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    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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La tête et les jambes de MAI 68

Posté par francesca7 le 1 décembre 2015

 

 

L’image qui restera de la mode d’automne, c’est d’abord une silhouette de femme en costume-pantalon, la taille ceinturée, le TETE ET JAMBEsac en bandoulière, les cheveux lisses séparés par une raie, parfois un ruban de cuir ceignant le front, à la façon des Indiennes.

Le tailleur-pantalon

Cardin est contre. Courrèges est pour. Chanel, contemptrice de la minijupe, exulte, et Saint-Laurent triomphe. L’élégante qui va dîner au Ritz en combinaison de crêpe sous un paletot de renard et l’adolescente en tailleur-pantalon de tweed qui attrape au vol l’autobus donnent le même reflet de la mode 1968.

À ce succès, admirateurs et critiques cherchent des motivations. Pour certains, le pantalon est une réaction contre la minijupe ; pour d’autres, il procède de la même inspiration : montrer le plus de jambe possible. Les milieux de la mode flairent, vingt ans après, une mutation comparable au new look de Dior, laissant aux sociologues le soin d’expliquer ce paradoxe : le pantalon devenu une manifestation nouvelle de la féminité. Pour ses adeptes, il s’associe tout simplement au goût d’une vie active, indépendante, et libre de ses mouvements.

Avec le jean de velours côtelé, compagnon des vacances et des loisirs, le pantalon de ville n’a plus rien de commun. Ses jambes sont plus larges, plus longues ; plis, revers et poches ont disparu, pour amincir les hanches. Ses compléments sont la tunique, la veste ou le manteau, cintrés pour mieux marquer la taille.

La ligne à deux étages

Il s’est trouvé des femmes (en grand nombre) pour lui opposer la jupe, à godets ou plissée — accompagnée d’un chemisier sous un long gilet tricoté —, et le tailleur. Revu et corrigé, ce dernier montre, pour forcer l’intérêt, des proportions nouvelles : sur la jupe brève, la veste s’allonge, souvent jusqu’au 7/8, serrant de près le buste, appuyée aux hanches, boutonnée haut. Elle ébauche une tendance que l’on retrouve parmi les robes ; mais l’originalité de la ligne à deux étages n’a pas démodé les robes-chemisiers et les robes-chasubles, valeurs sûres, traduites dans des tissus aussi différents que la mousseline de laine imprimée, la ratine ou la flanelle.

L’accord se fait sur le jersey. Uni ou chiné, indéformable, il donne à tous les vêtements une aisance incomparable. Les draps les plus moelleux, les fins zibelinés, les rustiques : arrachés, draps de cocher, les tweeds bicolores et mouchetés, à dessins écossais, à chevrons, taillés en manteaux profonds, enveloppant de l’épaule aux hanches, apportent une assurance contre le froid. De la nuit à l’aube règnent le crêpe et le velours.

La tête et les jambes

mai_68_Souverain ténébreux, le noir domine la scène, mat ou brillant, transparent le soir. Le bordeaux a déçu, malgré les efforts des stylistes et les espoirs des fabricants. Le marron plaît encore et quelques gris nuancés. Au-dessus de ces tons graves, le visage prend une importance singulière. Le maquillage farde la bouche d’un rouge groseille, éclaircit le teint, cerne d’ombre le regard entre les cils, vrais ou faux, brossés de mascara. La tête est petite, bien dessinée sous des mèches courtes ou sous un casque de cheveux soigneusement tirés sur la nuque. Des folies hippies de l’hiver précédent, il reste des toisons bouclées, qui empruntent aux postiches leur opulence.

À tous les pieds, du verni : le Corfam (cuir synthétique) brille autant que le cuir authentique. Mocassins, escarpins, bottines à tige (les boots) et bottes, posées sur des talons solides, rehaussent la jambe. Les gardiens des musées peuvent dormir tranquilles : la mode interdit les talons aiguilles plus sûrement que le règlement.

Le cuir et le métal

Dans cette sombre harmonie, l’éclair jaillit des longs colliers à breloques, empruntés aux femmes marocaines ; il naît des paillettes, des lamés ou du jersey d’aluminium laqué, créé par Paco Rabanne, pour des cottes de mailles allégées.

