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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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Les oies de frère Philippe

Posté par francesca7 le 31 mai 2016

 

 
Les femmes

Tout le monde connaît le conte de La Fontaine qui a donné lieu à cette façon de parler ; mais beaucoup de personnes ignorent que la première idée appartient à saint Jean de Damas, qui vivait dans le huitième siècle.

Voici ce qu’on lit dans son histoire de Barlaam et Josaphat : « Un roi eut un fils qu’on éleva jusqu’à douze ans sans qu’il vît la lumière du jour, ni aucune autre. Les médecins avaient dit qu’il deviendrait aveugle si on ne prenait pas cette précaution. Le temps de ces ténèbres forcées étant expiré, on fit passer en revue devant les yeux du jeune prince tous les objets qu’on peut voir pour l’ordinaire, les lui montrant l’un après l’autre.

 1

« Lorsqu’on lui fit voir des femmes, il demanda avec avidité quel nom on donnait à cela. Ce sont, lui répondit le nomenclateur, des démons qui induisent toujours à mal, et dont on ne saurait trop éviter l’approche. Malgré le nom et l’observation qu’on y joignit, lorsque le roi demanda à son fils lequel de tous les objets qu’on lui avait fait voir il aimait le mieux : Ce sont, dit le prince, ces démons qui nous induisent toujours à mal ; rien ne m’a paru si charmant. »

Un dominicain qui prêchait dans le treizième siècle, changea les démons en oies, et le fils du roi en moine. Ce sont aussi des oies et un ermite dans le conte de Boccace. Le récit de Martin Franc, poète, qui vivait sous Charles VII, est un modèle de naïveté :

Ci vous conterai d’un novice
Qui oncques vu femmes n’avoit.
Innocent étoit et sans vice,
Et rien du monde ne savoit ;
Tant que celui qui le suivoit
Lui fit accroire par les voyes,
Des belles dames qu’il voyoit,
Que c’étoient des oysons et oye.
On ne peut nature tromper ;
En après tant lui en souvint,
Qu’il ne put dîner ni souper,
Tant amoureux il en devint.
Et quand des moines plus de vingt
Demandèrent pourquoi musoit,
Il repartit, comme il convint,
Que voir les oyes lui plaisoit.

Publié dans EXPRESSION FRANCAISE, LITTERATURE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

Principe amoureux ? Copper l’oe ou couper la tête de l’oie

Posté par francesca7 le 28 mai 2016

 
 
Dans les Poésies de Froissart figure le poème de la Cour de may, au sein duquel Amour enseigne à un jeune homme comment il doit se comporter avec les dames, et use de l’expression « avoir coppé l’oe », dont l’analyse révèle qu’il s’agirait d’un parallèle entre le fait d’avoir « déniché l’oiseau rare » et les célèbres jeux d’adresse déjà connus au Moyen Age et consistant à parvenir, avant tout autre, à couper la tête d’une oie…

Dans son édition des Poésies de Froissart, A. Scheler publie le poème de la Cour de May, Amour adressant les recommandations suivantes à un jeune homme :

D’en prier plusieurs garde t’en,
Ainçois a servir une enten,
Et croy qu’a dames abuser
Ou entendre a elles ruser
Pour contendre a les decevoir
Vault on moins, je di de ce voir,
Et communment il advient
Que le faulx a la faulsse vient :
Chascun cuide avoir coppé l’oe
Puis font l’un a l’autre la moe
En derrière, en veant de fait
Que chascun d’eux a bien pou fait
Et encore moins d’eür conquis.

Le sens de l’enseignement n’est pas douteux : il faut apporter à sa dame un cœur sincère et qui ne soit pas partagé entre plusieurs affections ; l’amant qui veut tromper celle qu’il courtise, en gardant un autre amour ou une autre intrigue, risque d’ailleurs de rencontrer une dame qui agira de même avec lui et ne lui donnera pas un amour sans partage ; chacun d’eux croira avoir fait merveille, en s’assurant un amour sincère au prix de son amour menteur, et tous deux seront dupés également.

 1

Si traduire « avoir coppé l’oe » par « avoir fait merveille » semble en accord avec le contexte, reste que cette traduction est bien abstraite et vague par rapport à l’expression originale si concrètement précise. Scheler écrit que l’expressioncopper l’oe, qu’il déclare proverbiale sans en signaler aucun autre exemple, « paraît signifier avoir les prémices en amour, être le premier amoureux ». A priori, il n’a pas entendu que oie, comme dans Les oies de frère Philippe, désigne la femme, et il ne semble pas avoir vu dans copper l’oe une métaphore, singulièrement déplaisante, pour « avoir les prémices d’une fille ». De toute manière, si l’on pouvait à la rigueur accepter le sens proposé par Scheler pour le « faux », le roué, qui s’imagine avoir affaire à une pure jeune fille, — en admettant qu’il s’agisse de jeunes filles, — comment attribuer à la dame « fausse » une erreur semblable ? Etre aimée uniquement, sans partage, cela ne veut pas dire être le premier amour d’un amant.

Dans avoir coppé l’oe, il n’y a sans doute pas la moindre allusion à l’amour, mais seulement l’idée que l’on a fait quelque chose de remarquable, de difficile, que l’on a fait un coup de maître, ou dans des styles divers, « déniché l’oiseau rare », ou bien « tapé dans le mille » ou encore « décroché la timbale », etc. À l’origine de l’expression, il doit y avoir quelque difficile jeu d’adresse où une oie, réellement ou par figure, jouait son rôle. On pourrait songer à un autre sens, ce lui de « être le maître, faire ses volontés, dominer » ; mais on ne comprendrait pas alors pourquoi le verbe serait au passé.

Ce pourrait être un jeu qui a été fort répandu dans le Nord et y est encore connu et qui, avec des variantes, a été joué dans les régions les plus diverses de la France et y a laissé des traces curieuses — jeux divers aboutissant à détacher la tête d’une oie ou d’un coq à Troyes au XVIIIe siècle, en Bretagne, en Auvergne, Béarn et Provence. Il a été sommairement expliqué par Littré, dans un passage de l’article oie : « Tirer l’oie se dit d’un jeu barbare qui consiste à attacher une oie par le cou et à y lancer des bâtons jusqu’à ce que le cou ait été rompu. » Et Littré cite un exemple emprunté à une comédie de Legrand, l’Usurier gentilhomme, où il est question d’un marinier qui va tirer l’oie.

Mais l’explication de Littré et le terme tirer ne s’accordent pas complètement avec la formule copper l’oe, car « rompre » n’est pas « couper ». Voici un texte plus net ; il a été imprimé par Espinas au tome IV de son ouvrage sur la Vie urbaine de Douai au Moyen Age : c’est une lettre de rémission accordée en 1393 par le duc de Bourgogne à un homme qui avait accidentellement tué un enfant :

« … Il et plusieurs autres, estant en la place que on dist au marchié des bestes en la dicte ville, s’estoient par esbatement accompaigniez pour geter deux oyseaulx de rivière, qui estoient penduz a un pel, pour deux gros que paier devoit chacun getteur a celui qui les oyseaux et pel avoit livrez, et quand le dit suppliant deubt geter a son tour, il deffubla son manteau et le bailla a garder [à un enfant] … et si comme le dit suppliant manioit une faucille qu’il cuidoit estre bonne et seure pour geter, en esmant son cop, le manche de bois lui demoura en la main et le fer yssi tout hors [et alla frapper l’enfant qui gardoit le manteau] … »

L’usage d’une faucille pour « geter » assure qu’il s’agit bien de couper le cou de l’oie, ou ici d’oiseaux de rivière, c’est-à-dire d’oiseaux ayant, comme l’oie, un cou assez long pour qu’on puisse l’attraper sans atteindre et abîmer le corps de l’oiseau comestible qui constitue le gain du vainqueur. Nous avons de plus dans ce texte l’indication importante du pel auquel sont pendus les oiseaux.

Pour le Moyen Age voici encore quelques mentions qui s’appliquent probablement au même jeu. Douai, vers 1230, ban de l’Échevinage : « On fait le ban que hom ki soit manans en ceste ville ne soit si hardi ki jete as auwes ne as anetes ne as borsetes ne a nule manière de tels giés. » Comme on le voit, l’oie pouvait être remplacée par le canard, autre oiseau à long·cou, ou même par une bourse pendue sans doute à un cordon assez long. Tournai, mars 1361, Registre aux bans : « qu’il ne soit personne aucune (…) qui d’ore en avant (…) jeueche as billes ne as oues. »

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Jean Molinet, Chroniques, ch. 274, parmi les jeux donnés aux noces du prince de Castille et de Marguerite d’Autriche (1497), outre une course de taureaux : « Une aultre manière de jeu, ou l’on tiroit de canne fut illec mis en train ». Jean Molinet, Chroniques, ch. 298 : « … Le connestable d’Espaigne (…) au partir, donna a pluseurs des gens, de monseigneur aucuns muletz, faisant a monseigneur bancquetz et mommeries de chasser les tors et de jouer aux cannes ».

