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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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L’art des Danses provençales

Posté par francesca7 le 17 avril 2016

 

Dans la belle saison, chaque bourg, chaque village, chaque hameau de Provence a son jour de fête, son train. Plusieurs jours à l’avance, une vingtaine de jeunes tambourins vêtus de blanc, leurs chapeaux et leurs instruments ornés de rubans de mille couleurs, parcourent les villes en proclamant le nom de l’endroit dont la fête doit arriver le dimanche suivant, et ce jour venu, on voit une foule de curieux et de danseurs à pied, à cheval et en voiture, courir avec une avidité sans cesse renaissante vers le bienheureux village où l’on dansera.

danses provençales

Il est impossible de se figurer ces réunions où se mêlent et se coudoient le riche et le pauvre, la villageoise et la dame parée de tout ce que l’élégance et la mode peuvent enfanter de plus séduisant, tous animés d’une joie commune et délivrés de tout ce que l’étiquette entraîne avec elle de gêne, de raideur et d’ennui. La salle de bal, dressée sur la place publique, est décorée, sinon toujours avec goût, du moins avec une certaine recherche ; les fleurs et le feuillage y sont surtout prodigués. En acquittant le prix de la contredanse, chaque cavalier reçoit en échange un paquet d’épingles qu’ils s’empressent d’offrir à sa danseuse, et celle-ci ne doit pas le refuser.

Outre ces réunions d’été, les Provençaux n’ont garde de laisser échapper toute autre occasion de se divertir et de donner un libre cours à la gaieté de leur caractère. La vente des troupeaux, la moisson, les vendanges, la récolte des fruits secs et la cueillette des olives, servent de sujets ou bien plutôt de prétextes à des réunions presque continuelles.

Les fêtes sont ordinairement terminées par la bruyante falandoulo. A un signal donné, les tambourins jouent un air vif et pressé : aussitôt tout ce qu’il y a de danseurs et de danseuses dans le bal se réunissent et forment une longue chaîne. Un habile conducteur se place en tête et conduit le reste de la bande dans mille détours ; tantôt levant les bras, il oblige toute cette foule dansante à passer dessous ; et tantôt, par un retour subit, il prend brusquement la chaîne en queue, il la traverse malgré les efforts des danseurs qui, liés par les mouchoirs qui enveloppent leurs mains, ne doivent pas se laisser séparer ; cette lutte provoque à chaque instant les explosions d’un rire de bon aloi. On croit que cette danse fut importée en Provence par les Phocéens, qui, longtemps avant notre ère, vinrent fonder la colonie de Marseille. Il est certain qu’elle se retrouve en Grèce et particulièrement dans quelques-unes des îles de l’Archipel.

A l’époque de la récolte des olives, l’une des productions les plus précieuses du pays, toutes les communes sont dans l’usage de se réunir successivement et de célébrer des jeux et des fêtes dont on ne peut guère expliquer aujourd’hui l’origine et la singularité. Une vingtaine de jeunes gens costumés à la romaine, le casque en tête et le glaive au poing, marchent sur deux files, précédés de nombreux tambourins et de quatre personnages qui représentent un roi, un prince, un héraut et un arlequin.

La musique joue tantôt un air vif et léger, et tantôt une marche grave et solennelle, selon les évolutions que le héraut fait avec sa canne, tandis que l’arlequin le contrefait de la manière la plus bizarre et la plus grotesque ; puis on s’arrête, et les danseurs en frappant leurs armes en cadence simulent un combat. Le roi et le prince en viennent aussi aux mains, et se battent avec la plus grande impétuosité jusqu’à ce que les guerriers, satisfaits de la valeur et du courage de leurs chefs, battent des mains, poussent des cris de joie, éclatent en rires immodérés et recommencent leur marche et leur danse qu’interrompt bientôt un combat nouveau.

(d’après un article paru en 1836)

Publié dans AUX SIECLES DERNIERS, HISTOIRE DES REGIONS | Pas de Commentaire »

Le chardon dans l’Antiquité

Posté par francesca7 le 14 avril 2016

 

Originaire du bassin méditerranéen, l’espèce C. cardunculus aurait été apportée en Égypte il y a 2 000 ans ou 2 500 ans, pour se diffuser ensuite vers l’Ouest. On a longtemps consommé les feuilles et les fleurs du chardon. Les Grecs et les Romains attribuaient aux chardons de nombreuses propriétés médicinales et les tenaient en très haute estime, n’hésitant pas à payer de fortes sommes pour se les procurer. Ils étaient aussi réputés pour réduire à néant les mauvais présages et chasser les démons. Les femmes enceintes en ingéraient, pensant s’assurer d’avoir un garçon.

Chardon

Chardon est un terme générique qui désigne de nombreuses espèces de plantes épineuses appartenant principalement à la famille des Asteraceae (Composées), notamment les genres Carduus (les chardons proprement dits), Cynara (les artichauts) et Cirsium (les cirses). Certains appartiennent à la famille des Apiaceae (Ombellifères) comme le chardon-Roland, ou panicaut, et le chardon bleu des Alpes. Ce sont souvent des adventices, ou appelés familièrement « mauvaises herbes », mais certaines peuvent avoir un intérêt, notamment ornemental.

Ils ont en commun d’être, généralement, des plantes de terrains arides, de porter des feuilles piquantes ou des épines, et d’avoir des fleurs réunies en inflorescences formant des têtes denses et serrées, capitules ou ombelles.

« Chardon » a la même origine étymologique que « cardon », variété d’artichaut dont on consomme les côtes. Il ne faut pas confondre avec la bardane qui a les mêmes fleurs.

Carte d’identité

Petite mise au point préalable : le chardon qui nous occupe ici est le chardon des champs, Cirsium arvense, redoutable envahisseur des prés et des jardins, et non ses proches ou lointains cousins cirses, panicauts, cardères et autres. On compte en effet parmi eux quelques espèces protégées  et d’autres qui ont un réel intérêt ornemental et dont fleurs et graines nourrissent bon nombre de petites bêtes sympathiques, sans oublier celles qui ont des vertus médicinales .
Parmi les vrais gêneurs – un peu moins envahissants que le chardon des champs –, vous pouvez également avoir affaire au cirse commun ou lancéolé (Cirsium vulgare), qui préfère les terrains calcaires, ou au chardon à tête dense (Carduus pycnocephalus), en zone méditerranéenne.

Symptômes

Le chardon des champs est fréquent partout en France, avec une prédilection pour les sols fertiles (d’où ce vieux dicton : « terre à chardons, terre à millions »), frais et plutôt argileux. Il colonise de préférence les grandes cultures, les prairies et les cultures pérennes : vignes, vergers, pépinières… Il a un peu plus de mal à s’installer chez les maraîchers du fait de la succession rapide des cultures et du travail du sol plus fréquent. Les jardiniers n’ont pas toujours ce privilège, surtout lorsqu’ils veulent mettre en culture un terrain quelque peu délaissé.

Mode de vie

La difficulté à le maîtriser vient de la physiologie particulière de ce chardon vivace : il peut se multiplier par ses graines (jusqu’à 5 000 par pousse), mais le fait surtout grâce à son système racinaire qui lui permet de progresser par taches et lui assure une extraordinaire résistance.

Ses racines verticales peuvent descendre à plusieurs mètres de profondeur, et des rhizomes horizontaux, généralement situés sous la partie travaillée, stockent des réserves et émettent de nouvelles pousses drageonnantes, pendant que vous vous appliquez à extirper les premières.

Ainsi apparaissent de petites rosettes, formées d’abord de deux cotylédons bien lisses et charnus qui peuvent faire illusion, avant que ne sortent les deux premières feuilles caractéristiques (dessin ci-dessous), avec une marge hérissée de minuscules épines et une face inférieure couverte de poils blanchâtres. La plante adulte, que chacun reconnaît, peut monter jusqu’à 1,50 m. Ses capitules fleurissent de juillet à octobre et sont butinés par de nombreux insectes et papillons… mais il est préférable d’intervenir avant.

1. Sont notamment protégés le panicaut des champs (Eryngium campestre) et le panicaut de mer (Eryngium maritimum) en Nord Pas-de-Calais et Bretagne, le cirse de Montpellier (Cirsium monspesulanum) et le cirse faux hélonium (Cirsium helenioides) en Rhône-Alpes.
2. Par exemple, le chardon Marie, aux larges feuilles épineuses tachées de blanc, est utilisé en phytothérapie pour ses effets bénéfiques sur le foie.

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Moyens de lutte

  • Même si les chardons sont peu nombreux, évitez toute montée en graines par des fauchages ou arrachages successifs. Toute nouvelle pousse contribue (par la photosynthèse) à renouveler les réserves des rhizomes. La multiplication des interventions finira par affaiblir la plante, avec un dernier fauchage en mai-juin, au stade bouton floral, au moment où les réserves de la plante sont au plus bas.
  • Le compactage du sol favorise le développement des chardons, de même que l’usage de la motobineuse, en multipliant les fragments de racines susceptibles de reprendre.
  • Un fauchage sous la pluie, qui permet à celle-ci de pénétrer dans le trou de la tige, entraînerait la mort du chardon. Les plus acharnés y déposeront une pincée de sel ou de phosphates naturels, radical paraît-il, mais un tantinet fastidieux…
  • En cas d’invasion encore localisée, essayez un engrais vert étouffant à l’automne : vesce, seigle ou ray-grass d’Italie. Le chardon supporte également très mal la concurrence de la luzerne et du dactyle. Avant de remettre en culture, pratiquez le faux semis : quinze jours avant le vrai semis, préparez le sol comme si vous alliez semer et, juste avant de semer, détruisez toutes les herbes spontanées qui ont levé. Mais l’arme la plus efficace sera votre persévérance…

Publié dans AUX SIECLES DERNIERS, FLORE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

AU BONHEUR DES DAMES

Posté par francesca7 le 2 avril 2016

 

Les débuts au grand magasin / Au Bonheur des Dames est un roman d’Émile Zola publié en 1883, prépublié dès décembre 1882 dans Gil Blas, le onzième volume de la suite romanesque les Rougon-Macquart. À travers une histoire sentimentale, le roman entraîne le lecteur dans le monde des grands magasins, l’une des innovations du Second Empire (1852-1870).

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L’action se déroule entre 1864 et 1869. Arrivée à Paris avec ses frères, pour travailler dans le petit magasin de son oncle, Denise Baudu prend rapidement conscience que l’emploi n’existe que dans les grands magasins. Elle se fait embaucher au Bonheur des Dames, un grand magasin de prêt à porter féminin, découvre le monde cruel des petites vendeuses, la précarité de l’emploi et assiste au développement exponentiel de ce magasin et à la mort des anciens petits commerces. Elle suscite l’intérêt du directeur du magasin, Octave Mouret qui lui confie de plus en plus de responsabilités. Elle refuse de devenir sa maitresse mais finit par accepter sa demande en mariage

Chapitre I. Denise Baudu, jeune Normande de vingt ans originaire de Valognes, arrive à Paris avec ses frères Jean et Pépé, âgés respectivement de seize et cinq ans. Leur père, dont ils portent le deuil, est mort il y a un an environ de la même maladie qui avait emporté leur mère un mois auparavant. Elle découvre place Gaillon le magasin Au Bonheur des Dames qui la fascine et, lui faisant face, la boutique Au vieil Elbeuf, propriété de son oncle. Celui-ci lui avait écrit un an plus tôt qu’il y aurait toujours une place pour elle dans sa boutique à Paris. Mais depuis un an, les affaires ont périclité et il ne peut embaucher Denise. Il tente, sans succès, de la faire embaucher dans un petit commerce ami. Là, Robineau, commis au Bonheur des Dames, lui suggère de postuler pour un poste dans ce magasin. M. Baudu décrit à Denise l’histoire du bazar : Au Bonheur des Dames est à ce moment dirigé par Octave Mouret, fils de François Mouret et Marthe Rougon. Ce grand magasin prospère aux dépens des petites boutiques du quartier. Les Baudu, tenant le Vieil Elbeuf qui se trouve en face du Bonheur, sont exaspérés par les agrandissements successifs opérés par Mouret. Ils ont en effet connu la boutique, fondée par les frères Deleuze, à l’époque où elle avait une taille modeste. Mouret est devenu propriétaire de la boutique en épousant, dans Pot-Bouille, Mme Caroline Deleuze veuve Hédouin, qui mourut peu après, des suites d’une chute sur le chantier du magasin. Denise, ne trouvant pas de place dans les petites boutiques, décide d’aller chercher du travail au Bonheur des Dames et ce malgré l’avis défavorable de son oncle. Ce premier chapitre d’exposition permet de présenter un des thèmes principaux du roman : la lutte entre le petit commerce et les grands magasins.

