Parce qu’il ne reste plus de descendant mâle de la branche aînée des Bourbons, et que ce sont les Orléans qui risquent de monter sur le trône, Louis XVIII a décidé de marier son neveu – qui est le fils du futur Charles X –, le duc de Berry, à Marie Caroline de Naples qui appartient à la famille des Bourbons-Sicile et descend, par sa mère, de la Maison des Habsbourg ! La rencontre entre Marie-Caroline et le duc de Berry a lieu en forêt de Fontainebleau, au carrefour de la croix Saint-Herem.
Marie-Caroline est belle. Pleine de grâce et de légèreté, elle séduit tous ceux qui l’approchent, et, ce jour de juin 1816, lorsque, délaissant tout protocole, elle court se jeter aux pieds du roi et du duc de Berry, les témoins de cette rencontre sont à la fois attendris et conquis par celle qui pourrait devenir reine de France. Le 17 juin 1816 a lieu le mariage dans la cathédrale Notre Dame. Trente-six carrosses dorés, décorés de plumes, prennent ensuite la direction des Tuileries !
C’est le bonheur. Marie-Caroline rayonne ! Elle conquiert bientôt le coeur de la France entière ! La tragédie du 13 février 1820 la jette dans l’ombre jusqu’en 1832 où elle tente de revenir sur la scène politique pour assurer l’avenir de son fils le comte de Chambord. Après avoir débarqué dans des conditions difficiles à Marseille, elle rejoint la Vendée où elle espère rallier de nombreux partisans.
Mais les temps ont changé : ils ne se manifestent guère ! Entrée dans la clandestinité, elle vit en nomade, de château en château, de ferme pauvre en grange à foin. Elle se réfugie enfin dans une soupente à Nantes où, trahie, elle est arrêtée puis conduite en détention à Blaye. Déshonorée parce que mère en 1833 d’une fille de père inconnu, elle est privée d’avenir politique. Elle meurt en 1870.
Marie Caroline Ferdinande Louise de Naples et de Sicile, duchesse de Berry, est née à Caserte en 1798 et morte au château de Brunnsee près de Mureck en Styrie en 1870.
Épouse de Charles Ferdinand d’Artois, duc de Berry, fils de Charles X, elle est la mère du comte de Chambord Henri d’Artois, prétendant légitimiste au trône de France.
Au nom de son fils le comte de Chambord, elle tenta en vain de prendre le pouvoir en France en 1832 en qualité de « régente ».
La duchesse s’intéressa à de nombreux domaines artistiques.
Comme son époux qui présidait la Société des Amis de l’Art, la princesse fut une grande mécène, encourageant par ses multiples achats dans les Salons de nombreux peintres et favorisant la production artistique et littéraire d’un grand nombre de musiciens et d’hommes de lettres.
Elle apporta également un parrainage actif à de nombreuses manufactures ainsi qu’à beaucoup de maisons de commerce ou ateliers d’artisanat, souhaitant ainsi favoriser l’essor économique du pays.
Mais son extrême générosité – elle fut surnommée « la bonne duchesse » – est moins connue; elle se manifesta par le soutien très actif qu’elle apporta tout au long de sa vie, même en exil, à de multiples organisations et associations aussi bien qu’aux victimes de catastrophes naturelles, nécessiteux ou anciens serviteurs de la monarchie.
La vente aux enchères publiques « Noblesse Oblige » organisée par la maison Sotheby’s à Londres le 14 avril 2011 a dispersé 70 objets et souvenirs historiques lui ayant appartenu, parmi lesquels :
- son meuble d’aquarelliste orné d’une plaque en bronze doré sertie des miniatures de la duchesse et de ses deux enfants ;
- une plaque commémorative de son mariage en porcelaine de Sèvres (1816) ;
- le vaisseau en argent sur son socle en bois clair offert par la ville de Bordeaux à la naissance de son fils (1820) ;
- trois bustes en biscuit de Sèvres d’elle et de ses enfants ;
- son dernier service à café en porcelaine de Vienne ;
- des sièges en acajou provenant du château de Rosny.
- Le 25 mars 2013, c’est un bureau à cylindre entièrement incrusté de fleurs de lys et portant un médaillon marqueté à son chiffre, et une paire de vases en porcelaine ornés de médaillons en « biscuit » aux profils du duc et de la duchesse (Paris, Denuelle, vers 1823), offerts par elle à son amie la comtesse Leray de Chaumont et demeurés depuis dans sa descendance, qui seront vendus par Me Fraysse et Jabot, commissaires-priseurs, à l’hôtel des ventes de Tours.
Le 18 novembre 2009, une boîte en or du maître-orfèvre parisien Morel, ornée d’une miniature de Duchesne (1770-1856) représentant la duchesse de Berry, offerte par elle le 18 juillet 1828 au vicomte du Hamel, maire de Bordeaux, en remerciement de l’accueil royal de la ville lors de sa « mission » de propagande politique précitée, qui avait été depuis conservée par les descendants sans avoir été exposée, a été vendue aux enchères à Bordeaux à un collectionneur de souvenirs historiques pour la somme de 35 980 euros, au double des estimations (reprod. dans La Gazette de l’Hôtel Drouot no 250, du 27/11/2009, p. 250 ).