Les Sarrasins impriment leurs marques sur le jeu de cartes français
Posté par francesca7 le 10 février 2016
Rappelons-nous que le premier jeu de cartes créé aux saveurs de la France fut celui du Roi Charles VI, peint en 1392 par Gringonneur. Ce jeu était encore un jeu de tarots (arcanes mineurs), composé des figures traditionnelles de la Cour mais on remplace le Cavalier par la Reine. Donc Roi, Reine et Valet; puis les cartes numérales de 1 (As) à 10. Soit 13 cartes par suite (52 cartes), chaque suite ayant son enseigne ou sa couleur: Coupes, Bâtons, Deniers et épées. Il était usité pour les jeux de cartes en société, et pour prédire l’avenir. Peint à la main, il était hors de prix et inabordable pour la classe populaire.
Et c’est vers les années 1400 et suivantes, que les Allemands, Italiens et Français développent de nouvelles façons de faire plus économiques, pour créer des jeux de cartes. Puis en même temps en France, la légende raconte que le dénommé Vignoles Etienne dit La Hire, premier chevalier du Roi Charles VII, aurait inventé un jeu plus simple et plus pratique.
Pour ce faire, l’on retranche du jeu de 52 cartes les cartes numérales 2, 3, 4, 5, 6 et ce qui donne un nouveau jeu de 32 cartes: le jeu de piquet. Et pour faciliter l’impression à plus grande échelle, on simplifie les dessins et couleurs des suites originales — c.à.d. des jeux de tarots, puisqu’ils sont ordinairement utilisés — pour obtenir les enseignes coeur, carreau, trèfle, pique. Ce jeu est connu sous le nom de “Le Piquet de Charles VII”; ou parfois “Coursube”, à cause de l’illustration du Roi de Carreau, Coursube (Cursube ou Corsoès), un Roi Sarrasin (probablement Roi de Perse).
* Notons que ce nouveau jeu se trouve aussi en version de 52 cartes.
C’est ainsi qu’en se basant sur la symbolique originale, que sont inventés les enseignes françaises. Donc les Coeurs remplacent les Coupes du jeu de tarots; les Carreaux, les Bâtons; les Trèfles, les Deniers; et les Piques, les épées. Toutefois puisqu’archétype chargé de sens, l’on conserve le sens original qui est associé à chaque enseigne; soit pour les Coeurs/Coupes, ceux qui guérissent et enseignent (amour, sentiments, bonheur); les Carreaux/Bâtons, ceux qui produisent et fabriquent (affaires, voyages, initiatives, mouvement); les Trèfles/Deniers, ceux qui vendent et font circuler l’argent (patrimoine, propriétés, argent); les Piques/épées, ceux qui défendent et gouvernent (actions, luttes, batailles, difficultés).
Sous le règne du Roi Charles VII, bien qu’il soit dit qu’il fut fabriqué vers 1425 (voir l’image du Roi de Carreau), il est avéré parce que documenté — dont par l’estampe satirique le “Revers du jeu des Suysses” (Le Revers du jeu des Suisses), datée de 1499, et où des joueurs de cartes utilisent un jeu aux nouvelles couleurs françaises — qu’effectivement, ce jeu est en circulation en 1499, est reconnu comme étant un jeu français et en conséquence, en usage bien avant.
Revendiquée par la France, le Revers du jeu des Suysses (1499) est une estampe publiée au moment où le Roi de France Louis XII, méditant l’expédition en Italie pour réunir la couronne de Naples à celle de France, cherchait à se ménager les Suisses, que l’Angleterre et les Pays-Bas soutenaient contre lui. Rappelons qu’à cette date, Louis XII ne comptait pas encore une année de règne. Il venait tout juste d’épouser Anne de Bretagne et envisageait faire une expédition en Italie pour réunir les deux couronnes. Il va sans dire qu’une pareille expédition risquait de léser de nombreux intérêts politiques; et c’est pourquoi Louis XII eut à user de diplomatie avec les pays voisins, dont plusieurs étaient radicalement opposés à ses projets ambitieux. Les Suisses, qui étaient secrètement soutenus par l’Angleterre et les Pays-Bas, se montrèrent particulièrement hostiles au projet. Malgré tout, Louis XII triompha de leur opposition, réussissant de plus à renouer l’alliance qui était expirée sous Charles VIII, son prédécesseur.
Grâce au développement et à l’industrialisation quant à la fabrication des cartes, et grâce au design simplifié des enseignes (coeur, carreau, trèfle, pique), les coûts de fabrication sont moins élevés et en conséquence, le prix d’un jeu de carte devient enfin abordable. La France devient d’ailleurs assez rapidement, un chef de file au niveau européen, pour la fabrication des cartes; même si plusieurs entreprises sont florissantes en Italie, en Espagne et en Allemagne particulièrement. Parmi les premiers cartiers Français, on retrouve F. Greffier (1485-1496), Jean de Dale (actif de 1485 à 1515), Jean Personne (1493-1497), Antoine de Logiriera (Toulouse, 1495-1518), Gué Martial (Limoges, vers 1538) et Pierre Mareschal. (Source: wopc.co.uk/france)
Grâce à ses fabriques, le jeu français connaît dès lors une popularité foudroyante, tant en Europe que dans les colonies où il est exporté. C’est ainsi qu’au cours des années subséquentes, il devient la norme pour un jeu de cartes à jouer populaire; qui servent aussi de cartes à prédire l’avenir (cartomancie). Même les pays Anglo-Saxons — tels l’Angleterre et ses colonies — l’adoptent d’emblée. Avec une petite nuance cependant, au niveau du symbolisme: fort important en divination; soit, une inversion du sens des cartes de carreau et de trèfle. Cette inversion du sens initial, d’ailleurs, cause encore polémique de nos jours.
SOURCE : http://www.unicorne.com
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