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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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Expression du DIABLE, puissance du malin

Posté par francesca7 le 24 février 2015

 

L’histoire du diable se confond avec celle des institutions ecclésiastique et politique affirmant une orthodoxie par le rejet des « déviants » qui sont assignés à la puissance du Malin.

C’est pourquoi l’usage de la figure du diable est à son apogée durant la genèse de l’État moderne, depuis le Moyen Âge tardif jusqu’au premier XVIIe siècle.

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Dans l’Ancien Testament, Satan n’est qu’une création divine qui met l’homme à l’épreuve. En revanche, dans le Nouveau Testament, le diable et sa cohorte de démons figurent le mal, et s’efforcent d’empêcher le triomphe de l’Église. La théologie chrétienne des premiers siècles intègre Lucifer au dogme - central - du péché originel : l’ange fut chassé du royaume céleste pour s’être rebellé et avoir incité Ève à la désobéissance en ayant parlé par la bouche du serpent. Néanmoins, l’Église primitive considère le démon, principalement incarné dans le paganisme, comme facile à vaincre. Et, jusqu’au XIe siècle, les clercs mettent en garde les fidèles contre ces tentations considérées comme de simples illusions à combattre par la pénitence. Aux XIIe et XIIIe siècles, lorsque se développent les protestations vaudoise et cathare contre la puissance de l’Église de Rome, celle-ci impose un monodémonisme au centre de sa pastorale : le diable devient le seigneur d’une secte de disciples, en vertu d’un pacte librement consenti durant une « messe à l’envers » appelée « synagogue », puis « sabbat » (XIVe siècle).

 

Le diable projette d’amener le chrétien à renier Dieu, et à œuvrer pour son propre royaume. Bien qu’il soit un être spirituel, il peut prendre une forme corporelle (homme noir, chat ou bouc), ou s’introduire dans un fidèle (possession). La poursuite de ses serviteurs justifie les procès politiques (depuis l’ordre des templiers à Éléonore Galigaï), les persécutions des hérétiques (des albigeois aux calvinistes), la lutte contre la religion populaire (du Dauphiné, au XVe siècle, au Labourd, au XVIIe siècle). L’originalité française procède de la prise en charge de cette « croisade » par le souverain temporel. En effet, les officiers du roi mènent les chasses aux sorcières du premier tiers du XVIIe siècle, et sont aussi les responsables de la disparition de ces dernières. Le retrait du diable s’exprime à travers la construction d’une figure mythique. Le XIXe siècle romantique, qui rêve le Moyen Âge, ou s’insurge contre l’ordre bourgeois, érigera Satan en héros contestataire (la Sorcière, de Michelet, 1862).

 

Dans le Manichéisme, le « mal » est à égalité avec le principe du « bien », l’un et l’autre correspondant à dieu. Dans la tradition judéo-chrétienne, le « mal » et le « bien » ne sont pas égaux : les anges déchus étaient des créatures de Dieu qui n’ont pas été créés mauvais mais ont chu en se voulant les égaux de Dieu et en le rejetant ; eux et leur chef appelé « le Diable » tentent de répandre le mal en agissant auprès des hommes par la tentation. Ce faisant, le Diable a rejeté le bien et il est à l’origine du mal : « Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur et le père du mensonge » (Jean chapitre 8 verset 44).

À l’origine du mal, esprit du mal dans le monde, il est représenté sous un aspect qui varie entre l’homme et l’animal réel ou imaginaire (ours, bouc, dragon, rapace, etc.), le plus souvent aux traits hideux et repoussants.

L’existence d’une entité représentant la personnification du mal sous tous ses aspects et combinant les fonctions de maître de l’inframonde, destructeur du cosmos et responsable des pires aspects de l’humanité semble être apparue avec le monothéisme. L’élaboration de cette figure originale emprunte néanmoins aux religions polythéistes pratiquées au Moyen-Orient et aux influences desquelles les auteurs de la Bible furent soumis.

D’un point de vue théologique, le diable est considéré comme un ange révolté contre Dieu, déchu et précipité en enfer (sur terre), qui pousse les humains à faire le mal. Si certaines traditions considèrent que le mal vient aussi de Dieu, et que le diable n’est qu’un de ses aspects ou de ses agents, la plupart lui donnent une dimension autonome. Dans ce cas, selon certains, Dieu laisse dans une certaine mesure le champ libre au diable, tout en conservant la possibilité de le réenchaîner, alors que pour les Manichéens la lutte entre ces deux forces ne peut être arbitrée que par l’Homme.

Expression du DIABLE, puissance du malin dans AUX SIECLES DERNIERS 180px-Michael_Pacher_004Au début du xxe siècle, Sigmund Freud apporte un nouvel éclairage à la figure du diable et tente la première approche scientifique des cas de « possession ». En étudiant dans Une névrose démoniaque au xviie siècle un cas de supposée possession démoniaque en pleine chasse aux sorcières, il suggère que les accusations portées expriment en fait le refoulement des pulsions sexuelles que la morale de l’époque réprouve particulièrement. Freud explique que « le diable n’est pas autre chose que l’incarnation des pulsionsanales érotiques refoulées »

Cette interprétation s’inscrit dans le cadre de la théorie qu’il développe selon laquelle les névroses trouvent leur origine dans des désirs sexuels inassouvis. Selon Freud, le diable représente en fait une figure patriarcale et incarne la peur et la défiance vis-à-vis du père, tandis que Dieu en représente l’affection et l’influence protectrice. Dans ce cadre, la religion est vue comme une création psychique permettant à l’individu d’accepter le monde qui l’entoure ainsi que sa propre condition mortelle. Le démon est intégré à l’individu comme faisant partie de son inconscient, luttant à son insu contre sa propre volonté. Jung conteste cette conception en affirmant la consubstantialité du bien et du mal, aussi indissociables que la lumière et l’ombre. Dieu et le diable ne se réduisent donc pas à des métaphores mais constituent des mythes.

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A l’origine du mot espiègle

Posté par francesca7 le 21 février 2015

 

 
 
e_img_162Peu de héros, réels ou imaginaires, ont obtenu une réputation aussi durable que celle dont jouit l’aventurier allemand Till l’Espiègle, ou plutôt Thyl Ulenspiegel, dont le nom signifie littéralement Miroir de Hibou —, si ce n’est Face ou Figure de Hibou. Si son nom est à l’origine du mot espiègle, son histoire, traduite en de nombreuses langues et s’affranchissant des frontières, met en scène une espèce de Jocrisse riant le premier de sa naïveté voulue, adepte de facéties grossières mais jamais immorales.

L’histoire de Till l’Espiègle, composée vraisemblablement en allemand ou en bas-allemand, ne tarda pas à être traduite en flamand, en français, en latin, en anglais, en danois, en polonais ; on n’a jamais cessé de la réimprimer depuis. Les éditions qui en ont été faites en différentes langues sont innombrables. Lappenberg, dans son D. Thomas Murners Ulenspiegel  (1854), dont nous parlerons plus loin, en décrit plus de cent.

L’aventurier allemand a occupé le ciseau et le burin des artistes ; plusieurs fois ses aventures ont été transportées sur la scène ; l’imagerie populaire a reproduit ses moindres faits et gestes ; son nom a passé dans notre langue et a formé les mots espiègle — employé par Ronsard — et espièglerie ; de nombreuses publications périodiques ont paru sous son enseigne ; enfin la Pologne, l’Allemagne et la Flandre se sont disputé l’honneur de l’avoir vu naître.

Au premier, abord, il est assez difficile de saisir la raison de cette popularité. Les Aventures de Til Ul espiègle forment une série de facéties, un de ces recueils comme il en fut composé beaucoup depuis le XIIIe jusqu’au XVIe siècle. Ce qui les caractérise cependant, c’est qu’elles sont attribuées — ainsi qu’il est arrivé en Italie pour les facéties de Gonelle et d’Arlotto — à un personnage unique que l’auteur fait voyager par monts et par vaux à travers l’Allemagne, dans le seul but d’obtenir un cadre assez large pour réunir toutes les anecdotes relatives à son héros.

Et quel est cet aventurier ? Un fils de paysans, un personnage extravagant, coureur de routes et de grands chemins, bohème errant, toujours occupé à imaginer quelque tour pendable qu’il jouera au premier venu, aussi bien à ses compagnons de voyage, aux artisans qui lui donnent du travail, aux hôteliers qui l’hébergent, qu’aux prêtres de la campagne, aux évoques et aux princes qui le prennent comme valet ou qui le reçoivent à leur table.

Les facéties de Till sont plus ou moins plaisantes, plus ou moins bien racontées ; elles ne sont spirituelles que par accident ; mais toujours ou presque toujours, elles se traînent dans la grossièreté et l’ordure. Le héros n’est Till l’Espiègle — au sens français du mot espiègle — que dans de bien rares circonstances ; la plupart de ses actions sont inspirées par une méchanceté naturelle et gratuite, par des instincts pervers qui, bien loin d’exciter le rire, n’amènent que la répulsion et le dégoût. Ces tours n’ont pas même le mérite de l’originalité.

Till l’Espiègle est encore Jocrisse, mais un Jocrisse de convention qui joue son rôle en conscience et qui, dans la coulisse, est le premier à rire de sa naïveté voulue. Ce caractère — naturel ou fictif — est également bien connu du peuple ; c’est celui de Jean le Diot, de Gribouille, des badauds, innocents, pauvres d’esprits de nombre de contes populaires, qui prennent à la lettre les ordres qu’on leur donne ou les recommandations qu’on leur fait. Du reste il n’est guère de trait en ce genre attribué à Til, qui ne se retrouve dans les collections des contes populaires de Luzel, Bladé, Sébillot, Cosquin, ou dans les Contes picards de Carnoy. On ne parle ici que de la France ; mais les traditions étrangères offrent les mêmes analogies.

