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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

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Le recyclage ne date pas d’hier

Posté par francesca7 le 30 juillet 2015

 

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Voici plus d’un siècle, et devant les quantités importantes de déchets domestiques abandonnées aux poubelles comme denrées négligeables, ingénieurs et médecins s’interrogent quant à la possibilité de les recycler utilement, les premiers y voyant matière à fournir l’électricité nécessaire tant aux usagers qu’aux tramways, les seconds aspirant à collecter certains débris de viande ou de légumes mal exploités, en vue de confectionner des repas pour les miséreux

On a posé récemment sur les grands boulevards des corbeilles où les passants sont invités à déposer les papiers qu’ils ont l’habitude de jeter sur la chaussée, écrit Jean Frollo, du Petit Parisien, en 1908. Jusqu’à présent, il faut constater que le succès n’a pas répondu à cet effort, mais il n’est point hors de propos d’ajouter que l’initiative de la voirie a été accueillie sans mauvaise humeur. Il en fut tout autrement au moment où les « poubelles » firent leur apparition. Les chiffonniers se crurent ruinés ; il y eut des meetings de protestation, des articles virulents dans les journaux, même une interpellation à la Chambre. Puis le silence se fit et tout rentra dans l’ordre. Aujourd’hui on n’en parle plus.

Cependant, ces jours-ci, on a reparlé des poubelles. Les ingénieurs d’un côté, les médecins de l’autre se sont avisés de réclamer le contenu de ces boîtes. Modestes comme ils le sont, les médecins prétendent seulement pouvoir sustenter tous les miséreux de la capitale avec les déchets de notre vie domestique. Les ingénieurs ont des visées plus hautes. Dans les usines d’électricité, disent-ils, on brûle de la houille pour faire marcher les dynamos qui fabriquent de l’énergie électrique. Livrez-nous vos poubelles et à ce prix, c’est-à-dire en brûlant leur contenu dans nos usines, nous nous faisons forts de vous chauffer, de vous éclairer et de faire marcher vos tramways et votre métro, tout cela à l’électricité.

L’offre est tentante. Mais auriez-vous jamais pensé que nos poubelles renfermaient de telles richesses ? Serait-il donc vrai qu’en abandonnant nos boîtes aux chiffonniers et aux « boueux », nous nous livrons à un véritable gaspillage ? Médecins et ingénieurs sont d’accord sur ce point. Toutefois, ce reproche est-il justifié ? Je ne saurais mieux répondre à cette question, explique notre journaliste, qu’en vous racontant comment les choses se passent ailleurs, à l’étranger, à Munich, par exemple.

A Munich, l’enlèvement des ordures ménagères se fait par les soins d’une société industrielle. Tous les matins, ses voitures parcourent la ville, vident les boîtes placées devant les maisons et s’en vont avec leur chargement à Puchheim, petite localité voisine où se trouve l’usine de cette société. Une fois là, les voitures sont déchargées et leur contenu passe successivement à travers une série de passoires gigantesques à mailles de plus en plus serrées. Automatiquement et à des intervalles réguliers, ces passoires se renversent sur des « tables », espèces de larges lanières en cuir qui courent à côté. Masqués et gantés, des ouvriers et des ouvrières, revêtus d’un costume spécial, font, sur ces lanières, le tri des objets qui passent devant eux.

Tous les jours on rampasse ainsi quatre à cinq cents kilos de croûtes de pain, qu’on vend comme comestible pour les bestiaux. Les boîtes en fer-blanc sont lavées, laminées et expédiées en Hollande au prix de cinq cents francs le wagon. Dans un autre atelier annexé à cette usine, les débris de viande et de poisson, le cuir des vieilles chaussures sont transformés en une sorte de poussière qu’on vend comme engrais. Rincées et désinfectées dans un autre atelier, les bouteilles sont cédées à bon marché aux brasseries. Les chiffons et les vieux journaux sont pris par les fabriques de papier. Ce qui reste, après ce tri, est brûlé dans un four spécial. Et la chaleur qui se forme pendant la combustion de ces déchets est utilisée pour actionner une dynamo. On fabrique ainsi assez d’électricité pour faire marcher les moteurs de l’usine et pour éclairer la petite ville de Puchheim.

Vous avez certainement deviné que c’est précisément cet art d’accommoder les restes, qui séduit aujourd’hui nos ingénieurs. Ils veulent bien abandonner aux chiffonniers le premier tri des poubelles. Mais ils demandent que ce qui s’entasse dans les voitures des boueux, soit brûlé et transformé en électricité, comme à Puchheim. Au reste, ce n’est pas seulement à Puchheim qu’on utilise de cette façon les ordures ménagères. A Kiel, à Wiesbaden, à Manchester, ailleurs encore, la chaleur que donne leur combustion sert d’abord à chauffer l’eau des bains publics, ensuite, quand elle est transformée en électricité, à faire marcher les tramways et à éclairer les rues.

