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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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Volaille réglementée par l’Eglise

Posté par francesca7 le 16 octobre 2014

 

 
 
téléchargement (4)Dès le IVe siècle, les Chrétiens ont regardé les volatiles et la volaille comme un aliment maigre, et se sont permis l’un et l’autre dans les temps de l’année où la viande était défendue. Ils distinguaient la chair des quadrupèdes, de la chair des oiseaux ; et cette douce erreur avait pour eux une autorité respectable, celle des livres saints eux-mêmes

La Genèse, parlant de la création, dit que, le cinquième jour, Dieu commanda aux eaux de produire les poissons et les oiseaux qui volent sur la terre. Ce texte, mal entendu, paraissait donner une même origine à deux espèces d’animaux si différents : on leur supposa en conséquence une même nature, et l’on crut pouvoir user également des uns et des autres, les jours de jeûne et d’abstinence.

En France, cette décision fut regardée comme un principe incontestable ; même dans les ordres religieux les plus austères, dans ceux qui se dévouaient à un carême éternel. En certains temps de l’année, on y accordait aux moines du gibier et de la volaille. Saint Colomban nourrit ainsi les siens dans un moment de disette. On lit que depuis sa promotion à l’épiscopat, saint Eloi avait renoncé à la viande ; mais qu’un jour il se permit de manger une volaille avec un hôte qui lui était survenu.

Grégoire de Tours raconte que mangeant à la table de Chilpéric, et n’usant point de viande non plus, le roi lui dit : « Mangez de ce potage ; il est pour vous, on l’a fait avec de la volaille ». Enfin, dans un grand nombre d’anciennes vies de saints ou de saintes, il est remarqué d’eux, comme une mortification particulière, qu’ils s’abstenaient, non seulement de chair, mais encore de volaille et de gibier bipède.

Il était assez consolant pour les moines de ces temps reculés de se mortifier en mangeant tous ces oiseaux délicats, domestiques ou autres. Cependant l’Eglise à la fin trouva qu’un pareil aliment était une sensualité, peu faite pour des gens qui, par voeu, se dévouaient à une vie austère. En 817, le concile d’Aix-la-Chapelle le leur interdit, excepté pendant quatre jours à Pâques, et quatre jours à Noël ; encore permit-il à ceux qui, par pénitence, voudraient même alors s’en abstenir, de le faire à leur gré. Jusqu’à ce moment, il y avait eu, dans le royaume, des monastères de fondation royale, auxquels nos rois, par une pieuse concession, avaient accordé une certaine quantité de volailles à prendre dans leurs domaines. Mais, par le règlement du concile, les contributions cessèrent ; ou, si elles se payèrent encore, elles n’eurent plus lieu désormais qu’aux fêtes de Noël et de Pâques. Quand les rois, postérieurement, en établirent de nouvelles, ils les fixèrent à ces deux époques. C’est ce que fit, par exemple, Charles le Chauve en 858, pour les filles de Notre-Dame de Soissons, et en 868, pour le monastère de Saint-Denis. Il règle qu’annuellement, aux solennités susdites, les maisons royales payeront à l’un et l’autre monastère un certain nombre de volailles.

Au reste, le Canon du concile d’Aix-la-Chapelle ne fut qu’un pur règlement de réforme, fait uniquement pour les Réguliers. Il ne changea point la façon de penser sur les oiseaux. On continua de les regarder comme poissons ; et l’on trouve des preuves que ce préjugé a subsisté encore, même chez les moines, quelques siècles après le règlement du concile.

Tel est, entre autres, ce fait rapporté dans la vie de saint Odon, abbé de Cluny : « Un moine de cette abbaye était allé voir ses parents. En arrivant, il demande à manger ; c’était un jour maigre. On lui dit qu’il n’y a au logis que du poisson. Il aperçoit quelques poules dans la cour, prend un bâton, et en assomme une, en disant, voilà le poisson que je mangerai aujourd’hui. Les parents lui demandent s’il a la permission de faire gras : non, répond-il ; mais une volaille n’est point de la chair. Les oiseaux et les poissons ont été créés en même temps, et ils ont une même origine, comme l’enseigne notre hymne ».

Actuellement encore (XVIIIe siècle), les Espagnols et les Portugais, tant en Europe qu’en Amérique, mangent, pendant le carême, les abbattis d’oiseaux ; quoiqu’ils se croient défendus de manger l’oiseau même. Il est vrai qu’ils en achètent tous les ans la permission ; et que cette permission est attachée à une Bulle, nommée Bulle de la Croisade, dont le roi est devenu propriétaire, et qui entre autres privilèges accorde celui-ci.

Chez nous, lorsque l’Eglise crut devoir interdire aux Fidèles la nourriture dont nous parlons, elle fit grâce à quelques oiseaux amphibies, et même à deux ou trois espèces de quadrupèdes de même nature, qu’elle ne comprit point dans la proscription générale ; ceci par une forte condescendance qui paraissait respecter encore l’ancien préjugé.

A consulter l’homme du peuple sur la cause d’une exception aussi bizarre en apparence, il vous répondra, sans hésiter, que ces animaux tolérés ont le sang froid. Mais, pour l’homme éclairé qui sait que le sang d’une loutre ou d’une macreuse n’est pas plus froid que le sang d’un canard ou d’un mouton, il reconnaîtra dans toute cette discipline une empreinte des vieilles erreurs qu’avaient accréditées la bonne foi ignorante.

La macreuse pourtant avait été défendue en maigre par un concile de Latran que tint au XIIIesiècle Innocent III. C’est Vincent de Beauvais qui nous l’apprend. Mais le préjugé prévalut. De ce préjugé naquirent même, par la suite, toutes ces opinions ridicules qu’on eut sur l’origine des macreuses : les uns les faisant naître de la pourriture des vieux vaisseaux ; les autres des fruits d’un arbre de la Grande-Bretagne, lorsqu’ils tombaient dans l’eau ; ceux-ci, de la gomme des sapins, d’où, disent-ils, elle furent nommées sapinettes ; ceux-là enfin, d’une coquille, comme les huîtres et les moules, coquille qu’ils distinguaient sous le nom de conqua anatisera. Pour Pâris, si l’on s’en rapporte à Gontier, dans son De sanitate tuenda, les macreuses n’y furent connues et recherchées que vers le milieu du XVIIe siècle.

images (7)D’après le préjugé qui y faisait regarder la macreuse comme un aliment maigre, on y regarda, comme tel aussi, le pilet, le vernage, le blairie, et autres oiseaux aquatiques de même nature. Cependant, au commencement du XVIIIe siècle, il y eut des religieux qui se firent quelque scrupule d’user de ces derniers. Ils consultèrent à ce sujet la Faculté de Médecine. Celle-ci nomma huit docteurs qu’elle chargea « de méditer et d’examiner cette matière. Enfin, toute réflexion faite, et après de sérieux examens, la Faculté assemblée le 14 décembre 1708, écouta le rapport de ces docteurs : on délibéra, et il fut décidé que les pilets, etc., ne pouvoient passer pour poissons. »

(D’après « Histoire de la vie privée des Français », paru en 1782)

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la salive humaine fait mourir les vipères

Posté par francesca7 le 16 octobre 2014


 

téléchargement (3)Enracinée depuis plus de deux millénaires et relayée plus récemment par Voltaire, une opinion populaire répandue voulait que la salive humaine fît mourir les vipères…

Si vous avez des serpents ou des vipères dans votre jardin, consultez Aristote et Claude Galien, ils vous diront que rien n’est plus facile que de vous en délivrer. Il suffit de cracher dessus avant déjeuner ; Galien prétend en avoir fait l’expérience à la satisfaction d’un grand nombre de personnes qui en furent témoins. Suivant Avicenne, la salive de l’homme tue non seulement les reptiles mais tous les animaux qui portent aiguillon.

Varron et Pline attestent que de leur temps on a vu des hommes qui faisaient mourir des vipères avec leur salive ; plus proche de nous, Voltaire rapporte un certificat de son chirurgien Figuier, lequel dit : « Je certifie que j’ai tué, en diverses fois, plusieurs serpents, en mouillant un peu avec ma salive un bâton ou une pierre, et en donnant sur le milieu du corps du serpent, un petit coup qui pouvait à peine occasionner une légère contusion. »

Le poète Lucrèce est du même avis que le chirurgien Figuier ; il affirme dans on quatrième livre : « Crachez sur un serpent ; en sa douleur extrême / Il se roule, s’agite et se mange lui-même. » Personne avant Lucrèce n’avait dit que les serpents se mangeassent eux-mêmes ; mais tout est permis aux poètes.

