Nautisme en Bretagne
Posté par francesca7 le 13 juillet 2014
Le succès du Salon nautique international de Paris témoigne de l’engouement de ces dernières années pour le nautisme. La Bretagne est historiquement et culturellement la région la plus concernée par cette activité synonyme d’aventure, de sport, de grand air et surtout de liberté.
La voile
Véritable pépinière de marins, la Bretagne est la région la plus maritime de France. Un proverbe dit que : « Les Bretons naissent avec de l’eau de mer autour des yeux et l’Océan coule dans leurs veines dès les premiers jours. » Aussi la voile est-elle ici plus qu’un sport, c’est une seconde nature, un élément à la fois indissociable du paysage et un art de vivre qui confine pour beaucoup à la passion.
Les grands marins
Certes, tous les grands marins ne sont pas bretons… quoiqu’ils le soient tous un peu, tellement la Bretagne incarne la mer. Et dans cet univers sans frontières, il n’y a pas un « voileux » qui ne connaisse Bernard Moitessier, Yves Le Toumelin et Éric Tabarly, l’idole des houles, malheureusement disparu au large du pays de Galles en juin 1998.
L’osmose entre ce dernier et ses bateaux ainsi que sa droiture ont ennobli l’image de la voile dans l’esprit des profanes. Il laisse un souvenir impérissable et un sillage où navigue cette pépinière de marins formés à ses côtés : Olivier de Kersauzon, Marc Pajot, Philippe Poupon, Jean Le Cam, Alain Thébault et Yves Parlier.
Les formules 1 de la mer
La famille des grands marins s’est nettement agrandie depuis quelques années, surtout depuis que la voile est réellement entrée dans le monde de la compétition. Grâce au financement de marques qui ont compris l’énorme force d’attraction que ce sport exerce sur les foules, des bateaux de plus en plus performants sortent des chantiers de Lorient, de Vannes ou de Nantes, aussitôt engagés dans des courses au long cours souvent passionnantes, toujours éprouvantes. Ces « formules 1 » de la mer utilisent désormais des matériaux performants à haute résistance tels le spectra, le Kevlar ou le titane. Elles sont barrées par de véritables vedettes qui ont pour nom Florence Arthaud, Isabelle Autissier, Frank Camas, Alain Gautier, Paul Vatine, Laurent Bourgnon ou Loïck Peyron.
Courses en solitaire ou par équipes et records de traversée animent le monde de la voile tout au long de l’année.
Les grandes courses
À tout seigneur tout honneur. La Bretagne est le cadre de départs ou d’arrivées de compétitions devenues prestigieuses. La plus célèbre est probablement la Route du rhum, qui relie la pointe du Grouin à Pointe-à-Pitre à bord de monocoques et multicoques. Elle a lieu tous les quatre ans (première édition en 1978, prochaine édition en 2010) ; ses vainqueurs ont pour nom Marc Pajot, Philippe Poupon, Laurent Bourgnon et Michel Desjoyeaux.
D’autres courses ont soulevé l’enthousiasme des foules, par exemple : La Baule-Dakar, difficile à cause de la traversée du golfe de Gascogne en automne, ou Québec-St-Malo, à cause de ses baleines et ses icebergs, ou encore Lorient-les Bermudes-Lorient, davantage connue sous le nom de Transat en double. La Course du Figaro démarre en juillet d’un port breton, vendéen ou normand, tandis que la Course de l’Europe fait étape dans les grands ports du nord au sud de l’Europe. Il y a aussi la Route des hortensias, une course conviviale qui relie la Bretagne aux Açores, ou le Trophée « Cutty Sark », qui relie Aalborg à St-Malo.
La régate ou le sport pour tous
Avec la construction en série, l’industrie nautique a délaissé l’artisanat pour produire aujourd’hui des embarcations réalisées en matériaux de synthèse, qui ont mis cette discipline à la portée de toutes les bourses. On en veut pour preuve les 700 écoles de voile de la Fédération française de voile, et les plus de 1 000 clubs qui se répartissent sur l’ensemble de l’Hexagone.
On est aujourd’hui bien loin des premières courses qui opposaient des canots de pêche vers 1850. Monocoques et multicoques de tous types sont amarrés aux pontons des ports de plaisance, et chacun rêve de participer un jour à une course, fût-elle la plus modeste d’entre toutes, ou au « Spi Ouest-France », organisé tous les ans à La Trinité-sur-Mer, qui permet aux anonymes de côtoyer certains grands noms de la voile.