Ce ne serait point s’abuser que d’affirmer que les aventures de Till l’Espiègle ont dû tout leur succès à ce mélange de grossièreté et de simplicité d’esprit qui nous offusque tant à notre époque. Au temps où fut composé le livre, les facéties et les contes orduriers étaient de mode avec les récits grivois et obscènes. Les moines et les seigneurs, les « honnestes dames » elles-mêmes, se délectaient à l’ouï de ces histoires qui correspondaient à un degré particulier de civilisation ; les novelliéristes italiens, latins et français, — surtout ceux qui composèrent des recueils de facéties, — ne faisaient que se conformer au goût général.

Aujourd’hui, ce goût s’est épuré — au moins le goût officiel — ; on ne manquerait pas de traîner le Pogge et Beroalde en cour d’assises ; on y a bien traîné naguère un éditeur du Pogge ! Boccace, Amis, Chappuis, Rabelais ne seraient plus que des pornographes, et avec eux Marguerite de Navarre, Charles le Téméraire et le dévot roi Louis XI

Les facéties grossières n’ont point perdu cependant de leur faveur autant qu’on pourrait le croire. Le goût s’en est conservé chez nos paysans et chez nos artisans. Les novelliéristes avaient emprunté au peuple l’idée et le thème de leurs récits ; ces récits sont retournés au peuple. Et maintenant encore, n’entendons-nous pas répéter ces plaisanteries frustes et grossières, tantôt en joyeuse et intime compagnie, tantôt à la fin des réunions d’hommes et des banquets, lorsque le vin qui pétille a mis chacun de bonne humeur ? Till l’Espiègle — et cela le différencie des héros des recueils italiens de facéties — n’est qu’ordurier, mais nullement grivois ni obscène. Les aventures du héros, comme le fait fort bien remarquer Jannet dans Les Aventures de Til Ulespiègle, ne sont jamais immorales.

Till-Espiegle-2Les critiques qui se sont occupés des Aventures de Til Ulespiègle, ayant remarqué que les facéties de Til se retrouvaient dans les recueils antérieurs des novelliéristes, en ont conclu que l’auteur de l’ouvrage allemand avait amplement puisé dans ses devanciers et ses contemporains, notamment dans les Fabliaux français, le curé Amis, le curé de Kalenberg, les Cento Novelle antiche, les Repeues franches, les Facéties de Gonella et du Poggio, Morlini, Bebelius, et pour les additions faites après 1519, le recueil de J.&bsp;Pauli, Schimpf und Ernst.

Or ces facéties se retrouvent, ainsi que nous l’avons dit plus haut — et ainsi qu’il serait facile de le prouver — dans la tradition populaire non seulement de la France, mais encore de pays qui, comme la Russie méridionale, n’ont point connu les recueils des novelliéristes ; il semble possible d’affirmer qu’elles sont antérieures au mouvement littéraire du XIVe et du XVe siècles ; les écrivains précités ne firent qu’utiliser des thèmes anciens, des récits courants qu’ils n’avaient qu’à saisir et à noter au passage pour ensuite les enjoliver avec plus ou moins de grâce, suivant leur talent.

Qu’y a-t il d’étonnant à ce que les novelliéristes et les auteurs de recueils de facéties aient utilisé les mêmes récits et les mêmes traits ? Ils ne se sont pas davantage copiés que ne se copient de nos jours les recollecteurs de contes et de chansons populaires, Bladé, Luzel, Cosquin, Absjornsen, Pitré, Machado, Ortoli, Sébillot, Eugène Rolland, de Puymaigre, Millien, et tant d’autres qui, cependant, donnent les mêmes récits avec quelques simples nuances de détail.

Il est un autre argument historique que nous pourrions donner touchant cette question de l’origine du Till l’Espiègle : les divers recueils cités plus haut par les critiques, datent pour la plupart de la même époque que l’ouvrage allemand, quelques-uns mêmes lui sont postérieurs, par exemple les Cento Novelle Antiche, Bebelius, Morlini, le Recueil de J. Pauli.

Maintenant Till l’Espiègle est-il un personnage imaginaire ou réel ? Lappenberg et Jannet croient à son existence. Tout ce qu’on a pu invoquer pour soutenir cette opinion se réduit à des traditions, à des indications contenues dans des ouvrages relativement modernes, enfin à des monuments apocryphes. Les Allemands, adoptant les données du livre populaire, font naître Till à Kneitlingen et le font mourir en 1350 à Moelln, où l’on montrerait encore la pierre qui aurait recouvert son tombeau.

Mais ce monument ne remonte pas au delà du XVIIe siècle. Les Flamands le font mourir à Damme, où ils ont aussi son tombeau. D’après un érudit polonais, Ulespiègle, slave de nation, aurait été enterré dans une propriété d’un seigneur Molinski, en Pologne. Ce savant, comme le fait remarquer Jannet, n’a pas pris garde que le nom Molinski (Du Moulin), n’est qu’une traduction assez libre du nom de Moelln (mühle, moulin).

Lappenberg croit qu’un aventurier du nom de Till l’Espiègle a vécu dans la basse Saxe dans la première moitié du XIVe siècle, sorte de bouffon qui jouait des tours aux paysans et aux artisans, faisait concurrence aux fous de cour et, comme tel, poussait des pointes à l’étranger, au Danemark, en Pologne, et peut-être jusqu’à Rome. Til n’était-il pas plutôt un héros populaire, tel que Jean le Diot, Jean de l’Ours, Jean sans Peur, et vingt autres, sur le compte duquel s’accumulaient toutes les facéties courantes ?

N’est-ce pas par le même phénomène que se sont formées nombre de légendes, comme celles d’Hercule, de Gargantua, de Jean de l’Ours, et aussi les merveilleuses aventures du héros La Ramée dans les contes de chambrée ?

Ce phénomène est fort bien qualifié par Henri Gaidoz du nom de cristallisation légendaire. Le peuple a ses héros types qui, par leur caractère saillant, groupent les traits traditionnels. En France, Gargantua personnifie la gloutonnerie ; Jean de l’Ours, la force ; l’Ogre, les instincts féroces et les survivances d’anthropophagie ; Gribouille, la sottise et la simplicité d’esprit, etc. Leur histoire, écrite au XVe siècle, telle qu’on pourrait la donner en reliant les épisodes, les contes et les légendes auxquels leur nom est attaché, leur histoire n’embarrasserait-elle pas maintenant nos érudits ?

Quoi qu’il en soit, les facéties de l’Espiègle se retrouvant un peu de partout, d’abord dans les recueils antérieurs et postérieurs, puis dans la tradition populaire, ne sont pas de l’histoire ; le héros ne saurait davantage être historique. L’auteur — ou plutôt le recollecteur — des Aventures de Til Ulespiègle, n’a pas moins embarrassé les critiques. La première édition connue est écrite en haut-allemand ; elle fut imprimée à Strasbourg en 1519.

C’est cette édition qui a été reproduite en 1854 par Lappenberg avec des notes historiques, critiques et bibliographiques qui font de son livre un chef-d’œuvre d’érudition — Jannet a traduit en français l’édition de 1519 —. Lappenberg attribue cette rédaction à Thomas Murner, le célèbre cordelier, né à Strasbourg en 1475, mort vers 1533. A l’appui de cette opinion, il rapporte un témoignage, daté de 1521, qui parait concluant.

Les nombreuses négligences et le style incorrect de cette édition de 1519, ne permettent pas de croire que Thomas Murner ait été autre chose qu’un traducteur. Le célèbre cordelier a transporté en haut-allemand un ouvrage qui existait déjà en bas-allemand — peut-être dans cette édition présumée de 1483 qui est toujours restée introuvable. — La préface, au reste, jette un certain jour sur cette question. « Il n’y a dans ce mien méchant écrit ni art ni subtilité, car je suis malheureusement ignorant de la langue latine, et ne suis qu’un pauvre laïque », dit l’auteur anonyme.

Cette préface est datée de l’an 1500 ; la première rédaction se trouve ainsi chronologiquement fixée. L’édition de 1483 n’aurait donc jamais existé. Voici, du reste, un autre passage qui montre que l’auteur de la préface est bien l’auteur de la première recollection : « Moi… ai été prié par plusieurs personnes de réunir et mettre par écrit, pour l’amour d’elles, ces récits et histoires… » Thomas Murner a dû se borner à traduire cette recollection de 1500 qu’il a publiée telle quelle et sans aucuns soins, ce qui se comprend fort bien d’un homme absorbé par des travaux de toutes sortes comme l’était le savant cordelier.

A l’origine du mot espiègle dans EXPRESSION FRANCAISEA la lecture, on remarque que les aventures de Til sont rangées d’après un ordre méthodique assez régulier : histoires concernant l’enfance du héros, aventures chez divers souverains, tours joués aux ecclésiastiques, aux artisans, aux paysans, aux aubergistes, enfin récits relatifs à sa mort. D’un autre côté, les renseignements géographiques, topographiques et historiques sont donnés avec une grande exactitude.

Le recollecteur de l’an 1500 connaissait donc bien l’Allemagne qu’il avait dû parcourir dans tous les sens. N’était-il pas un de ces ménestrels errants qui — comme nos jongleurs — allaient de bourg en ville raconter les aventures des héros imaginaires, ou payer l’hospitalité qu’on leur accordait généreusement, en chantant des lieds et des complaintes ?

Ainsi s’expliqueraient ces particularités que nous signalions précédemment. Dans cette hypothèse, le recenseur anonyme, n’aurait, comme autrefois les rhapsodes, que coordonné les récits circulant en Allemagne soit sur le héros Till l’Espiègle, soit sur des héros similaires. Nous remontons ainsi bien plus haut que les premières années du XVIe siècle, à une époque où n’avait encore paru aucun des recueils de facéties dans lesquels on a prétendu que l’écrivain avait puisé. Il faut toutefois en excepter Amis et Kalender cités à la fin de la préface de l’an 1500, vraisemblablement par Thomas Murner.