Voltaire observe à ce sujet qu’il est triste que notre mère Eve n’eût pas au connaissance de ce secret ; que de peines elle aurait épargné au pauvre genre humain, si au lieu d’écouter le mauvais propos du serpent, elle lui eût craché au nez.

La tradition affirme que le consul romain Marcus Atilius Regulus fut obligé de faire en règle le siège d’un gros serpent long de 37 mètres, qui menaçait son armée se dirigeant vers Carthage lors de la Première Guerre punique (qui se déroula de 264 à 241 avant J.-C.). Si Regulus eût seulement ordonné à ses soldats de cracher dessus, il n’aurait eu besoin ni de balistes, ni de catapultes, ni de toutes les machines de guerre qu’il employa pour le réduire.

Le savant Redi a voulu vérifier les expériences d’Aristote, de Galien et du chirurgien Figuier. Il a craché à jeun et dans un temps de rhume, sur une multitude de vipères que le grand duc de Toscane avait fait rassembler pour composer la thériaque ; mais à la grande confusion de ce savant, toutes les vipères se sont moquées de ses crachats, et pas une seule n’a fait semblant de s’en apercevoir. Il semble qu’on puisse tuer les vipères avec un peu de salive, pourvu qu’on ait soin d’y ajouter… un bon coup de bâton.

Ce qu’on a prétendu de la salive de l’homme, on l’a également dit de sa transpiration. C’était une opinion populaire qu’un morceau de pain placé sous l’aisselle d’une personne en sueur devenait un poison mortel et qu’il suffisait de le donner à manger à un chien pour que celui-ci devînt aussitôt enragé. Mais la sueur de l’homme ne tue personne, pas plus que sa salive.

(D’après « Des erreurs et des préjugés répandus
dans la société » paru en 1810)

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Le Dronte ou Dodo

Posté par francesca7 le 16 octobre 2014

 

(D’après un article paru en 1834)

images (4)La terre que nous habitons a été plusieurs fois travaillée d’horribles convulsions, qui en ont chacune modifié plus ou moins la surface, tantôt élevant au-dessus des eaux des espaces jusque-là submergés, tantôt submergeant au contraire des parties depuis longtemps découvertes, et déjà peuplées de plantes et d’animaux.

Ces diverses catastrophes ont non seulement amené la destruction d’un grand nombre d’individus, mais elles ont fait disparaître des espèces entières, qui n’ont laissé d’autres traces de leur existence que quelques débris enfouis dans les couches dont se compose l’enveloppe extérieure du globe. Ces débris, en général si incomplets, si insignifiants en apparence, et qui n’avaient été longtemps qu’un objet de stérile curiosité ou de folles conjectures, tombant enfin aux mains d’un homme de génie, ont été pour lui autant de précieuses médailles, à l’aide desquelles il a pu établir sur des bases certaines l’histoire des temps anciens, l’histoire des temps antérieurs à la naissance de l’homme.

Les Hollandais qui abordèrent les premiers à l’Ile-de-France, alors déserte, y virent un oiseau d’une très grande taille et d’une figure singulière, auquel ils donnèrent le nom de dronte ou celui de dodo. Plusieurs naturalistes du commencement du XVIIe siècle en parlèrent d’après les descriptions et les dessins des voyageurs, et firent connaître, outre ses formes externes, quelques points de son organisation intérieure.

En 1626, le dronte existait encore à l’Ile-de-France, et Herbert assure l’avoir vu à cette époque. « Cette île, dit-il, nourrit un grand nombre d’oiseaux, parmi lesquels il faut compter le dodo, qui se trouve aussi à Diego Roys (île de Rodriguez), mais n’a été vu, que je sache, en aucun autre lieu du monde. On lui a donné ce nom de dodo en raison de sa stupidité, et s’il eût vécu en Arabie, on aurait tout aussi bien pu lui donner celui de phénix, tant sa figure est rare.

Son corps est tout rond, si gras et si gros, que d’ordinaire il ne pèse pas moins de cinquante livres : cette graisse et cette corpulence sont dues à la lenteur de ses mouvements ; s’il n’est pas agréable à la vue, il l’est encore moins au goût, et sa chair, quoique ne rebutant pas certains appétits voraces, est un aliment mauvais et répugnant. La physionomie du dodo porte l’empreinte d’une tristesse profonde, comme s’il sentait l’injustice que lui a faite la nature en lui donnant, avec un corps aussi pesant, des ailes tellement petites, qu’elles ne peuvent le soutenir en l’air, et servent seulement à faire voir qu’il est oiseau, ce dont, sans cela, on serait disposé à douter.

Sa tête est en partie coiffée d’un capuchon de duvet noir, et en partie nue, c’est-à-dire seulement couverte d’une peau blanchâtre presque transparente. Son bec est fortement recourbé et incliné par rapport au front : les narines sont situées à peu près vers le milieu de la longueur du bec, qui, à partir de ce point jusqu’à l’extrémité, est d’un vert clair mêlé de jaune pâle.

Tout le corps est couvert d’un duvet très fin, semblable à celui qui revêt le corps des oisons. La queue est ébouriffée comme une barbe de Chinois, et formée de trois ou quatre plumes assez courtes. Les jambes sont fortes, épaisses, et de couleur noire ; les ongles sont aigus. »

Herbert donne une figure très grossière du dodo ; celle qui est placée en tête de notre article a été faite d’après une peinture appartenant originairement au prince Maurice de Nassau. Peu de temps après le voyage d’Herbert, les îles de France et de Bourbon devinrent le siège d’établissements considérables, formés par des Européens, et l’espèce du dronte en disparut complètement. On conçoit très bien comment cet oiseau peu agile, et trop volumineux pour se cacher aisément, n’a pu échapper aux poursuites de l’homme. Ce qu’il y a de certain, c’est que malgré les recherches très actives faites par les naturalistes, surtout au XVIIIe siècle, on n’a pu se procurer aucun renseignement à son égard.

Quelques auteurs ont été même jusqu’à prétendre que le dronte n’avait jamais existé, et que les descriptions qui en avaient été données se rapportaient au manchot et au pingouin ; mais cette opinion était tout à fait insoutenable, car, outre les figures dont nous avons parlé, et le témoignage de naturalistes qui parlaient de l’oiseau comme l’ayant vu, il en existait encore des restes bien reconnaissables, et dont l’origine était connue.

Ray, qui fit paraître en 1676 et 1688 deux éditions de l’ouvrage de Willughby, dans lequel se trouve une description et une figure du dodo, prises du livre de Bontius, ajoute en note qu’il a vu cet oiseau empaillé dans le cabinet de Tradescant. De ce cabinet, l’oiseau passa dans le Musée Ashmoléen d’Oxford, et il est porté sur le catalogue comme y existant en 1700. Il y resta jusqu’en 1755, où les inspecteurs le trouvant en trop mauvais état, le firent jeter, et l’on n’en conserva que le bec et une patte. Une autre patte, provenant des collections de la société royale, se trouve aujourd’hui dans le Muséum britannique.

images (5)C’était là tout ce qui restait du dronte, lorsqu’en 1830 notre Muséum reçut une collection de débris organiques, trouvés en Ile-de-France sous une couche de laves, et envoyés par M. Desjardins. Dans le nombre, figuraient quelques os d’oiseaux, consistant en un sternum, une tête, un humérus et un cubitus. Toutes ces parties furent reconnues par M. Cuvier, pour appartenir au dronte, et lui prouvèrent que cet oiseau devait être rangé parmi les gallinacées. Un voyage que cet illustre naturaliste fit peu de temps après à Londres, lui permit d’examiner le pied qui existe au Muséum britannique, et même les parties conservées au Musée Ashmoléen, les directeurs de cet établissement ayant bien voulu les lui envoyer d’Oxford. Le résultat de ce nouvel examen confirma la première détermination, mais montra en même temps qu’il avait dû exister une seconde espèce un peu différente de la première.

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Les Demoiselles de la campagne

Posté par francesca7 le 14 septembre 2014

 

 

téléchargement (10)Vous voyez voler de tous côtés ces beaux insectes à quatre ailes de gaze, si connus sous le nom de Demoiselles. Leur appétit carnassier contraste singulièrement avec la forme élégante et gracieuse qui leur a mérité ce nom.

