METTRE LA CHARRUE AVANT LES BŒUFS
Posté par francesca7 le 17 juillet 2015
EXPRESSION FRANCAISE
Je ne cite cette expression que pour mémoire et parce qu’elle paraît être la seule à venir plus ou moins directement du monde du travail – encore que par l’absurde, ou peut-être justement à cause de son absurdité. Il faut dire aussi que la charrue est tellement chargée de symboles (la paix, le travail, et même le phallus qui fertiliser la terre femelle), outil à la fois virgilien et biblique, qu’elle a toujours eu sans peine droit à de cité dans le langage.
« Ils forgeront leurs épées en socs de charrue, et leurs lances en faucilles », dit Isaïe, pronostiquant un monde meilleur.
La charrue harmonieusement tirée par les bœufs est depuis toujours l’image même de la logique, de la cause avec son effet ; inverser les éléments engendre l’absurde. Car la forme originale de la locution est mettre la charrue devant les bœufs. C’est ainsi que l’emploie Rabelais en transformant la charrue en « charrette » dans l’enfance de Gargantua, lequel, entre autres incohérences, « mettoyt la charrette devant les boeufz ».
C’est à cause de l’ambiguïté de devant, qui pendant longtemps a voulu dire soit « avant », comme dans « ci-devant », soit devant, « en face », que l’on afin par interprêter « avant les boeufs » et donner à l’expression le sens de faire les choses dans le mauvais ordre, généralmeent poru vouloir trop se presser. L’idée d’incohérence semble plus fort dans cette phrase d’un Arrêt d’amour du XVè siècle : « tournant à chaque propos la charrue contre les boeufs ».
Extrait de : La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton
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