Il semble même que plus la ville est importante, plus grand est le parti qu’on peut tirer des déchets de la vie domestique. C’est ce qui ressort du moins des calculs établis par un ingénieur allemand, M. Dittmar, qui vient d’imaginer un four perfectionné, nous apprend Jean Frollo. En y brûlant les ordures ménagères, il se fait fort de fournir, aux villes de plus de deux cent mille habitants, non seulement la totalité de la lumière électrique, mais encore la moitié de la force motrice.

Voilà ce que disent, voilà ce que nous promettent les ingénieurs. Mais à leur tour les médecins, comme je l’ai dit, poursuit le journaliste, réclament nos poubelles. Eux aussi, ils les ont inventoriée, et l’on devine ce qu’ils y ont trouvé. Cependant, tout comme les ingénieurs, ils crient au gaspillage. Pourquoi, disent-ils, jeter sous là pierre à évier les feuilles de choux qui sont tout aussi nourrissantes que les meilleurs légumes ? Pourquoi aussi dédaigner les fanes de carottes, de salsifis et de navets qui sont aussi riches en fer que les épinards, dont elles ont, du reste, la saveur délicate ?

27892943Avec ces feuilles et ces fanes convenablement cuisinées une ménagère pourrait faire des soupes délicieuses. Qu elle mette encore dans cette soupe une tête de congre, de colin ou de tout autre gros poisson, et elle aura une sorte de bouillabaisse qu’aucun gourmet ne refuserait ! Cela se fait couramment en Bretagne et sur toute la côte : pourquoi ne pas imiter cet exemple à Paris et dans les autres grandes villes ? Après chaque repas on secoue la nappe et sans plus de cérémonie on balaie les miettes de pain : soigneusement ramassées et mises de côté, elles pourraient servir à confectionner, à la fin de la semaine, un pudding savoureux.

Mais ce qui exaspère les médecins c’est la façon dont le gaspillage s’opère aux Halles et dans les marchés publics. C’est par tombereaux, disent-ils, qu’on y enlève, tous les matins, des feuilles et des fanes de légumes, des débris de viande, des têtes de gros poissons. Et que fait-on avec ces montagnes de substances alimentaires ? De l’engrais. Mais aujourd’hui l’agriculteur ne veut plus de cet engrais, qui est mal assimilé par le sol, qui gêne la végétation et abîme les machines agricoles. Or en organisant des cuisines spéciales, une société philanthropique trouverait dans ces déchets de quoi nourrir, avec une dépense minimum, des milliers et des milliers de miséreux.

Philanthropie ou énergie électrique, tel est l’enjeu de la bataille qu’ingénieurs et médecins sont en train de se livrer autour des voitures des boueux. Entre les deux le choix est difficile. Je vous avoue cependant que pour ma part, conclut Frollo, il me plairait assez d’être chauffé et éclairé par ma poubelle.

D’après « Le Petit Parisien », paru en 1908

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Une balade de 90 minutes dans la nature

Posté par francesca7 le 30 juillet 2015

 

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Connaissez-vous la vitamine G ? Non ? Pourtant, chaque jour vous y avez accès gratuitement. C’est le nom trouvé par les scientifiques pour désigner les bienfaits du contact avec la nature : « G pour green ». Depuis quelques années, un nombre croissant de chercheurs s’intéressent en effet à l’impact de la nature sur notre santé, et plusieurs recherches ont déjà montré comment le contact avec la nature améliore notre santé physique. Une des études les plus connues avait révélé que les convalescents d’un hôpital bénéficiant d’une chambre avec vue sur un parc se rétablissaient bien plus vite que les autres. D’autres recherches ont depuis établi bien d’autres impacts positifs de la nature sur notre santé physique : baisse des troubles respiratoires bien sûr, mais aussi de la pression artérielle et du cortisol, l’hormone du stress, ou encore amélioration de l’immunité. Après deux journées de promenade en forêt, les effets seraient visibles durant un mois. De quoi se mettre à l’abri des microbes pour la rentrée !