Avec quelle ardeur elles poursuivent dans les airs la proie ailée qui rarement peut leur échapper ; portées sur leurs ailes rapides, elles parcourent en un clin d’œil un espace considérable, et saisissent au vol la mouche qu’elles dévorent sans s’arrêter. Tout en elles est approprié à cette vie de rapine ; leurs ailes sont d’une grandeur démesurée, et leurs pieds sont courts et robustes, leurs mandibules sont très fortes, et leurs yeux, plus grands que ceux d’aucun autre insecte, leur permettent de voir dans toutes les directions.

Elles font parties de l’ordre des névroptères, dont elles sont le type ; leurs antennes sont en forme d’alène, composées de sept articles au plus, dont le dernier plus effilé dépasse à peine la tête ; leurs mandibules et leurs mâchoires sont entièrement couvertes par le labre et la lèvre ; elles ont trois petits yeux lisses les deux gros yeux à réseau, et leurs tarses ont trois articles.

On les partage en trois genres : les libellules, les aeshnes et les agrions. Les libellules et les aeshnes ne diffèrent guère que par la forme de l’abdomen, qui est court et aplati chez les premières, et, au contraire, cylindrique, grêle et allongé chez celles-ci. On remarque aussi une certaine différence dans les nervures des ailes, dont les antérieures présentent, près de leur base, chez les libellules seulement, une cellule triangulaire bien remarquable avec la pointe dirigée en arrière. Leurs larves ne diffèrent que par leur forme plus ou moins allongée ; elles ont toutes l’abdomen terminé par cinq lames dures et pointues.

Les agrions, au contraire, se distinguent bien par l’écartement des yeux, par leurs ailes plus étroites, plus faibles, qui sont rapprochées et appliquées les unes contre les autres au lieu d’être étalées. Leurs larves diffèrent aussi beaucoup ; ce sont celles que vous voyez plus effilées et plus délicates ; elles sont vertes et leur corps est toujours terminé par trois lames en nageoire, ce qui leur permet de nager dans l’eau et de se mouvoir avec un peu plus d’agilité. En donnant quelques coups de filet dans les marais, nous allons avoir toutes ces larves en quantité. Elles sont vraiment bien remarquables par la forme singulière de la pièce qui remplace la lèvre inférieure ; cette pièce, que Réaumur nommait la Mentonnière, recouvre, comme un masque, tout le dessous de la tête ; elle est allongée, un peu plus large en avant où elle porte deux crochets mobiles, et s’articule en arrière sur un pédicule presque aussi long et mobile qui leur permet de s’avancer beaucoup. La larve, dont les mouvements sont trop lents pour lui permettre de poursuivre sa proie, se sert de cette pièce pour atteindre le petit insecte téléchargement (11)qui passe à sa portée. Cette longue palette se déploie subitement comme un ressort qui se détend ; elle saisit la proie avec ses tenailles ou crochets, et la rapporte contre les mâchoires.

Une autre singularité de ces larves, c’est leur manière de respirer. Elle font entrer une grande quantité d’eau dans leur intestin, qui est garni à l’intérieur de douze rangées de petites taches noires, symétriques, composées de petits tubes respiratoires ; puis quand cette eau est épuisée de l’air qu’elle contient, elles la lancent avec force, et se procurent ainsi un moyen de changer de lieu, à la manière des pièces d’artifices ou d’artillerie, qui reculent par l’effet de l’inflammation de la poudre.

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Insectes baromètres et thermomètres

Posté par francesca7 le 14 septembre 2014

pressentant pluie, grêle et vent

(D’après « Le Mois littéraire et pittoresque », paru en 1901)

 

téléchargement (8)Sur la seule foi d’observations, nos ancêtres considéraient certains insectes comme excellents thermomètres-baromètres dont il suffisait de scruter le comportement pour prévoir pluie, orage, vent ou encore grêle, tels les grillons, rainettes ou géotrupes

Déjà chez les Anciens — maints passages d’auteurs grecs ou latins l’attestent — on cherchait à prédire le temps, et, comme les observations scientifiques manquaient alors, le peuple érigea en principes des coïncidences fortuites. Virgile, par exemple, va nous renseigner sur les préjugés météorologiques en honneur chez ses superstitieux contemporains. Citons donc quelques vers du chantre de Mantoue traduits par Delille.

Voici d’abord les signes précurseurs de l’orage :

La grue avec effroi s’élançant des vallées
Fuit ces noires vapeurs de la terre exhalées ;
Le taureau hume l’air par ses larges naseaux ;
La grenouille se plaint au fond de ses roseaux ;
L’hirondelle en volant effleure le rivage ;
Tremblante pour ses oeufs, la fourmi déménage.

La pluie se pronostique également avec facilité :

Quand la jeune Phébé rassemble sa lumière,
Si son croissant terni s’émousse dans les airs,
La pluie alors menace et la terre et les mers.

Il faudra craindre les vents :

Quand des feux du soleil, l’Occident se colore
Si de taches semé, sous un voile ennemi,
Son disque renaissant se dérobe à demi.

La grêle s’abattra :

Si de son lit de pourpre on voit l’Aurore en pleurs
Sortir languissamment sans force et sans couleurs.

Au contraire, lorsque l’arc de la lune brille le quatrième jour, le beau temps se maintiendra un mois durant :

Le ciel sera sans eau, l’aquilon sans haleine.
L’océan sans tempêtes…

A quelques-uns de ces pronostics, nos populations rurales accordent encore certaine confiance, et les indications que les hommes des champs tirent des végétaux ou des animaux se sont multipliées au cours des âges. Ainsi on admet que la corolle du liseron se ferme aux approches de la pluie, que le mouron, ce « baromètre du pauvre homme », comme on le surnomme dans les campagnes, tient également ses fleurs closes dans des circonstances atmosphériques analogues, et si la rose de Jéricho contracte ses branches, on peut compter sur la sécheresse. Mais la prédiction du temps basée sur la gent animale paraissait jusqu’ici assez illusoire malgré l’intérêt que lui témoignèrent de grands savants.

 

Rainette de Göldi et rainette verte méridionale

téléchargement (9)Sous ce rapport, l’exemple de la rainette est typique. Le naturaliste Dumeril n’écrivait-il pas, en 1863, à propos de cette jolie petite grenouille verte : « On se fait un hygromètre ou un baromètre vivant en mettant une de ces bestioles dans un vase où l’on a soin de lui donner de l’eau et des insectes pour sa nourriture. Munie dans sa prison de verre d’une petite échelle, son ascension indique que le temps sera sec. » Le maréchal Vaillant soutenait la même thèse, lors d’une discussion relative à l’établissement d’observatoires météorologiques sur toute l’étendue de nos possessions africaines : « La grenouille du père Bugeaud, disait-il, égayé encore aujourd’hui les bivouacs de nos soldats en Afrique. Ce grand homme de guerre consultait sa rainette avant de mettre ses troupes en marche pour une expédition » et, poursuivait l’orateur, il faut se livrer à des observations analogues dans notre colonie afin de démontrer ou d’infirmer leur exactitude. Eh bien, l’expérience a prononcé aujourd’hui. La rainette ne saurait donner un renseignement atmosphérique sérieux.

Au début du XXe siècle, une revue américaine estimée, Popular science monthly, proposa de déterminer la température de l’air par un procédé assez singulier reposant sur le nombre de cris lancés par le grillon dans l’espace d’une minute, nombre variable suivant les oscillations thermométriques. Mlle W. Brooke y formula, en effet, la règle mathématique suivante. Adoptez 72 stridulations par minute à 60° Fahrenheit (15,5°C) et pour chaque série de quatre stridulations en plus, ajoutez 1° Farhenheit ; pour chaque période de quatre stridulations en moins, diminuez de la même quantité et vous obtiendrez une concordance parfaite entre les températures ainsi déterminées et celles relevées au thermomètre — du moins la Broooke nous l’affirme.

Vers le même temps, l’entomologiste avignonnais bien connu J.-H. Fabre, a montré que les géotrupes étaient de distingués météorologistes. Voyons à l’œuvre ces sagaces insectes, et d’abord un mot sur leurs mœurs. Parmi les assainisseurs des champs, les uns, tels que les mouches, les dermestes et les nécrophages, sont chargés de disséquer les cadavres. Une taupe gît-elle éventrée sur le chemin, au pied de la haie, un enfant sans pitié a-t-il lapidé un lézard qu’avril venait de revêtir de sa splendide parure d’émeraude, vite ces petits croque-morts accourent, attirés par le fumet du morceau. Ils charcutent, ils dissèquent et en une journée les minuscules fossoyeurs ont accompli leur tâche. La place est nette.