Pour l’époque moderne, nous avons un témoignage très précieux dans uneEnquête du Musée de la Vie Wallonnefaite en 1924 à Saives-lez-Waremme et qui a pu enregistrer une partie de « jeterie à l’oie », sport jadis très répandu en Wallonie. Il y a eu des façons très diverses de jouer le jeu, c’est-à-dire de décapiter le malheureux animal suspendu vivant par la tête à une roue posée horizontalement (ce qui permet d’en installer plusieurs) ou à un pieu. Mais ce qui est intéressant à retenir dans l’enquête de Saives, c’est le nom et la nature de l’arme du joueur : c’est une barre métallique à section carrée et à arêtes tranchantes, faite pour couper le cou de la bête et non pour l’assommer, comme dans d’autres lieux où l’on se servait de bâtons, ainsi que le dit Littré ; cette arme qui « lancée avec force, (…) coupe net » s’appelle la sèle, et cette forme wallonne « répond, dit J. Haust, à l’ancien français seille « faucille » et se rattache à l’ancien haut allemand sichila (allemand moderne sichel « faucille ») ». Le jeu même s’appelledjèterèye ou taperèye, mais aussi sèlerèye, et l’on dit selî l’tièsse a l’awe « trancher la tête à l’oie », ce qui paraît correspondre exactement au copper l’oe de la Cour de may.

Ce jeu a été assez répandu pour donner naissance en wallon à un certain nombre d’expressions figurées que l’on trouvera dans le Dictionnaire liégeoisde Haut. L’une d’elles marque bien le caractère de compétition que présentait le jeu ; en effet, lorsqu’un joueur avait tranché le cou de l’oie ou du canard et par conséquent gagné la bête, il ne restait, au moins de cet enjeu, plus rien pour les autres joueurs : chacun à la vérité pouvait espérer réussir avant les autres, chaque joueur ayant droit à autant de « jeux », c’est-à-dire d’essais, qu’il verse de mises : « Chez les houilleurs de Seraing, dit Jean Haust, il existe une expression curieuse : djî lî a mètou l’awe « je lui ai mis l’oie » — « j’ai eu fini avant lui » ; vos n’sariz lî mète l’awe, il a todi faît pramir ».

C est ce caractère de jeu de compétition et non pas seulement de jeu d’adresse qu’on retrouve peut-être dans le vers : « Chascun cuide avoir coppé l’oe », entendez, « avoir gagné la partie » et aussi « avoir trompé l’autre ou du moins ses espérances ».

(D’après « Comptes-rendus des séances de l’Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres », paru en 1940)

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Le moi supérieur des Français

Posté par francesca7 le 9 mai 2016

 

imagesIl est important de comprendre que la vie c’est l’autre, qu’on ne peut vivre dans le dédain d’autrui, que seul le partage et l’entraide permet de construire un monde en paix. Sans totalement délaisser le Moi, la personne va commencer à le faire changer, en Moi supérieur, en une individualité évoluée, qui garde sa distinction en tant que personne, en tant qu’humain, en tant qu’âme, mais comprend que nous faisons partie d’une même famille. L’identité se crée sans trop se cristalliser autour de l’humanité unie et indivisible. Le Moi supérieur est un ego social, ouvert, épanoui dans son contact avec les autres. Il possède plus de ponts que de remparts (bien qu’il en ait encore sur d’autres plans). Même s’il subsiste encore des « moi je », ils tendent le plus souvent vers des « nous sommes ». La personne conserve une identité en tant que personne, mais aussi et surtout elle a une identité globale autour d’un concept fédérateur, universel. Cela peut être celui d’une même humanité, comme de l’unité spirituelle du monde, d’un seul Dieu d’amour et non des religions qui divisent mais des concepts qui rassemblent. C’est bien de cela qu’il est question, c’est bien de cela dont cette bonne vieille humanité a besoin, de faire un saut quantique vers le Moi supérieur en attendant mieux, vers l’émergence d’une identité commune, unificatrice autant sur le plan social que spirituel.

La situation est brûlante, prenons conscience déjà en nous de nos limites, de cette faculté du mental/ego a fragmenter la vie en : « c’est ma femme, ma voiture, mon Dieu, ma bière, ma marque de capotes » ou d’autres perceptions plus sournoises, qui sous des airs civilisés, cachent une bestialité sans nom. Je fais allusion à tous les bien-pensants et moralisateurs de tout poil, qu’ils soient religieux ou politiques et qui, au nom d’idéologies, manipulent les masses parce qu’il n’ont pas finit leur adolescence ! Et oui, c’est un vrai problème, la grande majorité des autorités de ce monde ne se connaissent pas intérieurement. Ils n’ont pour la plupart jamais explorés toutes les structures de leur esprit pour y discerner les blessures passées, les frustrations et les manques. Il est très possible que nous soyons gouvernés par des enfants capricieux, voire au mieux des adolescents dans des corps d’adultes. Ils reproduisent les mêmes attitudes déguisées en bienséance diplomatique. Regardons les guerres, les conflits d’intérêt, les débats d’idées, projetons ça dans un bac à sable et on y est « donne moi mon seau sinon je te met la pelle sur la tête ».

Regardez donc ces cléricaux et leur besoin d’être aimés, rassurés par leurs fidèles. Leur rapport au père, Dieu le père, est très psychanalytique. Et surtout leur croyance infantile à être sous le regard d’un papa dans le ciel qui dicte leur conduite et les récompenses de la sucette magique appelé, éternité, ou que sais-je encore les 1000 vierges qui les attendent. Y a-t-il de vrais adultes sur cette planète ? Des femmes et des hommes qui ont plongé dans toutes les structures de leur être pour se connaître eux-mêmes au lieu de vouloir connaître les livres, les dieux et la médiocrité ambiante ? On passe son temps à vouloir tout connaître pour éviter de faire face à soi-même, on fuit sans cesse dans les divertissements le silence salutaire qui nous dit : « regarde ici l’ami. » On se bourre de savoir technique, de théologie moribonde, de savoir théorique en veux tu en voila. Nombreuses sont les stratégies d’évitement pour l’ego qui ne veut pas perdre de son importance. Alors que quand l’angoisse est vécue, elle ouvre une porte.

Moi supérieur

Je pense que vous commencez un peu mieux à cerner les causes de l’identité. Elle est un leurre crée par l’ego, une enveloppe protectrice qui le coupe du monde. Le philosophe grec Sénèque disait : « le grand malheur des hommes est qu’ils vivent dans leur monde et non dans le monde. » Chacun se crée sa bulle, son Dieu, sa vie après la mort, sa conception du monde, son imagerie illusoire et forcément comme tous les autres egos ont fait de même, la rencontre est douloureuse. Si encore l’humain se contentait de vivre sa névrose sur le plan personnel. Mais non il fait pire, il la légitimise, il forme des groupes qui renforceront les individus dans leur ignorance, voire pire, il l’érige au rang de déité, et truste les pyramidions de la culture, de l’art, de la médecine etc. La peur est polymorphe. Si vous êtes croyant par exemple, faites le test : changez votre icône par, au hasard, un balais brosse. Où une pomme de terre. Peu importe. Et vouez y la même adoration, vous verrez, ça marche !

On ne peut unir ce qui vit grâce et par la division, en ce sens mêmes les plus belles tentatives de dialogue interreligieux par exemple sont limitées par les egos identitaires que génèrent les religions elles-mêmes. Par définition, les religions ne sont pas faites pour se respecter mais bien pour s’opposer, ce qui donne lieu à des sommets d’hypocrisie et de bien pensance. Le dialogue ne pourra se faire que lorsque que toutes les religions ne seront plus, quand toutes les illusions seront balayées, quand tous les egos séparatistes auront volé en éclats pour construire ensemble une humanité radieuse.

L’identité
« Tu n’as rien à « prouver », ni à toi ni aux autres. Cesse de te demander qui tu es.
L’identité est un joug : on ne peut te manipuler que parce que tu as une image de toi-même.
L’identité est une prison. » 
[Pierre Lévy]

par Michael et Sylvain 

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Four à pain et son histoire en France

Posté par francesca7 le 12 mars 2016

 

Ouvrage en maçonnerie, généralement voûté, ouvert par devant, pour faire cuire le pain, la pâtisserie… Four banal : au Moyen Âge, four d’un seigneur où les vassaux devaient faire cuire leur pain moyennant une redevance.

Dans les campagnes un petit four artisanal en forme de dôme servait à cuire le pain. Anciennement chaque ferme possédait son four à pain.

À l’époque féodale, selon les régions, le four à pain était parfois un privilège de seigneur dont il tirait profit en prélevant une taxe sur chaque cuisson (appelée banalité).

four-a-pain

Avec la multiplication des boulangeries dans les communes, ainsi que les facilités de transport, les fours de campagne vont peu à peu tomber dans l’oubli.

Durant la Seconde Guerre mondiale, à cause des restrictions alimentaires, certains fours ont été restaurés pour servir de nouveau.

À cette même époque, certains boulangers bretons, pour court-circuiter les règlements du régime de Pétain, échangeaient directement, sans tickets de rationnement, le blé ou la farine contre du pain. La farine était livrée lors de la moisson et le pain distribué les mois suivants. Pour en tenir le compte, le boulanger confectionnait une baguette de noisetier (bois qui servait par ailleurs à la cuisson) sur laquelle était symbolisée la quantité de pain à livrer; puis elle était, tel le symbole grec, fendue en deux sur toute sa longueur : l’un des exemplaires restait à la boulangerie alors que l’autre passait aux mains de l’agriculteur. À chaque « achat » de pain, une marque était gravée sur les deux demi-baguettes, jusqu’à épuisement de la quantité prévue !.