L’encombrement des ports
Depuis les années 1960, la démocratisation de la plaisance a entraîné une hausse continue du nombre d’immatriculations de bateaux. Cette croissance pose le problème crucial des anneaux. Les bateaux occupent donc de plus en plus de mouillages sauvages ou improvisés, ce qui ne va pas sans une certaine dégradation des paysages.
Pour pallier les atteintes à l’environnement et à la saturation des ports bretons, les autorités réfléchissent à des solutions qui permettraient de contenter les 10 000 plaisanciers en liste d’attente, tout en offrant des places d’escale pour les étrangers de passage. Il existe déjà un port à sec à St-Philibert dans le Morbihan. Les autres options envisageables sont de transformer des ports bouées en ports permanents, et de convertir certains bassins de commerce ou militaires en ports de plaisance (Brest, Roscoff, Le Légué, du côté de St-Brieuc).
Les vieux gréements
Tradition sur mer
Depuis la fin des années 1970, des passionnés de la mer ont entrepris de remettre en valeur des bateaux jugés dépassés et périmés par la modernité. Sensibles à leur silhouette magnifique, des particuliers ou des associations décidèrent de les restaurer entièrement ou d’en construire des répliques. Ainsi naquit un véritable engouement pour les « vieux gréements » qui, si l’on en croit les marins, procurent un plaisir inégalable à ceux et celles qui les barrent – en fait, un gréement est l’ensemble des cordages et poulies nécessaires à la manœuvre des navires à voiles.
Une passion que traduisent à merveille ces grands rassemblements de voiliers traditionnels qu’organisent régulièrement les grands ports. La France possède quelques bateaux de cet ordre. Le plus prestigieux, le plus grand, est le Bélem , dont le port d’attache est Nantes. Ce trois-mâts barque (58 m de long, 1 200 m 2 de voilure) a été lancé dans ce port en 1896 pour transporter du cacao, du rhum et du sucre, et navigua comme « antillais » jusqu’en 1914. Entièrement restauré de 1979 à 1985, il accueille des stagiaires.
Pour tous les goûts
– Les goélettes , bâtiments à deux mâts très voilées, sont mondialement connues (Brest en possède un magnifique exemplaire reconstruit, La Recouvrance, du nom de son quartier le plus célèbre).
– Les bisquines , bateaux de pêche à la ligne et au chalut, originaires de Normandie et en service à Cancale jusqu’au début du 20 e s., sont probablement les plus renommées, grâce à la superbe Cancalaise à coque noire, qui a été entièrement reconstruite. Ces bateaux participaient à des régates qui attiraient déjà les touristes sur la Côte d’Émeraude durant la seconde moitié du 19 e s.
– Également réputés, les chasse-marée sont des bateaux côtiers à trois mâts que l’on rencontrait aux abords des abers ; aujourd’hui, La Belle Angèle prouve à quel point ils tenaient bien la mer.
– Nettement plus petits, les sinagots étaient destinés au dragage des huîtres dans le golfe du Morbihan et en baie de Quiberon. Un des derniers exemplaires mouille dans le port de Séné, qui a donné son nom à ce type d’embarcation.
– Les langoustiers portent un nom plus explicite ; La Belle Étoile , à la coque blanche et aux voiles rouges, est aujourd’hui amarrée au port de Camaret, ancien grand port langoustier.
– Les lougres effectuaient du cabotage, comme le Corentin au large de l’Odet ou le Grand-Léjon au large de St-Brieuc.
– Les flambarts naviguaient autrefois exclusivement sur les côtes septentrionales de Bretagne et servaient notamment au ramassage du goémon ; on peut en revoir depuis qu’ont été lancés l’ An Durzunel de Loguivy et l’Ar Jentilez de Perros-Guirec.
– Les chaloupes sardinières naviguaient, elles, sur les côtes méridionales de Bretagne ; le Telenn Mor de Douarnenez en préserve le souvenir.
– Les cotres sont de petits bateaux à un seul mât. Le Renard , construit à l’occasion des festivités de « Brest 1992 », est la réplique du dernier bateau de Robert Surcouf, le corsaire malouin.
– Les sloops sont aussi de petites embarcations à mât unique. Mais il y a encore les sloops coquilliers brestois, les forbans du Morbihan, les dragous des Côtes-d’Armor, etc. On le voit, la flottille des vieux gréements est variée et correspond à des navigations différentes.
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