La seconde catégorie d’insectes préposés par la Nature à la salubrité rurale ne met pas moins d’empressement à faire disparaître les bouses de vaches, le crottin du cheval ou autres déjections d’animaux, et les géotrupes se distinguent entre tous. Ils épurent, ces pauvres « bousiers », avec toute l’ardeur de leurs mandibules, de leurs pattes, et nous n’accordons à ces utiles auxiliaires qu’un regard dédaigneux.

 

 

images (16)Les géotrupes abandonnent seulement leurs repaires vers le crépuscule et, à condition toutefois que l’atmosphère soit calme et chaude, ils se mettent à la recherche des matériaux nauséabonds dont ils vont se repaître avec délice. En une séance nocturne, la souillure choisie par chaque groupe sera enfouie. Mais si la pluie menace ou si le vent souffle, nos stercoraires restent tranquilles, car ils ont amassé sous terre des victuailles suffisantes pour un long chômage.

Fabre décrit dans son mémoire les curieuses expériences qui lui ont permis de tirer ces conclusions et il en résume les grandes lignes en trois cas généraux.

Premier exemple : soirée magnifique. Les géotrupes s’agitent dans la cage où le naturaliste les a enfermés et se montrent impatients d’accomplir leur tournée vespérale, signe de beau temps pour le lendemain. Effectivement, le jour suivant, l’atmosphère fut d’une remarquable pureté.

Deuxième observation : nuit superbe encore. Selon les indications du baromètre et l’état du ciel, le savant naturaliste croit à la continuation du beau temps. Les bousiers ne partagent pas cet avis. Ils ne mettent pas le nez dehors contrairement à leur habitude. L’insecte, plus subtil que l’homme, avait senti l’averse qui tomba un peu avant l’aurore.

Troisième fait, non moins typique. Cette fois, le ciel est couvert et la venue d’une forte ondée semble prochaine. Cependant, grâce à la subtilité de leurs organes, les géotrupes pensent sans doute le contraire puisqu’ils bourdonnent dans leur geôle. La justesse de leur pronostic s’affirme du reste bientôt, les nimbus menaçants se dissipent et, dès son lever, le soleil se montre radieux.

De même, l’état électrique de l’atmosphère influence beaucoup les bousiers. Aux approches de l’orage, par de lourdes et chaudes soirées, ils s’agitent et s’inquiètent plus que de coutume. A cet égard, J.-H. Fabre relate une expérience bien remarquable. Les 12, 13, 14 novembre, les géotrupes de ses volières firent preuve d’une extraordinaire agitation. Quelle était donc le pourquoi ? Une bourrasque avait éclaté sur le nord de la France, et la forte dépression barométrique, cause de la tempête, se répercutait dans la région d’Avignon. Comme le constate le sagace entomologiste, les géotrupes lui parlaient de l’ouragan « avant son journal » ! Faut-il regarder ces constatations comme des coïncidences fortuites ?

Cependant Fabre a vu de même les chenilles processionnaires du pin subir l’influence des perturbations atmosphériques. Bien mieux, elles paraissent pourvues d’organes curieux, véritable arsenal d’instruments météorologiques. Alors, tandis que la rainette serait impuissante à prédire le temps, les géotrupes et les processionnaires constitueraient de merveilleux insectes-baromètres dont la délicatesse laisserait bien loin les indications brutales de la colonne de mercure.

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Le Rossignol Moqueur

Posté par francesca7 le 14 septembre 2014

 

(D’après un article paru en 1834)

 

290px-Luscinia_luscinia_vogelartinfo_chris_romeiks_CHR3635Cusius dit avoir vu chez le baron de Saint-Aldegonde un perroquet qui, chaque fois qu’on l’en priait, riait aux éclats, puis s’écriait avec le ton du plus grand dédain : ô le grand sot qui me fait rire ! Beaucoup de gens entendant cet oiseau pour la première fois s’éloignaient confus en pensant qu’il se moquait d’eux, et il ne leur venait point à l’esprit que c’était la répétition machinale d’une scène préparée d’avance.

Au reste, il n’y a pas besoin de faire grand frais pour préparer de semblables déceptions, et il se trouve toujours assez de gens disposés à se laisser prendre. Ne pouvant croire que le don de la parole soit distinct de celui de l’intelligence, ils consulteraient volontiers un perroquet sur leurs affaires, et lui demanderaient, par exemple, des numéros pour la loterie. La réputation des perroquets est si bien établie, qu’il n’est pas même besoin qu’ils partent pour qu’on leur suppose des idées et des sentiments analogues aux nôtres, pour qu’on les croie sensibles au ridicule et enclins à railler.

J’ai vu, il y a peu de temps, chez un pharmacien de la rue du Bac, un de ces oiseaux mettre une vieille femme fort en colère parce qu’elle supposait qu’il la contrefaisait. Elle était entrée en toussant, et le perroquet s’était mis à tousser avec les mêmes quintes, les mêmes redoublements ; elle faisait des efforts pour cracher, et l’animal semblait arracher avec une peine extrême quelque chose du fond de son gosier. L’imitation était parfaite, mais la scène qui se prolongeait au grand amusement des spectateurs faillit se terminer tragiquement, car la vieille femme, furieuse de se voir l’objet de la risée générale, voulut s’en venger sur le pauvre animal, et si on ne l’eût emporté au plus vite elle allait lui tordre le cou.

Il est inutile de faire remarquer que dans cette circonstance, comme dans tous les cas semblables, l’oiseau est fort innocent des intentions qu’on lui prête, et qu’ainsi par oiseau moqueur on ne doit entendre qu’oiseau imitateur.

Cette faculté d’imitation existe, comme on le sait, non seulement chez le perroquet, mais chez beaucoup d’autres oiseaux, quoiqu’en général chez ceux-ci elle n’arrive pas au même degré de perfection. On a prétendu qu’elle appartenait exclusivement aux espèces dont la voix naturelle est désagréable, ou du moins que c’était à ces espèces seulement qu’il avait été donné d’imiter la voix humaine. C’est, en effet, le cas pour les oiseaux à qui on donne le plus communément ce genre d’éducation, mais peut-être est-ce justement à cause que le geai, la pie, le corbeau ont naturellement un langage fort déplaisant qu’on prend la peine de leur en enseigner un autre. Quoi qu’il en soit, ils ne sont pas les seuls qui puissent apprendre à parler ; l’étourneau, qui siffle assez bien, prononce très nettement, et au bout de peu de temps des phrases entières ; le serin, un de nos plus agréables chanteurs, peut apprendre à parler aussi bien qu’à répéter les airs.

J’en ai vu un qui n’avait eu pour maître de langue qu’une perruche, dont la cage était voisine de la sienne, et qui disait tout ce qu’on avait enseigné à sa compagne. Les rossignols même peuvent prononcer des mots bien articulés, et s’il en fallait croire une histoire rapportée par Conrad Gesner, il s’en trouverait d’assez habiles pour répéter une conversation tout entière.

C’est probablement pour s’associer à ce qui se passe autour d’eux, que des oiseaux privés de liberté, et éloignés de leurs compagnons naturels, apprennent à répéter soit un chant étranger, soit l’air joué sur la serinette, soit les mots prononcés fréquemment devant eux. Ils se résignent difficilement à un isolement complet, et si rien autour d’eux ne peut leur répondre dans leur langue naturelle, ils apprennent la langue de ce qui les entoure.

 

Les rossignols sont au nombre des oiseaux les moins sociables ; on ne les voit jamais se réunir en troupe comme le font nos chardonnerets, nos linottes, nos tarins ; cependant si dans le même bocage deux rossignols ont établi leur nid assez près pour pouvoir s’entendre l’un l’autre, leur chant devient plus vif, plus varié, plus fréquent, il s’établit entre eux une lutte musicale dans laquelle chacun semble déployer tous ses moyens pour l’emporter sur son rival. Si le voisinage ne lui offre aucun oiseau de son espèce, le rossignol place de préférence son nid à portée d’un écho afin que quelque chose du moins réponde à sa voix.

