choisies. Liv. 7, fable XVI (car rien de semblable ne se trouve dans aucun des recueils publiés sous ce titre), et qu’il fait suivre de cette note bien propre à achever de donner le change au lecteur — si le change pouvait résulter d’une production où la manière du maître est si malheureusement, ne disons pas imitée, mais parodiée : « On a cru devoir insérer au long cette fable qui n’est pas fort connue. »

Peut-être, après tout, le médecin bel esprit trouva-t-il des dupes. Mais, s’il les trouva, quel bénéfice retira-t-il de sa fraude ? D’entendre louer, comme étant de l’illustre fabuliste, des vers enfants de sa pauvre muse. Nous n’osons croire que cette satisfaction lui ait été donnée, sinon par des gens trop aisés à tromper, pour que leur assentiment équivalût à un éloge.

Voici l’œuvre, on jugera.

LE SONNEUR ET L’ARAIGNÉE

Certain sonneur, rempli de vanité,
Entre deux vins, et peut-être entre quatre,
Fut assez ivre pour débattre
A Jupiter la primauté,
Disant avec impiété,
Quand ce dieu lançoit le tonnerre,
Qu’il le pouvoit éloigner de la terre ;
Et que, la substance de l’air
Estant délicate et menue,
Ses cloches pouvoient l’ébranler,
Chasser et dissiper la nue,
Et donnant au foudre une issue,
Faire prendre un rat à l’esclair,
Comme l’avait soutenu haut et clair
Quelque philosophe moderne,
Qui sans doute avoit beû dans la même taberne.
Jupiter, l’oyant blasphémer,
Se préparoit à l’abysmer,
Accoutumé de mettre en poudre,
Quand il lance son foudre,
Plus de clochers et de sonneurs,
Que de toits de bergers et de pauvres glaneurs,
Lorsqu’une vieille et prudente araignée,
Hostesse du clocher depuis plus d’une année,
Voyant ce faux raisonnement,
Faisait des leçons à son hoste,
Pour lui faire avouer et réparer sa faute,
Et lui montroit que follement
Il s’attaquoit au maistre des estoiles ;
Qu’il auroit beau sonner en double carillon,
Bien loin de dissiper le moindre tourbillon,
Il ne lui romproit pas la moindre de ses toiles.

(D’après « La Mosaïque », paru en 1876)

 

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Cloches savoyardes

Posté par francesca7 le 9 juillet 2014

 

220px-Cloche_La_Savoyarde_du_Sacré-Coeur_de_Montmartre-1907La Savoyarde est la plus grosse cloche de France. Elle a été fondue en 1891 par la fonderie Paccard (Dynastie de Georges, Hippolyte-Francisque et Victor (ou G&F)) à Annecy-le-Vieux. Elle se trouve à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, à Paris.

Ce bourdon, toujours un des plus gros du monde, pèse 18 835 kg, mesure 3,06 m de hauteur pour 9,60 m de circonférence extérieure, avec une épaisseur à la base de 23 cm et un battant de 850 kg.

Elle fut offerte par les quatre diocèses de Savoie et son arrivée à la basilique du Sacré-Coeur le 16 octobre 1895 fut un événement parisien.

Elle sonnait uniquement pour les grandes fêtes religieuses, notamment à l’occasion de Pâques, de la Pentecôte, de l’Ascension, de Noël, de l’Assomption et de la Toussaint ; on pouvait l’entendre à 10 km à la ronde. Malheureusement depuis la fin des années 1990, une fêlure est apparue.