Des enfants plus concentrés

Au fil des études, l’impact de la nature et des espaces verts sur notre santé mentale et nos émotions se confirme également, validant les intuitions et le bon sens populaire qui préconisent de prendre l’air pour « se changer les idées », ce qui pourrait bien nous rendre plus attentifs et performants en retour. Des scientifiques espagnols ont ainsi tout récemment montré l’impact positif des espaces verts sur la mémoire et l’attention des enfants. Le développement cognitif de plus de 2 500 enfants âgés de 6 à 10 ans a ainsi été observé à Barcelone en prenant en compte leur exposition à des espaces verts (à l’école ou près de leur domicile). Il en ressort une légère augmentation de la mémoire de travail et de l’attention des écoliers régulièrement en contact avec la nature.

De précédentes études avaient également souligné le bénéfice des espaces verts sur les enfants souffrant d’hyperactivité ou de trouble déficit de l’attention (TDAH) : une marche de 20 minutes dans un parc améliore la concentration de ces enfants – avec des effets comparables aux médicaments – contrairement à une marche en ville. De même, jouer régulièrement dans des environnements verts (gazon, arbres…) entraînerait des troubles moins sévères pour ces enfants comparés à ceux qui jouent à l’intérieur ou dans des environnements bétonnés. Et à la clé une meilleure concentration et un contrôle des impulsions.

Plus productifs et créatifs

Des bénéfices qui pourraient intéresser de près les entreprises. L’université de Melbourne en Australie vient en effet de montrer que la simple contemplation de la nature augmente la concentration et donc la productivité au travail ! Après avoir fait visionner à 150 étudiants des images d’environnement naturel (versus des images urbaines), les scientifiques ont remarqué une augmentation significative des performances des étudiants ayant bénéficié de pauses vertes, ne serait-ce que pendant quelques secondes. Simple, gratuit et efficace. De précédentes études avaient également montré que la présence de plantes au bureau était significativement corrélée à la productivité et à la réduction des arrêts de travail ou encore qu’avoir une fenêtre donnant sur la verdure diminuait le stress des employés.

Outre la productivité ou la réduction du stress, le contact avec la nature réveillerait également notre créativité. À tel point qu’une immersion en pleine nature durant quatre jours pourrait augmenter de 50 % celle-ci d’après des psychologues de l’université du Kansas aux États Unis, qui ont mené l’expérience auprès d’une trentaine de volontaires invités pour l’occasion à une randonnée dans les grands parcs américains.

Prévenir la déprime

Une balade de 90 minutes dans la nature dans FAUNE FRANCAISE 250px-Gold_Creek_Alaska_Lake_0299Enfin, tout dernièrement, les effets anti-déprime du contact avec la nature ont été sérieusement étudiés, notamment par l’université Stanford aux États-Unis. Il en ressort que les promenades dans la nature font du bien à notre cerveau, nous rendent plus positifs et moins sujets aux ruminations, un facteur de risque important de la dépression, préservant ainsi notre santé mentale. Le résultat est visible dès la première promenade de 90 minutes. Une vingtaine de volontaires ont effectué une balade dans la campagne tandis qu’un autre groupe se promenait, durant le même laps de temps, dans un environnement urbain.

Des questionnaires d’humeur avant et après la promenade ont été distribués aux participants ainsi que des scanners cérébraux. Résultat : une amélioration légère mais significative des indicateurs de santé mentale après seulement 90 minutes de marche dans la nature, moins de ruminations et une activité cérébrale moindre dans la zone du cerveau liée à ces pensées négatives. Ces premiers résultats observables sur le cerveau valident ce que les sagesses traditionnelles prônent depuis longtemps : être en contact avec la nature et la contempler est le meilleur passeport contre la morosité !

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Les utopies de Charles Fourier

Posté par francesca7 le 29 juillet 2015

 

Peut-on imaginer une société harmonieuse, où les passions de chacun seraient totalement satisfaites – où l’insécurité, la pauvreté, endémiques en 1830, n’existeraient plus ? Vous en avez rêvé ?

Description de cette image, également commentée ci-aprèsCharles Fourier l’a fait ! Pour Fourier (1772 – 1837), Claude de Saint-Simon (1760 – 1825) qui prétend organiser la société pour favoriser l’industrie est un charlatan ! Fourier considère que les sociétés humaines sont des forêts de sentiments inexplorés, attaqués et repoussés par l’État et la religion, sentiments qu’il faut identifier comme on a pu le faire pour les végétaux. Il recense donc les passions (sensuelles, affectives, distributives) et imagine des unités de vie où les habitants sont rassemblés en fonction de leur passion dominante.

L’identification de la passion dominante permet de régler harmonieusement l’activité du groupe : les « cabalistes » qui ont la passion de l’organisation conduisent les travaux ; les « papillonnes » qui aiment le changement assurent les tâches saisonnières ou temporaires ; les « petites hordes » sont composées d’enfants chez qui on a remarqué une passion pour la manipulation d’immondices : ils vont servir d’éboueurs… Ainsi est obtenue une société qu’il qualifie de chimiquement parfaite. Chaque unité de vie, la phalange – qui remplace la famille, source de conflits et d’autorité –, compte 1 600 personnes, hommes et femmes à égalité.

