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La Chronique du mensonge qui traverse les siècles

Posté par francesca7 le 13 octobre 2015

 

 

Hérésie, barbarisme : ainsi peut-on qualifier la formule « tel est notre BON plaisir » prêtée aux rois de France, la seule formule qui ait jamais été employée dans les actes royaux étant en réalité « tel est notre plaisir » ; encore ces mots, traditionnellement conservés, datent-ils de temps reculés, où « plaisir » avait un sens beaucoup plus sérieux, ce plaisir étant le jugement du roi, prononcé par lui comme chef de l’État, après délibération en son conseil, et qui ne pouvait s’exprimer que muni du contre-seing d’un secrétaire d’État

labyrinthe

En 1881, l’historien et diplomate Louis de Mas Latrie (1815-1897) se propose de remonter à la source de l’emploi de l’expression notoirement considérée comme ponctuant tous les actes royaux : tel est notre bon plaisir, phrase que l’on trouve notamment à la page 640 du tome Ier de la 3e édition de l’Art de vérifier les dates : « François Ier est l’auteur de la formule : Car tel est notre BON plaisir, qui s’emploie dans la plupart des Edits ou Lettres royaux. »

Ainsi, dans la pensée des auteurs de ce magnifique ouvrage resté un chef-d’œuvre encore inimité, la formule du Bon plaisir a sanctionné la plupart des actes royaux de l’ancienne monarchie depuis le temps du roi François Ier jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Et cette formule blessante, et justement décriée, se retrouverait non seulement au bas des simples Lettres patentes constatant des actes de la juridiction gracieuse et bienveillante, telles que les anoblissements et les concessions de titres nobiliaires, attribut exclusif et bien légitime delà souveraineté. Elle aurait été inscrite aussi au bas des actes les plus graves, les plus solennels, de l’objet le plus général et d’un intérêt public, car l’expression de Lettres Royaux désigne les Édits, les Ordonnances et les Déclarations, c’est-à-dire les Lois mêmes de l’Etat.

 

En lisant une pareille énonciation, sortie de la plume de savants généralement si exacts, si soigneux d’assurer sur les preuves leurs moindres assertions, comment ne pas croire et affirmer, sans autre vérification, que la plupart des Edits et des Lettres patentes rendus par le roi Louis XVI en l’an de grâce 1783 et autres années de son règne portaient en effet à la fin cette déclaration restrictive en même temps que confirmative : Car tel est notre BON plaisir.

Comment ne pas excuser de très savants auteurs et après eux la foule des écrivains et du public d’avoir répété, avec ou sans mauvaise intention, que la formule la plus chère et la plus caractéristique de l’ancienne monarchie était celle du Bon plaisir, celle qu’aimaient à employer officiellement les rois en parlant à la nation : Car tel est notre BON plaisir.

Je ne fais pas ici de l’histoire, explique de Mas Latrie ; je m’occupe d’un simple détail de Diplomatique. Mais je vérifie mes textes et je pense qu’il n’est pas nécessaire d’insister pour montrer la différence profonde qui existe dans la lettre et dans la portée de ces deux formules : Car tel est notre BON plaisir, etCar tel est notre plaisir.

Car tel est notre plaisir signifie, Car telle est notre volonté ; pas autre chose. Et c’est déjà beaucoup, et même trop, j’en conviens, que les anciens rois aient pu énoncer de semblables principes dans les Edits et dans les Ordonnances générales. Il y aurait néanmoins bien des explications à donner, précise notre diplomate. Chaque temps a son droit public et il faut placer toutes choses sous cette lumière, si on veut les juger équitablement. Mais encore une fois restons en dehors du domaine historique.

Plaisir, dans la phrase citée, a simplement le sens de volonté. Comme le mot plaire dans cette locution : Vous plaît-il de venir ici ? signifie voulez-vous venir ici ? La formule : Car tel est notre BON plaisir implique au contraire une idée choquante de caprice et de pur arbitraire. Tolérable, mais encore bien hautaine, dans les concessions émanant de la pure bonté royale, comme les anoblissements, elle serait outrageante et monstrueuse dans les actes du gouvernement général et de la politique de l’État.

Or, en revenant à renonciation de l’Art de vérifier les dates qui englobe tous ces actes dans ses expressions depuis les Édits jusqu’aux simples Lettres patentes, je dois dire, après sérieuse et ample vérification, que je la trouve absolument dénuée de fondement, pour les uns comme pour les autres, sans aucune exception, aucune. Ce point vaut, peut-être, la peine d’être rapidement constaté, affirme Louis de Mas-Latrie.

J’ai consulté, à plusieurs reprises, depuis plusieurs années, tous les recueils d’édits et d’ordonnances du règne de Louis XVI et des règnes avoisinants, poursuit notre historien. Les textes imprimés ne sont que la moindre partie de l’ensemble. J’ai interrogé à différentes époques, non pas en totalité (je n’ai pas cette prétention), mais à des dates très variées et très diverses, les innombrables séries d’édits, de déclarations, d’ordonnances et de lettres patentes manuscrites que renferment nos collections, dans les archives des grandes cours judiciaires et des anciennes administrations : le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour des Monnaies, la Cour des Aides, le Bureau des Finances, la Connétablie, les Eaux et Forêts, la Maison du Roi.

Nulle part, jamais, pas une seule fois dans cette recherche poursuivie depuis longtemps, je n’ai trouvé la formule : Car tel est notre BON plaisir. C’est toujours : Car tel est notre plaisir, qui est écrit partout ; quelquefois, mais très rarement : Car tel est, etc. avec une abréviation facile à remplir.

Je n’ignore pas que beaucoup de lettres patentes d’anoblissement et autres lettres patentes, des ordonnances et des édits, même, ont été imprimés par des biographes, des généalogistes et autres érudits avec la formule du Bon plaisir. Mais je récuse absolument tous ces documents sans exception. Je les tiens tous pour fautifs et erronés en ce point. Pas un de ceux que j’ai pu vérifier sur l’original n’est sorti avantageusement de l’épreuve du collationnement.

La Chronique du mensonge qui traverse les siècles dans AUX SIECLES DERNIERS 260px-RichelieuRochelleTous ont un vice et une tache à cet endroit dans les clauses finales, et j’en ai vu qui ont été livrés à l’impression par les savants les plus autorisés et les plus scrupuleux. Soit inattention momentanée, soit empire d’une idée préconçue, ils ont écrit, eux ou leurs secrétaires, Car tel est notre BON plaisir, quand l’original porte manifestement : Car tel est notre plaisir ou, très exceptionnellement, l’abréviation : Car tel est, etc. Ce que je viens de dire de Louis XVI, je le répète des actes de Louis XV et de Louis XIV.

Richelieu a-t-il fait parler Louis XIII autrement que n’a parlé son fils, et dans le sens indiqué par l’assertion des Bénédictins ? Pas le moins du monde, et pas plus dans les grandes ordonnances que dans les patentes des concessions gracieuses. Si sa chancellerie n’emploie pas toujours la formule : Car tel est notre plaisir, la clause qui la remplace : 

Car ainsi nous plaist il être fait, a la même valeur et la même signification. Sous Henri IV, Henri III, Charles IX, François II et son père Henri II, les usages de la chancellerie restent les mêmes. Un grand nombre de lettres royaux, patentes, déclarations, ordonnances, édits portent cette clause avant la date et l’annonce du sceau : Car tel est nostre plaisir, moins souvent : Car ainsi nous plaist ; jamais : Car tel est nostre BON plaisir.

