PRENDRE DU POIL DE LA BETE
Posté par francesca7 le 19 septembre 2015
On a tout dit sur la santé quand on a rappelé qu’il vaut beaucoup mieux être riche et bien portant que pauvre et malade. Jusqu’au XVIIè siècle au moins la médecine agissait selon ce bon vieux précepte. Les docteurs étaient savants ; ils se référaient exclusivement à Aristote et aux textes des praticiens grecs et latins, avec leur maître Esculape. Si les maladies étaient bénignes, les gens guérissaient, avec la protection des saints qu’ils invoquaient, en plus, copieusement, si elles était graves ils mouraient, avec la bénédiction des mêmes. Toute proportion gardée pour ce qui concerne la notion de gravité et le culte des saints, les choses ne sont pas très différentes aujourd’hui.
Prendre du poil de la bête : Expression remarquable, qui de nos jours est comprise comme une marque de vitalité animale dans la santé reconquise, visible au lustre du poil et à la bonne mine du convalescent – Oh mais je vois que vous avez repris du poil de la bête !
Ce n’est pas exactement son sens véritable. Cette façon de parler constitue l’héritage d’une ancienne croyance qui remonte aux Romains, selon laquelle il fallait poser sur la plaie un poil du chien qui vous avait mordu. Autrement dit, guérir le mal par le mal.
On disait autrefois « Aller au poin du chien » ou »retourner à la bête » : refaire ce qui nous a bléssé ou provoqué du désagrément. les Anglais, restés près de la tradition antique, disent : « take a hair of the same dog that bit you (prenez un poil du chien qui vous a mordu), etl’apppliquent volontiers au remède bien connu qui consiste à avaler un verre d’alcool le lendemain d’une suite pour chasser la gueule de bois.
C’st dans ce sens que l’expression étati également employée chez nous, comme l’explique Furetière en d’autres termes : « On dit aussi à celui qui a mal à la t^te le lendemain qu’il a fait la débauche, qu’il fautreprendre du poil de la bête, qu’il faut recommencer à boire ». Le dicotn était en usage dès le XVè siècle :
Il fault retourner aux bons vins
comme à la best
Qui vous amis ces tintouins
Et ce mal dans la teste (Basselin)
Plus tard Rabelais faisait lui aussi l’amalgame de la morsure et du flacon dans cette sentence célèbre :
- remède contre la soif ?
- il est contraire à celluy qui est contre la morsure de chien : courrez toujours après le chien, mais ne vous mordera ; bevez tousjours avant la soif, et jamais ne vous adviendra.
Extrait de La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton
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