En Normandie il est courant de rencontrer des fours en brique naturelle non réfractaire, à l’époque on construisait avec ce que l’on trouvait sur place et le réfractaire n’est pas nécessaire pour cuire du pain. Pour faire une brique naturelle en argile (glaise), il faut la cuire à mille degrés au moins, quand on chauffe un four à pain la température est de 300 à 400 degrés maximum, de plus la brique naturelle reste souple, elle se dilate sous l’effet de la chaleur sans casser. La brique réfractaire est plus rigide.

On y enfourne la pâte à pain en commençant par enfourner les gros pains sur les côtés car ils sont plus long à cuire et on termine par les petites pièces. il est possible de faire plusieurs cuissons à la suite en terminant par les tartes ou les pizzas qui ont besoin de moins de chaleur. Dans certaines régions de France, c’est le cas dans les Mauges, les enfants jetaient de petites galettes de pâte pour vérifier la température du four. Ce sont des fouées qui gonflent sous l’effet de la chaleur intense, 300° environ, et qui peuvent être mangées chaudes en les fourrant de mogettes, de rillettes, de confiture ou toutes sortes de bonnes choses. Ces fouées sont dégustées dans certains restaurants des pays de Loire

FOURS

Aujourd’hui

Les descendants des premiers colons, plus fortunés,

construisirent des fours à pain avec une base de ciment ou de pierres et une sole en ciment recouverte de briques réfractaires. Les amateurs du four à pain traditionnel vont continuer à utiliser la glaise pour la confection de la chapelle pour ses propriétés thermiques : apparemment le pain est de meilleur goût avec le four en glaise. La porte est fabriquée en fonderie avec de la fonte.

En plus d’avoir une voûte en glaise (argile) le four québécois se caractérise par l’absence d’une cheminée évacuant la fumée, en effet cette dernière sort par l’entrée du four (gueule). Cette manière de procéder est plus économique évitant les pertes thermiques d’une cheminée conventionnelle après la chauffe, par contre le four prend plus de temps à se réchauffer qu’avec une cheminée. L’épaisseur de la glaise garantit un bon rendement calorique du four, elle est distribuée de la manière suivante : une sole de 30 centimètres et une voûte de 15 centimètres d’épaisseur. Il existe aujourd’hui des petits fours à pain en briques que l’on peut installer au fond du jardin.

On se rappelle : Le pain à travers le temps

VIe siècle : introduction en France des moulins à eau.

VIIIe siècle : implantation des premières boulangeries publiques dans les villes. A p p a rition des premiers moulins à vent en Fra n c e.

Philippe-Auguste (1180-1223) permet aux boulangers d’avoir un four chez eux.

XIIIe siècle : création de la corporation des boulangers. Elle comprend des maîtres (qui achètent leur maîtrise au Roi), des compagnons

et des apprentis.

Saint-Louis (1226-1270) dispense les villes de la banalité des fours.

Le 19 janvier 1322, une ordonnance prévoit le travail de nuit des boulangers “Travailler la nuit quand ils verront que bon sera”.

Jean II Le Bon (1350 à 1364) établit trois sortes de pains obligatoires, classés suivant leur blancheur et leur qualité :le plus blanc, le pain

de Chailly, ensuite le pain coquillé, enfin le pain bis.

XVe siècle : développement de l’utilisation de la levure dans le pain.

Dans le fournil : Pour la boulangerie aussi, le XVIIe siècle apporte un nouvel essor. L’usage de la levure est autorisé définitivement.

Les farines sont de plus en plus blanches : en découle une amélioration de la fabrication ainsi qu’un développement important quant à la variété des pains. La forme jusqu’alors ronde, commence à se diversifier. Aux pains à pâte ferme, de bonne conservation, succèdent des pains plus légers, aux pâtes plus hydratées. Le client commence alors à se procurer son pain au quotidien.

Four-a-pain-utilisation.jpg

Au XVIIIè siècle : Pain à la reine et ses déclinaisons

- Faites un bon levain à levure de bière.

- Quand il sera prêt, façonnez votre pâte toute ensemble.

- Après l’avoir un peu travaillée, faites les petits pains, qu’on appelle aussi pains à café ; travaillez votre pâte derechef ; battez-

la avec la main.

- Levez-la du pétrin ; placez-la dans une sébile ;couvrez-la avec des sacs ou bannes.

- Renforcez le reste de votre pâte avec de la farine.

- Détournez-en ensuite une portion pour les pains de sigovie et pour les pains cornus.

- Cela fait, achevez votre pain à la reine avec du beurre.

- Le beurre mis, travaillez-le encore un peu ;ensuite tirez la pâte du pétrin ;couvrez-la pour la faire entrer en levain.

- Alors revenez au sigovie. Vous en renforcerez la pâte un peu plus qu’au pain à la reine. Vous en tournerez les pains les derniers.

- Après quoi, de la ratissure du pétrin, vous faites votre pain cornu avec un peu de beurre. Vous en travaillez la pâte, et vous

la mettez dans une sébile.

- Vous ferez les artichaux de la même pâte que les pains cornus ; les pains cornus les premiers, les artichaux les seconds, les pains à café les troisièmes, les pains à la reine les quatrièmes, les pains de sigovie les derniers.

- Vous enfournerez les pains à café les premiers ;puis les pains cornus, ensuite les artichaux ; après ceux-ci les pains à la reine ; enfin, les pains de sigovie qui se trouveront à la bouche du four.

Encyclopédie méthodique:arts et métiers mécaniques :l’art du boulanger, 1782

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C’est quoi l’ESPRIT FRANÇAIS

Posté par francesca7 le 3 mars 2016

Esprit français

Quiconque eut à faire des conférences à l’étranger, ou des cours pour ces étudiants qui, de tant de pays, reviennent aujourd’hui vers nos Universités, n’a pu qu’être frappé de l’espèce d’avidité avec laquelle les auditeurs demandent une définition de ce qui est à leurs yeux non pas seulement la parure, mais le ressort intérieur, la force profonde de notre civilisation : l’esprit français. 

« Qu’est-ce donc que l’esprit français ? » C’est la question que tous ont sur les lèvres. 

Question singulièrement embarrassante, il faut l’avouer. Le Français qu’on interroge et qui s’interroge sur la façon de penser propre à son pays est le plus souvent frappé, pour sa part, des diversités, sinon des contradictions que présentent les façons de penser des Français, de ceux d’autrefois comme de ceux d’aujourd’hui ; et la peur d’être injuste en étant incomplet l’empêche d’aboutir aux formules synthétiques qu’on attend de lui. 

N’est-ce pas le moment d’appeler à l’aide les maîtres divers de la pensée française, d’aujourd’hui comme d’autrefois ? Beaucoup d’entre eux ont osé s’essayer un jour, ramassant les résultats de leurs expériences, à composer comme un portrait moral du génie de leur nation. D’où une série d’esquisses, assez variées sans doute, et qui mettent en lumière tantôt un aspect, tantôt un autre du modèle : mais celle variété même est révélatrice…

«… Examinons quels avantages d’ambition on trouvait en France à se distinguer par le charme de la grâce et de la gaîté, et nous saurons pourquoi ce pays offrait de 1′une et de l’autre tant de parfaits modèles… » 

Après avoir passé en revue les pays étrangers et énuméré les raisons qui rendaient leurs gouvernements insensibles à ces agréments, Mme de Staël écrit : 

« Ce n’était donc qu’en France où, l’autorité des rois s’étant consolidée par le consentement tacite de la noblesse, le monarque avait un pouvoir sans bornes par le fait, et néanmoins incertain par le droit. Cette situation l’obligeait à ménager ses courtisans mêmes, comme faisant partie de ce corps de vain­queurs, qui tout à la fois lui cédait et lui garantissait la France, leur conquête [1]. 

« La délicatesse du point d’honneur, l’un des prestiges de l’ordre privilégié, obligeait les nobles à décorer la soumission la plus dévouée des formes de la liberté. Il fallait qu’ils conservassent dans leurs rapports avec leur maître une sorte d’esprit, de chevalerie, qu’ils écrivissent sur leur bouclier : « Pour madame et pour mon roi », afin de se donner l’air de choisir le joug qu’ils por­taient ; et mêlant ainsi l’honneur avec la servitude, ils essayaient de se courber sans s’avilir. La grâce était, pour ainsi dire, dans leur situation, une politique nécessaire ; elle seule pouvait donner quelque chose de volontaire à l’obéis­sance… 

« … Lorsque le gouvernement est assez modéré pour qu’on n’ait rien de cruel à en redouter, assez arbitraire pour que toutes les jouissances du pouvoir et de la fortune dépendent uniquement de sa faveur, tous ceux qui y prétendent doivent avoir assez de calme dans l’esprit pour être aimables, assez d’habileté pour faire servir ce charme frivole [2] à des succès importants. Les hommes de la première classe de la société en France aspiraient souvent au pouvoir, mais ils ne couraient dans cette carrière aucun hasard dangereux ; ils jouaient sans jamais risquer de beaucoup perdre : l’incertitude ne roulait que sur la mesure du gain ; l’espoir seul animait donc les efforts : de grands périls ajoutent à l’énergie de l’âme et de la pensée, la sécurité donne à l’esprit tout le charme de l’aisance et de la facilité. 