Nous arrivons au règne de François Ier. En dehors des recueils imprimés, nous avons aux archives un grand nombre d’actes de toutes sortes rédigés par la chancellerie sous le règne de ce prince. Cinq registres renferment les « Ordonnances, Edits, Déclarations et Lettres patentes », enregistrés au Parlement de 1515 à 1547. Trente registres originaux de la chancellerie même, aujourd’hui au Trésor des chartes, conservent les transcriptions officielles des actes de 1522 à 1547.

On en trouve également dans les mémoriaux de la Chambre des Comptes, dans les registres des autres cours judiciaires, et dans les divers fonds précédemment indiqués, à l’exception de la Maison du Roi, dont la série des Patentes ne commence qu’au règne de Henri IV. Les recherches faites dans ces diverses collections nous amènent à un résultat analogue à celui que fournit l’examen des actes des derniers Valois et du premier règne de la maison de Bourbon. La clause : Car ainsi nous plaist reste bien plus fréquente encore sous François Ierqu’elle ne l’est sous ses successeurs. La chancellerie emploie très souvent la formule : Car tel est nostre plaisir, et jamais celle du Bon plaisir.

On a imprimé à Paris, la première année du règne de François Ier, le grant stille et prothocolle de la chancellerie de France. Les modèles donnés dans ce recueil sont naturellement sans date et sans noms. On remarque en outre que la formule de déclaration y est toujours abrégée, et toujours indiquée par ces premiers mots : Car ainsi, etc. mots qu’il faut évidemment compléter par ceux-ci, Car ainsi nous plaist, ou Car ainsi nous plaist il estre fait, ou bien encore plus explétivement, ce que l’on trouve quelquefois : Car ainsi nous plaist il et voullons estre faict, de nostre certaine science, plaine puissance, propre mouvement et auctorité royal, nonobstant, etc.

De ces dernières observations, il ne faudrait pas conclure que la formule Car tel est nostre plaisir fut inusitée à la chancellerie royale avant François Ier. Nous la retrouvons en effet dans la grande collection imprimée des Ordonnances des Rois, sous les règnes de Louis XII et de Charles VIII, alternant avec la clause : Car ainsi nous plaist il estre fait. Le roi Charles VIII, dont une ordonnance du 12 mai 1497 porte ces mots : Car tel est nostre plaisir, serait donc peut-être l’auteur de cette formule célèbre, dont je n’ai pas trouvé d’exemple avant son règne, explique de Mas Latrie.

En résumé et pour terminer, de l’ensemble de vérifications auxquelles je me suis livré et que je viens de rappeler sommairement, on peut conclure, je crois, sans hésitation, que jamais et dans aucun de ses actes la chancellerie de l’ancien régime n’a employé la formule du Bon plaisir. S’il est étonnant que les savants auteurs de l’Art de vérifier les dates aient dit le contraire, il y a quelque chose de plus surprenant encore.

images (2)En 1804, lors du rétablissement de la forme monarchique en France, quelle fut la formule de confirmation adoptée par la chancellerie impériale dans les lettres patentes ? On ne le croirait pas, si les quinze volumes de la transcription officielle des lettres patentes de 1808 à 1814, existant aux Archives nationales, et les mille expéditions qui en ont été délivrées n’étaient là pour le prouver. Ce fut la clause : Car tel est notre BON plaisir.

La Restauration n’eut garde d’abandonner la formule, sans soupçonner peut-être l’innovation, dont la chancellerie impériale elle-même n’avait pas eu davantage, croyons-nous, conscience. Mal lui en prit. Sur ce thème, on l’a criblée de lardons qui ont fini par lui faire perdre la tête. En bonne justice, il eût fallu viser plus loin et plus juste. Mais on eût blessé le héros, alors si populaire.

D’après « Bibliothèque de l’École des chartes », paru en 1881)

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Pour toute une vie de « Mangeailles »

Posté par francesca7 le 11 octobre 2015

 

 Mangeailles

 
 
Au début du XXe siècle, médecins et savants, grands amoureux de statistique, ne négligent aucune occasion de tout ramener dans l’existence, à quelques chiffres, et exposent régulièrement dans les revues et journaux, les résultats de leurs recherches : ainsi du calcul de la consommation alimentaire d’un homme le temps de sa vie.

Maladie, mortalité, criminalité sont, tour à tour, en ce début de XXe siècle, l’objet de communications qui ne sont pas précisément faites pour égayer nos pensées : mais la statistique n’est pas toujours aussi lugubre, et l’un de ses disciples, eut, nous faisant savoir ce qu’un homme mange et boit pendant sa vie, une ingénieuse et amusante idée.

Un chroniqueur s’en fait l’écho en 1901, avertissant les lecteurs qu’il ne s’inquiétera ici ni des malades qu’un régime plus ou moins sévère place en dehors des conditions normales d’alimentation, ni des théoriciens, ni des avares, qui pratiquent un système trop spécial, ni des pauvres hères qui, n’ayant pas à serrer les cordons de leur bourse, en sont réduits à se serrer le ventre. Il prévient en outre, non sans humour, que la statistique ici présentée laisse également de côté les vieillards qui n’ont plus de dents et les enfants qui font les leurs sur un biberon.

 

Nous allons prendre des gens bien portants ayant bon pied, bon oeil et bon estomac, pouvant s’offrir un rôti succulent, du bon vin et un fin cigare, explique-t-il encore en préambule. Nous fixerons, comme moyenne de l’existence des heureux que nous classons dans cette catégorie, l’âge de 70 ans : les recherches d’Everett — le statisticien anglais dont il relaie l’étude — lui ont permis de fixer ce chiffre comme terme moyen de la vie des convives de notre banquet qui, nous l’avons dit, ont été l’objet d’une sélection.

Commençons notre travail récapitulatif par la base de toute alimentation, c’est-à-dire par le pain. Chaque homme, dit Everett, en consomme, en moyenne, environ une livre anglaise et demie, soit 680 grammes environ ; mais le Français mange plus de pain que l’insulaire et nous pourrons traduire ce chiffre en livres françaises pour nos compatriotes, et estimer notre ration à 750 grammes. Tenons-nous-en, cependant, pour ne pas être taxé d’exagération, aux chiffres fournis par notre statisticien et nous trouverons que dans son existence l’homme mange un pain de plus de 15 000 kilogrammes qui tiendrait à peine dans un hangar de 450 mètres cubes.

Voulez-vous, maintenant, savoir ce que représentent les côtelettes, biftecks et rôtis que vous vous ingérez ? Ne vous effrayez pas, de grâce, à la vue du troupeau dévoré ! Il s’agit, en effet, de 20 bœufs, et voici d’après quel calcul Everett le prouve : un homme bien portant mange environ 1 livre de viande par jour ; or, un bœuf ne fournit pas plus de 500 livres de viande, soit un peu plus de la moitié de son poids total. Une série de petites multiplications, que nous laissons au lecteur le soin de faire, lui montrera qu’en 70 années, les 20 bœufs lui auront rendu d’utiles services, mais auront tout juste suffi à ses besoins. Si nous supposions un bœuf géant, nous aurions un animal mesurant plus de 5 mètres de haut et ne pesant pas moins de 18 000 kilogrammes.

Les Anglais sont gros mangeurs de jambon : aussi Everett peut-il avancer très sérieusement que si un homme devait, à sa naissance, commander sa provision de tranches de jambon, il lui en faudrait commander, en les mettant bout à bout, de quoi couvrir six kilomètres.

annales-politiquesEn poisson, notre homme consommera environ 5 000 kilogrammes, et tant en oeufs à la coque, qu’en omelette, absorbera 10 000 oeufs.

