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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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JETER SON BONNET PAR-DESSUS LES MOULINS

Posté par francesca7 le 4 octobre 2015

 

EXPRESSION FRANCAISE

bonnet par dessus les moullinsLa libéralisation des mœurs poussant aux oubliettes les obligations de pruderie qui corsetaient nos grand-mères, les filles jettent leur bonnet par-dessus les moulins sans que la rumeur publique en fasse un chagrin.

Il n’empêche que cette métaphore aussi jolie qu’impénétrable pose, parmi tant d’autres, un sérieux problème d’interprétation.

Ce que l’on sait de source sûre, c’est qu’avant de faire allusion à un quelconque badinage – ce dernier sens ne semble s’être développé que vers la fin du siècle passé – l’expression indiquait le renoncement à quelque chose, en particulier à poursuivre une histoire entamée. C’est en ce sens, accentué sans doute par l’idée d’un commencement de déshabillage et l’inconvenance qu’il y avait naguère pur une dame à être décoiffée, que le mot s’est appliqué à une femme qui renonce soudain aux tabous sociaux et à sa bonne conduite pour n’en f aire joyeusement qu’à sa tête…

La locution est définie pour la première fois en 1640 par Antoine Oudin ; « Je jettay mon Bonnet par-dessus les moulins ; le vulgaire se sert de ce quolibet lorsqu’il ne scait plus comment finir son récit« . Le sens premier serait donc une sorte de « langue au chat » de celui qui, pressé de questions – « Eh alors ? Et après ?…  » – s’en sort par cette pirouette. C’est ainsi que Mme de Sévigné reprend le « quolibet » à son compte : « Je jette mon bonnet par-dessus les moulins et je ne sais rien du reste ». La Fontaine disait aussi :

L’affaire est consultée, et tous les avocats,

Après avoir tourné le cas,

En cent et cent mille manières,

Y jettent leur bonnet, se confessent vaincus.

Ces choses étant établies, pourquoi un conteur à court d’inspiration se servait-il de cette formule bizarre ? A cause justement de son absurdité ? Pour montrer que sa tête est vide ? A la rigueur jeter son bonnet peut signifier le renoncement. On est parfois témoin de cette gestuelle chez des gens excédés, obligés d’abandonner une entreprise – faire démarrer une voiture par exemple – et qui jettent rageusement leur couvre-chef à terre, quitte à le piétiner pour se soulager les nerfs. Mais il y a là une notion de violence qui ne convient guère à la légèreté, voire à la joyeuseté, que suppose l’expression.

Et puis que viennent faire les moulins dans cette aventure ?… Pourquoi ce pluriel incongru ? Dans l’impossibilité de rien affirmer, je risquerai à nouveau une conjecture personnelle.

D’abord, j’imagine qu’il s’agit de moulins à vent. Je vois mal l’intérêt de lancer sa coiffure par-dessus le toit banal d’un moulin à eau dans l’encaissement d’un vallon. Tandis que des ailes qui tournent sur une colline, cela peut être un jeu… C’est tentant. Ensuite les moulins à vent étaient quelquefois groupés sur une hauteur propice ; ce serait une timide justification du pluriel – tout à fait impossible avec des moulins à eau.

Ce qui est certain c’est que les moulins étaient autrefois des lieux d’échanges et de rencontres permanents, sièges traditionnels de haute sociabilité villageoise. « Qui veut ouïr des nouvelles, au four et au moulin, on en dit de belles » est un vieux proverbe. On y organisait même des fêtes populaires que l’on appelait des « moulinages » et qui consistaient en mascarades, farces et bals champêtres. Peut-on imaginer que l’expression ait vu le jour dans ce genre de festivités ?

J’imagine volontiers un jeu comparable à celui qui consiste aujourd’hui à continuer une histoire commencée par son voisin et qui se développe de proche en proche selon la fantaisie des participants ; Pourquoi les joueurs à court d’imagination n’auraient-ils pas reçu comme gage de faire des choses difficiles et souvent absurdes pour se racheter, et pour la plus grande joie de l’assistance ? Comme de jeter leur bonnet par-dessus les ailes du, ou des moulins ?… Sans qu’il reste accroché bien entendu.

Un gage qui en vaut bien un autre et qui d’ailleurs peut servir à bien d’autres jeux que des jeux d’improvisation verbale. Les conteurs à bout de souffle auraient alors pris l’habitude de faire allusion à ce gage traditionnel pour s’excuser de leurs interruptions … Une naissance dans ce contexte de fête rustique s’accorderait assez bien avec la remarque d’Oudin selon laquelle c’est le « vulgaire » qui utilisait l’expression.

Bien sûr ce n’est là que ma fantaisie… Pour plausible qu’apparaisse une telle suggestion elle n’en est pas moins hasardeuse. En tout cas je n’en sais pas davantage, et c’est bien le moins qu’au terme de cet ouvrage je jette très symboliquement mon bonnet par-dessus les mêmes moulins.

 

Extrait de La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton

 

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Les Idiomes de la langue Française

Posté par francesca7 le 3 octobre 2015

 

 

francaisDans notre vie quotidienne, nous utilisons tous les jours de façon naturelle et inconsciente des expressions pour désigner certaines circonstances. Nous ressentons un réel besoin de les utiliser pour exprimer de manière claire et profonde nos émotions, car les mots à eux seuls ne suffisent pas à les décrire. L’expression fort comme un Turc dans l’exemple cité plus haut signifie « devenir habile, imbattable physiquement » et non pas « devenir Turc » au sens propre. De même, l’expression avoir un poil dans la main est-elle une image qui signifie « être paresseux ». Dans ces expressions, nous remarquons clairement que les mots perdent leur autonomie, et que le sens est celui de l’expression prise dans son ensemble. 