BioFourier-Doc9-DecesElle est logée dans un phalanstère. C’est une sorte de palais en forme d’étoile au milieu d’un parc de 400 hectares Le logement et la nourriture y sont collectifs. Les salaires sont déterminés sur la base du capital, du travail et du talent. Tout y est réglé au préalable, jusqu’à la façon de s’habiller. La polygamie y est étendue à tous afin de ne plus contrarier les sentiments et de parvenir à une nouvelle forme de chasteté…

Le phalanstère comporte des galeries marchandes, des bibliothèques, un temple pour accueillir 1 500 personnes. 90 % des phalanstériens sont des cultivateurs ou des artisans ; les 10 % restants sont des artistes et des savants. Les enfants sont élevés en commun, l’éducation conjugue théorie et pratique, chaque membre – connaissant vingt métiers – en pratiquera cinq ou six par jour. Les disciples de Fourier tentent de réaliser l’utopie du maître : c’est un échec total. Seul le fabricant de poêles Godin (1817 – 1888) obtiendra des résultats positifs. Il crée en 1856 – à Guise dans l’Aisne – au lieu du phalanstère, le familistère. Il y institue le système coopératif. Ce familistère comporte 500 logements – familiaux et traditionnels… – au confort moderne : eau courante, toilettes, vide-ordures, luxe incroyable à l’époque.

On y trouve aussi un théâtre, des économats, des écoles, des pouponnières, une piscine, un lavoir, un parc… Le familistère, enfant de l’utopie fouriériste – qu’on peut visiter aujourd’hui à Guise – est tombé dans l’escarcelle capitaliste en l’an… 1968 !

 

La quête de Fourier est celle d’une harmonie universelle. Il présente sa théorie comme résultant d’une découverte scientifique dans le domaine passionnel, parachevant la théorie de la gravitation d’Isaac Newton dans le domaine matériel. Dans le cadre de cette théorie dite de l’Attraction passionnée, l’univers serait en relation avec les passions humaines, qu’il reflèterait. Ainsi déclare-t-il possible de s’informer sur les situations passionnelles humaines en observant notamment les animaux et les plantes terrestres, et en appliquant à ces observations un raisonnement analogique dont il donne quelques clés.

Fourier classe hommes et femmes en 810 catégories. Ces catégories correspondent à autant de passions, sous-passions, sous-sous-passions, etc., différentes. Sur cette base de 1 620 caractères qu’il appelle une phalange, il jette l’organisation des phalanstères composés, comme il se doit, d’autant de personnes.

De fait, chaque personne au sein du phalanstère œuvre selon ses affinités, tout en accordant une place particulière à l’agriculture, ainsi qu’aux arts et aux sciences.

Il pose ainsi les premières bases d’une réflexion critique portant sur la société industrielle naissante et ses défauts les plus criants. Selon lui, pour faire cesser les vices de la société civilisée, il suffit de faire confiance aux indications données par l’Attraction passionnée, cette impulsion donnée par la nature antérieurement à la réflexion et persistante malgré l’opposition du devoir, du préjugé, etc.

Charles Fourier considère ainsi que l’attirance naturelle des humains pour l’activité et la vertu est totalement entravée et pervertie par le travail, un état où l’homme s’impose à regret un supplice, et par la morale, cette mortelle ennemie de l’attraction passionnée.

Il propose donc, après mûrs calculs et réflexions, ces sociétés idéales composées d’une phalange de 1 620 individus de tous âges, nommées phalanstères, où chacun s’active dans de multiples groupes fréquentés successivement dans la journée. Les groupes principaux sont appelés des séries, constituées de gens réunis passionnément par identité de goût pour quelque fonction. L’intégration dans le groupe est réalisée en toute liberté et par choix réciproque, comme de nos jours se constituerait un orchestre amateur ambitieux.

Il faut savoir que chacun y est rétribué après répartition des dividendes annuels du phalanstère d’abord entre les séries, puis entre les groupes qui les composent. Vient ensuite la répartition entre les individus. La méthode est identique pour chaque échelle : le montant dépend du rang occupé dans le phalanstère. Ce rang est déterminé selon divers critères, appliqués à l’intérieur de trois classes : nécessité, utilité et agrément. Ce n’est pas la valeur marchande des produits qui entre en ligne de compte, mais leur capacité à susciter le désir de produire, et leur potentiel d’harmonisation du phalanstère (mécanique d’attraction et d’harmonie).

