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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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LA CREPE, une grande histoire d’amour

Posté par francesca7 le 7 janvier 2016

 

On distingue les crêpes de couleur claire préparées à partir de farine de froment, de lentille, de maïs, de riz, de semoule, de teff ou de pois chiche, et celles, beaucoup plus brunes, réalisées avec de la farine de sarrasin (ou farine de blé noir).

Pour les crêpes de froment consommées en dessert, les ingrédients généralement utilisés pour la pâte sont la farine, les œufs, le lait, le sucre et parfois l’eau et la bière. On y rajoute parfois des arômes comme de la vanille, de la fleur d’oranger, du rhum ou de l’alcool de cidre (lambig, calvados).

CREPE

Pour les crêpes de blé noir dites aussi galettes de sarrasin, les ingrédients de base sont la farine de blé noir, l’eau et du sel. On y rajoute parfois de la bière, un peu d’huile, d’autres farines en quantité moindre (froment, châtaigne), et du poivre. Cependant, chaque crêpier / crêpière à sa propre recette.

Une crêpe s’obtient en étalant une portion de pâte, sous la forme d’un disque, sur un ustensile de cuisine préalablement graissé et chauffé (plaque de fonte, crêpière, poêle ou billig), et en la faisant cuire alternativement sur ses deux faces.

La crêpe française se prépare sans levain, contrairement par exemple au pancake américain ou au blini russe ou ukrainien.

La crêpe est un mets composé d’une très fine couche de pâte faite à base de farine (principalement de blé ou de sarrasin) agglomérée à un liquide (lait, parfois mélangé à de l’eau ou de la bière). Elle est généralement de forme ronde.

La crêpe est cuite dans une crêpière (ou une poêle ordinaire), ou sur une plaque chauffante, appelée billig en Bretagne, galettoire ou galetière en Haute-Bretagne et tuile (poêle sans rebord ou à rebord très bas) en Normandie.

La crêpe se mange chaude ou froide, sucrée ou salée, comme plat principal ou comme dessert, mais peut aussi constituer un en-cas. Elle est servie telle quelle, agrémentée d’une garniture ou encore fourrée. On la déguste chez soi ou au restaurant, et on en trouve à emporter sur les marchés, lors d’évènements festifs, comme dans les fêtes foraines. Selon les habitudes et la garniture, elle peut être d’épaisseur variable.

La crêpe peut se consommer seule, mais est souvent nappée d’une garniture telle que le sucre, de la confiture, du chocolat à tartiner, de la crème chantilly, du fromage, du jambon, voire des légumes cuits et assaisonnés. La crêpe est généralement sucrée pour les crêpes de froment et plutôt salée pour les crêpes de sarrasin.

La crêpe peut aussi être fourrée et gratinée au four. Elle se présente pliée en quatre, roulée, en demi-lune, en triangle, en pannequet (la garniture est placée au centre et on rabat deux bords opposés puis les deux autres pour former un petit paquet) ou « en aumônière ».

Elle peut être aussi utilisée comme base d’autres recettes (exemples : le gâteau de crêpes ou la ficelle picarde).

Enfin, on peut aussi la flamber : on verse sur la crêpe chaude un alcool chauffé (souvent du Grand Marnier) auquel on met le feu). Ces crêpes sont servies de suite, souvent encore en train de flamber dans l’assiette. On peut accompagner d’une boule de glace (souvent parfumée à la vanille).

À la fête de la Chandeleur ou au Mardi Gras, il est fréquent de cuisiner des crêpes en France et en Belgique. Cette tradition est immortalisée dans le canon traditionnel français. La légende dit que pour assurer une prospérité toute l’année, il faut faire sauter les crêpes avec une pièce de monnaie dans la main en récitant cette chanson :

La veille de la Chandeleur…
L’hiver se passe ou prend rigueur
Si tu sais bien tenir ta poêle
À toi l’argent en quantité
Mais gare à la mauvaise étoile
Si tu mets ta crêpe à côté.

LA CREPE, une grande histoire d’amour dans Autre région 1024px-Crepes_dsc07085

En France

Une crêpe chocolat-noix de coco servie dans une crêperie proche du Panthéon à Paris.

C’est la Crêpe Suzette.

dessertfrançais créé par Auguste Escoffier composé d’une crêpe au beurre Suzette, une sauce à base de sucre caramélisé et de beurre, de jus de mandarine ou d’orange, de zeste et de liqueur Grand Marnier ou de Curaçao. Les crêpes Suzette sont généralement servies flambées, même si certains ouvrages de cuisine notent que dans la recette originale, elles sont servies non flambées. mais cette dernière étape est sujette à controverse entre partisans et opposants du flambage de la crêpe

Quoi qu’il en soit, Sucrée ou salées, les crêpes sont traditionnellement consommées chaudes accompagnées de beurre. La garniture la plus fréquente des crêpes dites « salées » est constituée de fromage râpé, de jambon, d’un œuf et elle est dite « complète » lorsqu’on y retrouve les trois ingrédients simultanément. Pour les crêpes dites « sucrées » les ingrédients couramment utilisés sont : le beurre, le sucre, le chocolat, le nutella, la confiture, le miel, le caramel au beurre salé, le citron, la crème de marron, etc.220px-Cr%C3%AApe_Suzette-01 dans Bretagne

On cuisine également des crêpes dans le Nord-Pas-de-Calais et en Alsace, en incorporant de la bière dans la pâte, ce qui améliorait sa dégustation ; en Normandie on y incorpore un peu de calvados et éventuellement de la pomme.

Les crêpes de sarrasin existent sous diverses formes et noms : la galette en Haute-Bretagne, le tourtou ou galetou en Limousin, le bourriol ou pompe en Auvergne, la pascade en Aveyron, etc.

Le Galichon ou crêpe du chat est la toute dernière crêpe réalisée, souvent de petite taille du fait du manque de pâte.

Les crêpes bretonnes (krampouezh en breton) sont une spécialité culinaire bretonne très renommée, et la Bretagne compte de nombreuses crêperies.

Il existe deux sortes de crêpes :

  • à la farine de froment ou bleud gwinizh. La pâte traditionnelle se compose d’œufs, de farine, de sucre et de lait.
  • à la farine de blé noir (ou sarrasin) ou bleud ed-du. La pâte traditionnelle se compose exclusivement de farine, d’eau et de sel, bien que certains ajoutent des œufs ou du lait.

Les premières sont surtout consommées sous une forme sucrée. Mais certains les dégustent avec des garnitures salées. Les secondes se consomment la plupart du temps sous une forme salée. Quelques recettes sucrées sont récemment apparues avec les crêpes de blé noir.

Sur la carte des crêperies, les crêpes de blé noir sont parfois appelées galettes, ce qui est la terminologie haute-bretonne de cette crêpe salée, les deux étant appelées uniquement crêpes en Basse-Bretagne, découlant la traduction du seul mot krampouezh qui désigne les deux.

La galette est l’élément de base, ainsi que le beurre. On rajoute ensuite divers ingrédients (saucisse, jambon, fromage, tomates, champignons, etc.), quoique traditionnellement ce soit l’œuf seul qui l’accompagnait.

Avec la crêpe, on boit de l’eau, du cidre (boisson à base de pommes fermentées) ou sistr ou du lait ribot (lait aigre) en breton laezh ribod ou laezh trenk. La plaque sur laquelle se font les crêpes se nomme en breton la billig, ar billig ou encore ar gleurc’h; on tourne la crêpe à l’aide de la rozell, on la décolle et la retourne à l’aide de la skliñsell.

Dictons bretons à propos des crêpes : « Ar grampouezhenn gentañ, ‘vit ar c’hazh, pe ‘vit ar c’hi, pe ‘vit an inosant zo ‘barzh an ti » = la première crêpe (souvent ratée), pour le chat, pour le chien ou pour l’innocent de la maison. « Ar grampouezhenn diwezhañ zo koll pe c’hounit » = celui qui mange la dernière crêpe est perdant ou gagnant (selon qu’il reste trop peu de pâte ou trop)

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Virée au Château de Blois

Posté par francesca7 le 24 novembre 2015

 Au chateau de blois

Durant le règne de Charles le Chauve, en 854, le Blisum castrum (« le château deBlois »), édifié sur les bords de la Loire, est attaqué par les Vikings. La forteresse reconstruite est au cœur de la région dont sont maîtres les comtes de Blois, puissants seigneurs féodaux aux xe et xie siècles, dont les possessions s’étendent à la région de Blois et de Chartres, et à la Champagne. La première forteresse, la « grosse tour », fut élevée par Thibaud le Tricheur au xe siècle. Vers 1080, une charte montre Thibaud III rendant la justice « dans la forteresse de Blois, dans la cour, derrière le palais, près de la tour, au parterre situé entre les chambres à feu du palais ». À la fin du xiie siècle est bâtie dans l’avant-cour la collégiale Saint-Sauveur.

Image illustrative de l'article Château de BloisAu xiiie siècle, le château est reconstruit par la famille bourguignonne de Châtillon. Le chroniqueur Jean Froissard le décrira comme« beau et grand, fort et plantureux, un des [plus] beaux du royaume de France ». Le dernier descendant de la famille de Châtillon,Guy II de Blois-Châtillon, vend en 1392 Blois à Louis d’Orléans, frère de Charles VI, qui en prend possession en 1397, à la mort de Guy II. Lorsque Louis d’Orléans est assassiné à Paris en 1407 sur ordre de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, sa veuve, Valentine Visconti, part vivre à Blois où elle s’éteint l’année suivante, après avoir fait graver sur les murs du château : « Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien ».

En 1429, avant son départ pour lever le siège d’Orléans, Jeanne d’Arc est bénie dans la chapelle du château par Renault de Chartres, archevêque de Reims. Le fils de Louis d’Orléans, Charles, y est fait prisonnier par les Anglais. À son retour en 1440 de captivité en Angleterre, il fait du château de Blois un centre culturel ; il y lance un concours de poésie où s’illustre François Villon avec sa Ballade du concours de Blois. Il entreprend aussi de détruire certaines parties du vieux château, afin de le rendre plus habitable. De la forteresse de cette période ne restent dans le château actuel que la grande salle, datée du xiiie siècle, et la tour cylindrique du Foix.

