Les chansons de Nino Ferrer
Posté par francesca7 le 1 avril 2016
Nino Agostino Arturo Maria Ferrari dit Nino Ferrer était génois. Français aussi depuis 1989 !
« Comme il le dit Et j’ai vite compris que je ne pouvais rien faire de bon si je n’étais poussé par une passion, d’amour, d’amitié, de révolte ou d’ailleurs. Finalement il en est sorti une vingtaine d’Albums d’à peu près 40 minutes chacun soit approximativement deux centaines de pièces sonores ». Ceci fait une vie, ceci fait une œuvre.
Fumeur de pipe, fin lettré, le temps s’enroulait autour de lui. Toujours aussi entier et tranchant, il se souciait comme d’une guigne des malentendus, voire des pas-entendus du tout, qui auront jalonné sa route. Exigeant il était, exigeant il restera, quitte à envoyer paître tout un plan de tournées mitonné dans les bureaux de la capitale, si la convivialité n’est pas au rendez-vous : « on n’a pas donné trente ans d’amour aux gens pour être promotionné comme une savonnette ou un saucisson ».
Nino Ferrer a su échapper aux tubes à répétition, aux grandes maisons de disque, à l’univers glauque du show-biz pour rester intègre et prendre le maquis dans le Causse. Dans sa ferme « la Taillade », au milieu de sa tribu, il était le bon patriarche revenu de tout sauf de l’amour.
L’homme de « La Maison près de la fontaine » avait su transporter la sienne loin des caniveaux. Et face à la vérité du Lot, les épiphénomènes de la capitale sont ramenés à leur juste proportion : anecdotique et microscopique.
Imprégné de poèmes italiens et français il savait ce qu’écrire voulait dire, et il s’avançait dans des chansons-poèmes. Il peignait, il gravait ; mais surtout il était jardinier du cœur : il faisait pousser les amis comme bonne laitue. Nino Ferrer avait la patience de la colère, et lentement il a bâti avec sa tendresse d’écorché son cheminement non pas avec des chansons isolées, mais avec des albums globaux. Plus question de se laisser enfermer dans une seule chanson car pour lui les bons tubes peuvent faire les meilleurs barreaux. Couché Mirza, raccroché le téléphone qui sonne ! Nino Ferrer ne se laissera plus ferrer par le futile et se battra pour son indépendance.
Et les albums se suivent de « la Vie des Automobiles » (1944) à « la Désabusion » (1993) en passant par Blanat (1979) et Métronomie (1972) en tout plus de vingt albums.
Amour et tendresse, romantisme et dérision, notre artisan sourcilleux fut autant plus une grande gueule qu’une voix.
Il aura été du côté de la passion et de l’énergie. Du côté des animaux aussi.
« Et l’araignée s’interroge sur la raison de la disparition totale et définitive de la chaleur et du vent, de la musique et de la nourriture, des vibrations et du mouvement, du ronflement et de la lueur verte qui illuminait parfois ses toiles et en irisait les théorèmes. »
« Il n’y a que la passion qui fait vivre. », elle fait aussi mourir.
Mélancolique, il aura laissé ses voitures sous la poussière, ses souvenirs de star sous les feuilles mortes, et son angoisse au soleil éclatant, au milieu des blés. Son fusil de chasse aura été son dernier mot le 13 août 1998. En plein cœur comme toujours.
La maison près de la fontaine (1965)
Paroles : N.Ferrer – Musique : N.Ferrer
La maison près de la fontaine,
couverte de vigne vierge et de toiles d’araignées,
sentait la confiture et le désordre et l’obscurité,
l’automne
l’enfance
l’éternité. . .
Autour il y avait le silence,
les guêpes et les nids des oiseaux,
on allait à la pêche aux écrevisses
avec Monsieur le curé,
on se baignait tout nus, tout noirs,
avec les petites filles et les canards . . .
La maison près des H.L.M
a fait place à l’usine et au supermarché,
les arbres ont disparu, mais ça sent l’hydrogène sulfuré,
l’essence,
la guerre,
la société . . .
Ce n’est pas si mal,
et c’est normal,
C’est le progrès.
le site www.nino-ferrer.com est exhaustif
et doit être consulté en priorité.
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