 

Histoire d’une Basilique

Le 8 décembre 1870, deux Parisiens exilés à Poitiers en raison de la guerre, Alexandre Legentil et son beau-frère Hubert Rohault de Fleury, font le vœu de faire ériger à Paris une église dédiée et offerte en réparation des offenses faites au Sacré-Cœur du Christ. Mis en contact avec le P. Ramière, directeur du  » Messager du Sacré-Cœur de Jésus », M. Legentil lance dans cette revue, en janvier 1871, l’idée qui deviendra le Vœu National. Le 18 janvier 1872, Mgr Guibert, archevêque de Paris, approuve le projet. Le 5 mars 1873, il adresse une lettre au ministre des Cultes demandant  » qu’un temple, élevé pour rappeler la protection divine sur la France et particulièrement sur la Capitale, soit placé dans un lieu qui domine Paris et puisse être vu de tous les points de la cité « . C’est ainsi que naquit la Basilique du Sacré-Cœur.

Réalisée par souscription, la construction de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre à Paris correspond à une des demandes de Sainte Marguerite-Marie (1647-1690) lors des apparitions de la Sainte Vierge à Paray le Monial.

Description de la cloche et de ses accessoires :

Masse en mouvement : 25 765 kg

Poids : 18 835 kg

Hauteur : 3,06 m

Circonférence : 9,60 m

Battant : 850 kg

Joug : 4650 kg

Historique du Musée PACCARD

En 1984, la fonderie PACCARD organisait une journée porte ouverte lors de laquelle se révéla l’intérêt du public pour l’art campanaire. Aussi Pierre Paccard et son épouse Françoise décidèrent-ils de créer un musée dédié aux cloches et plus particulièrement à la fonderie PACCARD, alors installée à Annecy-le-Vieux. Transféré en 1989 à Sevrier, en bordure du Lac d’Annecy, le Musée de la Cloche, expose un ensemble d’outils, de documents, gravures, photos et cloches retraçant l’histoire de la cloche et de la Fonderie Paccard. Un film d’une vingtaine de minutes permet également d’assister à la réalisation ainsi qu’à la coulée de la plus grosse sonnerie en volée du monde. 

Aujourd’hui dirigé par Anne Paccard, belle-fille et épouse de fondeur, re-baptisé musée PACCARD, ce musée pas comme les autres propose un large éventail de visite. : visites guidées du musée et de la fonderie, coulée des cloches, visites pédagogiques…

Depuis Juin 2005, le musée s’enorgueillit également d’une ARS SONORA®, nouveau concept d’urbanisme développé par le groupe PACCARD, aillant la musicalité des cloches au design architectural. Cette ARS SONORA® donne au musée un supplément d’âme et permet l’organisation de concerts chant & carillon ainsi que de nombreuses formules de visite. 

Témoignage rassurant de notre passé, le Musée Paccard se veut également le reflet du présent et de l’avenir du métier de fondeur de cloches, notamment à travers les nouvelles technologies utilisées par la Fonderie Paccard. 

Découvrez le Musée PACCARD en vidéo…

Image de prévisualisation YouTube

http://www.youtube.com/watch?v=yfPmzY97utY

 

 

 

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Musée de la cloche – fonderie des cloches Grassmayr

Posté par francesca7 le 10 juin 2014

 

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C’est dans le monde entier, dans une centaine de pays, que retentissent les cloches issues de la fonderie de cloches Grassmayr.

C’est en 1599 que Bartlme  Grassmayr coula sa première cloche au Tyrol. Les connaissances techniques des fondeurs de cloches Grassmayr et les secrets de construction de leurs cloches (« ossatures ») sont jalousement gardés depuis 4 siècles, continuellement élargis par des recherches et transmis de père en fils selon une tradition se perpétuant depuis 14 générations. La fonderie de cloches Grassmayr ne se contente pas de couler de nouvelles cloches mais s’est aussi spécialisée dans la restauration de cloches historiques et dans la fabrication de la gamme complète d’accessoires techniques pour installations de cloches. L’une des plus grandes cloches sonne chaque jour à 17 heures en guise de bonne entente dans les pays des Alpes dans un beau bel endroit du Tyrol, à Telfs / Mösern.