Le château royal de Blois, situé dans le département de Loir-et-Cher, fait partie des châteaux de la Loire. Il fut la résidence favorite des rois de France à la Renaissance.

Situé au cœur de la ville de Blois, sur la rive droite de la Loire, le château royal de Blois réunit autour d’une même cour un panorama de l’architecture française du Moyen Âge à l’époque classique qui en fait un édifice clef pour la compréhension de l’évolution de l’architecture au fil des siècles. Les appartements royaux restaurés sont meublés et ornés de décors polychromes du xixe siècle, créés par Félix Duban dans la lignée des restaurateurs contemporains de Viollet-le-Duc.

On y trouvera par exemple, parmi tant d’autres… Galerie de la Reine

Le carrelage de la galerie de la Reine, créé par Félix Duban en terre cuite vernissée sur un modèle du xve siècle, a été restauré à la fin duxxe siècle. Il se présente sous la forme d’un réseau de formes géométriques bleues, blanches et jaunes. On peut y voir une exposition d’instruments anciens parmi lesquels :

  • un clavecin italien de Giovanni Antonio Baffo datant de 1572, remanié vers 1880 par Leopoldo Franciolini,
  • une mandoline en faïence de 1875 réalisée par Josaphat Tortat,
  • un violon en faïence de 1867, œuvre d’Ulysse Besnard,
  • une pochette de maître à danser en bois, marqueterie et ivoire.

La galerie est également ornée de bustes de rois de France, dont :

  • un buste de Henri II en bronze et marbre d’après Germain Pilon,
  • un buste de François Ier en armure du xvie siècle à l’auteur anonyme, acquis en 1926, remanié par Louis-Claude Vassé en 1756, moulage en plâtre patiné d’après une œuvre en bronze conservée au Louvre,
  • un buste de Charles IX en plâtre patiné,
  • un buste de Henri III en plâtre patiné,
  • un buste de Henri IV en plâtre.

On peut aussi observer un buste anonyme en plâtre du xixe siècle représentant Pierre de Ronsard, orné d’un épitaphe en marbre noir datant de 1607. La galerie conserve également plusieurs tableaux, dont une huile sur cuivre qui serait un portrait présumé de la princesse de Conti, vers 1610, et une huile sur toile de C. Martin, Marie de Médicis et le dauphin, 1603. En outre, la galerie abrite un ensemble de monnaies anciennes à l’effigie de Louis XII, François Ier, Henri II, Charles IX, Henri III et Henri IV.

C’est en 1850 que Pierre-Stanislas Maigreau-Blau, maire de Blois, fonde le musée des beaux-arts de Blois, qu’il installe dans l’aile François Ier. C’est en effet à cette époque que les provinces se dotent de leurs propres musées, encourageant ainsi l’étude des arts. Le maire de Blois défend son projet: « Il n’y a pas de chef-lieu de département en France qui ne soit aujourd’hui doté d’un musée. […] Il serait superflu d’examiner les avantages de ces sortes d’établissements. On sait de quel encouragement puissant ils sont pour les arts et les sciences, par les modèles ou les collections qu’ils offrent à l’étude ». Le musée sera finalement ouvert dans l’aile Louis XII en 1869.

Une seconde restauration est entreprise entre 1880 et 1913. Elle est confiée à un inspecteur général des monuments historiques, Anatole de Baudot, qui dirige essentiellement les travaux sur la restauration de la charpente et du plancher, sur quelques ornements, et sur l’élaboration d’un système d’évacuation des eaux de pluie. Alphonse Goubert, successeur de Baudot à la tête du chantier, décide de restaurer l’aile Gaston d’Orléans. C’est ainsi qu’il fait construire un escalier monumental en pierre, à partir d’esquisses de Mansart. Il crée également en 1921 un musée lapidaire dans les anciennes cuisines du château.

Pendant la seconde guerre mondiale, la façade sud du château (principalement l’aile Louis XII) est endommagée par les bombardements. Les vitraux de la chapelle sont notamment détruits. Les travaux de remise en état, commencés en 1946, sont confiés à Michel Ranjard.

Le 23 mai 1960, un timbre-poste représentant le château est émis.

Virée au Château de Blois dans Autre région 300px-Blois_LouisXII_interiorLe château est aujourd’hui la propriété de la ville de Blois. Dans les années 1990, une nouvelle restauration est conduite par Pierre Lebouteu et Patrick Ponsot. Les toitures, les façades extérieures et les planchers de l’aile François Ier, en particulier, ont été restaurés. Gilles Clément, paysagiste, a été chargé de travailler sur le parc. Pour faire vivre le château, un son et lumière utilisant les voix de Robert Hossein, Pierre Arditi ou Fabrice Luchini, écrit par Alain Decaux et mis en musique par Éric Demarsan, a été conçu dans les années 1990 : Ainsi Blois vous est conté….

Aujourd’hui encore, des restaurations ciblées continuent. Le château a accueilli 260 226 visiteurs en 2003

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La légende d’Anchoine

Posté par francesca7 le 14 novembre 2015

 

Alors qu’Oleron en Charente-Maritime tenait encore au continent par une large bande de rochers, allant d’Ors à la pointe du Chapus, la Seudre se déversait dans une baie dont les eaux calmes baignaient l’île d’Armotte. L’aspect de la côte saintongeaise, à cette époque lointaine, était bien différent de celui qu’elle présente aujourd’hui

Anchoine

La « baie d’Anchoine » – ainsi s’appelait le rivage qui est devenu le pertuis de Maumusson – était un vaste lac, communiquant vers l’ouest avec l’Océan. Ce n’est que beaucoup plus tard, quand furent emportés les rochers du Chapus par les courants, que le passage de Maumusson s’élargit, que l’île d’Arvert, ou d’Allevert, se forma au sud de celle d’Armotte disparue.

Quand les peuples d’Orient envahirent la Gaule, plusieurs tribus descendirent le cours de la Garonne jusqu’à l’Océan. Ce sont des Phéniciens qui, voyant une baie profonde, à l’abri d’un promontoire, firent voile vers l’île d’Armotte. On sait qu’ils étaient des navigateurs hardis, les véritables princes des mers. En abordant sur le littoral, en entrant dans un golfe que les marées ne paraissaient pas agiter, ils comprirent que c’était là un point propice aux trafics maritimes. L’île d’Armotte était presque entièrement couverte de bois, ne présentant aucune difficulté d’approche, son sol paraissait fertile, il serait aisé de créer, sur cette terre isolée, un petit port de pêche et d’y vivre en toute tranquillité. La tribu en prit possession et, après quelques années, une ville modeste y était construite qui s’appela successivement, Sanchoniate, du nom du chef de la tribu, puis, Anchoniate, Anchoine.

L’île d’Armotte se peupla peu à peu, mais, après deux siècles d’occupation, les Phéniciens en furent chassés par les peuples migrateurs qui se ruaient sur l’Occident. Anchoine vit venir des Celtes, des Ibères, sans que son importance maritime eût trop à en souffrir. Le pays était salubre, les pêcheries productives, il n’en fallait pas davantage pour retenir les nouveaux venus. Plusieurs tribus celtiques prirent possession des îles de la rive gauche de la Seudre, cependant que les Ibères traversaient la mer pour se diriger vers les Pyrénées. Une immense forêt couvrait le plateau séparant le cours de la Seudre des eaux du golfe. Cette forêt, qui existait encore au Moyen Age sous le nom de forêt de Satiste, se continuait sur le territoire d’Armotte. A la pointe ouest de cette île, Anchoine abritait des familles gauloises, jalouses de leurs traditions, de leurs croyances, de leurs moeurs. Ce sont elles qu’on trouve à la base de l’arbre généalogique des Santons.

Les druides, les prêtresses, entretenaient chez les Santons le fanatisme et les superstitions. Ils développaient en eux les sentiments de vie libre et d’attachement à la terre natale, pour lesquels ils devaient lutter pendant des siècles. Conserver leur indépendance, s’insurger contre toute oppression, s’opposer par la force brutale des armes à l’affaiblissement de leur petite patrie, les ont portés, dès la plus haute Antiquité, à des actes de désespoir. La conquête des Gaules par César jeta le plus grand trouble parmi les peuples santons. A mesure que s’avançaient vers l’ouest les légions romaines, tout le pays de Saintonge tressaillit d’épouvante et s’affola. Les hommes, les femmes, eurent le pressentiment qu’une calamité publique les menaçait. Eux, qui ne connaissaient pas la peur, frémirent, non de crainte, mais d’indignation.

Dans l’ancienne Gaule, chaque peuplade avait sa « fada », sorte de sorcière à laquelle tout le monde accordait une confiance aveugle. On voyait en elle une fée sacrée, envoyée sur la terre par le dieu Teutatès. Elle participait aux cérémonies religieuses des druides, à la tête des prêtresses. Myrghèle, la fada des Santons, s’était retirée dans l’île d’Armotte à l’approche des soldats de César, et se cachait à Anchoine, où elle jetait des sorts et mettait le trouble dans les esprits. Une secte de druides et de druidesses s’y trouvait déjà depuis longtemps. Dans la partie la plus sauvage de l’île, sous les grands chênes, dont les feuilles se mêlaient aux boules blanches du gui, existait un cercle de hautes pierres levées entourant un dolmen. C’est là que se célébrait, de temps immémorial, le culte païen des Gaulois.

DolmenCe dolmen, masse de pierre informe, bloc monstrueux élevé, à hauteur d’homme, sur quatre piliers de pierres frustes, avait quelque chose de sinistre. Au milieu de la table apparaissait un trou rond, et assez large pour permettre de voir un coin du ciel. C’est par ce trou que s’écoulait le sang des victimes quand se faisaient les sacrifices humains.

L’île d’Armotte, presque inconnue dans l’intérieur des terres, devait, avant de disparaître, être témoin des horreurs barbares du paganisme. Ses habitants, quelques centaines, s’adonnant à la pêche, à la chasse, à la culture des céréales, vivant dans le calme et la solitude devant une mer apaisée, abrités par une épaisse forêt, voulurent, avant de préparer la résistance contre l’envahisseur qui s’approchait, consulter leurs prêtres, leur demander aide et protection. Druides et druidesses jugèrent que c’est à la fada qu’il fallait s’adresser.