Chapitre II : Denise, arrivée trop tôt au Bonheur des Dames, patiente à l’entrée tandis qu’à l’intérieur tout le personnel prend place et subit l’inspection de Mouret et Bourdoncle qui donnent les dernières directives commerciales. Lorsque Denise se présente à l’embauche, sa mine pauvre et son origine provinciale ne plaident pas en sa faveur, mais l’avis favorable de Mouret, qui l’a remarquée et lui trouve un charme caché, lui permet d’être engagée. Ce second chapitre d’exposition permet à Zola de présenter le fonctionnement du magasin, la personne de Mouret et sa politique commerciale.

Chapitre III : Mouret se rend chez sa maîtresse Henriette Desforges pour y rencontrer un investisseur potentiel le baron Hartmann. Le salon est également fréquenté par de nombreuses femmes du monde, clientes du Bonheur des Dames. Mouret retrouve un compagnon d’étude , Paul Vallagnosc. Le baron Hartmann, d’abord réticent à risquer des fonds, est convaincu en voyant la fièvre d’achats qui s’empare des dames à la vue de quelques dentelles.

Chapitre IV. Première étape dans la croissance spectaculaire du Bonheur des Dames. C’est le premier jour de travail de Denise, elle est engagée au rayon des confections. Mais elle doit subir les railleries des vendeuses qui, se moquant de sa robe trop large et de sa chevelure difficile à coiffer, ne lui laissent aucune vente importante. Elle est affectée au rangement des affaires dépliées et devient la risée du magasin lors d’une vente ratée d’un manteau. Mouret, d’abord inquiet du peu d’affluence du matin assiste triomphant aux ventes records de l’après-midi.

Chapitre V. Denise est convoquée par Mouret qui veut la conseiller sur sa tenue. Encouragée par sa mansuétude, elle se lance dans un travail acharné, supportant pendant des mois le travail pénible et les persécutions des vendeuses qui s’accentuent quand elle se révèle une vendeuse remarquable. Mal nourrie, mal payée, elle doit encore couvrir les dettes de son frère, et payer la pension de Pépé. Pauline, une de ses rares amies au Bonheur des Dames, lui suggère de prendre un amant, ce à quoi elle se refuse. Mais elle découvre que cette pratique est courante parmi les vendeuses et que la direction ferme les yeux tant que cela ne se passe pas dans le magasin. Elle prend connaissance des affaires de cœur du comptoir, surprend le secret de Colomban, commis chez Baudu et fiancé à sa cousine mais amoureux transi de Clara, vendeuse au Bonheur des Dames. Touchée par la galanterie hypocrite de Hutin, premier vendeur au Bonheur des dames, qui se moque d’elle dans son dos, elle s’en croit amoureuse. Mais lors d’une sortie à Joinville, elle découvre la vraie nature de celui-ci, hypocrite et coureur. Deloche, un timide commis du Bonheur des Dames, lui avoue son amour qu’elle repousse gentiment. En rentrant, elle croise Mouret, qui échange avec elle quelques mots amicaux, mais qui sent une jalousie poindre à l’idée qu’elle puisse avoir un amant.

Chapitre VI. Juillet 1865. C’est le début de la morte saison, le personnel vit dans la crainte des licenciements. Chaque année, à cette époque le Bonheur des Dames se débarrasse du tiers de son personnel sous le moindre prétexte. Des rumeurs courent sur Denise : on lui prête, malgré ses dénégations, un enfant (Pépé) et un amant (Jean). Denise, constamment sollicitée par Jean pour des questions d’argent, accepte un travail de confection de nœuds de cravate proposé par Robineau, qu’elle effectue le soir mais dont la source se tarit pour banqueroute. L’inspecteur Jouve dont les rapports sont à l’origine de nombreux renvois, surprend des bavardages entre Pauline et Denise et pense en tirer avantage pour obtenir des faveurs de Denise. Une fronde, orchestrée par Hutin, est menée par les commis contre Robineau, et l’affaire des cravates sert de prétexte à son licenciement. Les employés se plaignent en vain de la mauvaise qualité de la nourriture. Denise repousse les avances de Jouve mais celui-ci la surprend avec Jean, venue la solliciter une fois de plus. Jouve et Bourdoncle organisent le licenciement de Denise sans en référer à Mouret dont ils connaissent la faiblesse. Denise aimerait aller se justifier auprès de Mouret, en expliquant que Jean et Pépé sont ses frères, mais elle ne s’y résout finalement pas. Mouret, apprenant le licenciement de Denise, s’énerve contre Bourdoncle car il voit là une tentative d’échapper à son pouvoir, parle de la réembaucher mais finit par se résigner à cet état de fait.

Printemps1900

Le passage par les petites boutiques

Chapitre VII. Denise loue une chambre chez Bourras, un artisan qui fabrique des parapluies. Elle croise Pauline et Deloche qui lui donnent des nouvelles du grand magasin. Colomban vient l’entretenir de Clara. Elle traverse une période de misère noire et résiste à la tentation de la prostitution. Bourras l’embauche par charité. En janvier 1866, elle quitte Bourras, pour lequel elle est une charge, et se place comme vendeuse chez Robineau qui a repris une des boutiques du quartier. Celui-ci, aidé par Gaujean, un petit tisserand lyonnais, décide de batailler contre le Paris-Bonheur de Mouret, la soie miracle. Lui aussi décide de créer sa faille (soie noire). Mais Mouret baisse le prix du Paris-Bonheur devant les yeux effarés de ses salariés et le vend à perte. Robineau le suit, baisse le prix de sa faille. Finalement, c’est Mouret qui gagne la partie, Robineau est ruiné. Denise défend le principe des grands magasins, l’avenir selon elle. Au printemps c’est contre Bourras que la guerre s’engage, Mouret achète l’immeuble voisin, encerclant Bourras, lui propose le rachat de son bail pour un prix avantageux. Celui-ci refuse, rénove son magasin et tente de concurrencer le bazar. Un soir d’été, Mouret rencontre Denise aux Tuileries et lui propose de réintégrer le magasin, offre qu’elle décline. Il est troublé par Denise devenu femme, s’étonne de sa connaissance du problème des grands magasins et du petit commerce, et du fait qu’elle fasse partie du clan de la modernité, et c’est à regret qu’il la quitte, la chargeant d’apporter à Bourras sa dernière offre de rachat, une nouvelle fois repoussée. Denise se réconcilie avec son oncle.

Chapitre VIII. Les travaux haussmanniens se poursuivent. Le Bonheur des Dames s’agrandit. Lors d’un repas chez Baudu, Denise défend le principe du grand magasin. Geneviève, sa cousine, confie à Denise son désespoir de voir Colomban s’éloigner d’elle. Tandis que les travaux s’accélèrent, les faillites dans le quartier se multiplient. Baudu est contraint de vendre sa maison de Rambouillet. Denise, voyant que Robineau, au bord de la faillite, ne sait comment la congédier, accepte un emploi bien rémunéré au Bonheur des Dames. Elle apprend par Deloche que Clara est l’amante de Mouret et en conçoit de la jalousie. Elle retourne voir Colomban pour l’inciter sans succès à tourner son affection vers Geneviève en lui racontant les aventures de Clara. Les Baudu ont l’impression que le bazar leur a tout volé, leur clientèle, le fiancé de leur fille et leur nièce.

Chapitre IX. Deuxième étape dans la croissance spectaculaire du Bonheur des Dames. En mars 1867, c’est l’inauguration du nouveau magasin. Mouret innove en mélangeant les rayons. Une foule innombrable se presse au Bonheur des Dames. Denise, rentrée en février, a retrouvé un personnel respectueux. Mme Desforges vient au bazar pour voir le « caprice de Mouret ». Malgré les informations de Mme Marty qui lui désigne Clara, elle comprend très vite à la vue de l’attitude de Mouret envers Denise que celle-ci est sa vraie rivale et se venge en faisant tourner Denise en rond dans le magasin. À l’issue de cette journée qui est une complète réussite, Mouret convoque Denise dans son bureau et la promeut seconde vendeuse du rayon confections. À l’arrivée de la recette, il tente de la séduire en lui proposant une part. Denise, troublée de sentir le désir de Mouret, refuse. L’arrivée de Bourdoncle interrompt l’entretien.

Chapitre X. À l’inventaire d’août, Denise, qui se remet d’une entorse à la cheville, reçoit une lettre de Mouret l’invitant à dîner. Le message est clair, connu de tous au Bonheur des Dames : après le dîner il y a « le dessert », Clara et d’autres vendeuses y ont eu droit. Tout le magasin, au courant de la lettre, guette la réponse de Denise. Mme Aurélie organise même une entrevue entre le grand patron et la lingère mais Denise, dont l’amour pour Mouret est violent, ne peut se contenter de cette offre. Malgré l’insistance de Mouret, qui devient brutale, elle refuse l’offre : elle ne partage pas.

Chapitre XI. Mme Desforges confie à Bouthemont, responsable des achats au Bonheur des Dames, sa frustration de voir Mouret lui échapper. Elle a organisé une rencontre entre Denise, venue chez elle pour retoucher un manteau, et Mouret qu’elle a attiré en promettant la présence du baron Hartmann. En effet, Mouret envisage une vaste extension du magasin et cherche des investisseurs. Henriette Desforges projette d’humilier la lingère devant son patron, mais le plan se retourne contre elle : Mouret prend la défense de Denise, renvoie Bouthemont et quitte sa maîtresse.

Chapitre XII. En septembre 1868 démarrent les nouveaux travaux d’agrandissement du magasin. Clara projette de séduire définitivement Colomban pour attrister Denise. Bourdoncle craint le pouvoir de Denise sur son patron et cherche à la discréditer. Il aimerait lui découvrir des amants, Hutin ? Deloche ? Mouret est obsédé par Denise et même l’ampleur de sa réussite commerciale ne peut le consoler. Sa jalousie se reflète dans son comportement qui devient agressif envers tout le magasin. Lorsqu’il la surprend en compagnie de Deloche, il lui fait une scène de jalousie passionnée, lui reprochant ses « amants » et menaçant de renvoyer le commis. Mais quand elle annonce son intention de quitter la maison, il se soumet, et la nomme première aux costumes pour enfants. Il se contente de longues conversations amicales au cours desquelles Denise propose des améliorations sociales sur le sort des employés. Pauline interroge Denise : quel est son but avec le patron ? L’idée improbable d’un mariage naît dans l’esprit de Mouret et Denise.

