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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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L’année Mozart

Posté par francesca7 le 29 novembre 2015

 

Aucun objectif précis, aucun thème n’est ressorti du chaos des manifestations, sinon, par-ci par-là, la volonté de partir à la recherche de l’identité du compositeur, dont seule la musique peut nous offrir le vrai portrait. Le Bicentenaire a-t-il donc permis de mieux la percevoir, de mieux la comprendre…, en un mot de mieux l’entendre ?

MOZART

Qui a assassiné Mozart ? La postérité. C’est elle qui l’a empoisonné, avec ses rumeurs, ses médisances, ses affabulations, ses mensonges, ses clichés, ses lieux communs. Mozart a disparu, englouti sous l’enfant prodige.

Aux yeux du profane, Mozart n’a jamais grandi. À ce tissu de fiction s’ajoutent tout à coup les contre-clichés d’un Milos Forman fonçant aveuglément dans les désordres des pseudo-biographies et s’employant à démolir dans Amadeus (1984) cette image de candeur pour offrir à la place celle d’un éternel adolescent provocateur et grossier. Mozart est bien le seul compositeur à faire ainsi l’objet de tels débordements. Et l’année 1991 a fourni prétexte à bien d’autres abus.

Aux divagations intellectuelles s’ajoutent plus que jamais les hommages lucratifs et singuliers d’une Vienne autrefois indifférente rejoignant maintenant Salzbourg dans un culte parallèle qui exclut la musique et s’en prend directement à l’homme. Plus ou moins hideux, le portrait de Mozart orne boîtes de chocolats, tee-shirts, torchons, assiettes et dés à coudre. Il s’agit bien de Mozart, de celui envers qui le monde entier se sent débiteur, de ce génie dont on voudrait tant expliquer l’évidence. Alors ne faut-il pas voir dans toutes ces spéculations autant de tentatives pour essayer de justifier l’inexplicable…, l’insupportable mystère Mozart ?

Le plus ancien témoignage sur Mozart remonte à 1798. Il avait été établi à partir de propos de sa veuve, Constance, et de lettres qu’avait envoyées à cette dernière sa jeune sœur Sophie. Certains de ces textes furent repris par Nissen, deuxième mari de Constance, auteur de la première biographie de Mozart. Cette première source fit longtemps autorité. Le xixe siècle a préféré se projeter en Mozart, voir en lui un génie méconnu composant dans la douleur et l’isolement, le premier compositeur revendiquant son indépendance (à quel prix !). Le romantique Stendhal n’a pas su étudier l’homme et n’a accordé d’importance qu’à la « partie la plus extraordinaire de la vie de Mozart » : son enfance. Mais, si l’auteur de le Rouge et le Noir ne porte pas seul la responsabilité de l’éternelle puérilité de Mozart, il faut tout de même aller jusqu’au centenaire de sa naissance (1856) pour que paraisse la première étude moderne (due à Otto Jahn), puis attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que des historiens se livrent à des travaux plus approfondis.

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Il est mort, le divin enfant

Les premières données « scientifiques » appartiennent à Théodore de Wysewa et Georges de Saint-Foix, auteurs d’une analyse de l’œuvre en cinq volumes terminée en 1945 et rééditée cette année (Robert Laffont) en deux volumes. L’ouvrage érudit mais accessible d’Alfred Einstein (Mozart, Gallimard, 1991) et l’essai philosophique de Jean-Victor Hocquard (la Pensée de Mozart, Le Seuil, 1991) ont apporté chacun un éclairage personnel mais peu révolutionnaire. Le livre de Jean et Brigitte Massin (paru en 1959) met à mal les idées reçues (Wolfgang Amadeus Mozart, nouv. éd., Fayard, 1990), mais les légendes sont tenaces.

Il aura fallu que les travaux de l’Américain H.C. Robbins Landon soient publiés en français à la faveur de l’année Mozart pour que tombent enfin les masques. Spécialiste de l’Europe musicale duxviiie siècle, et plus particulièrement de Haydn et de Mozart, l’auteur a réuni une documentation inédite et apporte de nouvelles pièces au dossier. Il a écritMozart, l’âge d’or de la musique à Vienne, (Lattès, 1989), 1791, la dernière année de Mozart (Lattes, 1988), traduits pour la circonstance, et enfin leDictionnaire Mozart (Lattes, 1990), que l’on peut considérer comme les trois véritables points forts de la cuvée du Bicentenaire. Cet important travail historique contrebalance les biographies passionnelles et passionnées en éliminant tout ce qui ne serait pas archivistiquement exact. L’année 1991 aura fait de H.C. Robbins Landon le « portraitiste officiel », l’indispensable star des colloques, et l’édition y aura gagné quelques volumes enfin crédibles.

Non, Mozart n’a pas été empoisonné par Salieri. Il est probablement mort d’une insuffisance rénale chronique, aggravée par une prolifération de streptocoques. Non, les francs-maçons ne l’ont pas condamné et tué pour trahison et non-respect de la règle du silence. Oui, le mystérieux commanditaire du Requiem a été identifié. Il s’agit du comte Walsegg, dont la jeune femme venait de mourir et qui, par ailleurs, aurait bien aimé s’octroyer la paternité de l’œuvre, comme il ne lui déplaisait pas de le faire de temps en temps. Non, la Flûte enchantée ne fut pas créée dans un petit théâtre de foire, mais dans l’impressionnant théâtre du Freihaus, quartier viennois situé sur une île, au milieu de la Wien, nommé ainsi parce qu’exonéré d’impôts. Non, le corps de Mozart ne fut pas jeté à la fosse commune, mais enseveli dans une tombe collective de cinq ou six cercueils non identifiés, comme le voulait l’usage à Vienne, pour les défunts peu fortunés. Non, Mozart ne fut pas l’éternelle victime de Constance, volage, perfide et écervelée. Plus respectable qu’on ne l’a dit, elle sut se conduire de manière à être aimée de Mozart et, par la suite, se montra très avisée.

La fin de l’année 1790 fut difficile à vivre pour Mozart. Vienne le boudait. Ses concerts par souscription n’attiraient plus le public. Il manquait d’argent et perdait le goût du travail. Aussi alla-t-il à Francfort assister au couronnement de Léopold II. Il comptait beaucoup sur ce voyage pour se faire entendre. Si Salieri dirigea deux de ses messes durant les fêtes qui marquèrent la cérémonie, ce voyage se solda cependant par un échec. De retour à Vienne, il dut se tourner vers les concerts privés, travailler pour de nouveaux commanditaires et accepter d’écrire de petits lieder et de la musique de danse pour les bals.

Après la composition de l’Ave verum destiné à la procession du Corpus Christi à Baden (juin 1791), Mozart eut le temps de revenir à la partition de laFlûte enchantée ; mais il fut interrompu par la commande du Requiem, dont l’achèvement fut lui-même retardé par la Clémence de Titus, opéra écrit pour le couronnement de Léopold II à Prague. La Flûte enfin créée, Mozart écrivit alors le concerto pour clarinette pour son ami Stadler, avant de revenir enfin au Requiem. Mais son dernier opéra tient une place de plus en plus importante dans sa vie. En effet, le succès populaire de l’œuvre le combla. Depuis quelques années déjà, Mozart savait que les salons bourgeois remplaçaient désormais pour lui les châteaux de l’aristocratie et qu’il se devait, de fait, à un autre public. Les nobles avaient pris leurs distances. Il n’était plus séant d’admirer, encore moins de protéger l’auteur des Noces de Figaro, point de départ de ses vrais déboires.

Quelques années plus tard, la musique de Beethoven supplanta celle de Mozart, jugée « froide et inintelligible » par certains. Ne l’aimèrent que les grands esprits romantiques, qui nièrent cependant que ces deux grands compositeurs aient pu, l’un comme l’autre, être vraiment imprégnés de la philosophie des Lumières.

1991 fut la folle année du Tout-Mozart. De l’Opus 10au Requiem, en passant par les opéras de jeunesse, chaque œuvre a été programmée au moins une fois. Plus de dix versions de la Flûte enchantée ont été montées entre Paris, la province, Salzbourg, Bonn, Hambourg, Glyndebourne, Londres, Vienne et le Metropolitan Opera. La version parisienne due à Robert Wilson (sous la direction d’Armin Jordan) fera date, même si son traitement inédit des symboles et des thèmes de l’ouvrage ne fit pas l’unanimité. À Salzbourg, Johannes Schaaf a choisi de revenir aux sources d’une Égypte ésotérique. La Finta Giardiniera, peu vue jusqu’ici, a fait certains beaux soirs de Paris, Nantes, Munich et Nice, détenant par ailleurs la palme de l’audace avec une programmation misant sur l’intégrale de l’œuvre instrumentale.

mozart_L’année Mozart aura également fourni l’occasion de découvrir la Finta Semplice (à Versailles), le Directeur de théâtre (à Lyon), œuvre contemporaine des Noces, à la maîtrise musicale et dramatique aboutie. Le Châtelet a présenté la musique de scène de Thamos, roi d’Égypte écrite pour la pièce de Tobias Philipp von Geber, pièce qui n’est pas étrangère au livret de la Flûte enchantée. À l’unisson, les grands festivals européens d’art lyrique ont investi dans les sept grands opéras, parfois doublés de concerts symphoniques et de récitals. Certains chefs-d’œuvre y ont gagné une relecture plus ou moins anachronique et supportable qui les transposait dans notre époque.

Sur le chemin du vrai Mozart

Une approche nouvelle, tenant compte du lieu et des moyens offerts, est également à mettre au crédit de l’année anniversaire. Les festivals spécialisés ont gardé leur spécificité, tout en inscrivant Mozart à leur programme. Il faut signaler l’intégrale des sonates pour pianoforte donnée à la Roque-d’Anthéron par cinq artistes, américains, allemand et belge. Le pianiste autrichien Paul Badura-Skoda, interprète de référence, s’est produit cent vingt fois dans le monde avec une intégrale de l’œuvre pour piano. L’association Pro Quartet a confié à de jeunes formations françaises (Arpeggione, Ludwig, Manfred, Parisii, Ravel, Rosamonde et Isaye) le soin de faire connaître l’intégrale des quatuors et des quintettes à cordes à l’Opéra Bastille.