Nous voici arrivés à l’un des aliments qui occupent une grande place dans notre nourriture : la pomme de terre. S’il vous plaît de vous rendre compte de la dimension de la pomme de terre unique qu’il vous faudra manger, comparée à votre individu, et si vous la supposez coupée en branches minces, pour ne perdre aucune place, vous ne la logerez pas dans deux compartiments d’un wagon de chemin de fer !

C’est à peine, vraiment, si nous oserions, après ces renseignements, vous offrir un bifteck aux pommes, nous craindrions de vous en avoir à jamais dégoûté… Voulez-vous, maintenant, que nous figurions les fruits que nous croquons sous différentes formes, au naturel, en confitures, en compotes, etc. ?… Pour abréger, nous les réunirons d’abord sous l’espèce d’une jolie pomme qui mesurera plus de 5 mètres de circonférence et à l’ombre de laquelle vous lirez commodément votre journal, puis d’une orange et d’une poire mesurant chacune un mètre de circonférence et d’une prune que Sandow, le roi des hercules — Eugen Sandow, pseudonyme de Friedrich Wilhelm Mueller (1867-1925), culturiste allemand qui se produisait à travers le monde dans des expositions et des films au début du XXe siècle —, aurait peine à porter à bras tendus.

Ne quittons pas les végétaux sans ajouter ce précieux renseignement que la carotte, la grande carotte qui comprend toutes les petites que vous absorbez, est deux fois haute comme un âne de belle taille ; et cette autre constatation que vous êtes condamné à manger un demi-million de petits pois, qu’avec les feuilles de laitue que vous assaisonnez dans votre existence, on recouvrirait le plancher de 12 grandes pièces, qu’avec les choux, choux-fleurs, haricots et autres légumes que vous admettrez sur votre table, vous remplirez une vingtaine de voitures de maraîcher.

Vous demandez grâce ! Ce n’est pas fini cependant, et je vous prie de jeter un regard sur ces statues de sel, enchérit notre chroniqueur. Il ne s’agit pas de vous rappeler le sort jeté sur les habitants de la cité antique, et que la colère divine transforma en sel pour les punir de leur curiosité… Non, cher lecteur, ces statues placées à côté de ton portrait, représentent le volume de sel dont la cuisinière relèvera les mets qu’elle te prépare.

Voulons-nous un autre point de comparaison pour notre statistique ? On conseille aux voyageurs partant pour le Klondik, d’emporter une année de vivre avec eux, et on estime à 150 livres de sucre et 25 livres de sel la consommation annuelle. En recherchant d’après ces données, la consommation totale, on arrive au joli chiffre de 9 000 livres de sucre et 1 500 livres de sel. Deux lignes pour vous signaler que vous consommez 1 000 kilogrammes de beurre et 300 livres de fromage et nous vous promettons de ne plus vous entretenir de mangeaille.

 Mais cette copieuse énumération d’aliments doit vous avoir altéré et vous nous suivrez volontiers au bord du grand seau que vous voyez ci-contre : grimpez avec précaution sur l’échelle et ne tombez pas surtout dans ce vaste récipient où nous avons mis tout ce que vous boirez pendant votre vie. Nous suivrons notre guide, Everett, dans sa statistique, en respectant les quantités qu’il fixe : il peut y avoir des dissemblances au point de vue de la nature des liquides ; nous estimons toutefois qu’en tant que capacité nous pouvons nous en rapporter à lui.

Il faut compter qu’un homme boit quotidiennement une demi-pinte de thé ou de café le matin ; une demi-pinte de bière, vin ou eau à midi, une autre pinte à son repas du soir, enfin une pinte de liquide quelconque dans sa journée, soit trois pintes par jour et 1 100 pintes par an. La pinte représentant plus d’un demi-litre, il s’agit donc d’une consommation annuelle de 550 litres et au bout de 70 années qui nous occupent de 45 000 litres environ de breuvage englouti. Je vous le répète, ne vous penchez pas trop au bord du seau, vous pourriez vous noyer !

(D’après « Musée des enfants », paru en 1901)

 

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La Ste-Catherine entre mode et tradition

Posté par francesca7 le 7 octobre 2015

Le 25 novembre, on célèbre les Catherinettes ! Savez-vous de qui il s’agit ? Ce sont les jeunes femmes de 25 ans qui ne sont pas encore mariées. Même si elles assument et profitent aujourd’hui pleinement de leur célibat, la Sainte-Catherine reste une bonne occasion de faire la fête. La Catherinette devient alors reine d’un jour, couverte de fleurs jaunes et vertes et coiffée d’un chapeau extravagant ! Zoom sur une fête traditionnelle remise au goût du jour…

saintecatherine

Qui était Sainte Catherine ?

Catherine d’Alexandrie naquit en Egypte vers 290. Très tôt elle s’intéressa aux arts, aux sciences et à la philosophie. On dit qu’une nuit, le Christ lui apparut : elle décida alors de lui consacrer sa vie.
 
L’Empereur de Rome, Maximien, organisait à Alexandrie des fêtes païennes. Agée de seulement 18 ans, Catherine s’opposa ouvertement à ces mœurs et tenta de convertir l’empereur au catholicisme. Agacé, Maximien mit la jeune fille à l’épreuve en lui organisant un débat avec ses savants. Mais Catherine parvint à réfuter toutes leurs théories et les convertit un à un à sa foi. Impressionné par tant d’intelligence et de beauté, Maximien demanda Catherine en mariage, mais essuya un refus catégorique, celle-ci se considérant comme spirituellement fiancée au Christ. Humilié, il la condamna à la torture au moyen d’une machine infernale faite de roues agrémentées de pointes acérées. Mais sous la protection du Seigneur, on raconte que les roues se brisèrent. Catherine fut malgré tout décapitée le 25 novembre de l’an 307 et de sa blessure, dit-on, coula du lait…
 
Sainte Catherine deviendra ainsi la patronne des jeunes filles vierges, et au fil du temps, des jeunes filles à marier, adulée pour sa fidélité au Christ.

Les traditions de la Sainte-Catherine

Les coutumes de la Sainte-Catherine naissent au Moyen Age. Des moines du mont Sinaï auraient découvert le corps intact de Sainte-Catherine. La légende se répandit en Occident au moment des Croisades et l’histoire de la sainte inspira de nombreux artistes.
 
Commença alors la dévotion à Sainte-Catherine. Chaque 25 novembre, les jeunes filles de 25 ans qui n’étaient pas mariées, les « Catherinettes », arboraient des tenues et des chapeaux extravagants. Elles se rendaient ensuite à l’église au pied de la statue Sainte-Catherine qu’elles couvraient de fleurs, et l’imploraient de leur trouver un époux dans l’année ! On les voyait aussi au bal coiffées de leurs chapeaux aux couleurs jaune et verte ; le jaune symbolisant la foi, et le vert la connaissance, en référence à la martyre. Elles montraient ainsi qu’elles étaient un cœur à prendre !

La dimension religieuse s’est affaiblie avec le temps et la fantaisie des accoutrements a inspiré le domaine du stylisme, au point que Sainte-Catherine est devenue également la sainte patronne des couturiers et des modistes.
 
Ainsi à partir des années folles (dans les années 1920), on assista à Paris à une étrange parade. Chaque 25 novembre était l’occasion de grands défilés organisés par les maisons de haute couture. Les Catherinettes qui y travaillaient confectionnaient leur coiffe, originale à souhait, puis se rendaient dans le 2e arrondissement, à l’angle de la rue Cléry et de celle des Petits Carreaux. Devant un large public, elles montaient courageusement le long d’une échelle de pompier pour accéder jusqu’à la statue de Sainte-Catherine et la couvraient de fleurs ! Un jury désignait ensuite la coiffe de Catherinette la plus réussie.

