La Corse est une montagne dans la mer
Posté par francesca7 le 21 août 2014
Longue de 183 km et large de 83 km, la Corse déploie 1 047 km de côtes en une succession de magnifiques caps, falaises, golfes et plages. C’est la plus montagneuse des îles de la Méditerranée. En un éclair, on passe des plages dorées à la haute montagne : à 25 km seulement du littoral, le monte Cinto, point culminant éternellement enneigé, dresse ses 2 706 m. La proximité du rivage italien (83 km), français (170 km) et espagnol (450 km) explique l’importance commerciale et stratégique de l’île au cours des siècles.
Une île continent
Trois grandes régions se distinguent : la Corse occidentale (Corse cristalline ou « ancienne ») qui couvre près des 2/3 du territoire, la Corse orientale (Corse schisteuse) au nord-est et, séparant ces deux entités, le sillon central, qui s’étend de L’Île-Rousse à Solenzara.
La Corse occidentale
Elle porte les plus hauts sommets de la Corse. Ceux-ci dessinent au centre de l’île une épine dorsale discontinue qui délimite deux régions historiques : l’Au-Delà-des-Monts et l’En-Deçà-des-Monts, appellations génoises recouvrant approximativement les départements actuels de Corse-du-Sud et de Haute-Corse. De part et d’autre de cette ligne faîtière, des chaînons transversaux bordés de vallées et de gorges s’abaissent graduellement vers la mer.
Les massifs du centre – Tout en pics, en aiguilles et en gorges encaissées, cette haute montagne alpine fait la joie des randonneurs en quête de paysages sauvages et exceptionnels. Les crêtes demeurent enneigées tard dans le printemps. Le climat de type alpin, avec ses fortes précipitations et ses basses températures, rend la vie rude et pauvre. Les bergers pratiquent l’élevage extensif du mouton en été. Aujourd’hui, les bourgs de montagne sont désertés, à l’exception de ceux qui orientent leurs activités vers le ski ou la randonnée (Soccia, Évisa, Zicavo, Quenza, Bastelica…).
Les extrémités nord et sud de l’île – Elles ont conservé un relief moins tourmenté de montagnes anciennes. La Balagne , terre de collines, s’ouvre sur la mer par une série de petites plaines côtières. Elle s’allonge de Galéria à Calvi et porte sur ses coteaux des oliviers et des vignes. Véritable « Riviera » de la Corse, son climat méditerranéen, ses plages et ses marinas attirent de nombreux estivants.
Appuyé sur le monte Incudine, le sud de la Corse s’ouvre en éventail, du golfe de Valinco à Porto-Vecchio. Son paysage montagneux, moins escarpé que le centre de l’île, rend les communications plus faciles et ses plateaux favorisent l’élevage. Le climat sec et chaud est propice à la culture de la vigne (Ste-Lucie-de-Tallano, Figari, Porto-Vecchio) et au développement du chêne vert et du chêne-liège. À l’extrême sud, Bonifacio forme une étonnante enclave de falaises calcaires.
La Corse orientale
Elle constitue le tiers nord-est de l’île, formé de monts schisteux orientés nord-sud, bordés d’une plaine côtière. Moins accidentée que la Corse occidentale, elle culmine en Castagniccia au San Petrone (1 767 m).
Les secteurs montagnards offrent deux magnifiques visages. Le Cap Corse présente un squelette montagneux en arêtes de poisson avec des crêtes émoussées par l’érosion . Une splendide route du littoral permet d’en faire le tour. Les pentes du cap, façonnées en terrasses par l’homme et aujourd’hui abandonnées à la végétation, gardent les traces d’une activité agricole qui fut prodigue. Autour des villages subsistent quelques vergers et l’activité viticole fit dès le Moyen Âge la renommée de la péninsule. Cependant, la mer demeure la principale ressource.
La Castagniccia est délimitée par les fleuves du Golo au nord et du Tavignano au sud. Elle forme un moutonnement de larges collines, entaillées par les torrents. Elle est couverte d’un épais manteau de châtaigniers qui firent sa richesse.
La plaine orientale , terrain sédimentaire enrichi par les alluvions des torrents descendus de la Castagniccia, offre un paysage morne de collines, plateaux et plaines littorales. On distingue au nord la plaine de Bastia , dominée par la Casinca, et au sud, la plaine d’Aléria . Très favorable à la culture depuis son assainissement en 1945 (éradication de la malaria), elle accueille aujourd’hui des exploitations agricoles intensives où prévalent les agrumes et la vigne.
Le sillon central
Cette fracture élargie par les cours d’eau est la partie la plus ancienne de la Corse orientale. Elle marque la zone de contact avec la Corse occidentale. D’une altitude moyenne inférieure à 600 m, elle relie l’est du désert des Agriate à Solenzara, en passant par Corte. C’est au centre de l’île que la dépression est la plus affirmée : lesillon de Corte , drainé par le Golo puis le Tavignano, offre un paysage où coteaux et plateaux s’enchevêtrent dans un cadre montagneux.