« La gaieté piquante, plus encore même que la grâce polie, effaçait toutes les distances sans en détruire aucune ; elle faisait rêver l’égalité aux grands avec les rois, aux poètes avec les nobles, et donnait même à l’homme d’un rang supérieur un sentiment plus raffiné de ses avantages ; un instant d’oubli les lui faisait retrouver ensuite avec un nouveau plaisir ; et la plus grande perfection du goût et de la gaieté devait naître de ce désir de plaire universel. 

« La recherche dans les idées et les sentiments, qui vint d’Italie gâter le goût de toutes les nations de l’Europe, nuisit d’abord à la grâce française ; mais l’esprit, en s’éclairant, revint nécessairement à la simplicité. Chaulieu, La Fontaine, Mme de Sévigné, furent les écrivains les plus naturels, et se montrè­rent doués d’une grâce inimitable

« La gaieté ramène à des idées naturelles, et quoique le bon ton de la société de France fût entièrement fondé sur des relations factices, c’est à la gaieté de cette société même qu’il faut attribuer ce qu’on avait conservé de vérité dans les idées et dans la manière de les exprimer. »

Extrait de Germaine Necker, plus tard baronne de Staël, apprit dans le salon de son père, le ministre de Louis XVI, et dans les livres de ses maîtres, les philosophes du dix-huitième siècle, à se passionner pour les questions sociales et la recherche philosophique. C’est à ce point de vue qu’elle se plaçait, quand, en 1802, elle étudiait, dans son grand ouvrage, la Littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales

LIRE LA SUITE ici : Qu’est-ce que l’esprit français – Les Classiques des sciences …

classiques.uqac.ca/classiques/…/esprit_francais/bougle_esprit_francais.do…


[1]      Les nobles ont longtemps été considérés en France comme les descendants des Francs : et c’est par une sorte de droit de conquête qu’on s’efforçait, souvent, de justifier leurs privilèges.

                V. Augustin THIERRY, Récits des temps mérovingiens, t. I.

 

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EXPRESSION : LES BEAUX ESPRITS SE RENCONTRENT

Posté par francesca7 le 1 mars 2016

voltaire

On emploie ce proverbe pour dire à une personne qu’elle a la même pensée qu’une autre sur le même sujet

C’est un effet du hasard, mais qui se rencontre encore assez souvent. Voici une anecdote qui se trouve parfaitement en rapport avec ce sujet :

« Un banquier, nommé Lambert, avait la prétention de rivaliser avec les meilleurs auteurs de chansons. Il fréquentait la même maison que l’un d’eux, appelé Panard (XVIIIe siècle). Au retour d’un voyage, on demande au financier s’il n’avait pas rapporté quelques jolis couplets. Il chanta une chanson qui avait pour titre : Le pot au noir et on l’applaudit. L’auteur Panard qui se trouvait là, dit à voix basse au maître de la maison : J’ai fait, il y a vingt ans, une chanson du Pot au noir, je crois que c’est la même.

« On invita à dîner M. Lambert et M. Panard pour la semaine suivante. On redemanda la chanson et les convives qui étaient dans la confidence, invitèrent le chanteur à déclarer s’il était vraiment l’auteur de cette jolie chanson. Il dit : Oui, et, en même temps, il tira de sa poche un vieux papier qu’il passa de main en main. Chacun de féliciter M. Lambert de s’être si bien rencontré avec M. Panard, qui fut salué, à titre d’auteur, comme le premier en date. »

On pourrait dire avec plus de raison et d’exactitude que les bons esprits se rencontrent et le proverbe ainsi modifié serait plus vrai ; car le bon esprit, contrairement au bel esprit, a pour base ordinaire le jugement et la raison, deux éléments que ni le temps, ni les lieux ne peuvent changer. L’expérience prouve d’ailleurs que les bons esprits sont de tous les siècles et de toutes les nations, tandis que les beaux esprits ne sont souvent que des gens de désordre, infatués d’eux-mêmes.

Cet aphorisme proverbial s’emploie, en manière de plaisanterie, quand il arrive que deux personnes émettent ensemble, au même moment et comme sous la même inspiration, la même pensée ou la même opinion.

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La discipline scolaire d’autrefois

Posté par francesca7 le 2 janvier 2016

 

école autrefoisA l’époque de mes grands parents, l’école fonctionnait très différemment. Il y avait surtout de la discipline et les enfants respectaient leurs instituteurs. Les garçons et les filles n’étaient pas mélangés. Ils arrivaient le matin, il fallait absolument être en rang par deux pour avoir le droit d’entrer en classe. Après cela, ils restaient debout jusqu’à ce que l’instituteur leur dise de se mettre assis. La journée commençait par une leçon d’instruction civique et de politesse. L’instituteur regardait si tous les enfants avaient les mains propres. A aucun moment ils n’avaient le droit de parler sans avoir auparavant levé le doigt et avoir l’ordre de l’instituteur. Les punitions, c’était le coin (il arrivait parfois d’y rester plus d’une demi-heure), l’instituteur tapait sur le bout des doigts avec sa règle et pouvait aussi donner des pages entières d’écritures.

Le maître enseignait la grammaire, la conjugaison, le calcul mental, le calcul, l’histoire, la géographie. La classe était composée de pupitres en bois de deux places. Il y avait un encrier pour chaque élève et on écrivait avec un porte plume. La trousse s’appelait un plumier en bois. Les enfants devaient obligatoirement avoir une blouse. Les enfants jouaient aux billes, à la marelle, au ballon.

Témoignage de Marion

La discipline est, par supposition, nécessaire pour un apprentissage correct. En effet, découvrir, lire, écrire, compter, mémoriser, apprendre doivent s’effectuer dans un minimum d’organisation. Cependant, cette mise en place d’une discipline passe par l’imposition d’une autorité. D’après une étude de S. Weber auprès de parents brésiliens, l’autorité est perçue comme essentielle dans le cheminement de l’apprentissage. La soumission à l’autorité est donc considérée comme étant favorable à l’acquisition de connaissances mais aussi à leur consolidation. Cela induit l’acquisition de l’autonomie du sujet. Or, on se retrouve là avec une contradiction : en effet, on souhaite que l’hétéronomie entraîne l’autonomie.

Entre aussi en jeu, le fait de socialiser des élèves en les soumettant aux respects de règles, à l’autorité en fait. Cela permet pour l’enseigné, c’est-à-dire l’enfant, de se rendre compte de l’existence de limites et de contraintes. Cette autorité permet aussi à l’enfant de vivre en évolution avec la société, en commençant par la vie en collectivité avec ses camarades.

En fait, le but de l’enseignant est de faire en sorte que ses élèves acceptent son autorité, et en comprennent son intérêt pour l’obtention d’un bon climat en classe avec respect mutuel dans la relation pédagogique.

A cette école d’autrefois Il y avait de la discipline et les élèves craignaient et respectaient l’instituteur. Lorsque nous arrivions le matin, il fallait absolument être en rang par deux et entrer en silence dans la classe. Ensuite nous restions debout jusqu’à ce que l’instituteur nous invite à s’asseoir. De même, lorsqu’un adulte pénétrait dans la classe, il fallait se lever en signe de politesse. La journée commençait par une leçon d’instruction civique. A aucun moment nous n’avions le droit de prendre la parole sans avoir auparavant levé le doigt pour obtenir l’autorisation du maître. Les punitions les plus courantes consistaient à aller au coin,  à copier 100 fois une phrase du style : « Je ne dois pas bavarder en classe » ou encore à conjuguer un verbe à tous les temps avec obligation de faire viser la punition par les parents. Ceci avait pour effet de créer une double peine : Celle du maître et celle des parents. Dans les années 50 il existait  encore certains châtiments corporels. J’ai vu un instituteur qui donnait régulièrement la fessée. Pire encore, j’en ai vu un autre qui, outre les coups de règle sur le bout des doigts, soulevait parfois l’écolier de son banc  en lui tirant la joue ou une oreille voire même les cheveux, et comme ci cela n’était pas suffisant, aux actes venait s’ajouter des paroles humiliantes. Mais la punition la plus pénible  était de se retrouver à genoux sur l’estrade avec les mains sur la tête durant la durée du cours. Élève trop sensible j’ai souffert de ces pratiques et ma scolarité à l’école primaire en a été affectée….

Je ne citerai pas de noms bien entendu… Mais certains visages sont ancrés dans ma mémoire ! 

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Le gui – le Végétal de la Nouvelle Année

Posté par francesca7 le 30 décembre 2015

 

 

Le gui - le Végétal de la Nouvelle Année dans EXPRESSION FRANCAISE Karl_Witkowski-_Under_the_MistletoeLe gui est indissociable de l’arbre et, dans une plus large mesure, de la forêt. Actuellement, les zones forestières en France sont évaluées à 29 % du territoire, contre environ 75 % lorsque Jules César pénètre en Gaule en 52 av. J.-C., raison pour laquelle on l’a qualifiée de « chevelue ». Peut-être alors rencontrait-on beaucoup plus souvent le gui qu’aujourd’hui, puisqu’il pousse tant sur les sorbiers, les ormes, les aubépines, les tilleuls, les peupliers, les acacias, les sapins, les pins, les mélèzes, les saules que les poiriers et autres pommiers. S’il est inséparable de l’arbre, il l’est davantage du chêne.