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Les grandes foires du moyen-âge

Posté par francesca7 le 22 novembre 2015

 

Si la plus grande part du commerce international provenait des ports du Nord ou de la Méditerranée, ceux-ci irriguaient ensuite le continent tout entier. Désormais, les commerçants étaient de véritables hommes d’affaires, alors que leurs prédécesseurs se déplaçaient à dos de mulet ou sur des charrettes branlantes, ils achetaient désormais des chargements entiers de navires et des lots de marchandises.

les foires du moyen_age

Dans les foires, où ces grands marchands se donnaient rendez-vous, se réglaient d’énormes affaires. Les foires étaient l’âme du commerce médiéval. Elles se déroulaient dans toutes l’Europe : Londres, Reims, Troyes, Cologne, Leipzig, Genève… Les foires duraient chacune six ou sept semaines selon un calendrier fixé afin que les foires puissent s’enchaîner chacune par rapport aux autres. Ainsi, le marché était actif toute l’année. Les affaires conclues au cours de ces rencontres encourageaient la production industrielle et artisanale, elles stimulaient les progrès techniques. Afin d’éviter aux grands marchands de transporter une grande quantité d’argent, on inventa la lettre de change : ce moyen permet de payer une dette à distance, en passant par l’intermédiaire de deux banquiers qui correspondent entre eux. La lettre de change introduisit le crédit, mais de façon camouflée car l’Église interdisait les prêts avec intérêts. Au cours de cette période, ce sont les riches familles italiennes qui furent à l’avant-garde dans le domaine bancaire. Le monde changeait, les châteaux féodaux perdaient de leur importance tandis que les villes commerçantes croissaient. La fortune des seigneurs s’amenuisait au profit des riches bourgeois qui tenaient les rênes de l’économie. Ceci contribua à la naissance des États modernes.

Sources et liens

  • Fascicule Soldats de plomb du Moyen Âge (Altaya)

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La Rumeur d’Orléans

Posté par francesca7 le 19 novembre 2015

 

 

Statue_Jeanne_OrleansLa rumeur d’Orléans est une affaire à la fois judiciaire, médiatique et politique qui se déroula en 1969 dans la ville française d’Orléans (Loiret)

La « rumeur d’Orléans », apparue en avril 1969, laissait entendre que les cabines d’essayage de plusieurs magasins de lingerie féminine d’Orléans, tenus par des Juifs, étaient en fait des pièges pour les clientes, qui y auraient été endormies par injections hypodermiques et enlevées pour être livrées à un réseau de prostitution, également appelée « traite des Blanches ». Elle prit parfois un tour rocambolesque lorsqu’on prétendit que des clientes disparues étaient prises en charge par un sous-marin remontant la Loire. Cette version n’a été rapportée que par un seul témoin, mais recopiée dans presque toutes les gloses sur le sujet. Des attroupements ont lieu devant les magasins de commerçants juifs et non juifs, on crache sur les vitrines.

Aucun démenti, même officiel (signalant par exemple qu’aucune disparition suspecte n’a été répertoriée dans les environs par les services de police), n’a jamais réussi à mettre fin à la rumeur, qui a finalement cessé d’intéresser les médias, sans autre intervention que le temps et l’oubli. Le rôle des médias dans la naissance et la diffusion de la « rumeur d’Orléans » est important : ainsi que le rapporte l’équipe de sociologues dirigée par Edgar Morin, le « scénario » avait été publié un an auparavant dans un livre de poche (aux Presses de la cité), puis dans l’ouvrage d’un journaliste anglais, Stephen Barlay, (chez Albin Michel), puis enfin dans le n° du 14 mai 1969 d’un magazine de presse people disparu depuis (Noir et Blanc).

En 1975, La Vie devant soi de Romain Gary est publié, et reçoit le Prix Goncourt. Momo, le narrateur utilise souvent l’expression « Rumeur d’Orléans » : « Il a engueulé Madame Rosa quelque chose de maison et lui a crié que c’étaient des rumeurs d’Orléans. Les rumeurs d’Orléans, c’était quand les Juifs dans le prêt-à-porter ne droguaient pas les femmes blanches pour les envoyer dans les bordels et tout le monde leur en voulait ».

L’historien Léon Poliakov et l’écrivain Albert Memmi ont, entre autres, souligné le caractère antisémite de la rumeur.

La rumeur dite d’Orléans n’a pas circulé que dans cette ville. Ainsi que le retrace Pascal Froissart, elle a connu une très large diffusion : de 1959 à 1969, à Paris, Toulouse,Tours, Limoges, Douai, Rouen, Lille, Valenciennes ; en 1966 à Dinan et Laval ; en 1968 au Mans ; en 1969 à Poitiers, Châtellerault, et Grenoble ; en 1970 à Amiens ; en 1971 à Strasbourg ; en 1974 à Chalon-sur-Saône ; en 1985 à Dijon et La Roche-sur-Yon ; en 1987, à Québec ; et en 1990, à Rome et à Montréal ; en 1992 en Corée… Aujourd’hui encore, elle circule et resurgit de temps à autre sur Internet, sous des versions toujours plus surprenantes.

En 2009, quarante ans après son enquête, Edgar Morin est interviewé par Le Point sur le sujet.

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Les chansons du moyen Age

Posté par francesca7 le 14 novembre 2015

 

Chants du moyen ageParmi les productions littéraires qui peignent le plus parfaitement et en plus grande liberté l’esprit de notre nation, il faut placer au premier rang la chanson. Vive, frondeuse, narquoise, pleine d’entrain et de mouvement, facile à retenir, la chanson française prend les formes le plus variées et abonde à toutes les époques.

Tour à tour héroïque, sentimentale, satirique, grivoise et surtout populaire, ce genre de composition, qui remonte chez nous aussi haut que l’érudition peut atteindre, n’a pour ainsi dire jamais laissé passer un événement, moins que cela, une mode ridicule, une aventure burlesque, sans rimer quelques couplets. On sait le vieil adage national : « Tous finit par des chansons. » Longtemps en France les chansons furent écrites en latin ; ce qui ne les empêchaient nullement de jouir de cette popularité dont nous parlions. Ainsi Hildegaire, évêque de Meaux sous Charles-le-Chauve, dit, en parlant de la bataille gagnée sur les Saxons, en 623, par Clotaire II : « On composa à propos de cette victoire un chant vulgaire (carmen publicum) qui se trouvait dans toutes les bouches, et que les femmes chantaient en dansant et en battant des mains. » Le pieux prélat nous a conservé deux strophes de ce poème écrit en latin barbare ; c’est une des plus anciennes chansons qu’on connaisse.

La langue française n’ayant commencé à être en usage qu’au douzième siècle, ce n’est donc qu’à partir de cette époque qu’il faut chercher des chansons écrites en français, si toutefois on peut donner ce nom à un idiome qui n’est guère accessible aujourd’hui qu’aux érudits. Les chansons des douzième et treizième siècles se font remarquer par leur simplicité, leur naïveté, et surtout par des inspirations sauvages et chevaleresques qui devaient au mieux s’harmoniser avec les mœurs guerrières des preux. La critique y notera aussi une richesse d’expressions poétiques qu’on ne s’attendrait certes pas à trouver dans une littérature à peine dégrossie.

Les croisades alimentèrent longtemps la verve des chansonniers, ou, pour parler la langue de ce temps, la verve des trouvères et des jongleurs. Ceux-ci voyageaient çà et là, s’arrêtant dans les châteaux, ou bien rassemblant le peuple au sortir des églises ; puis ils récitaient les exploits des croisés. La complainte si connue de Malbroug remonte aux guerres saintes ; l’auteur raconte les hauts faits d’un chevalier espagnol, surnommé le Membru ; et c’est seulement au siècle dernier que Membru fut tout à coup transformé en Malbroug. Ce changement, qui ne peut s’expliquer que par la parité accidentelle des deux vocables, paraît d’autant plus bizarre que le général anglais n’eut jamais rien de commun, ni dans sa vie ni dans sa mort, avec le croisé espagnol.

 troubadours

Quoi qu’il en soit, l’anachronisme fit la fortune de la complainte ; c’est à lui qu’elle doit d’avoir vécu. Les trouvères et les jongleurs ne se contentaient pas de chanter, en s’accompagnant d’un instrument, ces longues épopées qu’on appelle les chansons de Geste ; ils en composaient ; puis joignaient à leur talent de poète et de musicien celui de faire des jongleries, c’est-à-dire des tours d’adresses, des farces et même des sortilèges.

« Je te dirai ce que je sais, s’écrie un trouvère ; je suis joueur de vielle, de cornemuse, de flûte, de violon, de harpe, de symphonie, de psaltérion, et je connais mainte chanson… Je peux bien faire un enchantement, et j’en sais plus long que l’on ne pense. Quand je veux m’y appliquer, je lis, je chante comme un clerc, je parle de chevaleries, des hommes braves, et je sais bien dire quelles sont leurs armoiries. »

Quoique souvent proscrits par les anathèmes de l’Eglise, les trouvères, les jongleurs et les ménestrels formaient des corporations ayant leurs droits et leurs privilèges ; ils occupaient une place d’honneur dans les festins, les cérémonies et les fêtes publiques, et même les jours de combats ; on sait qu’à la fameuse bataille d’Hastings, le Normand Taillefer, un des plus anciens jongleurs dont l’histoire ait conservé le souvenir, marchait en chantant à la tête des troupes de Guillaume-le-Conquérant

A côté des trouvères de profession, qui d’ordinaire se recrutaient parmi le peuple, il y avait aussi une autre classe de chansonniers nom moins féconde : c’étaient les gentilshommes. Charles d’Anjou, roi de Sicile ; Pierre Mauclerc, comte de Bretagne ; le châtelain de Coucy, Quènes de Béthunes, Hugues de Lusignan, etc. , mais surtout Thibault, comte de Champagne, doivent prendre rang parmi les meilleurs poètes de leur temps. Ce qui prouve, pour le dire en passant, qu’au moyen-âge, peuple et gentilshommes étaient beaucoup moins illettrés qu’on ne le croit généralement.

Au seizième siècle, la chanson avait perdu le caractère héroïque qui la distingua particulièrement depuis saint Louis jusqu’à Louis XI ; elle s’abandonna en quelque sorte tout entière à la satire. En cela elle ne faisait que suivre le mouvement des idées. Le siècle de Rabelais, de Bonaventure des Périer, de Luther et de Calvin, fut un siècle de renaissance, mais aussi de destruction ; et, alors comme toujours, le sarcasme devint l’arme de prédilection.

