Récolte de lin pour la Normandie
Posté par francesca7 le 10 août 2015
Les producteurs de lin sont en pleine récolte. 80% de la production mondiale de lin est cultivée de Bayeux à Dunkerque. C’est donc une petite mine d’or pour la Normandie. Pour son 50e anniversaire, la Coopérative Linière du Nord de Caen ouvre ses portes au public avec une exposition.
Après la réunification, la Normandie sera la première région productrice de lin au monde.
Le lin tisse sa toile en Normandie
Réintroduit dans la région au XXe siècle par des agriculteurs des Flandres, le lin normand est surtout cultivé :
— en Seine-Maritime (Pays de Caux),
— dans l’Eure (plateaux de St André et du Neubourg, Pays d’Ouche)
— en Plaine de Caen.
La Normandie représente 64 % des surfaces françaises cultivées en lin textile (dont 85 % en Haute-Normandie).
Le lin : pourquoi faire ?
La totalité de la plante peut être valorisée dans l’industrie. Avec le lin, on peut fabriquer des vêtements mais pas seulement :
— des raquettes de tennis, des skis.
— Certains avions sont déjà équipés de sièges en fibre de lin.
— Le bâtiment, la plasturgie ou la papeterie…
— Le nautisme : planches de surf ou prototypes de bateau
Pourquoi les chinois se ruent-ils sur le lin normand ?
On le sait moins mais l’industrie textile chinoise peut aussi faire la fortune de patrons français et fait prospérer toute une filière. « La Chine a sauvé le lin, résume un patron du secteur. Chez nous, c’était un produit de luxe, trop cher, qui se vendait mal. On était près de tomber. Et tout à coup, c’est remonté. » explique-t-il à Libération.
Près de 90% de cette récolte part pour les filatures chinoises.
La Chine, très friande de ce produit, parvient difficilement à le cultiver sur ses sols et se tourne vers La Normandie. où le lin se cultive bien en quantité et en qualité. Ses atouts ? « Le terroir, le climat, avec l’alternance de pluie et de soleil, le savoir-faire du liniculteur dans une région où le lin est produit depuis le IXe siècle, énumère un industriel normand. Les Chinois ont énormément de retard à cause de facteurs climatologiques qu’ils ne pourront jamais corriger. »
Informations pratiques :
Exposition « L’histoire du lin d’hier, d’aujourd’hui et de demain » jusqu’au 29 août de 14h00 à 18h00 du lundi au samedi.
Coopérative Linière du Nord de Caen — Route de Buron à Villons-les-Buissons
Pauline Latrouitte
France 3 Basse-Normandie
Le lin est historiquement l’une des premières espèces cultivées. La plus ancienne fibre au monde est celle du lin trouvée dans la grotte de Dzudzuana en Géorgie remontant à 36 000 ans.
Le berceau de sa domestication reste encore incertain mais c’est sous l’Égypte des pharaons que l’usage du lin a commencé à se développer : sa production, attestée il y a plus de 6 000 ans, servait à confectionner vêtements, tissus funéraires, voiles de bateaux, cordages ou filets. Les graines étaient consommées pour leurs qualités nutritives.
La culture du lin a ensuite essaimé de proche en proche au cours de l’époque néolithique, jusqu’à l’Europe, grâce aux Phéniciens, hardis navigateurs de l’Antiquité.
En France, les Gaulois auraient cultivé le lin dans la vallée de la Lys bien avant la conquête des Gaules par Jules César. Le lin a été introduit par Charlemagne - il fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux dans le capitulaire De Villis (fin du viiie ou début du ixe siècle) – et c’est à partir du xie siècle que son utilisation s’est généralisée. La Tapisserie de Bayeux est l’exemple le plus célèbre de la présence du lin à cette époque.
En ce temps là, le lin était considéré comme une plante magique associée à la magie blanche. Au XIIIe siècle, l’école de médecine de Salerne indique que « rôties, les graines de lin sont diurétiques et apéritives ».
Au xiiie siècle, sa culture s’est développée dans les Flandres, la Bretagne et l’Anjou.