Or, il est est très rare de rencontrer du gui blanc qui se développe sur cet arbre. A l’heure actuelle, un peu moins d’une dizaine de chênes sont concernés en France, contre une quinzaine dans les années 1940. La raréfaction du chêne depuis César aurait-elle entraîné celle du gui de chêne ? Paul-Victor Fournier nous propose une explication : « sous le nom de ‘’gui de chêne’’, les anciens désignaient le Loranthus europaeus à feuilles caduques du Midi de l’Europe ». Or, ce Loranthus, que nous appellerons gui jaune, ne pousse pas en France et l’on ignore si tel était le cas au temps de César, puis, plus tard, de Pline qui, semble-t-il, devait bien le connaître, puisque ce gui jaune est encore présent en Italie. A la grande différence du gui blanc, le gui jaune pousse allègrement sur diverses espèces de chênes, dont le chêne rouvre (Quercus robur).

Lorsque Pline décrit le rituel de cueillette du gui telle qu’elle était réalisée en Gaule par les druides, il ne souffle mot de l’identité de la plante. On ignore donc s’il s’agit du blanc ou du jaune, mais on se laisse tenter par l’idée qu’il pourrait être question du blanc, puisque, comme nous l’avons dit plus haut, le gui jaune est inexistant en France, et tout porte à croire que cela devait être également le cas au temps de la Gaule conquise par César. Écoutons ce que dit Pline à propos de cette cueillette : « Les Gaulois […] appellent le gui d’un nom qui signifie ‘’celui qui guérit tout’’. Après avoir préparé un sacrifice au pied de l’arbre, on amène deux taureaux blancs dont les cornes sont liées pour la première fois. Vêtu d’une robe blanche, le druide monte à l’arbre, coupe avec une faucille d’or le gui qui est recueilli dans un linge blanc. Ils immolent alors les victimes en priant la divinité de rendre ce sacrifice profitable à ceux pour qui il est offert. »

Notons que si Pline désigne le gui, en aucun cas il ne nomme l’arbre dont il est question… Et rien ne force à croire qu’il s’agisse bien d’un chêne, un arbre réputé sacré pour les tribus gauloises d’alors. Ainsi, la rareté du gui blanc poussant sur le chêne en Gaule dût-elle renforcer sa préciosité, le caractère sacré du chêne accroissant de fait les pouvoirs du gui. Une plante poussant entre Ciel et Terre aura nécessairement dû frapper les esprits. Ne prenant ses racines dans le sol, le gui est libéré de ce substrat. « Le gui pousse dans toutes les directions comme s’il était indifférent à l’attrait du soleil et à la loi de la pesanteur […]. Il se veut hors de l’espace, hors du temps.

Le guiLes druides le considéraient  comme la plante symbolisant  l’éternité du monde et  l’immortalité de l’âme, et c’est pour cela qu’il ne devait pas toucher terre et qu’il était déposé dans un linge ou bien dans une bassine remplie d’eau. Dans ce dernier cas, cela formait une « eau lustrale » censée guérir de toutes sortes de maux et prévenir les sortilèges et les maléfices, d’où le nom de « guérit-tout » associé au gui. « Certains croyaient […] que le gui faisait concevoir les femmes qui en portaient sur elles et qu’il était d’autant plus efficace qu’il avait été cueilli sur un chêne rouvre, au commencement de la lune, sans fer ».

 Ce passage semble indiquer qu’on cueillait aussi du gui sur d’autres arbres que le chêne. Quant à l’allusion au fer, elle provient du fait que ce métal a la réputation de chasser les esprits, aussi sectionner une branche de gui avec un instrument ferreux, c’est s’assurer la fuite des esprits du gui et l’amenuisement de ses pouvoirs. Que le gui de chêne, aussi rare soit-il, ait eu la préférence des druides ne doit rien au hasard, car consommer du gui, c’est boire « l’eau du chêne », sa sève, son sang, son essence même, une eau descendue du ciel avec la foudre dont l’éclair est le symbole de la révélation. Et l’on sait à quel point le chêne attire la foudre, ainsi qu’un important contingent de divinités auxquelles cet arbre est consacré (Zeus, Taranis…). Ainsi, le gui provenant du chêne était-il davantage révéré, puisqu’il jouait le rôle d’émissaire de la puissance du chêne et, par voie de conséquence, de celle du dieu auquel l’arbre était attribué.

Lorsqu’on coupait le gui, on procédait à une  émasculation symbolique, le liquide visqueux contenu dans les baies figurant le sperme…

 De plus, son caractère semper virens fait qu’il s’affranchit de la caducité. Au contraire, il incarne la fertilité et la puissance constantes de la Nature, et donc immortalité et régénération physique, eu égard à l’aura de sacré qui le nimbe, ce en quoi la forme solaire et rayonnante du gui n’est que la figuration. Pour les Celtes et les Germains, le gui conférait l’immortalité, mais ils le considéraient aussi comme étant capable d’éloigner les démons et surtout d’ouvrir le monde souterrain. Les Celtes « voyaient dans ce rameau d’or, capable de conduire à la fois à l’obscurité et au renouveau, un signe envoyé du ciel », un « rameau d’or » qui fait consonance avec ce qu’en dit Virgile dans l’Enéide. Il « est le symbole de la lumière initiatique qui permet de triompher des ombres du royaume de Pluton et d’en resurgir ». Peut-être est-ce le gui blanc qui se cache derrière ce mystérieux énoncé, à moins qu’il ne s’agisse du gui jaune aux baies dorées. Compte tenu de ce que nous venons d’exposer, le gui est une supposition extrêmement séduisante.

800px-Viscum_album_fruit dans FLORE FRANCAISEQu’un végétal ait tant cristallisé le sacré chez les Anciens ne doit pas nous surprendre. Ce qui doit l’être, c’est le « fil d’Ariane » que le gui aura laissé derrière lui. En effet, le gui à la verte parure, présent en nos demeures à certains moments de l’année, témoigne de sa grandeur passée. La première image qui nous sautera aux yeux est celle du gui suspendu (qui ne touche pas terre, donc !) au-dessous duquel on s’embrasse le premier de l’an. Et c’est en ce jour que l’on se souhaite mutuellement les vœux les meilleurs pour l’an qui vient. Non seulement ces embrassades cherchent à accueillir la joie, mais la simple présence de rameaux de gui est considérée comme un porte-bonheur qui chasse le mal. Le gui fait donc dans l’attraction et dans la répulsion. Par ailleurs, « si l’on fait brûler une branche de gui la nuit de Noël dans la cheminée d’une maison, cette dernière est protégée toute l’année à venir du mauvais sort ». L’on voit que le gui n’a rien perdu de sa verdeur, d’autant plus si l’on sait qu’un pape du IV ème siècle aura donné son nom au dernier jour de l’année, Sylvestre. Par la fête qui lui est aujourd’hui consacrée, par son nom même, il rappelle, même si on ne l’entend pas toujours, qu’il célèbre la survie de l’esprit de la forêt sous forme de gui.

Au gui l’an neuf ! Étrange formule si l’on dépasse sa bonhomie proverbiale.

L’historienne Nadine Cretin rapporte que le cri des druides coupant le gui était « E gui na ne ». Moi qui ai toujours pensé que cela se déroulait dans le plus grand des silences, j’ai été surpris de l’apprendre, d’autant plus que les explications concernant cette fameuse locution du premier de l’an font florès. Que l’on sache que le gui, la bûche ou l’arbre décoré sont issus de traditions pré-chrétiennes ne peut tout expliquer. Comme nous en informe Angelo de Gubernatis, aux quinzième et seizième siècles, « on se livrait encore dans les campagnes à des fêtes qui rappellent la cérémonie du gui sacré, et qu’on appelait guilanleu, ou anguilanneuf » .

 A cela Nadine Cretin répond que « dans le premier quart du XX ème siècle, la formule ‘’au gui l’an neuf’’ annoncée par les enfants des tournées, renforça le prestige de ce végétal symbolique du Nouvel An, bien que la véritable origine du vœu des enfants tienne de l’ ‘’aguilaneu’’ ou ‘’aguilanneu’’, baguette de coudrier que les petits quêteurs tenaient à la main en allant de maison en maison (‘’hague’’ signifie ‘’branche coupée’’ en patois normand) ».

Comme vous pouvez aisément le constater, tout ceci n’est pas si simple… Revenons brièvement à l’Antiquité grecque : Théophraste (IV ème siècle av. J.-C.) donne le gui comme résolutif des tumeurs, ce en quoi Dioscoride (Ier siècle ap. J.-C.) est plus explicite : le gui, « appliqué avec l’encens […] mollifie les vieux ulcères et autres ulcères malins de difficile curation. » C’est maigre, je vous l’accorde, mais tout au moins savons-nous que le gui (lequel ? le jaune ou le blanc ?) était un résolutif, un anticancéreux et un cicatrisant.