Chapitre XIII. En novembre, Geneviève, abandonnée par Colomban, meurt de chagrin . L’enterrement sert de manifestation de protestation du petit commerce contre le géant Au Bonheur des Dames. Se sentant coupable, Denise obtient des compensations financières pour les chutes inévitables de Bourras et Baudu, mais Mouret la convainc que le progrès est à ce prix. Robineau, désespéré par la faillite de son commerce, tente de se suicider en se jetant sous un omnibus. Bourras est chassé de chez lui et refuse les compensations de Mouret. Mme Baudu se laisse mourir et son mari abandonne sa boutique pour s’enfermer dans une maison de retraite.

Chapitre XIV. Au Bonheur des Dames s’étend d’avantage et les rumeurs concernant la relation de Mouret et Denise vont bon train. Mouret finit par demander Denise en mariage, qui accepte après quelques réticences.

 

Publié dans ARTISANAT FRANCAIS, AUX SIECLES DERNIERS, LITTERATURE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

Cérémonie des Jarretières

Posté par francesca7 le 30 mars 2016

 

 
 
Dans la commune d’Auchonvillers, en Picardie, avait lieu autrefois le deuxième jour de la fête du village, la cérémonie des Jarretières, obéissant à un rituel convenu et prélude au bal du soir…

C’est aujourd’hui lundi, deuxième jour de la fête communale. Hier, les jeux de ballon et quelques autres divertissements, trop peu variés, hélas ! dans nos pauvres campagnes, ont amusé paysans et enfants ; puis le soir, le bal a attiré la rustique jeunesse du village et des environs, et tous ces gars aux larges épaules, aux jarrets solides, et ces filles rougeaudes, dont la poitrine puissante se trouve mal à l’aise dans le corset des dimanches, ont sauté, tourbillonné, dansé jusqu’aux premières lueurs du jour.

JarretièreTout à coup le violon de la veille se fait entendre. C’est la cérémonie des Jarretières qui commence. Les jeunes gens du village accompagnent le vieux ménétrier et chantent au refrain. L’un d’entre eux, affublé d’une redingote démodée qui lui descend aux talons, et coiffé d’un ancien chapeau haut de forme des plus burlesques, porte une perche ornée d’un cerceau à l’un des bouts ; les autres suivent ; et toute cette bande joyeuse tombe comme une avalanche dans chaque maison qui possède une jeune fille en âge de danger ; pas une n’est oubliée ; et c’est alors un mélange de bruyants éclats de rire qui se prolongent comme un écho, et de petits cris d’étonnement ou d’effroi.

 

La jeune fille, surprise dans son négligé du matin, et le regard encore voilé par un sommeil trop tôt interrompu, a l’air embarrassée devant tous ces garçons ; elle sent qu’une vive rougeur colore ses joues pâlies par la fatigue du dimanche ; elle se retourne vivement pour cacher son trouble, et fait semblant de ne pas trouver dans l’armoire la jarretière qu’elle y a pourtant toute préparée d’avance.

Les parents rient de l’embarras où ils voient leur enfant, pendant qu’au coin de l’âtre l’aïeule repasse en sa mémoire ses souvenirs d’enfance. Elle aussi a donné sa jarretière il y a quelque cinquante ans. Jeune fille alors, forte et droite, elle avait pour amoureux le plus solide gaillard du village. Comme elle était fière, lorsque au bras de son Pierre, elle se promenait dans la salle du bal, et comme elle était heureuse lorsqu’il l’enlaçait de son bras d’hercule aux premières mesures de la valse !… Hélas ! ce temps est loin, et depuis bien des chagrins ont assailli l’aïeule !… Il y a cinq ans déjà que son pauvre Pierrot est dans la tombe !…

A ce dernier souvenir, une larme glisse, silencieuse, sur son visage ridé ; puis son œil humide se lève lentement sur les jeunes gens, et devant toutes ces figures épanouies, la vieille oublie subitement sa tristesse et sourit en voyant sa petite-fille qui apporte enfin le fameux ruban, et timidement le donne au porte-jarretières. Pendant que ce dernier le suspend au cerceau, un autre jeune homme offre à l’ingénue sa rude main de paysan, et sans façon, la prenant par la taille, danse avec elle quelques pas de polka.

Puis toute la troupe s’échappe, et toujours précédée du violoneux qui recommence son éternel del tarte à pimmes,… elle va dans une autre maison trouver une autre jeune fille qui ornera le cerceau d’une nouvelle jarretière.

Quand toutes les rues ont été suivies, et que chaque danseuse a livré son ruban, le cortège reprend la route du bal et y rentre. Les jeunes filles arrivent bientôt après ; les couples se forment au fur et à mesure, et quelques quadrilles précèdent la Vente des Jarretières.

Plusieurs jeunes gens sont préposés à cette vente. L’un figure le notaire : ample redingote, chapeau noir et cravate noire entourant un gigantesque col de chemise en papier, d’où sort un menton qu’il s’efforce de rendre triple ; d’ailleurs l’air très grave et très digne, ou du moins s’efforçant d’être tel. Ce pseudo-notaire porte à l’oreille un énorme porte-plume et à la main un registre où il doit inscrire l’acte de vente.

Près de lui et juché sur une table boiteuse, apparaît le crieur. Celui-ci veut être amusant autant que le notaire essaie d’être sérieux. Il porte un accoutrement qu’il a composé le plus bizarrement possible : sur sa tête enfarinée, il a équilibré un vieux chapeau que des coups de poing répétés ont transformé en accordéon ; dans un vêtement hors d’usage, il s’est taillé un habit à queue, une basque dépassant l’autre, et sur les côtés deux énormes poches d’où il n’oublie jamais de laisser pendre la moitié d’un grand mouchoir à carreaux. Un gilet fond vert-pomme avec des fleurs jaunes dissimule mal une paire de bretelles qui tirent de-toute leur force sur un pantalon trop court ; un vrai pitre de foire, enfin, avec cette différence qu’aux fêtes foraines c’est un paillasse qui imite les paysans, et qu’ici c’est un paysan qui singe les paillasses des villes.

Enfin un troisième remplit de son mieux les fonctions de garde-champêtre, et répète, en voix de basse, la mise à prix du crieur. Après maintes simagrées de ce burlesque trio, chacune des jarretières est adjugée à sa propriétaire, comme il est convenu d’avance ; et c’est à chaque vente une explosion de réflexions et de bons mots qui, certes, ne sont pas toujours bien spirituels, mais qui excitent le vrai rire et cette franche gaieté, débarrassée de toute étiquette, que l’on rencontre trop rarement dans les soirées parisiennes.

Quand la dernière jarretière est vendue, l’orchestre soulève toute la jeunesse dans un galop frénétique, puis danseurs et danseuses vont au cabaret dépenser en sirops et en chopes de bière le produit de la vente, et avant de se quitter, tous ces Roméos picards donnent à leurs Juliettes rendez-vous pour le bal du soir.

(D’après « La Tradition », paru en 1887)

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Les Chansons à boire

Posté par francesca7 le 28 mars 2016

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Si l’on associe volontiers la chanson française à ces couplets badins entonnés au dessert par de joyeux buveurs, le verre en main, avec des refrains bachiques repris en chœur par les assistants, la chanson à boire fut cependant initialement l’œuvre de lettrés, surgissant vers le XIIe siècle et élevée au rang de véritable genre trois cents ans plus tard avec les vaudevires, pour acquérir une immense popularité au XVIIe grâce, notamment, au célèbre menuisier Adam

Le vin est un de ces élixirs souverains, comme on dit dans les opéras-comiques, duquel la chanson jaillit comme par enchantement ; il n’est pas d’endroit où l’on chante plus volontiers qu’à table ; la musique est réputée l’accompagnement le plus agréable de la bonne chère, et de tout temps les grands seigneurs ont entretenu à leur solde des chanteurs ou des instrumentistes chargés d’égayer leurs repas : cela depuis le Moyen Age, où semblables fonctions incombaient aux ménestrels, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les princes des cours d’Allemagne, notamment, ayant alors à leur disposition un orchestre qui leur donnait concert pendant qu’ils mangeaient.

Plusieurs des symphonies d’Haydn et de Mozart n’ont pas été composées pour d’autres occasions. Sans viser si haut dans l’échelle artistique et sociale, il suffira de citer ces trois vers d’un roman du Moyen Age, Li Diz dou Soucretain, rapportés par plusieurs auteurs, pour démontrer que l’usage de chanter à table a existé en tout temps :

Usages est en Normendie
Que qui hébergiez est qu’il die
Fable ou chançon die à l’oste.

Est-il besoin de rappeler ici les réunions bachiques dont la vogue fut si grande aux dix-septième et dix-huitième siècles, et où chaque convive était tenu de fournir son écot, c’est-à-dire sa chanson ? De nos jours, la coutume de chanter au dessert, après s’être maintenue dans les réunions bourgeoises jusqu’au premier tiers à peu près du XVIIIe siècle, n’a pas encore disparu : elle s’est réfugiée à la campagne, où, en dehors des veillées, la chanson ne connaît pas de meilleure occasion de se produire qu’à table, ou au cabaret, après boire.

 

Cependant la tradition orale, qui, consultée à la campagne, nous a fait connaître tant de chansons portant la marque d’une incontestable ancienneté, ne nous révèle pour ainsi dire rien qui touche au sujet de la chanson à boire. Le vin n’est pas chanté par les paysans ; s’il l’est par hasard, c’est en chansons empruntées à la ville et d’importation récente. A peine y trouverons-nous de rares allusions dans un petit nombre de recueils de chansons populaires. Parfois il en est question incidemment dans un ou deux vers d’une chanson qui tourne aussitôt et passe à un autre sujet : par exemple dans ces fragments de chansons :

Tout en revenant de boire bouteille,
L’envie m’y a pris d’aller voir ma belle.
(Armagnac et Agenais, par Bladé)

Le bon vin m’endort,
Et l’amour m’y réveille.
(Recueilli dans le Morvan)

A la table sans rien faire
Je commence à m’ennuyer,
Je vais commencer par boire,
Messieurs, à votre santé,
De ce bon vin de bouteille
Que l’automne a-t-apporté.
(Ouest, tome I, par Bujeaud)

Ces fragments, très disséminés, représentent, on peut le dire, une quantité négligeable, et les collectionneurs, s’ils veulent pousser plus avant leurs recherches en ce genre, en sont réduits à publier des pièces comme la dernière du recueil de Bujeaud : « Bénissons à jamais / Le p’tit vin de Sigournay » (Ouest, tome I), parodie du cantique : « Bénissons à jamais / Le Seigneur de ses bienfaits » ; ou bien encore la chanson flamande intitulée le Vin, qui a pour refrain ces mots extrêmement peu populaires : Gaudeamus, Laudamus, Vivamus (Flamands de France, par De Coussemaker) ; ou enfin une parodie de la chanson des Nombres, type des chansons énumératives ; mais ici les douze Nombres mystiques sont remplacés par les douze Verres, ce qui est la marque d’un genre d’esprit fort peu populaire et assez moderne.

Les paysans n’ont donc pas, pour leurs repas, noces et beuveries, de chansons à boire à eux : celles qu’ils chantent au dessert ou au cabaret ne sont pas différentes de celles qu’ils chantent aux veillées ou dans les champs ; il est même assez singulier de remarquer qu’ils ont soin le plus souvent de choisir ce qu’ils savent de plus langoureux et de plus plaintif pour une sorte de réunions qui devraient avant tout éviter d’engendrer la mélancolie.