On observe que ce genre d’émulation n’est jamais excité chez l’oiseau en liberté que par le chant de leur propre espèce. Un rossignol ne répond point à une fauvette, ni une linotte à un chardonneret ; chacun d’eux à sa langue propre, et ne semble pas prendre garde aux autres langues qui peuvent se parier près de lui ; pourtant, le cri d’alarme est compris par tous, quoiqu’il soit prononcé différemment par chacun.

alt=Description de cette image, également commentée ci-aprèsNous avons en France un oiseau, la rousserole, qu’on désigne dans plusieurs provinces sous le nom de rossignol moqueur, et le même nom s’applique quelquefois aussi à l’effarvate et à la fauvette des roseaux. Tous les trois ont en effet dans leur chant plusieurs notes, plusieurs passages qu’on retrouve également dans celui du rossignol ; mais ils les ont naturellement, pas du tout par imitation, et ils les ont même quand on les élève en cage dans l’intérieur des villes. Il est à remarquer d’ailleurs que dans l’état de nature ils se tiennent dans des parages très différents de ceux qu’affectionnent les rossignols, de sorte qu’ils ne peuvent avoir que bien rarement l’occasion d’en entendre le chant.

Les plus célèbres moqueurs n’appartiennent pas à nos pays, mais aux parties tempérées de l’Amérique septentrionale ; tels sont le geai bleu, le manakin babillard, et surtout l’oiseau qu’on nomme par excellence le moqueur (turdus polyglottus). Le moqueur américain a tiré de bonne heure l’attention des Européens qui ont visité le Nouveau-Monde, en raison de la variété de ses notes, de l’étendue de sa voix, et surtout de la faculté qu’on lui attribue de pouvoir contrefaire le chant ou le cri des autres animaux. Suivant Fernandez, Nieremberg, Hans Sloane et autres écrivains, il ne se contente pas d’imiter simplement, il embellit tout ce qu’il reproduit, et donne à chaque son qu’il emprunte une grâce et une douceur particulières. Les indigènes eux-mêmes n’étaient pas moins sensibles à ces talents que les Européens ; et dans la langue mexicaine, par exemple, le moqueur était désigné par le nom de cencontlatotli, l’oiseau aux quatre cents langues.

Le moqueur est de la même famille que notre grive commune (turdus musicus), oiseau qui lui-même est un très bon chanteur, et dont la voix est en Ecosse aussi célèbre que l’est chez nous celle du rossignol. Sa taille est à peu près celle du mauvis ; ses couleurs sont celles de la drenne, à cela près qu’il n’a pas le ventre grivelé. Sa robe n’a donc rien de brillant, et quoique ses formes soient assez élégantes, ce n’est réellement que par son chant qu’il peut attirer l’attention ; mais ce chant est d’une douceur et en même temps d’une puissance sans égales.

Lorsque par une belle matinée l’oiseau perché sur le sommet d’un buisson, fait entendre sa voix sonore, tous les gazouillements qui partent des buissons voisins et qui dans une autre circonstance charmeraient l’oreille, sont alors oubliés. Le moqueur d’ailleurs compose à lui seul tout un orchestre, il fait parler successivement tous les instruments, et quelquefois même on dirait qu’il en fait parler plusieurs à la fois. Cette musique se prolonge sans interruption pendant des heures entières et l’oiseau lui-même en paraît transporté de plaisir. Tout son corps frémit ; ses ailes, à demi ouvertes, sont agitées d’une sorte de trémoussement convulsif ; parfois son extase monte à tel point, qu’il ne saurait rester en place, il bondit, il s’élève dans les airs, il y plane quelques instants en faisant entendre ses notes les plus brillantes, puis sa voix baisse par degrés pendant qu’il redescend insensiblement vers la branche d’où il était parti.

A d’autre moments ce n’est plus un chant soutenu, ce sont des notes détachées, ce sont des phrases qui appartiennent à d’autres oiseaux, et qui trompent quelquefois le chasseur ; dans certains cas c’est le cri de l’épervier qu’il imite, et alors, assure-t-on, les petits oiseaux s’enfuient tout effrayés. En un mot, parmi tous les bruits de la forêt, il en est peu qui ne se retrouvent plus au moins ressemblants dans les différents timbres de la voix du moqueur. Cette variété d’intonation, qui est naturelle à l’oiseau, lui donne quand il est réduit en captivité une grande facilité pour reproduire ce qu’il entend ; dans ce cas, il devient réellement imitateur, et il l’est à un degré presque incroyable. Il siffle à la manière d’un jeune poulet, et la poule arrive les ailes traînantes et les plumes hérissées, toute prête à défendre sa progéniture. Il imite avec la même perfection l’aboiement du chien, le miaulement du chat.

Il est d’ailleurs, comme tous les babillards, très peu difficile dans le choix de ce qu’il répète, et il ne s’inquiète guère de mettre de la suite dans ce qu’il dit ; aussi, après avoir imité avec une perfection inconcevable le chant du serin, il s’interrompra tout-à-coup au milieu d’une roulade, et fera entendre le cri d’une roue de brouette mal graissée ou le bruit de la scie du tailleur de pierre.

alt=Description de cette image, également commentée ci-aprèsHeureusement il ne renonce jamais entièrement à son chant naturel, et c’est même le seul qu’il fasse entendre la nuit ; car, de même que notre rossignol, il aime à chanter aux heures où tout est silencieux.

Le moqueur ne fuit pas le voisinage de l’homme. Il n’est pas rare de trouver son nid dans un verger à peu de distance de la ferme ; il ne prend pas grand peine pour le cacher, et il est toujours prêt à le défendre même contre l’homme.

Pris au piège, il s’apprivoise assez promptement, et son chant dans ce cas est plus parfait et se conserve plus pur de mélange étranger que lorsqu’il a été enlevé du nid et élevé loin des bois. Un moqueur remarquable par l’étendue de la voix se vend fort cher, et aux Etats-Unis on en a vu payer jusqu’à cinquante et même cent dollars (200 et 500 fr.) ; leur prix ordinaire est de 60 à 80 fr.

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La faune marine Bretonne

Posté par francesca7 le 31 août 2014

 

La situation géographique de la Bretagne, lieu de transition entre la Manche et l’océan Atlantique, favorise le passage de nombreuses espèces migratrices et offre un cadre de vie d’exception à une infinie variété de mammifères, de poissons et de coquillages.

Oiseauximages (5)

Le goéland argenté est l’oiseau le plus commun du littoral breton ; il repousse même son habitat jusqu’au cœur des villes (à Rennes, sa présence est attestée depuis 1987). Il se reconnaît au gris clair qui recouvre ses ailes (1,40 m d’envergure) et à ses pattes roses. La mouette tridactyle , que l’on confond souvent avec le goéland argenté, est nettement plus petite (1 m) et l’extrémité de ses ailes est noire, ainsi que ses pattes. Avec 1,70 m d’un bout de l’aile à l’autre, le fou de Bassan est le plus imposant des oiseaux de mer. Sa tête jaunâtre achève son long cou et domine de grandes ailes dont la pointe est teintée de noir. Légèrement plus petit (1,50 m) legrand cormoran se distingue de son cousin huppé par sa taille et son corps plus imposants. Tous deux de noir vêtus, ils arborent un bec en forme de spatule de couleur jaune. La plupart des sternes ont le dessus de la tête couronné de noir et n’excèdent pas 90 cm d’envergure (pour la sterne caugek). Leurs ailes et leur queue pointues permettent de les identifier à coup sûr. Le fulmar boréal est assez proche des goélands par la taille, mais il se distingue par la rigidité de son vol plané et par les deux narines tubulaires qui dépassent de sa mandibule. Le fulmar boréal partage cette singularité avec les puffins , les océanites tempête et les albatros , autres espèces de la même famille. L’océanite tempête, justement, est le plus petit volatile à fréquenter les côtes bretonnes. Ses 25 g pour 40 cm d’envergure, ses plumes brun-noir et ses mœurs nocturnes en font aussi le plus difficile à observer.

Le macareux moine , rare et donc aussi difficile à observer, est nettement plus reconnaissable grâce à son bec tricolore et son œil cerclé de rouge. C’est un oiseau pélagique, c’est-à-dire qu’il passe le plus clair de son temps en mer, mais on peut l’observer facilement sur l’île Rouzic, dans l’archipel des Sept-Îles (Côtes-d’Armor).

Coquillages, mollusques et crustacés

À marée basse, la mer dépose sur la grève planctons, micro-algues et autres nutriments qui favorisent la colonisation de l’estran par les coquillages et autres mollusques. Ces derniers font à leur tour le délice des oiseaux, des poissons… et des pêcheurs à pied.