C’est au xviie siècle que l’utilisation du lin a atteint son apogée. Il entrait alors dans la fabrication des toiles fines de Cambrai, des toiles dites « Bretagne superfine », des dentelles comme celles du point d’Alençon, des blouses, des chemises, des mouchoirs. Les surfaces cultivées ont atteint 300 000 ha, avec un rendement de 600 kg de fibres par hectare. Louis XIV, par l’abolition de l’édit de Nantes, entraîne l’exil de nombreux huguenots qui ont emporté avec eux leur savoir-faire de la liniculture en Irlande (avec son berceau Lisburn), en Suisse ou aux Pays-Bas. L’importation de grands volumes de coton a vu cette fibre remplacer progressivement le lin au cours du xviie siècle (à la fin de ce siècle, 18 % des fibres textiles étaient en lin, 78 % en laine).
Au début du xixe siècle, c’est Philippe de Girard qui, avec son invention de la machine à filer le lin, a permis au nord de la France de devenir l’un des premiers centres de filatures industrielles d’Europe, comme avec la batiste originaire de Cambrai.
Au xixe siècle, la filature et le tissage sont entrés dans l’ère de l’industrialisation. En France, les petits lots produits dans les fermes ne convenaient plus aux industriels et les surfaces de lin ont chuté à 100 000 hectares. Ce déclin a été accentué par l’utilisation intensive du coton. La production française n’était plus que de 20 000 ha avant 1945.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’arrivée en France d’agriculteurs belges a relancé la culture du lin et les surfaces cultivées ont atteint 50 000 ha. Les décennies suivantes ont vu l’apparition de la mécanisation agricole et de la création variétale ainsi que le perfectionnement du teillage.
Aujourd’hui, en France, la culture représente entre 55 000 et 75 000 ha selon les années et le lin n’a rien perdu de son caractère noble et naturel, alliant savoir-faire techniques et modernité.
Les fibres sont des cellules situées dans la tige entre l’écorce et le « bois ». Les fibres forment des massifs, ou faisceaux, disposés en un arrangement circulaire autour du bois. Dans la direction longitudinale, les fibres sont collées les unes aux autres, très fortement soudées par un ciment interstitiel, de telle sorte que les faisceaux fibreux présentent une longueur sensiblement égale à celle de la tige. Dans la section complète de la tige, on compte 20 à 40 faisceaux composés chacun de 20 à 40 fibres. La longueur des fibres varie entre 10 et100 mm, et leur diamètre varie de 20 à 40 microns. À maturité des plantes, les fibres représentent environ 25 % de la masse sèche des tiges.
Les fibres ont une structure tubulaire à faible élasticité (allongement à la rupture de 1 à 2 %) et à forte ténacité (l’une des fibres naturelles les plus solides), qui assure la protection de la plante contre les intempéries, les micro-organismes, ainsi que les insectes et les herbivores.
À maturité, les cellules fibreuses sont complètement entourées des différentes couches formant les parois. De l’extérieur vers l’intérieur on distingue la paroi primaire PI, puis les trois couches S1 à S3 de parois secondaires.
Les parois secondaires qui assurent l’essentiel des propriétés mécaniques des fibres sont composées de microfibrilles de cellulose unidirectionnelles, entourées de polysaccharides matriciels, tels que les pectines ou les hémicelluloses.
La cellulose est un homopolysaccharide composé d’unités β-D-glucose liées entre elles par une liaison (1,4). Les différentes chaînes de cellulose sont reliées par des liaisons Hydrogène reproduites de façon très régulière entre les groupements OH des différentes chaînes. Les pectines sont les polysaccharides les plus importants avec la présence de galactanes et de rhamnogalacturonanes de type I. Les hémicelluloses sont essentiellement des β-1-4 glucanes, mais également des glucomannanes, galactomannanes…
Le rôle des pectines est, d’une part, d’assurer la cohésion entre les faisceaux de fibres en formant un complexe avec les ions calcium et, d’autre part, dans la paroi secondaire, de constituer une matrice enrobant les microfibrilles de cellulose. Les fibres comportent également d’autres polymères chargés négativement, et des protéines (notamment riche en glycine). La composition des fibres varie selon l’origine et la variété de la plante.
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