(D’après « La Tradition », paru en 1887)

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SUPERSTITIONS BOURGUIGNONNES

Posté par francesca7 le 20 février 2015

 

440px-D421-_une_foule_méridionale_(Narbonne,_le_5_mai_1907.)_-_Liv4-Ch03Autrefois dans la Bourgogne et la Champagne, on lançait des arrêts contre les bêtes immondes et les insectes dont les ravages devenaient trop incommodes. Un fonctionnaire d’Autun ayant ainsi procédé contre les rats, l’avocat Chasseneux les défendit d’office et remontra, entre autres choses, que le terme qui leur avait été donné pour comparaître était beaucoup trop court, attendu qu’il y avait pour eux le plus grand danger à se mettre en route dans un temps où les chats étaient aux aguets pour les saisir au passage. Un délai plus considérable fut alors accordé.

On lit aussi, dans Sainte-Foix, que sous François Ier, le prévôt de Troyes rendit une sentence dans laquelle il était dit : « Parties ouïes, faisant droit à la requête des habitants de Villenose, admonestons les chenilles de se retirer dans six jours ; à faute de faire, les déclarons maudites. »

Cette ville de Troyes jouissait, dans l’ancien temps, d’un singulier privilège : elle fournissait seule des fous au roi. On lit dans Sauval, que Charles V écrivait aux maire et échevins de cette ville « Que son fou étant mort, ils devaient s’occuper de lui en envoyer un autre suivant l’usage. ».

Dans le département de l’Ain, les gens de la campagne font de grands feux de paille et de fagots, deux fois par an, dans les champs qui avoisinnent leurs habitations : l’un pour la fête des Rois, et l’autre le premier dimanche du carême, qu’on appelle, par cette raison, le dimanche des Brandons. On attribue ceux-ci à l’usage où l’on était jadis de détruire, au moyen du feu, les nids de chenilles.

On nomme Suche, en Bourgogne, la bûche que l’on place au feu la veille de Noël. Pendant qu’elle brûle, le père de famille chante des Noëls avec sa femme et ses enfants, et il engage les plus petits de ceux-ci à aller dans un coin de la chambre, prier Dieu que la souche donne des bonbons, ce qui arrive toujours au moyen des dispositions qu’a faites le papa.

On nomme Vouires ou Vouivres, les monstres qui gardent, pour le diable, les trésors enfouis dans les ruines. Ce sont ordinairement des serpents, dont la tête est surmontée d’une escarmouche d’un grand prix, et comme ils la déposent toujours lorsqu’ils vont boire aux fontaines, il y a espoir de s’en emparer, si on se trouve là dans le bon moment.

(D’après un récit paru en 1846)

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Comment Vieux-Père et Vieille-Mère cachèrent le secret de la vie

Posté par francesca7 le 6 février 2015

 

images (7)Sachez qu’aux premiers temps Vieux-Père et Vieille-Mère, après avoir créé animaux et forêts, se mirent en devoir de pétrir l’être humain. Ils façonnèrent un corps doué de quatre membres, un visage à sept portes par où entendre, voir, sentir et savourer, ils lui donnèrent un cœur, un esprit conquérant.

Quand tout fut comme il faut : Voilà, dit Vieille-Mère, un admirable enfant.

Mais il n’est pas complet.

Il nous faudrait placer quelque part dans son corps sa conscience divine.

Où la mettrons-nous, Vieux-Mari ?

Vieux-Père un long moment se gratta la crinière, puis il grogna et répondit :

Mieux vaudrait la cacher. Certes, l’homme est un dieu, puisqu’il est né de nous.
Mais le savoir divin est précieux et fragile. Je crains de le laisser au turbulent caprice de notre premier fils et des fils de ses fils. Tels que je les pressens,
ils le gaspilleront, l’abîmeront peut-être. À bien y réfléchir, je préfère cacher leur conscience divine à la cime du mont le plus haut d’ici-bas. Ainsi elle
sera protégée des mauvais usages possibles, et nous pourrons dormir sans souci excessif.

Vieille-Mère se prit à rire : Oh Vieux-Père ! Oh naïf ! Je connais mes enfants, mon cœur sait tout déjà de leurs folies futures ! Ils grimperont un jour sur tous
les monts du monde.

Avant qu’il soit midi dans la vie de la Terre, ils la découvriront, leur conscience divine ! Vieux-Père soupira, puis il grogna deux fois et répondit enfin : Femme, tu as raison. Il nous faut un abri moins venteux, moins visible. Je déposerai donc cet infini savoir au fond le plus profond du plus vaste océan, chez les poissons aveugles.
Nos fils n’iront jamais dans ces trous sans soleil.

- Mon pauvre vieux mari répondit Vieille-Mère, quel candide tu es ! J’ai porté nos enfants, je connais leur grandeur. Un jour, ils bâtiront des vaisseaux prodigieux.
Il n’est pas une pierre au fond de l’océan qu’ils ne retourneront pour voir ce qu’elle cache. Ils la découvriront leur conscience divine ! Vieux-Père fit la moue, demeura silencieux quatre ou cinq millénaires, enfin grogna trois fois, l’œil soudain allumé.

- Au cœur le plus brûlant du désert le plus nu, dit-il, content de lui. Là ils ne viendront pas. Là leur divinité pourra vivre tranquille, intacte, inexplorée.

- As-tu donc réfléchi si longtemps pour cela ? répondit Vieille-Mère. Oh, fou attendrissant ! Connais-tu bien tes fils ? Un jour, dans le désert ils planteront des tours, des cités, des jardins, des télescopes bleus, des arrosoirs géants !

Ils domestiqueront le sable et le soleil. Un marmot trouvera un matin, sous son pied, leur conscience divine, et tu seras le seul à t’en éberluer !

Vieux-père se sentit soudain désemparé. Il resta rechigné quelques années-lumières, enfin leva le front, et que vit-il, à l’est, par la lucarne ouverte ? Le soleil qui sortait des brumes de la nuit. Un arbre s’ébroua dans le matin naissant, une feuille tomba dans le ruisseau fringant qui traversait le pré. Vieux-Père rit enfin.
Il dit à Vieille-Mère : Regarde la lumière. Sait-elle qu’elle brille ? Regarde le ruisseau. Que sait-il de la soif ? Dans le souffle et le sang de tes fils, vieille femme, au tréfonds de leur être, au plus chaud de leur cœur je dissimulerai leur conscience divine. Et comme le soleil ignore son éclat, comme l’eau ne sait pas qu’elle donne vie au monde, nos fils ignoreront cette divinité lumineuse et féconde dont je les ai pétris.

Vieille-Mère un moment resta le regard vague, puis elle hocha la tête et répondit pincée : La cachette est subtile. J’avoue que pour le coup nos fils auront du mal à trouver son chemin. Et tandis que Vieux-Père allait à son jardin, elle cogna l’air du poing sur le pas de la porte et dit pour elle seule, avec une vaillance à nouveau jubilante : Oh, ils y arriveront. Je connais mes enfants, c’est moi qui les ai faits.

Il leur faudra du temps, mais confiance, confiance !

Henri Gougaud – Contes clés

 

Mordu par le virus du conte, plus ancienne culture humaine, il nous le transmet sans scrupule et même avec jubilation. Dernier ouvrage paru : Le livre des chemins : Contes de bon conseil pour questions secrètes , éd. Albin Michel.

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Brocéliande royaume de légendes

Posté par francesca7 le 11 janvier 2015

 

 

images (1)Temple des Elémentaux, lieu celte et druidique enchanté et enchanteur.. Que nous révèle cette forêt où chaque arbre par le bruissement de ces feuilles a une histoire à raconter, où chaque point d’eau devient un miroir magique, un lieu de guérison et où chaque pierre qui roule sous nos semelles nous conduit vers le plus beau de nous-mêmes. Ici, les Elémentaux sont souverains et même s’ils jouent à cache-cache, ils observent chacun de nous et nous transmettent à leur façon, ce que nous sommes capables d’entendre et de ressentir. Bien sûr, il y a le tombeau de Merlin, mais Merlin se fiche des tombes, car Il adore enseigner et ce n’est pas sous le poids d’une tombe qu’il peut nous apprendre l’art du verbe, l’art du pouvoir créateur. Complice des Elémentaux, Saint Germain (Merlin) a fait de ce lieu un espace où l’homme goûte à nouveau à la lumière des végétaux, à la lumière des minéraux et à sa propre lumière. Les hommes et la nature sont faits de la même substance et il est temps pour chacun d’honorer les Eléments afin de co-créer ensemble un paradis sur Terre. Cette Substance Universelle attend nos désirs, nos émotions, nos pensées et nos paroles pour se manifester dans le monde de la forme et tout cela bien évidemment, avec la complicité joyeuse de nos chers Elémentaux. 

