Nuage, la légende de roquefort
Posté par francesca7 le 26 mai 2016
Conte Aveyronnais
« Nuage, portait le sein ardent de ses quinze hivernages, vivait en ce temps entre bronze et cuivre a sa peau pareil. Elle avait appris les gestes maternels, cueillir les branches mortes des mues hiémales et promises au feu.
Tourner le lièvre ou les gigots aux lèches de la flamme. Porter l’eau sur la tête droite.
Broyer le blé sous le bois dur du pilon. Racler la peau de la bête jusqu’a rendre son revers aussi doux qu’une aisselle. Prendre le lait a la brebis. Elle savait tout de tout cela, et garder le troupeau aussi, dans ces longs jours d’été ou ses yeux aimaient s’abandonner aux horizons infinis du causse, filant comme quenouille en songes fleuris de bleu que pas même n’arrêtaient les monts dodus au loin .Elle était si fière aussi de la dernière chose apprise.
Cette recette un peu magique qui du lait faisait de délicieux jolis petits fromages ronds. Il suffisait d’enlever la caillette de l’agneau, juste où siège ce gout abominable, de la réduire en poudre lorsqu’elle avait séché, et d’en fariner le lait. Aux creux des faisselles, ces drôles de moules percés de petits trous, gouttait le moins bon, et restait le meilleur, ce fromage blanc immaculé, crémeux et velouté à la bouche. Nuage y risquait souvent un doigt qu’elle plongeait au caillé avant de l’offrir à sa langue. Et ça coulait frais en gorge, velouté.
Ce velours elle en voulut un jour faire offrande aux fées et génies des grottes, filles et fils des bons esprits des brumes et de la nuit, s’ils pouvaient apaiser les colères des divinités quand le ciel se battait à coup de feu avec la terre, intercéder pour l’en bas auprès des forces de l’en haut. Et pour elle, ne pourraient-ils trouver celui qu’elle aimerait? Au moment où le jour cherche la nuit à l’horizon du plateau, Nuage prit donc trois petits fromages, bien blancs et beaux et frais. Elle connaissait une caverne où vivaient, disait-on chez elle, des fadarelles agréables aux humains. Si elle portait en don aux fées le fruit de son savoir-faire, elles sauraient exaucer ses voeux.
Bien sûr. ce qu’elle fit, disposant les caillés sur un lit de galettes de blé, au maximum d’un trou noir caverneux où son courage l’autorisait à avancer. Puis Nuage s’en fut. Elle attendrait que la lune pleine devienne demi-lune. Alors, curieuse, elle visiterait la grotte. Il y eu du bonheur sur son visage. A la nuit de la demi-lune, et à la lueur de sa torche, deux fromages manquaient. Les fadarelles étaient passées.
Mais pour couper le sourire de Nuage, il y avait une forme, couleur vieille, dent piquée de bleu, en place du troisième fromage. Pourquoi les fées avaient elles négligé celui-ci? N’était-il pas à leur goût? Pour s’en assurer elle prit et mit un bout de ce fromage en bouche. C’était un délice, plein de saveurs jusque-là inconnues. C’était comment dire…féerique! Nuage, aussitôt, pensa à quelque coup de magie.
Et comme un jeune homme de sa tribu, beau et très attentionné en parures et pendeloques la regardait très longtemps dans les yeux, elle se dit qu’il fallait encore flatter le gout des fées. Cette fois, elle amena des fromages.
Sans galettes. Immense fut sa déception. La lune suivante lui apprit que les caillés avaient simplement durcis, sans susciter le moindre appétit de la moindre créature. Elle vit aussi le jeune homme offrir des parures à d’autre Nuages. Elle en prit ombrage et pensa, de longs moments, en regardant le causse galoper vers la mer dont quelque tribu nomade lui avait dit l’émeraude et le sel. Elle se remit au travail. D’un foyer qu’elle avait allumé, elle sortit des galettes; et de ses méditations l’idée que ces pains-là n’étaient pas étranger à la magie des fées . Puis elle amena, comme la toute première fois galettes et fromages au fond de la grotte; et comme la première fois revint une demi-lune plus tard.
Comme la première fois, l’effet fut féerique Elle offrit même un peu de cette pâte au jeune homme, l’effet fut immédiat……L’ensemble de la horde était conquis, et acquis à ce goût nouveau. On en redemandait de son fromage. D’entre toutes les femmes, Nuage fut considérée comme la première.
Avec beaucoup de lait, un peu de caillette, beaucoup de pain, et un peu de fées, elle fit beaucoup de bien, et grand commerce de son fromage …….. »
Pour celles et ceux qui sont intéressés, en plus des tisanes, baumes et confitures, Laurence vend également des tisanes rituelles pour les fêtes. Elle propose également de stage de cueillette et cuisine sauvage. Je compte bien me rendre à l’un d’entre eux.
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