Myrghèle, cachée dans sa petite cabane d’Anchoine, était amoureuse. Celui qu’elle aimait restait insensible à ses avances et lui avoua qu’il s’était fiancé à Sylvane, la fille d’un pêcheur, dont l’amour était égal au sien. Ils devaient s’épouser bientôt. La fada voua, dès lors, à Sylvane, une haine farouche en se jurant d’empêcher le mariage. Comment ? Elle ne savait pas encore. C’est à ce moment que se tint une assemblée de druides dans la clairière du dolmen pour répondre au désir des habitants de l’île. Myrghèle était au milieu d’eux, enveloppée dans une cape gauloise d’une blancheur éclatante. Neuf druidesses, toutes vêtues de blanc, l’entouraient. Rangés en cercle, le front couronné de gui, tenant à la main une faucille d’or, les prêtres attendaient religieusement la décision de la fada sacrée. L’expression sévère de sa physionomie, la fixité de son regard d’hallucinée, la hardiesse de sa parole, allaient produire sur l’assistance une véritable fascination.

C’était le soir. Les dernières lueurs du crépuscule s’éteignaient sur la mer, la lune montait lentement dans le ciel. Il y avait quelque chose de si étrange, de si impressionnant dans ce groupe de robes blanches, immobiles sous les chênes, qu’on pouvait croire que c’étaient les ombres de la nuit, vêtues en fantômes, qui se trouvaient à un rendez-vous mystérieux dans ce coin de forêt sauvage. Montée sur une pierre grossière, près du dolmen, dominant l’assemblée, les cheveux en désordre, sa cape tombée à ses pieds, la poitrine demi-nue, Myrghèle clamait avec exaltation l’oracle des dieux. Un rayon de lune, filtrant à travers les branches, éclairait son visage transfiguré, donnait à cette femme l’aspect d’un spectre hideux.

« Ecoutez, criait l’ignoble sorcière, écoutez la voix de Teutatès qui vibre en moi. Je suis l’envoyée des dieux pour vous guider, pour vous sauver à l’heure du danger. Redressez-vous, prêtres qui m’écoutez, allez dire au peuple que Teutatès ne l’abandonnera pas, mais qu’il exige du sang, du sang pur de vierge ! Allez, et amenez ici la plus belle des vierges de l’île d’Armotte. Vous la connaissez, c’est Sylvane. Le Maître nous écoute, il faut que cette nuit même elle soit immolée sur l’autel sacré des ancêtres. Obéissez, pour conjurer les menaces du destin ! »

La voix terrible se tut, brisée par un effort surhumain, par une surexcitation de folie et de haine. A cet appel farouche succéda un effroyable silence, comme si un souffle de mort venait de passer sur les bois endormis, et l’on ne perçut plus que le frôlement des robes des prêtres et des druidesses disparaissant dans les ténèbres. La fada, l’ignoble fée, restée seule au pied du dolmen, la face crispée par un rictus satanique, attendait l’heure prochaine de sa vengeance.

Minuit. La lune est maintenant voilée de gros nuages noirs. Là-bas, vers l’ouest, un grondement sourd monte du large banc de sable qui barre l’entrée de la baie d’Anchoine. Ce bruit lointain, inaccoutumé, se rapproche sous la poussée des vents du large, semble l’annonciateur d’une tempête. Dans l’obscurité, les druides rentrent sous bois, un à un, se faufilent entre les chênes, viennent ranger autour du monument celtique. Ce sont bien des fantômes, des fantômes de mort, qui marchent dans les ténèbres. Et le grondement de l’Océan se fait plus lugubre, roule vers la clairière avec une force croissante, comme si quelque ouragan, venant d’un monde inconnu, chassait devant lui des flots soulevés jusque dans leur profondeur.

Le moment tragique était arrivé. Quatre hommes, vêtus de peaux de bêtes, les cheveux incultes tombant sur leurs épaules, surgirent dans la nuit, portant une femme à demi morte, dont les gémissements auraient ému des êtres moins sauvages. La tempête faisait rage, les arbres, secoués d’un étrange frémissement, semblaient se serrer les uns contre les autres, comme pour faire plus grande la clairière maudite où le dolmen, aux contours noyés d’ombre, s’allongeait, pareil à une pierre tombale posée au-dessus de la fosse d’un géant. Trois druidesses, drapées dans leurs robes flottantes, s’avancèrent pour saisir la victime, pendant que les prêtres chantaient un psaume mystique, dont les notes se perdaient dans la nuit. Myrghèle, mue par une force supérieure, escalada le dolmen et les trois druidesses jetèrent Sylvane sur la table de granit. Avec des gestes brusques et saccadés, la fada, horrible à voir, les traits décomposés, la figure grimaçante, dévêtit brutalement la victime et, tirant un stylet de sa ceinture, s’agenouilla pour lui percer le coeur.

baie d'AnchoineA la minute même où Sylvane allait être immolée, un éclair déchira le ciel, un cataclysme effroyable bouleversa l’île d’Armotte. La terre trembla, un abîme immense, monstrueux, s’ouvrit brusquement, où le dolmen et tous ceux qui l’entouraient disparurent. Les arbres s’abattirent les uns sur les autres et tombèrent dans le gouffre. La mer déchaînée montait, montait toujours, avec une violence croissante, submergeait, d’un raz de marée dévastateur, l’île entière. Au soleil levant, Anchoine n’existait plus, tous ses habitants avaient été noyés. La foudre, la tempête, l’Océan en furie s’unirent en ce temps-là pour modifier profondément la configuration du rivage. Armotte disparue, les flots eurent, par la suite, toute facilité pour aller saper, déchiqueter, et enfin abattre les rochers du Chapus.

La baie d’Anchoine allait devenir, au cours des siècles, le pertuis de Maumusson, et le territoire d’Oléron, l’île qu’ont trouvée les proconsuls romains au début de l’ère chrétienne. On voit aujourd’hui les ruines d’un dolmen à la pointe du rocher d’Ors, sur la côte d’Oléron, à une faible distance de la situation présumée de l’île d’Armotte. Si on pense aux perturbations géologiques qui ont apporté tant de changements à cette partie du littoral, il est permis de supposer que le dolmen d’Anchoine, après avoir été roulé par les flots dans les profondeurs sous-marines, s’est trouvé à la pointe d’Ors quand le niveau des eaux a baissé. N’a-t-on pas la preuve de cet abaissement dans la position actuelle des grottes de Meschers ?

Les légendes s’inscrivent en marge de l’histoire, mais elles sont, bien souvent, l’écho de traditions millénaires, ayant trouvé leur origine dans des événements ou des faits qui ne sauraient être purement imaginaires. L’existence d’Anchoine ne peut être mise en doute, non plus que celle de l’île d’Armotte et des autres îles du pays d’Arvert, devenues continentales.

Au Moyen Age, des marins ont affirmé, alors qu’ils naviguaient près de l’embouchure de la Seudre, avoir vu, par mer calme et limpide, des toitures, des crêtes de murailles presque à fleur d’eau. Ils avaient l’impression de passer au-dessus d’une petite ville immergée, tant étaient nombreuses les ruines de constructions. Encore une légende, dira-t-on ? Peut-être. Ce qui n’en est pas une, c’est l’existence actuelle du « fond d’Anchoine », près de Ronce-les-Bains, et du petit écueil de Barat, à l’embouchure de la Seudre, reste d’un îlot qui a tenu à la terre ferme et était cultivé au XIVe siècle.

 

(Extrait de « Devant Cordouan. Royan et la presqu’île d’Arvert », paru en 1934)

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Le rituel du bain à Lourdes

Posté par francesca7 le 13 novembre 2015

 

L’eau est symbole de Lourdes par excellence. Le rituel du bain à Lourdes est donc indiscutablement lié à ce qui se vit quotidiennement au sanctuaire. Le pèlerin est invité, croyant, non croyant, ou encore d’autres confessions, à boire, se laver (s’asperger le visage) ou encore se baigner dans les piscines (bains).

rituel du bain

L’eau est évoquée à travers quelques-unes des 16 apparitions (d’après le sanctuaire de Lourdes) :

Jeudi 11 février 1858 : la première rencontre.

« Première apparition. Accompagnée de sa sœur et d’une amie, Bernadette se rend à Massabielle, le long du Gave, pour ramasser des os et du bois mort. Enlevant ses bas pour traverser le ruisseau et aller dans la Grotte, elle entend un bruit qui ressemblait à un coup de vent, elle lève la tête vers la Grotte : « J’aperçus une dame vêtue de blanc : elle portait une robe blanche, un voile blanc également, une ceinture bleue et une rose jaune sur chaque pied ». Bernadette fait le signe de la croix et récite le chapelet avec la Dame. La prière terminée, la Dame disparaît brusquement. »

Dimanche 14 février 1858 : l’eau bénite

Deuxième apparition. Bernadette ressent une force intérieure qui la pousse à retourner à la Grotte malgré l’interdiction de ses parents. Sur son insistance, sa mère l’y autorise ; après la première dizaine du chapelet, elle voit apparaître la même Dame. Elle lui jette de l’eau bénite. La Dame sourit et incline la tête. La prière du chapelet terminée, elle disparaît.

Jeudi 18 février 1858 : la Dame parle

Troisième apparition. Pour la première fois, la Dame parle. Bernadette lui présente une écritoire et lui demande d’écrire son nom. Elle lui dit : « Ce n’est pas nécessaire. », et elle ajoute : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l’autre. Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours? ».

Vendredi 19 février 1858 : le premier cierge

Quatrième apparition. Bernadette vient à la Grotte avec un cierge bénit et allumé. C’est de ce geste qu’est née la coutume de porter des cierges et de les allumer devant la Grotte.

Mardi 23 février 1858 : le secret

Septième apparition. Entourée de cent cinquante personnes, Bernadette se rend à la Grotte. L’Apparition lui révèle un secret « rien que pour elle ».

Jeudi 25 février 1858 : la source

Neuvième apparition. Trois cents personnes sont présentes. Bernadette raconte : « Elle me dit d’aller boire à la source (…). Je ne trouvai qu’un peu d’eau vaseuse. Au quatrième essai je pus boire. Elle me fit également manger une herbe qui se trouvait près de la fontaine puis la vision disparut et je m’en allai. » Devant la foule qui lui demande: « Sais-tu qu’on te croit folle de faire des choses pareilles ? », elle répond : « C’est pour les pécheurs. »

Samedi 27 février 1858 : silence

Dixième apparition. Huit cents personnes sont présentes. L’Apparition est silencieuse. Bernadette boit l’eau de la source et accomplit les gestes habituels de pénitence.