Nos corps sont constitués des 4 éléments. Parcourir la forêt merveilleuse permet un échange silencieux entre nos 4 corps et les Elémentaux. Ces bavardages invisibles mais si intenses favorisent des guérisons subtiles et parfois les 4 corps re-calibrent ainsi leur matrice. Chacun en cette forêt a retrouvé la joie, l’insouciance de l’enfance, la légèreté de l’être. Le tombeau de Merlin est un prétexte pour des retrouvailles magiques et renouer avec son propre Merlin, son magicien intérieur. Dès lors que cette rencontre a lieu, tout nous invite à nous rendre à la Fontaine de Jouvence située tout à côté. Même si celle-ci est un modeste creuset où l’eau danse (nous l’avons vu danser), elle nous fait penser à cette source d’eau émergeant aux pieds de l’arbre de la Connaissance, lui-même si noblement enraciné au centre du Paradis d’où naissent 4 fleuves coulant vers les points cardinaux. Elle rappelle la source d’eau sacrée du jardin d’Eden. Décidemment, la notion de paradis nous poursuit même sous la canopée de ces arbres magnifiques… La Fontaine de Jouvence, lieu de purification, lieu où l’eau de l’Amour ouvre le coeur et redonne à chacun l’énergie vitale, nous reliant instantanément à la Source Universelle. Cette fontaine se régale à réveiller notre Divinité : vivre le baptême avec sa présence JE SUIS… Ce fut un moment subtil, profond et lumineux pour beaucoup d’entre nous… 

Puis le charmant chemin pourpre nous conduit à la fontaine de Barenton. Là, sous la chorégraphie de leurs branches et par le biais de leurs bruissements incessants, les Ormes, les Ifs, les Érables, les Cèdres, les Hêtres et les Bouleaux nous ont conté la rencontre amoureuse de Viviane et de Merlin. Ce petit espace frais, en toute humilité, nous a enveloppés comme pour unir en nous notre masculin et de notre féminin… Bref, il y aurait-tant à dire….

La forêt après nous avoir chéris, guéris, cajolés, nous a suggéré : Chartres. 

Texte issu du Magazine « Vivre sa Légende » n° 75

 

 

 

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La Sorcière, le Chenapan et le Korrigan

Posté par francesca7 le 21 décembre 2014

24359460Un Conte Moderne par Gwenael

il était une fois, dans une ville pas bien grande, une sorcière d’âge moyen, de taille moyenne, d’intelligence moyenne, de beauté moyenne… Bref, une femme qui ne cassait pas des briques mais dont les connaissances, plus que le physique, semblaient attirer la gent masculine. Par une soirée de pleine Lune, cette sorcière prit connaissance des textes d’un homme, un homme charmeur, que l’on aurait nommé «prince charmant» dans un autre temps. Mais autre temps, autre moeurs. 

Cet homme était certes très agile de la plume et semblait sortir de son ordinaire, peuplé de guerriers, de chamans, de scientifiques ou de mâles bassement pragmatiques… Un corbeau, oui, on aurait pu le surnommer ainsi ; sage mais espiègle et à la mémoire terriblement efficace. Après quelques semaines d’échanges de mots intelligents, bien que parfois inintelligibles pour le commun des mortels, étranger à leurs jeux de lettres, ils décidèrent qu’il était temps pour eux de faire plus ample connaissance. Ils se rencontrèrent donc le lendemain autour de quelques bières ; une agréable soirée, pendant laquelle cet homme, au doux nom de Chenapan, profita de l’ivresse de la sorcière et de quelques tours de cartes ayant impressionné la Dame, pour lui soutirer quelques secrets… Et un baiser.  

Satisfait d’avoir réussi ce joli tour de passe-passe, il se dit qu’il serait sans doute amusant de jouer avec elle, comme il avait l’habitude de le faire avec les Dames. Mais il oubliait qu’elle était une sorcière, une suivante de la Déesse et de ce fait, l’amie des Korrigans. Elle-même avait parfois tendance à l’oublier ou préférait ne pas prêter  attention aux avertissements de ces derniers. 

Quelques jours plus tard, elle se rappela que Chenapan lui avait proposé de la revoir et que c’était à elle de le rappeler. Ce qu’elle fit, se disant qu’elle avait apprécié leurs discussions et qu’il serait intéressant de prolonger l’expérience entamée quelques jours auparavant. Ils se donnèrent donc rendez-vous la semaine suivante. Dans les jours qui précédèrent, notre sorcière se mit à perdre régulièrement sa bague et sa montre qui réapparaissaient là où elle les avait cherchés quelques minutes auparavant. Pas de doute, les Korrigans essayaient de lui faire passer un message… Son article les concernant sans doute, qui tardait à être écrit ? 

Elle resta dubitative et s’en alla donc demander conseil à son ami, un chouette viking de Bretagne ; après analyse des faits, ce dernier lui dit «les Korrigans ne volent jamais sans raison ; c’est un message pour te prévenir que ton prochain rendez-vous sera vraiment foireux. Un conseil, évite d’y aller». Elle préféra ne pas écouter ce conseil, y alla… Et se fit gentiment poser un beau lapin. Moralité, il faut toujours être attentif aux messages que tentent de nous faire passer les Korrigans, surtout lorsqu’on est l’une des suivantes de la Déesse-Mère…

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La Chasse Sauvage ou la Chaussée d’Arthur

Posté par francesca7 le 21 décembre 2014

Par Lapetite

Aux portes de l’hiver grandes ouvertes, la grande cavalcade des esprits, appelée la chasse sauvage, parcourt les cieux. Ils chevauchent pour  amasser les âmes des morts perdues et errantes, et les conduire chez elles.

A leur tête chevauche un illustre chasseur : Arthur. 

images (7)Légende ancienne connue sous de nombreuses versions, «Chasse-Gallery», «Chasse Artu», «Mesnie Hennequin», la chasse sauvage, sous son aspect «arthurien» date très certainement de Robert de Boron (XIIème siècle), mais il n’est pas interdit de penser que les auteurs de la période arthurienne se sont inspirés d’un mythe déjà présent et bien vivant, résurgence de mythes normands ou celtes beaucoup plus anciens. C’est du moins ce que propose Joseph Loth. La chasse sauvage est «animée» par des chasseurs un peu particuliers : des revenants, plus tardivement des démons, piégeant les âmes solitaires ou égarées pour les ramener dans l’Autre Monde. Plusieurs «explications» sont proposées : pour certains, il s’agit d’une chasse aux âmes par des démons avides de tortures et de souffrance, pour d’autres de l’accompagnement de Guenièvre (Gwenhwyfar : blanc fantôme) par Arthur ou sa cour. Pour d’autres encore, il s’agit de Cernunos assumant ici son rôle de guide vers l’Autre Monde, vers la forêt. Ainsi, dans toutes les suppositions, le caractère quelque peu macabre et presque «chamanique» est toujours rappelé. Le plus souvent, la chasse sauvage a lieu en forêt, lieu magique par excellence, par une nuit de pleine lune ou une nuit particulière, telle que celle du solstice d’hiver. La version «arthurienne», quant à elle, présente Arthur comme un collecteur d’âmes, qui se trouvant entre le monde des vivants et celui des âmes depuis la bataille de Camlan, aide celles-ci à rejoindre l’Autre Monde. 

Incontestablement, il s’agit bien là d’un mythe qui, à de nombreuses reprises, a évolué, où l’imaginaire et la créativité populaire ont finalement pris le pas sur l’écriture. Ainsi, l’Arthur «chasseur» qui dans le «Gauvain»   tombe dans une profonde «rêverie» durant une chasse et rêve de diverses choses surnaturelles et magiques reprend bien cet esprit. Dans une autre partie, Gauvain est lui-même présent dans l’Autre Monde (Continuation-Gauvain vers la fin du XIIème siècle et Mort Artu, estimé au XIIIème siècle). 

On retrouve bien là une caractéristique propre à la légende arthurienne : celle de se recréer, de se renouveler et de «fusionner» les anciens mythes et les nouveaux, démontrant un processus créatif propre au corpus de la légende. Dans certaines légendes (voir Paul Sébillot), la chasse traverse les mondes et les époques… La chasse de Gascogne mélange ainsi la messe et la chasse, la police de la chrétienté au monde sauvage de la forêt et du lièvre, lequel en fin de chasse entraîne Arthur vers l’Autre Monde, au-delà de la forêt. « Dans la brume nordique, les gens redoutaient d’entendre les cris des oies sauvages au-dessus d’eux. Peut-être était-ce les glapissements des chiens des chasseurs qui, comme tous les autres animaux de l’Autre Monde, ont un corps blanc et des oreilles rouges. Ils chevauchent [souvent] vers l’Ouest, vers le vent, vers Tir-Na-Nog», vers Avalon.  

Ce mythe faisait peur, l’on craignait l’Autre Monde, plus encore ses habitants, et pourtant, bien souvent, la chasse n’est pas si dangereuse. Ainsi une version raconte comment une épouse reconnut son mari disparu à la guerre et put ainsi le rejoindre. Façon de «raconter», de «créer» l’immortalité, la chasse sauvage propose une alternative à la version chrétienne, au moins aussi forte dans l’esprit de la personne de l’époque et certainement beaucoup plus proche du légendaire local. Ainsi, la chasse est au Royaume-Uni bien souvent menée par Cernunos lui-même, chassant le cerf, ou plus tardivement la jeune fille des bois, sauvage et belle. La version de Gascogne fait d’Arthur un roi qui renia la messe pour le lièvre flairé par ses lévriers. 