La langue française comporte plusieurs dizaines de milliers d’expression de ce genre, qu’on appelle idiomes dans la terminologie linguistique.

Qu’est-ce donc, qu’un idiome ?

Un idiome (du grec idios, « propre ») est l’ensemble des moyens d’expression (langage, modes de pensée) d’une communauté donnée relatif à un de ses domaines d’activité spécifiques. 

Un idiome est toujours composé d’un certain nombre de mots que l’on regroupe pour exprimer quelque chose de différent par rapport à l’acception originelle de chacun des mots lorsqu’ils sont utilisés seuls. La façon dont les mots sont regroupés est souvent bizarre, illogique, voire même grammaticalement incorrecte. Mais il existe aussi des idiomes qui sont tout à fait réguliers et logiques dans leur construction.

En tout cas, une des particularités importantes des idiomes est que nous devons apprendre la forme entière comme un tout. Et surtout, nous ne pouvons pas la plupart du temps en modifier ne serait-ce qu’une partie (à l’exception peut-être du temps du verbe).

Il est important de souligner ici que les idiomes ne sont pas nécessairement des expressions familières, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens. On les rencontre aussi bien dans le registre formel que dans le registre informel (dans le jargon argotique, par exemple). L’arrangement inhabituel ou le choix des mots dans la composition des idiomes reste toujours inexplicable. 

Un des points importants à relever ici, c’est bien entendu la dimension culturelle des idiomes.

Par exemple, les Anglais emploient souvent l’idiome when the Ethiopian changes his skin, qui signifie littéralement « Quand les Éthiopiens changeront de couleur de peau ». Synonyme de jamais, on l’emploie pour signifier qu’une chose est impossible. On sait que les Britanniques avaient par le passé colonisé la plupart des pays d’Afrique noire. C’est ce qui explique que nombre de leurs idiomes soient liés à la perception qu’ils avaient des peuples autochtones. Dans cet exemple, la focalisation sur la couleur de peau des Éthiopiens sert à dire « jamais ».

En français l’idiome quand les grenouilles auront des queues signifie la même chose. Alors pourquoi la grenouille ? Connaissant la place de cet animal dans la tradition culinaire française, le choix de cette forme s’explique aisément. Les batraciens, on le sait, sont des animaux sans queue. Mais, qui, mieux que les Français, sait que les grenouilles sont dépourvues de cet attribut, eux qui les élèvent dans des étangs spécifiques pour le seul plaisir de la table ? 

Ces quelques exemples montrent assez clairement qu’il existe des traits caractéristiques liés à la culture des peuples. Les idiomes peuvent apparaître dans la poésie, dans la langue d’un Shakespeare ou d’un Molière, aussi bien que dans les Livres sacrés. Ils sont l’expression du génie national d’un peuple. C’est à travers les idiomes que nous observons la richesse historique, spirituelle et humaine d’un peuple. Ils renvoient aux croyances associées aux activités de la vie et de la culture. On songe immanquablement ici au célèbre mystique musulman Roumi qui, dans ses œuvres, faisait un usage merveilleux des idiomes.

Notes
1- J. Rey-Debove & M.-H. Drivaud, Le Robert quotidien. Dictionnaire pratique de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Paris, 1996.
2- Djalal-ad-Din Roumi, Mathnawi : La Quête de l’Absolu, Editions du Rocher, Paris, 1990.

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TIRER LE DIABLE PAR LA QUEUE

Posté par francesca7 le 1 octobre 2015

 

EXPRESSION FRANCAISE

 Diable

Le diable est un personnage de la plus haute importance dans la mythologie occidentale des siècles passés. Il est même étonnant, à la réflexion, que les chrétiens aient cru devoir donner à leur Dieu un rival de cette envergure, sinon dans les hautes sphères de la théologie, du moins dans l’imagination dite populaire. C’est vrai qu’il faut essayer de contenter tout le monde. 

Donc en tant que chef de l’opposition, le diable, dit Satan, ou Lucifer, ou encore le Malin, a laissé des traces abondantes dans l’historie de la langue. Les plus vivantes encore à l’heure actuelle sont des locutions telles que « pauvre diable », « aller au diable », « se faire l’avocat du diable » – du religieux qui, à Rome, est chargé de contester les mérites d’un futur saint dans une procédure de canonisation – ainsi que l’expression courant des misères laborieuses : « tirer le diable par la queue ». 

Etant donné le caractère hautement mystérieux du personnage invoqué, je suppose qu’il est assez normal que cette façon de parler reste totalement opaque, et que les essais d’explication  à son sujet soient demeurés vains. Comme l’avoue P.Guiraud, « nous devons renoncer à savoir pourquoi on dit : tirer le diable par la queue » On est donc réduit à évoquer des directions et à formuler des hypothèses. 

Tout d’abord l’expression ne paraît pas particulièrement ancienne ; les premiers exemples remontent à la première moitié du XVIIè sicèle. Scarron fait dire au comédien la Rancune dans le Roman comique (1651) : « Je brouille un peu du papier aussi bien que les autres ; mais i je faisais des vers aussi bons la moitié que ceux que vous me venez de lire, je ne serois pas réduit à tirer le diable par la queue et je vivrois de mes rentes… » Dix ans plus tôt Oudin définissait l’expression : Travailler fort pour gagner sa vie ». 