La Sainte-Catherine aujourd’hui

téléchargement (1)Avec l’émancipation des femmes et les changements de la société, ne pas être mariée à 25 ans est devenue plutôt la normalité ! Les régions rurales perpétuent cependant les traditions de cette fête, principalement dans le Nord et l’Est de la France, en organisant des bals de Catherinettes, des foires et des concours de la plus belle coiffe. L’une des plus célèbres reste la foire de Vesoul(Haute-Saône), qui attire des milliers de curieux ! On s’envoie aussi en guise de clin d’œil des cartes et des fleurs aux couleurs de la Sainte-Catherine.
 
La Sainte-Catherine se fête aujourd’hui beaucoup dans les entreprises. Le 25 novembre, il est de rigueur que les collègues de la Catherinette lui confectionnent un chapeau avec des fleurs et des éléments jaunes et verts rappelant son métier. Elle est alors la star de la journée et doit arborer fièrement sa coiffe ! Vous êtes une entreprise ? Découvrez nos bouquets Sainte-Catherine spécial Entreprises en cliquant ici ! 

  • Avez-vous déjà entendu l’expression« coiffer Sainte-Catherine » ? Liée à la tradition de renouveler la coiffe de la statue, elle signifie tout simplement pour une fille ne pas être mariée à l’âge 25 ans. 
  • Les garçons aussi ont leur Sainte-Catherine ! Elle correspond en fait à la Saint-Nicolas, le 6 décembre, et met à l’honneur les garçons de 30 ans qui n’ont pas encore la bague au doigt. Une expression désigne même leur situation : « porter la crosse de Saint-Nicolas » ! 
  • Le 25 novembre est un jour favorable pour les jardiniers, car comme le dit le dicton : « A la Sainte-Catherine, tout bois prend racine » !

Enfin, la Sainte-Catherine est aussi l’occasion de faire la fête entre copines, un peu à la manière des enterrements de vie de jeune fille. Les amies couvrent la Catherinette de fleurs, en chapeau ou en bouquets. Elle sort ensuite faire la fête, chapeau sur la tête !

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1228 – La Merveille du Mont-Saint-Michel

Posté par francesca7 le 17 septembre 2015

 Mont st michel

œuvre de Satan ?

 Les noms de Jourdain, Radulphe des Îles, Raoul de Villedieu, Robert Jolivet, Jehan Gonault resteront pour des siècles attachés à ce formidable morceau d’architecture français, cette Merveille bâtie à la gloire de saint Michel. Le MontSaint-Michel, alors appelé le mont Tombe, servit d’abord d’asile et de sanctuaire à la science. Réfugiés dans la forêt qui couvrait autrefois les rivages conquis aujourd’hui par la mer, des ermites se livrèrent longtemps à l’étude des lettres divines et profanes. Lorsque la collégiale de saint Aubert fut substituée à l’ermitage, de grands projets de travaux prirent naissance dans l’esprit des chanoines qui se succédèrent. C’est ainsi qu’en 1228, après vingt-cinq ans d’ouvrages, la Merveille du Mont-Saint-Michel fut achevée. La situation de ce corps de bâtiment élevé à flanc de rocher et la difficulté que constituait l’accumulation d’étages faisaient de cette œuvre l’une des grandes réussites architecturales du XIIIe siècle. Elle regroupait des locaux de vie conventuelle, disposés sur trois niveaux, une aumônerie où l’on recevait les pèlerins, un réfectoire et un cloître au niveau de l’église. L’un des chefs-d’œuvre de l’ensemble était la salle des Hôtes, véritable vaisseau à deux nefs, d’une rare élégance, décorée de carrelage de terre cuite émaillée. Le cloître, quant à lui formé de colonnettes aux chapiteaux sculptés, s’appuyait sur la salle des Chevaliers, tendue de tapisseries et ornée de fresques. Parmi les premiers pèlerins se rencontraient déjà quelques femmes exaltées qui affirmaient voir Satan au milieu de cette Merveille de l’Occident. La chronique raconte qu’une « vieille femme fut si effrayée en l’apercevant pour la première fois qu’elle revint après l’office et, munie d’un bâton, se mit en devoir de briser les cornes du démon. Par bonheur, le sacristain désarma la vieille et lui dit, pour l’apaiser, que l’archange faisait bien son office tout seul. »

Comme de nos jours, les marées de la baie étaient d’une amplitude de près de treize mètres les jours de fort coefficient. C’est sur une dizaine de kilomètres que la mer se retirait et revenait à grande vitesse, ce qui faisait dire « qu’elle revient à la vitesse d’un cheval au galop ». En fait, elle est plus proche de la vitesse d’un homme qui marche, elle engloutissait beaucoup d’imprudents et de ceux qui n’accordaient aucun crédit à ce dicton.

Extrait des Petites anecdotes insolites de l’Histoire de France

 

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PUNIR AU 17è SIECLE

Posté par francesca7 le 13 septembre 2015

 

Punir

Il y a bien des façons de punir: carcan, brodequins, mutilations, fouet, pendaison, décapitation, flétrissure, galères; le choix de manque pas. Le carcan était un collier métallique ou en bois servant à attacher un condamné. Surtout utilisé pour les petits criminels, on dispose le malfrat en public, pendant quelques heures, exposé à l’humiliation publique. Le fouet est également très répandu et populaire. Tant utilisé pour les soldats que les citoyens, on prévoit habituellement un trajet marqué d’arrêts où le bourreau chaque fois inflige 6 ou 7 coups au condamné, dépendamment de la gravité du crime commis.

 Sans titre

La flétrissure, une des multiples méthodes de châtiment non-mortels. Un des bourreaux applique le fer tandis qu’un autre agite une poignée de verge, appelée communément une « bourrée », d’où s’inspire le mot « bourreau ».

La flétrissure est le fait de marquer au fer rouge un condamné. Sous le régime français, on a l’habitude de marquer l’épaule ou la joue d’une fleur de Lis. On inscrit un « V » pour les voleurs, et « W »pour un voleur récidiviste. Nul besoin de mentionner que ces marques indélébiles changent définitivement la vie des affligés, notamment quand la flétrissure est au visage… et ça c’est quand la plaie ne s’infecte pas, ce qui est rare.

Après les avoir marqués des lettres « GAL » avec le fer, on expédie parfois les condamnés aux galères. Cette peine est une des pires imaginables, les chances d’y survivre étant quasi nulles. Les galériens sont expédiés en France, débarquent au port PUNIR AU 17è SIECLE dans AUX SIECLES DERNIERS Toulon-_Bagnardde La Rochelle ou autres, doivent traverser à pied une partie de la France, attachés à la chaîne des forçats, subissant les coups des gardiens en plus des injures et insultes des passants, pour enfin parvenir à Marseille. De là, embarqués à bord de ces galères glauques, propulsés par toute une force humaine asservie et maltraitée, ils sont nus jusqu’à la taille et enchaînés à leur banc jour et nuit, sous la menace constante du fouet. « À leur apogée, vers 1680, les galères du roi utilisaient un total de 7000 rameurs. » Considérées comme trop coûteuses et peu efficaces, les galères sont abolies en 1749, et remplacées par le « bagne », un établissement pénitentiaire de travaux forcés, alors appelés « galères sèches ».