Les bivalves

Le plus célèbre, et le plus consommé des coquillages, est certainement la coque . Vivant en groupes, elle s’enfouit de 10 cm dans le sable humide. Tout aussi réputée, la coquille St-Jacques se pêche quant à elle en mer, surtout du côté de St-Quay-Portrieux qui en est devenu la capitale.

Plus difficile à trouver, car solitaire, la palourde se repère grâce aux deux petits trous qu’elle laisse en surface (à ne pas confondre avec la clovisse , nettement moins savoureuse). Elle adore les cailloutis et noircit au contact de la vase. De son côté, la praire préfère les sables grossiers et il faut aller la chercher loin dans l’estran. On ne la ramasse pas en dessous de 4 cm.

Huîtres et moules sont parmi les plus faciles à repérer : elles restent accrochées à leur rocher, émergeant à marée basse. Les premières font la réputation de Cancale ou de Bélon et, les secondes, de la baie du Mont-St-Michel. Le dernier des bivalves pêchés sur la grève est le couteau , qui se trouve aisément grâce au trou en forme de huit qui aère sa galerie verticale.

Les monovalves

Les monovalves les plus courtisés sont les patelles et les berniques , reconnaissables à leur coque tronconique. Elles ne quittent pour ainsi dire jamais leur rocher. Les bigorneaux , que l’on peut ranger dans cette catégorie, cachent leur coquille en colimaçon dans les algues dont ils se nourrissent. Mentionnons ici un crustacé qui échappe à toute catégorie : le pouce-pied . Constitué d’un pédoncule mou (le pied) et d’un corps recouvert de plaques blanches, il foisonne particulièrement sur les rochers de Belle-Île où sa pêche est très réputée.

Les nageurs et les marcheurs

images (6)Les crevettes sont également très présentes sur les grèves. Il s’agit pour l’essentiel de crevettes grises, aussi appelées crevettes des sables. Plus rares, les bouquets se dénichent dans des mares profondes. De leur côté, les crabes sillonnent l’estran dès la marée descendante. Les verts sont de loin les plus fréquents et parfument à merveille les soupes de poisson. Nettement plus coriace, l’ étrille est également plus recherchée pour sa saveur que l’on compare souvent à celle du homard . Vous aurez peut-être aussi la chance d’attraper un jeunetourteau , reconnaissable à ses pinces disproportionnées. En revanche, ne comptez pas trop attraper un grand crustacé comme la langouste . Autrefois négligée, elle est aujourd’hui victime de son succès et a quasiment disparu des côtes bretonnes. Le homard, quant à lui, ne fréquente que les fonds rocheux proches du littoral et aurait aussi tendance à se raréfier.

Poissons et autres nageurs

Pour les découvrir, vous pouvez visiter un aquarium ou assister à un retour de pêche.

Sardines et maquereaux composent le gros de la faune aquatique côtière. Les premières possèdent un corps fin, élancé et une peau argentée recouverte de fines écailles. Les maquereaux sont beaucoup plus gros, jusqu’à 30 cm, et le dessus de leur peau présente une irisation bleu-vert. Ces deux espèces se déplacent en banc. Vous avez peu de chance de vous retrouver face à face avec une lotte , aussi appelée baudroie. Ce poisson particulièrement hideux – son horrible tête représente la moitié du corps – vit dans les fonds vaseux et peut atteindre 50 kg. Le lieu jaune , à ne pas confondre avec le lieu noir qui fréquente les eaux écossaises, est un poisson très prisé des amateurs ; il mesure jusqu’à 1,30 m. Le bar , poisson très combatif apprécié des pêcheurs pour sa sportivité est également recherché par les gourmands. Pouvant peser 8 kg, il se rencontre dans les eaux agitées et se reconnaît à ses deux nageoires dorsales de même taille et à sa grande tache noire proche de l’ouïe.

Ces vingt dernières années, pas moins de vingt-cinq espèces de mammifères marins ont été observées le long des côtes bretonnes. Phoques gris et veaux marins les fréquentent assidûment, tout comme les dauphins (bleu et blanc, grand dauphin) qui résident à l’année en Bretagne. Vous les verrez en cabotant notamment autour de l’île de Sein ou encore en mer d’Iroise. Le rorqual à museau pointu se laisse aussi régulièrement apercevoir, alors que le rorqual commun est… rare.

Du côté des cétacés de grande taille, on observe au large la visite de quelques spécimens de baleines à bosse et de cachalots.

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Histoire de Rats allaités par une chatte

Posté par francesca7 le 16 juillet 2014

 

 

images (20)Quand on voit un chat prolonger, comme par plaisir, les souffrances de la souris qu’il vient de prendre et que, le plus souvent, il ne mange pas après l’avoir tuée, on serait tenté de le croire animé par le seul sentiment de la haine, et par une haine trop violente pour n’être pas insurmontable. On se tromperait cependant à double titre, d’abord en assimilant ainsi aux passions humaines les instincts aveugles de la brute, puis en les supposant indomptables.

Dans ces jeux qui nous semblent si cruels, nous ne devons, en réalité, voir autre chose que des exercices destinés à donner à l’animal l’adresse dont il a besoin dans l’état de nature pour se rendre maître de sa proie. Sans doute, quand, devenu notre commensal, il en est arrivé à aimer la nourriture que nous lui fournissons plus que celle qu’il obtiendrait par ses propres efforts, il pourrait sans inconvénients (pour lui, non pour nous) s’abstenir de poursuivre les souris ; mais il est dans le cas de bien des hommes qui n’aiment pas le gibier et sont cependant passionnés par la chasse. Ajoutons que ce goût qui lui reste des habitudes sauvages de ses pères, on peut avec des soins le lui faire perdre complètement.

J’ai vu dans Paris, il y a une vingtaine d’années, certain vieillard qui était parvenu à faire vivre en assez bonne harmonie, dans une même cage, un gros chat et une douzaine de rats et de souris. Le chat, sans doute fort ennuyé de son étroite prison, paraissait en général assez endormi ; mais dans les moments mêmes où il était le mieux éveillé, il n’inspirait aucune inquiétude aux rats qui allaient et venaient comme à leur ordinaire, fourraient leur museau pointu à travers les barreaux de la cage pour saisir le morceau de noix que leur présentait quelque enfant, ou, faute de mieux, grignotaient les grains de maïs épars sur le plancher. Les souris n’étaient pas moins imprudentes : je les ai vues maintes fois grimper sur le dos du chat, et, si le temps était pluvieux, chercher un abri sous les longs poils de ses flancs.

L’éducation au moyen de laquelle on obtient de pareils résultats, n’est ni longue ni difficile ; elle réussit presqu’à coup sûr, et je n’aurais pas songé à ajouter ce nouvel exemple à tous ceux qu’on a déjà, s’il ne m’était venu à l’esprit, à l’occasion d’une histoire dans laquelle figurent les mêmes animaux ; histoire qui elle-même m’a été rappelée par une autre que je trouve dans un livre intitulé Olla podrida :

Dans une ferme d’Angleterre, une chatte avait mis bas pendant la nuit, et dès le matin elle avait perdu ses petits : on avait profiter de sa première absence pour aller les noyer au loin. La pauvre mère s’était fatiguée à courir dans la maison, cherchant, appelant, et donnant tous les signes d’une douleur bien naturelle en pareil cas, mais qui, chez les animaux abâtardis par la domesticité, est souvent beaucoup moins vive. Elle était encore en quête lorsqu’un enfant qui la voulait régaler déposa dans le panier d’où l’on avait enlevé les chatons une nichée de jeunes rats qu’il venait de découvrir. La chatte, revenant au bout de quelques instants, trouva ces petits êtres demi-nus et gémissants, auxquels d’abord elle prit à peine garde. Elle se coucha dans son panier sans prendre aucune précaution, mais aussi sans faire aucun mal aux nouveaux occupants.

Ceux-ci furent-ils, dans le premier moment, effrayés en sentant de si près d’eux l’ennemi constant de leur race ? Je serais très porté à le croire. Quoi qu’il en soit, ils se remirent promptement, et le besoin leur aidant à surmonter une antipathie naturelle, ils saisirent les mamelons de la chatte et commencèrent à téter de bon appétit. La nourrice les laissa faire d’abord sans colère ; puis, éprouvant peut-être quelque soulagement par suite de cette succion, elle commença à y prendre plaisir. Bientôt elle s’intéressa aux petits rats, et avant la fin de la journée elle s’était déjà occupée de faire leur toilette. Dès ce moment elle les avait adoptés.