La répartition entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif se réalise équitablement grâce à l’existence d’intérêts croisés, du fait même de la participation de chaque individu à de nombreux groupes (effet du libre essor de la passion du changement, la papillonne). Les dividendes attribués au groupe sont ensuite répartis entre les individus qui le composent, en prenant bien soin de s’appuyer sur la cupidité en premier (accord direct), afin que la générosité (accord indirect) puisse s’exprimer ensuite. Sont ainsi constitués trois lots, 5 à 6/12e pour le travail, 4/12e pour le capital et 2 à 3/12e pour le talent (lot dont sont exclus les novices).

Les utopies de Charles Fourier dans FONDATEURS - PATRIMOINE 1280px-Phalanst%C3%A8re

Les dividendes ainsi perçus viennent en positif sur le compte de chaque individu (et non de chaque famille, les enfants étant émancipés dès l’âge de 3 ans). Sur ce compte sont inscrits en négatif le revenu minimum annuel garanti à chacun dès l’âge de trois ans révolus, et le coût des biens et services qu’il a obtenus du phalanstère au cours de l’année (costumes, repas, autres fournitures et services…). Le solde positif n’est donc distribué qu’en fin d’année, et seulement à leur majorité pour les mineurs.

Charles Fourier promeut ainsi plusieurs idées très innovantes dont la création de crèches, l’une des premières tentatives de libération de la femme. Il faut insister sur la libre et sage audace de Fourier à une époque où les femmes se trouvent en position subalterne :Les progrès sociaux, écrit-il, s’opèrent en raison des progrès des femmes vers la liberté et les décadences d’ordre social en raison du décroissement de la liberté des femmes. (Théorie des Quatre mouvements).

Fort de ses convictions, il tente de faire réaliser un phalanstère expérimental par quelques mécènes fortunés, mais n’y parvient pas de son vivant. Après sa mort, quelques tentatives de création de communautés utopiques ont bien lieu, mais à part le familistère de Godin, toutes faillissent du fait de querelles internes. De toute façon, aucune n’approche le bonheur promis par le théoricien socialiste, en raison du non-respect de ses prescriptions, sans doute trop libertaires pour l’époque de leur réalisation.

Quoi qu’il en soit, par sa réflexion sur l’organisation du travail, sur les relations entre les sexes, entre l’individu et la société…, il apparaît comme un précurseur et du socialisme et du féminisme français.

Dans le cycle de l’humanité de 80 000 ans présenté par Charles Fourier, la huitième période qu’il considère comme la première phase d’Harmonie rompt avec le système de domination au profit d’un système d’association domestique et agricole. Grâce à l’abondance générée par le libre cours laissé à la productivité naturelle des humains, le Phalanstère est un lieu de vie luxueux, et en même temps l’unité de base de la production. Il comprend un immense palais prolongé par des bâtiments ruraux, au-delà de la grande route qui limite la cour d’honneur. En Harmonie, l’industrie manufacturière est subordonnée à l’agriculture, elle-même réalisée en lien avec les cultures et passions locales. L’ensemble immobilier est ainsi placé dans un décor champêtre bigarré et entrelacé, en raison de la recherche du meilleur terroir pour chaque espèce cultivée. Charles Fourier nomme une telle organisation agricole l’ordre engrené pour le distinguer de l’ordre massif, celui de l’agriculture traditionnelle qui présente cultures et forêts en grandes masses séparées. Plus loufoque encore, certaines transformations écologiques qui devraient se réaliser : des hommes chevauchant des poissons pour se déplacer, des fontaines naturelles de limonade…

La planète est librement et constamment parcourue par de grandes bandes composées principalement de jeunes hommes et femmes, accompagnés d’adultes d’âge mûr passionnés d’aventure. Ils assurent les travaux d’ampleur exceptionnelle, et leurs passages successifs dans les phalanstères de la planète suscitent en particulier les intrigues amoureuses qui rendent la vie en harmonie digne d’être vécue. Logés au dernier étage dans les caravansérails, ils sont nourris par les phalanstériens avec les mets et préparations très gastronomiques que l’organisation en séries passionnées permet de produire en grande quantité et sans effort. Les fêtes se succèdent pendant le séjour, avec des spectacles hauts en couleur dont l’excellence est rendue possible par l’importance donnée aux arts de la scène, à la chorégraphie et à la gymnastique dans l’éducation dès le plus jeune âge. À ce sujet, il imagine même qu’à intervalles réguliers, de grands écrivains viendront au monde pour exalter la réussite de cette communauté.

