Ce que la Bataille Magique de Bretagne peut nous apprendre aujourd’hui : Sorciers et Mages de France
Posté par francesca7 le 27 décembre 2015
Contrairement aux attaques de Charlie Hebdo, cette fois, pour les attaques de Paris, je suis restée silencieuse (ou presque), incapable de dire, d’écrire quoi que ce soit qui me semble approprié, juste, ou sur lequel je ne changerais éventuellement pas d’avis par la suite. Je suis passée par toutes les émotions, et c’est normal quand l’actualité est encore chaude bouillante, quand on est dans le choc et la stupeur. J’ai vu différentes personnes en appeler aux armes ou à l’amour inconditionnel ; je ne me sentais ni de l’un, ni de l’autre. J’avais envie d’écrabouiller DAECH comme un écrase un moustique qui nous tourne depuis trop longtemps autour et qui finit par nous piquer alors que jusque là, on se défendait de tuer. J’avais envie de prier pour les victimes et leurs proches. J’avais besoin de trouver un moyen de mettre à l’abri mes proches, ceux qui sont dans la ré- gion parisienne et qui sont bien plus exposés que moi. Tous les jours depuis cette attaque, il ne s’est pas passé un matin sans que je me réveille en me demandant si aucune nouvelle attaque n’aurait été sur la route de ces proches qui se rendent à leur travail. On répète qu’il ne faut pas avoir peur, mais on sait tous qu’on a aussi besoin de faire ce pied de nez pour continuer à vivre en dépit des risques qu’on connaît désormais tous et qui planent, comme nous le rappellent chaque jour les informations de tous les médias, et qu’on ne peut pas éviter. Et je sais aussi qu’avec un peu de chance, avec du temps, on retournera tous à nos occupations habituelles et on laissera cette peur s’évaporer, sans oublier pour autant. Parce que c’est ça, la vie. Elle finit toujours par reprendre ses droits sur la peur et la mort.
Plongée dans mon propre silence et dans mon intériorité, j’ai été amenée à repenser aux raisons qui m’ont conduite à prendre la route de la magie et de la sorcellerie, et pas une autre. Alors que certains suivent avant tout une quête du pouvoir, pour moi, parmi ces raisons, il y a à la base | le refus de l’impuissance. A mon sens, c’est très différent. Je me suis rendue compte combien le poids de la transmission familiale était grande aussi, puisque dans ma famille, ça a toujours été aux femmes qu’incombait la protection spirituelle, quasi magique, de l’ensemble des membres de la famille. Je pense que les hommes ont aussi prié, bien entendu, mais les plus engagées ont toujours été les femmes, surtout côté maternel. J’ai grandi dans les jupes de ma grand mère qui ne cessait de parler de ses prières aux saints pour nous protéger tous, ma mère a suivi le même chemin. Elles ont été des guerrières spirituelles infatigables, malgré tous les revers de la vie. Ma grand mère n’est plus, mais ma mère continue. Et moi, je comprends aujourd’hui à quel point j’ai intériorisé cette «tradition».
Je me rappelle comment, à certains moments, ma mère et moi avons agi de concert, chacune avec ses «armes», et bien qu’elle soit catholique pratiquante, elle m’a alors toujours soutenue et même, m’a encouragée. Il y a de la solidarité inconditionnelle qui dépasse toutes les croyances dans ces moments de lutte pour protéger ce qui nous est le plus cher. La pleine lune approche, et nous avions déjà pré- vu de nous réunir pour un rituel en coven. Au programme, ce sera protection pour nos proches et pour nous-mêmes, mais aussi de la guérison. Cependant, ce sera réalisé séparément pour bien rester concentré sur chacune des intentions. Cette pleine lune, c’est un peu la pleine lune des mesures d’urgence, et dont les objectifs seront restreints pour la plupart à l’instinct égoïste de préservation des siens.