Si les formes les plus anciennes des légendes ne pouvaient se résoudre à tuer le roi, car avec lui mourrait tout espoir d’unification politique de la «Bretagne» du haut MoyenÂge, elles le décrivaient alors comme endormi dans l’attente d’un nouvel appel, en Avalon, soigné par sa sœur Morgane. Dès lors, Arthur demeure dans l’Autre  onde, le «Tir-na- Nog», où les âmes après leur départ du monde physique sont conduites pour trouver repos et félicité durant ce que l’on nomme la Chasse Sauvage, menée tour à tour par Gwynn ap Nudd, roi de l’Annwn – l’Autre Monde, accompagné par des chevaux et des Cwm – les chiens de l’Autre Monde, tous aux couleurs blanche et rouge, ou bien par Cernunos, ou par Arthur lui-même. L’épouse même d’Arthur, Guenièvre, Gwenhwyfar en gallois, évoque une personne envoûtante et nébuleuse ni réellement vivante, ni réellement morte. Si l’on admet qu’il pût y avoir une ou plusieurs Guenièvre, son nom en tout cas, évoque le «Blanc Fantôme» pouvant verser à nouveau vers une interprétation d’Arthur comme un «collecteur d’âmes» allant vers l’Autre-Monde, l’Avalon, pour être soignées et régénérées. C’est du moins la version courante dans les environs de Glastonbury. 

téléchargement (2)«L’île aux Pommes que les hommes appellent l’Ile Bienheureuse, est ainsi appelée parce qu’elle produit toutes choses par elle-même. Là les champs n’ont nul besoin de paysans pour les labourer et Nature seule pourvoit à  toute culture… Là, après la bataille de Camlann, nous amenâmes Arthur blessé… Et Morgane nous reçut avec les honneurs requis. Elle plaça le roi Arthur dans sa propre chambre, sur un lit doré, de sa noble main découvrit elle-même la blessure et la contempla longuement. Enfin, elle dit que la santé pourrait lui revenir s’il restait avec elle longtemps et souhaita qu’elle fît usage de son art de guérir. Nous en réjouissant, nous lui confiâmes donc le roi, et au retour abandonnâmes nos voiles aux vents favorables». Voilà, comment en un rapide paragraphe, une «obscure» fresque historique (au sens propre du terme puisque jamais la présence du roi Arthur ne fût prouvée, ni le lieu de sa tombe) se transforme par la magie du verbe, des bardes et troubadours. Le processus de création du récit et de transformation du verbe prend ici tout son sens et toute sa perspective dans le temps : la roue des saisons de la Chasse Sauvage ne se fait pas au hasard, et la chasse «d’hiver et celle «d’été» n’est pas égale.

Le monde animal est lui aussi bien représenté dans la chasse sauvage. Les versions plus proches de la France ou de l’Espagne racontent que Arthur chassait en réalité un lièvre à la messe de Pâques au lieu d’assister à la cérémonie (version de Gascogne). Le cerf figure également en bonne place, chassé par l’homme sauvage, dans les forêts profondes.  

Le sanglier est l’un des animaux les plus ancrés dans le mythe des premières versions, si l’on accepte que «la Chasse Sauvage» médiévale et celtique puissent être rapprochées à la fois dans le légendaire et à la fois dans le «récit». Ainsi, le Twrch Trwyth est l’animal royal par excellence défendant son royaume et son roi à travers l’Irlande et le Pays de Galles. On peut noter, dans ce mythe, la présence d’Arthur et de Gwynn, fils de Nudd (donc Gwynn Ap Nudd, seigneur de l’Anwnn). Ce qui peut être interprété est également le caractère «intermédiaire» de la «disparition» du Twrch Trwyth dans le Mabinogion de Kulhwrch et Olwenn. Comme Arthur, le sanglier disparaît dans la mer, vers l’Ouest, et personne ne sut jamais où il était allé. 

Comme Arthur, il est dans un «Autre Monde» auquel il appartient déjà et peut donc attendre d’être rappelé. Ensemble, au cours de l’histoire et à son achèvement, ils traversent une étendue d’eau, symbole d’un passage d’un état à un autre, uniques témoins de ces passages où seuls sont appelés certains bardes et troubadours par la force du mythe, de sa création et de son évolution.  

Ce texte est l’introduction d’une étude plus large (en cours) sur «la Chasse Sauvage» qui s’inscrit dans le cadre du projet Avalon. Le texte complet sera présenté avec le corpus global rendu par l’ensemble des participantes du projet.

Par choix, les références exactes ne sont pas insérées mais seront présentes dans le texte final.

 

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La Pierre de Fée

Posté par francesca7 le 20 décembre 2014

 

téléchargement (1)Par Elfie

Bien souvent lorsque nous parlons de dolmen, de menhir… nous pensons tout de suite à la Bretagne. Et pourtant, la plus grande concentration de ces édifices se trouve en Provence avec pas moins de cinquante dolmens et  d’une vingtaine de menhir. 

Le dolmen dont il est question ici se trouve dans le Var, à Draguignan. Ce monument funéraire a toujours fasciné

par sa taille mais aussi par le peu de moyens dont ont disposé les hommes de Néanderthal qui l’ont érigé. Deux mètres cinquante de haut, quatre blocs extraits à un kilomètre de là et une pierre supérieure pesant à elle seule vingt tonnes : il n’en faut pas moins pour faire naître le mystère. De cette fascination est née la légende de la fée Esterel qui est à l’origine du nom de ce dolmen : la Pierre de la fée.

 

La légende de la fée Esterel

Un jour, la fée Esterel qui aimait se déguiser, prit la forme d’une bergère. En se promenant, elle rencontra un génie. Ce dernier tomba éperdument amoureux d’elle et lui demanda immédiatement sa main. La fée accepta mais à une condition : leur mariage devra être célébré sur une table soutenue de trois pierres. Elle lui fit une description de ces pierres et le génie reconnut tout de suite les pierres qui jadis étaient tombées de la montagne de Fréjus. Le pauvre génie se mit donc à l’ouvrage. Il y mit tout son coeur et ses forces de génie. Mais cela ne suffit pas pour soulever la dernière pierre, celle qui devait reposer sur les autres et ainsi former la table.

Il en fut désespéré. Cependant, la nuit suivante, la fée Esterel accomplit ce prodige. 

Pourquoi me demanderez-vous ; et bien la fée n’était tout simplement pas indifférente à ce génie. Après cela, on s’attend donc à un heureux mariage, malheureusement il n’en fut pas ainsi. Le génie, constatant les prouesses de la fée, se trouva bien misérable et condamné à mourir parce que la fée était bien plus forte que lui.

Et c’est ce qu’il advint : il mourut, suivi peu de temps après par la fée Esterel.

 

 

 

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Les Portes de la Faery

Posté par francesca7 le 17 décembre 2014

 

par Mut Danu

amandinelabarre2_zps241b98bbbien loin d’être de vieilles et ennuyeuses histoires tout juste bonnes à être lues à l’heure du coucher, très éloignées des histoires modelées pour les enfants dont ils ont pourtant l’image, «les Contes de Fées» cachent en eux une mine féconde d’informations sur le monde de Faery et ses coutumes. Dans les pays celtiques, la croyance populaire, source de renseignements et d’enseignements inépuisable, était partagée entre tous, jeunes, vieux, hommes, femmes, au moyen des histoires que l’on raconte le soir au coin de l’âtre, ou bien, moins solennellement, autour d’une pinte de bière dans les soirées enfumées de la taverne locale. Mais plus qu’une invitation indiquant l’emplacement des portes de Faery, les Contes servaient aussi d’avertissements, de réels panneaux signalétiques indiquant «Ne pas entrer», protégeant celles et ceux qui  souhaiteraient vivre une vie «normale», loin de l’agitation et du tumulte de Faery, d’entrer dans ce monde lointain et pourtant si proche du notre. 

Ainsi, nous apprenons comment de pauvres âmes sont entrées en Faery par accident… Que ce soit en tombant  malencontreusement d’un cheval, en passant par un chemin humide et encombré, en tombant très malade un jour ou en s’endormant, las, au pied d’un arbre, en étant dérouté par le brouillard ou le mauvais temps, en voulant répondre à une supplique entendue dans la forêt la nuit ou en découvrant une porte fermée qui s’ouvre magiquement à leur approche. Les Contes transportent alors les auditeurs dans une histoire où ils apprennent ce qui arrive en Faery… Ils ne doivent ni manger ni boire et encore moins accepter les cadeaux qui les condamneraient à devenir débiteur de leur «gentil» donateur, ou à servir la Reine de Faery pour les sept années à suivre. Les frusques et la poussière peuvent parfois prendre l’aspect de riches vêtements ou d’or étincelant pour celles et ceux qui ne savent pas voir au- delà des apparences, et accomplir l’aller- retour entre les mondes laisse toujours des traces chez le voyageur, très souvent pour le pire… Parfois le visiteur de Faery repart avec, entre les mains, de l’or réel ou des cadeaux, comme la capacité de guérison ou un don musical. Cependant, il existe systématiquement un élément de danger inhérent à ce monde, dont parlent aussi bien les contes traditionnels que les livres

modernes traitant du sujet. Alors pourquoi quelqu’un voudrait-il ouvrir la Porte, de sa propre volonté, et ainsi courir un risque ? La raison profonde dépend de chaque individu. La plus probable et commune est le désir ardent d’éprouver quelque chose, un sentiment, un ressenti, qui va bien au-delà d’une vie considérée comme «normale». D’autant plus dans nos sociétés modernes aseptisées et conditionnées. 

Une autre raison pourrait être le fait qu’un individu se soit déjà aventuré en Faery en tant que «voyageur accidentel», et  cherche à s’y rendre de nouveau mais cette fois, en tant qu’explorateur volontaire, à la recherche de la connaissance et avec l’espoir d’acquérir la sagesse qui doit aller avec. Il est aussi possible qu’une personne soit tombée sur un livre ou un texte décrivant une visualisation, une méditation guidée qui ouvre les portes de Faery et soit curieuse de tenter l’aventure par elle-même. 

