L’argile, une sacrée alliée
Posté par francesca7 le 24 février 2016
Les particules d’argile ne sont nullement responsables de la couleur du sol. La couleur rouge, orange, jaune, vert, bleu d’un sol (argileux ou non) est due à l’état du fer dans le sol (Fe3+ dans les trois premiers cas et Fe2+ dans les deux derniers). Lorsque le sol est d’une couleur tendant vers le blanc, c’est que cet élément a été dissous et évacué hors du profil.
Par ailleurs, argile (nom masculin) est le nom d’une couleur d’un gris neutre très pâle tirant sur le blanc. Les racines des plantes, par hydrolyse et en symbiose avec la pédofaune, se nourrissent des roches, et sécrètent pour les dissoudre des acides : les racines, grâce aux sucres issus de leur photosynthèse, fournissent l’énergie nécessaire aux micro-organismes pour qu’ils transforment la roche en éléments absorbables par les racines. Les besoins des plantes en silice, fer et aluminium sont infimes, or ce sont les éléments constitutifs de la croûte terrestre majoritaires (silicium 26 %, aluminium 7 %, fer 4 %). Donc à mesure que les autres éléments sont prélevés et exportés définitivement (recyclage constant) en surface pour nourrir la plante et le sol, ces trois derniers restent et se concentrent jusqu’à saturation – d’autant plus vite que ces éléments sont déjà majoritaires. Ils recristallisent alors en argiles (formation d’un précipité). La formation biologique de l’argile serait maximale dans la zone du sol située entre 5 et 25 cm de profondeur. La production annuelle serait de 0,00001 à 0,002 g par 100 g de matériau parent, ce qui est relativement lent. En considérant qu’un mètre de terre pèse environ 10 000 tonnes à l’hectare, cela correspond à une production annuelle de 3 à 60 kg à l’hectare sur 30 cm de sol.
Les facteurs influençant positivement la formation de l’argile sont une humidité édaphique élevée (drainage modéré), une température élevée, la grande finesse de grain de la roche-mère, sa richesse en bases et sa friabilité. Plus le sol est ancien plus la formation d’argile est rapide, et c’est finalement le type de sol, donc de climat et de communautés biologiques, qui influe le plus sur la quantité d’argile produite.
Utilisation
L’argile est un des plus anciens matériaux utilisés par l’homme. Pétrie avec de l’eau, elle donne une pâte plastique qui peut être facilement moulée ou mise en forme. Après cuisson, elle donne un objet résistant et (si argile de haute température, émaillé ou porcelaine) imperméable. Ces propriétés remarquables sont à l’origine de son utilisation très ancienne pour réaliser des objets en céramique, en porcelaine… Briques et tuiles sont également fabriquées à partir d’un mélange d’argile et d’eau moulé sous pression et cuit à température suffisamment élevée (1 000 à 1 300 °C).
L’argile verte est un moyen extraordinaire que nous offre la nature pour soigner de nombreux maux d’une manière extrêmement efficace. Elle était déjà connue et utilisée dans l’Antiquité. Gandhi la recommandait. De nos jours, de nombreux peuples proches de la nature l’utilisent encore. Les animaux, eux, ne l’ont jamais oubliée, ils ont toujours pris des bains de boue argileuse pour se guérir de leurs blessures.
Des naturopathes allemands ont contribué à la renaissance de l’argile depuis plus d’un siècle, si bien que son utilisation est à nouveau connue. C’est une terre qui est extraite dans des carrières et que l’on fait sécher au soleil. On peut la trouver en magasins de produits biologiques, diététiques ou en pharmacie pour l’utilisation domestique.
Le rythme trépidant des villes, la pollution et l’agro-alimentaire à la dérive stressent nos organismes et nous font perdre notre énergie. Pour un retour aux sources, l’argile n’est pas une solution comme les autres. C’est un support de bien-être universel, une terre d’équilibre et de vitalité. L’argile protège notre corps, tout en respectant la nature.