Le musée des cloches est une combinaison tout à fait originale de fonderie de cloches, de musée des cloches et de salle de résonance. La longue expérience dont nous bénéficions est pour nous l’assurance que vous ne manquerez pas vous-aussi d’^rtre fasciné par une visite et c’est pourquoi nous vous recommandons d’y consacrer une heure environ.

Link unten: www.grassmayr.at

 

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La tradition est la transmission du « feu » nécessaire à la réalisation de quelque chose de particulier.

 

Depuis 1599, la fonderie de cloches GRASSMAYR réalise des cloches et des œuvres d’art en bronze. Plus ancienne entreprise familiale d’Autriche, la société GRASSMAYR est profondément marquée par l’art de ses artisans et le mystérieux pouvoir de la musique des cloches. Des époques de faste avec d’extraordinaires œuvres et de prestigieuses distinctions ! Des périodes de ténèbres comme la Guerre de Trente ans, la disette, les épidémies ou même l’interdiction politique de « couler des cloches ». 

Les efforts communs en vue de créer du « beau » pour nos clients et le souci des membres de la famille de vivre pour l’entreprise, tout cela a contribué à forger une tradition particulière. Le passé est un socle solide. Et pourtant, chaque jour est un nouveau jour, qui pose un défi, celui de créer la nouveauté et l’originalité dans l’instant présent ; ceux qui ont su s’en rendre compte dans leur quotidien vous le diront : bien plus qu’un travail, une telle tâche est un cadeau de la vie.

En termes de qualité, le défi consiste à combiner judicieusement les prestations sous-traitées (ex. accessoires découpés au laser) aux fabrications artisanales réalisés par l’équipe qualifiée de GRASSMAYR, regroupant des métiers variés mais complémentaires : sculptrices, fondeurs, musiciens, mécaniciens, menuisiers, électriciens. 

  La formation polyvalente des apprentis dans la fonderie de cloches GRASSMAYR a pour but d’offrir à nos jeunes collaborateurs des perspectives d’avenir et de renforcer le développement à long terme de l’entreprise.

Avec le profond désir intérieur de concevoir les « stradivarius des cloches »…

« SOLI DEO GLORIA – A Dieu seul la gloire » : tels sont les premiers mots du carnet de voyage de Bartlme GRASSMAYR, qui prit la route pour peaufiner son art. Ce credo n’a rien perdu de sa pertinence pour la fonderie de cloches GRASSMAYR.

  Forte d’une grande tradition et soucieuse de toujours proposer la meilleure qualité du marché, la société GRASSMAYR allie l’expérience du passé aux expérimentations du présent et à la recherche scientifique de l’avenir, dans le cadre de coopérations. Animés par un « profond désir intérieur de concevoir les « stradivarius des cloches » », les frères Peter et Johannes Grassmayr, épaulés par leur équipe, ont nettement amélioré la qualité de leurs cloches ces dernières années. Avec pour moteur, la volonté inextinguible de toujours faire avancer l’entreprise en tant que pionnier en matière de qualité dans tous les domaines.    Leur objectif est de créer, avec leur équipe, des œuvres d’art qui mêlent esthétisme sonore et visuel et font la joie des hommes pour l’« éternité »

http://www.innsbruck.info/fr/

 

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Les cloches de la terre

Posté par francesca7 le 10 juin 2014

les_cloches_de_la_terre_paysage_sonore_et_culture_sensible_dans_les_campagnes_au_xixe_siècle20100424: paysage sonore et culture sensible dans les campagnes au XIXe siècle 

En exploitant pour la première fois les quelque dix mille affaires de cloches que le XIXe siècle nous a laissées, Alain Corbin découvre que ces sources insolites sont au centre d’un ordre symbolique. La cloche préside au rythme de la vie rurale, oriente son espace ; elle définit une identité et cristallise un attachement à la terre. La sonnerie constitue un langage, fonde un système de communication et accompagne des modes oubliés de relations entre les individus, entre les vivants et les morts. Enfin, qu’il s’agisse de traduire la liesse, la menace du feu ou du sang, la terreur des épidémies, il n’est pas de profonde émotion collective qui n’implique un recours à la cloche. Du même coup, maîtriser l’usage de la sonnerie constitue un enjeu majeur dans le déroulement des luttes de pouvoir qui agitent les microcosmes campagnards. L’historien, dans cet ouvrage brillant, se tient à l’écoute des hommes du passé, afin de détecter les passions qui les animaient et de comprendre un monde récemment disparu.

