C’est une histoire de Farandole
Posté par francesca7 le 26 janvier 2016
Danse de la vie, la Farandole est représentée dès l’âge du Bronze et dans les fresques des tombeaux des pharaons, ainsi que sur tout le pourtour méditerranéen sur les bas-reliefs et des poteries antiques. L’Antiquité grecque et crétoise la désignait sous le nom de « danse des grues » ou géranos. Dans ces représentations, elle prend toujours l’aspect d’une « frise décorative de danseurs avançant en front ouvert et se tenant les mains ». Elle était primitivement exécutée en cercle autour d’un feu puis se finissait en spirale pour appeler au retour du soleil.
Dans la danse, le cercle symbolise le cours de la vie et synthétise toutes les oppositions : le début et la fin, la naissance et la mort, l’origine et l’éternité. Ce cercle forme le serpent qui se mort la queue, l’Ouroboros. La farandole, qui unit et oppose le thème de la mort et de la renaissance, a hérité de cette symbolique de la mythologie grecque reproduite sur le vase François : « Au sortir du labyrinthe, Thésée, ivre de joie d’avoir triomphé du Minotaure et d’être sorti vivant du labyrinthe, se lance avec ses compagnons dans une danse ondulante et sinueuse qui entend reproduire les méandres du dédale souterrain et ceux de sa lutte contre le monstre. ».
Fabienne Potherat a analysé cette danse à travers une œuvre de Matisse : « Ce sont encore ces bacchanales que nous retrouvons chez Matisse dans cette ronde envolée au-dessus de la colline. ». Expliquant que c’est cette même serpentine que Matisse chante et peint dans La Joie de vivre et La Danse après avoir vu une farandole au Moulin de la Galette, elle souligne « Il pose du vert, du bleu, du rose, en à-plat, qui sont les couleurs de la Provence dit-il, de la nature, fond commun universel. Il pose sa propre voix comme rythme des couleurs et comme volume à la couleur. Il chante l’air de la farandole, le pinceau danse avec la peinture comme en résonance à son chant. Une forme est née : la danse. ».
Elle reste incertaine. Il a été suggéré que farandole puisse être une altération du provençal barandello, à partir de brandello (dérivé de branda : remuer), sous l’influence de dérivés occitans tels que flandina (cajoler), flandrina (lambiner), etc.. Pourtant cette hypothèse est peu convaincante car elle se heurte au fait que b(a)randello est définie comme étant une farandole languedocienne.
Farandole se disant farandolo, en provençal et farandola, en catalan, il a été proposé que ce mot tirerait son origine de l’espagnol farándula (métier de comédien, troupe de comédiens ambulants). Origine aussi incertaine que problématique puisque ce terme supposerait un primitif faranda. Il n’existe pas en espagnol mais en allemand où fahrende, désigne des gens qui voyagent et des comédiens ambulants.
Si Jean Joseph Marius Diouloufet, en 1816, et Frédéric Mistral, en 1878, ont tous deux relié la farandole à la civilisation grecque, ils ne disent rien sur son étymologie. Simon-Jude Honnorat, quant à lui indique que ce nom signifie que « les danseurs sont en quelque sorte attachés l’un à l’autre », ce qui n’est pas une étymologie.
Le nom farandole n’est pas attesté avant le XVIIIe siècle et n’est passée dans le Dictionnaire de l’Académie qu’en 1835. Il est cité pour la première fois par Schmidlin, en 1776, sous la forme de farandoule, puis dans le Rapport de Lefébure, en 1793, sous sa graphie française actuelle farandole. Quant à l’Académie française, elle indiquait « Sorte de danse provençale, de course cadencée, que plusieurs personnes exécutent en se tenant par la main ». Un siècle plus tard dans l’édition de leur dictionnaire de 1932-1935, les académiciens précisaient : « Sorte de danse provençale, de course serpentine, que plusieurs personnes exécutent en se tenant par la main. ».
Dans la Farandole moderne : Arles et Avignon sont les deux foyers principaux de la farandole en Provence. Mais tout le midi de la France connaît la farandole. Elle fut même pratiquée en Catalogne selon cette note :« Dansa popular que hom practica actualment encara a Provença, però que també havia estat ballada a Catalunya. ». Elle peut être chantée, mais elle est ordinairement accompagnée, en Provence, de galoubets et de tambourins. Le XIXe siècle marque l’apogée des tambourinaires puisqu’on les retrouve indifféremment à l’opéra de Paris,dans les balèti ou menant les farandoles
En 1986, l’Académie indique : « Mot du XVIIIe siècle, emprunté du provençal farandoulo, de même sens. Danse d’origine provençale, de rythme vif, où les danseurs et les danseuses se tiennent par la main. Le tambourinaire rythme la farandole< ». Quant au dictionnaire d’Émile Littré, il résume : « Danse provençale, qui est une espèce de course mesurée, exécutée par plusieurs personnes qui se tiennent par la main ». Il ajoute, toutefois, une indication d’importance : « L’air de la farandole, allégro à six-huit fortement cadencé. ».
L’ensemble de ces indications sont reprises tant par le Centre national de ressources textuelles et lexicales, que par le Trésor de la Langue Française). Seule l’Encyclopédie Universalis développe : « Danse populaire provençale (farandoulo), sur une mesure à 6/8, de tempo rapide comme la gigue, appartenant au genre des danses en file. Dans la farandole, danseurs et danseuses, alternés et en nombre illimité, se tiennent par la main et dessinent des figures variées : serpentin, arceaux, spirales ou cacalaus (escargot), sur des pas de côté sautés ; ils obéissent au premier danseur, chef de file. ».
Dans la Farandole de la mort : Dans cette farandole alternent squelettes et vivants, disposés dans un ordre hiérarchique décroissant. Ce sont le pape, l’empereur, le cardinal, le roi, le patriarche, le connétable, l’archevêque, le chevalier, l’évêque, l’écuyer, l’abbé, le bailli, l’astrologue, le bourgeois, le chartreux, le sergent, le médecin, la femme, l’usurier et le pauvre. Le nombre des personnages et la composition de la danse dépendent du lieu de création. La Mort, le plus souvent représentée avec un instrument de musique, entraîne tout le monde dans la danse en ne regardant ni le rang, ni les richesses, ni le sexe, ni l’âge. En dessous ou au-dessus de l’illustration sont peints des vers par lesquels s’adresse la Mort à sa victime, souvent d’un ton menaçant et accusateur, parfois sarcastique et empreint de cynisme. Puis suit la supplique de l’Homme, plein de remords et de désespoir, mendiant la pitié. Espoir déçu face à des squelettes en train d’exécuter une sarabande effrénée, le plus souvent la forme d’une farandole. C’est parfaitement explicite lorsqu’il y a juxtaposition continue des corps aggripés par les mains des squelettes qui les saisissent par le coude ou la main, transformant une simple procession ou une ronde ouverte en une véritable chorégraphie.
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