Lundi 1er mars 1858 : la première miraculée de Lourdes

Douzième apparition. Plus de mille cinq cents personnes sont rassemblées et parmi elles, pour la première fois, un prêtre. Dans la nuit, Catherine Latapie, une amie lourdaise, se rend à la Grotte, elle trempe son bras déboîté dans l’eau de la source : son bras et sa main retrouvent leur souplesse.

Mercredi 3 mars 1858 : le sourire de la dame

Quatorzième apparition. Dès 7 heures le matin, en présence de trois mille personnes, Bernadette se rend à la Grotte, mais la vision n’apparaît pas ! Après l’école, elle entend l’invitation intérieure de la Dame. Elle se rend à la Grotte et lui redemande son nom. La réponse est un sourire. Le curé Peyramale lui redit : « Si la Dame désire vraiment une chapelle, qu’elle dise son nom et qu’elle fasse fleurir le rosier de la Grotte ».

Jeudi 16 juillet 1858 : la toute dernière apparition

Dix-huitième apparition. Bernadette ressent le mystérieux appel de la Grotte, mais l’accès à Massabielle est interdit et fermé par une palissade. Elle se rend donc en face, de l’autre côté du Gave… et voit la Vierge Marie, une ultime fois : « Il me semblait que j’étais devant la grotte, à la même distance que les autres fois, je voyais seulement la Vierge, jamais je ne l’ai vue aussi belle ! ».

Chef-lieu de canton des Hautes-Pyrénées, Lourdes se situe sur le gave de Pau, en bordure des Pyrénées.

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En 1858, l’évêque de Tarbes s’était imposé une entière réserve au sujet des apparitions de Lourdes, attendant les conclusions de la commission d’enquête qu’il avait formée en 1858. Le 18 janvier 1862, l’évêque promulgue un mandement par lequel il s’appuie sur les conclusions positives de la commission et déclare que l’Immaculée Mère de Dieu est réellement apparue à Bernadette Soubirous dans la Grottes de Massabielle.

La première cérémonie officielle a lieu deux ans après, le 4 avril 1864 : c’est la bénédiction de la statue de la Grotte. A cette occasion, la paroisse de Lourdes y vient en procession. Le premier pèlerinage est celui de Loubajac, organisé, le 21 juillet 1864.

En mars 1866, la ligne de chemin de fer Bordeaux-Tarbes est prolongée jusqu’à Lourdes et, en juin 1867 est inauguré le tronçon Pau-Lourdes : ainsi est terminée la ligne Bayonne-Toulouse, qui va faciliter l’arrivée de pèlerinages de la région. Le premier train spécial est celui de Bayonne, avec 700 pèlerins, le 16 juillet 1867. En 1872, le nombre de pèlerins passe de 28000 à 119 000.

Le journal Le Pèlerin écrit en 1880 « le miracle c’est que tous ces 917 malades pauvres dont plusieurs, au dire des médecins, ne devaient point, en demeurant paisiblement dans leur lit, passer la semaine sur terre, pas un seul n’est mort ni en route, ni à Lourdes ni au retour, malgré les fatigues de tout genre et une installation, incomplète et insuffisante. Quel est l’hôpital de mille personnes qui ait une aussi bonne semaine ? » C’est cette même année que naquit l’Hospitalité de Lourdes où spontanément des bénévoles se sont proposés d’aider des malades.

Les services essentiels sont alors mis en place : transport de la gare vers les lieux d’hébergement des malades ; acheminement des mêmes malades, chaque jour, des « hospices » vers la Grotte et les piscines et inversement ; infirmières au service des malades, service d’ordre à la Grotte et aux piscines ; bains aux piscines assurés pour les hommes par les « Hospitaliers » et pour les femmes par des infirmières.

Article 1 de la chartre de l’Hospitalité de Lourdes :

« L’hospitalité Notre Dame de Lourdes est une association de personnes bénévoles qui travaillent en commun à Lourdes, pour le service des pèlerins et spécialement des pèlerins malades. En droit canonique, depuis 1928, c’est une archiconfrérie. Son origine se trouve dans une rencontre toute fortuite, à Lourdes en 1880. Des pèlerins et des malades, venus répondre à l’appel de Notre-Dame, transmis par Sainte-Bernadette, de venir en procession, boire et se laver à la Fontaine de la Grotte, rencontrèrent des passants qui voulurent les aider et les servir ».

Site officiel des Sanctuaires Notre-Dame de Lourdes : http://fr.lourdes-france.org

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Histoire de la Faïencerie de Gien

Posté par francesca7 le 12 novembre 2015

 

 

gien_5La faïencerie de Gien est fondée en 1821 par Thomas Hulm. Depuis près de deux siècles, son savoir-faire se développe et s’enrichit grâce aux innovations techniques et artistiques, et la faïencerie maîtrise l’intégralité des étapes nécessaires à la fabrication des pièces.

En 1821, Thomas Hulm dit « Hall » fonde la manufacture de la Faïencerie. C’est à ce moment l’époque de la terre de pipe, terre blanche qui servait à fabriquer les pipes, d’où son nom, et utilisée à Gien pour confectionner la vaisselle blanche, assiettes et bols avec des décors imprimés.

De 1829 à 1849 apparaissent les premières améliorations techniques et artistiques. En 1834, la terre de pipe est supplantée par la faïence fine, plus dure et résistante. Toujours axée sur la vaisselle, la production s’améliore. Ces efforts sont récompensés par une mention à l’Exposition Universelle de Paris en 1839.

C’est entre 1853 et 1865 qu’apparait l’imitation des décors du XVIIIe siècle imprimés et colorés. Réalisée entièrement à la main, cette technique qui lui apporta une médaille d’argent à l’Exposition universelle de Paris en 1867 est toujours utilisée aujourd’hui.

C’est alors qu’apparaissent le « nacré » et les décalcomanies sous émail pour les décors de « Saxe » et de « Marseille ». Quelques années plus tard, de nouvelles réalisations telles que les émaux translucides, les émaux de Longwy, les décors japonais et persans, sont lancées.

Ce sont les 20 dernières années du XIXe qui voient la Faïencerie se distinguer à travers sa créativité et sa performance technique qui permettent la réalisation de pièces monumentales et originales. La manufacture reçoit une médaille d’or à Philadelphie et à l’Exposition universelle de 1900.

Parallèlement, la production industrielle de la vaisselle, du carrelage ainsi que des carreaux du métro parisien (qui sera arrêtée en 1980) est en plein essor.

fac3afencerie-de-gien-photo-65-jeff-grossinLa Grande Guerre ralentit l’activité, mais de 1920 à 1938, de nombreuses grandes familles françaises et d’Europe commandent des services à leurs armoiries.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’exploitation contemporaine se développe. Les années 1970 apportent la concurrence étrangère qui fait régresser la faïence au profit de la porcelaine et de matériaux nouveaux.

La Faïencerie continue aujourd’hui à perpétuer sa tradition tout en exploitant de nouvelles voies dans la création contemporaine.

GILLARD, Michèle-Cécile. Faïence de Gien 1821-1900. Paris : Massin, 2008, 272 p.

190 ans d’histoire et d’émotions [en ligne]. Gien France. 
Disponible sur : <http://www.gien.com/ > (consulté le 12/09/2012)

 

« La céramique fut inventée vers six mille ans av. J.-C. au Proche Orient. Tepe Sialk et Shahr-e Soukhteh, situés en Iran, font partie des sites archéologiques les plus importants attestant ce fait. Le tour de poterie (mû à la main) fut inventé en Iran au cours du IVe millénaire av. J.-C., et créa une révolution dans la fabrication de la céramique. Farideh Tathiri-Moghaddam [...] crée des objets en céramique sur lesquels elle trace des dessins inspirés de l’ensemble des arts traditionnels iraniens (architecture, kilim, ornementations des livres anciens, miniature, etc.). Elle considère que la terre est le premier matériau que l’homme-artiste a utilisé pour raconter une histoire ; la sienne ou celle de son pays. Cette capacité de narration est d’après elle la caractéristique principale de l’art iranien, quel que soit son support. Pour elle, la force narrative des dessins iraniens vient du fait que plusieurs espaces sont mis les uns à côté des autres sur une même surface. La terre devient ainsi une toile de peinture, d’où le nom Naghsh o Khâk (dessin et terre) du groupe composé des céramistes qu’elle a formé dans la province d’Azerbaïdjan de l’Est. La terre que ce groupe utilise est celle d’une mine située à Zonouz, à proximité de la ville de Marand ; une terre blanche, riche en kaolin, qui a été longtemps utilisée pour fabriquer des céramiques très ressemblantes à de la porcelaine, et qui donne un éclat particulier à l’émail turquoise. Selon Farideh Tathiri-Moghaddam, conserver l’héritage culturel d’une région, d’une province ou d’un pays ne signifie pas imiter éternellement les mêmes dessins et les mêmes formes. Par contre, retrouver les méthodes des anciens et transmettre leur savoir-faire aux générations futures est indispensable pour ne pas perdre cet héritage, qui est une part de l’identité culturelle de chacun ; en découle l’idée du musée vivant de la céramique, que Farideh Tathiri-Moghaddam et ses élèves ont créé dans une ancienne maison d’habitation restaurée à Tabriz. Ici, les visiteurs voient en pratique les différentes étapes de la fabrication de la boue et sa cuisson selon les méthodes traditionnelles en Azerbaïdjan. »

ZIA, Djamileh. La céramique en Iran, une exposition du groupe Naghsh o Khâk au centre Sabâ [en ligne]. La revue de Téhéran, n°50, janvier 2010. 
Disponible sur : <http://www.teheran.ir/spip.php?article1104> (consulté le 12/09/2012)

 

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L’ardoise en Ardennes

Posté par francesca7 le 10 novembre 2015

 

Ardoise en ArdennesCe savoir-faire du travail de l’ardoise s’offre ici à la vue de tous et a modelé le paysage local. Fontaines, marches d’escaliers, dalles de pavage, perrons, façades, pignons, toitures, cheminées, lucarnes, mais aussi dalles funéraires ou plaques décoratives, ici tout témoigne de la richesse du sol et du savoir-faire ancestral. Châteaux, églises, maisons, ou places, partout où le regard se porte se révèle l’histoire de la région à travers les ardoises.

