Philippe Ier est excommunié pour avoir enlevé sa maîtresse
Posté par francesca7 le 25 septembre 2015
18 novembre 1095 : En début d’année 1092, venant à Tours pour s’entendre avec le comte d’Anjou au sujet d’intérêts communs, le roi Philippe Ier se prit de passion pour Bertrade de Montfort, épouse de Foulques IV le Ré- chin, et lui rendit des hommages auxquels celle-ci ne fut pas insensible. Lassé de sa femme Berthe de Hollande, il la relégua au château de Montreuil et l’y retint prisonnière. Puis en mai, il enleva Bertrade, avec la complicité de la jeune femme, qui faussa compagnie à sa suite. Ils envisagèrent de se marier. Le roi fit valoir auprès de l’archevêque de Reims le degré de parenté existant entre lui et son épouse Berthe de Hollande. S’il obtint la séparation, ce fut contre l’avis d’une partie du clergé dirigée par l’évêque Yves de Chartres, qui, informé de son futur mariage, lui fit regarder celui-ci comme incestueux. Bertrade était en effet parente de Philippe du cinquième au sixième degré.
À la veille de leurs épousailles, les deux amants ne trouvèrent aucun prélat qui osât leur donner la bénédiction nuptiale. Philippe parvint à gagner par quelques présents la complaisance de l’évêque de Bayeux, Eudes, frère de Guillaume le Conquérant. En octobre 1092, Bertrade et le roi furent ainsi mariés. Dès lors, Philippe Ier devint la cible commune de Foulques et d’Yves de Chartres. Le comte d’Anjou protesta que sa femme lui avait été ravie, l’évêque déclara que Bertrade était « une autre Jézabel désirant renverser les autels et tuer les prophètes » et en référa au Saint-Siège. Pendant deux ans, il dirigea de constantes attaques contre le couple royal. Le 18 novembre 1095, le concile de Clermont prononça l’excommunication des deux souverains. Afin d’assouplir la situation, Urbain II promit à Philippe de lever la mesure de son légat s’il renonçait à Bertrade. Le roi s’y engagea. Cependant, Bertrade, désireuse de conserver sa place de reine, décida de lutter jusqu’au bout contre les foudres de l’Église.
Elle profita d’abord de la ré- conciliation de son époux avec le Saint-Père pour faire donner l’évêché de Paris à son frère, Guillaume de Montfort. Puis elle usa d’adresse pour s’unir à nouveau au roi, en 1097, au mé- pris de l’engagement solennel pris par celui-ci. Rome jeta alors l’interdit sur le royaume de France, et jusqu’en 1104, enchaîna les censures et les absolutions selon la conduite et les promesses de Phi- lippe. Bertrade fut sommée de s’éloigner de son mari. En 1104, une réunion d’évêques à Beaugency décida de lui envoyer Lambert, évêque d’Arras, pour exiger son serment de renoncer au roi. En décembre, l’excommunication fut levée mais on ne toléra la réunion des deux époux qu’à condition qu’ils s’abstiennent de toute relation charnelle.
Vers la fin de sa vie, choisissant, en raison de ses fautes, de ne pas être inhumé à côté de ses ancêtres à la basilique de Saint-Denis, Philippe Ier obtint la faveur d’être inhumé à l’abbaye de Fleury, auprès de saint Benoît, « le pieux père qui accueille avec bienveillance les pécheurs qui veulent se repentir et se réconcilier avec Dieu, selon la discipline de sa Règle. » Quelques jours après sa mort, le 30 juillet 1108, on fit secrètement transporter sa dépouille à Fleury. En 1112, le frère de Bertrade, Amaury III de Montfort, fonda pour elle le monastère des Hautes-Bruyères, dans le diocèse de Chartres, près de Montfort. La veuve de Philippe Ier, répondant à l’invitation de Louis VI, s’y retira en 1115 et prit le voile en 1117.
Extrait des Petites anecdotes insolites de l’Histoire de France
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