Une chose est cependant certaine, les Contes de Fées nous préviennent de nous tenir à l’écart de ce monde superposé au nôtre et aucun d’eux n’explique réellement comment y entrer délibérément. Il n’existe que peu d’instructions écrites en ce qui concerne la façon de se rendre en Faery, à cause des limites naturellement imposées par l’écriture et les mots qui ne peuvent rendre la complexité de ce monde. Vous pouvez lire sur la Faery du crépuscule à l’aube sans rien, jamais, y comprendre. La seule façon d’y arriver est d’aller voir par soi-même. Découvrir de ses yeux, ce monde nonphysique qui existe en parallèle du nôtre. Cet univers devrait être perçu comme un endroit réel, peuplé par des êtres réels et où des événements réels arrivent, bien qu’il existe d’une façon différente de celle que l’on conçoit généralement, en paramètres de matière et de temps. La découverte de la clef qui ouvre la porte vers Faery implique «la suspension de l’incrédulité», c’est-à-dire la mise de côté de la réalité que nous considérons comme «normale» afin d’acquérir une expérience de ce plan non-physique. La clef ne peut être trouvée que profondément dans notre imaginaire. La vie quotidienne que nous appelons aussi «la culture moderne» nous force à dévaluer le pouvoir de l’imagination. En fait, c’est notre imagination qui est notre source personnelle de puissance et d’énergie, qui nous anime depuis la plus tendre enfance. Pour les enfants, les portes menant vers d’autres mondes sont  grandes ouvertes, tout le temps ! C’est seulement en grandissant que nos esprits ferment ces portes pour ensuite les laisser finalement closes et en jeter les clefs au fond d’un puits vaseux au plus profond de notre conscience. Finalement, la pensée de voyager de notre réalité à un monde non-physique devient aussi impossible à appréhender que l’idée que nous pourrions marcher au travers d’un mur ! Quelques adultes utilisent des drogues hallucinogènes comme clef pour ouvrir des portes de la réalité non-physique, mais pourquoi endommager notre corps inutilement ? Quand vous comptez sur un raccourci pour apprendre quelque chose de nouveau, vous ne l’apprendrez jamais totalement comme vous le devriez. Rendre vie et corps à notre imaginaire en tant qu’adulte est un travail ardu alors que ce devrait être… un jeu d’enfant. Pensez à cela un moment et vous réintégrerez la voie qui vous mènera à la réouverture des portes par les voies les plus naturelles qui soient. Comme je l’ai déjà mentionné, puisque le royaume de Faery est basé sur l’expérience individuelle, rien de ce que je pourrais vous dire ne vous serait d’une aide quelconque si vous ne l’essayez pas par vous-même. Ce que je peux néanmoins faire, c’est partager un peu de mon expérience personnelle et vous offrir certains conseils. Le reste vous appartient : votre capacité innée à l’imaginaire, votre persistance et peut-être un peu de chance vous mèneront au-delà des mondes… 

Mon expérience personnelle inclut des souvenirs d’enfance vagues, de points d’entrée et de visites en Faery qui ont brusquement cessé pendant l’adolescence pour ensuite reprendre à nouveau, une décennie plus tard. Au début de la vingtaine, je méditais consciencieusement, m’attelant à la création d’un refuge silencieux, réceptif et personnel dans mon esprit. Dans le même temps, j’ai commencé à faire des rêves lucides (lorsque le rêveur est actif comme dans la vie éveillée) et spontanément, j’ai retrouvé les sensations qui avaient toutes les caractéristiques de ce que j’appelle aujourd’hui «le  voyage».

 

images (11)Parfois j’ai volé vers Faery, ou j’ai nagé ou encore, j’ai flotté dans un bateau perdu avant de poser pied sur les rivages familiers de cet autre monde. Parfois, éveillée, j’ai «vu» des images et les événements en surimpression sur le paysage que mon regard percevait vraiment, de la même façon que si vous teniez une image imprimée sur du plastique fin et transparent devant vos yeux. Ces visions étranges étaient aussi inquiétantes qu’excitantes. Tout que j’essayais de faire était une sorte de méditation zen que j’avais lue. Aucune des personnes que je connaissais ne méditait alors, me laissant seule parcourir les paysages de mes rêves afin de converser en compagnie d’une étonnante vieille femme. Quoique j’aie désespérément ressenti le manque de guide réel, j’ai continué au petit bonheur mes expérimentations et j’ai commencé à essayer d’entrer dans l’Autre monde réellement délibérément. Après quelques temps, j’ai remarqué que je retournais systématiquement dans les mêmes endroits, lors de mes songes, lorsque je souhaitais entrer dans l’Autre Monde… 

Une descente de marches de pierres humides et inégales, une rivière souterraine froide et apaisante ; ou encore la découverte d’un certain arbre dans la forêt ; ou enfin en ouvrant une lourde porte en bois craquante. Cela m’a pris vingt ans de pratique informelle avant que je ne découvre enfin les premiers livres sur la Faery et que je sois, dans le même temps, formée à la voie de la Prêtrise, qui incluait les Arbres Sacrés et les rituels de Faery comme faisant partie de l’étude. Finalement vint une reconnaissance de la part d’autres gens qui avaient voyagé, tout comme moi ! Voici un conseil en or pour ce qui est de la découverte de Portes, en vue de voyager : chacun trouve ses portes propres ! Conseil étrange, mais je m’en explique : Puisque notre réalité humaine physique est à peu près la même pour toutes et tous, la forme des Portes est souvent aussi la même… Une caverne, un passage ombragé, un chemin sauvage. Même si la vie moderne et la technologie ont changé radicalement ces cent dernières années, la Faery dépend du monde naturel et l’esprit humain a besoin de trouver des portes qui reflètent cet état. Peut-être la forme «physique» de votre Porte sera inhabituelle, à l’instar de Jack qui a trouvé la sienne en montant grâce aux racines du haricot magique. Je suis parfois partie en grimpant le long d’une échelle de corde. Que vous ayez déjà traîné vos guêtres dans l’Autre Monde ou que ce soit la première fois que vous lisiez un texte traitant de Faery, vous pouvez y arriver. La facilité avec laquelle vous voyagerez dépendra probablement un peu de vos capacités naturelles et certainement aussi de la pratique que vous avez. Utilisez la méditation et apprenez à créer un espace de liberté à l’intérieur de vous-même. Vous ne pouvez pas aller n’importe où, ni bien loin, avec une tête pleine de désordres quotidiens et d’inquiétudes. Pratiquez la visualisation. Vous pourrez trouver, si cela vous aide, nombre de supports visuels imprimés ou sur internet. Essayez des visualisations différentes et voyez ce qui fonctionne le mieux pour vous. Prenez l’habitude de tenir un «journal de voyage», ça aide. Mais plus que tout, donnez de l’importance à votre pratique spirituelle et croyez en votre expérience propre. Dans le même temps, souvenez-vous des précautions inhérentes à la Faery ! 

Premièrement, ne parlez pas de Faery ! Seules les personnes qui sont déjà parties en Faery peuvent entendre votre expérience. Rappelez-vous que la plupart des gens craignent et détestent tout ce qui s’écarte un tant soit peu de la «norme». Parler de voyages dans «l’Autre monde» ne facilitera pas votre intégration dans la vie «réelle». 

Deuxièmement, ne prenez pas d’amant en Faery ! Cela pour deux  raisons : 1) un rapport de ce type en Faerie vous empêcherait d’avoir des relations dans votre vie de tous les jours et 2) tomber amoureux en Faery risque de vous rendre la vie quotidienne insupportable. Gardez une vie équilibrée et les pieds fermement ancrés dans la terre ferme! 

Troisièmement, vous ne devez pas accepter de manger et boire quoi que ce soit dans le monde de Faerie, mais vous devez

impérativement manger dans le vôtre ! Un nouvel avertissement qui vous encourage à vous occuper de votre physique et à garder votre équilibre. La Faery donne la nourriture et la connaissance à votre âme mais votre corps ne peut pas survivre avec les douceurs de ce monde. Les histoires de malheureux partis en Faery et qui ont ensuite perdu pied après leur retour au monde réel, ou des rares gens de Faery qui essayèrent sans succès de vivre entièrement dans le monde physique en sont des exemples évocateurs. 

Quatrièmement, ne vous rendez pas en Faery si c’est par cupidité et simple recherche d’or ! Prenez ceci comme un

avertissement, au cas où vous projetteriez de faire de l’argent grâce à ce que vous avez appris en Faery. Ainsi si vous deveniez vraiment un expert de Faery et que vous souhaitiez «utiliser» cette connaissance comme le ferait un tour-opérateur, gagnant de l’argent en proposant des ateliers payants dans de luxueux hôtels… Prenez garde ! Les «chercheurs d’or» risquent de se sentir humiliés lorsqu’ils se rendront compte que la «mine d’or» tant espérée n’est en fait que cendre et poussière. Tous les Contes sont d’accord, seul le chercheur gentil, humble, ressort de Faery doté d’un trésor réel. De plus, les cadeaux que font traditionnellement les gens de Faery aux mortels sont le plus souvent aussi intangibles que ce que l’on nomme la «bonne fortune» ou encore la capacité de guérison ou bien un don pour la musique, la compréhension des langages animaux et  végétaux ; ou encore la connaissance, en général, ainsi que la sagesse de savoir comment l’utiliser à bon escient… 

La liste des traditionnels conseils à suivre est à la fois courte et simple : Partez avec des intentions claires et un coeur pur, soyez polis avec celles et ceux que vous croiserez dans l’Autre monde ; venez en aide aux Vieilles femmes qui vous demandent un petit service, ne faites pas de promesses que vous ne pouvez pas tenir, décidez de votre propre chemin et ne laissez personne vous dicter ce que vous avez à faire en Faery. Si vous vous trouvez dans une situation inconfortable pendant une visualisation ou un voyage, rappelez-vous ce que les vieux Contes vous enseignent et faites face en faisant quelque chose de complètement mystérieux et incorrect ; en mettant vos vêtements à l’envers par exemple, en parlant charabia et en sautant sur un pied en tapotant le sommet de votre tête afin de détourner l’attention suffisamment longtemps pour vous permettre d’ouvrir une porte et retourner au monde physique. Vous pensez que je plaisante ? Pas du tout, il m’est déjà arrivé de devoir faire cela, bien que rarement. 

