Les curés à la campagne
Posté par francesca7 le 3 avril 2016
Selon les régions, le curé peut être appelé « recteur » ou « abbé ». Attention également aux faux-amis : ainsi en anglais, vicar désigne au contraire celui qui a la charge d’une paroisse, et curates les prêtres qui l’assistent éventuellement.
Le curé, assisté par ses vicaires, occupait une place centrale et jouait un rôle essentiel dans les paroisses sous l’Ancien Régime et dans une moindre mesure au XIXe siècle.
Ils assurent la messe, les enterrements, les mariages et les baptêmes;
En janvier 1789, Louis XVI l’atteste lui-même ; il invite tous les curés du royaume à participer à la hauteur de leur rôle aux États généraux prévus pour le 1er mai suivant. Ainsi ordonne-t-il aux gouverneurs et agents chargés de l’exécution des lettres de convocation de veiller particulièrement à remplir leur office « en appelant aux assemblées du clergé tous les bons et utiles pasteurs qui s’occupent de près et journellement de l’indigence et de l’assistance du peuple, et qui connaissent plus intimement ses maux et ses appréhensions. » Dérogeant même à son souci de simplification, le pouvoir royal les considère si indispensables qu’il les autorise à « donner leur suffrage par procuration » s’ils n’ont point de vicaires et s’ils sont à plus de deux lieues du lieu de l’assemblée (art. 14 du Règlement royal du 24 décembre 1788).
Le curé est un prêtre catholique qui est chargé de la cure c’est-à-dire qu’il a « charge d’âmes » d’une paroisse (en latin, cura animarum). Il est nommé par un évêque, dont il est le représentant et le délégué dans la paroisse. Il doit confesser et absoudre les péchés des personnes qui le souhaitent.
Les autres prêtres qui l’assistent sont nommés vicaires, ou prêtres habitués.
En 2007, la France comptait 20 277 prêtres, en majorité âgés. En 2008, 98 prêtres diocésains ont été ordonnés en France et 741 séminaristes étaient en formation. En moyenne, environ 50 % des séminaristes de première année finissent ordonnés. En 2015, 68 ordinations de prêtres diocésains ont lieu en France, auxquelles il faut ajouter des ordinations au sein des communautés religieuses. La forme extraordinaire du rite romain suscite proportionnellement plus de vocations avec 20 ordinations en 2015, chiffre à peu près stable depuis 2010.
En France, les ministres du culte ont une certaine reconnaissance légale, indépendamment de la religion à laquelle ils appartiennent.
Les prêtres diocésains de France sont rémunérés par les dons des fidèles. Ils ne perçoivent pas un salaire pris directement sur les quêtes dominicales ou lors des sacrements réalisés. On ne parle d’ailleurs pas de salaire mais d’indemnités. Un prêtre touche environ 950 €. Mais les prêtres d’Alsace et de Moselle sont rémunérés par l’État du fait que l’Église et l’État se sont séparés alors que l’Alsace et la Moselle étaient allemandes, par conséquent ces dernières sont toujours sous le régime du Concordat.
Il n’y a pas d’évolution de salaire durant la vie d’un prêtre, hormis celui du coût de la vie. Les prêtres français, hors églises du concordat, perçoivent la même indemnité, quelle que soit la fonction (prêtre en paroisse, recteur de cathédrale, doyen, curé, vicaire…).
Un évêque perçoit la même indemnité qu’un prêtre, mais est souvent logé plus confortablement par l’église.
Depuis le Xe siècle, le régime normal des prêtres de l’Église latine est le célibat. Il est admis, bien que peu courant, qu’un laïc marié en séparation de corps et n’ayant pas d’enfant mineur puisse être ordonné prêtre. Certains prêtres catholiques, venant de la Communion anglicane, ou de certaines Églises orientales en communion avec Rome (et donc catholiques), comme l’Église Maronite, sont autorisés à être mariés. Dans ces cas, les hommes mariés peuvent être validement ordonnés. En revanche, une fois ordonnés, les prêtres ne peuvent plus se marier, et les évêques ne sont choisis que parmi les célibataires.