Ainsi que les arts et les lettres, la chanson eut donc aussi sa renaissance, et cette renaissance fut marquée par une active intervention dans les affaires publiques. Du reste, les chansonniers qui, au quinzième siècle, se glorifiaient d’Eustache Deschamps, d’Olivier Basselin, de Christine de Pisan et de Charles d’Orléans, n’avaient point décliné ; ils pouvaient nommer, aux premières années du seizième siècle, deux remarquables esprits, Villon et Marot.

La chanson par laquelle nous allons commencer notre étude fut composée à l’occasion de la déroute de Pavie et de la prise de François Ier, événement trop connu pour que nous entreprenions de le raconter ici ; qu’il nous suffise de dire que ce récit burlesque est tiré de la collection manuscrite de Maurepas que possède la Bibliothèque royale.

I. Chanson sur la bataille de Pavie
1525

Hélas ! La Palice (1) est mort,
Il est mort devant Pavie ;
Hélas ! s’il n’estoit pas mort,
Il seroit encore en vie.

Quand le roy partit de France,
A la malheur il partit ;
Il en partit le dimanche,
Et le lundy il fut pris.

Il en partit le dimanche,
Et le lundy il fut pris ;
Rens-toy, rens-toy, roy de France,
Rens-toy donc, car tu es pris.

Rens-toy, rens-toy, roy de France,
Rens-toy donc, car tu es pris,
 » Je ne suis point roy de France,
Vous ne sçavez qui je suis.

Je ne suis point roy de France,
Vous ne sçavez qui je suis ;
Je suis pauvre gentilhomme
Qui s’en va par le païs.

Je suis pauvre gentilhomme
Qui s’en va par le païs ».
Regardèrent à sa casaque,
Avisèrent trois fleurs de lys.

Regardèrent à sa casaque,
Avisèrent trois fleurs de lys.
Regardèrent à son espée :
François ils virent escry.

Regardèrent à son espée :
François ils virent escry.
Ils le prirent, et le menèrent
Droit au château de Madry.

Ils le prirent, et le menèrent
Droit au château de Madry ;
Et le mirent dans une chambre
Qu’on ne voïoit jour ny nuit,

Et le mirent dans une chambre
Qu’on ne voïoit jour ny nuit,
Que par une petite fenestre
Qu’estoit au chevet du liet.

Que par une petite fenestre
Qu’estoit au chevet du liet.
Regardant par la fenestre,
Un courier par là passit.

Regardant par la fenestre,
Un courier par là passit.
Courier qui porte lettre,
Que dit-on du roy à Paris ?

Courier qui porte lettre,
Que dit-on du roy à Paris ?
 » Par ma foy, mon gentilhomme,
On ne sçait s’il est mort ou vif.

Par ma foy, mon gentilhomme,
On ne sçait s’il est mort ou vif.
« Courier qui porte lettre,
Retourne-t-en à Paris.

Courier qui porte lettre,
Retourne-t-en à Paris ;
Et va-t-en dire à ma mère,
Va dire à Montmorency (2).

Et va-t-en dire à ma mère,
Va dire à Montmorency :
Qu’on fasse battre monnoye
Aux quatre coins de Paris.

Qu’on fasse battre monnoye
Aux quatre coins de Paris ;
S’il n’y a de l’or en France,
Qu’on en prenne à Saint-Denis.

S’il n’y a de l’or en France,
Qu’on en prenne à Saint-Denis ;
Que le Dauphin on amène,
Et mon petit fils Henry (3).

Que le Dauphin on amène,
Et mon petit fils Henry ;
Et à mon cousin de Guise (4),
Qu’il vienne icy me requery.

Et à mon cousin de Guise,
Qu’il vienne icy me requery.
Pas plustost dit la parolle,
Que monsieur de Guise arrivy (5).

(1) La Palice, dont il est ici question, était le célèbre Jacques de Chabannes, sieur de La Palice, maréchal de France, tué à la bataille de Pavie, le 24 février 1525. Comme s’il eût prévu la triste fin de cette journée, il avait fait tous ses efforts pour empêcher le roi de livrer le combat.
(2) Le maréchal de Montmorency fut chargé de remettre aux envoyés de Charles-Quint la rançon des enfants de France.
(3) Henri, duc d’Orléans, depuis le roi Henri II.
(4) Claude de Lorraine, premier duc de Guide, cinquième fils de René II, duc de Lorraine.
(5) A la manière brusque dont se termine la chanson, on serait tenté de croire qu’il y manque quelques couplets.

Danse du moyen age

II. Chanson des corporeaux
1562

L’année 1562, date de la composition de cette chanson, vit naître la première guerre civile, provoquée, comme on sait, par le massacre de Vassy, où fut blessé François, duc de Guise. Toute la France prit les armes ; ceux-ci pour les catholiques, ceux-là pour le prince de Condé et les Huguenots. L’auteur de la chanson a voulu ridiculiser cette prise d’armes. Les Huguenots qui comptaient parmi leurs principaux chefs le comte de Grammont, Jean de Rohan et François d’Andelot, s’emparèrent d’abord d’Orléans, de Rouen et de quelque autres villes ; mais bientôt ils perdirent la bataille de Dreux. Les corporeaux étaient de bas officiers ayant sous leurs ordres une escouade de quelques soldats ; de là vient notre mot caporal. Il est difficile, en lisant les exploits grotesques du corporeau de 1562, de ne pas penser à don Quichotte.

Un corporeau fait ses préparatifs
Pour se trouver des derniers à la guerre.
S’il en eût eu, il eût vendu sa terre ;
Mais il vendit une botte d’oignon.
Viragon, vignette sur vignon.

Un coporeau, avant que de partir,
Dévotement feit chanter une messe ;
Et si vous a sainte hardiesse
De n’assaillir jamais que des oysons.
Viragon, vignette sur vignon.

Un coporeau bravement se monta
D’un asne fort qui portoit la poirée,
Et son varlet d’une pecque (1) escrouppée (2),
Pour son sommier (3) il print le poullichon.
Viragon, vignette sur vignon.

Un corpeau greve (4) et cuissots (5) avoit,
Bien façonnez d’une longue citrouille,
Clouez de bois qui jamais ne s’enrouille ;
Un plat d’estain il print pour son plastron.
Viragon, vignette sur vignon.

Un corporeau des gantelets avoit,
Dont l’un étoit fait d’ozier et d’éclisse (6)
Pour l’autre il print une grande écrevisse,
Et meit la main dedans le croupion.
Viragon, vignette sur vignon.

Un coporeau en son escu portoit
Le rouge et le blanc de la sommellerie ;
D’ongles de porc sa lance étoit garnie,
Et sa devise étoit : « Nous enfuirons. »
Viragon, vignette sur vignon.

Un coporeau une arbaleste avoit
D’un viel cerceau d’une pipe (7) rompue,
Sa corde étoit d’estouppe toute écrue,
De bois tortu étoit le vireton.
Viragon, vignette sur vignon.

Un coporeau une harquebuze avoit
D’un franc sureau cueilly de cette année ;
Son casque étoit d’une courge escornée,
Et les boullets (8) de navets de maison.
Viragon, vignette sur vignon.

Un coporeau sa brigandine avoit
De vieux drappeaux et de vieille féraille,
Et si gardoit pour un jour de bataille
Un viel estoc d’un viel fer d’Arragon.
Vigaron, vignette sur vignon.

Un corporeau à la montre (9) s’en va ;
Il a prié monsieur le commissaire
De lui passer sa jument et son haire (10),
Et l’avouer pour vaillant champion.
Viragon, vignette sur vignon.

Un coporeau au trésorier s’en va :
 » Morbieu ! Sangbieu ! puisque le roy me paye,
Despeschez-vous de me bailler ma paye,
Et me conter des escus ou testons. « 
Viragon, vignette sur vignon.

Le trésorier à la bource fouilla,
Et lui a dit : « Corporeau, vaillant homme,
Contentez-vous, tenez, voilà en somme
Qurante francs en méreaux (11) et jettons ».
Viragon, vignette sur vignon.

Un corporeau retourne en sa maison ;
A son retour ses voisins il convie,
Leur dit :  » Voyez, je suis encor en vie ;
Gardé me suis de six coups de canon. « 
Viragon, vignette sur vignon.

Un corporeau à ses voisins compta
Qu’il avoit eu contre un reistre querelle,
Et toutesfois qu’à grands coups de bouteille,
Il l’avoit fait venir à la raison.
Viragon, vignette sur vignon.

Un coporeau à ses amis jura
Ne retourner jamais à la bataille,
Si pour s’armer n’avoit une muraille,
Cent pieds d’espais, et un voulge (12) aussi long.

Un corporeau devant Dieu protesta
Que, pour la peur qu’il avoit de combattre,
Il aimoit mieux chez lui se faire battre,
Que de chercher si loing les horions.
Viragon, vignette sur vignon.

(1) Cheval de rebut
(2) Morveux
(3) Cheval qui porte les bagages
(4) Armure des jambes
(5) Armure des cuisses
(6) Petits bâtons de bois flexibles comme l’osier
(7) Tonneau
(8) Projectiles de plomb qu’on lançait avec la fronde ou l’arc
(9) Parade
(10) Sorte de vêtement grossier
(11) Terme de dérision ; ici méreau signifie les petits cailloux qui servaient à compter
(12) Pique

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L’histoire des fêtes françaises

Posté par francesca7 le 30 octobre 2015

 

Durant l’Ancien Régime, il existe dans l’année des dizaines de fêtes religieuses qui sont obligatoirement chômées, elles servaient alors souvent d’éléments chronologiques pour dater du jour.

La notion de fête légale se développe en France au cours du xixe siècle (la loi du 48 germinal an X – 2 avril 1802 – statue qu’aucune fête, à l’exception du dimanche, ne peut être fixée sans la permission du gouvernement) pour déterminer si elle inclut les fêtes civiles aux fêtes religieuses et pour savoir si elle doit être instaurée par un texte réglementaire ou par une loi. Dans le sillage du Concordat, le nombre de fêtes religieuses est ramené à quatre (fêtes conservées : Noël, Toussaint, Assomption, Ascension) suivant l’indult ducardinal Battista Caprara du 9 avril 1802. Parallèlement les jours de fêtes légales augmentent par l’adjonction de fêtes civiles, le pouvoir cherchant à en limiter le nombre et à les fixer sur un: jour férié déjà existant ou le dimanche pour des raisons économiques.