Que faire quand, par exemple, un condamné est en fuite? La peine est-elle abandonnée? Non. En aucun cas la peine ne peut être abandonnée, car ce serait là montrer que des crimes demeurent impunis. En l’absence des criminels, le châtiment s’effectue « par effigie ». La méthode consiste à peindre une représentation du condamné et d’appliquer le châtiment à cette image. Une scène qui devait, on se l’imagine bien, être légèrement moins spectaculaire que celle d’un supplicié bien vivant.

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PETIT RETOUR SUR LES MARCHANDES DE PLAISIRS

Posté par francesca7 le 28 août 2015

 

 

 
 
686601123Au XIXe siècle encore, on pouvait entendre crier le soir, dans les rues : Voilà l’plaisir, mesdames, voilà l’plaisir ! Y avait-il alors longtemps que l’on portait ainsi, de maison en maison, cette légère marchandise, si goûtée des enfants et de leurs bonnes ? D’où vient-elle ? De quelle époque date-t-elle ?

C’est que les plaisirs n’avaient pas toujours été ainsi nommés ; on les appelait autrefois dans toute la France, des oublies. Dans notre ancienne société française, les marchands de plaisirs étaient des oublieurs, ils tiraient leur nom des oublies qu’ils vendaient. Oublie, comme le fait remarquer un étymologiste, vient d’oublier, et l’on avait donné ce nom aux gâteaux en question, parce qu’ils sont si légers, qu’un moment après les avoir mangés, on ne s’en souvient plus, on les oublie. Vint un homme d’esprit qui les compara au plaisir, ce fantôme que les fils d’Adam poursuivent, et qui leur échappe au moment où ils l’atteignent. On se souvient souvent, avec un sentiment de jouissance, d’un obstacle surmonté, d’un grand péril auquel on a échappé, et d’une épreuve courageusement subie. De là le vers de Virgile :

Forsan et haec olim meminisse juvabit

on oublie bien vite un amusement, un plaisir. Comme la légère fumée d’une flamme éteinte, ce souvenir fugitif disparaît et s’évanouit.

Il serait difficile d’indiquer la date précise de l’invention des oublies ou des plaisirs. Ce qu’on peut affirmer, c’est qu’on en mangeait déjà au XIVe siècle. Il existe, en effet, un règlement du prévôt de Paris relatif aux oublieurs, mis à la suite de l’ordonnance du 9 septembre 1369. C’était ordinairement dans le carnaval, au cœur de l’hiver, que le commerce des oublies devenait considérable : vers sept heures du soir, quand le couvre-feu avait sonné et que la nuit régnait dans l’ancien Paris couvert de frimas, l’oublieur prenait son coffin rempli d’oublies, qu’il chargeait sur ses épaules et faisait retentir un cri bien connu. Alors les enfants et les servantes se mettaient aux croisées et l’appelaient.

 

Les oublieurs devaient prendre leurs précautions avant de se rendre à cet appel, car l’ordonnance précitée les condamnait à une amende si, à cette heure tardive, ils entraient chez un juif. D’autres fois, c’étaient de jeunes étudiants de l’Université qui les faisaient monter dans leur logis ; alors cette folle jeunesse leur demandait les dés avec lesquels les oublieurs jouaient leur marchandise contre quelques deniers, et, de gré ou de force, les transformaient en banquiers d’un pharaon où l’on jouait, non plus des oublies, mais de l’argent. C’était encore un cas prévu par les règlements du prévôt de Paris, qui mettaient à l’amende les oublieurs quand ceux-ci, oubliant leurs devoirs, empiétaient sur l’industrie mal famée des brelandiers.

Les oublieurs n’avaient pas le droit de se faire accompagner par un auxiliaire quand ils criaient le soir leur marchandise, cette interdiction le devant sans doute au fait qu’à cette époque la ville n’étant ni éclairée ni sûre : on craignait que, sous prétexte de vendre des oublies, ces marchands ambulants ne pratiquassent une industrie moins innocente et n’assaillissent les passants attardés.

Dans cette époque de réglementation, il y avait d’autres ordonnances que les oublieurs devaient observer : il leur était interdit, dans les foires et dans les marchés, d’étaler leurs oublies à une distance moindre de deux toises d’un autre oublieur.

Les oublies se faisaient alors, comme plus tard, dans un moule de fer. Mais il fallait un apprentissage, et il n’était pas donné à tout le monde d’être maître oublieur. Dans cette industrie, comme dans toutes les autres, on était obligé de faire ses preuves. Les oublieurs formaient une corporation qui avait des statuts. Or voici l’article premier de ces statuts : « Que nul ne puisse tenir ouvrouer ni estre ouvrier s’il ne faict en ung jour au moins cinq cents grandes oublies, trois cents de supplication, et deux cents d’estrées. » Cela revenait à plus de mille oublies, et, pour les faire en un jour, même en se levant de bonne heure, il fallait être très exercé, très habile, et avoir la main alerte et prompte.

De ce qui précède il résulte que ce qu’il y a de plus léger au monde, l’oublie ou le plaisir, a vécu plus longtemps que les constitutions qu’on disait immortelles. On avait vu disparaître les dynasties, s’écrouler les monuments les plus solides, tomber les gouvernements, et, après plus de quatre siècles écoulés, on mangeait encore des plaisirs au milieu du XIXe siècle.

Litho marchande de plaisirsC’est toujours pendant la soirée, et surtout pendant les soirées d’hiver, que les marchands et les marchandes de plaisirs parcourent à cette époque les rues de Paris, en criant leur marchandise. Seulement, l’ancien coffin des oublieurs du Moyen Age est remplacé par une espèce de petit tonneau à la forme allongée, et le tourniquet, avec son aiguille, qui marque sur un cadran le nombre des plaisirs ou des macarons gagnés, est venu se substituer aux dés de l’oublieur. L’ancienne crécelle est restée, et son cri aigu se marie avec les sifflements de la bise hivernale.

L’intonation du marchand n’avait pas beaucoup changé : Voilà l’plaisir, mesdames, voilà l’plaisir ! Si l’on se trouve au chevet d’un cher malade qui sommeille, combien on appréhende le passage de la marchande de plaisirs avec sa voix aiguë comme un clairon et nasillarde comme la clarinette d’un aveugle enrhumée par le brouillard ! On guette longtemps à l’avance le bruit grinçant de sa crécelle et la cantilène accoutumée, dont il est accompagné, et quand la rafale vous apporte les sons de cette fanfare, affaiblie par l’éloignement, on descend quatre à quatre l’escalier pour aller acheter à la terrible marchande une partie de ses plaisirs, à la condition expresse qu’elle ne fera pas retentir sa bruyante interpellation devant la maison. Elle cède, parce qu’elle est marchande et que, comme elle le dit, « il faut, avant tout, gagner sa pauvre vie », mais, elle cède à regret, parce qu’elle est aussi artiste. Elle tient presque autant à son appel : Voilà l’plaisir, mesdames, voilà l’plaisir ! que Dupré tenait à son ut de poitrine, et Mario à son ariette farorite, et elle fait un véritable sacrifice en acceptant votre argent.

Comme l’industrie a fait au XIXe de grands progrès, la marchande de plaisirs a étendu la sienne. Elle a joint en effet alors aux oublies de nos pères, qui sont toujours l’objet principal de son commerce, les macarons, les sucres d’orge, les gaufres et les croquets. La grande manufacture des plaisirs et des gaufres, à Paris, le quartier général des marchands et des marchandes de plaisirs, est dans ce temps-là situé aux Champs-Élysées, dans l’avenue Matignon, au coin de la rue de Ponthieu. C’est là qu’ils viennent s’approvisionner. C’est là aussi que s’arrêtent bien souvent les promeneurs en équipages et les piétons : L’enfant en montrera le chemin à sa mère.