Le Moyen-Âge nous en dit davantage. Hildegarde de Bingen semble apprécier le gui de poirier. Elle l’administre contre la podagre (la goutte) et les maladies pectorales. Mais ce sont Bernard de Gordon (1270-1330) et Paracelse (1493-1541) qui désignent le véritable pouvoir anti-épileptique du gui. En vieux germain, le mot wid désigne la forêt et vit l’ancien nom du gui. On se rendait à Ulm (située au sud de l’actuelle Allemagne) où un sanctuaire était fréquenté par des personnes atteintes d’un mal que l’on appelle chorée aujourd’hui. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’épilepsie, une maladie qu’on aura assez souvent confondue avec la danse de Saint-Guy. En anglais, elle porte le nom de « saint-vitus dance », dans lequel on retrouve la syllabe vit désignant le gui. Plante semi-parasite, le gui enfonce ses racines dans le bois de l’arbre hôte afin d’y puiser une partie de sa sève et possède un feuillage persistant qui lui permet de faire la photosynthèse d’éléments nutritifs durant toute l’année avec, bien sûr, un ralentissement lors des périodes où l’ensoleillement est limité et qui correspond à celui où les arbres sont en dormance. Grâce à cela, il peut se maintenir vert même dans la pénombre.

Le gui se présente sous la forme d’un arbrisseau circulaire et touffu dont le diamètre peut atteindre un mètre. Les rameaux possèdent une architecture caractéristiques en Y. Sur ces branches cassantes, on trouve des feuilles vert jaunâtre, opposées et allongées en forme de spatule.

A l’aisselle des feuilles se groupent, toujours par trois, entre février et avril, de petites fleurs verdâtres qui donneront, à l’automne, des baies globuleuses d’un centimètre de diamètre. De couleur blanchâtre, elles renferment une substance visqueuse (d’où le nom scientifique du gui, Viscum) et collante dont on a fait la glu. Ces baies, comme celles du houx, sont une nourriture appréciable l’hiver quand les oiseaux n’ont pas grand chose à se mettre sous le bec. C’est le cas pour la grive.

Elle se perche sur un arbre, près d’une boule de gui, gobe quelques baies puis s’envole. Ce qui est très intéressant pour le gui, c’est que l’oiseau emporte dans ses entrailles des graines de gui. Si l’oiseau vient à se percher sur un autre arbre, les graines seront alors rejetées dans ses déjections. La grive assure donc la prolifération du gui par transport aérien, en mode zoochorie, à l’instar des teignes de la bardane qui s’accrochent dans le pelage des animaux, à leurs passages. Ce qui est ironiquement cruel, c’est que la glu tirée des baies de gui fut autrefois utilisée par l’homme pour piéger les oiseaux qui s’y engluaient littéralement.

Retrouvez les articles de Dante sur son site https://booksofdante.wordpress.com

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QUELQUES LECONS DE SAGESSE FRANCAISE

Posté par francesca7 le 5 décembre 2015

sagesse française

Mardi dernier (5 mai 1778) au parterre de l’Opéra un particulier qui voulut regarder l’heure ne trouva  point sa montre dans son gousset.  Il ne douta point qu’on ne lui eût volée sur le champ, et regardant  fixement  tout  près  de  lui  un  homme  d’assez  mauvaise  mine,  il  lui  dit  :  « Monsieur,  rendez‐moi  ma  montre,  ou je  vous  fais  arrêter ».  L’homme  en  question  s’approche  de lui  et lui  dit  tout  bas:  « Tenez  Monsieur, la voilà, ne me perdez pas ». Le particulier de retour en sa maison est tout étonné de voir sa  montre qu’il avait oubliée à sa cheminée, et de s’en trouver une autre dans la poche. 

 

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La nouvelle constitution du  théâtre lyrique n’est point despotique, ni même monarchique, comme ci‐ devant. Le sieur le Breton n’en est que l’administrateur principal; les sujets participent aujourd’hui au  gouvernement intérieur de cette vaste machine : ils ont des assemblées, des jetons et voix délibérative.  Ce spectacle est resté sous les ordres immédiats du secrétaire d’État ayant le département de la ville de  Paris, mais il n’est plus régi intérieurement, comme autrefois, par la volonté seule d’un directeur, qui  était l’âme de la machine, et n’en est plus aujourd’hui que le premier membre. Un comité composé de  six personnes délibère conjointement avec lui sur les opérations à  faire;  tout s’y décide à la pluralité  des voix; le directeur a la prérogative d’en avoir deux6.

———–

Jusqu’à la fin du XIXème siècle, les habitants de Paris, comme ceux des autres villes, jetaient leurs déchets tels quels dans la rue. Ce qui évidemment allait à l’encontre des règles d’hygiène et favorisait la prolifération de maladies tout en encombrant les voies publiques. 

En 1884, le préfet de la Seine (département qui comprenait alors la capitale) prend un arrêté obligeant les Parisiens à utiliser un récipient de bois garni de fer blanc pour y recueillir les ordures ménagères afin de faciliter leur ramassage.

Le nom de ce préfet ? Eugène-René Poubelle : son nom de famille viendra vite désigner le récipient dédié au ramassage des déchets et le mot poubelle passera finalement dans le langage courant.

 

Pour un savoir un peu plus : un article sur la naissance de la poubelle.

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LES CAHIERS DE DOLEANCES DE LA FRANCE

Posté par francesca7 le 21 octobre 2015

 

 
 
Travail destiné à brosser le portrait sans fard de la France à la veille de la Révolution, La France d’après les Cahiers de 1789, publié en 1897, révèle que le Tiers-Etat, qui supplie alors « le roi de défendre la foi contre les atteintes de la nouvelle philosophie », ne réclame pas l’ « égalité », ne songeant à l’abolition ni de la noblesse ni du clergé ; ne suggère jamais l’idée d’une guerre des classes, qui lui est étrangère ; que le désir de « liberté » n’a à l’époque jamais été assimilé au souhait d’instauration d’un système parlementaire. En revanche, les Français de 1789, affamés par des disettes successives, aspirent à de profondes réformes gouvernementales et administratives qui tardent à être menées, ainsi qu’à une plus grande unité législative préservant néanmoins une décentralisation propre à favoriser le développement de la vie intellectuelle, commerciale et industrielle des provinces.

Doléances

« Tout le monde a parlé de l’esprit de la Révolution française, les uns parce qu’ils avaient lu le Moniteur, les autres parce qu’ils avaient lu les comptes rendus du club des Jacobins » écrit en 1899 et quelques mois avant de devenir académicien, le titulaire de la chaire de poésie française à la Sorbonne Emile Faguet, dans Questions politiques. « Ce que la France voulait en 1789, l’a-t-elle dit ? Oui, elle l’a dit dans les Cahiers de 89. Lisons les Cahiers. C’est probablement le moyen de savoir ce qu’elle voulait », écrit quant à lui Edme Champion en 1897, dans La France d’après les cahiers de 1789, ouvrage à partir duquel Faguet se propose de décrire la France de 1789.

 

Or les Cahiers, qui, à la vérité, sont d’une lecture difficile, personne ne les a jamais lus, explique Emile Faguet. Tocqueville y a jeté les yeux ; mais il s’est arrêté beaucoup plus sur les papiers administratifs de la Touraine et du Languedoc. Taine a promené ses regards sur les Cahiers ; mais, comme M. Champion l’a irréfutablement prouvé, il ne s’y est pas appesanti beaucoup il faut l’avouer. M. Champion a lu tout ce qu’on en peut lire en France ; avec sa conscience et sa diligence infinie, il les a dépouillés complètement ; avec sa modestie bien connue il déclare encore que le travail auquel il s’est livré ne suffit pas, qu’il faut déterrer, et réunir et compulser d’autres cahiers encore, qui existent et qu’il n’a point vus ; mais enfin il a fait, en 1897, sur les véritables vœux de la France en 1789 l’enquête la plus sérieuse qui puisse être faite, et l’enquête qui n’avait été faite par personne.

Ce travail, mené à bien par l’homme le plus impartial du monde, est de tout premier intérêt ; cette « leçon de choses » est la plus solide leçon qui ait jamais été donnée sur la Révolution française. Les hommes du Tiers-État n’avaient pas lu la Révolution d’Edgar Quinet [républicain convaincu qui publia La Révolution en 1865]. Ils étaient aussi loin que possible de l’avoir lue et de l’écrire. Tout simplement ils mouraient de faim et désiraient cesser de mourir. Il n’y a pas autre chose dans les Cahiers de 1789.

Ont-ils désiré, comme on l’a beaucoup dit, l’Égalité, ce rêve de tous les Français ? Presque point. Les cahiers du Tiers ne la réclament jamais. Ils reconnaissent souvent qu’il ne faut point songer à abolir les distinctions et privilèges anciens qui font partie de la constitution du royaume et qui la consolident. Les beaux esprits, là-bas, à Paris, disent que le Tiers-État c’est toute la nation ; mais le Tiers-État ne le dit pas. Il ne songe à l’abolition ni de la noblesse ni du clergé comme ordres à part dans l’Etat. L’idée d’une Révolution politique ou l’idée d’une guerre de classes lui est totalement étrangère. Il ne songe qu’à vivre en bonne harmonie avec les autres ordres, mais il veut vivre ; il demande les moyens de vivre. Il ne demande pas davantage.