La fête légale devient dès lors un jour non obligatoirement chômé (sauf en Alsace-Moselle et sauf le 1er mai dans toute la France), donnant lieu, lorsque le jour férié est travaillé, à compensation financière si les conventions de branche ou d’entreprise le prévoient et à laquelle s’attachent un certain nombre d’obligations listées dans le code du commerce (exemple : dépôt de protêt impossible si la date d’échéance tombe sur un jour férié), le code de procédure pénale, le code électoral (exemple : délai de contestation prenant en compte le jour férié).

Le_petit_Parisien 

Fêtes civiles

  • 1er janvier, Jour de l’an, nommé également « Nouvel an » : ce jour devient férié sous le 1er Empire par avis du Conseil d’État du 23 mars 1810.
  • 1er mai, fête du Travail : ce jour est, en premier, déclaré jour chômé le 23 avril 1919 en même temps qu’est ratifiée la journée de 8 heures. Pétain la travestit en « fête du Travail et de la Concorde sociale » en en faisant un jour férié, chômé et payé. L’instauration de ce jour commémorant les luttes de travailleurs n’aboutit qu’avec la loi du 30 avril 1947 (jour chômé et payé), modifiée par celle du 29 avril 1948 (« Fête du Travail »).
  • 8 mai, fête de la Victoire, commémoration de la « capitulation sans condition » (à ne pas confondre avec un armistice) de l’Allemagne nazie mettant fin à la Seconde Guerre mondiale en Europe. Déclaré jour férié de commémoration, en France, le 20 mars 1953, le caractère férié est supprimé par le président Charles de Gaulle en 1959. Par la suite, le président Giscard d’Estaing supprime également la commémoration en 1975. Ce n’est qu’en 1981 que la loi rétablit le jour férié commémoratif sous la présidence deFrançois Mitterrand.
  • 14 juillet, fête nationale française, commémoration de la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790 qui célébrait la prise de la Bastille l’année précédente. C’est sous la 3erépublique que ce jour devient la fête nationale par la loi du 6 juillet 1880.
  • 11 novembre : armistice, jour anniversaire de l’armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale et de commémoration annuelle de la victoire et de la paix, journée d’hommage à tous les morts pour la France.

L’histoire des fêtes françaises dans AUX SIECLES DERNIERS Proclamation_esclavage

  • 14 février : fête des amoureux, le jour de la Saint-Valentin
  • Premier dimanche de mars : fête des grands-mères
  • 8 mars : journée internationale des droits des femmes
  • Dernier dimanche d’avril : Jour du Souvenir des Déportés
  • 9 mai : Journée de l’Europe ; anniversaire de la Déclaration Schuman (9 mai 1950)
  • 10 mai : Journée annuelle de la mémoire de l’esclavage, commémoration de la reconnaissance par le Parlement français de l’esclavage comme crime contre l’humanité ; elle s’ajoute à celles de l’abolition de l’esclavage dans les régions ultramarines
  • Deuxième dimanche de mai : seconde fête nationale française ; la loi du 24 juin 1920 promulguée par le président Paul Deschanel dispose que La République française célèbre annuellement la fête de Jeanne d’Arc, fête du patriotisme, le jour anniversaire de la délivrance d’Orléans. Il sera élevé en l’honneur de Jeanne d’Arc, sur la place deRouen où elle a été brûlée vive, un monument avec cette inscription : « le peuple français reconnaissant ».
  • 5 jours en mai du mercredi au dimanche : fête de la Nature (date variable en mai, initialement le week-end le plus proche du 22 mai, Journée internationale de la biodiversité)Ibn_Badis_2 dans FONDATEURS - PATRIMOINE
  • Dernier vendredi du mois de mai : fête des voisins également nommée « Immeubles en fête » (Initialement le dernier mardi du mois de mai)
  • Dernier dimanche de mai : fête des mères. Si cette date coïncide avec celle de la Pentecôte, la fête des mères a lieu le premier dimanche de juin
  • 8 juin : journée nationale d’hommage aux morts pour la France en Indochine
  • Troisième dimanche de juin : fête des pères
  • 21 juin : fête de la musique
  • 24 juin : fête de la Saint Jean
  • 23 septembre : fête de la Gastronomie
  • 25 septembre : journée nationale d’hommage aux Harkis et autres membres des formations supplétives (texte officiel)
  • Dernier week-end de septembre : Rendez-vous « Sport, Santé Bien-être »
  • Premier dimanche d’octobre : fête des familles, créée par l’ancien député UDF Yves-Claude Heno.
  • 31 octobre : Halloween, fête d’origine irlandaise, fêtée depuis peu en France. Cette fête était le réveillon du jour de l’an qui était le 1er novembre, ce soir-là les gens se déguisaient en monstres, fantômes. Halloween était devenue la 3e fête commerciale en France à partir de 2000, mais ce fut passager. Malgré tout Halloween reste assez fêtée, notamment par les enfants. Cette fête n’est pas fériée en France.
  • 20 novembre : journée internationale des droits de l’enfant (depuis 1995). Le 20 novembre 1989, l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté la Convention Internationale des Droits de l’enfant.
  • 5 décembre : Journée nationale d’hommage aux « morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie

 

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Fêtes religieuses

Le jeudi de l’Ascension, la fête de l’Assomption, la Toussaint et Noël sont fériés à la suite de l’arrêté du 29 germinal, an X (19 avril 1802) découlant du Concordat et loi du 9 décembre 1905 (séparation de l’église et de l’état), article 42.

La loi du 8 mars 1886 ajoute le lundi de Pâques et le lundi de Pentecôte (ces lundis ne sont pas des fêtes liturgiques mais des jours de repos qui datent du gouvernement républicain de Freycinet; la fête religieuse a quant à elle lieu le dimanche correspondant).

  • Lundi de Pâques (1 jour après Pâques) : date variable (le 6 avril en 2015 et le 28 mars en 2016)
  • Jeudi de l’Ascension (39 jours après Pâques) : date variable (le 14 mai en 2015 et le 5 mai en 2016)
  • Lundi de Pentecôte (50 jours après Pâques) : date variable (le 25 mai en 2015 et le 16 mai en 2016).
  • 15 août : Assomption (fête religieuse célébrant Marie, sainte patronne de la France dès l’Ancien Régime mais institué jour chômé par Napoléon pour fêter son anniversaire)
  • 1er novembre : la Toussaint.
  • 25 décembre : Noël.

Fêtes catholiques

Certaines fêtes sont indiquées ici comme non fériées du fait qu’elles tombent toujours un dimanche, et sont donc en pratique comme fériées.Présentation de Jésus au temple, Andrea Mantegna, 1465

  • 1er janvier : Sainte Marie, Mère de Dieu
  • 6 janvier : l’Épiphanie. Célébrée en France le premier dimanche après le 1er janvier du fait d’un indult papal.
  • Date variable : Le Baptême du Christ (ou Baptême du Seigneur), célébré en principe en France le deuxième dimanche après le 1er janvier si l’Épiphanie du Seigneur n’est pas le dimanche 7 ou 8 janvier ; dans ce cas, le Baptême du Seigneur est célébré le lendemain de l’Épiphanie le lundi 8 ou 9 janvier.
  • 2 février : Présentation du Christ au Temple (fête de tous les consacrés), ou encore Chandeleur.
  • Mardi gras (soit 47 jours avant Pâques) : veille du Carême (le 17 février en 2015, le 9 février en 2016)
  • Mercredi des Cendres (46 jours avant Pâques) : début du Carême
  • Jeudi de la Mi-Carême (à mi-chemin entre les Cendres et Pâques)
  • 19 mars : Saint Joseph patron de l’Église (mémoire décalée au samedi 18 mars quand le 19 tombe un dimanche)
  • 25 mars : Annonciation. Si le 25 mars est un dimanche, la fête est décalée au lundi 26. Et si le 25 mars tombe pendant la Semaine Sainte ou la semaine de Pâques, elle est décalée au deuxième lundi après Pâques.
  • 7 jours avant Pâques : Le Dimanche des Rameaux, le 5 avril 2009 et le 28 mars 2010
  • 2 jours avant Pâques : Le Vendredi saint, le 10 avril 2009 et le 2 avril 2010 (férié en Alsace et en Moselle)
  • Date variable : Le dimanche de Pâques (calcul expliqué dans l’article Calcul de la date de Pâques), le 12 avril 2009 et le 4 avril 2010
  • 50 jours après Pâques : Le dimanche de PentecôteKorean ancestor veneration-Jesa-01.jpg
  • Date variable : La Sainte Trinité, le 7 juin 2009 et le 30 mai 2010
  • 1er mai : Saint Joseph Artisan, patron des travailleurs
  • 24 juin: Saint Jean Baptiste
  • 29 juin: Saints Pierre et Paul
  • 2 novembre : Fête des morts
  • 10 ou 11 novembre : Saint-Martin. Fête célébrée dans le nord de la France.
  • 22 novembre : Sainte Cécile, patronne des musiciens
  • 6 décembre : Saint Nicolas
  • 8 décembre : Immaculée Conception de la Sainte Vierge
  • 26 décembre : Saint Étienne premier martyr, (férié en Alsace et en Moselle)
  • Date variable : La Sainte Famille, le dernier dimanche de décembre (ou le vendredi 30 décembre si Noël est un dimanche), le 27 décembre 2009

 

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AVANT QUE LE REVEIL N’EXISTE

Posté par francesca7 le 29 octobre 2015

 

 
 
Comment faisaient les dormeurs à l’horloge biologique mal réglée pour commencer leur journée de travail en même temps que les poules ? Comment les esclaves et les servants se levaient-ils avant leurs maîtres, qu’ils avaient en charge de réveiller ? Comment les sonneurs de cloches s’éveillaient-ils à l’aurore pour passer le relais aux villageois ?

Réveil

Selon la légende, c’est Platon qui invente le tout premier réveil. 400 ans avant notre ère, le philosophe grec imagine une horloge hydraulique qui fait sonner des flûtes toutes les heures pour ne pas s’endormir lors de ses longues nuits de travail. L’embryon de réveil-matin décrit dans ses notes ne passe pourtant pas les portes de sa demeure. Personne d’autre que lui n’en profitera.