Maurice Rat l’explique ainsi : « L’homme dénué de ressources et à bout d’expédients finit par recourir à l’assistance du diable ; le Malin la rebute, tourne le dos au malheureux qui l’implore, pour l’induire davantage en tentation ; l’autre alors le tire par la queue ». 

Peut-être, mais c’est faire comme si le diable était un voisin familier qui apparaît en personne, en cornes et en queue, à la demande, et si la scène se reproduisait quotidiennement à tus les carrefours ; les Locutions naissent généralement à partir d’événements concrets, de manifestations réelles et non de songes plus ou moins collectifs. Faut-il rapporter cette allégorie à quelque passage traditionnel des anciens Mystères où les malheureux auraient supplié le diable doit leur venir en aide ? On ne trouve aucune trace de ce genre de scène dans les spectacles en question. Peut-on penser aux sorcières poussées par la misère à invoquer le diable ? Rien ne permet de l’affirmer ; Mais surtout une telle interprétation ne tient pas compte du sens d’efforts continuels et mal rémunérés ; et surtout la damnation qu’elle suppose s’accorda mal avec l’idée de travail honnête que contient l’expression. 

Par contre, retenir par la queue un animal qui tente de s’échapper, un veau ou un cochon par exemple, est l’image même d’une agitation et d’un effort un peu désespéré, au résultat précaire. En général tenir un animal par la queue est le plus mauvais moyen de le maîtriser, le plus malcommode, celui qui donne le plus de peine et qui en outre présente toujours le danger de se faire « conchier ». « Il n’est mie loin du cul qui a la queue le tient », dit un proverbe antérieur au XVè siècle – sans que l’on sache du reste de que la bête il s’agit. C’est l’inverse de la manière facile de s’emparer d’un bestiau qu’époque cet autre vieux proverbe : « Dieu donne le boeuf, mais ce n’est pas par la corne », c’es t à dire il faut se donner du mal pour le mettre dans son étable ; Cela dit pourquoi essayer de retenir le diable. Faute de solution je hasarderai une hypothèse personnelle. 

Autant que l’on puisse en juger, l’expression semble signifier dès le départ que malgré le travail on manque d’agent pour vivre. « Faut-il toujours labourer et tirer le diable par la queue ?  » dit Mme de Sévigné. Or depuis des temps fort lointains on disait d’une bourse vide qu’elle contenait le diable ; cela à cause de la croix que portaient au revers les anciennes pièces de monnaie. Cette croix était le symbole de l’argent, comme l’indique Villon dans sa Requeste à Monseigneur de Bourbon :

 

Francoys Villon, que Travial a dompté

A coups orbes, par force de bature,

Vous suplie par ceste humble escripture

Que lui faciez quelque gracieux prest.

Argent ne pens a gippon n’a sainture

Beau sire Dieux ! je m’esbaïs que c’est

Que devant moy croix ne se comparoist

Si non de bois ou pierre, que ne mente

Mais s’une fois la vraye m’apparoist,

Vous n’y perdrez seulement que l’attente.

 

La « Vraie croix » est ici celle des louis et pistoles. C’est la seule image qui puisse chasser le diable, lequel, par contre, peut loger à son aise dans une bourse complètement vide d’écus. 

Un homme qui n’avait ni crédit, ni ressource,

Et logeant le diable en sa bourse,

C’est-à-dire n’y logeant rien.

S’imagina qu’il ferait bien

De se pendre…

 raconte La Fontaine (Fable IX,16). Au XVIè siècle Mellin de Saint Gelais, le poète de François 1er met en scène le vieux dicton, lorsqu’un charlatan ayant fait le pari de montrer le diable à l’assistance exhibe soudain une bourse vide avec ce commentaire : 

Et c’est, dit-il, le diable, oyez-vous bien ?

Ouvrir sa bourse et ne voir rien dedans.

 Il est intéressant de  noter que l’idée de cette veille facétie a traversé les siècles dans la bouche des impécunieux. On la retrouve intacte après 1900 chez un vieux carrier du Gâtinais cité par son fils : « Mon père il disait : « Le Bon Dieu, c’est quand mon porte-monnaie il est plein, quand il est vide, c’est le diable ». 

Les anciennes bourses étaient fermées par un lacet, le fameux « cordon de la bourse », que l’on serre ou desserre selon les besoins, et qui sert à la suspendre à la ceinture ou à la porter à la main. Ce cordon serait-il la queue du diable quand la bourse est vide ?… Tirer le diable par la queue, une image désargentée associée à l’idée de lutte avec un animal saisi par cette extrémité ?… La proposition est engageante. Est-elle vraie ?… Mystère !