Ont-ils désiré la Liberté ? Le mot liberté est si vague qu’ici il faut préciser. La liberté politique c’est le self-gorvernment. Un peuple est libre quand le gouvernement est son délégué. Il est libre encore quand le gouvernement, sans être son délégué, est son subordonné. Il est libre donc quand il peut contrôler et ne pas ratifier les actes de son gouvernement ; il est libre quand le gouvernement ne peut pas lever sur le peuple un impôt non consenti par le peuple. Et en dernier analyse, ce dernier point suffit. Dès que le peuple a la clef de la caisse, le gouvernement par cela seul sera contrôle, donc subordonné, et ce sera à peu près la même chose que s’il était délégué. Un peuple libre est un peuple qui vote son budget. Un conseil des finances, nommé par le peuple et votant le budget, ce conseil ne fût-il pas législatif, voilà l’organe de liberté nécessaire à un peuple. Un peuple est libre quand il nomme une Chambre qui vote le budget.

Or le peuple de 1789 a-t-il demandé cela ? Pas le moins du monde, reprend notre académicien. Et ceci est tout à fait curieux. Je n’ai pas vu, dans tout ce que M Champion a cité des Cahiers, une seule allusion au système parlementaire. La Révolution a créé le système parlementaire en France ; mais la France de 1789 ne l’avait pas demandé. On me dira qu’il était contenu implicitement dans les vœux exprimés par la France en 1789. C’est mon avis. Quand les cahiers demandent qu’il ne soit pas permis « à qui que ce soit, s’autorisât-il du nom du roi et même d’un ordre surpris à Sa Majesté, de percevoir aucun impôt qui n’aurait pas été accordé par les états généraux, ou de prolonger la perception d’iceux au delà du temps pour lequel il l’aurait accordé », il est clair que cela mène à tout. Il est clair que si ce vœu est réalisé, il ne pourra l’être que par la perpétuité, au moins par la périodicité des états généraux votant l’impôt, et c’est le système parlementaire à bref délai, « dans toute sa beauté comme disait Beulé.

D’accord ; mais enfin ce système parlementaire, même à l’état rudimentaire, les cahiers ne le demandent pas ; ils n’y songent pas ; ils ne semblent pas en avoir la moindre idée. Disons la vérité : ils n’en ont pas la moindre idée. Leur pensée, c’est d’avoir une loi fixe, en finances comme en autre chose, obligeant le roi, lui traçant une limite, et que cette loi soit établie par les états généraux qu’ils sont en train de nommer. Et ensuite ? Eh bien, ils ne songent pas à ensuite. Ensuite, beaucoup plus tard, s’il y a de nouvelles infortunes, on réclamera des états généraux, comme on le fait aujourd’hui, on les nommera, et ils remédieront. La périodicité des états faisant la loi des finances et en contrôlant l’exécution, c’est-à-dire le système parlementaire, c’est-à-dire la liberté politique, est une idée qui n’existe pas dans les Cahiers. Les hommes de 89 n’ont pas plus songé à la liberté qu’à l’égalité.

 LES CAHIERS DE DOLEANCES DE LA FRANCE dans AUX SIECLES DERNIERS Cahier_Angers

Cela veut dire qu’ils étaient des monarchistes. L’idée qu’un Français de l’Ancien Régime se faisait de la monarchie était celle-ci : « Le roi gouverne. Il gouverne conformément à la loi ; car nous ne sommes pas des Turcs, nous avons des lois. Quand il ne gouverne pas conformément à la loi, c’est que la loi est mal faite ou qu’il n’y a pas de loi. Dans ce cas-là, il faut en faire une. Les états généraux sont institués pour faire ou suggérer une loi précise et conforme aux nécessités nouvelles que le temps apporte. Quand ils ont rempli cet office, ils s’en vont ; et le roi gouverne conformément à la loi nouvelle. » Et ne faut-il pas qu’il soit surveillé et contrôlé dans l’exercice de son pouvoir, dans la manière dont il exécute la loi ? Mais alors il ne gouvernerait pas ! Mais alors, vous n’avez donc pas confiance en lui ? Vous n’êtes donc pas monarchistes ?

Tout le monde en 1789 était monarchiste et personne ne voulait du pouvoir arbitraire ; et tout le monde, plus ou moins confusément, croyait qu’il suffisait d’une loi précise pour que le pouvoir ne fût pas arbitraire. Quant au gouvernement du pays par le pays, quant au système parlementaire continu, personne, presque, ne me semble y avoir songé, parce que cela, c’est, au fond, le républicanisme, et qu’il n’y avait pas de républicains en 1789.

Les Cahiers n’ont donc, en vérité, demandé ni l’égalité ni la liberté. Ont-ils songé, d’autre part, à une grande régénération morale de la nation, s’interroge ensuite Faguet ; se sont-ils dit que toute révolution profonde est une révolution religieuse ou ayant le caractère d’une révolution religieuse ? Encore moins. C’est la grande faute de la Révolution française, selon Quinet, de n’avoir pas voulu, osé ou daigné être une révolution religieuse. Quinet raisonne ainsi : « Si la Révolution française était une révolution purement économique et administrative, elle était finie le 4 août 1789. La preuve qu’elle était autre chose, dans les voeux, dans les désirs, dans les volontés, dans la conscience de la nation, c’est qu’elle n’a nullement été finie le 4 août. Elle a continué ; parce que la révolution économique n’était rien du tout, et que, à travers les tempêtes révolutionnaires, c’était la révolution religieuse que les Français poursuivaient. Seulement, mal servis par leurs commettants, ils n’ont pas réussi à la faire. Et elle n’est pas faite encore. Le progrès matériel, qu’est-ce que cela ? La révolution était autrement idéaliste. Une grande révolution religieuse qui voulait se faire, qui ne s’est pas faite, et qu’il faut accomplir, voilà la Révolution française. »

Il est possible, assène Emile Faguet ; mais les Cahiers de 1789 n’éclairent pas sur ce point, ou s’ils éclairent, ce n’est nullement pour nous diriger vers l’idée chère à Edgar Quinet. Il n’y a pas un mot de révolution religieuse, de révolution morale, de révolution de conscience dans les Cahiers de 89. Les Cahiers de 89 ne sont nullement philosophiques. La plupart veulent que la religion catholique demeure religion d’État. « La France, dit M. Champion, demeure si foncièrement catholique qu’elle a beaucoup de peine à se défaire de sa vieille intolérance. Ce n’est pas seulement l’Église ; qui, plus de dix ans après la mort de Voltaire, se résigne difficilement à l’édit en faveur des protestants et veut que la religion nationale conserve tous les privilèges d’une religion d’État ; c’est aussi une grande partie du Tiers. En général, quand il admet l’état civil des non catholiques et leur participation à certains emplois, il leur refuse toute place dans l’administration judiciaire, dans l’enseignement, dans la police ; ils n’auront ni temples, ni assemblées, ni cérémonies publiques ; ils seront tenus de garder le silence sur les questions religieuses. » A Auxerre, le Tiers supplie le roi de défendre la foi contre les atteintes de la nouvelle philosophie à Paris, il sait que « tout citoyen doit jouir de sa liberté de conscience ; mais l’ordre public ne souffre qu’une religion dominante, etc. » Lisez M. Champion. Au point de vue de la « révolution religieuse » les Cahiers de 1789 sont tout simplement réactionnaires.

Ainsi, affirme l’académicien, le peuple de 1789 est religieux et fidèle à l’Eglise catholique en immense majorité. Il la veut moins riche, oui ; il veut l’appauvrir, oui ; il veut l’abolition de la mainmorte et autres abus inouïs dont vous trouverez le détail dans M. Champion ; il veut que des richesses colossales qui ont été données au clergé pour servir au bien public, et qui, depuis longtemps, n’y servent plus du tout, soient enlevées à l’Église. Mais ici nous rentrons dans ce que j’appelle la révolution économique ; et il ne s’agit plus de révolution religieuse.

Liberté, égalité, transformation religieuse et morale voilà ce que les Cahiers de 1789 n’ont pas demandé du tout. Voilà quels n’étaient pas les vœux de la France en 1789. Mais quels étaient, donc ces vœux ? Voici.

Ce peuple mourait de faim. Les Cahiers sont une longue doléance d’un peuple qui voudrait manger un peu. « La misère extrême du peuple », voilà le refrain des Cahiers de la noblesse et du clergé. Quant au peuple il ne dit pas autre chose, et pour cause : « Je ne sais quoi demander, dit naïvement quelqu’un de Rocquencourt, la misère est si grande qu’on ne peut pas avoir de pain. » Les gens de Pontcarré : « Réduits à la plus affreuse indigence nous n’entendons que les cris d’une famille affamée à laquelle nous regrettons presque d’avoir donné le jour. » A Suresnes, où il y a cinq cents familles, cent cinq ont besoin de secours. A Châtellerault les paysans n’ont jamais mangé que du pain noir ; et maintenant, ils n’en ont plus. En Touraine « la moitié des ménages font réponse qu’ils n’ont pas de pain, versant des larmes, se désirant hors de ce monde ».