Le massif ardennais est composé de roches schisteuses qui, lors de plissements de l’ère primaire, ont subi des transformations qui lui ont conféré ses qualités et particularités : dureté, imperméabilité, compacité et plans de clivage parallèles. Affleurant le sol, la roche s’est ainsi offerte à l’homme, qui l’a utilisée dès la Préhistoire et a su profiter des richesses de son sol en développant son savoir-faire au point de l’exporter à l’étranger dès le Moyen Âge, par voie fluviale.

Les ardoises ardennaises, loin du noir de celle de l’écolier, sont grises ou argentées et avec des nuances de vert, de bleuté ou de violet. Lorsqu’elles se parent de teintes gris-violet, elles sont alors appelées « violines ».

Autrefois, l’ardoise était posée au clou en cuivre sur les planches jointives d’une charpente, mais à partir du XIXe siècle, le crochet sur liteaux se répand. Cependant, le clou reste actuel pour des ouvrages complexes demandant une souplesse d’utilisation ou une finesse des détails, comme les dômes, tourelles ou lucarnes ainsi que pour le patrimoine ancien, parfois protégé au titre de monument historique tel que les châteaux, les églises ou les fermes fortifiées.

L’extraction se faisait dans des mines par une galerie principale équipée d’une voie ferrée et creusée en pente suivant l’inclinaison de la veine rocheuse. Des galeries secondaires menaient aux chambres d’exploitations où étaient extraites les roches. Les mineurs, à l’aide d’explosifs de machines à couper, de détonateurs et de perforateurs, détachaient les blocs du toit, qui étaient débités par les mineurs débiteurs à l’aide de poudre, de pics, de scies à mains, burins, masses ou tenailles, de façon à ce qu’ils puissent être transportés par wagonnets. Appelée bourlotte, la distribution des blocs aux ouvriers de surface se faisait par tirage au sort.

Une fois dans les ateliers de fendage, suivaient les opérations de sciage, quernage et fendage par les scieurs et fendeurs qui à l’aide de scies circulaires ou de scies à main, de burins appelés poignées, de maillets et de ciseaux, fendaient les blocs de schiste appelés spartons, pour les transformer en ardoise de couvertures épaisses de quelques millimètres. Les fendeurs et apprentis prenaient en charge le découpage, qui se faisait à l’aide de moules et donnait à l’ardoise, sa forme définitive.

 

L’ardoise ardennaise n’est plus exploitée aujourd’hui, mais le savoir-faire est toujours vivant. Importée d’Angers, d’Espagne, du Pays de Galles ou du Canada, l’ardoise est toujours utilisée et les couvreurs de la région travaillent encore ce matériau aux reflets lumineux, afin de préserver un patrimoine architectural d’une grande richesse ou simplement lors de constructions neuves, par envie esthétique, ou par souci de conserver une homogénéité dans le paysage.

Description de cette image, également commentée ci-aprèsSitué à 12 km de Charleville-Mézières, Elan est un petit village de Champagne-Ardenne de 77 habitants en 2012, qui détient un riche patrimoine : Notre-Dame d’Elan, le témoin de l’ancienne abbaye cistercienne. En effet, l’abbaye d’Elan a été fondée en 1148 par le moine Roger, d’origine anglaise qui lui donna le nom d’Estland, « terre de l’est ». Entourés de forêt de hêtres et de sources, les Cisterciens défrichent, bâtissent et créent moulin à grains, forges et canaux. Aux alentours, ils exploitent des carrières, plantent des vignes, creusent des étangs. Mais au XVIe siècle, les abbés sont désignés par les rois et prélèvent alors la moitié des revenus des abbayes. La situation devient donc critique. En 1710, la majeure partie de l’abbaye est délaissée à une riche famille. La chapelle Saint-Roger est alors édifiée. En 1791, les derniers moines quittent le site et les bâtiments sont mis en vente et divisés entre plusieurs familles.

En 1840, l’église abbatiale est préservée afin d’en faire l’église paroissiale qu’on connait aujourd’hui. En juin 2012, après de nombreux mois de restauration, dont celle de la toiture complète en ardoise, un nouveau coq, est installé tout en haut du clocher.

Histoire et exploitation de l’Ardoise en Ardennes

 

Dès les époques magdaléniennes et néolithiques dans la région, les hommes ont su extraire l’ardoise qui affleurait à la surface du sol, pour l’utiliser comme support de leurs productions matérielles puis pour les constructions. Les Romains l’extractent et l’utilisent également comme pavage. Puis l’exploitation est abandonnée et doit attendre l’expansion monastique qui lui redonne un essor décisif.

À partir du XIIe siècle, les moines obtiennent des seigneurs l’autorisation d’extraire l’ardoise. L’activité économique s’organise. Puis les moines sont remplacés par des entreprises privées qui développent une véritable industrie permettant aux habitants de la région d’avoir du travail là où l’agriculture et les exploitations forestières devenaient insuffisantes. Les couches souterraines exploitées sont plus profondes et la roche extraite de meilleure qualité.

Au XVIIIe siècle les Encyclopédistes s’intéressent de près à l’étude des ardoisières de Rimogne et en font des relevés précis. Les exploitants se regroupent en sociétés. Le XIXe et le début du XXe sont marqués par une intense activité, mais celle-ci décline à partir des années 1930. Les charges s’alourdissent, les problèmes de la main d’œuvre, la concurrence étrangère, les nouveaux matériaux lui assènent son coup de grâce, et la dernière fosse ferme en 1971.

 L'ardoise en Ardennes dans ARTISANAT FRANCAIS 220px-LochesToitArdoise

Le paysage est aujourd’hui toujours empreint de cette époque industrielle et de ce savoir-faire, et même si beaucoup de sites liés à l’exploitation de l’ardoise ont été détruits, il reste tout de même certains témoins de l’implantation industrielle, des ensembles architecturaux, les couvertures et bardages des maisons, ainsi que les verdoux et bien entendu les nombreuses ouvertures des galeries des exploitations en sous-sol qui elles, bien qu’invisible, resteront à jamais marquées par le passage de l’homme.

Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. Portail Lexical [en ligne].
Disponible sur : <http://www.cnrtl.fr/portail/

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Le savoir-faire des faïenciers de Quimper

Posté par francesca7 le 10 novembre 2015

 

 

FAIENCERIEC’est en 1690 que le maître faïencier Jean-Baptiste Bousquet quitte le Var pour s’installer à Locmaria et marque ainsi le début de l’histoire de la faïencerie quimpéroise. La région offre effectivement de grands avantages : argile en abondance, rivière navigable, grand bois pour alimenter les fours et une main-d’oeuvre bon marché. Son fils reprend le flambeau, puis Pierre Bellevaux, un nivernais et enfin Pierre Clément Caussy de Rouen qui apporte la décoration polychrome très à la mode au XVIIIe siècle.

Face à la Révolution, la production d’objets luxueux n’est plus favorable et on voit surgir la fabrication d’objets usuels. La production de grès s’intensifie. Les motifs très simples sont peints directement au doigt.

En 1872, le peintre et photographe Alfred Beau révolutionne l’art du décor de la faïence en y réalisant de véritables tableaux. Il développe également des décors botaniques et animaliers et se trouve très certainement à la naissance des scènes de genre bretonnes toujours très prisées aujourd’hui, sur lesquelles on peut admirer des personnages aux costumes traditionnels.

Au début du XXe siècle, les manufactures quimpéroises font appel à de nombreux artistes afin de se renouveler et de produire de nouvelles oeuvres. Cependant, la thématique bretonne représente toujours l’essentiel de leur succès.

Fort d’une passion et d’une connaissance longue de trois siècles d’expériences, la faïencerie de Quimper enrichie par de nombreux artistes, se dirige vers de nouveaux horizons comme le bijou, la décoration ou les objets d’art en série limitée.

La poterie berbère

La poterie berbère est un art authentique exclusivement pratiqué par les femmes des sociétés rurales. Elle s’étend du Maroc à la Tunisie et au nord de l’Algérie. C’est en Kabylie qu’on trouve les décors et les formes les plus élaborés.

Généralement conçus pour les besoins quotidiens du foyer, ces objets modelés aux formes arrondies et au décor peint se rapprochent de certaines pièces du néolithique. Découvertes au moment de la colonisation il y a 130 ans, les origines de la poterie berbère remontent très loin. La fragilité des pièces n’a pas permis une longue sauvegarde, et on ne trouve pas de pièces très anciennes. Nonobstant, ses techniques de fabrication en font un art archaïque, et malgré l’influence méditerranéenne et africaine qu’on peut y déceler, il reste difficile de tracer son parcours.

Certains symboles de décoration ont traversé les âges, inchangés. Les motifs souvent géométriques et les couleurs sont porteurs de symboles aux significations ancestrales. Richesse de la culture berbère, ces objets sont non seulement utilitaires, décoratifs, mais également identitaires, chaque village ayant ses propres symboles.

Pour les femmes berbères, la poterie est une tâche ménagère. Les pièces conçues sont utilisées dans leur foyer et ne sont vendues qu’en cas de réel besoin.

quimper_1« Tout au long de son histoire, Quimper a été à la fois un abri et un lieu de passage. Au fond d’une ria d’une vingtaine de kilomètres, un site vallonné entouré de collines abrite dès l’époque gauloise différents lieux de peuplement sur les hauteurs. La conquête romaine fait de Locmaria au bord de l’Odet et à proximité d’un gué, un lieu urbanisé où s’organise un port.

Les Bretons christianisés, après l’effondrement du monde romain, privilégient un autre centre urbain en amont au niveau du confluent (Kemper : confluent en breton). La puissance du comte de Cornouaille et la naissance du siège épiscopal (sans doute vers le IXe siècle) tout en renforçant le rôle de la ville, déterminent une véritable partition du sol entre pouvoir laïque et pouvoir religieux : une ville épiscopale et, sur l’autre rive du Steïr, un faubourg organisé autour d’une place dépendant du duc de Bretagne (la terre au Duc). Sous la même dépendance ducale à Locmaria, une abbaye bénédictine regroupe autour d’elle une petite urbanisation.