La première chanson à boire dont le texte nous soit connu est une chanson en latin, Vinum bonum et suave, parodie du cantique à la Vierge : Verbum bonum et suave. Du Méril la cite dans Poésies populaires latines du Moyen Age, avec d’autres productions du même genre, du XIIe et du XIIIe siècle, dont les moines se font honneur de reconnaître la paternité. Le manuscrit de Montpellier lui-même, ce précieux recueil poétique et musical, généralement si grave de ton, en fournit aussi du quatorzième siècle. Qui l’eût dit ? C’est dans le silence et l’austérité du cloître que, s’il faut en croire ces documents, la chanson à boire des temps modernes aurait vu le jour !

chansons à boire

Les auteurs du XVIIIe siècle, qui ont très fort creusé la question, disent que la première chanson à boire que l’on connaisse « dans notre poésie » figure dans les œuvres d’Eustache Morel, dit Deschamps, poète du XIVe siècle, rapporte Nisard dans Des chansons populaires. Du Faïl, l’écrivain breton du XVIe, parle d’une chanson à boire connue sous le nom deLaetabundus, considérée à l’époque, comme une vieille chanson remontant aux trouvères anglo-normands, et dont le refrain était :

Or hi parra !
La cerveyse vos chauntera.

Rabelais, qui, par parenthèse, parmi le grand nombre de chansons du XVIe siècle qu’il cite, ne parle pas d’une seule chanson à boire (et quelle chanson pouvait mieux que la chanson à boire être à sa place dans le livre de Rabelais ?), n’a qu’un mot sur ce sujet dans le chapitre intitulé : Le propos des buveurs, mais bien caractéristique : « Chantons, buvons : un motet ! Entonnons. » Un motet – le motet était, depuis le Moyen Age, une composition le plus généralement profane, mais essentiellement polyphonique – en guise de chanson à boire ! Ailleurs, il fait parodier par Frère Jean des Entommeures les mots du texte sacré : Venite adoremus en Venite apotemus (dans Gargantua, chap. XLI).

Tout cela n’est que bribes. Mais au XVe et au XVIe siècle, deux auteurs, dont l’un parait appartenir beaucoup moins à l’histoire qu’à la légende, et dont l’identité, l’existence même ont été contestées, fusionnant en un tout homogène des éléments éparpillés, les traitant avec un esprit et une bonne grâce d’ailleurs incontestables, élèvent la chanson à boire à la hauteur d’un genre. Le premier, le plus célèbre, c’est Olivier Basselin, foulon au lieu dit les Vaux de Vire, en Basse Normandie, qui, sous le nom même de son pays natal, passe pour avoir composé un grand nombre de chansons à boire. L’autre, sur lequel on a des données plus exactes, est son compatriote Jean le Houx.

La plus grande incertitude règne sur tout ce qui touche à la personnalité d’Olivier Basselin. Une chanson qu’on trouve dans plusieurs recueils du XVe et du XVIe siècle est le document le plus important qu’on possède sur lui. Il y est parlé d’un Olivier Bachelin, compagnon du Vau de Vire, qui se serait illustré par sa bravoure dans les guerres contre les Anglais, mais du talent poétique duquel il n’est aucunement fait mention. Paul Lacroix (le bibliophile Jacob) a publié dans son édition des vaudevires tout un dossier duquel il parait résulter que Basselin fut, durant toute sa vie et longtemps après, complètement ignoré en dehors de sa province et même de sa petite ville, et que ses chansons, recueillies, rajeunies et augmentées par Jean le Houx, poète et avocat de Vire postérieur au moins d’un siècle, ont été publiées pour la première fois par les soins de ce dernier, aux environs de 1576, date que n’atteste d’ailleurs aucun document.

Plus récemment enfin, un écrivain normand, Gasté, a été jusqu’à contester à Basselin la paternité du vaudevire et à attribuer ses prétendues chansons au seul Jean le Houx. Il se peut faire que Gasté ait raison. Par amour pour la tradition, qui doit nécessairement faire autorité en cette étude, ne privons cependant pas tout à fait Basselin de ce qui a fait sa gloire, et prenons-les, lui et Jean le Houx, pour les créateurs ou du moins les propagateurs de la chanson à boire en France. Ce foulon des Vaux, avec cet avocat de la cour de Vire, tous deux, à leurs heures, poètes bas Normands, ce sont là des éléments parfaitement provinciaux ; pour provincial, le vaudevire l’est sans conteste, on peut en donner acte aux Normands qui ont très fort bataillé à ce sujet. Cependant, tout provincial que soit le vaudevire, il n’en est pas plus populaire pour cela : on peut en juger simplement à son allure. Les chansons de Basselin et de le Houx, cela apparaît à chaque morceau, sont des œuvres de lettrés.

Ce foulon était vraiment étonnant pour son époque. Comme Sganarelle du Médecin malgré lui, il avait dû pousser ses études au moins jusqu’à la sixième, peut-être même quelque peu au delà, car il se permet très bien d’intercaler du latin en guise de refrain dans quelques-unes de ses chansons. C’est ainsi que chaque couplet du vaux-de-vire XVIII (dans l’édition Julien Travers, 1833) se termine par ce vers : Hoc acuit ingenium, qui rime avec Trinque, seigneur, le vin est bon. Le vau-de-vire XXXVI est tout entier composé de vers latins et français alternés ; et, au début du vau-de-vire IX, l’auteur tient à prouver qu’il sait que Hoc vinum est bonus est de mauvais latin.

Quant à le Houx, il va jusqu’aux mots grecs, et l’on commence déjà à trouver dans les chansons qui lui sont plus spécialement attribuées ces applications de noms et de mots antiques dont l’abus rend si fastidieuses les chansons des deux siècles suivants : il y est question de Bacchus et de Vénus, d’Homère et de Jupin ; Agamemnon rime avec Ilion, etc. Ce qui n’empêche pas, du reste, le plus grand nombre de ces morceaux d’être pleins d’entrain ; les plaisanteries proverbiales sur les mérites du vin prescrit comme remède infaillible à tous les maux, les vieux mots si gaulois : le doz au feu et le ventre à la table, suive qui m’aimera ; des vers comme celui-ci : « Les buveurs d’eau ne font point bonne fin », ou cet autre, toujours jeune : « Qui aime bien le vin est de bonne nature », et d’autres traits pleins de bonne humeur et encore d’un usage courant parmi les bons vivants, apparaissent déjà dans les vaux-de-vire.

Si nous insistons sur le côté littéraire de ces chansons, c’est que c’est là la seule manière possible d’en donner une idée, car non seulement la musique des vaux-de-vire n’a pas été conservée, mais encore on manque de toute indication capable d’éclairer les chercheurs sur sa nature et son caractère. Les mélodies des vaux-de-vire ont-elles été composées en même temps que les paroles par le poète lui-même ? Iu s’adjoignait-il un collaborateur musical, comme autrefois certains trouvères qui faisaient mettre en musique par leur jongleur les poésies qu’ils écrivaient ? Iu chantait-il enfin ses couplets sur des airs connus ? Cette dernière hypothèse est la plus vraisemblable, mais aucune preuve ne la confirme ; et ici la tradition ne peut nous être d’aucun secours, car les vaux-de-vire, en raison de leur tournure littéraire, par leur allure vive et toute différente de celle des poésies populaires, n’ont apparemment jamais été chantés par le peuple ; en tout cas, ils ont complètement disparu de ses souvenirs : du moins aucun recueil, bas normand ou autre, ne renferme-t-il de chansons qui, par leur ton ou leur forme, paraissent en procéder.

Cependant l’élan était donné, et la coutume d’écrire et chanter des chansons à boire ne tarda pas à se répandre. On en trouve quelques-unes dans les manuscrits de Bayeux et de Vire ; elles pénètrent dans les volumes de chansons en parties. Roland de Lassus lui-même, le maître par excellence de l’école franco-flamande du XVIe siècle, ne dédaigne pas de prendre pour textes de ses chansons ou de ses madrigaux des vers de chansons à boire : O vins en vigne, joli vin en vigne ; Je ne bois que trop sans cela ; Le vin qui me plaît tant ; ce dernier, par parenthèse, est en allemand.

Voici une autre chanson qui a servi de texte à plus d’un musicien du XVIe siècle : Manchicourt, Crespel, l’Italien Horazio Vecchi, etc. :

J’ai vu le cerf du bois saillir
Et boire à la fontaine.

Je bois à toy, mon bel amy,
Et à ta souveraine.

Si tu ne fais ainsi que moy,
Tu paieras pinte pleine.

Ces vers rappellent certaines pratiques des buveurs s’invitant à boire l’un l’autre en chantant, pratiques restées en vigueur de nos jours sous le nom de la pomponnette, ou, dans les campagnes, la rinçonnette. Voici une chanson de la fin du XVIe siècle dans laquelle sont énoncés ces usages encore vivaces (La fleur des chansons amoureuses, 1600) :

Air à chanter quand on boit l’un à l’autre.

C’est à toi, mon capitaine,
A qui je bois ce coup d’autant.
Si je le fais d’une baleine,
Il en faudra faire autant.

La compaignie prenant le pot ou la bouteille diront tous ensemble :

Je ne t’y lairrai jamais, m’amie,
Tant que tu feras clou, glou, glou ;
Je ne t’y lairrai jamais, m’amie,
Tant que nous ayons bu tout.

Quand celuy qui boit a beu, fait qu’il die tout seul :

Soldat, je te remercie
De ce que tu bois à moi.
De cela ne t’en soucie,
J’en feray autant que toi.
Je ne t’y lairrai jamais, etc.

Jusqu’ici, ces sortes de publications sont faites d’une façon aussi peu suivie qu’avant Olivier Basselin. Mais à partir du XVIIe siècle, nous allons voir la vogue de la chanson à boire se généraliser et prendre des proportions inattendues. C’est encore la Normandie qui en fournit le premier recueil : les Bacchanales, autrement dites Vaudevires, qui forment une division entière du chansonnier de Jacques Mangeant, publié à Caen en 1615. Le mot vaudevire, on le voit, sans cesser de s’appliquer aux chansons à boire, s’était maintenu, au moins en basse Normandie, jusqu’au XVIIe siècle.

Pour le style musical, il ne diffère pas sensiblement de celui des autres chansons du même recueil, ce qui tendrait à confirmer l’hypothèse émise au sujet des vaudevires d’Olivier Basselin, savoir, que dans le principe la chanson à boire se chantait sur des airs connus. Il faut s’en étonner d’autant moins que plusieurs des poésies appartiennent purement et simplement à d’autres chansons populaires, et que le caractère bachique apparaît seulement dans le refrain. C’est ainsi que nous retrouvons dans cette classe l’éternelle chanson de laMaumariée, qui trouve sa place au milieu des chansons à boire, avec un refrain qui ne laisse aucun doute sur ses attributions :

As-tu point veu rouge nez,
Le maistre des yvrognes ?
Mon père m’y veut marier.
As-tu point veu rouge nez ?
A un vieillard my veut donner.
Il pleut, il vente, il tonne.

La chanson à boire ne se dégage réellement que vers le milieu du XVIIe siècle. L’homme auquel on peut faire revenir le mérite d’en avoir fixé la forme définitive (si ce ne fut pas plutôt l’œuvre du temps), c’est Adam Billaud, connu surtout sous le nom de maître Adam, qui composa ses chansons au temps de Louis XIII et mourut en 1662. Comme Olivier Basselin, maître Adam fut un artisan ; il était menuisier à Nevers. Par une seule chanson, il a donné au genre sa véritable formule : qui ne la connaît ? C’est la chanson Aussitôt que la lumière, si pleine d’entrain, de rondeur et de bonne humeur, que tous les buveurs de France l’adoptèrent immédiatement : c’est assez dire qu’elle fut en un moment universellement populaire.