Oui, mais une fois les devoirs qu’on doit à nos familles et nos proches rendus, je sais que moi, je ne pourrai m’arrêter là. Ce matin, alors que je laissais mes pensées vagabonder, le souvenir d’un épisode de l’Histoire a d’un coup émergé. Soudain, je me suis rappelée de cet épisode quasi anecdotique de la seconde guerre mondiale et qui est resté connu sous le nom de «The Magical Battle of Britain». Alors que les nazis gagnaient inexorablement du terrain en Europe, et qu’ils bombardaient massivement Londres pour obliger l’Angleterre à capituler, tout le monde s’attendait à les voir vaincre et envahir la Grande-Bretagne. Or, comme on le sait tous (j’espère), ça ne s’est jamais produit.
Des raisons très diverses ont été avancées pour expliquer cela, notamment bien entendu les choix stratégiques d’Hitler. Certains avancèrent que peut-être, cet échec pouvait être aussi lié à une autre cause, beaucoup plus … occulte. En effet, en 1939, l’occultiste et magicienne Dion Fortune, à la tête de sa Fraternity of Inner Light, avait appelé divers occultistes anglais de son temps (il y eut notamment Aleister Crowley et Gerald Gardner qui participèrent, et bien d’autres moins cé- lèbres) à participer à un «combat» magique destiné à empêcher l’invasion de la Grande-Bretagne et à affaiblir les nazis. Immédiatement après la déclaration de guerre de l’Angleterre en 1939, Dion Fortune commença une série de lettres régulières aux membres de son ordre magique, la Fraternity of Inner Light, qui se retrouvaient dans l’incapacité de tenir des réunions à cause des restrictions de déplacements mises en place en ce temps de guerre.
Alors que les avions ennemis grondaient dans le ciel, elle organisa une série de visualisations pour planter « les germes d’idées dans l’esprit collectif de la population », des visions archétypales pour invoquer la protection angélique et pour rehausser la morale britannique alors qu’ils étaient sous le feu de l’ennemi. « La guerre devait être combattue et gagnée sur le plan physique avant qu’une manifestation physique puisse être donnée aux idéaux archétypaux », écrivit-elle. « Ce qui a été semé poussera et portera des fruits ». Alors que la guerre se poursuivait, cela fut consolidé avec d’autres travaux destinés au renouvellement des accords nationaux et internationaux. Pour la première fois, les portes de la Fraternité furent ouvertes à quiconque voulait se joindre et apprendre les méthodes de travail ésotérique par influence de l’esprit, auparavant gardées secrètes. Avec un optimisme inébranlable, elle guida la fraternité à travers les jours sombres du Blitz de Londres, continuant d’envoyer ses lettres hebdomadaires même lorsque les bombes s’abattirent sur le toit de sa propre maison.
Extrait de l’introduction de The magical Battle of Britain, à partir des lettres de Dion Fortune, éditées par Gareth Knight. Sans aller jusqu’à dire que l’échec des nazis serait dû à cette entreprise, bien entendu, on ne peut écarter la contribution de cette influence. L’article sobrement intitulé «The Magical Battle of Great Britain», providentiellement publié récemment et également republié par le site patheos.com, présente notamment les méthodes d’action employées :
Une méthode pour contrer leur folie Méditons sur les Présences angéliques, habillées de robes rouges et armées, patrouillant de long en large de notre pays. Visualisez la carte de la Grande-Bretagne, et voyez ces grandes Présences se mouvoir telle une vaste forme obscure le long des côtes, et de haut en bas, du nord vers le sud, et d’est en ouest, gardant et protégeant le territoire de sorte qu’aucune chose venant de l’étranger ne puisse avancer sans avoir été remarqué. Extrait de The Magical Battle of Britain de Dion Fortune Les actes magiques de Dion Fortune fonctionnaient sur la base de plusieurs théories solides :
- Elle croyait que des ritualistes entraînés pouvaient combiner leurs efforts pour influencer la Volonté collective du peuple anglais, et non pas un individu seul.
- Elle utilisait des esprits facilement reconnaissables et fondés sur sa culture, ainsi que des égrégores dont la signification serait comprise intuitivement par des milliers de personnes.
- Elle se tourna vers des esprits et des égrégores qui étaient déjà associés au but pour lesquelles ils avaient été appelés.
- Elle créa des actes de magie simples qui puissent être facilement imités et réalisés par un grand nombre d’individus dispersés dans de nombreux endroits.
– Elle faisait un Travail sur une cause qui préoccupait des milliers de personnes.