Redécouvrez vos Contes de Fées préférés, ils seront les meilleurs guides que vous pourrez trouver! Le monde de Faery n’est pas éloigné du notre. Il est entrelacé avec notre monde. Vous en trouverez la clé en vous et vous arriverez à en pousser l’huis à la force de votre imagination. La patience et la Pratique ouvrent les Portes. 

Bon Voyage, Mut Danu, HPS

 

Traduction par Kamiko

Mut Danu est une Haute Prêtresse et aînée de la Tradition Dianique «Apple branch». Elle est active aux Etats-Unis avec le coven «From the branch» et d’autres groupes de femmes inspirées par la Déesse. Elle a fondé en France La Branche du Pommier et est membre de la Ligue Wiccane Eclectique.

 

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Les termes pour désigner le sorcier

Posté par francesca7 le 14 décembre 2014

 

rabbi_loewLe paysan russe du XIXe siècle possédait une multitude de termes pour décrire ceux et celles qui pratiquaient cette magie qui «gâte». La sorcellerie n’était pas seulement l’apanage des femmes, mais se pratiquait par les deux sexes sans distinction. Le sorcier est un koldun, cependant il est possible de rencontrer les termes de ved’miak et de vedun. Il existe, par ailleurs, des termes plus littéraires tels que volshebnik, charodei ou chernoknizhnik. En ce qui concerne la sorcière, on l’appelle souvent ved’ma ou koldun’ia et moins fréquemment charodeika, volshebnitsa ou vedun’ia. Il existe une terminologie spécifique pour ceux pratiquant l’art de la divination (vorozheia ; otgadchik, féminin : otgadchitsa) ainsi que pour les guérisseurs (znakhar’, féminin : znakharka). En dehors de ces dénominations, les paysans utilisent régulièrement l’euphémique «personne avec la connaissance» (znaiushchie liudi) pour désigner les sorciers, sorcières et tous ceux possédant tout autre pouvoir surnaturel. D’ailleurs, la «connaissance» sert de base étymologique aux mots znakhar’/znakharka et vedun/ved’ma qui dérivent des verbes znat’ et vedat’ qui signifient «connaître». Il faut noter que la ligne de démarcation entre toutes ces personnes possédant des pouvoirs surnaturels n’a jamais été vraiment claire chez les Russes, puisque par exemple le devin pouvait tout à fait vous raconter votre avenir que rechercher des objets perdus, ce que faisait aussi le sorcier. On emploie, dans le nord de la Russie, le terme d’hérétique (eretik/eretitsapour un sorcier qui continuerait à «gâter» la population même après sa mort. Enfin, il est possible de trouver dans les textes les plus anciens, datant de la période médiévale,  le terme de volkhv. Ce terme se réfère à un prêtre-sorcier  de l’époque païenne des Russes.

 

Le sorcier et la sorcellerie au cours de l’histoire

La sorcellerie russe prend racine dans les périodes les plus anciennes de l’histoire, bien avant la christianisation.

Il est aisé de comprendre que nous ne possédons pas de documents écrits concernant l’apparition du  Phénomène. Les chroniques médiévales les plus anciennes font  référence au volkhv dont nous avons déjà parlé. La recherche ayant établi un lien entre ces anciens prêtres sorciers et les sorciers d’aujourd’hui. Dans l’ancienneRussie, les gens se tournaient vers les volkhvy (pluriel de volkhv) en cas de maladies ou de calamités naturelles telles que les famines, sécheresses ou inondations, mais aussi pour connaître l’avenir. Certains chercheurs voient dans le volkhv un chaman semblable à ceux que l’on peut rencontrer chez les Finnois et les Sami. En effet, il aurait été capable de se mettre en état de transe pour employer ses pouvoirs magiques. Malheureusement, nous n’en savons guère plus, les seules sources écrites dont nous disposons les décrivant sont chrétiennes et sont accompagnées de toutes les condamnations et réprimandes d’usage. Nous savons tout de même que le volkhv joua un rôle décisif auprès des populations et que ceux-ci étaient particulièrement craints par l’église et le pouvoir. Par exemple, le XIe siècle qui fut marqué par de terribles famines, vit ces prêtres-sorciers devenir de véritables chefs d’insurrections contre le pouvoir. Ils firent assassiner des nobles et des prêtres orthodoxes qui étaient jugés comme les responsables de ces famines. 

La population continua pendant longtemps à consulter le volkhv, mais celui-ci qui disposait d’une place centrale dans la société païenne se vit mettre, au fil du temps, à l’écart, avec l’enracinement du christianisme. Alors qu’il était respecté et considéré, le sorcier commença, sous l’impulsion des prêtres orthodoxes qui, au moment de la messe, les attaquaient avec une grande véhémence, à inspirer la crainte. C’est à partir de ce moment là, aux alentours du XIIe siècle, qu’on se mit à lui attribuer tous les malheurs qui frappaient la population, c’est-à-dire les mauvaises récoltes, les sécheresses, le manque de réussite, les morts infantiles… mais cela n’empêchait pas les gens de toujours le consulter. Malgré la lutte acharnée de l’église pour éradiquer toutes traces du paganisme, celle-ci ne put empêcher la population, et ce, à tous ses échelons, de continuer à croire au surnaturel, au pouvoir du volkhvy et de ses successeurs. 

Les chroniques, les travaux historiques, les rapports de procédures juridiques contiennent une abondance d’informations sur la sorcellerie russe pour la période s’étalant du  XVe au XIXe siècle. Ce matériel nous permet de constater que la sorcellerie a joué un rôle de  grande importance à tous les niveaux de la société, que ce soit dans les milieux ruraux ou citadins, chez les paysans ou dans la noblesse, le clergé et même la maison du tsar. Toutes les strates de la société invoquaient l’aide des sorciers ou de ceux qui pratiquaient la magie, que ce soit pour guérir, retrouver des objets perdus, prédire l’avenir, empêcher les blessures et les maladies, mais aussi pour «gâter» son rival ou ennemi. En fait, il faut noter que la sorcellerie a joué un rôle majeur parmi les familles dirigeantes de Russie. Le tsar portait même un vif intérêt à ce qu’elle soit sévèrement punie. Ils avaient  Extrêmement peur des sorciers, et surtout que ceux-ci leur causent du mal à eux personnellement ou à leur  famille. Tous ceux qui portaient allégeance au tsar devaient faire voeu de renoncer à la magie. Les souverains russes cachaient continuellement leurs enfants du regard des étrangers, par peur qu’un d’entre eux puisse, d’un simple regard ou à l’aide d’une formule les «gâter». Au cours du XVIIe siècle, le tsar promulgua un grand nombre de lois interdisant la pratique de la sorcellerie ou ayant trait à celle-ci. 

En 1653, le tsar Aleksei fit paraître un décret qui rendait obligatoire l’incinération des morts que l’on pensait avoir été sorciers, en brûlant avec eux tous les objets leur ayant appartenu comme les herbes, les potions, les charmes écrits sur des parchemins, mais aussi en mettant au bûcher tous ceux soupçonnés de sorcellerie. Moult exemples de cas de sorcellerie concernaient la famille impériale, on a pensé que la mort de la femme d’Ivan III en 1467 et d’Ivan le Terrible, Anastasia, en 1560 auraient été dues à l’action d’un sorcier. D’ailleurs, ce dernier, fou de rage, mena toute une campagne pour qu’on traque tous les sorciers du pays afin de les mener au bûcher. L’incendie de Moscou de 1547 a été attribué aussi à la sorcellerie, et pour être plus précis à la famille des opposants politiques d’Ivan le Terrible, les Glinski. Le chef de famille Iuri Glinski fut torturé et tué par la foule dans la Cathédrale de la Dormition. La famille Romanov fut exilée durant la période des Troubles (1598-1613), accusée de vouloir prendre le pouvoir en ayant recours à la sorcellerie. 

images (1)En 1632, on interdit l’importation de grains de Lituanie sous prétexte que celui-ci porterait une malédiction qui pourrait contaminer toute la Russie. Nous pourrions citer encore de très nombreux exemples de sorcellerie à un haut niveau de l’état, mais il nous apparaît déjà clairement que celle-ci y a eu une place de choix. De quelle manière étaient, en fait, traités ceux accusés de sorcellerie ? Dans la région de Moscou, les personnes  mpliquées dans la sorcellerie étaient emprisonnées, la torture était souvent employée pour faire avouer ses «crimes» au sorcier et après l’obtention d’une confession plus que douteuse, c’était soit la condamnation à mort  par le bûcher ou soit, dans le cas où les autorités faisaient preuve de «clémence», un simple exil. Les accusations de sorcellerie étaient monnaie courante, car bien pratiques pour se débarrasser d’adversaires considérés comme gênants. Dans bien des cas, les autorités n’avaient pas toujours le temps d’intervenir, la population s’occupait elle-même de rendre justice. 

 En 1720, dans le sud de la région de Volynia, une femme centenaire accusée d’être la responsable des mauvaises récoltes du village fut enterrée vivante jusqu’aux épaules par les habitants, ces derniers se servant d’elle pour démarrer un feu. Il arriva une histoire fort similaire en 1738 à Podolia où un jeune noble avait parcouru des champs à la recherche de son cheval au moment où les paysans pratiquaient un rituel de protection pour obtenir une bonne récolte. Ces champs périrent quelques jours plus tard et le jeune homme fut accusé par les villageois d’être un sorcier ayant causé un fléau sur ces champs. La population le brûla donc vivant. Cependant, selon les archives judiciaires, les sorciers ne connurent pas des condamnations aussi terribles à Kiev. Les sorciers devaient juste payer une amende et promettre de ne plus reprendre leur activité. Ces punitions paraissent assez douces en comparaison avec ceux qui  étaient accusés de sorcellerie dans la Pologne voisine où l’Inquisition était toute puissante et perdura jusqu’au XVIIIe siècle. À partir du XIXe siècle, les autorités ne s’intéressèrent plus du tout à la sorcellerie en Russie, ce qui laissa le champ libre aux sorciers qui devaient tout de même se méfier des représailles des paysans qui étaient prompts à les accabler de tous les malheurs qui leur arrivaient.