On ne sait, à la vérité, s’il faut faire honneur à maître Adam de la mélodie si franche et si gaie de sa chanson ; plusieurs de ses autres productions ont été imprimées avec indication d’airs connus. Pourtant l’air Aussitôt que la lumière ne doit pas être plus ancien que les paroles ; il paraît, au contraire, beaucoup plus jeune que tout ce que l’on trouve dans les recueils du XVIIIe siècle ; il n’est guère possible non plus de lui attribuer une origine absolument populaire : la répétition à la tierce du thème initial, dans la phrase intermédiaire, et la marche harmonique descendante qui suit, sont des procédés que la facture populaire n’a jamais connus. S’il n’a pas pour auteur le chansonnier lui-même, il est probable qu’il aura été composé par quelque organiste ou maître à chanter ivrogne, mis en verve par la poésie de son compagnon, et peut-être aussi par de certains autres procédés moins immatériels.

Le modèle ne pouvait pas manquer d’appeler les imitations. L’une des meilleures est la chanson Quand la mer Rouge apparut, dont l’air n’est pas encore oublié aujourd’hui. Bientôt le succès de la chanson à boire prit des proportions considérables : pour en donner une idée, nous citerons seulement les titres de deux publications de la fin du XVIIe et du XVIIIe siècle : les Recueils d’airs sérieux et à boire de différents auteurs que les Ballard firent paraître par livraisons trimestrielles, de 1690 à 1732, et les Tendresses bachiques, ou duo et trio melez de petits airs tendres et à boire des meilleurs auteurs, deux volumes parus chez Ballard en 1712 et 1718. Au nombre des auteurs de ces productions, dénuées de la franchise et du naturel qui faisaient le seul mérite des chansons d’autrefois, nous relevons parfois les noms d’artistes devenus célèbres dans la suite : Montéclair, Marchand, Clérambault, Campra, etc.

A l’instar des cabarets, très en vogue au XVIIIe siècle, les sociétés chantantes de l’époque donnèrent aussi une impulsion nouvelle à la chanson de table, la firent sortir des lourdeurs et des fadeurs de la chanson à boire du siècle précédent et lui rendirent un peu de sa bonne humeur. La première et la plus célèbre fut le Caveau, qui fut fondé par Piron, Crébillon fils et Collé, en 1733, dit Capelle, l’auteur du recueil intitulé : la Clef du Caveau ; en 1729 ou 1735, prétendent d’autres auteurs.

Le Caveau, avec des succès divers, subsista presque jusqu’à la veille de la Révolution ; en 1796, les Dîners du Vaudeville lui succédèrent : parmi les habitués de cette nouvelle société, on pouvait remarquer Laujon, Piis et Barré, Radet, les trois Ségur, Armand Gouffé, Dupaty, etc. Sous l’influence des chansonniers du Caveau et des sociétés analogues, aucun nouvel élément mélodique ne fut plus introduit dans la chanson à boire : les airs connus suffirent à tous les besoins du genre.

(D’après « Histoire de la chanson populaire en France », paru en 1889)

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Calendrier des anciens Gaulois

Posté par francesca7 le 26 mars 2016

Sans titre

 
 
Les druides, qui tiraient leur nom d’un mot grec ou plutôt du mot celtique deru signifiant chêne, étaient vraisemblablement chargés de régler la division du temps chez les Gaulois. Leurs années étaient purement lunaires et divisées par périodes de 30 ans.

La semaine paraît être la période la plus anciennement et la plus généralement adoptée pour la mesure du temps au delà du jour. Ce sont, au dire des historiens, les Egyptiens qui les premiers ont donné une forme certaine à leurs années ; et le calcul que Moïse nous donne de la durée de la vie des premiers patriarches, la manière même dont il explique les circonstances du déluge ne permettent pas de douter qu’il n’y eût dès lors une division fixe du temps.

 Les Egyptiens avaient distribué l’année en douze mois, par la connaissance qu’ils avaient des astres. Ces mois n’avaient pour toute dénomination, dans le commencement, que celles de premier, de second, de troisième mois, etc., jusqu’au douzième. Hérodote déclare qu’il n’est pas possible de déterminer la forme que l’année des douze mois a eue originairement chez les Egyptiens. L’année a-t-elle été simplement lunaire, c’est-à-dire de 354 jours, ou l’ont-ils composée de 360 jours dès le moment de son institution ? C’est ce qu’Hérodote ne peut aussi décider.

On croit seulement que l’année de 360 jours dut être d’un usage fort ancien en Egypte ; elle dut être réglée ainsi même avant Moïse, car c’est d’une année de 360 jours que s’est servi le législateur des Juifs pour compléter celles du monde, et en particulier celle du déluge. Plus tard, l’année civile des Egyptiens fut de 365 jours ; tous les quatre ans, elle retardait d’un jour sur l’année solaire, et ce n’était qu’après un intervalle de 1460 années, qu’ils appelaient période sothiaque ou grande année caniculaire, que les années civiles et solaires se retrouvaient d’accord.

Les Grecs partagèrent d’abord les mois en trois parties, chacune de 10 jours : la première dizaine s’appelait mois commençant, la seconde dizaine mois qui est au milieu, et la troisième mois finissant. La première dizaine se comptait de suite ; ainsi on disait : le premier, le second, le troisième, etc., du mois commençant ; mais, comme les Grecs ne comptaient jamais au-dessus de 10, quand ils voulaient, par exemple, exprimer les 16, ils disaient le second sixième, ainsi de suite ; pour dire 24, ils disaient le troisième quatrième. Telle était la manière de compter des Grecs du temps d’Hésiode. Les Grecs eurent aussi, par la suite, une période de quatre années révolues par lesquelles ils comptaient, et qu’ils nommaient olympiades ; l’ère commune des olympiades commença au solstice d’été de l’an 776 avant J.-C.

Jusqu’en l’an 600 environ avant J.-C., les Grecs comptèrent successivement deux années de douze mois de 30 jours chacun, et une troisième année (triétéride) de treize mois. Mais les oracles ayant déclaré que l’on devait régler les années sur la marche du soleil, et les mois sur celle de la lune, il en résulta la réforme suivante : l’année fut alors composée de douze mois alternativement de 30 et 29 jours commençant à la néoménie ou nouvelle lune ; les troisième, cinquième et huitième années de cette période dite octaétéride eurent chacune un mois complémentaire de 30 jours : après deux octaétérides, on ajoutait 3 jours complémentaire ou épagomènes.

Meton, célèbre astronome athénien, pour corriger ce calendrier, imagina un cycle de 19 ans, après lesquels les rapports des jours, des mois, des années avec les retours de la lune et du soleil aux mêmes points du ciel se trouvaient conservés. Dans cette période, on comptait 235 lunaisons, à savoir : 228 à raison de 12 par an, et 7 autres appelées intercalaires ou embolismiques, dont 6 de 30 jours et le dernier de 29 jours. Ce résultat excita l’admiration des Grecs au point qu’on le grava en lettres d’or sur les places publiques ; de là lui vint le nom de nombre d’or. Callipe, pour remédier à une erreur légère de calcul de Meton, établit que l’on retrancherait le dernier jour de chaque quatrième cycle.

Le calendrier des Romains dut aussi sujet à de grandes variations ; leurs années étaient lunaires ; ils avaient, comme les Grecs, recours aux intercalations de jours et de mois. Cette irrégularité devait, à la longue, opérer un changement qui fît passer à la fin le mois de janvier d’une saison dans une autre, et cette confusion dura jusqu’à la réforme due à Jules César. Sous ce règne, Sosigène, Egyptien, versé dans les hautes sciences, détermina l’étendue de l’année solaire. On régla l’année civile sur le cours du soleil ; elle prit le nom d’année julienne, et s’ouvrit en 44 avant J.-C. Les mois furent au nombre de douze, alternativement de 30 et 31 jours, excepté février qui en avait 28 les années ordinaires, et 29 les années bissextiles. Le premier jour des mois portait le nom de calendes, les nones commençaient le 5, les ides le 13 ; en mars, mai, juillet et octobre, les nones se trouvaient le 7 et les ides le 15 : on comptait les jours en rétrogradant avant ces trois époques principales des mois.

Chez les Gaulois, les druides, qui tiraient leur nom d’un mot grec ou plutôt du mot celtique Deru signifiant chêne, étaient vraisemblablement chargés de régler leur division du temps. Leurs années étaient purement lunaires et divisées par périodes de 30 ans. Pline dit dans son Histoire naturelle que la lune réglait leurs mois, leurs années, et leur siècle de 30 ans ; mais il ne dit point, et aucun auteur ancien ne dit comment ils s’y prenaient pour ramener au bout de leur cycle les lunaisons au premier du mois. Il était nécessaire que dans cet intervalle ils ajoutassent 11 jours. Peut-être, comme les Arabes, faisaient-ils 19 années de 354 jours, et 11 de 355. Ce qui porte à le croire, c’est qu’il est constant qu’ils employaient le cycle de 30 ans pour régler leurs années lunaires.

 

Les Latins ont eu de grandes relations avec les Gaulois, et ils auraient pu et dû nous conserver plus de détails sur leur calendrier ; mais ils étaient si peu avancés dans les sciences physiques et mathématiques que les recherches sur la manière dont les peuples qui les entouraient divisaient le temps leur paraissaient peu intéressantes ; ignoti nulla cupido. Ils ne nous ont pas conservé seulement les noms de leurs mois ; car, comme nous allons le faire voir, les noms des mois en usage dans les pays où la langue celtique s’est conservée sont fondés sur l’année solaire que les Romains firent adopter aux Gaulois, et dérivent, pour la plupart, de mots latins qui expriment ces mois dans le calendrier julien. La réforme julienne fut adoptée dans les Gaules après la conquête de César. Les Romains portaient leurs dieux et leurs calendriers partout où ils portaient leur vaste domination.

Parmi les Romains, il semble que seuls Pline et César aient mentionné le calendrier des Gaulois. Voici le passage de Pline, qui se trouve à la fin du livre 16 de son Histoire naturelle, lorsqu’il parle du gui de chêne. « Je ne dois pas passer sous silence une coutume singulière usitée dans les Gaules ; les druides (c’est ainsi qu’ils appellent leurs prêtres) n’ont rien de plus sacré que le gui, et l’arbre sur lequel il croît, surtout si c’est un chêne. Ils choisissent, pour leur habitation, des forêts de chêne et ne font aucun sacrifice, sans avoir des feuilles de cet arbre. C’est ce qui fait qu’on les appelle druides d’un mot grec qui signifie chêne. Toutes les fois qu’il naît quelque chose sur cet arbre, ils le regardent comme envoyé du ciel et comme une marque qu’il est choisi par Dieu même. Or, il est assez rare de trouver du gui sur le chêne. Ainsi, quand ils en trouvent ils le cueillent avec de grandes cérémonies religieuses et le tout se fait le sixième de la lune ; car c’est cet astre qui règle le commencement de leurs mois et de leurs années ; il règle aussi leur siècle de 30 ans ».