 

Extrait de La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton 

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Un parler fruité pas que poétique

Posté par francesca7 le 21 septembre 2015

‘expression  

orange-Avoir la banane, avoir le melon, la peau d’orange, tomber dans les pommes, presser le citron, se fendre la poire… Un grand nombre d’expressions botaniques ne nécessitent pas d’explications de textes. La métaphore parle d’elle-même. D’autres, en revanche, font référence à une histoire ou une caractéristique précise qui mérite le détour. Comment ramener sa fraise sans être aux fraises…

Avant de finir par sucrer les fraises, triste sort que le boom des maladies neurodégénératives nous promet, « allons aux fraises »… D’où nous vient cette manière subtile de dire à un ou une partenaire de s’isoler pour un moment coquin ? De ce temps pas si lointain où l’on ne trouvait dans nos contrées que de délicates fraises des bois. La grosse fraise actuelle, bien moins savoureuse que cette petite, n’a été rapportée des Amériques qu’au XVIIIe siècle, époque à laquelle il était plus facile de trouver un fraisier dans un bois tranquille (et propice aux galipettes) que dans un jardin. Si vous allez aux fraises, Monsieur vous demandera peut-être de lui « lâcher la grappe » (expression très virile à l’origine), et Madame vous offrira son petit abricot…

De la même façon, dire « Je t’apporterai des oranges » nous rappelle qu’avant que nos rayons fruits et légumes n’en regorgent, et jusqu’à l’apparition du réseau des chemins de fer au XIXe siècle, l’orange était un fruit rare en France. On ne la consommait qu’en bordure de la Méditerranée : plus au nord, c’était une gourmandise que l’on offrait à Noël (les martphone de l’époque) ou que l’on servait exceptionnellement dans les cantines militaires, les hôpitaux ou les prisons pour rompre la monotonie des repas roboratifs.

 

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DECOUVRIR LE POT AUX ROSES

Posté par francesca7 le 20 septembre 2015

 

EXPRESSION FRANCAISE

En guise de conclusion provisoire à une recherche toujours en mouvement, presque constamment sujette à révision au gré des traces et des indices nouveaux qui viennent bouleverser les hypothèses les plus solides ou semer le doute dans l’enchainement des « preuves » les mieux établies, voici quelques expression choisies parmi les plus courantes, dont les images ont traversé les siècles sans grandes altérations apparents, et qui tout en gardant leur fraîcheur, conservent entier le mystère de leur origine. Des expressions rebelles, précisément, à toute conclusion – je dirai un échantillonnage de pots aux roses.

decouvrir-le-pot-aux-roses

Découvrir le pot aux roses – le secret, le mystère d’une affaire – est une façon de parler qui date au moins du XIIIè siècle où on la rencontre déjà bien établie dans un Dit de vérité :

Car je tantost descouvreroi

Le pot aux roses.

Comme le remarque P.Giraud, « Ces mystérieuses roses ont depuis longtemps exercé la sagacité des linguistes ». Certains ont formulé l’hypothèse d’un pot de fleurs ; le « pot aux roses ornant la fenêtre ou le balcon des belles, et sous lequel les galants plaçaient les billets doux qu’ils leur adressaient » propose M.Rat – un pot que, naturellement, le mari jaloux pouvait « découvrir »

Plusieurs détails rendent cette proposition inacceptable étant donné l’ancienneté de la locution. D’abord le « pot de fleurs » ne s’emploie que depuis le XVIIè siècle et le mot « découvrir » n’a pris le sens de « faire une découverte » que vers le XVIè siècle. Enfin, inconvénient majeur, les rosiers ne se cultivent pas en pots. Du moins la rose actuelle, persistante, embellie, est une fleur relativement récente, qui ‘est surtout développée avec les progrès de l’horticulture au début du siècle dernier. Les roses d’antan dérivaient directement de la simple églantine avec laquelle elles étaient plus ou moins confondues, comme en témoigne le vieux proverbe pessimiste : « Il n’est si belle rose qui ne devienne gratte-cul ». C’était une fleur fragile, passagère, éclose à midi, fanée le soir, de tout temps le symbole de la fugacité des belles choses.

C’est à cause d’une observation botanique directe, et non par hyperbole, que les poètes se désolent de voir la rose fanée au soir de son éclosion :

-       Les roses overtes et lees

-       sont en un jor toutes alees

dit le Roman de la Rose : plus tard Malherbe lançait sa fameuse lamentation :

Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,

L’espace d’un matin.

Autre supposition, le pot aux roses serait un « pot au rose », c’est à dire un « pot qui contient le rose dont les femmes se fardent » ; le découvrir serait alors découvrir l’artifice, le « secret de la toilette d’une femme ». La même objection reste valable quant au sens tardif du mot découvrir, et de plus « la locution est d’une époque où la prononciation maintient distincte l’opposition au rose / aux roses et le pluriel est solidement attesté ».*

En fait les exemples montrent que le sens ancien de l’expression est non pas « trouver » une chose cachée, mais au contraire « découvrir » au sens de « dévoiler, révéler un secret » qui devait normalement être gardé par la personne qui le laisse échapper. C’est ainsi que l’emploie notamment Charles d’Orléans au XVè siècle :

De tes lèvres les portes closes

Penses de sagement garder

Que dehors n’eschappe parler

Qui descouvre le pot aux roses.

Comme le démontre judicieusement P.Guiraud, il s’agit donc de « découvrir » au sens tout à fait matériel d’ »enlever le couvercle » d’un pot qui contient des roses. Le secret apparaît  alors…

Malheureusement, en ce qui concerne la locution, c’est à partir de là que le mystère s’épaissit ; Pourquoi ces roses dans un pot ? A quel usage ? Et surtout pourquoi recèleraient-elles un secret ?… On peut penser très matériellement à l’eau de rose, cet ancêtre des parfums, en grande faveur au Moyen âge, obtenue par distillation de pétales de roses macérés. L’eau de rose était considérée comme un liquide particulièrement pur et précieux. La jeune fille du Guillaume de Dole, calomniée par le vilain sénéchal, pleur de bien jolies larmes :

Lermes plus cleres d’eve rose

li couroient aval le vis.