Pour le commun des mortels, c’est le coq qui, jusqu’à très récemment dans nos campagnes, était seul garant du réveil journalier. L’animal-réveil est fêté partout autour du monde comme le symbole du passage de l’ombre à la lumière. Il est présent dès l’antiquité grecque, qui y va de sa petite légende : Alectryon faisait le guet devant la chambre des amants Aphrodite et Arès, qu’il devait prévenir de l’arrivée du dieu du soleil, Hélios, un ami du mari trompé. Forcément, Alectryon s’assoupit, Hélios découvre les deux amants et crie à l’adultère. Fou de rage, Arès punit son guetteur en le changeant en coq, condamné à annoncer l’arriver du jour tous les matins. Le premier réveil-matin est né !

De tous temps, dans les campagnes, le lever s’est donc fait au chant du coq et des animaux qui vivent dans les maisons. Réveillés naturellement par la lumière du jour, les vaches et cochons bougent et crient dans leurs enclos, empêchant toute la maisonnée de faire la grasse matinée.

Qui pour guetter le guetteur ?
Dans les villes et les cités, c’est un guetteur qui se charge de réveiller la communauté. Il annonce les heures des prières au clairon, puis à la cloche à partir du Ve siècle. Jusqu’au Xesiècle environ, la vie sociale se cale en effet sur le temps religieux, l’heure ne régit en rien le travail. Mais petit à petit, le guetteur mélange temps laïc et sacré pour sonner les grands rendez-vous de la journée : réveil et prière du matin, ouverture des portes de la ville, jours de marché et extinction des feux le soir, pour éviter les incendies qui pouvaient ravager des villes entières. Tous les 4 kilomètres, des tours ou des petits clochers (détruits depuis) relaient le son des cloches. Dans un monde beaucoup plus silencieux qu’aujourd’hui, sans vrombissement de moteur, sonnerie de téléphones ni musique sur les oreilles, le son des cloches résonne assez fort pour réveiller tout le monde.

Mais comment le guetteur réussissait-il à se lever à l’aube pour réveiller ses congénères ? C’est le grand problème de Frère Jacques qui n’arrive pas à se lever pour sonner les Matines, la première prière du matin… Depuis l’Antiquité, les hommes se relaient pour veiller sur la cité lors de tours de garde, tout simplement. Et lorsque l’horlogerie mécanique se répand dans les villes à partir de la fin du XIIIe siècle, les guetteurs sont les premiers à être équipés d’horloges à sonnerie. Ils peuvent enfin s’octroyer de vraies nuits de sommeil.

Mais le réveil, objet de luxe, est encore loin d’être populaire. Seules les classes les plus hautes de la société peuvent y accéder. Au XVIIIe siècle, une technique moins onéreuse est inventée : la bougie graduée à clochette. Les graduations indiquent combien de temps met la bougie pour se consumer. On plante un clou à l’endroit où la bougie indique une, deux, trois heures, selon ses besoins. Quand la cire fond et atteint la graduation voulue, le clou tombe et tire sur une chaînette qui fait sonner une petite cloche. Ce réveil sera plus répandu mais encore loin d’être dans toutes les chambres à coucher, la bougie restant un produit assez onéreux.

Agathe Guilhem
Slate

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Architecture de Philippe-Auguste

Posté par francesca7 le 24 octobre 2015

 

le chantier est censé démarrer en 1228

 Guédelon

Au démarrage du chantier, nous sommes en 1228. Louis IX, futur Saint-Louis, vient d’être sacré Roi à Reims. Mais trop jeune pour régner, c’est sa mère Blanche de Castille qui assure la régence du royaume jusqu’en 1235.

Localement, la Puisaye est sous le contrôle du baron Jean de Toucy. Elle est encadrée au sud-est  par le comté d’Auxerre-Nevers sous l’autorité de Mahaut de Courtenay et au nord par le Gâtinais capétien. A l’aube de la sixième croisade, la Puisaye se trouve alors dans une période de relative tranquillité.

Un hypothétique contexte social : 

Le commanditaire du château de Guédelon, Guilbert, serait un petit seigneur de Puisaye, vassal de Jean de Toucy, lui-même vassal du roi de France. Son suzerain vient de lui donner l’autorisation de construire son château. 

Son statut assez modeste dans la hiérarchie féodale et ses moyens financiers limités, l’incitent à faire ériger un « petit » château, loin des dimensions royales des châteaux du Louvre à Paris ou de Brie-Comte-Robert en Seine-et-Marne. On parlera alors de château-résidence pour évoquer Guédelon.

l’architecture de Philippe-Auguste

 Architecture de Philippe-Auguste dans AUX SIECLES DERNIERS 220px-Gu%C3%A9delon11062004

Aucun vestige, aucune ruine, aucun bâtiment existant. Le futur château de Guédelon est une pure création utilisant les canons architecturaux instaurés par Philippe-Auguste aux XIIè et XIIIè siècle.

Philippe-Auguste, roi de France de 1180 à 1223, est à l’origine d’une standardisation de l’architecture militaire des châteaux dans les territoires philippiens. Les châteaux du Louvre à Paris, de Yèvre-le-Châtel dans le Loiret ou localement celui de Ratilly ou de Druyes-les-Belles-Fontaines dans l’Yonne en sont quelques exemples.

Un château dit philippien se caractérise de la façon suivante : un plan polygonal constitué de hautes courtines maçonnées dont les bases sont souvent talutées ; au pied de ces courtines, un fossé sec,  des tours d’angle cylindriques  munies d’archères à ébrasement simple et disposées en quinconce suivant les niveaux ; une tour d’angle, plus haute et plus grosse : la tour maîtresse, un châtelet entre deux tours défensif à l’entrée.

A cette période, Philippe-Auguste avait initié par le biais de traités, d’alliances et de mariages une politique capétienne d’expansion durable. Ce qui justifie l’adoption en terre icaunaise d’un modèle architectural francilien et non pas bourguignon.

Au milieu d’un espace naturel mettant à disposition toutes les matières premières nécessaires à la construction : pierre, bois, terre, sable, argile… des carriers, tailleurs de pierre, maçons, bûcherons, charpentiers, forgerons, tuiliers, charretières, cordier… bâtissent jour après jour un véritable château fort sous les yeux de milliers de visiteurs.

Quel que soit le créneau de réflexion retenu pour aborder ce chantier, Guédelon répond à bien des attentes de l’homme du XXIe siècle ! 

Guédelon est un chantier scientifique, historique, pédagogique, touristique et humain avant tout.

De saison en saison, les oeuvriers de Guédelon relèvent ce défi hors-norme. L’enceinte fortifiée, le logis et ses charpentes, la chambre et ses peintures murales, la cuisine et le cellier, les salles de tir et leurs imposantes voûtes d’ogives, une partie du chemin de ronde… ont été réalisés sous les yeux de milliers de visiteurs venus visiter ce chantier unique au monde.

Guédelon, construire pour comprendre

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Qui ne s’est jamais interrogé en visitant un monument sur les techniques de construction des bâtisseurs médiévaux ? D’où venaient les matériaux ? Comment étaient-ils acheminés ? Quels outils étaient utilisés ? Par quels procédés les bâtisseurs montaient-ils les lourdes charges ?

Guédelon tente au quotidien d’apporter des réponses à toutes ces questions encore en suspens.

A l’heure où les maîtres mots sont nature et écologie, Guédelon est aussi un espace de construction où le Moyen Âge donne de nombreuses pistes pour les constructeurs verts de demain. Guédelon est un chantier précurseur : ils vous diront tout sur les murs en torchis, l’assemblage de moellons, les murs à la chaux, la fabrication des tuiles de terre ou de bois, l’emploi des pigments naturels, le tressage des cordes de lin ou de chanvre…

Guédelon vu du ciel…

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LES CAHIERS DE DOLEANCES DE LA FRANCE

Posté par francesca7 le 21 octobre 2015

 

 
 
Travail destiné à brosser le portrait sans fard de la France à la veille de la Révolution, La France d’après les Cahiers de 1789, publié en 1897, révèle que le Tiers-Etat, qui supplie alors « le roi de défendre la foi contre les atteintes de la nouvelle philosophie », ne réclame pas l’ « égalité », ne songeant à l’abolition ni de la noblesse ni du clergé ; ne suggère jamais l’idée d’une guerre des classes, qui lui est étrangère ; que le désir de « liberté » n’a à l’époque jamais été assimilé au souhait d’instauration d’un système parlementaire. En revanche, les Français de 1789, affamés par des disettes successives, aspirent à de profondes réformes gouvernementales et administratives qui tardent à être menées, ainsi qu’à une plus grande unité législative préservant néanmoins une décentralisation propre à favoriser le développement de la vie intellectuelle, commerciale et industrielle des provinces.

Doléances

« Tout le monde a parlé de l’esprit de la Révolution française, les uns parce qu’ils avaient lu le Moniteur, les autres parce qu’ils avaient lu les comptes rendus du club des Jacobins » écrit en 1899 et quelques mois avant de devenir académicien, le titulaire de la chaire de poésie française à la Sorbonne Emile Faguet, dans Questions politiques. « Ce que la France voulait en 1789, l’a-t-elle dit ? Oui, elle l’a dit dans les Cahiers de 89. Lisons les Cahiers. C’est probablement le moyen de savoir ce qu’elle voulait », écrit quant à lui Edme Champion en 1897, dans La France d’après les cahiers de 1789, ouvrage à partir duquel Faguet se propose de décrire la France de 1789.

 

Or les Cahiers, qui, à la vérité, sont d’une lecture difficile, personne ne les a jamais lus, explique Emile Faguet. Tocqueville y a jeté les yeux ; mais il s’est arrêté beaucoup plus sur les papiers administratifs de la Touraine et du Languedoc. Taine a promené ses regards sur les Cahiers ; mais, comme M. Champion l’a irréfutablement prouvé, il ne s’y est pas appesanti beaucoup il faut l’avouer. M. Champion a lu tout ce qu’on en peut lire en France ; avec sa conscience et sa diligence infinie, il les a dépouillés complètement ; avec sa modestie bien connue il déclare encore que le travail auquel il s’est livré ne suffit pas, qu’il faut déterrer, et réunir et compulser d’autres cahiers encore, qui existent et qu’il n’a point vus ; mais enfin il a fait, en 1897, sur les véritables vœux de la France en 1789 l’enquête la plus sérieuse qui puisse être faite, et l’enquête qui n’avait été faite par personne.