Pline poursuit : « Ce qui les détermine à agir ainsi, c’est qu’alors la lune est assez forte, sans être dans le premier quartier ; ils appellent le gui dans leur langue le remède à tout. Pour cette cérémonie, ils préparent le sacrifice et le festin sous l’arbre même ; ensuite ils y conduisent deux taureaux blancs qui sont accouplés pour la première fois ; le prêtre, revêtu d’une robe blanche, monte sur l’arbre et coupe le gui avec une faucille d’or ; on le reçoit dans une nappe blanche. Ils terminent le sacrifice en adressant des prières à Dieu, pour qu’il sanctifie le don qu’il vient de leur faire, et le rende utile à ceux auxquels ils en donneront. Ils pensent qu’en le faisant prendre en breuvage à un animal stérile ils le rendent fécond, et que c’est un remède spécifique contre toute sorte de poisons : tant sont superstitieuses les religions de plusieurs peuples ».

Dans le sixième livre de la Guerre des Gaules, César dit que les Gaulois se disent descendus de Pluton, tradition qu’ils tiennent des druides. « C’est pour cela, ajoute ce général historien, qu’ils mesurent le temps par le nombre des nuits et non par celui des jours. Soit qu’ils commencent les mois ou les années, ou qu’ils parlent du temps de leur naissance, la nuit précède toujours le jour ». Nos ancêtres comptaient donc par nuits et non par jours comme nous. C’est par un reste de cette coutume que les Anglais disent encore aujourd’hui dans leur langue d’aujourd’hui sept nuits, d’aujourd’hui quatorze nuits, this day sennight, this day fortnight. Les anciens Germains, suivant Tacite, avaient aussi le même usage : et des locutions semblables à celles des Anglais se sont conservées dans leur langue. Les paysans, dans plusieurs provinces de France, disent aussi à nuit, au lieu d’aujourd’hui, ce qui pourrait bien être un reste de l’ancien usage de compter par nuits.

 

Calendrier

Calendrier gaulois

 

Ainsi, tout ce que nous pouvons tirer des anciens auteurs, au sujet du calendrier celtique, se réduit aux faits suivants : 1° Leur année était lunaire ; 2° Ils employaient pour régler leurs années une période de 30 ans ; 3° Ils cueillaient le gui le 6 du premier mois, et célébraient ce jour comme leur fête la plus solennelle ; 4° Ils passaient les premiers jours de leur année à parcourir les campagnes, pour rechercher cette plante si importante pour eux ; mais on ne sait à quelle époque ils commençaient leur année, quelle était leur ère, quels noms ils donnaient aux mois. Il paraît qu’ils connaissaient la semaine et qu’ils donnaient aux jours des noms dérivés des sept planètes.

Nous donnons ici un aperçu des mois dont on se servait au XIXe siècle dans la Bretagne Armorique et dans la principauté de Galles en Angleterre, les langues parlées dans ces deux contrées ayant beaucoup d’analogie et paraissant deux dialectes de l’ancienne langue celtique. Ces mois ne datent évidemment que du temps de la réforme julienne. L’étymologie de plusieurs des noms qu’on leur donne en est une preuve certaine. Cette année est d’ailleurs solaire et la même que celle dont se servent tous les Européens. Le nom du mois julien est donné, suivi du nom en breton armoricain, puis de celui en breton gallois :

1. Janvier ; Ghener et Ghenver ; Janawr ou Marwsis ou Misdu
2. Février ; Choëvrer ou Chwewror ; Chwefror
3. Mars ; Meurs ; Mawrts
4. Avril ; Ebrel ; Ebril
5. Mai ; Maë ; Mai
6. Juin ; Miseven ; Mehefin
7. Juillet ; Gouëre ou Gouhere ; Gorphennaf
8. Août ; Eost ; Awst
9. Septembre ; Guengolo ; Seithfed-mis ou Mismedi
10. Octobre : Ezre ou Here ; Withfedmis ou Hydef
11. Novembre ; Mis-du ; Tachwed, Hedrew, Hyddfe
12. Décembre ; Kersu ou Kerdu ; Ragfyr

On voit aisément dans cette énumération que les noms des mois correspondants à janvier, février, mars, avril, mai et août dérivent des noms latins des mois correspondants. On ne sait pas précisément ce que signifie Mizeven qui répond à juin. Quelques auteurs pensent que ce mot est mis pour mis-e-ben signifiant mois en tête, parce que c’est celui où se trouve le solstice d’été. On ne connaît pas mieux la signification de Gouherre ou Gouerre ouGorphennaf qui répond à juillet. Gwengolo signifie paille blanche, et indique dans l’Armoricain la récolte du blé qui se fait en septembre. Dans le Gallois Seithfed-mis signifie septième mois, et mismedi, mois de la moisson. On ne sait d’où vient erze dans l’Armoricain ni hydef dans le Gallois pour octobre ; mais dans le Gallois withfed mis signifie le huitième mois, il est la traduction littérale d’octobre. Misdu pour novembre signifie mois noir, ettachwed, dont usent les Gallois, paraît signifier la fin, ce qui indiquerait qu’ils finissaient leur année à la fin de ce mois. Les Armoricains appellent leur dernier mois, mois encore noirkerzu. On ne sait ce que signifiait le mot que les Gallois employaient pour décembre ; mais ils appelaient quelquefois janvier misdu. Ainsi, leur mois noir n’était pas le même que celui des Bretons Armoricains.

Suivant Court de Gébelin, les mois des Francs, du temps de Charlemagne, avaient les mêmes noms que ceux dont les anciens Gaulois se servaient avant qu’ils eussent emprunté ceux des Romains :

Janvier : Winter-manoth, mois d’hiver
Février : Hornung, lugubre
Mars : Lentzin-manoth, mois où les jours allongent
Avril : Ostar-manoth, mois d’Ostar
Mai : Wunne-manoth, mois gai
Juin : Brack-manoth, mois du labour
Juillet : Jeu-manoth, mois des foins
Août : Barn-manoth, mois des granges
Septembre : Herbst-manoth, mois de la moisson
Octobre : Wyn-manoth, mois du vin
Novembre : Windt-manoth, mois du vent
Décembre : Heilag-manoth, mois sacré

(D’après « Encyclopédie du dix-neuvième siècle : répertoire
universel des sciences, des lettres et des arts (Tome 6) » paru en 1844,
et « Traité complet du calendrier, considéré sous les rapports
astronomique, commercial et historique » paru en 1822)

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Des oeufs de Pâques pour tous les goûts

Posté par francesca7 le 26 mars 2016

MoyenAge

 
 
Nos ancêtres rivalisaient d’imagination dans la confection des œufs de Pâques : qu’ils soient ensorcelés ou à la tenaisie, destinés aux courtisans ou obtenus de vieux parrains

Œufs de Pâques des étudiants. Au Moyen Age, la veille de Pâques, les étudiants des écoles, les jeunes gens de la ville, les clercs des églises s’assemblaient sur la place publique au bruit des sonnettes et des tambours, armés de lances et de bâtons et portant de bannières sur lesquelles étaient peintes des images burlesques. Ils se rendaient en cortège à la porte de l’église principale, chantaient Laudes en chœur ; puis se répandaient dans la ville pour quêter des œufs de Pâques. Cette ancienne coutume, moins la cérémonie de l’Eglise, subsistait encore naguère dans beaucoup de provinces de France.

Œufs de Pâques ensorcelés. Elle est assez générale la coutume de briser la coque de l’œuf après qu’on l’a mangé. Au Moyen Age, on croyait que la coque des œufs donnés en présent à Pâques, ou le jour de la nouvelle année, servait aux sorciers et aux sorcières pour tracer des caractères magiques qui évoquaient les démons. Peut-être est-ce de cette tradition superstitieuse que nous est venu l’usage de briser la coque.

 

Oeufs

 

Œufs de Pâques à la tenaisie. Lehoreau (t. 11, p. 54 et suivantes de ses manuscrits, conservés à la bibliothèque de l’évêché d’Angers, XVIIe et XVIIIe siècles) fournit ce curieux document :

« Procession du lundy de Pâques. A huit heures… primes finies… la cathédrale arrive à Saint-Aubin [monastère bénédictin qui forma plus tard la préfecture]… L’ancien manuscrit, fol. LVIII, parle ainsi : Nota. Monachi ipsi tenentur clericis nostris ministrare super tumbam chori sua cum tbenasiâ pane et uino… Œufs à la tenaisie. Pendant qu’on agit comme cy-dessus au chœur, partie du bas-chœur et partie du hault vont à la sacristie de Saint-Aubin, où les moines tiennent prêts deux douzaines d’œufs durs à la tenaisie [la tanaisie est une plante ombellifère, qui croît dans les prairies d’Angers et a un goût assez âcre], dont une douzaine est lardée de tenaisie et l’autre douzaine dans un autre bassin trempant dans le jus de la tenaisie, qui est une herbe très-fade et amaire, comme une espesce d’herbe qu’on nomme alesne ou maire herbe. Les moines font aussi apporter du vin blans et du pain de fine fleur de froment tant qu’il en est besoin ».

Œufs de Pâques aux Tuileries. Sous Louis XIV et sous Louis XV, on portait le jour de Pâques, après la messe, des corbeilles d’œufs dorés dans la chambre du roi, qui les distribuait entre ses courtisans. En général, les œufs de Pâques étaient simplement coloriés de diverses nuances, parmi lesquelles dominaient le jaune, le violet et le rouge. C’étaient les œufs de la bourgeoisie et du peuple. Mais les grands et les riches ne se contentèrent pas de cette simple teinture : le luxe s’introduisit en eux comme en toute chose, et les œufs que s’offraient les personnes des classes élevées devinrent de véritables objets d’art.

Des peintres habiles furent chargés de les décorer de sujets appropriés à l’âge, aux goûts et à la condition des personnes auxquelles ils étaient destinés. On trouvera peut-être surprenant que des artistes de mérite consentissent à exécuter des travaux aussi frivoles. Ne peignaient-ils pas des éventails, jusqu’à Watteau, qui n’a pas fait tous ceux qu’on lui attribue, mais qui en a fait pourtant ? Dans sa collection de curiosités, la bibliothèque du château de Versailles possède deux œufs de Pâques qui ont appartenu à Madame Victoire, fille du roi Louis XV. Les peintures dont ils sont ornés représentent une jeune fille attaquée par des brigands, puis délivrée par un vertueux gendarme, qui la ramène à ses parents.

Œufs de Pâques en Russie. On lit dans la Gazette du Midi : « La coutume d’offrir des œufs de Pâques existe encore en Russie ; depuis l’empereur jusqu’au dernier moujik, chacun s’y conforme. Là aussi, les œufs populaires sont simplement coloriés, tandis que les œufs aristocratiques s’élèvent au rang d’objets de curiosité ou de production artistique. La personne qui offre l’œuf dit : Jésus-Christ est ressuscité ; et celle qui le reçoit répond : Je crois qu’il est ressuscité. Les œufs qui se donnent entre gens riches ne sont œufs que par la forme ; aucune poule n’en pond de semblables. Les uns sont en porcelaine peinte et dorée ou en nacre incrustée, revêtus d’inscriptions emblématiques, et percés aux deux bouts d’une ouverture par laquelle on passe un ruban qui sert à le suspendre au cou. Il en est encore dont l’intérieur est rempli par des paysages en relief, qu’on regarde à travers un verre grossissant. »

Œufs de Pâques et Vieux Parrains. Le Jura citait, en 1863, le fait suivant : « On sait qu’il existe encore dans notre pays une vieille coutume, d’après laquelle les filleuls vont chercher, pendant les fêtes de Pâques, les œufs de Pâques chez leurs parrains. A ce sujet, un habitant de Courtenay nous raconte un fait assez remarquable, qui s’est produit cette année dans ce village. Une filleule, âgée de soixante-six ans, est allée chercher ses œufs de Pâques chez son parrain âgé de quatre-vingt-deux ans. Celui-ci aussi était allé chercher les siens chez son parrain, qui compte quatre-vingt-quatorze ans. »

(D’après « Collection de précis historiques. Mélanges
littéraires et scientifiques » paru en 1866)

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DES MANIERES AUTOUR DE LA TABLE

Posté par francesca7 le 23 mars 2016

 

« Pousse avec ton pain… Ne mets pas tes coudes sur la table… Laisses-en pour les autres, tu n’es pas tout seul… » Combien de générations d’enfants ont entendu avec résignation leurs parents ressasser ces commandements ? jusqu’à ce qu’eux même prennent le relais avec leurs propres enfants.