Tous les habitants de la ferme étaient venus voir cette singulière famille ; les voisins accoururent à leur tour ; enfin les visites se multiplièrent au point de devenir une véritable incommodité, et pour y mettre un terme on prit le parti de détruire les petits rats. Je regrette que l’expérience n’ait pas été poussée jusqu’au bout : il eût été curieux de voir si, une fois capables de vivre par eux-mêmes, nos jeunes animaux n’eussent pas été empressés de fuir leur nourrice ; de voir si elle-même, du moment où elle ne leur aurait plus été nécessaire, n’eût pas perdu pour eux toute affection. Qui peut dire si, l’ancien instinct reprenant le dessus, elle n’eût pas un beau jour fait curée de ces êtres dont elle avait pris d’abord tant de soin ?

 (D’après un article paru en 1845)

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Le plus gracieux de tous les rongeurs

Posté par francesca7 le 16 juillet 2014

images (19)L’Ecureuil est le plus joli, le plus svelte, le plus gracieux de tous les rongeurs. Il n’est personne qui n’ait eu l’occasion d’admirer, dans ces cages tournantes où l’on a trop souvent la cruauté de l’enfermer, son œil vif, sa physionomie fine, la gentillesse de ses mouvements, l’élégance de cette longue queue en panache qu’il relève jusque par-dessus sa tête. Il a aussi cette originalité qu’il mène une vraie vie d’oiseau. Il choisit un grand arbre dans les plus hautes futaies, et il y vit en famille. Il saute de branche en branche, passe sur les arbres voisins, monte, descend, fait mille gambades avec une prestesse incroyable ; l’œil le plus exercé peut à peine le suivre dans ses évolutions, on pourrait dire dans son vol.

A son extrême légèreté, il joint beaucoup de malice pour se dérober à votre regard : s’il vous a vu, il aura soin de mettre toujours le tronc de l’arbre ou une grosse branche entre vous et lui ; changez de place, tournez, retournez autour de l’arbre, il tourne et retourne en même temps que vous. On peut se promener pendant plusieurs heures dans une forêt peuplée d’écureuils sans en apercevoir un seul, si l’on n’a pas pris la précaution de marcher en silence.

Les dehors séduisants, les qualités brillantes qui plaisent aux yeux, ne sont pas les seuls avantages de l’écureuil ; il se recommande encore par des qualités solides : il est excellent père de famille ; il montre le plus grand attachement pour sa femelle et ses petites ; il se fait brave, il devient téméraire pour les défendre.

Les chasseurs ont remarqué qu’ils tuaient beaucoup plus de mâles que de femelles : la raison en est que le mâle reste en arrière et s’expose pour couvrir la retraite des siens. La mère n’a pas moins de tendresse pour ses enfants. Dupont de Nemours raconte qu’en 1785, quand on abattit le parc de Versailles, on le trouva rempli d’une multitude d’écureuils dont à peine jusque-là on avait soupçonné l’existence. « Leur désolation fut affreuse, dit-il ; les mères couraient éplorées de côté et d’autre, à travers les arbres renversés, leurs petits dans les bras, ne sachant où les cacher. Les mâles bordaient l’abatis, se précipitant du côté où paraissaient les curieux, disant, avec leurs grimaces, toutes sortes d’injures, leur dernière ressource. »

Nous avons dit que les écureuils mènent une vie d’oiseau ; c’est aussi à la manière des oiseaux qu’ils font leur nid. Ils le placent au faîte d’un arbre élevé, souvent sur un vieux sapin. Ils commencent par apporter dans leur bouche du gazon sec, de la mousse, qu’ils déposent sur une grosse branche ou dans une enfourchure, puis des bûchettes qu’ils entrelacent, pressent, foulent à mesure. Quand le fond de la couche est fait, ils en élèvent les bords, et par-dessus mettent un toit ; ils n’y laissent qu’une ouverture vers le haut, à peine assez large pour passer. Ce petit édifice se confond tellement avec la ramure de l’arbre qu’il est presque impossible de l’apercevoir.

Mais ce n’est pas assez pour l’écureuil de se mettre à l’abri ; malgré sa vivacité, il n’est rien moins qu’étourdi et imprévoyant : il songe à s’assurer des vivres pour les temps de disette. Le creux d’un arbre, une fente de l’écorce, quelquefois un trou en terre, dans un lieu sec, lui servent de magasin ; il y entasse force glands, faînes ou noisettes.

 

Ses provisions dépassent même de beaucoup ses besoins. De la prudence à l’avarice, on sait qu’il n’y a qu’un pas. Une preuve que l’écureuil en amassant ainsi obéit surtout à la manie de thésauriser, c’est qu’en captivité, au milieu d’une abondance assurée, on l’a vu se livrer à ce même excès de prévoyance. Un naturaliste anglais, le docteur Jonathan Franklin qui, pendant un séjour en Amérique, avait plusieurs de ces animaux apprivoisés (de l’espèce appelée écureuil volant, Pteromis), raconte qu’au lieu de se contenter de la nourriture qu’ils pouvaient absorber, ils ne manquaient jamais d’emporter le superflu.

« Un jour, dit-il, ils s’amusèrent à cacher dans les faux plis de mon pantalon les noisettes que je leur avais données sur mes genoux pendant que j’étais assis. Au bout de quatre jours, je leur ouvris la porte de la cage, et les écureuils vinrent aussitôt examiner les faux plis de mon pantalon pour y retrouver les trésors qu’ils y avaient enfouis… « Mes amis s’amusèrent plus d’une fois à observer les écureuils tranquillement assis sur la corniche de la chambre jusqu’à ce que le thé fût servi. Ces animaux descendaient alors les uns après les autres, soit sur ma tête, soit sur ma table, et volaient des morceaux de sucre si habilement que nous pouvions rarement les attraper sur le fait. Nous fûmes souvent obligés de placer une soucoupe en guise de couvercle sur le sucrier, afin de conserver quelques morceaux pour nous-mêmes. Ils guettaient alors l’occasion d’enlever notre pain rôti et notre beurre, qu’ils portaient sur la corniche, puis ils rôdaient çà et là jusqu’à ce qu’ils crussent avoir trouvé une place sûre pour les y cacher. Cette opération exige quelques formalités : ils grattent alors avec leurs pieds de devant, poussent la nourriture dans le trou avec leur museau et marchent dessus, comme font les Arabes pour cacher le grain dans les silos.

« Un jour que l’on était en train de repeindre ma chambre, nous trouvâmes dix-huit morceaux de sucre, sans compter les rôties et les fragments de beurre, dans les recoins de la corniche. Naturellement les écureuils n’eurent point la permission de faire leur promenade du soir tout le temps que dura la restauration de mon logis ; mais, après trois semaines ou un mois d’emprisonnement, je leur donnai de nouveau congé. Nous nous divertîmes fort de voir leurs allées et venues continuelles, leur anxiété et leur désappointement, quand ils découvrirent que leurs provisions avaient disparu. Dès que le thé fut servi, ils recommencèrent à voler le sucre ; mais cette fois ils le cachèrent dans d’autres coins de la chambre, sous le tapis et derrière les livres. »

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Chiens célèbres

Posté par francesca7 le 29 juin 2014

 
héros ou acteurs ingénieux

(D’après « Ma revue hebdomadaire illustrée », paru en 1908)

 

 
Chien-soldat

 
Qu’ils s’illustrent par un héroïsme déroutant, par leur capacité à faire montre d’une ingéniosité peu commune, ou encore par leur côté cabot pour le plus grand plaisir du public, certains représentants de la race canine marquèrent leur temps, ainsi que nous l’explique Henri d’Alméras en 1908

Le 30 novembre 1903, la population de Baltimore, ou du moins une notable partie de cette population, assistait à de solennelles obsèques. Derrière un char empanaché marchaient lentement des hommes, des femmes qui paraissaient très impressionnés. On arriva au cimetière et aussitôt un orateur se détacha de la foule, s’avança vers le bord de la fosse, et prononça, avec une émotion très visible, l’éloge funèbre du défunt. Il loua sa douceur, sa fidélité, son attachement, ses qualités morales et intellectuelles. Il remarqua en terminant que-jamais celui dont on pleurait le trépas prématuré n’avait mordu personne, à moins de se trouver en état de légitimé défense, et qu’il n’aboyait que lorsque c’était indispensable. C’était en effet un chien qu’on enterrait ainsi, le chien d’un certain Harson, qui, en le perdant, avait cru perdre le meilleur dé ses amis. 