Comme tout parfun elle s’évente et s’évapore si on laisse le pot découvert… L’odeur se répand dans la pièce et révèle le secret de son existence ?… Ce n’est pas particulièrement concluant.

Pierre Guiraud aborde la même voie, mais en orientant son hypothèse sur la fabrication de l’essence de roses. « La Grande Encyclopédie en décrit longuement la distillation dans une « vessie » ou cornue qui était une « sorte de matras de la panse duquel sort un tuyau. etc. Ce récipient dont les parfumeurs ont autrefois fait mystère, peut servir commodément aux distillations des huiles essentielles en peu précieuses.

rose« On voit l’intérêt de cette citation et de la phrase que j’en souligne : le mystère est peut-être imaginaire et dérive tout simplement de notre expression, mais il n’est pas interdit cependant de voir dans le pot aux roses la cornue des parfumeurs.

« Par ailleurs, Littré et le Larousse du XIXè siècle définissent rose comme un terme d’alchimie, le rose minérale étant une poudre résultant de la sublimation de l’or et du mercure. Je n’ai pu nulle part retrouver la trace de cette opération, mais elle fait songer à la pierre philosophale qui est le symbole même du secret et du mystère. Notre pot aux roses pourrait donc bien être la cornue des alchimistes.

« Nous nous gardons – ajoute P.Guiraud – de défendre ces hypothèses, nous ne les donnons au contraire que pour mieux montrer comment l’imagination se laisse entraîner sur la pente étymologique ».

Il est vrai que l’on ne voit pas clairement comment ces cornues, contrairement à un « pot » ordinaire, pourraient être « découvertes ». Par contre ces indications renvoient pertinemment à l’idée de secret attachée depuis toujours à la rose. L’expression latine sub rosa, « sous la rose » qui signifie « en grand secret », est employée un peu partout dans les langues européennes ; l’origine de cette locution est elle-même obscure. La légende veut que Cupidon ait donné une rose à Harpocrates, le dieu du Silence, pour lui demander de ne pas trahir les amours de Vénus. La rose en serait devenue le symbole du silence. Autrefois on sculptait une rose au plafond des salles de banquets pour rappeler aux hôtes que les confidences échangées à la faveur des libations n’étaient pas destinées à courir les rues.. Au XVIè sicèle on prit également l’habitude graver une rose sur les confessionnaux !

La rose bien gardée, symbole de l’amour et du mystère qui l’enveloppe, constitue précisément l’argument du célèbre Roman de la Rose. La poète est amoureux d’une rose, ou plutôt d’un bouton vermeil, qui embaume le jardin d’Amour. Mais les rosiers sont entourés d’une haie « fête d’espines mout poignant », et gardés par les figues allégoriques tels que Danger, Honte, Peur … Devant la hardiesse de l’amoureux qui a osé prendre un baiser, Jalousie fait construire une puissante forteresse pour protéger les rosiers. Il ne reste au poète qu’à se lamenter de ne plus voir la rose « qui est entre les murs enclose ».

Et quand du bessier me recors

Qui me mist une odor au cors

Assez plus douce que de basme,

Par un poi que je ne me pasme,

Qu’encor ai ge au cuer enclose

La douce savor de la rose.

Ces tours d’horizon replacent certes le pot aux roses dans un contexte auquel il n’a probablement pas échappé à l’époque, où il s’est formé, sans pour autant éclairer son origine de façon déterminante. Il y a  quelque ironie à penser que cette expression gardera peut-être éternellement son secret.

 

Extrait de La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton 

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PRENDRE DU POIL DE LA BETE

Posté par francesca7 le 19 septembre 2015

 

poilEXPRESSION FRANCAISE

On a tout dit sur la santé quand on a rappelé qu’il vaut beaucoup mieux être riche et bien portant que pauvre et malade. Jusqu’au XVIIè siècle au moins la médecine agissait selon ce bon vieux précepte. Les docteurs étaient savants ; ils se référaient exclusivement à Aristote et aux textes des praticiens grecs et latins, avec leur maître Esculape. Si les maladies étaient bénignes, les gens guérissaient, avec la protection des saints qu’ils invoquaient, en plus, copieusement, si elles était graves ils mouraient, avec la bénédiction des mêmes. Toute proportion gardée pour ce qui concerne la notion de gravité et le culte des saints, les choses ne sont pas très différentes aujourd’hui.

Prendre du poil de la bête : Expression remarquable, qui de nos jours est comprise comme une marque de vitalité animale dans la santé reconquise, visible au lustre du poil et à la bonne mine du convalescent – Oh mais je vois que vous avez repris du poil de la bête !

Ce n’est pas exactement son sens véritable. Cette façon de parler constitue l’héritage d’une ancienne croyance qui remonte aux Romains, selon laquelle il fallait poser sur la plaie un poil du chien qui vous avait mordu. Autrement dit, guérir le mal par le mal.

On disait autrefois « Aller au poin du chien » ou »retourner à la bête » : refaire ce qui nous a bléssé ou provoqué du désagrément. les Anglais, restés près de la tradition antique, disent : « take a hair of the same dog that bit you (prenez un poil du chien qui vous a mordu), etl’apppliquent volontiers au remède bien connu qui consiste à avaler un verre d’alcool le lendemain d’une suite pour chasser la gueule de bois.