La construction de la cathédrale structure la ville au croisement de deux axes de circulation où se rencontrent toutes les activités.

Le XVIe siècle et le rattachement de la Bretagne à la France vont après les guerres de religion modifier cet équilibre urbain. La mise en place de l’administration royale, notamment l’installation du présidial dans la terre au Duc, cherche à concurrencer et à limiter le pouvoir des évêques. Au XVIIe siècle, les ordres religieux liés à la Contre-réforme s’installent eux aussi sur la terre au Duc. À Locmaria, la reconstruction du prieuré va de pair avec le développement des manufactures de faïence (1690).

À partir de la Révolution, Locmaria est rattaché à la commune de Quimper. Le développement du port favorise l’aménagement des quais tandis que le choix de la ville comme chef-lieu du département puis comme préfecture inaugure un siècle de constructions et d’aménagements. La préfecture (1802) et le tribunal (1829) s’établissent à l’extérieur du rempart, le long de l’Odet qui devient l’axe de développement de la ville. À l’intérieur de la vieille ville, mairie (1831) et halles (1843) sont à l’origine de vastes opérations d’urbanisme.
L’arrivée du chemin de fer en 1864 entraîne le prolongement du quai le long du rempart sud. Dans le même temps, les premières implantations industrielles alliées aux lotissements ouvriers au cap Horn en face de Locmaria accentuent le développement de la ville vers l’ouest le long de la rivière.

En 1960, la ville se dote de moyens pour son expansion en s’associant aux communes voisines de Ergué-Armel, Kerfeunteun et Penhars. Le grand Quimper passe alors de 20.000 à 60.000 habitants.

Le port du Corniguel, la Zac de Creach Gwen se développent vers l’ouest, tandis que la route à quatre voies Nantes-Brest suscite une nouvelle extension vers le nord avec la cité administrative de Ty Nay et la zone commerciale de Gourvilly. Les projets actuels tendent à relier tous ces pôles entre eux sans perturber l’équilibre du centre ancien. »

Ville de Quimper. -L’histoire de Quimper. -[réf. du 26 août 2011], [en linge], disponible sur internet :http://www.mairie-quimper.fr/40010299/0/fiche___pagelibre/&RH=DECOUVQUIMP&RF=DECOUVHISTOIRE

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La naissance de la charpenterie

Posté par francesca7 le 8 novembre 2015

 

 Charpente.Notre.Dame.Paris.3

Dès que l’homme a cherché à se sédentariser, il a construit des abris avec les ressources naturelles qui l’entouraient. S’abriter et se déplacer sont donc les deux fonctions qui ont prévalu à la naissance du métier de charpentier. Jusqu’au Moyen Age, les artisans du bois ne sont pas spécialisés, ils savent à la fois couper le bois, fabriquer une charpente, un meuble ou un tonneau. Ce n’est qu’au XIIIe siècle que les différents corps de métiers du bois vont se structurer et se spécialiser en recevant des statuts particuliers. La corporation des charpentiers exerçait son autorité sur plusieurs métiers du bois : les huchiers, les tonneliers, les charrons, les couvreurs et les tourneurs. Au début du XIVe siècle ces prérogatives sont abolies et la corporation des charpentiers se divise en deux, d’un côté les charpentiers dits « de la petite cognée » qui réalisent les menus ouvrages en bois d’où le terme de « menuisier » de l’autre les charpentiers dits « de la grande cognée » qui réalisent les ouvrages de gros bois de charpente. L’apprentissage d’un charpentier durait six ans. Les charpentiers sont sous le saint-patronage de saint Blaise ou de saint Joseph.

« L’Antiquité. […] Sous le règne d’Auguste, au premier siècle de notre ère, les Romains fondent une ville sur la rive droite de la Seine, rive protégée des inondations, alors que la rive gauche était marécageuse et les îles instables. Cette ville, baptisée Rotomagus, se développe grâce à sa situation favorable : reliée par la Seine à Lutèce (Paris) et Juliobona (Lillebonne, qui était à l’époque romaine le port d’estuaire de la Seine, rôle rempli plus tard par Harfleur puis Le Havre). 
[…] Dans le courant du IIIe siècle, les quartiers périphériques sont abandonnés et la ville se rétrécit dans une enceinte carrée : c’est un castrum, c’est à dire un camp militaire. Cette transformation est la conséquence des premières invasions qui déferlent sur la Gaule. […]

Le Moyen Age. En 841, les Vikings remontent la Seine et attaquent Rouen. Ce n’est qu’avec le traité de Saint-Clair-sur-Epte, qui cède la Normandie aux Vikings, que la ville peut de nouveau se développer. Le chef Viking Rollon devient le premier duc de Normandie et fait de Rouen sa capitale. La ville s’intègre ainsi à l’espace commercial du monde viking, qui comprend toute l’Europe du Nord et les îles britanniques. […]. 

Le rayonnement de Rouen se mesure à la présence d’un atelier monétaire dont les monnaies se retrouvent jusqu’en Russie ou dans les États Latins d’Orient, les Normands du XIe siècle ayant conquis la Sicile puis participé aux Croisades. 

[…] Le commerce est très actif, grâce aux relations avec la région parisienne et l’Angleterre : les Rouennais vendentdu sel et du poisson aux Parisiens et commercialisent le vin de Normandie en Angleterre. Ils ont aussi des liens commerciaux avec l’Irlande. La ville est en outre un centre intellectuel et artistique, stimulé par la construction de la cathédrale. 
La conquête de la ville par Philippe Auguste et le rattachement de la Normandie à la France ne freinent pas la prospérité rouennaise. Philippe Auguste maintient les privilèges communaux et laisse aux Rouennais le monopole du commerce sur la Basse Seine. La ville s’accroît et devient la seconde ville du Royaume, une place qu’elle conservera longtemps. […]
La cathédrale est construite tout au long du XIIIe siècle, après l’incendie de 1200. […]

Comme ailleurs en France, l’essor des XIe, XIIe et XIIIe siècles se trouve brisé au début du XIVe siècle par le retour desfamines et des épidémies et par les conséquences de la guerre de Cent Ans, qui commence en 1337. La guerre désorganise le commerce, mais c’est surtout la Peste Noire, qui touche Rouen en 1349, qui constitue la plus grande catastrophe. […] Les difficultés de l’époque amènent en 1382 une grave révolte urbaine connue sous le nom de Harelle. La répression royale sera très dure […] provoquant la fuite de nombreux habitants. […]. 

À la suite de la défaite d’Azincourt en 1415, les Anglais mettent le siège devant Rouen, qui doit capituler au bout de six mois en 1419. C’est dans une ville tenue par les Anglais que Jeanne d’Arc est jugée et condamnée […] le 30 mai 1431. Les Français reprennent la ville en 1449 et Charles VII fait réhabiliter Jeanne d’Arc en 1456. Le retour à la paix provoque une phase d’expansion de la ville […].

Rouen à la Renaissance. L’histoire de Rouen au début de la Renaissance, c’est celle d’une ville dynamique, la seconde du royaume, dominée par la personnalité de ses deux cardinaux successifs, Georges Ier d’Amboise de 1494 à 1510, puis son neveu Georges II, de 1510 à 1550 ; ils sont à l’origine de l’éclosion de la Renaissance à Rouen. […] Ce foisonnement est rendu possible par l’essor économique de la ville depuis la fin du XVe siècle : la draperie se développe, […] mais aussi la soierie, la métallurgie… Les Rouennais envoient leurs navires pêcher le hareng en Baltique, la morue à Terre-Neuve. […] Le commerce n’est pas seulement maritime, il est aussi fluvial et terrestre, grâce à l’amélioration des communications : on ne met qu’une semaine pour aller de Rouen à Lyon ! 

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[…] La ville est alors une ville très ouverte sur le monde, les étrangers sont nombreux à s’y installer, en particulier les Espagnols et les Italiens. […] Cette ouverture est aussi intellectuelle : l’imprimerie apparaît en 1484 et l’on compte déjà 10 ateliers en 1500. […]

Les guerres de religion (1562-1598) mettent fin à cette période brillante. La ville est investie par les calvinistes en 1562, puis reprise par les catholiques, puis en 1591-92, ce sont de nouveau les protestants d’Henri de Navarre, futur Henri IV, qui assiègent la ville, mais ils échouent. Pour reprendre du terrain aux protestants, les catholiques de la contre-réforme établissent des couvents et des collèges d’enseignement. […] 

Rouen au XVIIe siècle. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, Rouen demeure la seconde ville du royaume de France et compte environ 75 000 habitants, mais à partir du milieu du XVIIe siècle, sa population stagne et la ville perd son dynamisme. Cependant, les Rouennais restent actifs sur toutes les mers, en particulier dans le nord de l’Europe, sur la côte d’Afrique et aux Antilles, ainsi qu’en Nouvelle France, où partent colons et religieux. […] 

Rouen au XVIIIe siècle. Au XVIIIe siècle, Rouen continue d’être un grand port et un centre industriel textile. Le commerce triangulaire, qui consiste à échanger des produits de peu de valeur contre des esclaves en Afrique, puis de vendre ceux-ci aux Antilles contre du sucre, cédé au retour en Europe à un prix élevé, enrichit les armateurs. […] On décèle les prémices de la révolution industrielle dès le milieu du XVIIIe siècle, avec le développement des indiennes, tissus de coton imprimé bon marché. Ces nouvelles fabrications se font dans des manufactures, qui s’installent dans les faubourgs de la ville […].

