La transhumance des abeilles
Posté par francesca7 le 12 novembre 2015
De nombreux apiculteurs pratiquent ce qu’on appelle l’apiculture pastorale en référence au mode d’élevage méridional des moutons. Ils transhument leurs ruches plusieurs fois au cours de l’année pour faire bénéficier leurs abeilles des floraisons successives et de la diversité des espèces mellifères, sauvages ou cultivées. En se déplaçant progressivement du Sud vers le Nord, en passant peu à peu des plaines aux collines puis aux montagnes, ils arrivent à faire plusieurs récoltes de miel. Certains font voyager leurs colonies pour offrir à leurs butineuses des menus diversifiés et obtenir ainsi des miels spécifiques, mono ou polyfloraux, particulièrement recherchés des amateurs. D’autres fuient leurs régions d’hivernage au moment où les agriculteurs traitent leurs cultures, craignant l’impacte des pesticides sur la santé de leurs abeilles : ils recherchent des étendues de friches, des zones pastorales, des espaces de campagne où la végétation n’a pas été polluée.
Autrefois les ruches étaient portées à dos d’homme, de mulet ou sur des charrettes tirées par des bœufs ou des chevaux et déposées un peu plus loin, les déplacements étant limités par la lenteur du voyage. Elles sont aujourd’hui transportées sur des camions à plateau et sur des grandes distances. Chargements et déchargements sont maintenant mécanisés et permettent de transporter en un seul voyage un grand nombre de ruches.
Ce déplacement se fait le plus souvent de nuit, quand les colonies sont rentrées. Il faut éloigner les ruches à plus de trois kilomètres à vol d’abeilles pour éviter que les butineuses reviennent à leur ancien emplacement de récolte de pollen. On fait voyager les abeilles « ruches fermées » ou ruches « ouvertes ». La première technique, la seule employée jusqu’à une période récente, consiste à enfermer les abeilles et à les libérer à l’arrivée sur leur nouveau lieu de vie. Aujourd’hui on préfère laisser les ruches ouvertes, ce qui évite l’étouffement des colonies surtout s’il fait chaud et si le voyage dure plusieurs heures. Cependant, en cas de panne ou d’accident, les abeilles risquent de sortir et d’attaquer le chauffeur et les habitants alentours.
Le déplacement des ruches entre départements est soumis à la même réglementation que celui des troupeaux de moutons ou de vaches. Les apiculteurs qui veulent transhumer leurs ruches doivent le signaler à la direction des services vétérinaires de leur département afin d’obtenir une carte annuelle d’apiculteur pastoral. L’état sanitaire de leur rucher est inspecté et à la veille du départ, un « certificat sanitaire de provenance » leur est délivré, valable seulement 48 heures.
Les abeilles noires et les ruches troncs des Cévennes
Une ruche tronc est un modèle d’apiculture très ancien directement inspiré du processus de nidification des abeilles dans des troncs d’arbres creux. Au fil des siècles et des millénaires, ce savoir-faire dérivé de l’observation de la nature s’est enrichi et a conduit à la constitution de ruchers troncs, des ensembles architecturaux de taille variable selon les ressources du milieu et pouvant regrouper jusqu’à plusieurs centaines de ruches.
Ces ensembles de ruches troncs, appelés en Cévennes « apio » existent toujours, à l’état de traces ou en cours de restauration et de repeuplement. Ils représentent souvent le résultat de plusieurs siècles de travail, de générations et de générations d’apiculteurs de la montagne. Ils abritent encore quelques colonies d’abeilles noires résistantes qui ont survécu à une phase d’abandon partiel ou total de ces ruchers.
A voir Site de l’association l’Arbre aux Abeilles : http://www.ruchetronc.fr
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