C’st dans ce sens que l’expression étati également employée chez nous, comme l’explique Furetière en d’autres termes : « On dit aussi à celui qui a mal à la t^te le lendemain qu’il a fait la débauche, qu’il fautreprendre du poil de la bête, qu’il faut recommencer à boire ». Le dicotn était en usage dès le XVè siècle :

Il fault retourner aux bons vins

comme à la best

Qui vous amis ces tintouins

Et ce mal dans la teste (Basselin)

Plus tard Rabelais faisait lui aussi l’amalgame de la morsure et  du flacon dans cette sentence célèbre :

-       remède contre la soif ?

-       il est contraire à celluy qui est contre la morsure de chien : courrez toujours après le chien, mais ne vous mordera ; bevez tousjours avant la soif, et jamais ne vous adviendra.

 

Extrait de La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton

 

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FAIRE UNE PANNE

Posté par francesca7 le 12 septembre 2015

 

faire une panneEXPRESSION FRANCAISE

Voilà un terme qui dans le métier de comédien brûle d’actualité, un jargon technique en plein apogée. La panne, c’est le petit rôle, celui que personne ne voit, au théâtre ou au cinéma, l’éternel « Madame est servie » du Boulevard classique, la réplique unique, le personnage d’appoint, qui n’a pas de nom à lui, qui est juste indiqué sur les textes par « un valet », ou « un passant », ou « une cliente », ou « la dame au chien ».

La panne est juste au-dessus de la figuration muette, le type qui corise le héros dans le film et qui lui donne l’heure, ou lui indique « Trois rues à droite, vous pouvez pas vous tromper », avec un geste du bras dans la direction. On lui répond « Merci » et il sort du champ.

Mais tout cela est répété et donne lieu à une prise de vues spéciale ; Pendant une heure oud eux, le temps qu’on règle la technique, qu’on le maquille, pendant qu’l reprend avec plus de voix, moins, un geste plus ample, ou plus décidé, le bonhomme se sent acteur. Tout à coup le monde s’intéresse à lui, la maquilleuse, le metteur en scène s’inquiète à son sujet. L’autre, le comédien en vogue lui adresse un regard…

L’assistant du cameraman vient lui coller son posomètre sous le nez d’un œil vigilant, puis crie « C’est bon » à son camarade qui derrière l’œilleton lui demande soudain de se pousser d’un demi-pas, pour le cadrage… Il se sent important, il fait son métier, il commence à croire à l’avenir. Le clapman crie : « L’amour vient des nuages, huit première… » Il se donne du mal, il est très attentif à bien articuler sa phrase, à la sortir au moment précis, comme s’il l’inventait toute chaude ; C’est difficile de but en blanc, en si peu de temps, de lui donner toute la richesse, la justesse, le naturel et la profondeur qu’il faudrait… Il demande après au metteur en scène si ça allait. « Parfait » dit l’autre, qui de toute façon coupera tout ça au montage, ne laissant qu’un éclair, qu’une éclipse, un bout d’aperçu « Magnifique »…

Mais on paye la journée entière, c’est bien le moins avec toute l’attente, convoqué le matin pour passer en définitive juste avant que le soleil se couche. Quelquefois on paye deux jours, il peut y avoir un raccord. Pour le loyer c’est bien important, pour la note du gaz.

Petit rôle de débutant ? Pas toujours, ç a fait des fois trente ans qu’ils débutent comme ça, d’un plateau sur l’autre, de trottoir en rue, d’une loge à cinq à une loge à douze. Elles ont parfois des cheveux blancs les pannes, et des poches aux yeux, à force d’avoir vu si souvent les premiers rôles s’évanouir….

Panne au XIXè siècle a signifié misère – par extension semble-t-il  du sens « arrêt d’activité ». Ah ma pauvre fille i la donc de la panne dans Zola. Il s’est forgé un adjectif : « Panné – terme populaire : Misérable. Il est bien panné, il a un air panné ». (Littré). C’est bien le sort de ceux qui ont de temps en temps un « rôle ingrat ou de peu d’importance » (Esnault – Le Bloch et Warthurg dit superbement : « Panne, de l’argot des théâtres, est une spécialisation de « misère »

Pui, les mots eux aussi se spécialisent.

Extrait de La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton

 

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FAIRE UN FOUR

Posté par francesca7 le 12 septembre 2015

 

EXPRESSION FRANCAISE

theatreCe four, à juste titre tant redouté par les gens du spectacle, a déjà fait culer beaucoup d’encre – noire bien entendu. Quand le four est passager, et comme accident – « Ce soir on a fait un four, il n’est venu personne » – c’est un moindre mal, mais l’expression s’applique généralement à un échec définitif ; la pièce à fait un four, le film a fait un four – ils ont été retirés très rapidement de l’affiche par manque de public, avec tous les désagréments financiers que cela comporte.

On y a vu des tas d’explications. Pour Littré qui donne également faire four comme usuel au XIXè siècle, l’image venait de l’obscurité de la salle les soirs où on ne jouait pas, faute de spectateurs – salle « aussi noire qu’un four ». Certains ont retenu une expérience de couveuse artificielle – un four où les oeufs mis à incuber avaient cuit dur au lieu de donner des poussins, anecdote impossible comme souvent dans ces cas-là, parce que l’expression est beaucoup plus ancienne.