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La mendicité, à cette époque, c’est purement le brigandage en permanence. Les hordes de mendiants campent dans les paroisses et prélèvent leur impôt, après tant d’autres, par la terreur. « Nous, pauvres laboureurs, disaient les paysans du Boulonnais, sommes bien exposés à bien des peines, de faire l’aumône le jour et même la nuit, aussi bien ceux qui ne le peuvent pas que ceux qui le peuvent, crainte de mauvaises suites, à cause de la grande misère et autres choses. »

Il faudrait des hôpitaux, des asiles, des refuges pour canaliser toute cette misère onéreuse et redoutable. Encore (voici la note pessimiste et désespérée, qui est bien curieuse), encore on ne sait trop s’il le faut bien désirer, « ces établissements multipliant les débauches et les excès ; et l’on entend dire là où il y en a : Nous ne risquons rien de boire et de nous divertir nous irons à l’hôpital. » Quand un peuple en est là !… Voilà le tableau vrai. Savez-vous qui a fait le résumé le plus précis des Cahiers de 1789 ? C’est La Fontaine dans le Paysan du Danube.

Quelles sont pour les rédacteurs des Cahiers de 89 les causes de tant de maux affreux ? 1° L’absence de constitution fixe ; 2° L’absence de lois précises et les mêmes pour tous ; 3° Une administration déplorable ; 4° L’existence et le maintien des droits féodaux. Voilà les maux que les Cahiers de 1789 ont dénoncés. Ils ont voulu une révolution administrative et une révolution économique, et rien autre. Ils ont voulu que le domaine national eût son règlement, sa loi précise et fixe, une exploitation intelligente et sans gaspillage, et qu’ainsi tout le monde pût y trouver à peu près sa subsistance. Ils ont voulu exterminer du patrimoine le caprice, l’arbitraire, le temps perdu, l’argent perdu, le travail perdu, pour qu’il rendît au profit de tous et de chacun tout ce qu’il pouvait rendre. C’étaient des paysans qui trouvaient que la grande ferme n’avait ni bon règlement de travail, ni bons régisseurs, et qui voulaient qu’on leur accordât ces deux biens très précieux. Les vœux n’allaient pas au delà.

Premier point, sur lequel ils sont tous d’accord : donner une constitution à la France ; ne pas voter un sou de subsides avant d’avoir donné une constitution à la France. Ils se sont parfaitement aperçus que la France n’en avait pas. Elle en avait une, mais si ancienne, si surannée et si oubliée que c’était comme si elle n’eût pas existé. La faire revivre eût été lui en donner une vraiment nouvelle. Comme disait très bien M. de Staël un peu plus tard, c’eût été faire une constitution que de « faire marcher une constitution qui n’avait jamais été qu’enfreinte ». Ils avaient parfaitement raison. Ce qui manquait le plus à la France, c’était de savoir comment elle vivait. Elle n’en savait rien du tout. Le roi ne le savait pas ; les ministres ne le savaient pas ; les parlementaires n’en savaient rien, et les sociologues en ignoraient comme les autres. On allait absolument au hasard, c’est-à-dire en plein arbitraire, mais dans un arbitraire qui sentait qu’il n’était pas légitime, et qu’il aurait dû ne pas être. C’est la pire des situations. Le roi savait qu’il devait obéir à quelque chose, et ne savait pas à quoi obéir ; de sorte qu’il y avait dans ce gouvernement un mélange de témérité et de timidité, qui aboutissait à une perpétuelle inquiétude. L’inquiétude est le mal de la France depuis le XVIesiècle jusqu’au XIXe. C’est un état qui n’a pas de base. Savoir ce qu’on est, pour savoir un peu ce qu’on devient, c’est le souhait modeste des Cahiers de 1789, dans l’ordre sociologique.

Car, remarquez, tous demandent que l’on fasse une constitution, aucun ne dit laquelle il faut faire. Nulle indication là-dessus. Sont-ils pour l’ancienne constitution redevenue une vérité, comme la Charte de 1830 ? Sont-ils pour un essai du système anglais ? Sont-ils américains, et veulent-ils cette « démocratie royale » qui fut une idée à la mode parmi les beaux esprits de Paris, de 1789 à 1791 environ ? Ils ne le disent pas. Ils ne disent ni ceci ni cela. Le mot le plus net que je trouve sur ce point dans différents cahiers, entre autres dans celui du clergé de Provins, est celui-ci, ajoute Faguet : « Les abus contre lesquels la nation réclame ont une source commune, le pouvoir arbitraire. Ce n’est qu’en le resserrant dans de justes limites qu’on peut espérer de rétablir l’ordre dans diverses parties de l’administration. »

Resserrer les limites de l’arbitraire, soit ; mais cela, encore, est dire seulement qu’il faut une constitution. Il y a l’arbitraire, c’est-à-dire le chaos ; il faut sortir du chaos ; il faut qu’il y ait quelque chose. C’est tout ce qu’ils demandent. Une constitution, rien de plus. Ils semblent dire : « N’importe laquelle, mais une constitution. » Au fond c’est bien leur état d’esprit. En 1789, on veut que le gouvernement gouverne d’une façon régulière. Voilà tout. Il est vrai que c’est quelque chose.

Le second vœu des hommes de 89, voeu presque aussi unanime, est l’établissement de lois nettes et qui soient les mêmes pour toute l’étendue du royaume. Un peu moins d’unanimité ici. Certaine attache à des franchises ou privilèges locaux dans quelques cahiers. On souhaite bien l’immense avantage d’une législation unique mais on voudrait quelquefois le combiner avec les profits d’une situation privilégiée. C’est très humain. Reconnaissons cependant qu’en général, l’unité et la netteté de législation sont le souhait ardent des hommes de 1789.

J’en suis enchanté, poursuit l’académicien. Mon décentralisationnisme (pardon !) n’en gémit nullement. La pire décentralisation, c’est la décentralisation législative. La décentralisation, c’est une série de mesures, individuelles, locales, provinciales, nationales, pour favoriser le développement, ailleurs qu’au centre, de la vie intellectuelle, commerciale, industrielle. Cela n’a presque aucun rapport avec l’unité de législation. Sous une loi unique, mais bien faite, une immense activité locale peut être permise, encouragée, protégée, et même provoquée.

Du reste nos vénérables pères de 1789 n’entraient point dans ces considérations de haute sociologie. Comme en tous leurs voeux, ici comme ailleurs, leur idée politique était une forme de l’honnête désir de ne pas mourir de faim. Ils désirent la refonte des lois et l’unification de la loi parce que la Picardie n’a pas le droit de faire de l’eau-de-vie avec son cidre, tandis que la Normandie a le droit d’en faire avec le sien ; parce que tel parlement permet de couper le blé comme on l’entendra, ce qui paraît naturel, tandis que tel autre interdit de le couper avec une faux ; parce que le royaume est zébré de douanes intérieures qui rendent tout commerce presque impossible, font la pléthore ici et la famine quatre lieues plus loin ; parce qu’une marchandise expédiée de Guyenne en Provence acquitte sept droits ; parce que sur la route de Paris en Normandie par Pontoise, dans un certain espace de quatre lieues, il y a droit de barrage à Saint-Denis, droit de passage à Épinay, droit de travers à Franconville ; et cela peut s’appeler les droits réunis ; parce que les gens de Toul ne peuvent littéralement pas sortir de chez eux sans rencontrer toutes les lieues des gardes, bureaux, etc. ; parce que l’Alsace et la Lorraine, « provinces à l’instar de l’étranger commercent librement partout, excepté avec la France et la Franche-Comté ; parce qu’on ne peut avoir dans les petites villes avoisinant Paris ni un marché ni un marchand ambulant, crainte qu’ainsi Paris ne soit affamé, et que, pour cette cause, on doit vivre sans manger quand on habite Nanterre ; parce que les routes, sauf quelques-unes, ne sont pas entretenues du tout, les fonds perçus pour leur entretien étant employés à toute autre chose ; parce que tout semble concerté pour rendre impossible la communication entre eux des différents membres du corps territorial.

Si la législation est absurde, l’administration est déplorable. Que voulez-vous que nous fassions de nos enfants ? Des commerçants ? On vient de voir comme le commerce est facile et rémunérateur. Des agriculteurs ? L’agriculture, sans un commerce facile, prompt et libre, est stérilisée, quand il n’y aurait pas dans la mauvaise répartition des impôts et dans les droits féodaux d’autres causes de stérilité que nous verrons ci-après. Des soldats ? Grâce aux nouvelles mesures (car ici le gouvernement de Louis XVI est moins libéral que celui de Louis XIV) ils ne pourront jamais, sinon par des procédés qui sont des fraudes et qui sont dangereux, devenir officiers. Ici la noblesse elle-même est presque aussi desservie que le Tiers. La carrière militaire devient financière tout comme la carrière judiciaire. Un noble pauvre peut tout au plus devenir lieutenant-colonel. Un enfant dont le père est noble, mais surtout riche, « à peine échappé du collège vient avec un étalage de luxe humiliant pour les autres apprendre à un capitaine de grenadiers ce que ce dernier avait enseigné à son père. Les larmes aux yeux, la noblesse supplie Sa Majesté de laisser les grades supérieurs ouverts au mérite. »

(D’après « Questions politiques », paru en 1899)

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