Rouen pendant la révolution et l’Empire. Les débuts de la révolution à Rouen se déroulent sur fond de crise économique et sociale. La faim connaît son paroxysme au moment de la soudure, pendant l’été 1789, ce qui entraîne des émeutes. Les cahiers de doléances pour les états généraux sont rédigés au printemps ; celui du Tiers État, rédigé par Thouret, fait peu de place aux aspirations des plus pauvres et représente essentiellement les souhaits de la grande bourgeoisie de la ville. La noblesse et le clergé campent sur la défense de leurs privilèges. […] Après l’été agité de 1789, les nouvelles institutions se mettent en place, en particulier le conseil général de la commune, élu par les citoyens actifs. Rouen devient le chef-lieu du département de la Seine-Inférieure. […]
Pendant la période jacobine, Rouen, bien que plutôt favorable aux Girondins, ne participe pas à l’insurrection fédéraliste, qui se déroule pourtant dans des régions proches, en particulier en Basse-Normandie. […] La Terreur a surtout pour effet l’application du maximum des prix et des salaires et la déchristianisation : la cathédrale est transformée en temple de la Raison et Saint-Ouen en manufacture d’armes. De même que la période jacobine fut relativement modérée, la période thermidorienne ne voit pas à Rouen l’équivalent de la terreur blanche. Comme ailleurs, la misère est grande de 1794 à 1797 ; en l’an III, on recense à Rouen 50000 indigents sur une population de 80000 habitants. Cela amène de nombreuses émeutes populaires. La situation s’améliore à partir de 1797. 

Rouen du XIXe siècle à 1939. Le XIXe siècle est à Rouen comme ailleurs en France celui de la Révolution industrielle. Elle est basée dans la région sur l’industrie textile, plus précisément le coton. […] Rouen est reliée à Paris par le chemin de fer dès 1843. Les conditions de travail des ouvriers entraînent de nombreux conflits et la participation de Rouen à la révolution de 1848. […] Le Second Empire est une période de transformations importantes.[…]

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, Rouen est occupée par les Prussiens. L’essor de la ville se poursuit ensuite sous la IIIe république, avant et après la guerre 1914-18. 

De nouvelles constructions contribuent à modifier la ville. […]. C’est surtout par la vie culturelle que Rouen continue à rayonner tout au long du XIXe siècle, grâce à des écrivains comme Flaubert ou Maupassant, par les impressionnistes del’2cole de Rouen et la série des « Cathédrales de Rouen » de Monet, par la qualité de sa vie musicale symbolisée par le Théâtre des Arts. […]. Pendant la première guerre mondiale, la ville est une des bases arrières du front, et voit affluer les réfugiés du Nord de la France et de Belgique, puis les troupes et le matériel de l’armée britannique, qui contribuent à l’essor du port. L’entre deux guerres voit se poursuivre le développement de l’industrie sur la rive gauche : sidérurgie, industries chimiques, raffinerie de pétrole, chantiers navals, alors que se maintient l’activité textile, jusqu’à la crise de 1929, qui la touche durement. 

Rouen pendant la seconde guerre mondiale. Le 9 juin 1940, les troupes allemandes entrent à Rouen. L’armée française a fait sauter le pont pour empêcher le passage sur la rive gauche, mais n’a pu éviter l’occupation de la ville. […] Pendant 4 années, les Rouennais subissent la terreur nazie, les arrestations d’otages, les tortures, les exécutions, les déportations, les privations. À cela s’ajoutent les bombardements […] On compte 2000 victimes et 40000 sinistrés. Le 30 août 1944, les Canadiens libèrent Rouen. La ville est un champ de ruines. 

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Rouen depuis 1945. Les années d’après guerre sont celles de la reconstruction. […] Le choix est fait de conserver le plan ancien de la ville et la même largeur de rues. La croissance démographique et la crise du logement entraînent la construction de nouveaux quartiers.
Les transformations de la ville dans les années 70-80 sont liées à l’action de JeanLecanuet, maire de 1968 à 1993. Dans les années 70, on commence à restructurer le centre ville, […] Cependant, on prend vite conscience de la valeur architecturale des quartiers anciens […]. C’est l’époque de la restauration des façades, de la création des rues piétonnes. […] Les années 90 sont celles de la mise en service du métrobus de l’agglomération rouennaise, […] puis de l’Armada du Siècle (1999), et enfin de l’Armada Rouen 2003, de la poursuite des aménagements urbains, en particulier la transformation des quais rive droite en promenade urbaine, le retour des facultés de médecine et de droit en ville.

Rouen compte aujourd’hui près de 111.000 habitants. Elle était la ville la plus importante de la Communauté de l’agglomération de Rouen, établissement public de coopération intercommunale créé le 1er janvier 2000 et regroupant 45 communes. 

Depuis le 1er janvier 2010, cet établissement public s’est élargi pour devenir la Communauté d’agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe (La CREA) qui regroupe 71 communes ; avec près de 500.000 habitants, c’est la première communauté d’agglomération française. ». 

(Texte de Jean Braunstein, agrégé d’histoire ).

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Histoire de la verrerie à Bayel

Posté par francesca7 le 8 novembre 2015

 

Bayel, cité du cristal, est un village situé sur la rive gauche de l’Aube en Champagne-Ardenne.

La prononciation de son nom a fortement évolué depuis les débuts du XXe siècle, car à l’époque le « l » final était muet, et un « e » remplaçait le « a ». On prononçait alors « Béyé ».

Verrerie 

C’est en 1300 que fut donnée la première autorisation du roi Philippe le Bel à Philippe de Casqueray pour établir une verrerie en Normandie. À l’époque, la verrerie était considérée comme un art noble. Le comte Thibaut de Champagne, célèbre pour avoir achevé l’Abbaye de Clairvaux, comprit le premier l’importance de permettre aux gentilshommes de s’installer dans sa province. Les verreries s’installaient aux abords de forêts afin de trouver le bois nécessaire aux fours. La région de Bayel était riche de toutes les matières premières requises pour la fabrication du verre (bois, fougères, sables, chaux, glaise) qui permettaient d’obtenir un verre d’une grande pureté. De très grands privilèges furent accordés aux verriers, et certaines ordonnances royales les assimilaient aux nobles.

En parallèle, depuis environ 1200, se développe la verrerie sur l’île de Murano à Venise, où l’art du verre atteint des sommets jamais inégalés.

En France, il faut attendre Colbert, premier ministre de Louis XIV pour voir apparaître la verrerie d’art. C’est à cette époque que Jean-Baptiste Mazzolay, verrier de Murano venu vivre à Paris et repéré par le roi, reçut l’autorisation d’ouvrir une verrerie en province. Il fonda alors en 1678 sa manufacture qui avait le privilège de fournir la cour des objets usuels jusqu’en 1727. La présence d’autres gentilshommes verriers aux alentours permit l’ouverture de la manufacture à Bayel et ils reçurent l’exclusivité de la production et de la vente entre Chaumont et Paris. Après une production florissante, la verrerie sombra petit à petit et en 1853, on ne contait plus qu’un seul maître-verrier à la manufacture. C’est alors qu’elle est rachetée par Alexis Marquot qui lui redonne vie, aidé par la construction du chemin de fer qui permettait de désenclaver le site.

À partir de 1955, Bayel devient progressivement une cristallerie, et délaisse définitivement le travail du verre au profit du cristal en 1966.

D’après les brochures du Musée du Cristal de Bayel :

  • De la manufacture royale en cristaux de Bayel à la cristallerie royale de champagne. Bayel : Musée du cristal de Bayel, [S.d],
  • Cristallerie royale de champagne de Bayel, guide de visite . Bayel : Musée du cristal de Bayel, [S.d]

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Le Cristal de Roche, un patrimoine méditerranéen

« Le cristal de roche, quartz pur, que les Grecs regardaient comme de la « glace » (krustallos), créée par les dieux, prend place parmi ces gemmes aux propriétés merveilleuses, qui, une fois taillées, évidées et polies, produisent des objets étonnants et fastueux. Les cours de l’Antiquité tardive les ont hautement appréciées, à la fois comme parures et comme talismans. À la veille des conquêtes islamiques du VIIe siècle, la Perse des rois sassanides était connue pour ses ouvrages en quartz : coupelles, gobelets, perles, sceaux, médaillons figuratifs en intaille, flacons gravés en nids-d’abeilles. Objets de belle facture, ils semblent avoir été réalisés sur la frange irakienne du royaume, si l’on en juge par l’abondance des cristaux sassanides découverts en Mésopotamie. Dès le Haut Moyen Âge, certains exemplaires iraniens préislamiques parviendront en Occident, comme la « Tasse de Salomon » et le « Vase d’Aliénor » déposés dans le trésor de Saint-Denis.

Après l’avènement de l’islam, les califes omeyyades et abbassides poursuivront les traditions iraniennes. Des écrivains arabes décrivent l’admiration d’un Bédouin devant la lampe en cristal (billawr), que le calife omeyyade al-Walîd avait fait placer dans la Grande Mosquée de Damas, au-dessus du mihrab des Compagnons du Prophète. Elle était si imposante que, plus tard, le calife abbasside al-Amîn, très amateur de cristaux, la fera transporter clandestinement à Bagdad. Au Xe siècle, l’encyclopédiste al-Birûnî, dans son livre sur les pierres précieuses, mentionne Basra comme étant un important foyer de lapidaires. Une lampe en forme de barque, ornée d’une tige d’acanthe, conservée à l’Ermitage, atteste ses liens avec l’art décoratif de Samarra et pourrait provenir d’un atelier irakien. Mais c’est en Égypte, pendant le règne des Fatimides (969-1171), et sans doute pour des raisons d’ordre ésotérique, que la taille du cristal de roche atteint une perfection inégalée et devient une véritable industrie, stimulée par les usages somptuaires des califes. Avec une habileté consommée, les lapidaires égyptiens ont donné naissance à une gamme d’objets divers et souvent de grand format. [...] Quelque deux cents oeuvres ont subsisté sur les milliers d’objets mentionnés par les chroniqueurs. L’Égypte, au tournant des Xe et XIe siècles est ainsi à la source de la plupart des objets en cristal de roche parvenus dans les trésors médiévaux de l’Occident. [...] »

R.G. Le cristal de roche [en ligne]. Quantara : patrimoine méditerranéen. Disponible sur : <http://www.qantara-med.org/qantara4/public/show_document.php?do_id=580> (consulté le 21/09/2012)

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Y aurait-il un Paradis Terrestre dans le Nord de la France

Posté par francesca7 le 3 novembre 2015

 

Jusqu’à la Renaissance, nombre de voyageurs, géographes, savants de tous horizons, ont tenté de déterminer l’emplacement du Paradis terrestre, le situant qui sur la Lune, qui en Afrique, qui en Babylonie ou encore dans le nord de la France, et rivalisant d’imagination pour étayer leur raisonnement, invoquant une série d’étymologies pittoresques

PARADIS

En l’année 1503, comme Varthema, l’aventureux Bolonais, se rendait aux grandes Indes en passant par la Palestine et par la Syrie, on lui fit voir la maison maudite qu’avait habitée Caïn ; ce n’était pas bien loin du Paradis terrestre. Maistre Gilius, le docte naturaliste qui voyageait pour le compte de François Ier, eut la même satisfaction.