Aux heures où les promenades publiques, les Champs-Élysées, les Tuileries, le Luxembourg, sont fréquentées par les enfants, les marchandes de plaisirs circulent dans les allées et vont offrir leur légère marchandise aux groupes dispersés sous les grands arbres. « Voilà la marchande de plaisir ! » s’écrient Armand, Berthe, Gaston et tous les bébés en chœur. Les mamans et les bonnes tirent leur bourse. Un plaisir n’a jamais troublé ou arrêté une digestion. Et puis, cette pâte légère est si cassante et si friable, que les petits oiseaux déjeunent toujours de la desserte des petits enfants. Qu’un coup de vent s’élève, voilà la moitié du plaisir qui s’envole et s’émiette sur le sable : c’est chère lie pour les moineaux francs.

A l’époque où le jardin des Tuileries était un jardin aristocratique, c’est-à-dire à l’époque où l’on n’y fumait pas et où Guignol n’y exhibait pas ses triviales marionnettes, les plaisirs n’entraient que par contrebande dans le jardin. On voyait une nourrice tenant sous des flots de mousseline un poupon qui ne criait jamais et semblait dormir toujours : c’était la contrebande des plaisirs qui pénétrait dans le jardin sous la forme d’un nourrisson. Quand la fausse nourrice voyait que les inspecteurs avaient le dos tourné, elle s’approchait des chaises où les mamans et les bonnes étaient assises, et, découvrant sa marchandise dorée, elle leur faisait ses offres de service. Cela paraissait bien bon aux bébés d’attraper les inspecteurs, qui tournaient systématiquement le dos à cet innocent manège ! S’il n’y a pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre, il n’y a pas de meilleurs aveugles que ceux qui sont décidés à ne pas voir.

Litho marchande de mouronCette stratégie devint par la suite inutile ; le laisser faire et le laisser passer régnèrent aux portes des Tuileries comme ailleurs, et l’époque où tout le monde mangeait des plaisirs dans ce beau jardin, quoique personne ne fût censé en vendre, ne fut plus qu’un souvenir.

Le XIXe siècle marqua le déclin de la profession : les palais, devenus plus délicats et plus exigeants, réclamaient des pâtisseries moins rudimentaires et moins primitives ; de même que les marchands de coco, ces Ganymèdes en plein vent qui versaient leur nectar à deux liards la timbale, n’existaient à la fin de ce siècle qu’à l’état d’échantillons et de memento du passé, depuis que la choppe de bière, le verre de punch, le mazagran et le verre d’absinthe avaient étendu leur empire sur les consommateurs populaires, la marchande de plaisirs s’en allait.

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Les mensonges de l’Histoire de France

Posté par francesca7 le 24 août 2015

Du petit arrangement avec les faits à la vraie imposture, l’histoire a souvent été réécrite avant d’arriver jusqu’à nous. Florilège de petits et gros mensonges, parfois encore enseignés en classe.

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Il a crié Tuez-le ! Je prends tout sur moi

Posté par francesca7 le 23 juillet 2015

Il a crié Tuez-le ! Je prends tout sur moi dans AUX SIECLES DERNIERS 200px-Roi_murat Murat, né en 1767, fils de Jeanne Loubières et de Pierre Murat, aubergistes à Labastide-Fortunière – depuis, Labastide-Murat – dans le Lot-et-Garonne. Murat l’intrépide, Murat la folie à la tête de ses charges de cavalerie auxquelles rien ne résiste. Murat d’Austerlitz, d’Eylau, de Wagram, Murat de la Moskova, mais pas de Waterloo…

Murat qui, au combat, pare son cheval de la peau de panthère d’apparat, et se pare lui-même avec tant de couleurs, d’uniformes extravagants que même les ennemis se le montrent du doigt, étonnés et amusés ! Murat, le beau-frère de Napoléon qui l’a fait roi de Naples. Après la défaite de Leipzig en 1813 : il quitte la Grande Armée, rentre dans son royaume italien, commence à l’administrer. Allié à l’Autriche, il va combattre les Français en 1814 !

En 1815, lors des Cent-jours, il attend l’appel de Napoléon. Cet appel ne viendra pas. Murat manquera cruellement à Waterloo ! Louis XVIII demande au congrès de Vienne qu’un Bourbon soit rétabli sur le trône de Naples. À la suite de diverses aventures, Murat est arrêté en Calabre, le 8 octobre 1815.

C’est à Naples que les ambassadeurs décident de son sort. L’Autriche, la Prusse et la Russie optent pour la prison. L’Espagne et l’Angleterre demandent la mort. L’ambassadeur anglais ajoute : « Tuez-le, je prends tout sur moi ! »

 Le 13 octobre 1815 au matin, Joachim Murat, quarante-huit ans, prince de Pontecorvo, se rend sur les lieux où va être exécutée la sentence. Il adresse aux soldats qui l’attendent, contraints d’obéir, des paroles de compassion. Il va commander lui-même le peloton d’exécution. Dans ses mains il serre un médaillon où figure le portrait de sa femme, la reine Caroline. Les yeux ouverts, il crie « Feu ! »

Le cavalier Murat

Doté d’un puissant charisme, il est un excellent meneur d’hommes et un brillant cavalier. Ses hommes reconnaissent en lui le chef qui les guidera à la victoire. Les Cosaques, cavaliers de l’armée russe, lui vouaient une véritable admiration. Soldat d’avant-garde, il sait fixer l’ennemi et le poursuivre après sa défaite. Il fait ainsi 15 000 prisonniers en cinq jours après la prise d’Ulm en 1805, et anéantit l’orgueilleuse armée prussienne après la double victoire d’Iéna et Auerstaedt. Sabreur, il mène ses escadrons à l’assaut des troupes ennemies aux cours des charges les plus folles, remportant des succès aussi incroyables que décisifs. Ainsi, il écrase l’armée turque à Aboukir, il évite la défaite à Eylau en prenant la tête de 80 escadrons qu’il fait charger sur les troupes russes, et ordonne la charge décisive à la bataille de la Moskowa.

220px-Patria_Esercito_Re_p283Il est cependant souvent emporté par son enthousiasme, ce qui lui vaut une réputation de fonceur et d’étourdi. À la bataille d’Heilsberg, en 1807, il se jette seul avec 9 000 cavaliers et quelques fantassins contre 80 000 Russes bien retranchés. Cela en fait également un mauvais général en chef qui épuise sa cavalerie à la poursuite des Russes qui se dérobent, au début de la campagne de Russie.

Murat est également réputé pour ses tenues toutes plus extravagantes les unes que les autres qui lui valurent le surnom de « roi Franconi », du nom d’un écuyer de cirque connu dans toute l’Europe du début du xixe siècle. Cette manie traduit sa vanité, sa volonté de se distinguer des autres généraux français. Il est de fait aisément reconnaissable sur les tableaux évoquant le Premier Empire (et était réellement immédiatement identifié dans les foules et sur les champs de bataille de l’époque), notamment par le port systématique d’énormes panaches blancs sur ses chapeaux.

Le général Griois a laissé dans ses mémoires un portrait de Murat qui résume le personnage.

 

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J’ai bien le droit d’être curieuse, je n’en ai jamais vu

Posté par francesca7 le 8 juillet 2015

 

 300px-Corday-Gillray-colorElle naît le 27 juillet 1768 aux Champeaux, à la ferme du Ronceray. Elle est le quatrième enfant de petits nobles. Son père, Jacques-François de Corday d’Armont est l’arrière-petit-fils de Marie Corneille, soeur de Pierre Corneille.