Il n’est jamais trop tôt pour apprendre les bonnes « manières de table ». Plus tard, certains apprendront à utiliser habilement couverts et ustensiles sophistiqués, pour aborder « à l’aise »  la dégustation de n’importe quel menu. D’autres, moins nombreux, maîtriseront facilement les règles complexes du protocole (aujourd’hui un peu dépassé…) des « grands dîners » et autres réceptions officielles.

Mais, là n’est pas le plus important. Vos voisins de table ne vous en voudront pas  (où alors, ils ne méritent pas qu’on s’intéresse à eux !) d’éprouver quelques difficultés à décortiquer les langoustines. En revanche, ils ne vous pardonneront pas, à juste titre, de vous conduire comme s’ils n’existaient pas. Là, comme ailleurs, pour ceux qui reçoivent, comme pour ceux qui sont invités, l’attention aux autres est la clé d’or des bonnes manières, et une condition « sine qua non » pour  profiter au maximum des plaisirs de la table « à la française ».

DES MANIERES

Aujourd’hui, vous recevez à votre table. Déjeuner de famille, repas-copains, ou dîner raffiné, c’est dès l’accueil que doit se créer l’atmosphère qui va faire de cette réunion un moment heureux, et peut-être un souvenir mémorable !

Cela commence par la table. Elle est prête. Le couvert est mis,  complètement, y compris les accessoires, dessous de plat, de verres, salières, corbeilles. Les serviettes sont pliées, les fleurs dans leur vase ou leur coupelles, et les bougies (s’il y en a) allumées. Mieux vaut avoir un peu de retard dans la préparation du repas et faire patienter devant l’apéritif, que de devoir compléter la table au dernier moment. C’est à l’hôtesse d’accueillir tout le monde à table, de désigner à chacun sa place, de s’asseoir la première, de déplier sa serviette, et d’inviter chacun à se servir, ou à entamer une assiette déjà servie (consommé, potage, hors-d’oeuvre …), quitte à s’éclipser après quelques minutes pour assurer la suite, si elle n’a pas d’aide  de service. Pas question, donc, même avec des intimes de hurler depuis la cuisine « installez vous et commencez sans moi »… Cela met tout le monde mal à l’aise.

Vous êtes arrivé à l’heure… C’est la moindre des politesses. Vous avez salué chaleureusement vos hôtes, en les assurant de votre plaisir d’être là, chez eux aujourd’hui, puis les autres invités, avec une bise pour les intimes, un mot gentil pour ceux que vous connaissez déjà, pour les amis de vos amis ( « j’ai tellement entendu parler de vous… »), et un grand sourire pour les autres…

Après l’apéritif, on vous invite à passer à table. Quel que soit le style de la réunion, vous attendrez que votre hôtesse vous précède, qu’elle vous indique votre place, et qu’elle s’asseye la première. Puis, vous attendrez encore que tout le monde soit assis avant de déplier votre serviette. Même si vous en mourez d’envie, vous ne vous précipiterez ni sur le pain, ni sur le beurre, ni sur votre verre de vin avant les hors- d’oeuvre ou le premier plat … que vous n’entamerez pas avant  que tous les convives soient servis et que la  maitresse de maison, toujours elle (ou l’hôte, s’il reçoit en célibataire), ai commencé.

Il y a des « accros » et des allergiques, donc la prudence s’impose. Réservez votre célèbre aïoli ou votre irrésistible soupe au pistou à ceux dont vous êtes sûre qu’ils l’apprécieront. Au  déjeuner, ayez la main légère : plutôt que de « piquer » le gigot, entourez-le de gousses « en chemise » qui caraméliseront à la cuisson pour le plus grand régal des amateurs. Contentez vous de frotter le fond du saladier pour « parfumer » discrètement la salade, Au buffet, prévoyez toujours une coupelle de sauce « sans » à côté d’une sauce ou d’une mayonnaise « avec »…

Et offrez, après le repas des « neutralisateurs » d’haleine ».

Si vous ne le supportez pas, soyez héroïque, abstenez vous de renifler le plat avec insistance, ou pire, de vous faire confirmer cette présence odorante…

Si vous l’adorez, que vous vous régalez d’aïoli, ou autre spécialité méridionale fortement aillée, sachez que rien ne vous autorise, passé cette joyeuse dégustation à imposer votre haleine empestée à tous ceux que vous croisez. Empressez vous de la purifier en croquant pastilles ou graines diverses à l’efficacité reconnue : Menthe Anis, Cardamome ou  Café.

Alcool

N’insistez jamais pour faire boire quelqu’un, même si vous offrez un grand vin, ou un précieux alcool…
Et abstenez-vous d’épiloguer sur les raisons de son  abstinence.

Evitez de resservir un ami qui manifestement s’apprête à trop boire, où dont vous savez  qu’il « ne tient pas l’alcool ».
L’apéritif est sympathique, les vins  délicieux, et les digestifs exceptionnels… ce n’est absolument pas une excuse pour en abuser. Autant la gaieté légère et l’entrain que procure un bon repas bien arrosé, sont inséparables de la fête, autant le spectacle de quelqu’un qui a trop bu est gênant, et parfois insupportable.

En matière d’alcool, il n’y a pas d’égalité. Certains « tiennent » mieux que d’autres, « pompette » dès le premier verre. Il faut  connaître ses propres  limites et s’y tenir fermement. Refuser le verre de trop ou l’alcool trop fort n’est absolument pas un manque de savoir-vivre, au contraire… Même si vous ne devez pas prendre le volant après le repas !

On ne sert jamais l’apéritif à table dans une réception un peu protocolaire. En famille ou entre amis, cela peut se pratiquer agréablement.

Si vous avez prévu un plat unique, ou un  menu particulièrement riche, supprimez hors-d’oeuvre et entrées et remplacez les par un apéritif léger, uniquement destiné à « ouvrir l’appétit ». Inutile de proposer tout un choix de boissons. Contentez vous d’offrir soit le vin du repas, soit un vin blanc sec (ou en été un rosé) à transformer éventuellement en Kir, soit du Champagne.

Pour les « sans alcool », proposez  une ou deux sortes de jus de fruits, à allonger si l’on veut d’eau pétillante, et pour « grignoter », des crudités en bâtonnets, en cubes ou en bouquets, à tremper dans une sauce légère escortées de quelques petits canapés.

Dans le cas d’un  » apéritif  dînatoire », le choix des boissons peut être le même que précédemment, (si vous proposez du Champagne, prévoyez en suffisamment pour accompagner tout le repas), mais ce sera exactement l’inverse, en ce qui concerne la partie « solide » qui va constituer l’essentiel du dîner. On mettra alors à disposition, sur la table, canapés variés, charcuteries, crudités, salades, poissons fumés ou coquillages, chacun se servant à son gré…. ce qui ne dispense pas les hôtes de proposer plats et boissons, et de s’assurer que tout le monde est bien servi.

table de la reine

Du temps de la reine Victoria, on donnait ce conseil aux jeunes filles à la veille de leur nuit de noces »… Ferme les yeux et pense à l’Angleterre… » On peut le transposer sans difficultés à l’apéritif… « Ferme les yeux et pense à la suite… » .

En effet, un « apéritif » sympathique peut se révéler un tue l’appétit d’une efficacité redoutable. S’il y a un repas complet derrière, contentez vous d’un verre (surtout s’il est alcoolisé), et d’un grignotage modeste. Optez pour les crudités plutôt que pour les canapés, si tentants soient-ils… Et méfiez vous des charcuteries, des olives, des crackers, et des feuilletés..

La question est tout a fait différente, s’il s’agit d’un apéritif dînatoire (c’est l’autre nom du repas buffet). Les seules interdictions  sont de l’ordre du « savoir vivre ». Ne pas se précipiter gloutonnement sur ses canapés préférés avant que les autres aient pu se servir… Ne pas remplir son assiette de caviar  en ne laissant aux autres que le pâté de foie (ou le contraire…selon les goûts!)… Ne pas se resservir pour la troisième fois quand certains n’ont pas commencé… Ou à l’inverse, ne pas chipoter interminablement devant une assiette garnie seulement d’une misérable rondelle de saucisson pour faire comprendre à ses hôtes à quel point on n’apprécie pas leur formule !

Vin

Classiquement le « service des vins » est assuré par un  homme. C’est la tâche réservée au maître de maison. Si vous êtes une femme célibataire, vous pouvez demander à l’un des convives que vous connaissez bien, d’assurer ce service à votre place.

On sert les « bons vins » dans leur bouteille d’origine, et les vins plus ordinaires dans une jolie carafe… Mais certains grands crus vieux doivent aussi être décantés « en carafe ». C’est une opération délicate qui exige un savoir-faire certain. Lorsque l’on sert le vin, on tient fermement la bouteille par le corps et non par le goulot, qui ne doit pas toucher le bord du verre. On fait ensuite  pivoter la bouteille  pour éviter de tacher la nappe avec la dernière goutte. Les colliers anti-goutte à enfiler sur le goulot (il en existe de différents styles) évitent cet inconvénient.
On ne remplit pas un verre  à ras bord, mais seulement au deux tiers pour que l’arôme du vin puisse s’épanouir. On ne le laisse pas non plus tristement vide… mais on ne pousse pas à la consommation en complétant sans cesse le verre à moitié plein de quelqu’un qui ne boit pas beaucoup.

En revanche, on  peut demander que chacun finisse son verre, avant de servir un nouveau vin.

 Sauf une impérieuse raison médicale que vous aurez précisée à l’avance, ne refusez pas d’être servi en vin, même si vous n’en buvez pas habituellement. Il vous suffira  de faire semblant d’y goûter, puis vous pourrez vous abstenir. On ne ressert pas un verre  qui n’est pas vide et rien ne vous oblige  à boire de l’alcool si vous ne le souhaitez pas. Vous soulèverez légèrement votre verre  quand on vous servira.

En revanche, si amateur que vous soyez de ce vin délicieux, il est hors de question de vous servir vous-même, ni de tendre votre verre à travers la table. Si vos hôtes ont fait l’effort  de vous offrir un grand crû, ou simplement un vin de qualité, ne l’avalez pas comme un verre de soda, prenez la peine de le déguster, et de dire tout le bien que vous en pensez…

 

La conversation

Aujourd’hui comme hier, la conversation est l’un des arts premiers du plaisir de recevoir. Autour d’une table, c’est  ce qui décide de la différence entre  » le dîner ? Oui, c’était bien… », et  » Quel dîner ! C’était  génial ! « .

