La légende de la Pierre qui Vire dans l’Yonne
Posté par francesca7 le 11 mars 2013
La légende de la Pierre qui Vire
Il y a longtemps de cela, vivait une paysanne qui se prénommait Persevine. La jeune femme avait tout pour être heureuse : un mari aimant et travailleur, un bébé joufflu et plein de vie, une chaumiére aux murs épais et quelques lopins de terre, qui, ma foi, étaient largement suffisants pour y faire pousser l’orge, l’avoine et le blé. Pourtant Persevine aurait aimé avoir plus. Elle rêvait de se vêtir avec de jolis vêtements au tissu soyeux, d’une chaumière plus accueillante avec d’épaisses fourrures étalées sur le sol de terre battue afin que son fils puisse s’y rouler avec délices. Elle rêvait de choses inaccessibles pour une femme de sa condition. Pourtant, il y avait une histoire qu’on racontait lors des veillées, lorsque l’hiver était rude, lorsque le vent soufflait sa bise glaciale, lorsque la neige recouvrait la forêt jusqu’à la cime des arbres, lorsque tous les villageois étaient réunis autour de la cheminée de la chaumière commune. Cette histoire révélait l’endroit où était caché un trésor extraordinaire. Persevine en connaissait tous les détails : des pierreries de toutes les couleurs, étincelantes, ensevelies sous la Pierre qui Vire, le rocher légendaire qui avait la particularité de s’ouvrir à chaque nuit de Noël, permettant ainsi d’exhiber ses merveilles. Par contre, il ne restait béant que le temps que s ’égrène les douze coups de minuit de la chapelle de Vaumarin, ensuite, il se fermait l’année entière. Le seul qui avait pu admirer les entrailles de la roche n’avait jamais pu trouver de mots tellement il avait été ébloui mais n’avait pas manqué d’avertir ses amis :
- Surtout n’y allez pas, la pierre se ferme aussi vite qu’elle s’ouvre.
Et l’idée avait fait son chemin dans l’esprit de Persevine, l’homme qui avait pu voir le trésor était un vieil homme, elle par contre, était jeune et vive et elle n’aurait pas l’effet de surprise, elle savait à quoi s’attendre, donc, elle ne perdrait pas une seconde pour admirer les précieuses richesses.
Le soir de Noël arriva, Persevine décida que cette nuit de Noël ferait d’elle une femme fortunée.
Peu avant de se rendre a la messe de minuit, elle se plaignit auprés de son époux :
- Je me sens bien lasse, m’en voudrais tu si je restais à t’attendre ?
- Evidemment que non, répondit son mari.
Il s’approcha, admira son fils endormi avec le sein de la jeune mére encore dans la bouche :
- Ce gaillard t’épuise, ajouta t-il dans un sourire. Prends bien soin de toi.
- Il se couvrit de son épais manteau de laine et quitta la chaumière avec en tête, le doux tableau de sa femme allaitant son petit.
Une fois seule, elle s’habilla chaudement, habilla de même son fils, prit un sac de toile, sortit et suivi le chemin qui grimpait à la pierre, éclairée par la lumière blanche de la pleine lune. Elle marchait vite, heureuse que la neige ne soit pas encore tombée, arriva à l’heure. Au premier coup de minuit de la chapelle de Vaumarin, la roche glissa, découvrant la crypte. Persevine descendit, posa son enfant qui dormait profondément et se dépêcha de remplir son sac de pierreries resplendissantes et lumineuses, envoutée malgré elle par la magnificence de ce trésor. Elle s’enfuit au douziéme coup de minuit, alertée par les tremblements du sol annonçant la fermeture du rocher. Le froid glacial de la nuit la réveilla brutalement, la mit devant l’insupportable réalité : elle avait oublié son fils dans le ventre de la pierre… Son enfant chéri était prisonnier au fond du caveau !!!
Elle devint comme folle, entreprit avec toute la force de son désespoir de faire bouger le rocher maudit, poussa, tapa, tira… Rien n’y fit… Alors un cri sortit de sa gorge, un cri inhumain, un cri d’animal blessé qui déchira le silence de la nuit, roula, explosa contre les rochers, résonna jusqu’au village, franchit les murs épais de l’église, terrorisant les fidèles. Les villageois accoururent, malgré la peur qui leur nouait leur ventre, la trouvèrent, collée contre la pierre, les mains et les bras en sang. Ils tentèrent aussi de faire glisser la pierre, de la soulever en se servant des arbres de la forêt comme levier… Leurs efforts furent vains aussi… le rocher ne formait plus qu’un bloc inviolable. De retour au village, le mari de Persevine, ivre de douleur et de colère, vida le sac au dessus d’un tas de fumier…Le lendemain matin, il ne restait plus rien du trésor, que quelques morceaux de charbon.
