Le chardon dans l’Antiquité
Posté par francesca7 le 14 avril 2016
Originaire du bassin méditerranéen, l’espèce C. cardunculus aurait été apportée en Égypte il y a 2 000 ans ou 2 500 ans, pour se diffuser ensuite vers l’Ouest. On a longtemps consommé les feuilles et les fleurs du chardon. Les Grecs et les Romains attribuaient aux chardons de nombreuses propriétés médicinales et les tenaient en très haute estime, n’hésitant pas à payer de fortes sommes pour se les procurer. Ils étaient aussi réputés pour réduire à néant les mauvais présages et chasser les démons. Les femmes enceintes en ingéraient, pensant s’assurer d’avoir un garçon.
Chardon est un terme générique qui désigne de nombreuses espèces de plantes épineuses appartenant principalement à la famille des Asteraceae (Composées), notamment les genres Carduus (les chardons proprement dits), Cynara (les artichauts) et Cirsium (les cirses). Certains appartiennent à la famille des Apiaceae (Ombellifères) comme le chardon-Roland, ou panicaut, et le chardon bleu des Alpes. Ce sont souvent des adventices, ou appelés familièrement « mauvaises herbes », mais certaines peuvent avoir un intérêt, notamment ornemental.
Ils ont en commun d’être, généralement, des plantes de terrains arides, de porter des feuilles piquantes ou des épines, et d’avoir des fleurs réunies en inflorescences formant des têtes denses et serrées, capitules ou ombelles.
« Chardon » a la même origine étymologique que « cardon », variété d’artichaut dont on consomme les côtes. Il ne faut pas confondre avec la bardane qui a les mêmes fleurs.
Carte d’identité
Petite mise au point préalable : le chardon qui nous occupe ici est le chardon des champs, Cirsium arvense, redoutable envahisseur des prés et des jardins, et non ses proches ou lointains cousins cirses, panicauts, cardères et autres. On compte en effet parmi eux quelques espèces protégées et d’autres qui ont un réel intérêt ornemental et dont fleurs et graines nourrissent bon nombre de petites bêtes sympathiques, sans oublier celles qui ont des vertus médicinales .
Parmi les vrais gêneurs – un peu moins envahissants que le chardon des champs –, vous pouvez également avoir affaire au cirse commun ou lancéolé (Cirsium vulgare), qui préfère les terrains calcaires, ou au chardon à tête dense (Carduus pycnocephalus), en zone méditerranéenne.
Symptômes
Le chardon des champs est fréquent partout en France, avec une prédilection pour les sols fertiles (d’où ce vieux dicton : « terre à chardons, terre à millions »), frais et plutôt argileux. Il colonise de préférence les grandes cultures, les prairies et les cultures pérennes : vignes, vergers, pépinières… Il a un peu plus de mal à s’installer chez les maraîchers du fait de la succession rapide des cultures et du travail du sol plus fréquent. Les jardiniers n’ont pas toujours ce privilège, surtout lorsqu’ils veulent mettre en culture un terrain quelque peu délaissé.
Mode de vie
La difficulté à le maîtriser vient de la physiologie particulière de ce chardon vivace : il peut se multiplier par ses graines (jusqu’à 5 000 par pousse), mais le fait surtout grâce à son système racinaire qui lui permet de progresser par taches et lui assure une extraordinaire résistance.
Ses racines verticales peuvent descendre à plusieurs mètres de profondeur, et des rhizomes horizontaux, généralement situés sous la partie travaillée, stockent des réserves et émettent de nouvelles pousses drageonnantes, pendant que vous vous appliquez à extirper les premières.
Ainsi apparaissent de petites rosettes, formées d’abord de deux cotylédons bien lisses et charnus qui peuvent faire illusion, avant que ne sortent les deux premières feuilles caractéristiques (dessin ci-dessous), avec une marge hérissée de minuscules épines et une face inférieure couverte de poils blanchâtres. La plante adulte, que chacun reconnaît, peut monter jusqu’à 1,50 m. Ses capitules fleurissent de juillet à octobre et sont butinés par de nombreux insectes et papillons… mais il est préférable d’intervenir avant.
1. Sont notamment protégés le panicaut des champs (Eryngium campestre) et le panicaut de mer (Eryngium maritimum) en Nord Pas-de-Calais et Bretagne, le cirse de Montpellier (Cirsium monspesulanum) et le cirse faux hélonium (Cirsium helenioides) en Rhône-Alpes.
2. Par exemple, le chardon Marie, aux larges feuilles épineuses tachées de blanc, est utilisé en phytothérapie pour ses effets bénéfiques sur le foie.
Moyens de lutte
- Même si les chardons sont peu nombreux, évitez toute montée en graines par des fauchages ou arrachages successifs. Toute nouvelle pousse contribue (par la photosynthèse) à renouveler les réserves des rhizomes. La multiplication des interventions finira par affaiblir la plante, avec un dernier fauchage en mai-juin, au stade bouton floral, au moment où les réserves de la plante sont au plus bas.
- Le compactage du sol favorise le développement des chardons, de même que l’usage de la motobineuse, en multipliant les fragments de racines susceptibles de reprendre.
- Un fauchage sous la pluie, qui permet à celle-ci de pénétrer dans le trou de la tige, entraînerait la mort du chardon. Les plus acharnés y déposeront une pincée de sel ou de phosphates naturels, radical paraît-il, mais un tantinet fastidieux…
- En cas d’invasion encore localisée, essayez un engrais vert étouffant à l’automne : vesce, seigle ou ray-grass d’Italie. Le chardon supporte également très mal la concurrence de la luzerne et du dactyle. Avant de remettre en culture, pratiquez le faux semis : quinze jours avant le vrai semis, préparez le sol comme si vous alliez semer et, juste avant de semer, détruisez toutes les herbes spontanées qui ont levé. Mais l’arme la plus efficace sera votre persévérance…
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