Description du sorcier et de la sorcière

Comment reconnaît-on un sorcier ? Le paysan russe fait la distinction entre les sorciers «naturels» ou «nés» et  les sorciers qui ont pu acquérir leurs pouvoirs d’une autre manière. Il existe ainsi deux types de ved’ma (sorcière).  Les naturelles étaient des êtres mythiques, possédant leurs dons dès la naissance, des dons innés, transmis de génération en génération, de femme en femme. Les autres auraient appris leur ruse en se mettant au service du Diable ou d’une ved’ma. Elles recevaient leurs pouvoirs de la ved’ma au moment où celle-ci était mourante ou suite à un long apprentissage auprès d’elle. Il est particulièrement difficile de distinguer physiquement la ved’ma d’une femme ordinaire. On dit que l’origine surnaturelle d’une ved’ma «née» pouvait être révélée par la présence d’une petite queue velue qui s’allongeait avec l’âge. Celle-ci ne vieillissait pas comme les autres personnes, elle pouvait vivre beaucoup plus longtemps et dépasser parfois les cent ans. Il existe d’autres signes qui ne trompent pas : les ved’my étaient capable de projeter deux ombres et si vous plongiez votre regard dans le leur, vous pouviez voir se refléter le monde à l’envers. Leur apparence diffère aussi selon qu’elles sont originaires du sud ou du nord de la Russie. Au sud, les sorcières étaient décrites comme jeunes et belles, séduisantes, allant pieds nus et légèrement vêtues, leur chevelure dénouée tombant sur leurs épaules. La nuit venue, grâce à une potion magique ou quelque sortilège, elles pouvaient sortir par le tuyau du poêle et monter sur des manches à balai, puis s’envoler pour se réunir entre elles sur le Mont Chauve près de Kiev. Dans le nord, les sorcières étaient laides et vieilles, bossues ou portaient d’autres difformités. Les sorcières étaient capables de changer de forme, de se transformer en animal, lièvre, chat, oiseau ou porc et pouvaient effrayer ou jouer des mauvais tours aux paysans. Il paraîtrait aussi que de nombreuses sorcières ont pu échapper au bûcher en se transformant en pie. 

Les termes pour désigner le sorcier dans AUX SIECLES DERNIERS 250px-The_Lancashire_Witches_10Le koldun (sorcier) possède des fonctions et des attributs très similaires à la ved’ma. Certains kolduny étaient d’origine surnaturelle, ils étaient le produit d’un accouplement entre une femme et un démon. Certains s’initiaient, à l’instar des ved’my, auprès d’un koldun, apprenaient la sorcellerie auprès de lui et recevaient leurs pouvoirs au moment de sa mort. Le koldun prêtait allégeance aux démons, souvent en présence d’un sorcier expérimenté, et afin de prouver sa loyauté renonçait à tous les symboles chrétiens, abjurait le Christ, reniait ses parents, le soleil, la lune et la terre. Il pouvait aussi entreprendre un voyage contre nature en s’engouffrant dans la bouche d’un animal, montrant qu’il descendait en enfer pour remonter et renaître à un nouvel état. A la fin du rituel, le koldun signait un parchemin, avec son propre sang, qui servait de pacte définitif avec les démons. Il était très difficile de discerner physiquement un koldun d’un villageois commun. Il ressemblait à n’importe quel autre homme. Il n’était presque jamais muni d’une queue, au contraire de la ved’ma. Ses yeux reflétaient le contraire de ce qu’ils voyaient. Il n’est pas rare, aussi, de croiser des descriptions nous peignant un koldun vieux, barbu, possédant une longue chevelure, doté de griffes à la place des ongles et vêtu d’une peau de mouton ou d’autres animaux. Presque toutes les sources mentionnent le fait que les sourcils des sorciers étaient très fournis et qu’ils possèdaient un regard furtif et «vorace». Il avait tendance à vivre reclus et vivait toujours comme célibataire. Les sources affirment qu’ils possèdaient toujours, même les sorciers qui étaient illettrés, beaucoup de livres chez eux et qu’ils en transportaient toujours un ou deux sur eux. On considérait les sorciers comme particulièrement résistants à la douleur, bien plus que les autres hommes, et c’est pour cette raison qu’au moment de les torturer, on leur arrachait les dents, coupait les cheveux et la barbe pour atténuer leur résistance magique et physique ! 

Les paysans russes pensaient que le seul véritable moyen de démasquer les sorciers et les sorcières était pendant le carême. Au moment de la procession autour de l’église, lors de la messe pascale, on donnait à chaque personne un oeuf peint. Au moment ou le prêtre entonnait «Christ est ressuscité», s’il y avait un sorcier parmi les gens et s’il portait un oeuf, alors il était poussé par une force qui l’obligeait à tourner le dos à l’autel. 

Les pratiques des sorciers

Comment les sorciers opéraient-ils quand on leur avait demandé un service ? Ils s’y prenaient de différentes manières. Ils pouvaient utiliser leur regard et lancer ainsi des malédictions en fixant avec attention une personne.

Pour nuire, ils employaient très communément de nombreuses plantes, herbes et racines, ensorcelaient les objets, soufflaient au vent, répandant ainsi la mort et la maladie ou soufflaient directement dans la bouche de leur victime. Pour s’en prendre à une personne, le sorcier pouvait récupérer les empreintes laissées dans la boue, un objet dans lequel la personne avait consommé de la nourriture ou un liquide, un vêtement ou des cheveux lui appartenant. Les sorciers avaient le pouvoir de troubler les émotions humaines, ils pouvaient inciter à la haine, faire naître l’amour, instiller la peur et cela contre la volonté des individus. Certaines activités étaient réservées à la sorcière. Il s’agissait le plus souvent de nuisances faites au bétail, du vol de liquide comme le lait des vaches ou la destruction des récoltes. D’ailleurs, les nuisances faites aux vaches sont la source de nombreux récits et autres histoires. La sorcière pouvait aspirer elle-même le lait ou le faire en prenant l’apparence d’un animal. Elle avait le pouvoir de traire la vache à distance et de conserver le lait dans un récipient, chez elle. La population a pour cette raison toujours eu peur d’acheter du bétail d’une provenance inconnue, par crainte que la vache n’ait été ensorcelée et qu’elle ne puisse pas, de cette manière, produire du lait. Il est fréquent, encore aujourd’hui dans certains villages, de trouver des croix, des bouquets d’orties ou des pies mortes sur les portes des étables afin de protéger le bétail. Les sorciers, sans distinction de sexe, faisaient un important usage des charmes (zagovor). Les charmes étaient des formules qui pouvaient être écrites sur des bouts de papier, des parchemins, dans des livres ou connues par le sorcier. Cependant, être surpris en possession de charmes suffisait pour être accusé de sorcellerie, il était donc très dangereux de montrer à qui que ce soit qu’on était en possession d’un charme ou que l’on en connaissait. Les charmes servaient en fait de base dans toutes les pratiques de sorcellerie. Le sorcier utilisait le charme au moment où il ajoutait des herbes, plantes ou racines dans la nourriture de la victime ou la boisson ou quand il répandait la mixture sur le chemin ou sur les vêtements de celui-ci. 

Contre les sorciers et leurs grands pouvoirs, la population n’avait finalement que peu de moyens de défense. Les paysans essayaient surtout de protéger leurs champs, c’était ce qu’il y avait de plus vital pour eux. Ils réalisaient des rituels en traçant des cercles autour des champs qui étaient censés empêcher au sorcier d’y pénétrer. On prenait de nombreuses précautions au moment du mariage. L’une des croyances les plus tenaces était que la jeune fille était particulièrement vulnérable à ce moment précis. On donnait à la jeune fille des oignons, de l’ail, de l’ambre, on faisait brûler de l’encens qui repoussait les sorcières, on cousait une croix sur la coiffe de la mariée. Il est intéressant de conclure sur la manière dont les paysans russes expliquent leur motivation pour «gâter» autrui et ainsi faire appel à un sorcier. Le paysan russe craignait plus que tout d’être gâté, d’être la victime d’un sorcier. 

220px-Paganavebury dans LEGENDES-SUPERSTITIONSLe paysan avait la sensation que toute l’atmosphère qu’il pouvait respirer était saturée d’esprits invisibles, qu’ils soient bons ou mauvais, ainsi il pensait légitimement être entouré de personnes connectées avec ce monde invisible et surnaturel et qu’ils étaient responsables de ses échecs et de ses malheurs. Et quand le paysan pensait qu’il avait été «gâté», il cherchait de manière inévitable à se venger en consultant un sorcier. Le paysan était convaincu que la sorcellerie pouvait avoir une influence sur tous les aspects de sa vie. Les paysans se défendaient toujours d’avoir quémandé l’aide d’un adepte de la magie, expliquant qu’ils avaient été forcés, que cela était contre leur volonté, que c’était la faute du sorcier. Cependant, le véritable motif pour avoir recours à la magie était l’envie et la jalousie. Cela permit aux sorciers d’avoir un fond de commerce fort florissant des siècles durant. Les sorciers et sorcières étaient souvent très riches, puisque tout le village venait les consulter pour obtenir leur aide et leur offrait en retour de leur service de nombreux présents. Le métier de sorcier était fort dangereux, mais était fort bien rétribué.

Source : http://lunebleuezine.files.wordpress.

 

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