Le bruit des cloches : bonheur ou nuisance

« Au hameau dit « Les Huguets », sur la commune de Saint-Offenge-Dessous, rien ne va plus entre Pascal Francoz et son voisin, Daniel Brault, rapportait Pascale Robert-Diard (Le Monde, 07/10/2006). Les cloches que les paisibles ruminants du premier, éleveur de vaches laitières, agitent nuit et jour sous les fenêtres du second, dessinateur industriel, sont à l’origine d’une querelle de voisinage qui s’est envenimée au fil des ans jusqu’à devenir le symbole d’une bataille entre ruraux et « rurbains ». Régulièrement, les tribunaux français voient s’opposer, tel l’automne dernier, les partisans des cloches contre ceux qui les considèrent comme une nuisance sonore. En Compagnie d’Alain Corbin, Jean-Noël Jeanneney revient sur notre relation au bruit des cloches et à leur univers sonore entre préservation et disparition.

 

http://www.franceculture.fr

 

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Les cloches du soir

Posté par francesca7 le 10 juin 2014

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Quand les cloches du soir, dans leur lente volée
Feront descendre l’heure au fond de la vallée,
Si tu n’as pas d’amis ni d’amours près de toi,
Pense à moi ! Pense à moi !

Car les cloches du soir avec leur voix sonore
A ton coeur solitaire iront parler encore,
Et l’air fera vibrer ces mots autour de toi :
Aime moi ! Aime moi !

Si les cloches du soir éveillent les alarmes,
Demande au temps ému qui passe entre nos larmes,
Le temps dira toujours qu’il n’a trouvé que toi 
Près de moi ! 

Quand les cloches du soir, si tristes dans l’absence,
Tinteront sur mon coeur ivre de ta présence,
Ah ! c’est le chant du ciel qui sonnera pour toi !
Pour toi et pour moi !

Quand les cloches du soir, qui bourdonne et qui pleure,
Ira parler de mort au seuil de ta demeure,
Songe qu’il reste encore une âme près de toi :
Pense à moi ! pense à moi !

  

 Marceline DESBORDES-VALMORE   (1786-1859)

  • Marceline Desbordes est la fille de Catherine Lucas et Félix Desbordes, un peintre en armoiries, devenu cabaretier à Douai après avoir été ruiné par la Révolution.Fin 1801, après un séjour à Rochefort et un autre 220px-Marceline_Debordes-Valmore_1à Bordeaux, la jeune fille et sa mère s’embarquent pour la Guadeloupe, île appartenant à la France depuis 1635, afin de chercher une aide financière chez un cousin aisé, installé là-bas.

 Poétesse 

De 1808 à 1810, elle a une liaison passionnée avec le comédien et homme de lettres Henri de Latouche, qu’elle nomme Olivier dans ses poèmes. En 1816, elle perd le fils qu’elle a eu avec lui. Elle se marie en 1817 avec un acteur, Prosper Lanchantin, dit Valmore, rencontré alors qu’elle jouait à Bruxelles. Elle en aura quatre enfants, dont un seul, Hippolyte Valmore, lui survivra (Junie, Inès décèdent en bas âge et Hyacinthe, dite Ondine, compose des poèmes et des contes avant de mourir à l’âge de 31 ans).