Un don du ciel
La Corse bénéficie de ressources en eau beaucoup plus importantes que celles des autres îles de la Méditerranée.
Les précipitations
Le nombre de jours de pluie dans l’année est faible (95 jours à Ajaccio), mais l’île reçoit environ 900 mm d’eau, moyenne annuelle supérieure à celle du Midi de la France. Il pleut plus à l’est qu’à l’ouest, à l’intérieur que sur les côtes, au nord qu’au sud. Certains cols (Vizzavona, Vergio) sont régulièrement enneigés et parfois bloqués en hiver. L’été est synonyme de longue saison sèche ; pour pallier cette mauvaise répartition annuelle des pluies, plusieurs lacs de barrage ont été aménagés.
Au fil de l’eau
Tous les fleuves et rivières sont irréguliers : maigres de juin à octobre, volumineux et même impétueux d’octobre à avril, limpides à l’ouest, boueux à l’est. Parvenant difficilement à la mer, ils charrient des masses importantes d’alluvions. Le réseau hydrographique est aussi constitué de nombreux cours d’eau. Leur lit, caillouteux en été, peut devenir abondant et dangereux lors des orages.
Les ressources minières
Les minerais ont été découverts et exploités très tôt.
La Corse orientale , riche en ressources minières, a fait l’objet d’exploitation de nombreux gisements : fer à Farinole, dans le Cap Corse, manganèse à Morosaglia, cuivre à Ponte-Leccia, près du défilé de Lancone et aux abords de Vezzani, plomb argentifère près de Ghisoni, antimoine dans le nord du Cap et amiante à Canari, sur la côte ouest du Cap.
La Corse occidentale détient quelques minerais difficilement exploitables : antimoine à Vico, plomb argentifère en Balagne, fer à Calvi et cuivre dans le golfe de Sagone.
Les tentatives récentes de mise en valeur ont révélé que les gisements de Corse présentent plus d’intérêt pour les minéralogistes que pour les entreprises minières.
Les sculptures minérales
L’infinie variété des roches corses est un paradis pour les minéralogistes et un régal pour les yeux et l’imaginaire des voyageurs. Certaines régions constituent de véritables forêts de pierres aux formes presque surnaturelles.
Les roches magmatiques
Elles sont nées de la montée de matériaux en fusion situés sous l’écorce terrestre et couvrent la majeure partie de la Corse occidentale. Le granit est à l’origine de paysages célèbres : les aiguilles de Bavella, taillées par l’érosion ou encore le rivage découpé de la côte ouest dont les calanche de Piana constituent le fleuron. Dans ces aiguilles de granit rouge, l’eau et le vent ont creusé d’étonnantes cavités appelées taffoni (« trou », en corse) et sculpté de surprenantes silhouettes.
Si vous passez par le village de Ste-Lucie-de-Tallano dans l’Alta Rocca, vous aurez la chance de découvrir ladiorite orbiculaire , pierre rarissime et extrêmement belle. Utilisée à des fins ornementales, elle fut surnommée « corsite » jusqu’à ce qu’on découvre l’existence d’un autre gisement en Finlande.
Les rhyolites et les ignimbrites (roches volcaniques) se rencontrent en abondance dans le nord-ouest. Elles forment des paysages spectaculaires caractérisés par un relief élevé et des teintes allant du vert au rouge en passant par d’innombrables nuances. La presqu’île de Scandola , avec ses falaises et ses orgues, en est une des plus belles représentations, ce qui lui a valu son classement au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Les roches sédimentaires
Elles proviennent de dépôts de minéraux et d’organismes vivants, et forment de nombreuses enclaves dans l’ensemble de la Corse. Le calcaire est très présent dans la région de Corte et de Saint-Florent. Mais c’est Bonifacio, et ses hautes falaises blanches modelées par le vent et les vagues, qui constitue le plus spectaculaire bassin calcaire. D’autres formations sédimentaires ont laissé des traces : charbon dans le golfe de Porto, moraines à l’emplacement d’anciens glaciers et argile dans le golfe d’Ajaccio.
Les roches métamorphiques
Ces roches tiennent leur nom des modifications qu’elles ont subies dans leur composition et leur structure lors de mouvements tectoniques. Elles se reconnaissent à leur aspect feuilleté et habillent presque l’intégralité de laCorse orientale . Les schistes ont modelé un paysage massif, aux monts moins élancés et plus larges qu’en Corse occidentale. Les croupes de la Castagniccia et du Bozio, noyées sous la châtaigneraie, en constituent l’un des visages. Ces roches sont débitées en lauzes ou teghie pour assurer la couverture des maisons.
Les célèbres roches vertes , plus résistantes que les schistes, façonnent des paysages aux reliefs abrupts et découpés. Les torrents les ont fendues en gorges étroites et profondes : c’est le cas du défilé de Lancone et de la haute corniche du Golo. La roche connue sous le nom de « vert de Corse », pierre ornementale très prisée, contient de splendides cristaux vert jade. On en trouve des gisements en Castagniccia et dans le Cap Corse, près de Canari.
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