Ce travail, mené à bien par l’homme le plus impartial du monde, est de tout premier intérêt ; cette « leçon de choses » est la plus solide leçon qui ait jamais été donnée sur la Révolution française. Les hommes du Tiers-État n’avaient pas lu la Révolution d’Edgar Quinet [républicain convaincu qui publia La Révolution en 1865]. Ils étaient aussi loin que possible de l’avoir lue et de l’écrire. Tout simplement ils mouraient de faim et désiraient cesser de mourir. Il n’y a pas autre chose dans les Cahiers de 1789.

Ont-ils désiré, comme on l’a beaucoup dit, l’Égalité, ce rêve de tous les Français ? Presque point. Les cahiers du Tiers ne la réclament jamais. Ils reconnaissent souvent qu’il ne faut point songer à abolir les distinctions et privilèges anciens qui font partie de la constitution du royaume et qui la consolident. Les beaux esprits, là-bas, à Paris, disent que le Tiers-État c’est toute la nation ; mais le Tiers-État ne le dit pas. Il ne songe à l’abolition ni de la noblesse ni du clergé comme ordres à part dans l’Etat. L’idée d’une Révolution politique ou l’idée d’une guerre de classes lui est totalement étrangère. Il ne songe qu’à vivre en bonne harmonie avec les autres ordres, mais il veut vivre ; il demande les moyens de vivre. Il ne demande pas davantage.

Ont-ils désiré la Liberté ? Le mot liberté est si vague qu’ici il faut préciser. La liberté politique c’est le self-gorvernment. Un peuple est libre quand le gouvernement est son délégué. Il est libre encore quand le gouvernement, sans être son délégué, est son subordonné. Il est libre donc quand il peut contrôler et ne pas ratifier les actes de son gouvernement ; il est libre quand le gouvernement ne peut pas lever sur le peuple un impôt non consenti par le peuple. Et en dernier analyse, ce dernier point suffit. Dès que le peuple a la clef de la caisse, le gouvernement par cela seul sera contrôle, donc subordonné, et ce sera à peu près la même chose que s’il était délégué. Un peuple libre est un peuple qui vote son budget. Un conseil des finances, nommé par le peuple et votant le budget, ce conseil ne fût-il pas législatif, voilà l’organe de liberté nécessaire à un peuple. Un peuple est libre quand il nomme une Chambre qui vote le budget.

Or le peuple de 1789 a-t-il demandé cela ? Pas le moins du monde, reprend notre académicien. Et ceci est tout à fait curieux. Je n’ai pas vu, dans tout ce que M Champion a cité des Cahiers, une seule allusion au système parlementaire. La Révolution a créé le système parlementaire en France ; mais la France de 1789 ne l’avait pas demandé. On me dira qu’il était contenu implicitement dans les vœux exprimés par la France en 1789. C’est mon avis. Quand les cahiers demandent qu’il ne soit pas permis « à qui que ce soit, s’autorisât-il du nom du roi et même d’un ordre surpris à Sa Majesté, de percevoir aucun impôt qui n’aurait pas été accordé par les états généraux, ou de prolonger la perception d’iceux au delà du temps pour lequel il l’aurait accordé », il est clair que cela mène à tout. Il est clair que si ce vœu est réalisé, il ne pourra l’être que par la perpétuité, au moins par la périodicité des états généraux votant l’impôt, et c’est le système parlementaire à bref délai, « dans toute sa beauté comme disait Beulé.

D’accord ; mais enfin ce système parlementaire, même à l’état rudimentaire, les cahiers ne le demandent pas ; ils n’y songent pas ; ils ne semblent pas en avoir la moindre idée. Disons la vérité : ils n’en ont pas la moindre idée. Leur pensée, c’est d’avoir une loi fixe, en finances comme en autre chose, obligeant le roi, lui traçant une limite, et que cette loi soit établie par les états généraux qu’ils sont en train de nommer. Et ensuite ? Eh bien, ils ne songent pas à ensuite. Ensuite, beaucoup plus tard, s’il y a de nouvelles infortunes, on réclamera des états généraux, comme on le fait aujourd’hui, on les nommera, et ils remédieront. La périodicité des états faisant la loi des finances et en contrôlant l’exécution, c’est-à-dire le système parlementaire, c’est-à-dire la liberté politique, est une idée qui n’existe pas dans les Cahiers. Les hommes de 89 n’ont pas plus songé à la liberté qu’à l’égalité.

 LES CAHIERS DE DOLEANCES DE LA FRANCE dans AUX SIECLES DERNIERS Cahier_Angers

Cela veut dire qu’ils étaient des monarchistes. L’idée qu’un Français de l’Ancien Régime se faisait de la monarchie était celle-ci : « Le roi gouverne. Il gouverne conformément à la loi ; car nous ne sommes pas des Turcs, nous avons des lois. Quand il ne gouverne pas conformément à la loi, c’est que la loi est mal faite ou qu’il n’y a pas de loi. Dans ce cas-là, il faut en faire une. Les états généraux sont institués pour faire ou suggérer une loi précise et conforme aux nécessités nouvelles que le temps apporte. Quand ils ont rempli cet office, ils s’en vont ; et le roi gouverne conformément à la loi nouvelle. » Et ne faut-il pas qu’il soit surveillé et contrôlé dans l’exercice de son pouvoir, dans la manière dont il exécute la loi ? Mais alors il ne gouvernerait pas ! Mais alors, vous n’avez donc pas confiance en lui ? Vous n’êtes donc pas monarchistes ?

Tout le monde en 1789 était monarchiste et personne ne voulait du pouvoir arbitraire ; et tout le monde, plus ou moins confusément, croyait qu’il suffisait d’une loi précise pour que le pouvoir ne fût pas arbitraire. Quant au gouvernement du pays par le pays, quant au système parlementaire continu, personne, presque, ne me semble y avoir songé, parce que cela, c’est, au fond, le républicanisme, et qu’il n’y avait pas de républicains en 1789.

Les Cahiers n’ont donc, en vérité, demandé ni l’égalité ni la liberté. Ont-ils songé, d’autre part, à une grande régénération morale de la nation, s’interroge ensuite Faguet ; se sont-ils dit que toute révolution profonde est une révolution religieuse ou ayant le caractère d’une révolution religieuse ? Encore moins. C’est la grande faute de la Révolution française, selon Quinet, de n’avoir pas voulu, osé ou daigné être une révolution religieuse. Quinet raisonne ainsi : « Si la Révolution française était une révolution purement économique et administrative, elle était finie le 4 août 1789. La preuve qu’elle était autre chose, dans les voeux, dans les désirs, dans les volontés, dans la conscience de la nation, c’est qu’elle n’a nullement été finie le 4 août. Elle a continué ; parce que la révolution économique n’était rien du tout, et que, à travers les tempêtes révolutionnaires, c’était la révolution religieuse que les Français poursuivaient. Seulement, mal servis par leurs commettants, ils n’ont pas réussi à la faire. Et elle n’est pas faite encore. Le progrès matériel, qu’est-ce que cela ? La révolution était autrement idéaliste. Une grande révolution religieuse qui voulait se faire, qui ne s’est pas faite, et qu’il faut accomplir, voilà la Révolution française. »

Il est possible, assène Emile Faguet ; mais les Cahiers de 1789 n’éclairent pas sur ce point, ou s’ils éclairent, ce n’est nullement pour nous diriger vers l’idée chère à Edgar Quinet. Il n’y a pas un mot de révolution religieuse, de révolution morale, de révolution de conscience dans les Cahiers de 89. Les Cahiers de 89 ne sont nullement philosophiques. La plupart veulent que la religion catholique demeure religion d’État. « La France, dit M. Champion, demeure si foncièrement catholique qu’elle a beaucoup de peine à se défaire de sa vieille intolérance. Ce n’est pas seulement l’Église ; qui, plus de dix ans après la mort de Voltaire, se résigne difficilement à l’édit en faveur des protestants et veut que la religion nationale conserve tous les privilèges d’une religion d’État ; c’est aussi une grande partie du Tiers. En général, quand il admet l’état civil des non catholiques et leur participation à certains emplois, il leur refuse toute place dans l’administration judiciaire, dans l’enseignement, dans la police ; ils n’auront ni temples, ni assemblées, ni cérémonies publiques ; ils seront tenus de garder le silence sur les questions religieuses. » A Auxerre, le Tiers supplie le roi de défendre la foi contre les atteintes de la nouvelle philosophie à Paris, il sait que « tout citoyen doit jouir de sa liberté de conscience ; mais l’ordre public ne souffre qu’une religion dominante, etc. » Lisez M. Champion. Au point de vue de la « révolution religieuse » les Cahiers de 1789 sont tout simplement réactionnaires.

Ainsi, affirme l’académicien, le peuple de 1789 est religieux et fidèle à l’Eglise catholique en immense majorité. Il la veut moins riche, oui ; il veut l’appauvrir, oui ; il veut l’abolition de la mainmorte et autres abus inouïs dont vous trouverez le détail dans M. Champion ; il veut que des richesses colossales qui ont été données au clergé pour servir au bien public, et qui, depuis longtemps, n’y servent plus du tout, soient enlevées à l’Église. Mais ici nous rentrons dans ce que j’appelle la révolution économique ; et il ne s’agit plus de révolution religieuse.

Liberté, égalité, transformation religieuse et morale voilà ce que les Cahiers de 1789 n’ont pas demandé du tout. Voilà quels n’étaient pas les vœux de la France en 1789. Mais quels étaient, donc ces vœux ? Voici.

Ce peuple mourait de faim. Les Cahiers sont une longue doléance d’un peuple qui voudrait manger un peu. « La misère extrême du peuple », voilà le refrain des Cahiers de la noblesse et du clergé. Quant au peuple il ne dit pas autre chose, et pour cause : « Je ne sais quoi demander, dit naïvement quelqu’un de Rocquencourt, la misère est si grande qu’on ne peut pas avoir de pain. » Les gens de Pontcarré : « Réduits à la plus affreuse indigence nous n’entendons que les cris d’une famille affamée à laquelle nous regrettons presque d’avoir donné le jour. » A Suresnes, où il y a cinq cents familles, cent cinq ont besoin de secours. A Châtellerault les paysans n’ont jamais mangé que du pain noir ; et maintenant, ils n’en ont plus. En Touraine « la moitié des ménages font réponse qu’ils n’ont pas de pain, versant des larmes, se désirant hors de ce monde ».