Dans un phalanstère, les journées d’activité sont longues, les nuits sont courtes. Les phalanstériens ne connaissent pas la fatigue due à la monotonie des tâches, au non-respect des rythmes naturels, aux dissensions générées par l’absence de choix des compagnons de production et à la hiérarchie non fondée sur le talent. Bien au contraire, s’activer successivement dans de nombreux groupes passionnés est une joie de tous les jours, qui conduit la vieillesse à être belle et attirante. Ainsi la considération et l’affection des plus jeunes lui échoient-elles naturellement.

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Perles des coquillages en Haute-Loire

Posté par francesca7 le 29 juillet 2015

 

LA VIRLANGELa Virlange, petite rivière baignant la commune de Saugues en Haute-Loire, passait pour être le repaire de moules d’eau douce abritant de véritables perles de joaillerie dont la nacre, si elle n’égalait pas celle de l’Orient, suscitait quelques vocations d’amateurs en quête d’une pêche miraculeuse

La Virlange longe le territoire de la commune de Saugues depuis Esplantas jusqu’au moulin de Pouzas où elle se jette dans l’Ance. Elle est ainsi mentionnée par le Père Louvreleul : « Il y a, en Gévaudan, une petite rivière nommée Virlange, qui vient du pied de la Margeride, près de Chanaleilles, et passe par Ombret, dans laquelle, quand elle est fort basse, on trouve de dans laquelle, quand elle est fort basse, on trouve de véritables perles avec leur nacre, durant l’espace d’une lieue, savoir, depuis le village des Plantats, jusqu’au dessous de la ville de Saugues. »

Audigier, dans son Histoire d’Auvergne, rapporte quant à lui qu’ « on voit quelque chose qui n’est guère moins surprenant sur les frontières de l’Auvergne, du côté de Saugues. Près d’un lieu, nommé Plantat, coule un ruisseau dans lequel on trouve des huîtres que les paysans et les bergers ramassent en été pour en faire un mets assez délicieux. Ils ne vont à cette pêche que lorsque l’eau est fort basse. On découvre dans ces huîtres des perles de la grosseur d’un pois. Toutes donneraient quelque perle, si on ne les ouvrait point avant qu’elles fussent achevées de former. Si la coquille est ouverte avant que la perle ait commencé à se former, on trouve au milieu une figure ronde toute noire ; si elle a quelque commencement, cette couleur noire devient de la couleur de blanc d’oeuf, et lorsqu’elle est dans sa perfection, elle prend la figure et la couleur des véritables perles. Un gentilhomme du voisinage, dans la longueur du temps, en avait ramassé un grand nombre dont il fit un collier qui fut estimé cinquante pistoles à Montpellier. »

L’Annuaire de Pasquet (1835), nous révèle qu’ « une espèce de coquillage fluviatile, l’unio pictorum, se pêche dans la Virlange ; il renferme des perles qui, lorsqu’elles sont d’une belle eau, ont autant de prix pour les joailliers que celles qui viennent de l’Inde. » Divers auteurs, Legrand d’Aussy dans son Voyage en Auvergne, et Payan Dumoulin dans le Bulletin de la Société d’Agriculture du Puy, ont parlé de ce coquillage et des perles qu’il produit. Ce mollusque, d’abord appelé unio pictorum, puis unio margaritifera et enfin aujourd’huimargaritana margatifera, en attendant qu’on lui cherche plus tard un autre nom, se trouve en assez grande abondance dans l’Ance, moins commun dans la Virlange, et extrêmement rare dans la Seuge. La reproduction en est assez longue, et la cupidité des naturels, par des recherches continues, en a singulièrement diminué le nombre. Sa chair ne semble pas comestible, car pour avoir ouvert seulement quelques-uns de ces coquillages, les mains gardent une odeur tenace de nauséabonde fétidité.

Il semble qu’on peut s’estimer heureux quand, après avoir éventré une centaine de ces mollusques, on est arrivé à trouver trois ou quatre perles seulement. Sur ce nombre, il est rare qu’il y en ait une seule qui soit irréprochable de forme et de couleur. Les plus belles n’ont pas l’orient des perles de l’Inde, leur teinte est pus mate et leur éclat pus éteint.

MargaritiferaIl est possible que quelques-unes de ces perles ne soient autre chose que des corps étrangers, introduits par accident entre les valves du mollusque, qui les recouvre de nacre, afin que ses tissus ne soient point blessés à leur contact, lorsqu’il peut les expulser. Les coquillages chez lesquels on a le plus de chance d’en trouver sont ceux qui ont été meurtris et déformés par le pied des animaux traversant la rivière, ou par tout autre accident. On rencontre de ces perles à toutes les périodes de transformation : les unes noires et irrégulières, les autres rougeâtres, d’autres enfin finement arrondies et d’un blanc laiteux. L’acharnement déployé à cette pêche à la fin du XIXe siècle, aussi peu fructueuse que rémunératrice, semblait faire prévoir qu’une époque viendrait où il ne resterait de ce mollusque guère autre chose que le souvenir. Et dans les faits, cette espèce est aujourd’hui en voie de disparition.

