Pierre Mendès-France bac en poche à Quinze ans
Posté par francesca7 le 21 août 2015
Seize ans : Sciences Po ! Dix-sept ans : adhésion au parti radical, opérations coup de poing contre les Camelots du roi et l’Action française. Dix-neuf ans : plus jeune avocat de France. Service militaire dans l’aviation. En 1932, élu député de l’Eure – plus jeune député de France.
Vous l’avez reconnu, il est né le 11 janvier 1907 à Paris : Pierre Mendès France. En 1938, il fait partie du deuxième gouvernement du Front populaire, Léon Blum l’ayant nommé sous-secrétaire d’État au Trésor. Aviateur pendant la campagne de France en 1940, il part ensuite avec d’autres parlementaires afin de continuer la lutte au Maroc. Rapatrié, il est arrêté et condamné au terme d’un procès inique.
Il s’évade et rejoint Londres en février 1942. Il retrouve son escadrille lorraine en 1943, participant à des combats dans la Ruhr et dans le nord de la France. En 1943, de Gaulle l’appelle afin de lui confier le poste de commissaire aux Finances du Comité français de libération nationale. En 1944, Mendès est ministre de l’Économie du gouvernement provisoire. À son plan de rigueur, de Gaulle préfère celui de René Pleven qui prône la relance par l’emprunt et la fiscalité.
En 1953, il échoue à la présidence du Conseil. Il reçoit alors le soutien d’un nouveau magazine hebdomadaire, L’Express, fondé par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud. Cet hebdomadaire – lieu de rencontre des trois M : Mendès, Mauriac, Malraux – va mobiliser l’opinion en sa faveur.
Le 18 juin 1954, Pierre Mendès-France est investi à la présidence du Conseil. Il conçoit son action gouvernementale comme un contrat avec la Nation, la considérant adulte et jugeant qu’il n’est pas utile de lui cacher les difficultés auxquelles elle doit faire face. Chaque samedi, il s’adresse simplement aux Français à la radio. Pour lui, la conjoncture de l’époque nécessite la décolonisation : il règle la crise indochinoise, commence son action en faveur de l’indépendance des États africains, mais la guerre d’Algérie va avoir raison de lui.
Le 5 février 1955, après sept mois et dix-sept jours de présidence du Conseil, il démissionne, l’Assemblée lui ayant refusé sa confiance. Président du parti radical, il devient ministre d’État du gouvernement Guy Mollet en janvier 1956, mais démissionne en mai, n’approuvant pas la politique menée en Algérie. Soutien de Mitterrand en 1974 et 1981, il s’engage pour la paix au Proche-Orient, organise des rencontres entre Israéliens et Palestiniens.
Le 18 octobre 1982, il s’éteint à sa table de travail. Le pays tout entier lui rend hommage en lui faisant des funérailles nationales.
Très tôt opposé dès les années 1920 à l’Action française, Pierre Mendès France continue toute sa vie à lutter contre l’extrême droite. Il a été le seul député à s’opposer à la participation française aux Jeux olympiques de Berlin en 1936. « Les jeux olympiques, que les nazis présentent déjà comme leur triomphe, vont s’ouvrir à Berlin. La France doit-elle participer à ces fêtes qui seront celles du racisme autant que du sport ? Mendès, comme les communistes, estime qu’il faut s’y refuser. Mais au moment du vote des crédits à l’Assemblée nationale, Maurice Thorez et ses amis se réfugient dans l’abstention (l’électorat ouvrier ne comprendrait pas). Seul PMF vote contre. »
Pierre Mendès-France a été toute sa vie une cible de l’antisémitisme. Le sommet en est atteint lorsqu’en 1940, Pierre Mendès France est accusé par le régime de Vichy de désertion pour s’être embarqué à bord du Massilia. Selon Éric Roussel, président de l’Institut Pierre Mendès-France, cela l’a marqué pour toujours.
Après la guerre, il continue d’être visé par les antisémites et l’extrême droite. Outre les attaques sur sa politique économique, financiaire et ses positions européennes critiquées vertement par le « lobby betteravier, c’est-à-dire les MRP, la droite du parti radical et l’extrême droite », c’est aussi au juif Mendès que l’on s’en prend. « À l’époque où l’antisémitisme servait de toile de fond à une campagne basée sur le progressisme, au début de l’été 1954, Jacques Fauvet rapporte que des parlementaires (dont un de bonne foi) répandent, photocopie à l’appui, l’idée que Mendès portait un faux nom, qu’il s’appelait en réalité Cerf, et qu’il comptait un traître dans son gouvernement : François Mitterrand. » C’est d’abord à Mitterrand que s’en prend l’avocat d’extrême droite Jean-Louis Tixier-Vignancour, avant de considérer qu’il faut « frapper plus haut ». En 1956, quand Mendès France se désolidarise de l’action franco-anglaise sur le canal de Suez, on l’insulte, on le menace, on crie : « À Moscou! » et Tixier : « À Tel-Aviv! ».
Ses origines juives, ses positions sur la décolonisation et sa politique de fiscalisation des bouilleurs de cru font de Pierre Mendès France l’une des cibles favorites de l’extrême droite et du mouvement poujadiste. Pierre Poujade lui lance ainsi, en 1955 : « Si vous aviez une goutte de sang gaulois dans les veines, vous n’auriez jamais osé, vous, représentant de notre France producteur mondial de vin et de champagne, vous faire servir un verre de lait dans une réception internationale ! C’est une gifle, monsieur Mendès, que tout Français a reçue ce jour-là, même s’il n’est pas un ivrogne. » En effet, en 1954, Pierre Mendès France, alors Président du Conseil, organise la distribution de lait dans les écoles et casernes de France.
Le 11 février 1958, il se fait violemment prendre à partie à l’Assemblée nationale par le jeune député d’extrême-droite Jean-Marie Le Pen : « vous savez bien, monsieur Mendès France, quel est votre réel pouvoir sur le pays. Vous n’ignorez pas que vous cristallisez sur votre personnage un certain nombre de répulsions patriotiques et presque physiques ».
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Mend%C3%A8s_France
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