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La mendicité, à cette époque, c’est purement le brigandage en permanence. Les hordes de mendiants campent dans les paroisses et prélèvent leur impôt, après tant d’autres, par la terreur. « Nous, pauvres laboureurs, disaient les paysans du Boulonnais, sommes bien exposés à bien des peines, de faire l’aumône le jour et même la nuit, aussi bien ceux qui ne le peuvent pas que ceux qui le peuvent, crainte de mauvaises suites, à cause de la grande misère et autres choses. »

Il faudrait des hôpitaux, des asiles, des refuges pour canaliser toute cette misère onéreuse et redoutable. Encore (voici la note pessimiste et désespérée, qui est bien curieuse), encore on ne sait trop s’il le faut bien désirer, « ces établissements multipliant les débauches et les excès ; et l’on entend dire là où il y en a : Nous ne risquons rien de boire et de nous divertir nous irons à l’hôpital. » Quand un peuple en est là !… Voilà le tableau vrai. Savez-vous qui a fait le résumé le plus précis des Cahiers de 1789 ? C’est La Fontaine dans le Paysan du Danube.

Quelles sont pour les rédacteurs des Cahiers de 89 les causes de tant de maux affreux ? 1° L’absence de constitution fixe ; 2° L’absence de lois précises et les mêmes pour tous ; 3° Une administration déplorable ; 4° L’existence et le maintien des droits féodaux. Voilà les maux que les Cahiers de 1789 ont dénoncés. Ils ont voulu une révolution administrative et une révolution économique, et rien autre. Ils ont voulu que le domaine national eût son règlement, sa loi précise et fixe, une exploitation intelligente et sans gaspillage, et qu’ainsi tout le monde pût y trouver à peu près sa subsistance. Ils ont voulu exterminer du patrimoine le caprice, l’arbitraire, le temps perdu, l’argent perdu, le travail perdu, pour qu’il rendît au profit de tous et de chacun tout ce qu’il pouvait rendre. C’étaient des paysans qui trouvaient que la grande ferme n’avait ni bon règlement de travail, ni bons régisseurs, et qui voulaient qu’on leur accordât ces deux biens très précieux. Les vœux n’allaient pas au delà.

Premier point, sur lequel ils sont tous d’accord : donner une constitution à la France ; ne pas voter un sou de subsides avant d’avoir donné une constitution à la France. Ils se sont parfaitement aperçus que la France n’en avait pas. Elle en avait une, mais si ancienne, si surannée et si oubliée que c’était comme si elle n’eût pas existé. La faire revivre eût été lui en donner une vraiment nouvelle. Comme disait très bien M. de Staël un peu plus tard, c’eût été faire une constitution que de « faire marcher une constitution qui n’avait jamais été qu’enfreinte ». Ils avaient parfaitement raison. Ce qui manquait le plus à la France, c’était de savoir comment elle vivait. Elle n’en savait rien du tout. Le roi ne le savait pas ; les ministres ne le savaient pas ; les parlementaires n’en savaient rien, et les sociologues en ignoraient comme les autres. On allait absolument au hasard, c’est-à-dire en plein arbitraire, mais dans un arbitraire qui sentait qu’il n’était pas légitime, et qu’il aurait dû ne pas être. C’est la pire des situations. Le roi savait qu’il devait obéir à quelque chose, et ne savait pas à quoi obéir ; de sorte qu’il y avait dans ce gouvernement un mélange de témérité et de timidité, qui aboutissait à une perpétuelle inquiétude. L’inquiétude est le mal de la France depuis le XVIesiècle jusqu’au XIXe. C’est un état qui n’a pas de base. Savoir ce qu’on est, pour savoir un peu ce qu’on devient, c’est le souhait modeste des Cahiers de 1789, dans l’ordre sociologique.

Car, remarquez, tous demandent que l’on fasse une constitution, aucun ne dit laquelle il faut faire. Nulle indication là-dessus. Sont-ils pour l’ancienne constitution redevenue une vérité, comme la Charte de 1830 ? Sont-ils pour un essai du système anglais ? Sont-ils américains, et veulent-ils cette « démocratie royale » qui fut une idée à la mode parmi les beaux esprits de Paris, de 1789 à 1791 environ ? Ils ne le disent pas. Ils ne disent ni ceci ni cela. Le mot le plus net que je trouve sur ce point dans différents cahiers, entre autres dans celui du clergé de Provins, est celui-ci, ajoute Faguet : « Les abus contre lesquels la nation réclame ont une source commune, le pouvoir arbitraire. Ce n’est qu’en le resserrant dans de justes limites qu’on peut espérer de rétablir l’ordre dans diverses parties de l’administration. »

Resserrer les limites de l’arbitraire, soit ; mais cela, encore, est dire seulement qu’il faut une constitution. Il y a l’arbitraire, c’est-à-dire le chaos ; il faut sortir du chaos ; il faut qu’il y ait quelque chose. C’est tout ce qu’ils demandent. Une constitution, rien de plus. Ils semblent dire : « N’importe laquelle, mais une constitution. » Au fond c’est bien leur état d’esprit. En 1789, on veut que le gouvernement gouverne d’une façon régulière. Voilà tout. Il est vrai que c’est quelque chose.

Le second vœu des hommes de 89, voeu presque aussi unanime, est l’établissement de lois nettes et qui soient les mêmes pour toute l’étendue du royaume. Un peu moins d’unanimité ici. Certaine attache à des franchises ou privilèges locaux dans quelques cahiers. On souhaite bien l’immense avantage d’une législation unique mais on voudrait quelquefois le combiner avec les profits d’une situation privilégiée. C’est très humain. Reconnaissons cependant qu’en général, l’unité et la netteté de législation sont le souhait ardent des hommes de 1789.

J’en suis enchanté, poursuit l’académicien. Mon décentralisationnisme (pardon !) n’en gémit nullement. La pire décentralisation, c’est la décentralisation législative. La décentralisation, c’est une série de mesures, individuelles, locales, provinciales, nationales, pour favoriser le développement, ailleurs qu’au centre, de la vie intellectuelle, commerciale, industrielle. Cela n’a presque aucun rapport avec l’unité de législation. Sous une loi unique, mais bien faite, une immense activité locale peut être permise, encouragée, protégée, et même provoquée.

Du reste nos vénérables pères de 1789 n’entraient point dans ces considérations de haute sociologie. Comme en tous leurs voeux, ici comme ailleurs, leur idée politique était une forme de l’honnête désir de ne pas mourir de faim. Ils désirent la refonte des lois et l’unification de la loi parce que la Picardie n’a pas le droit de faire de l’eau-de-vie avec son cidre, tandis que la Normandie a le droit d’en faire avec le sien ; parce que tel parlement permet de couper le blé comme on l’entendra, ce qui paraît naturel, tandis que tel autre interdit de le couper avec une faux ; parce que le royaume est zébré de douanes intérieures qui rendent tout commerce presque impossible, font la pléthore ici et la famine quatre lieues plus loin ; parce qu’une marchandise expédiée de Guyenne en Provence acquitte sept droits ; parce que sur la route de Paris en Normandie par Pontoise, dans un certain espace de quatre lieues, il y a droit de barrage à Saint-Denis, droit de passage à Épinay, droit de travers à Franconville ; et cela peut s’appeler les droits réunis ; parce que les gens de Toul ne peuvent littéralement pas sortir de chez eux sans rencontrer toutes les lieues des gardes, bureaux, etc. ; parce que l’Alsace et la Lorraine, « provinces à l’instar de l’étranger commercent librement partout, excepté avec la France et la Franche-Comté ; parce qu’on ne peut avoir dans les petites villes avoisinant Paris ni un marché ni un marchand ambulant, crainte qu’ainsi Paris ne soit affamé, et que, pour cette cause, on doit vivre sans manger quand on habite Nanterre ; parce que les routes, sauf quelques-unes, ne sont pas entretenues du tout, les fonds perçus pour leur entretien étant employés à toute autre chose ; parce que tout semble concerté pour rendre impossible la communication entre eux des différents membres du corps territorial.

Si la législation est absurde, l’administration est déplorable. Que voulez-vous que nous fassions de nos enfants ? Des commerçants ? On vient de voir comme le commerce est facile et rémunérateur. Des agriculteurs ? L’agriculture, sans un commerce facile, prompt et libre, est stérilisée, quand il n’y aurait pas dans la mauvaise répartition des impôts et dans les droits féodaux d’autres causes de stérilité que nous verrons ci-après. Des soldats ? Grâce aux nouvelles mesures (car ici le gouvernement de Louis XVI est moins libéral que celui de Louis XIV) ils ne pourront jamais, sinon par des procédés qui sont des fraudes et qui sont dangereux, devenir officiers. Ici la noblesse elle-même est presque aussi desservie que le Tiers. La carrière militaire devient financière tout comme la carrière judiciaire. Un noble pauvre peut tout au plus devenir lieutenant-colonel. Un enfant dont le père est noble, mais surtout riche, « à peine échappé du collège vient avec un étalage de luxe humiliant pour les autres apprendre à un capitaine de grenadiers ce que ce dernier avait enseigné à son père. Les larmes aux yeux, la noblesse supplie Sa Majesté de laisser les grades supérieurs ouverts au mérite. »

(D’après « Questions politiques », paru en 1899)

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L’INTERDICTION A LA MENDICITE

Posté par francesca7 le 21 octobre 2015

 

Mendiante_de_GuémenéAu milieu du XIXe siècle, Cherbuliez, correspondant de l’Institut de France et docteur en droit et en philosophie, remet en question le bien-fondé de l’interdiction de la mendicité, mesure qui selon lui « ne restreint la bienfaisance privée qu’en lui substituant une bienfaisance publique plus coûteuse, plus envahissante, plus dangereuse », fallacieux « cache-misère » traduisant la démission d’un État auquel la notion de justice sociale commanderait plutôt d’assurer le nécessaire à ceux qui en sont réellement dépourvus

Entre le misérable que des vices honteux rendent incapable de pourvoir à ses besoins, d’entretenir sa famille, d’élever ses enfants, et l’ouvrier laborieux qui n’a eu que le tort d’engendrer une famille trop nombreuse, il y a un abîme, dont ni le particulier charitable ni l’Etat ne peuvent faire abstraction, explique Cherbuliez ; le premier, parce que sa conscience ne le lui permet pas ; le second, parce que ses actes ne doivent jamais se trouver en désaccord avec la morale publique.