L’acier luit à la taille, point d’appui retrouvé, en bracelets rigides, en boucles géantes ; l’or et l’argent s’enchaînent pour ceindre tailleurs et manteaux. Le cuir se noue en liens étroits, s’agrafe en corselets, en ceinturons. On le retrouve ailleurs devenu daim, coupé en casaques ou en tuniques à franges. Mais le Vinyl partout le concurrence. Luisant, souple comme une peau d’agneau, il trouve dans les collections des couturiers une gloire controversée. Cardin partout en use, le mariant à l’astrakan avec irrévérence, et au lainage avec invention. À son exemple, tout un chacun y taille chasubles et canadiennes, fourrées des pelages les plus doux : l’ourson en peluche de Nylon, le teddy, le Crylor ébouriffé.

Les vraies fourrures : zorrino, kalgan, martre, ragondin, phoque, rajeunissent avec leur nouveau public, non le plus fortuné mais le plus désinvolte, qui les préfère en blousons, en duffle-coats, en pardessus longs croisés sous une ceinture de cuir ou de métal.

La recherche du confort, les femmes la poursuivent jusque dans les détails : écharpes à longs pans double mètre, en soie ou en laine, cols châles sur les vestes-cabans, cols cheminées pour les tricots à grosses mailles, capuchons coupe-vent, collants chauds à dessins, dans le temps même où elles raccourcissent leurs ourlets. Mais la jupe à mi-cuisse ne fait plus scandale…

 

Le printemps est couleur de rose. À travers la mousseline et le crêpe Georgette s’ébauche une mode insouciante, qui bannit toute agressivité. On ne bataille plus pour la longueur des jupes, mais la courbe d’un sein dénudé, surprise entre les pans d’une tunique, provoque des commentaires.

Cette féminité que le printemps prodigue, elle fuse en couleurs, les plus tendres, les plus fraîches : les roses, pêche, buvard, dragée, des bleus aériens, le vert du tilleul ou de l’eau, les grèges, alliés au blanc et, rigoureux, net, omniprésent, le bleu marine. Le maquillage, plus gai, s’éclaire de beige et d’orange.

Sur la palette du printemps…

Le blanc, le marine sont les tons les plus employés avec les pastels rose, jaune, beige, ivoire, parme, lavande, saumon, abricot, crevette. Des tons neutres (kaki, marron, gris), deux rouges vibrants (fuschia, géranium) complètent cecolorama. En tête des tissus de laine se placent les crêpes, les gabardines, les jerseys, les flanelles. Les imprimés de laine, les quadrillés, les écossais comptent parmi les dessins préférés.

La même inspiration

La silhouette est mince et longue : buste menu, épaules hautes et étroites. La taille glisse un peu, entre la poitrine et les hanches. Une inspiration identique rapproche le prêt-à-porter et la haute couture dans leur choix (le style cardigan, les robes-chemisiers, les tons pastels). Plusieurs grands couturiers, il est vrai, diffusent en prêt-à-porter un certain nombre de leurs créations.

Le tailleur est, par tradition, l’uniforme du printemps. Il est de ligne cardigan (Dior) quand il perd ses revers et son col. Ses basques s’allongent sur une courte jupe plissée en flanelle ou en gabardine. Les tailleurs paletots (Cardin) portent l’ampleur rejetée dans le dos, des pans arrondis, une jupe brève, droite, en lainage quadrillé de tons pastels. Sur les blouses, des écharpes s’enroulent. Marc Bohan (Dior) noue en cravate, sur ses chemisiers, des carrés de soie d’un même dessin. Saint-Laurent, magistralement, coordonne, ou oppose, à ses tailleurs, de longs foulards subtilement imprimés.

 

 

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Les timbres de grève

Posté par francesca7 le 1 décembre 2015

 

greveMais il y a eu, aussi, l’affaire des grèves… Les événements de mai 1968 n’avaient pas eu de répercussions profondes sur la philatélie française. Après un obligatoire et net fléchissement, le marché avait retrouvé un cours normal. Or, il s’était trouvé que plusieurs chambres de commerce, pendant la période troublée, avaient émis des vignettes destinées à remplacer les timbres officiels sur le courrier et les colis à expédier.