Si vous recevez, vous n’êtes pas la vedette, mais vous êtes le chef d’orchestre. A vous de lancer la conversation, de la relancer si elle faiblit. A vous d’encourager habilement les timides, de désamorcer discrètement  la « crise » politique qui s’annonce, de lancer le sujet qui permettra au spécialiste de briller de tous ses feux… et de trouver la diversion qui le fera taire s’il  est trop long ! A vous de faire oublier l’effet négatif d’une gaffe, de  permettre au gaffeur de sauver la face, et de relancer la conversation générale avec un « sujet bateau » choisi dans l’actualité, comme la météo, les prochaines vacances, ou les nouvelles tendances de la Mode … Pour réussir, le secret est double, s’intéresser sincèrement aux autres, à ce qu’ils sont, à ce qui les mettra en valeur, et surtout savoir écouter.

A table, la conversation est un art  qui obéît à quelques règles de savoir-vivre élémentaire, faciles à observer mais impératives Partagez également votre attention et vos entre vos voisins (es) de droite et de gauche, et échangez quelques propos avec eux, même si ni l’un ni l’autre ne présentent à vos yeux le moindre intérêt. Ne vous focalisez pas sur les propos qui s’échangent à l’autre bout de la table, même s’ils vous concernent au premier chef, alors que votre voisin de droite est en plein milieu d’un exposé passionnant sur la paysannerie chypriote au 18ème siècle. Ne faites pas semblant de ne pas entendre les questions timides de votre voisine de gauche, sous prétexte que vous les trouvez… Disons naïves ! Et surtout n’ayez pas en permanence l’air excédé de celui (ou celle) qui à tout vu, tout entendu (et tellement mieux..) et qui s’ennuie à mourir! Si c’est vraiment le cas, il  fallait vous méfier, et ne pas accepter l’invitation !

Enfin, si vous avez, malgré vos précautions commis une gaffe… N’insistez pas, et n’essayez surtout pas de la réparer, (si vos hôtes ne l’ont pas fait avant vous), et détournez la conversation sur un sujet sans danger : le merveilleux plat qui vient d’être servi, ou le vin remarquable qu’on déguste !

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l’INVENTION DU BRIQUET

Posté par francesca7 le 13 mars 2016

 

Une méthode très ancienne pour faire du feu, encore utilisée de nos jours est d’utiliser un briquet en métal, frappé contre un éclat de silex à bords tranchants. Les morceaux d’acier arrachés par le silex se mettent à brûler dans l’air et la gerbe d’étincelles ainsi créée pourra communiquer sa chaleur à un initiateur (amadou, mèche de coton trempée dans une solution de chromate de plomb ou de salpêtre) pour démarrer la combustion. Ce même principe était utilisé par les premiers fusils.

Ces briquets prennent plusieurs formes : briquet rotatif, horloge-briquet, pistolet-briquet.

Briquet

Briquets modernes

Briquets électriques à résistance chauffante

Briquet imaginé en 1874 par Gaston Planté : « briquet de Saturne » il est constitué d’une pile fournissant un courant électrique qui fait rougir un fil de platine.

Briquets à arc électrique

Les briquets à arc électrique sont constitués d’une pile fournissant un courant électrique qui alimente un transformateur délivrant du courant électrique de haute intensité à deux électrodes en laiton produisant un arc électrique en continu.

Briquets à essence

Allumage d’un briquet à essence Zippo.

Les briquets à essence sont répandus, et conviennent à tous types d’usage. Démocratisés grâce entre autres aux soldats de la Première Guerre mondiale et à l’invention à la fin du XIXe siècle de la pierre à briquet par Carl Auer von Welsbach.

Les briquets à essence présentent une large autonomie et sont rechargeables. Le combustible employé, souvent de l’essence  ou de l’alcool à brûler, imbibe une mèche par capillarité. Un ressort presse une pierre à briquet contre la molette. En actionnant la molette avec le pouce, on produit une gerbe d’étincelles qui allume les vapeurs du combustible. La flamme, de grande taille, résulte d’une combustion incomplète : elle est jaune-orangé, et produit des vapeurs noirâtres.

Briquets à amadou

 Briquet à amadou moderne

Version moderne où la mèche de coton / chromate de plomb est allumée par l’étincelle d’une molette acier et pierre à briquet. La perle d’acier fixée à la mèche par une chainette sert, en tirant sur la mèche, a étouffer le feu après usage.

Briquets à gaz

 Lighters

Un briquet à gaz jetable.

Le briquet à gaz est une invention française (de Henry Pingeot). C’est Marcel Quercia, directeur de la firme Flaminaire (Bic, Flamagas) qui lance les premiers modèles, un de table et un autre de poche nommés respectivement le Gentry et le Crillon en 1948.

Les briquets à gaz sont les plus courants : produits en quantité industrielle dès les années 1960, notamment par le fabricant Cricket et plus tard BiC, ils consistent pour la plupart à provoquer l’ignition d’un gaz inflammable, souvent du butane, de la même manière que pour les briquets à essence décrits plus haut. Ces briquets classiques, bon marché, entrent en concurrence avec les deux autres types de briquets à gaz.

Briquets automatiques

Les automatiques provoquent la production d’une étincelle via un dispositif électronique, généralement piézoélectrique. Une simple pression sur un bouton poussoir suffit à relâcher le gaz combustible et à provoquer une étincelle.

Briquets tempête

Les briquets tempêtes tirent leur nom de l’invention de marins, pour qui les vents et les éléments, lorsqu’ils sont en mer, empêchent l’ignition du gaz combustible du fait de sa dispersion. Contrairement à l’opinion populaire, le butane contenu dans les briquets tempêtes n’est pas à une pression très élevée. Les briquets à l’épreuve du vent font un meilleur mélange du combustible avec l’air, et parfois, font passer le mélange air-butane à travers un catalyseur, ce qui provoque une combustion complète du carburant, avec une flamme bleutée. La chaleur ainsi dégagée peut avoisiner les 1 200 °C à 1 500 °C. La flamme initialement bleue peut être teinte en rouge ou en vert en vaporisant sur son passage un filament de métal (par exemple, du cuivre pour obtenir une flamme verte).

Briquets pneumatiques

Ils sont composés d’un cylindre et d’un piston dont l’extrémité inférieure est une logette qui permet d’accueillir un initiateur. Le piston est muni d’un joint graissé (caoutchouc, cuir, filasse) pour assurer l’étanchéité lors du déplacement du piston dans le cylindre. Lorsqu’on appuie fortement et rapidement sur le piston, l’air enfermé dans le cylindre est comprimé et sa température augmente (compression adiabatique). Cet échauffement est suffisant pour atteindre la température d’auto-inflammation dans l’air de substances telles que le tissu carbonisé ou l’amadou. Un briquet pneumatique permet d’obtenir une braise en un seul geste vif. Il faut ensuite retirer rapidement le piston afin de permettre à l’initiateur embrasé de se consumer dans l’air et d’allumer un autre combustible. C’est cela qui a inspiré Rudolf Diesel pour son moteur.

Briquets solaires

Le briquet solaire fonctionne par concentration de la lumière du soleil sur un point précis, il nécessite l’utilisation d’un miroir concave ou d’une lentille. Il existe des briquets solaires depuis fort longtemps, on trouve un brevet pour un appareil dit briquet solaire en 1878 et un autre brevet pour un briquet solaire en 1885.

Différents briquets solaires en plastiques ont été mis sur le marché à partir de 1970. Actuellement le briquet solaire se décline sur la base d’un miroir parabolique en aluminium à l’intérieur d’une coque, celui-ci présente un intérêt indéniable, absence totale de mécanisme, combustible, mèche, pierre, etc., et un inconvénient majeur, le briquet solaire ne peut pas fonctionner par temps couvert et la nuit.

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HISTOIRE DE LA CASSEROLE

Posté par francesca7 le 12 mars 2016

Le mot viendrait du moyen français casse, tiré de l’occitan cassa, lui-même du latin médiéval cattia, du grec kyathion, diminutif de kyathos (« écuelle »).

L’invention de la casserole vient de la préhistoire où l’homme homo sapiens trouva une solution à la cuisson de petits aliments qui ne pouvaient être enfilés sur une broche, jusqu’alors la seule méthode de cuisson d’aliments sur le feu.

Casseroles_cuivre

L’HISTOIRE DE LA CASSEROLE, élément central de notre culture moderne, est un récit bien souvent absent ou tronqué des livres d’Histoire officielle. Cet oubli, qui pourrait faire sourire, n’est pas dû au hasard: c’est le résultat d’une occultation volontaire pratiquée par des générations successives d’historiens d’un passé peu glorieux de l’Histoire de l’humanité.

    Notre histoire commence il y a bien longtemps, aux temps «précasseroliques». À l’époque, on faisait cuire les aliment à la broche au dessus d’un feu de bois, le gaz n’étant pas encore à la mode. Seulement, pour les petits pois, c’était très très long de les enfiler un par un sur un bâton tordu, et bien embêtant. L’invention de la Casserole date de nos ancêtres Sapiens-sapiens qui, passant leurs journées à réfléchir, étaient bien plus intelligents que les Homo-erectus qui ne pensaient qu’à forniquer. Eh oui, les hommes pensaient, en regrettant un peu le temps d’avant, mais bon, il fallait bien faire avancer l’Humanité. Or donc, la première étape fut la création de la poêle. Celle-ci présentait un avantage certain pour la cuisson des aliments plats (comme les crèpes, le steack de mammouth, la raie), mais posait toujours problème : d’une part il était encore très difficile en ces temps reculés de trouver un bon steack de raie quand on n’avait pas le pied marin, et d’autre part, il était impossible de faire cuire des éléments plus liquides, et aussi, forcément, les petits pois, qui débordaient systématiquement. La présence des premières casseroles (en fait une poêle à large bord) est attestée par des peintures rupestres de la grotte de Lascaux. Ces dernières représentent la bataille sanglante qui opposa sur les contrefort de Castelnaudary les Casserolistes, partisans de la cuisson en sauce, et les Poêlistes, attachés aux traditions culinaires – car la cuisson à la poêle attache.

    Les Casserolistes vainquirent et firent mijoter des heures et des heures les restes de leurs prisonniers; ils ne savaient pas, les barbares, qu’ils venaient d’inventer le Cassoulet. Le reste des troupes Poêlistes fut exilé bien loin du monde civilisé, en Armorique, où elles résistent encore et toujours à l’envahisseur, et cuisent encore et toujours des crèpes et des steacks de raie – et ça, ça fout les j’tons. Malheureusement, quelques années plus tard un petit sauvageon admirateur de Pink Floyd, sous l’emprise de stupéfiants, taga la splendide reconstitution picturale de Lascaux avec des vaches rouges et autres bestes estranges, fruits sans doute de son imagination délabrée…

 

Batterie de casseroles en cuivre

Traditionnellement les casseroles sont généralement utilisées dans la fabrication de recettes à base de liquides, mais aussi pour la cuisson en général. Elles peuvent servir à faire cuire du riz, des pâtes, des sauces, voire de la viande. En vocabulaire professionnel, la casserole traditionnelle des foyers, à bords droits et hauts, est appelée « russe » pour la différencier des autres récipients de cuisson.

 La casserole peut aussi être utilisée à des fins plus insolites. Par exemple tambourinée à l’aide d’une baguette ou d’une cuillère la casserole devient un instrument de musique à percussion. Il faut noter que ce mode d’expression bruyamment pacifique est déjà répandu dans les pays hispanophones (cacerolazo ou cacerolada), en Espagne, en Argentine ou au Chili, notamment, où il est un symbole politique fort de la lutte des classes inférieures contre le pouvoir ainsi qu’au Canada, en particulier au Québec. Ce type de manifestation populaire, la casserolade dans laquelle les personnes protestant frappent des ustensiles domestiques de métal, dont des casseroles, a aussi fait son apparition en France, parallèlement au mouvement des indignés.

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