 

D’ailleurs, s’il est vrai que le père de famille qui tombe dans l’indigence puisse toujours l’imputer à un défaut de prévoyance dont il est strictement responsable, peut-on en dire autant des êtres qui dépendent de lui : de sa femme, de ses enfants, qui ne peuvent avoir d’autre volonté que la sienne dans tout ce qui concerne leur intérêt commun, l’intérêt économique de la famille ? N’est-ce pas malgré eux, souvent à leur insu, peut-être en dépit de conseils donnés ou d’efforts tentés par eux en prévision de ce malheur, qu’ils ont été entraînés dans l’indigence avec l’homme à qui incombait le devoir de les en préserver ?

Ici encore la bienfaisance rencontre ce dilemme impitoyable, qui ne lui laisse que le choix entre l’abandon de sa tâche et la violation d’un principe salutaire, entre une inconséquence et un danger. Si elle n’assiste pas les enfants et la femme du père de famille imprévoyant, elle fait injustement peser sur eux la responsabilité qu’il devrait supporter seul ; elle frappe l’innocent avec le coupable. Si elle les assiste, elle affranchit le père de famille imprévoyant d’une grande partie de sa responsabilité ; elle assiste de fait le coupable avec l’innocent ; elle s’expose à produire par là, chez tous les pères de famille pauvres, une attente dont l’effet sera déplorable.

Enfin le critère dont il s’agit, en supposant qu’il fût applicable à la bienfaisance privée, ne devrait pas s’appliquer à la bienfaisance publique, dont le but principal est d’empêcher que l’indigence ne devienne une cause de scandale ou d’insécurité. Les indigents les plus vicieux et les plus pervers sont précisément ceux qu’il importe le plus à l’Etat de soustraire au vagabondage, à l’oisiveté, aux dangereuses suggestions de la misère. Ces indigents-là doivent donc être les premiers, Cherbuliez allant jusqu’à dire qu’ils devraient être les seuls objets de la bienfaisance publique.

Pour l’Etat, l’indigence est une maladie du corps social ; ce qui le concerne et l’intéresse, dans ce fait, ce ne sont pas les privations et les souffrances individuelles des indigents, c’est uniquement l’influence que la somme de ces maux individuels peut exercer sur la vie sociale et sur le développement économique. C’est contre ce malaise social qu’il doit lutter ; c’est ce malaise qu’il a mission de repousser, par tous les moyens dont il dispose, comme il repousserait la peste, la guerre ou l’émeute.

Dans cette lutte contre les effets sociaux de l’indigence, contre le fléau du paupérisme, l’Etat doit sans doute s’abstenir, autant que possible, de favoriser l’accroissement du mal qu’il combat ; mais ce n’est pas à des distinctions morales qu’il doit avoir recours pour cela, puisque ce correctif serait en contradiction avec le but même que l’Etat se propose, avec le service que la société attend de son gouvernement.

Abordant la question de l’interdiction de la mendicité, notre auteur estime qu’avec son cortège inévitable de dispositions et d’habitudes vicieuses, elle devient aisément un mal social, un danger, une menace pour la sécurité générale et l’ordre public, dont la sauvegarde est confiée au gouvernement. L’Etat intervient alors pour la protection de ces grands et légitimes intérêts ; il interdit la mendicité ; il en érige les actes en délits, et les punit de peines plus ou moins graves, selon le degré de civilisation auquel la société est parvenue.

Or, l’Etat ne peut pas appliquer ce correctif à la bienfaisance privée sans s’imposer l’obligation d’assister lui-même les indigents qu’il prive de leur unique ressource. La somme d’indigence qu’a produite la bienfaisance privée, et que révèle la mendicité, est un fait donné, qu’on ne supprimerait pas en le négligeant, une charge actuelle, que la société s’est peu à peu imposée et qu’elle ne saurait secouer tout à coup. L’Etat peut statuer pour l’avenir, selon ses lumières ; mais il doit avant tout pourvoir aux besoins présents, que l’aumône a créés et auxquels l’aumône va être retirée.

 

En lui-même, d’ailleurs, l’acte de mendier n’a rien d’immoral, rien de répréhensible. Quoi de plus naturel et de plus légitime, pour celui qui manque du nécessaire, que d’implorer la pitié ou la charité de ceux qui ont le superflu ? Un tel acte ne devient immoral que si la privation du nécessaire n’existe pas, si elle est simulée et faussement alléguée, en vue d’exploiter la pitié et la bienveillance d’autrui ; car, alors, il prend le caractère d’un mensonge intéressé, d’une fraude calculée, en un mot d’une escroquerie.

Pour que l’Etat puisse ériger en délits tous les actes de mendicité, il faut donc qu’il leur donne à tous ce caractère de mensonge intéressé, en fournissant et en assurant le nécessaire à ceux qui en sont réellement dépourvus. Une justice évidente et une logique rigoureuse imposent donc à l’Etat, qui veut interdire la mendicité, l’obligation d’assister les mendiants. L’obligation ne naîtrait pas si l’interdiction n’était pas prononcée ; mais l’interdiction prononcée ne se réaliserait pas, elle serait nécessairement éludée, violée, bientôt mise en oubli, si l’obligation n’était pas acceptée ou si elle n’était pas remplie.

Or, une fois que la bienfaisance publique est ainsi organisée en vue des besoins présents, elle produit son effet normal, qui est d’entretenir, de perpétuer, d’accroître l’indigence, par conséquent de se perpétuer elle-même et de s’étendre en se rendant de plus en plus nécessaire. L’interdiction de la mendicité ne restreint la bienfaisance privée qu’en lui substituant une bienfaisance publique plus coûteuse, plus envahissante, plus dangereuse ; c’est un correctif illusoire et fallacieux, semblable à certains remèdes, qui, étant appliqués à une éruption locale, refoulent dans la masse du sang l’humeur que cette éruption en faisait sortir, et ne guérissent le mal visible qu’en y substituant des ravages latents, beaucoup plus graves et plus douloureux.

L’état du paupérisme dans un pays est communément apprécié, surtout par les étrangers, d’après le nombre des mendiants qu’on y rencontre. C’est un jugement tout à fait erroné. Les populations de mendiants ne se multiplient point, comme celles qui sont régulièrement assistées par la bienfaisance publique ; elles tendent, au contraire, à décroître.

L’INTERDICTION A LA MENDICITE dans AUX SIECLES DERNIERS 1024px-Mendiant_Saint-Eloy_PloudanielPlus loin, Cherbuliez confie que, bien loin d’admettre que l’étendue relative de l’indigence dans divers pays soit en raison directe du nombre des mendiants qu’on y rencontre, il est porté à croire, sans oser toutefois l’affirmer, qu’elle y est en raison inverse de ce nombre. La mendicité est une chose visible, que l’on mesure de l’œil par le bruit et le mouvement qu’elle occasionne, tandis que l’indigence générale est en grande partie latente et ne se révèle, dans ses proportions véritables, qu’aux regards d’un observateur très patient et très attentif.

Mesurer la seconde par la première, c’est mesurer la profondeur des eaux par l’agitation qui se produit à leur surface. Le bruit même et le mouvement qui accompagnent la mendicité, contribuent à empêcher l’indigence de s’accroître, en tenant l’attention du public constamment éveillée sur les symptômes par lesquels se révèle cet accroissement.

Cherbuliez avertit le lecteur de ne point donner à ses conclusions un sens absolu. L’interdiction de la mendicité n’est point une mesure économique ; c’est une mesure ou une loi d’ordre public, dont les motifs appartiennent à un ordre d’idées très différent de celui dans lequel il se renferme ici, précise-t-il encore.

(D’après « Précis de la science économique
et de ses principales applications » (Tome 2), paru en 1862)

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LA RECETTE DES GOBE-MOUCHES

Posté par francesca7 le 18 octobre 2015

 

Quelques campagnards méchants et madrés ont peut-être encore la recette des gobe-mouton, espèces de pilules destinées à faire mourir le troupeau du voisin.

Ces pilules se composent, dit-on, de bourre ou de filasse roulées en boulettes que l’on fait frire, ou que l’on enduit de poix de beurre, ou de miel. L’innocent animal, affriandé par l’enveloppe, GOBE avidement les pilules meurtrières placées le long du chemin, ou cachées cautereusement sous l’herbe par l’ennemi de son maître.

laboureursOn a ouvert des moutons soupçonnés d’avoir été GOBÉS ; leur estomac contenait en effet les fatales boulettes qui paraissaient confectionnées comme nous venons de l’expliquer.

En 1792, un laboureur des environs d’Evreux, accusé d’avoir détruit ainsi un troupeau, fut condamné à la flétrissure et à six années de galères. Cet homme appela du jugement. Le tribunal d’appel crut devoir consulter la société royale d’agriculture, sur la question de savoir si le gobe-mouton était en effet un moyen d’empoisonnement.

Il résulta du rapport de cette société que les prétendus gobe-mouton n’étaient que des égagropiles, c’est-à-dire des pelottes de poils ou de laines que l’on trouve dans la panse de plusieurs animaux ruminants, qui sont recouverts d’un enduit visqueux produit par les sucs de l’estomac, et qui en effet peuvent causer leur mort. (Egagropile est formé des mots grecsaïx, chèvre ; agrios, sauvage ; pilos, balle de laine).

Le séjour des poils et de la laine dans l’estomac en altère la couleur, de sorte qu’on peut les prendre pour de la vieille bourre. La société d’agriculture expliqua ainsi la formation des égagropiles.

Les animaux, en léchant leurs petits et se léchant eux-mêmes, ramassent sur leur langue des poils et des filaments de laine qui passent dans l’estomac ; les moutons particulièrement avalent de la laine ; en hiver, les plus avides s’enfonçant dans les rateliers, couvrent leur toison de fragments de fourrages que les autres s’empressent de brouter en arrachant de la laine qu’ils avalent en même temps ; en été, des flocons de laine s’accrochent aux broussailles, et les bêtes les mangent en broutant.

La société d’agriculture fortifia son avis d’un certificat du maître de poste de Nonancourt, qui avait plusieurs fois placé des gobe-mouton sur les chemins où paissait son troupeau et qui n’avait vu aucun animal y toucher.

Le malheureux laboureur ne fut point marqué du fer rouge, il n’alla pas aux galères, il fut absous. Mais on peut croire qu’avant lui, d’autres accusés moins heureux avaient été condamnés au supplice pour le même délit par des tribunaux qui avaient jugé sans un examen aussi approfondi.

 

D’après un article paru en 1835)

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