Elle grandit, lit Rousseau, se passionne pour ses idées. Marat aussi lit Rousseau. On l’a même vu un jour, près du jardin des Tuileries, déclamer des passages du Contrat social devant des dizaines de révolutionnaires qui applaudissaient à tout rompre !

Mais la jeune fille des Champeaux n’aime pas Marat. Elle l’appelle le massacreur de septembre. Pour elle, c’est un dictateur, c’est celui qui a fait guillotiner le confesseur de sa mère disparue, c’est un fou, un sanguinaire ! Il faut le tuer, elle va le faire !

Le 9 juillet 1793, après avoir fait ses adieux à ses amis sans leur révéler son projet, après avoir brûlé tous ses papiers, elle part pour Paris. Elle y arrive le 11 juillet, loue une chambre à l’hôtel de la Providence.

Le 13 juillet, vers huit heures, elle se rend au Palais-Royal où, dans une boutique, elle achète un couteau de table, à manche de bois brun, à virole d’argent. Le même jour, à onze heures, elle tente de se faire introduire chez Marat, prétextant qu’elle détient des renseignements sur les Girondins de Caen, mais elle n’est pas reçue. Elle y retourne le soir. Marat soigne son eczéma chronique dans sa baignoire. Elle lui dicte la liste des députés de Caen, il se penche pour écrire, elle lui plante son couteau dans la poitrine sous la clavicule droite, sectionnant l’artère sous-clavière ; Marat meurt aussitôt. Arrêtée sur place, elle est emprisonnée à la Conciergerie.

 Le mercredi 17 juillet, l’accusateur public Fouquier-Tinville obtient contre elle la peine de mort. Elle reste debout dans la charrette qui la conduit à l’échafaud, passe rue Saint-Honoré où Robespierre, Camille Desmoulins et Danton se penchent à la fenêtre. L’attelage débouche bientôt, sous un violent orage, place de la Révolution où se trouve la guillotine.

Charles-Henri Sanson, le bourreau, se place devant la jeune condamnée afin de lui éviter la vue de l’instrument du supplice. Elle l’écarte en lui disant : « J’ai bien le droit d’être curieuse, je n’en ai jamais vu ! »

Sanson dit qu’elle est douce et grande, qu’elle est courageuse, qu’elle est belle. Ses longs cheveux châtains ont été coupés à la Conciergerie, elle est prête, elle va d’elle-même se placer contre la planche.

Fermin, l’aide de Sanson, la pousse, elle bascule, le couperet tombe. Elle s’appelait Marie-Anne Charlotte de Corday d’Armont. Charlotte Corday. Elle avait vingt-cinq ans.

 

Alphonse de Lamartine, dans son Histoire des Girondins, t. II., Livre 44, Paris, Ratier, p. 100-2, a imaginé la scène, qui n’eût en réalité pas de témoin :

J’ai bien le droit d’être curieuse, je n’en ai jamais vu dans AUX SIECLES DERNIERS 220px-CharlotteCorday« Elle descendit de voiture du côté opposé de la rue, en face de la demeure de Marat. Le jour commençait à baisser, surtout dans ce quartier assombri par des maisons hautes et par des rues étroites. La portière refusa d’abord de laisser pénétrer la jeune inconnue dans la cour. Celle-ci insista néanmoins et franchit quelques degrés de l’escalier, rappelée en vain par la voix de la concierge. À ce bruit, la maîtresse de Marat entrouvrit la porte, et refusa l’entrée de l’appartement à l’étrangère. La sourde altercation entre ces femmes, dont l’une suppliait qu’on la laissât parler à l’Ami du peuple, dont l’autre s’obstinait à barrer la porte, arriva jusqu’aux oreilles de Marat. Il comprit, à ces explications entrecoupées, que la visiteuse était l’étrangère dont il avait reçu deux lettres dans la journée. D’une voix impérative et forte, il ordonna qu’on la laissât pénétrer.

Soit jalousie, soit défiance, Albertine Marat obéit avec répugnance. Elle introduisit la jeune fille dans la petite pièce où se tenait Marat, et laissa, en se retirant, la porte du corridor entrouverte, pour entendre le moindre mot ou le moindre mouvement de son frère.

Cette pièce était faiblement éclairée. Marat était dans son bain. Dans ce repos forcé de son corps, il ne laissait pas reposer son âme. Une planche mal rabotée, posée sur la baignoire, était couverte de papiers, de lettres ouvertes et de feuilles commencées.

Charlotte évita d’arrêter son regard sur lui, de peur de trahir l’horreur de son âme à cet aspect. Debout, les yeux baissés, les mains pendantes auprès de la baignoire, elle attend que Marat l’interroge sur la situation de la Normandie. Elle répond brièvement, en donnant à ses réponses le sens et la couleur propres à flatter les dispositions présumées du journaliste. Il lui demande ensuite les noms des députés réfugiés à Caen. Elle les lui dicte. Il les note, puis, quand il a fini d’écrire ces noms : « C’est bien ! dit-il de l’accent d’un homme sûr de sa vengeance, avant huit jours ils iront tous à la guillotine ! »

À ces mots, comme si l’âme de Charlotte eût attendu un dernier forfait pour se résoudre à frapper le coup, elle tire de son sein le couteau et le plonge, avec une force surnaturelle, jusqu’au manche dans le cœur de Marat. Charlotte retire du même mouvement le couteau ensanglanté du corps de la victime et le laisse glisser à ses pieds. – « À moi ! ma chère amie ! à moi ! », s’écrie Marat, et il expire sous le coup. »

 

L’assassinat de Marat, par Jean-Joseph Weerts, vers 1880.

Charlotte Corday est ensuite maîtrisée par Simone Évrard, la compagne de Marat, et ses gens de maison. Protégée contre la foule, elle est conduite non loin, à la prison de l’Abbaye où elle subit une fouille en règle. Outre quelques objets personnels, on trouve sur elle une feuille de papier pliée en huit, dans laquelle elle explique les raisons de son geste :

« Adresse aux Français amis des lois et de la paix.

« Jusqu’à quand, ô malheureux Français, vous plairez-vous dans le trouble et dans les divisions ? Assez et trop longtemps des factieux, des scélérats, ont mis l’intérêt de leur ambition à la place de l’intérêt général ; pourquoi, victimes de leur fureur, vous anéantir vous-mêmes, pour établir le désir de leur tyrannie sur les ruines de la France ?

« Les factions éclatent de toutes parts, la Montagne triomphe par le crime et l’oppression, quelques monstres abreuvés de notre sang conduisent ces détestables complots […] Nous travaillons à notre propre perte avec plus de zèle et d’énergie que l’on n’en mit jamais à conquérir la liberté ! Ô Français, encore un peu de temps, et il ne restera de vous que le souvenir de votre existence !

220px-Carlota_Corday_1889_by_Arturo_Michelena dans FONDATEURS - PATRIMOINE« Déjà les départements indignés marchent sur Paris, déjà le feu de la discorde et de la guerre civile embrase la moitié de ce vaste empire ; il est encore un moyen de l’éteindre, mais ce moyen doit être prompt. Déjà le plus vil des scélérats, Marat, dont le nom seul présente l’image de tous les crimes, en tombant sous le fer vengeur, ébranle la Montagne et fait pâlir Danton, Robespierre, ces autres brigands assis sur ce trône sanglant, environnés de la foudre, que les dieux vengeurs de l’humanité ne suspendent sans doute que pour rendre leur chute plus éclatante, et pour effrayer tous ceux qui seraient tentés d’établir leur fortune sur les ruines des peuples abusés !