Lorsque la situation redevint calme, les vignettes firent leur apparition et elles se vendirent à des prix réellement astronomiques, au point que le ministère des Postes et Télécommunications intervint. Dans un communiqué adressé à la presse, il déclara, notamment, que : « Ces étiquettes ne sauraient être considérées ni comme des timbres-poste ni comme des timbres de remplacement. » De plus, comme le bruit avait couru que le ministère avait autorisé l’émission de ces étiquettes, le communiqué opposait un démenti formel à cette assertion.

Mais le mal était fait, et ce d’autant plus que certains catalogues avaient déjà inscrit les timbres de grève à leur répertoire et en les cotant eux-mêmes de façon très élevée.

Les figurines émises à l’occasion des grèves postales intriguent et intéressent nombre de collectionneurs. Mais si certains les recherchent indistinctement, sans trop se soucier de la nature exacte de chacune d’entre elles, d’autres les excommunient en bloc, sans distinguer celles qui émanent de services ayant réellement fonctionné en temps de grève, de celles revêtant un caractère purement fictif.

Seule, dans le passé, une étude parue en 1983 dans l’Écho de la Timbrologie avait décortiqué chaque émission antérieure à cette date pour déterminer lesquelles de ces figurines méritaient réellement la qualification de timbres. Depuis, rien n’était paru sur la question jusqu’à de récents articles de Jean Louis Franceschi dans Timbre-Magazine et l’Écho de la Timbrologie, qui sont venus enfin donner, depuis décembre 2005, un inventaire critique et impartial de toutes les émissions de grève, sur la base de trois ans d’enquête approfondie.

Il s’est trouvé, par ailleurs, que, depuis 2006, les catalogues successifs Dallay de France, suivis depuis peu par le nouveau Maury 2009, ont présenté la nomenclature la plus étendue et la plus neutre publiée à ce jour des figurines de grève réelles ou prétendues parues en France depuis 1909, mais sans les distinguer entre elles. Puis enfin, le catalogue Yvert, après en être resté depuis un demi siècle à l’émission de 1953, vient enfin de se décider à mentionner, dans son édition 2010 les autres timbres de grève, mais seulement les véritables, c’est-à-dire ceux « émanant d’organismes auxiliaires de transport de courier ayant effectivement fonctionné », à deux exceptions près. On utilisera donc ici les numérotation ces catalogues pour préciser la désignation des différentes figurines évoquées.

Enfin le même Jean-Louis Franceschi a publié deux éditions de son Catalogue spécialisé des figurines et marques de grève françaises, dont la seconde, celle de 2007-2008 améliorée, fait suivre chaque numéro de figurine de la mention rouge sans équivoque de « timbre » ou de « vignette ».

C’est à partir de 1899, 1904 et 1906 que des grèves postales survinrent périodiquement en France. Si en ces occasions, les particuliers sans défense furent contraints à subir passivement le fardeau de ces mouvements sociaux, il n’en fut pas de même pour les négociants et producteurs : les grandes pertes provoquées par ces grèves risquaient parfois, en effet, de compromettre la survie de leurs entreprises. Ceux-ci eurent alors généralement recours à leurs chambres de commerce pour faire fonctionner des services postaux de substitution. Ainsi arriva-t-il que certaines de ces chambres utilisent, à cet effet, une ou deux figurines de grève. Ainsi arriva-t-il aussi, mais plus rarement, que d’autres services temporaires totalement improvisés, à la suite de celui des agents de change en 1909, s’instaurent eux aussi, et que certains d’entre eux s’avisent même par la suite d’émettre de tels timbres.

timbreTous ces timbres, certes, y compris ceux des chambres de commerce, étaient privés (cf.Timbre privé). Cependant, comme leurs émetteurs s’étaient substitués au service public défaillant de la poste, et comme la présence de ces figurines sur les plis était nécessaire pour que ceux-ci soient transportés, lesdits timbres de grève ont vocation à figurer dans les catalogues nationaux et dans les collections de timbres-poste, au même titre que ceux de la poste officielle.

Mais encore faut-il distinguer soigneusement ces timbres de grève des multiples vignettes pourvues de mentions mensongères, que d’aimables fantaisistes mettent en circulation comme « timbres de grève », alors qu’elle n’ont correspondu, en réalité, à aucun service de transport de courrier.

C’est pourquoi il convient de distinguer soigneusement :

  • les véritables timbres de grève ;
  • des «  vignettes de grève », ou « pseudo-timbres de grève ».

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