Pendant des siècles, de nombreuses civilisations ont profité des qualités de protection et de revitalisation de cette terre pas comme les autres. Égyptiens, Grecs, Romains, Indiens, Chinois…, tous ont bénéficié de ses bienfaits. Nos jardins, nos vignes, nos champs, nos forêts lui doivent eux aussi leur épanouissement car l’argile « nourrit » les végétaux. Les minuscules particules constituant cette terre sont capables d’absorber, en période d’abondance, l’eau, les éléments minéraux et certaines molécules organiques extraites de la pluie, des irrigations, des engrais et des fumures. En cas de sécheresse, les argiles restituent à la plante ce qu’elles ont mis en réserve. Les minéraux argileux sont si petits qu’ils sont invisibles à l’oeil nu et difficiles à distinguer même au microscope. Les argiles sont donc les roches qui ont résisté le plus longtemps à la compréhension de l’Homme. Les secrets de ces matériaux utilisés depuis des millénaires se sont révélés récemment grâce aux techniques de la minéralogie.
Le cycle argileux
Les minéraux argileux se présentent généralement sous forme de feuilles. D’où leur nom de phyllites (du grec phullon : «feuille»). L’écorce terrestre est composée de diverses roches. Quand elles sont mises au jour et soumises aux intempéries, elles s’altèrent : c’est la naissance des argiles. Ces argiles sont ensuite transportées par les fleuves dans les bassins sédimentaires et dans les mers où elles se déposent. Enfouies dans les grands fonds, elles recristallisent en minéraux de profondeur : c’est la fin du cycle. Les argiles représentent l’état superficiel des minéraux de l’écorce terrestre. Une terre gorgée d’actifs qui nous embellissent. Mais l’argile, c’est aussi une précieuse alliée au quotidien.
Ses emplois sont multiples : masque de beauté, eau d’argile, cataplasmes, bain… À chaque changement de saison, elle permet à l’organisme de s’adapter. Une utilisation en traitement et soin de beauté permet de lutter contre les effets du vieillissement. Sur la chevelure, elle stimule le bulbe pileux. Un masque à l’argile, à préparer soi-même, resserre les pores, lisse l’épiderme et permet d’obtenir un teint frais. Le zinc, le sélénium et le cuivre, principaux actifs naturels de l’argile verte, préservent la peau tout en stimulant les cellules. Pour préserver les propriétés de cet élément si singulier, mieux vaut utiliser des récipients en verre ou en terre et des ustensiles en bois. Le résultat sera encore plus satisfaisant si on ajoute quelques gouttes d’huile d’olive et une cuillère à café de poudre d’urucum (plante d’Amazonie utilisée pour lutter contre les radicaux libres).
En complément alimentaire (en cure de trois semaines, à renouveler), l’argile aide à éliminer les toxines et affine la silhouette. Prise le matin à jeun dans un demi-verre d’eau avec une cuillère d’urucum, elle lutte contre les méfaits du temps. On peut également délayer une poignée d’argile dans l’eau du bain, ce qui suffit pour profiter de ses vertus revitalisantes et adoucissantes. Autres avantages : en applications locales (jambes lourdes, articulations douloureuses), elle favorise la circulation sanguine et rééquilibre l’organisme. L’argile est réellement une « terre-remède » : totalement naturelle, elle nous aide à mieux vivre au quotidien.
Il nous est souvent demandé si l’argile peut guérir telle maladie ou tel problème ! On ne connaît pas la totalité des problèmes pour lesquels l’argile agit efficacement. Dans le cas où le problème ne figure pas dans la liste ci-dessus, libre à vous d’essayer en respectant bien les consignes données sur cette page. Il se peut tout à fait qu’il y ait un bon résultat. Mais dans le cas où l’argile n’apporte aucune amélioration dans les 48 heures suivant le début du traitement, c’est que l’argile ne sera pas efficace. Vous pouvez aussi vous documenter davantage en achetant un livre sur l’argile (voir la bibliographie).
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