Evoquons un souvenir moins triste. Le 3 novembre 1904, dans un hôtel particulier de Newport, chez Mme Harry Lair, on donnait un somptueux dîner. La table était décorée de fleurs, de magnifiques dahlias, et de candélabres garnis d’abat-jour rouges. Sur des chaises hautes, comme celles dont on se sert pour les enfants, étaient assis, un peu intimidés, les convives, et ces convives étaient sept chiens, qui portaient au cou de belles serviettes blanches. Le menu se composait de quelques hors-d’œuvre, saucisson, tranches de jambon, beurre, etc., de côtelettes bien appétissantes et qui obtinrent un vif succès, de crème à la glace et de chocolat. A la fin, on servit un gâteau orné de cette inscription : « Mighty Atom, trois ans. » Mighty Atom (Puissant Atome) était un loulou de Poméranie, le chien de Mme Harry Lair, et pour fêter ses trois ans on avait invité tous ses amis. Les convives furent, paraît-il, d’une correction parfaite, et, le repas terminé, ils n’oublièrent pas de remercier, par quelques aboiements discrets, la maîtresse de la maison.

Il y avait jadis à Saint-Ouen un chien qui se signalait à la fois par son humeur indépendante et par sa roublardise. Il employait pour se faire nourrir un truc admirable : il suivait les enterrements. A la porte du cimetière, il s’arrêtait et attendait la sortie du cortège. Il choisissait alors un des groupes et pénétrait avec lui au cabaret, où il trouvait toujours le moyen de se faire donner quelque morceau de pain ou de fromage. En 1884, il craignit sans doute d’être brûlé à Saint-Ouen, et on ne le revit plus. Il était allé suivre les enterrements dans un autre quartier. Ce croque-mort à quatre pattes n’était qu’un habile arriviste ; mais, bien au-dessus de lui, doués d’une intelligence et d’une moralité très supérieures, certains chiens ont acquis une réputation que la plupart des hommes ambitionnent en vain, et laissé un nom, moins glorieux sans doute que celui d’Homère, d’Annibal, de Shakespeare ou de Napoléon, mais qui a eu et gardera longtemps sa place dans l’histoire.

Je ne parle pas, bien entendu, écrit d’Alméras, du chien de Jean de Nivelle, par la bonne raison que ce chien était un homme. Jean de Nivelle était le fils de Jean de Montmorency, grand chambellan de . France sous Charles VII. Au moment de la guerre dite du Bien public, guerre éminemment patriotique, il s’engagea dans le parti, opposé au roi Louis XI. Son père en éprouva une telle indignation qu’il le fit sommer à son de trompe de revenir à la bonne cause, et la sommation n’ayant eu aucun résultat, il le traita de chien. De là le dicton qui date de plus de cinq siècles et qu’on emploie souvent sans en bien connaître le sens :

C’est le chien de Jean de Nivelle
Qui s’enfuit quand on l’appelle.

Soter n’était pas un traître comme le fils de Jean de Montmorency, et, loin de s’enfuir quand on l’appelait, il montra un héroïque courage quand le pays qui l’avait vu naître eut besoin de son dévouement. Ce pays, Corinthe, entretenait une garnison canine composée de cinquante molosses, y compris Soter. Les ennemis avaient débarqué pendant la nuit et s’approchaient de la ville, avec l’espoir de la surprendre. Ils avaient compté sans les terribles molosses qui faisaient bonne garde et qui se précipitèrent à leur rencontre, aussitôt qu’ils les entendirent. Dans le combat qui s’engagea entre les ennemis et les chiens, quarante-neuf de ces derniers furent tués. Il ne resta que Soter, qui revint à la ville, réveilla par ses aboiements furieux les soldats, les entraîna vers le rivage et leur permit ainsi de repousser les envahisseurs. Le Sénat de Corinthe fut reconnaissant. Il donna au molosse qui venait de se signaler non seulement par sa vaillance, mais par sa présence d’esprit, un collier d’argent qui portait cette inscription : « Soter, défenseur et sauveur de Corinthe. »

 Moustache

Le chien Moustache

 

Bien longtemps après, un lévrier nommé Mustapha se distingua si bien à la bataille de Fontenoy qu’il eut l’honneur d’être présenté au roi d’Angleterre, George II, et gratifié par lui d’une pension alimentaire. Sous la Révolution et sous l’Empire, les chiens se montrèrent aussi héroïques que les hommes. Ce n’est pas peu dire. La race canine eut ses Hoche et ses Marceau. Le plus célébré de tous ces guerriers fut Moustache, caniche de son métier. Comme Soter, il évita au camp français une surprise de l’ennemi. En récompense de cette action d’éclat, il reçut chaque jour une portion de grenadier et, ce qui dut lui être moins sensible, il obtint, sans l’avoir désirée ni sollicitée, la faveur d’être peigné et tondu par le perruquier du régiment. Minette eut moins de réputation et cependant Minette se signala à Sébastopol et à Solférino, autant que Moustache à Austerlitz. Quand elle mourut, chargée d’années, à quinze ans, ses funérailles furent célébrées avec pompe et beaucoup de soldats, la traitant en vieille camarade, y assistèrent.

Comment se fait-il, pourrait me demander un ami des bêtes, poursuit d’Alméras, qu’on n’ait jamais songé à gratifier de distinctions honorifiques des chiens si méritants alors qu’on les accorde si facilement à des hommes qui n’y ont aucune espèce de droit ? Eh bien, il y a eu un chien décoré, mais pas en France où pourtant on abuse des décorations, en Angleterre. Ce chien décoré s’appelait Bob. Il avait pris part comme Minette à la guerre de Crimée, et tant qu’elle dura, on le vit, infirmier volontaire, s’installer près des blessés, les lécher, et témoigner par ses regards affectueux et par ses caresses du chagrin que lui causait leur état. Bob prenait au sérieux son rôle de consolateur et il ne touchait pour le jouer aucun traitement. Heureusement, la reconnaissance, au moins à l’égard des chiens, n’est pas un vain mot. On s’aperçut des procédés délicats et des soins dévoués de Bob. On lui donna une médaille d’honneur et on inscrivit son nom sur les registres du régiment, pour qu’il pût répondre à l’appel. La guerre terminée, il figura à son rang à la revue passée à Londres devant la reine Victoria et, avec sa médaille, ce n’était pas lui qui avait la moins fière mine. 

Beaucoup de chiens ont été d’excellents acteurs, je n’ose pas dire d’excellents cabots. Un des derniers en date s’appelait Moustache, comme le héros dont nous parlions tout à l’heure, et il jouait au théâtre de la Gaîté, en 1902, dans une opérette de Décourcelle et Varney, leChien du régiment. Il aboyait si bien son rôle que le public chaque soir l’applaudissait à tout rompre et que les autres acteurs commençaient à en être jaloux. Je m’étonne qu’on ne l’ait pas empoisonné. Caniches, carlins, bouledogues, ratiers ou levrettes, certains chiens n’ont été célèbres que grâce à leurs maîtres. Chien de grand homme, c’est encore un moyen d’arriver à la postérité.

Saladin, un lévrier kirghiz de Samarkand, fut l’ami de Stéphane Mallarmé et lui doit un rayon de gloire. Bitume, dont la race était indécise, partagea la bonne et la mauvaise fortune d’Emile Goudeau. Barrès eut, entre autres chiens, devenus des chiens importants et exceptionnels par le seul fait qu’ils lui appartenaient, le danois Porthos et le caniche Simon, fils d’une certaine Frimousse, dont Jules Lemaître parla dans un de ses articles.

Quant à Pain-Perdu, le chien de Mistral, c’était une bête quasi fantastique, trouvée par le grand poète et à propos de laquelle il écrivait : « Comme Pain-Perdu (c’est le nom d’un vieux troubadour, que je donnai au dernier venu) à certaines allures mystérieuses et cabalistiques ; comme, à certains moments, il tourne sur lui-même vertigineusement en se mordant la queue ; comme parfois il me regarde avec des yeux humains étonnamment perçants ; et comme il n’appartient à aucune des races connues dans le pays, j’ai fini, Dieu me pardonne, par me persuader que quelque bon ancêtre avait choisi cet avatar pour me protéger, qui sait ? dans quelque danger à venir. »

 

 

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