La foi naïve de nos pères admettait sans la moindre hésitation ce genre d’archéologie. Ainsi, la fontaine divine dont les eaux rafraîchissaient l’Éden depuis l’origine du monde, donnait, d’après la tradition, naissance au Gange, au Tigre, à l’Euphrate et au Nil ; c’était la fontaine scellée, le fons signatus dont parle Salomon, et qui était le plus bel ornement du Paradis terrestre. On la voyait encore, dit-on, au XVIIee, entre Bethléem et Hébron.

Il serait long d’indiquer toutes les situations géographiques qui ont été assignées au Paradis terrestre depuis les temps antiques jusqu’au XVIIe siècle. Un savant prélat, qui a marqué sa place parmi les écrivains élégants du siècle de Louis XIV, Daniel Huet, évêque d’Avranches, essaya, en 1691, d’éclairer cette question difficile, et il convient lui-même qu’avant de se former sur ce point une opinion admissible, il s’est vu plus d’une fois sur le point de mettre de côté ce sujet de dissertation que lui avait donné à traiter l’Académie française.

« Rien, dit-il, ne peut mieux faire connaître combien la situation du Paradis terrestre est peu connue que la diversité des opinions de ceux qui l’ont recherchée. On l’a placé dans le troisième ciel, dans le quatrième, dans le ciel de la lune, dans la lune même, sur une montagne voisine du ciel de la lune, dans la moyenne région de l’air, hors de la terre, sur la terre, sous la terre, dans un lieu caché et éloigné des hommes. On l’a mis sous le pôle arctique, dans la Tartarie, à la place qu’occupe présentement la mer Caspienne. D’autres l’ont reculé à l’extrémité du midi, dans la Terre de Feu. Plusieurs l’ont placé dans le Levant, ou sur les bords du Gange, ou dans l’île de Ceylan, faisant même venir le nom des Indes du mot Eden, nom de la province où le Paradis était situé.

« On l’a mis dans la Chine et même par delà le Levant, dans un lieu inhabité ; d’autres dans l’Amérique ; d’autres en Afrique, sous l’équateur ; d’autres à l’orient équinoxial ; d’autres sur les montagnes de la Lune, d’où l’on a cru que sortait le Nil ; la plupart dans l’Asie ; les uns dans l’Arménie Majeure ; les autres dans la Mésopotamie, ou dans l’Assyrie, ou dans la Perse, ou dans la Babylonie, ou dans l’Arabie, ou dans la Syrie, ou dans la Palestine. Il s’en est même trouvé qui en ont voulu faire honneur à notre Europe, et, ce qui passe toutes les bornes de l’impertinence, qui l’ont établi à Hesdin, ville d’Artois, fondés sur la conformité de ce nom avec celui d’Éden. Je ne désespère pas que quelque aventurier, pour l’approcher plus près de nous, n’entreprenne quelque jour de le mettre à Houdan. »

En poursuivant, du reste, on voit que l’évêque d’Avranches ne tarde pas à faire un choix au milieu de tant d’opinions diverses se contredisant parfois entre elles. Il place la demeure du premier homme « sur le canal que forment le Tigre et l’Euphrate joints ensemble, entre le lieu de leur conjonction et celui de la séparation qu’ils font de leurs eaux, avant que de tomber dans le golfe Persique. » Et en basant cette donnée sur les plus vastes lectures, le savant prélat n’hésite pas à dire que, de tous ses devanciers, c’est Calvin qui s’est le plus approché de l’opinion qu’il propose ; Scaliger n’a fait que le suivre dans cette voie pied à pied, ajoute-t-il. et l’illustre Bochart se soumet en quelque sorte à la science du réformateur.

Les études du savant prélat trouvèrent, du reste, un continuateur zélé plus d’un siècle après lui. Juan Bautista de Erro y Azpiroz reconnaît toute la valeur des recherches de son prédécesseur ; il modifie seulement d’une manière presque insensible le point où les recherches doivent s’arrêter pour avoir définitivement le lieu d’habitat où vécurent nos premiers parents. Le Paradis terrestre (la chose, selon lui, n’était plus douteuse) se rencontrait un peu au-dessous de l’antique cité d’Apamia, au confluent du Tigre et de l’Euphrate ; et, de même qu’il prouvait que les descendants immédiats d’Adam, si ce n’est Adam lui-même, parlaient la langue escualdunac, de même il n’hésitait pas à tracer d’une main ferme, sur une belle carte géographique dont il orna son ouvrage, les contours du Paradis.

Il faut reconnaître que ces dissertations ont moins d’agrément que les traditions du Moyen Age. A partir du IVe siècle jusqu’à l’époque de la Renaissance, rien n’est plus répandu que les légendes qui portent d’heureux voyageurs aux portes du Paradis terrestre. Ces sortes d’itinéraires sont mêlés ordinairement à d’autres récits.

Dans son fameux voyage, saint Brandan aborde bien le rivage désiré ; mais il n’y trouve plus qu’un désert, les délices en ont disparu pour reparaître un jour : un ange du ciel l’a prédit. Dans la légende plus fameuse encore qui porte le nom de saint Patrick, Oweins, le bon chevalier, quitte un moment l’Enfer et arrive, après maint danger, devant une porte qui s’ouvre pour lui laisser voir des jardins magnifiques : ce sont ceux d’Éden.

Godefroi de Viterbe renverse toutes les idées que ses prédécesseurs avaient réunies : le Paradis terrestre est au delà de la Bretagne, aux confins de la terre. De pieux voyageurs l’ont vu sur une montagne d’or, portant une ville toute d’or elle-même. L’Imago mundi — série de 12 traités du XVe paraissant pour la première fois sous forme imprimée en 1583 — le restitue au monde asiatique ; mais il le rend plus inaccessible encore : il le place derrière un mur de feu qui monte jusqu’au ciel. Jacques de Voragine a orné sa légende dorée de ces poétiques pérégrinations, et le monde oriental a célébré, par la voix de Moschus ou de Pallade, la sainte expédition de Macaire, auquel l’ange vengeur refuse l’entrée de l’Éden.

Rien de plus curieux, dans cet examen philosophique, que la série d’étymologies dont Erro consolide son opinion. L’Euphrates, par exemple, ne veut dire autre chose que jardin abondant en délices. Notre auteur le prouve ainsi : La voyelle e signifie suave, amène, mou, délicieux, et toutes les qualités que rappellent ces expressions ; le u exprime l’abondance ;faratzfaratza, jardin ; et la terminaison e ou es équivaut à l’article de. Le mot E-u-faratz-esou sa contraction Eufratus nous donne donc la signification voulue. Nous faisons grâce au lecteur des autres mots ainsi décomposés.

Mais parmi ces légendes nous ne connaissons en réalité qu’un seul voyage bien caractérisé par son titre, c’est le voyage de saint Amaro au Paradis terrestre. Sant Amaro est un saint voyageur essentiellement portugais, et dont les aventures merveilleuses ont été racontées dans la belle langue de Camoëns. Bien des gens seront surpris, nous n’en doutons pas, de l’aridité que présente le Paradis terrestre sous la main du miniaturiste plein de foi qui a essayé d’en offrir à son siècle une représentation. Ce n’est pas certainement par une fantaisie bizarre d’artiste ou de géographe que Fra Mauro, auquel nous empruntons notre gravure, a entouré de murailles crénelées le jardin où s’élève la fontaine qui devait rafraîchir l’Éden de ses eaux vivifiantes.

En agissant ainsi, il s’est conformé à l’opinion qui plaçait le Paradis terrestre en Judée. Le Cantique des cantiques célèbre, comme on sait, l’hortus conclusus (le jardin fermé). Fra Mauro s’est montré fidèle, sur ce point, à l’opinion répandue parmi les théologiens de son temps, et il ne pouvait pas manquer d’entourer d’une fortification élégante le jardin céleste garde par un ange vigilant.

Du reste, dans toutes les représentations de ce genre on rencontre la même monotonie, la même aridité. Que l’on consulte Lambertus, qui appartient au XIIe siècle, Honoré d’Autun, qui est du XIIIe (nous parlons ici des cartographes datant d’une époque où s’éveille le sentiment pittoresque), Henri de Mayenne, Guillaume de Tripoli, le docte Ranulphus, l’imagination des vieux peintres se montre partout aussi triste, aussi désolée. Il est vrai que c’est la main de l’érudition qui guide leur pinceau.

La poésie du Dante avait sans doute donné du Paradis une idée splendide, mais trop confuse pour inspirer les artistes. Milton leur fut plus favorable ; à sa voix, les murailles féodales s’écroulent, les enchantements du lieu de délices se révèlent, et les peintres modernes réalisent le rêve inspiré de l’illustre aveugle. C’était à peu près ce même Paradis terrestre qu’avait imaginé Colomb, grand poète aussi, quand, remontant le cours paisible de l’Orénoque, il s’attendait, en franchissant ces splendides paysages, à voir s’ouvrir la porte étincelante qui lui cachait le Paradis terrestre et que l’ange devait défendre.

Une des rêveries du grand homme, ce fut, en effet, de croire qu’il était parvenu aux régions où l’Éden doit commencer. Il décrit avec l’exactitude minutieuse d’un topographe la forme que doit nécessairement avoir le Paradis terrestre. Situé à l’extrémité du fleuve, le céleste jardin s’élève, dit-il, insensiblement comme un mamelon affectant la forme arrondie mais pyramidale d’une poire. C’est la dernière forme d’Éden du Moyen Age. Un pauvre Indien que rencontra Humboldt dans ces parages lui en exprima aussi toute la splendeur par ces mots : Es como el Paraiso, Señor ! (C’est comme le Paradis, Monsieur !).

(D’après « Le Magasin pittoresque », paru en 1864)

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