M.Rat suppose un jeu de mots, sur « pièce de four ». Tarte ou galette, et qu’on a appelé ainsi, « au figuré, pièce de four, une pièce jouée par une température caniculaire, où le public fuyait les salles de spectacles ». Furetière ne propose rien mais il donne l’expression intacte, inchangée depuis le XVIIè siècle : « En termes de comédiens, on dit, Faire un four, pour dire qu’il est venu si peu de gens pour voir la représentation d’une pièce, qu’on a été obligé de les renvoyer sans la jouer ».

Cela arrivait donc déjà dans le bon vieux temps… Je crois que l’érudit Gaston Esnault fournit la véritable clef du problème.

Il relève au XVIè siècle dans la langue des malfrats, le mot éclairer au sens d’ »aporter de l’argent » – à cause de la brillance de l’or, je présume, peut-être même plus précisément par jeu sur les fameux « écus au soleil » . Toujours est-il que le mot s’employait encore au siècle dernier dans  des sens dérivés ; Delvau dit « éclairer, montrer son portemonnaie à une fille avant de l’engager », et Littré cite le respectable « éclairer le tapis, mettre devant soi la somme que l’on veut jouer ».

Donc, une pièce qui « n’éclaire pas », dit G.Esnault ne rapporte aucun argent, aucune recette. Dans ces condition et par opposition de métaphore : « il fait noir, dont le superlatif est, comme dans un four » . Il relève dans l’argot des voleurs à la tire en 1911, faire un four, pour « ramener un porte-monnaie vide », et dans le langage des comédiens en 1866 : « avoir le vicomte du Four dans la salle, prévoir que le spectacle sera sifflé ».

Ces raisons me paraissent d’autant plus convaincantes que le four comme symbole d’obscurité – donc le « non éclairage » – est très ancien : « Il pleuvait et gelait et faisait noir comme dans un four » au début du XVIè siècle, et Furetière dit : « On appelle figurément et hyperboliquement un four, un lieu obscur et sombre. Je ne veux point de cette chambre, c’est un four ».

D’autre part, il faut savoir que les comédiens ont toujours plus ou moins fait partie de la catégorie des gueux – et ça ne s’arrange guère. Jusqu’à une époque récente où ils se sont recrutés dans la bourgeoisie, ils étaient d’origine et de fréquentation que d’aucuns diraient canaille, la vénalité de leur emploi les assimilant presque, les femmes surtout, au monde de la prostitution. Aux XVIè et XVIIè siècles, à la fois recherchés et mal acceptés, ils menaient une existence quasi errante, et à part les quelques vedettes des créations connues, ils vivaient dans un univers plus proche de la cour des Miracles que de celle du Louvre ou de Versailles.

Il n’est donc pas surprenant qu’ils aient employé le langage codé du type « éclairer » et « faire un four » à l’instar du premier tire-laine venu.

Reste qu’il est tout de même assez ironique qu’un « four » soit précisément ce qui ne produit pas de « galette ».

EXPRESSION SE RAPPROCHANT : FAIRE UN BIDE

faire un bidePlus moderne, mais non moins désagréable, est le bide, l’échec complet, qui s’emploie  de plus en plus parmi les professionnels à la place du « four », calquant d’ailleurs la même construction : on a fait un bide, on un bide noir, par glissement de « four noir ».

Au départ le bide s’applique à un échec personnel, celui du comédien qui prend, ou ramasse, ou se tape un bide, qui n’obtient pas sur la publie l’effet désiré, après une tentative précise, dans un « morceau » sur lequel il comptait, pour briller un tantinet

Le bide, naturellement, est le raccourci du bidon. Or, on disait autrefois d’un acteur qui avait raté ses effets qu’il « sortait » ou « $partait sur le ventre ». En effet dans l’ancien théâtre – pas si ancien d’ailleurs – la technique de l’entrée en scène, et surtout de la sorte, était particulièrement étudiée. Un acteur expérimenté soignait sa sortie à l’aide d’ »effets spéciaux » : gesticulation fulgurante, coup de gueule magnifique, appel du pied, n’importe quoi de surprenant ou de spectaculaire qui faisait passer un frisson dans la salle et déclenchait la claque magique. Car ces trucs de métier déclenchaient les bravos et étayaient la réputation d’un interprète. D’om les expressions faire une sortie et rater sa sortie.

Un comédien qui ne savait pas faire sa ortie était un minable ; Mais le comble d’une sortie ratée était sûrement que dans un bel élan pathétique l’acteur fougueux se prenne les pieds dan sn morceau de tapis ou d’accessoire et s’étale de tout son long avant d’avoir atteint la coulisse… Sifflets, huées, consternation, une fuit à vous faire chavirer l’honneur d’un histrion.

Je crois que « partir sur le ventre » est une allusion à cette catastrophique éventualité, et que le bide intégral en est découlé.

D’autre part, on trouve « ramasser un bidon » dès 1881 dans le sens de s’enfuir – la « gamelle » ne devait pas être loin.

Extrait de La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton

 

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PARLER A LA CANTONADE

Posté par francesca7 le 7 septembre 2015

 

EXPRESSION FRANCAISE

cantonade 1Parler à la cantonade c’est parler haut dans une assistance où l’on ne s’adresse à personne en particulier ; « La patronne du café parut à la porte de l’arrière-salle et cria à la cantonade : « On demande Thibault au téléphone » (Martin du Gard).