Une année s’écoula, une année aux jours sans fin, aux nuits interminables. Persevine ne se nourrissait plus, ne dormait plus, veillait sans bouger auprès de ce qui était devenu le tombeau de son petit. Elle priait Dieu d’avoir pitié de son chagrin, suppliait l’éternel d’accepter de l’emporter auprés de son enfant. Le remords la rongeait toute entière. Personne n’avait réussi à la défaire du rocher, ni son mari, ni quelque autre misécordieux. Au village, on ne parlait plus du trésor de la pierre qui vire, on ne parlait que de Persevine qui se laissait mourir d’amour pour son petit. Et la nuit de Noël revint. Agenouillée, priant avec encore plus de ferveur, donnant son âme à Dieu, elle attendit le premier coup de minuit. Et il résonna ce premier coup de minuit, comme un chant deliberté, elle allait enfin reposer auprès de son bébé pour l’éternité. La pierre s’entrebailla, Persevine s’y engouffra, courut jusqu’à son fils…. qui se réveilla…Une vague de bonheur la submergea et c’est temblante d’émotion qu’elle prit son enfant dans ses bras et se précipita à l extérieur… elle ne savait pas combien il restait de coups à la cloche de la chapelle de Vaumarin, mais elle ce qu’elle savait, c est que la cloche aurait pu sonner toute la nuit, la pierre, rester ouverte, rien n’était plus important que le trésor qu’elle tenait contre elle.
Un ange apparut :
- Sotte mère, la leçon t’a t-elle suffit ? Sauras tu désormais résister aux tentations ?
Elle baissa la tête, repentante :
- je ne serai plus jamais envieuse, ni désireuse de chimères absurdes. J’ai ma vie et mon bonheur contre moi, cet enfant est le plus magnifique des joyau, je l’ai compris à la seconde où je l’ai perdu.
L’ange tendit son épée, interdit à la pierre de virer, enfouissant son trésor pour toujours. Il traça une croix sur le bloc et disparut…
La terre trembla, secouant les chaumiéres, faisant déborder le Trinquelin et disparaître la chapelle de Vaumarin.
Plus personne n’entendrait la cloche de la Chapelle…
FIN.
Cette légende existe depuis la nuit des temps, de ces temps où vivaient les fées, de ces temps où elles avaient l’habitude de rire et de danser autour de la Pierre. A cette époque, dans l’intervalle des douze coups de minuit de la cloche de la chapelle de Vaumarin, le rocher tournait sur lui-même, découvrant une crypte regorgeant de fabuleux trésors, On disait qu’il était possible d’y puiser à pleine mains le temps que s’égrènent les douze coups de minuit.
il est dit aussi que les gaulois venaient en ce lieu afin d’y prier leurs divinités et assister aux sacrifices en dédiés en leur honneur. Ils y faisaient des sacrifices humains ou autre, car des petites haches et des coins, ainsi que des rigoles tracées sur les pierres servant à l’écoulement du sang ont été trouvés sous le monument, Les druides (prêtres païens) vivaient au sein de cette forêt.
La pierre-qui-Vire : le nom du monastère vient d’un amas granitique sculpté par I’érosion, dit « le dolmen », situé à proximité du monastère, au sein de la forêt du Morvan.
La pierre supérieure fut scellée par le Père Muard en 1853 (photo ci-dessus) pour y dresser la statue de « Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire ». Cette statue est actuellement placée dans l’entrée de l’église et a été remplacée par une statue plus récente.
Une abbaye est par vocation un lieu de prière. C’est aussi un lieu de travail, en particulier dans le cas d’une abbaye bénédictine ou cistercienne. La formule « Ora et labora » (prie et travaille), bien que ne figurant pas dans la règle de saint Benoît, résume bien les prescriptions de la règle qui prône l’alternance harmonieuse de la prière et du travail. Le travail a un autre but, celui de permettre à la communauté de subvenir à ses besoins : « Les moines seront vraiment moines s’ils vivent du travail de leurs mains » (chap. 48).
Un site à visiter : http://www.apqv.fr/apqv.php
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