«L’analyse que l’auteur de cet article fait non seulement de la contribution de Dion Fortune, mais aussi du système d’action magique dans le cadre d’une lutte défensive, est très juste. Réaliser des rituels collectifs n’est depuis lors pas rare, et des exemples tous récents peuvent être cités avec les initiatives de la Ligue Wiccane Eclectique pour la paix en Syrie puis pour les attaques de Paris. Mais compte tenu de la situation actuelle, il apparaît que les initiatives ne peuvent se limiter à des rituels ponctuels.
Tous ceux qui voudraient contribuer à la protection de la France (et de l’Europe) contre DAESH et le terrorisme pourraient s’inspirer des techniques de Dion Fortune. Les moins avancés peuvent contribuer par des prières et des intentions, mais les plus avancés pourraient, eux, suivre les pas de Dion Fortune, en fonction de leurs propres pratiques et systèmes spirituels. Je parle ici de protection de la France et de l’Europe, comme «niveau n°2» après la protection de sa famille et de ses proches. Cicéron (Des Lois, II) déjà avait noté que les êtres humains s’organisent de manière naturelle autour d’une vision multiscalaire de la «patrie» (je reprends ici sa propre expression), vision que Napoléon lui-même avait reprise et qui connut ses heures de gloire au XIXe siècle. Le premier niveau est la famille et les proches, le deuxième niveau est le pays dans lequel on vit (qui peut s’étendre facilement à l’Europe de nos jours).
Un troisième niveau a émergé avec la mise en relation du monde globalisé. Il n’est bien entendu pas question ici de faire l’apologie du nationalisme en dépit d’un légitime intérêt pour la «paix dans le monde», ou la reconnaissance que tout individu a le même droit de vivre et d’être protégé. Les victimes de Paris ne sont pas moins tragiques que celles du Liban ou d’ailleurs. Seulement, il s’agit simplement de reconnaître un principe simple de la magie, voulant que moins on est précis dans le but défini, et plus l’action sera diluée, et moins les chances de réussite seront grandes. De sorte qu’agir globalement pour «la paix dans le monde», ou «la paix partout où DAECH est une menace» manquerait purement et simplement de point central pour fixer son esprit, qui se perdrait dans l’immensité de ce que cela représente. Dion Fortune ne s’y est pas trompée en se concentrant sur son propre pays. Je me suis rendue compte ces derniers jours que quelque part, il y a comme un malaise à l’idée de vouloir «égoïstement» protéger les siens (famille, pays, Europe), comme si ce serait au détriment de l’esprit humaniste d’équité entre les peuples, voir que cela pourrait cacher des relents puants de nationalisme et d’extrémisme. On est tous tellement et légitimement révulsés par ces mouvements qu’on ose à peine penser qu’on puisse ou doive, pour un temps, se replier un peu pour se protéger, nous, avant les autres. A cela, je dirai qu’il est humain de chercher à protéger ce qui nous est proche, et que cela ne nous empêche en rien, à côté, de mener des actions magiques ou de simples prières dans des directions plus larges.
Seul le pragmatisme magique, et non pas une quelque idéologie nauséabonde, conduit à se restreindre à un espace donné et précis. Maintenant, ceci étant dit, il reste donc à faire. Je suis persuadée que nous sommes nombreux parmi les sorcières, sorciers, mages et magiciennes, en France, en Europe et dans le monde, à pouvoir et vouloir contribuer à cette lutte. Si nous tous, chacun où nous sommes (et pas uniquement en France), étions en mesure de dresser un rempart magique contre le terrorisme extérieur et intérieur, quels effets à terme cela pourrait-il avoir?
Si des sorciers et des mages de France, de Belgique, du Liban, du Moyen-Orient, d’Angleterre, d’Allemagne, d’Afrique, d’Amérique ou d’où que ce soit participaient, qui sait ce que cela pourrait changer? A ma petite échelle, moi, j’apporterai ma contribution. A notre échelle, je ne doute pas qu’en coven, on fera de même. Et vous ?
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Publié dans Bretagne, FONDATEURS - PATRIMOINE, LEGENDES-SUPERSTITIONS, LITTERATURE FRANCAISE | Pas de Commentaire »