Un parler fruité pas que poétique
Posté par francesca7 le 21 septembre 2015
‘expression
Avoir la banane, avoir le melon, la peau d’orange, tomber dans les pommes, presser le citron, se fendre la poire… Un grand nombre d’expressions botaniques ne nécessitent pas d’explications de textes. La métaphore parle d’elle-même. D’autres, en revanche, font référence à une histoire ou une caractéristique précise qui mérite le détour. Comment ramener sa fraise sans être aux fraises…
Avant de finir par sucrer les fraises, triste sort que le boom des maladies neurodégénératives nous promet, « allons aux fraises »… D’où nous vient cette manière subtile de dire à un ou une partenaire de s’isoler pour un moment coquin ? De ce temps pas si lointain où l’on ne trouvait dans nos contrées que de délicates fraises des bois. La grosse fraise actuelle, bien moins savoureuse que cette petite, n’a été rapportée des Amériques qu’au XVIIIe siècle, époque à laquelle il était plus facile de trouver un fraisier dans un bois tranquille (et propice aux galipettes) que dans un jardin. Si vous allez aux fraises, Monsieur vous demandera peut-être de lui « lâcher la grappe » (expression très virile à l’origine), et Madame vous offrira son petit abricot…
De la même façon, dire « Je t’apporterai des oranges » nous rappelle qu’avant que nos rayons fruits et légumes n’en regorgent, et jusqu’à l’apparition du réseau des chemins de fer au XIXe siècle, l’orange était un fruit rare en France. On ne la consommait qu’en bordure de la Méditerranée : plus au nord, c’était une gourmandise que l’on offrait à Noël (les martphone de l’époque) ou que l’on servait exceptionnellement dans les cantines militaires, les hôpitaux ou les prisons pour rompre la monotonie des repas roboratifs.
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