Les grottes de Niaux
Posté par francesca7 le 3 mars 2015
l’une des plus célèbres et des plus remarquables grottes ornées de peintures du paléolithique supérieur, qui sont attribuables au magdalénien, et datent d’environ 12 000 ans avant notre ère.
La grotte de Niaux, dite aussi « la Grande Caougno » ou « la Calbière », est située à près de 700 mètres d’altitude, à 5 kilomètres de Tarascon-sur-Ariège (Ariège). Elle se compose de plusieurs galeries dont le développement atteint 2 kilomètres, au sein d’un réseau souterrain d’environ 15 kilomètres de longueur. Des visiteurs s’y sont sans doute introduits dès le XVIIe siècle, mais les peintures préhistoriques ne furent reconnues qu’au début du XXe siècle.
La localisation de cet art pariétal - dans les profondeurs obscures - indique que le site n’était pas un lieu couramment habité, mais un espace destiné au rituel. Les premières peintures apparaissent à environ 500 mètres de l’ouverture de la grotte, sous la forme de signes schématiques rouges et noirs - points et bâtonnets -, qui paraissent marquer l’entrée du sanctuaire. Celui-ci se trouve à l’extrémité d’une première galerie - dite « le Salon noir », à cause de la couleur dominante des peintures, qui comptent parmi les œuvres majeures de l’art préhistorique. Plusieurs dizaines d’animaux sont répartis en six panneaux principaux, séparés par des parois non ornées, et qui se distinguent par la taille différente des représentations. Il s’agit surtout de chevaux et de bisons, deux espèces qui, comme l’a montré André Leroi-Gourhan, symbolisent le dualisme masculin-féminin, cette thématique étant caractéristique de l’art des grottes. Bouquetins et cervidés sont en position marginale, ainsi qu’un certain nombre de signes, peints en noir, rouge ou brun. Sur le sol argileux, et en général protégées par des renfoncements de la paroi, plusieurs gravures d’animaux (bisons, chevaux, bouquetins, poissons) ont échappé à une destruction totale provoquée par le passage des visiteurs. Ces vestiges - très rares - font aussi l’intérêt archéologique de Niaux.
Au-delà du Salon noir, le réseau de galeries se poursuit et traverse plusieurs petits lacs. Cette partie moins accessible est ponctuée de peintures représentant surtout des chevaux et des bouquetins. Leur exécution, plus rapide, est l’indice d’une fréquentation très occasionnelle. En vidant des lacs intermédiaires, les spéléologues ont pu atteindre en 1970 une autre galerie décorée, dite « réseau René-Clastres », dans laquelle on devait pénétrer, à l’époque préhistorique, par une entrée plus directe, aujourd’hui colmatée. On y a trouvé de nombreuses empreintes de pieds laissées par trois enfants, des fragments de torches en pin carbonisé et plusieurs peintures noires : signes, bisons, cheval, ainsi qu’une belette, la seule connue dans l’art paléolithique ; curieusement, à quelques dizaines de mètres de là, gisait le squelette d’une belette…
L’art de Niaux, comme l’art paléolithique en général, n’a pas pour objectif une simple représentation paysagère figurative : aucun élément du paysage n’est représenté (flore, soleil, montagnes, etc.). À l’exception d’un petit bouquetin qui semble prendre appui avec ses pattes avant sur une fissure du rocher pouvant figurer une ligne de sol, les animaux semblent flotter sur les parois de la grotte, épousant la forme de celle-ci. Seuls des animaux de grandes dimensions semblent représentés, de préférence ici des herbivores. L’ours ou le loup ne sont pas représentés alors qu’ils étaient présents dans la région.
Un siècle de fouilles dans la région a permis de mettre en évidence des campements saisonniers, établis par des groupes humains du Paléolithique supérieur venus chasser le bouquetin ou le renne, entre autres. Semi-nomades, certains passaient neuf mois par an dans le piémont pyrénéen pour redescendre plus bas dans la vallée durant la saison hivernale. L’économie était basée principalement sur le travail de la peau, des bois et des os de rennes. L’une des premières hypothèses concernant l’art pariétal du Paléolithique supérieur dans toute la chaîne pyrénéo-cantabrique a été par conséquent liée à la chasse : les œuvres seraient des représentations de scènes de chasse (des flèches semblent dessinées sur certains animaux du « Salon noir ») et auraient été réalisées dans le cadre de cérémonies aux esprits pour s’assurer une bonne chasse (représentation seulement de grands herbivores).
Une hypothèse émise dès la fin du xixe siècle et remise au goût du jour récemment, notamment par Jean Clottes met en relation l’art paléolithique avec le chamanisme. Dans la plupart des représentations pariétales paléolithiques (que ce soit à Niaux ou ailleurs, àLascaux par exemple), les chevaux et les bisons sont très fréquemment figurés alors qu’ils ne font pas partie des espèces les plus chassées, ni pour la consommation de chair, ni pour la fabrication d’outils. Les représentations sont stylisées et conventionnées (pattes en triangle, la queue ne touchant jamais l’arrière-train) et suivent les formes de la paroi. Par ailleurs, certaines grottes voisines contiennent des représentations de prédateurs. L’hypothèse du chamanisme consiste donc à voir dans la grotte de Niaux un lieu privilégié de rencontres entre l’homme et le monde des esprits de la nature, qui transparaissent à travers les parois de la grotte. Il s’agit alors d’un système social et mystique dans lequel l’interaction avec les esprits naturels fait partie intégrante du quotidien.
La grotte de Niaux est ouverte au public. Les visites se font dans le respect de règles précises afin d’assurer la conservation des œuvres pariétales. Les visites se font par petits groupes de 20 personnes au maximum et sont conduites par un guide.
Il n’y a pas de système d’éclairage permanent installé dans la grotte. Chaque groupe s’éclaire donc à l’aide de lampes électriques portatives, sur un parcours de 800 mètres, jusqu’au « Salon noir » qui renferme la majorité des peintures visibles. L’autre partie ornée de la grotte, appelée Réseau Clastres, n’est pas ouverte à la visite.
La visite emprunte des passages étroits et s’effectue sur le même sol que les magdaléniens parcouraient.
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