Une étape bretonne pour Compostelle
Posté par francesca7 le 29 août 2015
La chapelle de Lizio,
L’âge d’or des tisserands – Pendant longtemps le pays de Lizio fut très pauvre. La terre était ingrate, les familles vivaient chichement en élevant quelques moutons et vaches sur les landes. La plupart des habitants vivaient dans des maisons en bois. Or, voici qu’un jour à Lizio les paysans apprirent à cultiver le lin et le chanvre et à tisser. Toute la région de Malestroit, Ploërmel et Josselin se mit à fabriquer des draps que des courtiers allaient vendre en Angleterre et en Espagne. Au cours de cette période de prospé- rité, paysans et tisserands s’enrichirent et commencèrent à construire des maisons en pierre. C’était dans les années 1620-1720. Une période de reconstruction intensive et de renouveau spirituel s’ouvrit pour la région. Les trois édifices religieux de Lizio, l’église paroissiale, la chapelle Sainte-Catherine et une chapelle de dévotion près du manoir de la Ville Guéhard, datent de cette période
À 300 mètres de l’arrivée, le pèlerin trouvera tout d’abord, une imposante borne comportant plusieurs inscriptions. Elle indique les directions de Josselin, Le Roc, Malestroit d’une part et de Serent, Tromeur et la ville Guéhard d’autre part. Entre les deux, on lit : «chemin du ciel et de 1763». Inscription énigmatique, mais qui donne un premier indice sur l’invitation qui est faite au passant. C’est un premier signe qui indique qu’il faut lire entre les lignes. L’inscription 1 763 ainsi que d’autres que l’on découvrira au cours du parcours semblent indiquer une date. Mais le nombre peut signifier autre chose que le chiffre. Voilà un premier clin d’œil qui nous invite à nous pencher sur la symbolique des nombres. Voyons pour exemple ce que signifie 1763. Le nombre 4 étant celui de la matière, on a traditionnellement utilisé, pour symboliser la terre, un carré de 4 x 4, ce qui permet de dire que 16 est le nombre de la Terre. Par ailleurs, les bâtisseurs utilisaient le «carré long » qui est en fait un double carré de côté = 3. Habité par le chiffre 3, symbole de l’esprit, ce carré long de 6 x 3 avait pour surface 18, qui est donc considéré comme le nombre du Ciel. Seize étant l’en bas et dix-huit l’en haut, 17 est le passage de l’un à l’autre c’est-à-dire la Porte. Quant à 63, il faut le lire de droite à gauche, comme l’écriture arabe, donc 36, c’est-à-dire 18 + 18. Pythagore et Platon l’appelaient le nombre parfait ou la grande Tetraktys qui donne la connaissance de soi et du monde. C’était donc également un chiffre du ciel. La pierre indique par conséquent : «le chemin du ciel et de la porte du ciel» Par cette formule est annoncée la proximité d’une chapelle.
Au Moyen Âge, il était courant de dire les choses par énigmes, devinettes, rébus, proverbes… Pour piquer la curiosité, on ne craignait pas de «chiffrer» un message, de mélanger français, latin, grec ou hébreu, de transformer des lettres, de jouer avec les mots, de les mettre à l’envers, d’écrire les nombres arabes à la manière des Arabes. Le chemin proposé au pèlerin avait pour but la remise en forme du corps après une marche fatigante de 30 km. Le parcours comportait trois parties : – Le tour de la chapelle, le passage à la fontaine pour la remise en forme du corps. C’est ce que les latins appelaient la recreatio.
- Le tour du narthex sous la forme de ce qu’on appelait le chemin de Jérusalem pour l’ouverture de l’esprit. C’était la dilatatio mentis.
- L’entrée dans la nef et la fin du parcours, sur le modèle de l’arbre des Séphiroth de la tradition hébraïque pour l’ouverture du cœur, en latin la dilatatio cordis.
La circumambulation Le parcours se fait dans le sens inverse du parcours du soleil ; c’est une démarche involutive. Il est en quelque sorte proposé au pèlerin de remonter le temps, de retrouver ses origines.
C’est ce que font les pèlerins musulmans autour de la Kaaba à La Mecque. Nous ne pouvons ici reproduire la totalité du parcours proposé. Il faudra pour cela vous procurer la brochure publiée par Auguste Coudray. Nous allons toutefois vous en donner quelques aperçus. Le chemin commence au pied de l’escalier, à droite lorsque l’on regarde la chapelle. Nous allons dès le départ être invités à regarder tantôt vers la terre, tantôt vers le ciel, Le chemin oblige à s’arrêter fréquemment, parce qu’il faut enjamber une pierre, comprendre une énigme, accomplir un rituel. Le parcours, fait avec le calme qui convient, permet à l’organisme de se recharger en énergie positive. On doit tantôt lever les yeux vers le ciel pour voir ce qui est en haut, le clocher ou une inscription, tantôt baisser les yeux vers le sol pour voir les pierres, le fond du bassin, l’eau qui s’écoule. Le pèlerin est ainsi amené à tisser des liens invisibles entre le haut et le bas, retrouvant par ces gestes sa juste place. Dans un lieu sacré, nous sommes invités à considérer le moindre signe ou geste comme chargé de sens. Ainsi, il nous est proposé de toucher deux types de pierres. En touchant le schiste, dont la formation par sédimentation a commencé il y a 800 millions d’années au fond des fleuves, nous sommes en quelque sorte replongés dans les eaux primordiales. En touchant le granit, issu du centre incandescent de la terre, nous sommes ramenés à une époque encore plus ancienne.
source Sacrée Planète 2015
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