L’expression vient du langage du Théâtre. Un acteur lance une réplique à la cantonade lorsqu’il s’adresse à des personnages qui ne sont pas en scène, et que l’on suppose évoluer en coulisse, au-delà du décor. En effet on appelait autrefois cantonade « l’un et l’autre côté du théâtre, où une partie des spectateurs était assise sur des bancs » – Pourquoi ce mot ?…

En occitan, la cantonada (prononcé « cantounada ») désigne l’angle extérieur des murs d’un bâtiment, formé de l’imbrication des grosses pierres de taille qui en assurent la solidité – autrement dit le coin de la maison. C’est la même famille angulaire qu’un canion (« cantou ») un coin, spécialisé quelque fois en « coin du feu ».

L’usage de l’expression remonte à la fin du XVIIè siècle : « Le mot a probablement été introduit en français par une des nombreuses troupes qui ont joué temporairement dans le Midi » (Bloch et Wartburg). Cette hypothèse me paraît d’autant mieux fondée que ces troupes dressaient comme aujourd’hui les soirs d’été, leurs tréteaux en plein air, adossés à une maison ou une grange du village, et que la scène se trouve alors délimitée de chaque côté par les deux cantounadas de la façade ou du pignon qui servent de « fond du théâtre ».

Beaucoup de gens lancent aujourd’hui leurs propos à la foule ; hommes politiques, harangueurs, prêcheurs et échotiers télévisuels s’adresse, en quelque sorte, à la cantonade … Délicate ironie des sources ; souvent cela veut dire qu’ils parlent, en fait, à des coins de murs.

 

Extrait de La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton

 

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VIVRE SUR UN GRAND PIED

Posté par francesca7 le 7 septembre 2015

 

EXPRESSION FRANCAISE

PoulainesLe train de vie se mesure-t-il à la dimension des savates ?

On le croirait, puisque certains « vivent sur un grand pied » et d’autres non. Il est vrai qu’au XVè siècle la chose a eu quelque vraisemblance, avec les fameux souliers à la poulaine (c’est-à-dire « à la polonaise ») « dont la pointe était longue d’un demi-pied pour les personnes du commun, d’un pied pour les riches et de deux pieds pour les princes ».

En réalité cette mode – qui finit par être interdite tant elle devenait ridicule – n’a pas eu, du moins on le présume, d’influence sur l’expression « être sur un grand pied » : être un personnage important. C’est le pied, l’ancienne mesure de longueur, qui en est à l’origine, comme il l’est de plusieurs autres expressions courantes.

Le pied, divisé en douze pouces, valait environ 33 centimètres. Le fameux mètre-étalon qui l’a supplanté a beau avoir été sacré officiellement, en 1792, 40 millionième du tour de la Terre, cela me paraît une justification un peu fallacieuse, et en tous cas a postériori. Pourquoi avoir chois précisément le 40 millionième et pas le 50 ou le 100 millionième de cette circonférence toute théorique puisqu’on en était aux chiffres ronds et décimaux ?…

En fait les fondateurs de cette nouvelle unité prirent comme base la dimension raisonnable et commode de trois pieds, ou à peu près, et afin de lui conférer un titre d’universalité pompeuse et rassurante, calculèrent, dans un esprit de promotion mondiale évident, que cela correspondait environ au 40 millionième des 10 000 lieues auxquelles on évaluait le tour du globe. Ce fut un coup très dur pour le pied, il en est mort. Sauf d’ailleurs au Québec, où sons régime britannique il n’a pas été touché par le système métrique.

Restent les expressions où le mot pied a gardé son vieux sens de mesure. Sur le pied de veut dire sur cette base, sur cette proportion, de cette manière. « Sur ce pied, vous n’obtiendrez rien » : en vous y prenant de cette façon « Rendez compte de votre dépense, qui vous sera allouée dans ce jugement, non sur le pied de vos convoitises, mais sur les règles de la modestie » (Bonnet).

« Il me reçut dans sa maison sur le pied de cinquante pistoles d’appointements » (Le Sage). Voir aussi Prendre son pied….

Etre sur le pied de guerre c’est être en « régime » de guerre, et prendre les « mesures » qui s’imposent. On met une armée sur le pied de guerre ; On disait également autrefois « sur le pied de paix ».

On prend, on ne prend pas les choses au pied de la lettre, c’es tà dire à la mesure exacte de ce qui est écrit, sans aucune interprétation.

Vivre sur un grand pied c’est évidemment mener grand train, à la mesure de revenus conséquents, alors que faire les choses au petit pied a toujours un air étriqué et un tantinet mesquin.

Faire un pied de nez appartient à la même série ; la construction est la même que lorsqu’on dit, par exemple, « un mètre de tissu ». Mettre le nez long est en effet un signe de déception. La Fontaine présente ainsi une défaite :

Je vois ces héros retournés

Chez eux avec un pied de nez,

Et le protecteur des rebelles

Le cul à terre entre deus selles ;

(Lettres XXIII)

« On dit qu’un homme a eu un pied de nez quand il a été trompé dans ses espérances », dit Furetière. De là à narguer l’individu en lui représentant symboliquement la chose : « Faire un pied de nez à quelqu’un : c’est un geste que l’on fait en mettant le pouce d’une main sur le nez et le pouce de l’autre main sur le petit doigt de la première main » (Littré). Ce qui fait environ un pied ;

Et quand ils sont enchaînés

Vous leur faites un pied de nez

(Scarron).

 

Extrait de : La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton

 

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