« Français ! vous connaissez vos ennemis, levez-vous ! Marchez ! que la Montagne anéantie ne laisse plus des frères, des amis ! J’ignore si le ciel nous réserve un gouvernement républicain, mais il ne peut nous donner un Montagnard pour maître que dans l’excès de ses vengeances […] Ô France ! ton repos dépend de l’exécution des lois ; je n’y porte pas atteinte en tuant Marat : condamné par l’univers, il est hors la loi. Quel tribunal me jugera ? Si je suis coupable, Alcide l’était donc lorsqu’il détruisait les monstres ! [...]

« Ô ma patrie ! Tes infortunes déchirent mon cœur ; je ne puis t’offrir que ma vie ! et je rends grâce au ciel de la liberté que j’ai d’en disposer ; personne ne perdra par ma mort ; je n’imiterai point Pâris le meurtrier de Lepeletier de Saint-Fargeau en me tuant. Je veux que mon dernier soupir soit utile à mes concitoyens, que ma tête portée dans Paris soit un signe de ralliement pour tous les amis des lois ! que la Montagne chancelante voie sa perte écrite avec mon sang ! que je sois leur dernière victime, et que l’univers vengé déclare que j’ai bien mérité de l’humanité ! Au reste, si l’on voyait ma conduite d’un autre œil, je m’en inquiète peu :

Qu’à l’univers surpris cette grande action,

Soit un objet d’horreur ou d’admiration

Mon esprit, peu jaloux de vivre en la mémoire,

Ne considère point le reproche ou la gloire.

Toujours indépendante et toujours citoyen,

Mon devoir me suffit, tout le reste n’est rien,

Allez, ne songez plus qu’à sortir d’esclavage !…

« Mes parents et mes amis ne doivent point être inquiétés, personne ne savait mes projets. Je joins mon extrait de baptême à cette adresse, pour montrer ce que peut être la plus faible main conduite par un entier dévouement. Si je ne réussis pas dans mon entreprise, Français ! Je vous ai montré le chemin, vous connaissez vos ennemis; levez-vous ! Marchez ! Frappez ! » »

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Blancs, Bleus, chouans

Posté par francesca7 le 5 juillet 2015

 

220px-ChouanBretonContre les Vendéens, les soldats de la République – les Bleus – sont envoyés au cours de l’été 1793. Les Blancs – les Vendéens – battent les Bleus à Torfou, en septembre.

 Les Bleus battent les Blancs à Cholet, le 17 octobre 1793. Les Vendéens doivent franchir la Loire. La plupart de leurs chefs ont été tués. Ils sont 80 000 hommes, femmes, enfants, longue et lente colonne sans ordre et sans grand espoir qui s’en vont alors vers Granville. C’est ce qu’on appelle la virée de galerne – d’un mot celtique qui désigne le vent du nord-ouest. Ils espèrent le secours des émigrés et des Anglais qui combattent aussi la Révolution.

Mais rien ne viendra. Ils échouent dans leur tentative de prendre Granville, se replient sur Angers, puis sont refoulés vers Le Mans où les Bleus de Marceau les écrasent. Le reste repart vers Savenay – en Loire-Atlantique – où Kléber, Marceau et Westermann les achèvent le 23 décembre : 15 000 morts jonchent les terres de Savenay. Les prisonniers, femmes et enfants compris, ont été fusillés, dépouillés de leurs vêtements.

Jusqu’en mai 1794, la Vendée va être parcourue par les colonnes infernales de Turreau qui vont brûler, détruire, piller, assassiner les populations dans des conditions atroces : des jeunes filles sont écartelées, les jambes attachées à des branches d’arbres, des femmes enceintes sont écrasées sous des pressoirs, des enfants sont embrochés et rôtis.

En février 1795, une paix temporaire est signée avec Charrette. Mais, dès l’été, le 27 juin 1795, des émigrés et des Anglais débarquent à Quiberon. Ils se joignent aux chouans de George Cadoudal. Les chouans sont les combattants du nord de la Loire, initialement sous les ordres de Jean Cottereau dont le grand-père, contrebandier du sel, imitait le cri du chat-huant, cri repris comme signe de ralliement.

Les 16 et 17 juillet 1795, les chouans et leurs alliés sont battus. Les 751 prisonniers sont condamnés à mort et exécutés. Stofflet et Charrette sont arrêtés et fusillés. Les guerres de Vendée ont fait 150 000 morts.

En 1793

Dans le Morbihan, le 14 mars, 4 000 paysans pénètrent dans Vannes, mais sont repoussés à coup de fusil par les soldats. Le même jour, à Pluméliau, plusieurs milliers de paysans attaquent deux commissaires escortés par une centaine de gardes nationaux accompagnés de deux canons. Les deux commissaires sont tués, ainsi que trois gendarmes et 25 gardes nationaux. Le lendemain, les insurgés attaquent Pontivy. Les patriotes barricadés dans la ville reçoivent en renfort 50 soldats de Guémené-sur-Scorff et 35 gardes nationaux de Josselin, puis au cours du combat 50 gardes nationaux de Loudéac. Les paysans, découragés, abandonnent le combat et se retirent. Le 15 mars, 5 000 paysans venus des environs de La Roche-Bernard, Pontchâteau, et Guérande se rassemblent devant La Roche-Bernard. Les insurgés envoient une proclamation aux patriotes:

« Nous ne sommes point armés pour nous entre-détruire les uns les autres, mais bien pour résister à l’oppression, et pour faire entendre nos justes plaintes qui, quoique vous en disiez, ont été souvent rejetées. Aujourd’hui que vous vous dites disposés à les écouter et même à les faire valoir, nous allons vous les retracer en peu de mots.
Écartez de nous le fléau de la milice, et laissez aux campagnes des bras qui leur sont nécessaires. Vous nous parlez d’ennemis qui menacent nos foyers: c’est là que nous saurons les repousser, s’ils viennent nous attaquer; c’est là que nous saurons défendre contre eux et contre tous autres, nos femmes, nos enfants, nos bestiaux et nos récoltes, ou périr avec eux.
Rendez à nos vœux les plus ardents nos anciens pasteurs; ceux qui furent, dans tous les temps, nos bienfaiteurs et nos amis; qui, partageant nos peines et nos maux, nous aidaient à les supporter par de pieuses instructions et par leur exemple. Rendez-nous avec eux le libre exercice d’une religion qui fut celle de nos pères et pour le maintien de laquelle nous saurons verser jusqu’à la dernière goutte de notre sang.

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Rendez à nos campagnes ceux de ces dignes pasteurs que vous retenez dans vos murs, et permettez à ceux qui se sont exilés de revenir nous distribuer les consolations dont nous avons grand besoin; leur retour ramènera partout la paix, l’union, la concorde.

Telles sont nos principales demandes. Nous y joignons notre vœu pour le rétablissement de la royauté, ne pouvant vivre sous un gouvernement républicain, qui ne présente à nos esprits que des idées de division, de troubles et de guerres. »

Les patriotes de La Roche-Bernard laissent les paysans entrer dans la ville à condition de ne pas commettre de pillages. Mais des coups de feu isolés déclenchent le combat, des gardes nationaux sont tués, les autres prennent la fuite et les maisons des patriotes sont pillées. Le lendemain, deux administrateurs, Sauveur et Le Floch sont assassinés. Puis les mêmes insurgés marchent sur Rochefort-en-Terre, les 48 patriotes de la ville se rendent sous promesse de vie sauve, néanmoins trois d’entre-eux sont lynchés par la foule.

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