Deux films sont désormais disponibles pour quiconque souhaite découvrir la vie des prêtres d’aujourd’hui.
L’Eglise de France a choisi de faire son année sacerdotale, de juin 2009 à juin 2010, une année tournée vers les prêtres. En lien avec cette initiative, le diocèse de la Manche vient de sortir deux courts métrages d’environ 15 minutes sur la fonction de prêtre. Ils ont été présentés aux prêtres du diocèse et sont disponibles pour le grand public.
Six parcours différents
“Il s’agit de changer le regard des gens sur le prêtre, en allant à la racine de la vocation et à la joie du sacerdoce”, explique le père Thierry Anquetil, responsable du service diocésain des vocations. “Quand on parle du prêtre, on va surtout insister sur sa raréfaction, sur la question du célibat, sur celle de l’ordination des femmes. On en parle avec des questions qui ont leur raison d’être, mais qui occultent peut-être l’essentiel : qui est réellement le prêtre ? Et cela, ça intéresse tout le monde”.
Concrètement, la réalisation de ce projet, qui semble être unique en terme d’initiative diocésaine, a été confiée à Bernard Simon. Réalisateur, chef opérateur et monteur, Bernard Simon, originaire de Marigny, a déjà réalisé plus d’une soixantaine de documentaires, reportages et films d’entreprise.
Il a réalisé un premier DVD, intitulé “La joie d’être prêtre”. C’est un témoignage donné par six hommes d’Eglise : le père Laurent Perrée (prêtre à Avranches, 27 ans), le père Fabien Lecam (curé de la paroisse de Sourdeval, 39 ans), le père Hervé Destrés (curé de Villedieu-les-Poëles, 48 ans), le père Pierre Tournerie (curé-doyen des paroisses de Saint-Vaast, Quettehou et Barfleur, 64 ans), le père Lucien Debeaupte (aumônier de la maison d’arrêt de Cherbourg, 73 ans) et le père Pierre Serrant (en retraite, 94 ans). Du jeune prêtre ordonné en 2009 (le premier) à celui ordonné en 1939 (le dernier), les profils sont très différents. Six hommes qui, de prime abord, n’ont rien en commun, mais chez qui on retrouve le même fond. “Très vite, ils m’ont emmené dans la raison de leur engagement, dans ce qui fait qu’ils sont heureux dans leur fonction”, explique le réalisateur. “La joie… On n’a pas l’habitude d’entendre les prêtres parler de leur ressenti personnel. En rencontrant ces hommes très différents par leur âge et leur style qui me livraient un peu de leur vie, ma surprise a été de découvrir que cette expérience était partagée et profonde. Cela a changé mon regard sur le prêtre”.
Un curé au jour le jour
Dans le deuxième DVD, intitulé “La vie des gens”, Bernard Simon a accompagné le père Emmanuel Serveau (47 ans), curé de la paroisse de Picauville, dans son quotidien et ce qui est le coeur de sa mission : les rencontres avec les gens. Ce court métrage relate la vie d’un “curé de campagne” au jour le jour. Une vraie plongée en immersion dans la vie d’un prêtre, dans ses fonctions d’homme d’Eglise, mais aussi dans ses temps de loisirs. Nés d’une initiative du service diocésain des vocations et de celui de la communication, ces DVD vont servir de support de communication dans les paroisses du département. Pour que les paroissiens redécouvrent “leurs” prêtres, le père Thierry Anquetil ne cache pas que “c’est aussi une manière de poser la question chez les jeunes de la vocation sacerdotale”. Le renouvellement des prêtres reste une question essentielle pour l’Eglise. Ils sont 224 dans le diocèse, répartis sur une soixantaine de paroisses. 119 sont encore en activité et 105 en retraite. Mais seuls 32 ont moins de 60 ans. Mais le père Thierry Anquetil précise tout de suite : “Il ne s’agit en aucun cas d’une promotion pour un “sacerdoce en crise”. Chacun de ces courts-métrages se veut un témoignage vrai de simplicité et d’authenticité”.
Denis Bersauter
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