Marceline Desbordes-Valmore publie en 1819 son premier recueil de poèmes, Élégies et Romances, qui attire l’attention et lui ouvre les pages de différents journaux tels que leJournal des dames et des modes, l’Observateur des modes et la Muse française. En effet, son mari n’est guère aisé et sa popularité, à elle, a perdu de son aura : c’est ainsi tout d’abord pour un intérêt financier qu’elle se met à écrire. Le couple s’installe à Lyon. Marceline Desbordes-Valmore continue à voir Henri de Latouche, et entretient avec lui une relation épistolaire soutenue. Par la suite, ses ouvrages les plus importants sont les Élégies et poésies nouvelles en 1824, les Pleurs en 1833, Pauvres fleurs en 1839 et Bouquets et prières en 1843. En 1832, elle cesse définitivement son activité au théâtre pour se consacrer à l’écriture. Toutes ses œuvres, dont le lyrisme et la hardiesse de versification sont remarqués, lui valent une pension royale sous Louis-Philippe Ier et plusieurs distinctions académiques. Elle écrit aussi des nouvelles et compose des Contes pour enfants, en prose et en vers. En 1833, elle publie un roman autobiographique L’Atelier d’un peintre. Elle y met en évidence la difficulté d’être reconnue pleinement comme artiste pour une femme.

Fin de vie 

Marceline Desbordes-Valmore décède à Paris, dans sa dernière demeure au 59, rue de Rivoli, le 23 juillet 1859, en ayant survécu au décès de presque tous ses enfants, de son frère et de maintes amies. Elle fut surnommée « Notre-Dame-Des-Pleurs » en référence aux nombreux drames qui jalonnèrent sa vie. Elle est inhumée au cimetière de Montmartre (26ème division).

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Les cloches ont sauvé l’Abbaye de Moyenmoutier

Posté par francesca7 le 10 juin 2014

 (Vosges) en 984

(D’après « Le Pays lorrain » paru en 1907
et « Bulletin de la Société philomatique des Vosges » paru en 1888)

 
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Lorsqu’en 983, durant la trouble minorité de l’empereur Othon III, le bruit se répandit dans les Vosges que l’armée du roi de France Lothaire, en marche vers la Germanie, allait trouver devant elle les troupes du duc de Souabe, Cuonon, l’émoi fut grand au couvent de Moyenmoutier

La douloureuse Lorraine, tour à tour ravagée par ses voisins de l’est et de l’ouest, récemment dévastée par les incursions successives des bandes hongroises, allait-elle offrir un nouveau champ de bataille au heurt des convoitises guerrières et conquérantes ?

Les saints refuges où le labeur pacifique des hommes, la contemplation et l’étude tentaient de s’organiser à l’ombre de la croix, allaient-ils être livrés à la brutalité des gens de guerre, violemment dépossédés de leurs richesses et des reliques de leurs fondateurs, et rendus, par l’effet d’un seul combat peut-être ou du simple passage des soldats victorieux, à la désolation et à l’abandon d’où il faudrait des années pour les tirer ensuite ?

C’est en 671 que saint Hydulphe (ou Hidulphe), originaire du Norique, ancienne province romaine, avait fondé l’abbaye. Né en 612, il étudia les lettres et embrassa la cléricature à Ratisbonne ; mais c’est à Trèves qu’il fit profession de la vie monastique, et fut rapidement associé au gouvernement du diocèse. Il y rencontra Gondelbert, archevêque de Sens, et Déodatus, évêque de Nevers, qui quittèrent le monde et cherchèrent un asile dans les montagnes des Vosges : ce fut probablement à la suite d’entretiens avec eux qu’Hydulphe forma lui aussi le projet de se réfugier dans la solitude et de s’établir dans la même vallée que saint Gondelbert, un peu au-dessous, à distance égale de Senones et d’Étival, à douze kilomètres de Jointures, fondé et gouverné par Déodatus.