(D’après « Notes historiques sur Saugues », paru en 1899)

Publié dans COURS d'EAU-RIVIERES de France, HISTOIRE DES REGIONS | Pas de Commentaire »

Chateaubriand : un homme de plume Saint-Malo

Posté par francesca7 le 28 juillet 2015

 

220px-Chateaubriand_CondéLe Grand-Bé. C’est là que François-René de Chateaubriand (1768 – 1848), le vicomte, a désiré être enterré, debout, face à la mer. Depuis, il a reçu des milliers de visiteurs, pas toujours très romantiques – Jean-Paul Sartre, par exemple…

Le vicomte a vécu son enfance et son adolescence dans le lugubre château de Combourg, non loin de Rennes. Devenu sous-lieutenant, il a effectué un voyage en Amérique pour fuir la Révolution, avant de se rallier à l’armée du prince de Condé et d’être blessé au siège de Thionville. Il se rapproche du consulat et du consul Bonaparte avec qui il n’entretiendra jamais de bons rapports, celui-ci ne l’estimant guère, le considérant surtout vaniteux et opportuniste. Après un voyage en Orient, Chateaubriand se retire dans sa propriété de La Vallée-aux-Loups près de Sceaux. Toutes les gloires de l’Empire lui échappent et excitent en lui une jalousie qui éclate à la Restauration dans le pamphlet De Buonaparte et des Bourbons.

Nommé pair de France, il devient ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII, après la réussite d’une expédition en Espagne où les libéraux sont vaincus grâce au duc d’Angoulême à la bataille du Trocadéro – la place qui commande l’accès à la baie de Cadix. Congédié comme un laquais – ce sont ses mots… –, il passe dans le parti libéral ! Après l’avènement de Louis-Philippe, il revient dans le camp royaliste. Accusé de complot et arrêté en 1833, il va connaître la gêne matérielle, vivant des avances de son éditeur pour lequel il écrit les Mémoires d’outre-tombe. On connaît le succès de cette oeuvre ! Elle montre assez que, si Chateaubriand ne fut pas forcément un homme de poids, il fut au moins un homme de plume…

Il débute sa carrière politique en tant que secrétaire de légation à Rome (1803-1804), avant d’être nommé dans le Valais, poste qu’il ne rejoint pas : il donne sa démission quand il apprend l’exécution du duc d’Enghien (mars 1804). À l’été 1806, il entreprend son voyage en Orient, qui le mène jusqu’à la Terre Sainte et d’où il rapporte l’Itinéraire de Paris à Jérusalem(publié en 1811).

À son retour, il publie dans le Mercure de France (juillet 1807) un virulent article où il stigmatise le despotisme de l’Empereur. Contraint de s’éloigner de Paris, il achète la Vallée-aux-Loups. En 1814, il publie deux brochures politiques qui lui ouvrent à nouveau – brièvement – la carrière politique. Il suit Louis XVIII à Gand puis est nommé ministre et pair de France (1815).

Après la publication de la Monarchie selon la Charte (1816), où il condamne la dissolution de la Chambre dite « introuvable », il est destitué et contraint de vendre la Vallée-aux-Loups. Cofondateur du journal Le Conservateur, il y collabore de 1818 à 1820 et se fait un ardent défenseur de la liberté de la presse (1824).

Ambassadeur à Berlin (1821) puis à Londres (1822), il est ministre des Affaires étrangères en 1823-1824. En 1826, il signe un contrat avec Ladvocat pour l’édition de ses Œuvres complètes. Ambassadeur à Rome (1828-1829), il refuse de se rallier au nouveau régime après la chute de Charles X et se retire de la vie politique.

Il donne la première lecture publique des Mémoires d’outre-tombe chez Juliette Récamier, en 1834. L’ouvrage est publié après sa mort (4 juillet 1848), d’abord en feuilleton dans la Presse, puis en librairie (1849-1850).

« Chateaubriand aurait pu être un grand ministre. Je l’explique non point seulement par son intelligence aiguë, mais par son sens et sa connaissance de l’histoire, et par son souci de la grandeur nationale. J’observe également combien il est rare qu’un grand artiste possède des dons politiques à ce degré ».

Charles de Gaulle cité par Philippe de Saint-Robert (op. cit., p. 28 et 29).