Hidulphe arriva dans les montagnes des Vosges avec une suite de prêtres et de serviteurs, les solitaires de la région l’accueillant avec empressement, chacun des monastères de la vallée arrosée par le Rabodeau lui cédant une portion de son territoire. De généreuses libéralités, soit en Alsace, soit dans la vallée, complétèrent bientôt le domaine de l’abbaye qui devint et resta jusqu’à ses derniers jours une des plus opulentes de la contrée. Hydulphe s’établit sur la rive gauche du Rabodeau, au confluent du Rupt-de-Pierry, Rivus Petrosus, qui descend de La Chapelle et du Paire ; il imposa à son monastère le nom de Medianum Monasterium, dont nous avons fait Moyenmoutier, parce qu’il est situé à distance presque égale de Senones à l’orient, d’Étival au couchant, de Saint-Dié au midi, et de Bonmoutier au nord.

La légende rapporte que les miracles se multiplièrent à Moyenmoutier. A la prière d’Hydulphe, les aveugles voyaient, les estropiés étaient guéris, les démons prenaient la fuite. Il fallut construire en dehors de l’enceinte monastique pour accueillir la foule nombreuse, sous peine de troubler le recueillement de la jeune communauté. Le saint mourut le 11 juillet 707. Vers le milieu du Xe siècle, l’église d’origine, construite pauvrement et à la hâte, menaçait ruine. L’abbé Adalbert, probablement en 963, entreprit de la reconstruire sur de plus vastes proportions, exhuma le corps de saint Hydulphe et l’enferma dans une châsse de bois décemment ornée.

Un éclatant miracle signala cette cérémonie fixée au 7 novembre. Depuis un mois, des pluies continuelles désolaient la contrée, avaient détrempé le sol et ne permettaient pas de sortir des cloîtres. Rien ne présageait un temps serein. Cependant abbés et religieux assemblés pour la translation demandaient à se rendre avec la châsse, la croix, les cierges, les encensoirs et les ornements sacrés, de l’église monastique à l’église paroissiale. A peine eut-on soulevé le couvercle du cercueil, tout à coup le sol s’affermit sous les pieds, et le soleil, longtemps voilé, brilla radieux. La procession se fit avec pompe, et toute l’octave fut favorisée d’un ciel pur.

Vingt ans plus tard, le vieil abbé Adalbert, qui avait relevé de ses ruines le monastère de Moyenmoutier et y avait fait refleurir la règle bénédictine, voyait avec douleur en 984 les menaces que la cruauté des temps faisait pendre sur l’effort de toute sa vie. Frappé de paralysie et sentant prochaine une fin que ses membres perclus appelaient comme une délivrance, il passait ses journées et ses nuits en prières, affalé plutôt que prosterné devant la châsse de Saint-Hydulphe, et priant avec larmes le bienheureux fondateur d’écarter de son monastère le fléau du conflit opposant Lothaire et Cuonon, ou d’abréger les jours de l’abbé.

Dans les cellules des religieux, dans les ermitages et les manses qui dépendaient du couvent, la vie claustrale, les exercices de piété, les travaux de tout genre étaient abandonnés, laissant place à une désolation gémissante et vaine ou à des prières qui, malgré leur ferveur, tenaient bien plus d’une supplication d’enfant que d’un acte de foi de chrétien. Et c’est à peine si, dans le désarroi universel, un religieux songeait à célébrer la messe dans l’une des cinq églises encloses dans l’enceinte du monastère.

Dans ces conjonctures, le frère Smaragde eut une vision pendant son sommeil. C’était un homme simple, fils d’un tenancier du couvent, et que les moines avaient de bonne heure pris à leur service parce qu’il avait une âme fidèle et fruste. En témoignage de ces qualités qui brillaient d’une lueur paisible et calme pareille à l’éclat loyal de l’émeraude, ils lui avaient donné le nom de Smaragde, que ne semblaient guère appeler sa lourde encolure, la gaucherie de sa démarche et la rusticité de ses manières. Seul de tous les religieux et de leurs serviteurs, il avait continué ses occupations coutumières au milieu de l’inquiétude où s’affaissait le couvent tout entier.

De prime à none et de matines à complies, il n’était heure canoniale où il ne sonnât les cloches du monastère pour des offices le plus souvent négligés ; et, tour à tour, des cinq églises Notre-Dame, Saint-Pierre, Saint-Jean, Saint-Epvre et Saint-Grégoire, le tintement argentin qui s’échappe des campaniles sonores continuait par ses soins à clamer dans la solitude forestière la fraîcheur aigrelette du matin, la pleine saveur du milieu du jour, le recueillement du crépuscule. Il ne négligeait pas d’arroser, dans les coins perdus que laissait inoccupés l’enchevêtrement des cloîtres et des préaux, les légumes et les fleurs que chérissait son esprit rustique. Et son plaisir était toujours de guider, le long de minces cordelettes, l’enroulement des plantes grimpantes – comme si l’incendie et le pillage n’avaient pas menacé d’anéantir bientôt, sous l’injure des échelles dressées et la fumée des torches, la fragile croissance des liserons et des clématites.

Quand Saint Hydulphe apparut au frère Smaragde, il était revêtu de ses ornements épiscopaux et tenait son bâton pastoral à la main, tel que le figurait son portrait suspendu dans l’oratoire Saint-Epvre. Il sembla même au naïf garçon que la peinture qu’il avait si souvent contemplée dans le demi-jour de la chapelle représentait le saint fondateur sous des traits plus imposants, avec une auréole plus éblouissante ; une moindre magnificence lui paraissait émaner du personnage plus humain qui, cette nuit-là, vint interrompre son sommeil de bon et simple travailleur. Mais il n’eut pas le loisir de s’étonner, car le saint prit aussitôt la parole, et, après avoir évoqué la détresse des temps, demanda à frère Smaragde s’il était homme à sauver le monastère.

Malgré sa foi ingénue et l’attachement instinctif qu’il portait à cette abbaye où tenaient toutes ses racines, le frère Smaragde avait trop le sentiment de la hiérarchie pour accepter que le bienheureux patron de Moyenmoutier vînt proposer à un humble serviteur comme lui quelque chose qui, sans doute, ressemblerait fort à un miracle. Il répondit donc sans ambages : « Et comment, grand saint Hydulphe, ne vous adressez-vous pas à l’abbé lui-même ? N’est-ce pas lui qui fit déposer vos reliques dans notre plus chère église ? Et, le jour même où ces dépouilles sacrées y furent transportées, n’est-ce pas lui que vous honorâtes d’un éclatant miracle en faisant luire tout à coup, au ciel pluvieux de novembre, le soleil caché depuis deux mois, et en redressant toute droite, malgré la bise, la flamme courbée des cierges ? »

Frère Smaradge s’étonna dans son sommeil de sa soudaine éloquence. Lui qui d’ordinaire ne sortait de son mutisme coutumier que pour retomber bientôt, après un petit nombre de paroles, dans un silence plus obstiné, il sentit croître sa surprise quand, le saint lui ayant demandé une seconde fois s’il était prêt à sauver le couvent, il répliqua vivement : « Il y a encore, grand saint Hydulphe, le diligent Valcandus, qui est, dit-on, aussi savant que tous les autres moines réunis. Il ne sort guère de sa celle écartée que pour aller chercher, sur les rayons de la librairie, les livres les plus gros et les plus lourds qu’il peut trouver. Et il convient de ne pas oublier non plus le vénérable Tietfried. Vous savez qu’il a découvert jadis, grâce à une apparition de saint Boniface, les restes de ce glorieux martyr de la légion thébéenne. N’est-ce pas à lui que reviendrait, plutôt qu’à moi, l’honneur de sauver le monastère auquel il a donné ainsi un protecteur nouveau ? »

Et comme le saint réitérait son appel : « Notre prévôt Encibold, de qui je dépends pour toutes mes tâches domestiques, m’en voudrait certainement si j’étais l’artisan de salut choisi de préférence à lui. Vous ne sauriez croire, grand saint Hydulphe, quel homme ingénieux est le père Encibold. C’est lui qui a trouvé que l’abbaye de Moyenmoutier est au centre d’une croix formée par les cinq monastères du Val de Saint-Dié, et comme son office veut qu’il se tienne lui-même au milieu de ce couvent-ci, il dit en souriant qu’il est au centre de la chrétienté dans les Vosges. Il serait si heureux d’être l’instrument d’un miracle ! »

Smaragde fut lui-même effrayé d’en avoir tant dit, et d’avoir rappelé la plaisante vanité d’Encibold, dont s’égayait tout le monastère. Il vit d’ailleurs que saint Hydulphe le regardait sévèrement, et il ajouta avec humilité : « Mais si vous persistez, ô grand saint, à descendre jusqu’à moi, le plus infime de vos serviteurs, pour sauver le monastère que vous avez fondé, je suis prêt à donner ma vie pour vous obéir. »

Le saint lui répondit : « Ta résistance serait châtiée dès ici-bas si elle ne venait de ta grande ingénuité de cœur. Sache que tu as été choisi de préférence à d’autres parce que, seul de tous ceux du couvent, tu as marqué par la simple constance de tes occupations que tu croyais à ta manière au miracle dont tu vas être l’instrument. A ton réveil, tu prendras avec toi cinq chariots attelés de bœufs ; avec l’aide des bûcherons de la forêt, tu dépendras les cloches du monastère, et tu iras les cacher en divers lieux écartés. Laisse faire ensuite à Dieu et continue de le servir à ta façon. »

Smaragde se réveilla au point du jour et accomplit point par point les prescriptions du saint. Les cloches des cinq églises furent enlevées et placées sur des chariots, pour être transportées au pied de la Haute-Pierre, à Malfosse, à Coichot. La plus grosse de toutes et la plus aimée fut cachée sous le pont du Rabodeau : c’était celle dont jadis l’abbé Adalbert avait doté l’abbaye, et qui, cédée pour un temps à l’évêque de Toul, avait perdu la suavité de son timbre pendant toute la durée de son exil dans la ville épiscopale.

Et voici comment s’accomplit le miracle promis par saint Hydulphe. Le duc de Souabe, poursuivant jusqu’à la Meurthe le roi Lothaire qui battait en retraite, campa avec ses bandes non loin de Moyenmoutier, à la celle de Saint-Ehrhard, sur le ruisseau d’Hurbache. Ayant décidé de rançonner le couvent, il se mit en route dans la direction de la vallée de Rabodeau : le rapport téléchargement (8)de ses éclaireurs affirmait que la sonnerie des cloches du monastère suffirait à le guider dans les forêts d’alentour. Mais son armée, découragée, se débanda peu à peu à la suite d’un prodige inouï : pendant deux jours et une nuit, des tintements de cloches résonnèrent en cinq endroits différents de la montagne et de la vallée. Une large sonnerie de fête s’échappait des rives du Rabodeau, tandis que d’agiles carillons, des tocsins précipités se faisaient écho du sein des solitudes forestières.

On eût dit que cinq couvents célébraient à la fois toutes les cérémonies, appelaient à tous les offices, annonçaient toutes les heures du jour et de la nuit. Rien n’apparaissait cependant aux regards : mais une nappe sonore semblait sourdre en divers endroits de la terre, des rochers et des arbres. Les hordes du duc Cuonon, courant de l’un à l’autre de ces invisibles clochers, se remplissaient de colère et de confusion : peu s’en fallut qu’elles n’en vinssent aux mains avec elles-mêmes, et le chef souabe donna le premier l’ordre de la retraite pour éviter une mêlée fratricide.

Quant au frère Smaragde, il reprit sa vie laborieuse et simple et demanda comme unique faveur, lorsqu’il sentit sa mort prochaine, d’être enseveli près du pont de Rabodeau, à l’endroit où la plus harmonieuse de ses cloches avait, trente-six heures durant, vibré de tout son métal pour décevoir l’envahisseur barbare et l’écarter du monastère.

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