De plus en plus opposé aux partis conservateurs, désabusé sur l’avenir de la monarchie, il se retire des affaires, après la Révolution de 1830, quittant même la Chambre des Pairs. Il ne signale plus son existence politique que par des critiques acerbes contre le nouveau gouvernement (De la Restauration et de la Monarchie élective, 1831), par des voyages auprès de la famille déchue, et par la publication d’un Mémoire sur la captivité de la duchesse de Berry(1833), mémoire pour lequel il est poursuivi, mais acquitté. Il publie également en 1831 des Études historiques (4 vol. in-8º), résumé d’histoire universelle où il veut montrer le christianisme réformant la société. Cet ouvrage aurait dû être le frontispice d’une Histoire de France, méditée depuis longtemps mais abandonnée.

Ses dernières années se passent dans une profonde retraite, en compagnie de son épouse. Il ne quitte guère sa demeure, un appartement au rez-de-chaussée de l’Hôtel des Missions Étrangères, au 120 rue du Bac à Paris, que pour aller à l’Abbaye-aux-Bois toute proche, chez Juliette Récamier, dont il est l’ami constant et dont le salon réunit l’élite du monde littéraire.

Il reçoit de son côté de nombreuses visites, tant de la jeunesse romantique que de la jeunesse libérale, et se consacre à l’achèvement de ses mémoires commencées en 1811.

Ce vaste projet autobiographique, ces Mémoires d’outre-tombe, ne devra paraître, selon le vœu de l’auteur, que cinquante ans après sa mort.

Il en sera finalement autrement puisque, pressé par ses problèmes financiers, Chateaubriand cède les droits d’exploitation de l’ouvrage à une « Société propriétaire des Mémoires d’outre-tombe », constituée le 21 août 1836, qui exigera que l’œuvre soit publiée dès le décès de son auteur, et y pratiquera des coupes franches, afin de ne pas heurter le public, ce qui inspirera d’amers commentaires à Chateaubriand :

« La triste nécessité qui m’a toujours tenu le pied sur la gorge, m’a forcé de vendre mes Mémoires. Personne ne peut savoir ce que j’ai souffert d’avoir été obligé d’hypothéquer ma tombe [...] mon dessein était de les laisser à madame de Chateaubriand : elle les eût fait connaître à sa volonté, ou les aurait supprimés, ce que je désirerais plus que jamais aujourd’hui.
Ah ! si, avant de quitter la terre, j’avais pu trouver quelqu’un d’assez riche, d’assez confiant pour racheter les actions de la Société, et n’étant pas, comme cette Société, dans la nécessité de mettre l’ouvrage sous presse sitôt que tintera mon glas ! »

— Chateaubriand, Avant-Propos aux Mémoires d’outre-tombe, 1846

Son dernier ouvrage, une « commande » de son confesseur, sera la Vie de Rancé, une biographie de Dominique-Armand-Jean Le Boutillier de Rancé (1626-1700), abbé mondain, propriétaire du château de Véretz en Touraine, et réformateur rigoureux de la Trappe, qu’il publie en 1844. Dans cette biographie, Chateaubriand égratigne une autre personnalité de Véretz, son contemporain Paul-Louis Courier, le redoutable pamphlétaire qui avait critiqué mortellement le régime de la Restauration soutenu par le vicomte, et brocardé celui-ci dans plusieurs de ses écrits.

Chateaubriand : un homme de plume Saint-Malo dans Bretagne

En 1847, Céleste meurt : « Je dois une tendre et éternelle reconnaissance à ma femme dont l’attachement a été aussi touchant que profond et sincère. Elle a rendu ma vie plus grave, plus noble, plus honorable, en m’inspirant toujours le respect, sinon toujours la force des devoirs. »

Chateaubriand meurt à Paris le 4 juillet 1848.

Ses restes sont transportés à Saint-Malo et déposés face à la mer, selon son vœu, sur le rocher du Grand Bé, un îlot dans la rade de sa ville natale, auquel on accède à pied depuis Saint-Malo lorsque la mer s’est retirée.

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Sur les bords du Tarn

Posté par francesca7 le 28 juillet 2015

 

 

albi-les-bords-du-tarnAux environs d’Albi, à l’endroit appelé le Saut du Sabotet où la rivière se trouve resserrée entre deux énormes barrières de rocher, les villageois et villageoises du XIXe siècle pleuraient encore en écoutant le récit de la mort du berger Saho : il allait voir sa mie qui bientôt accepta le mariage. Mais dans l’ombre, un certain Guillaume, guidé par la jalousie, ne l’entend pas ainsi et décide de mettre à profit le dangereux passage tombant à pic sur le cours d’eau

Sur les rives ombragées de la Garonne, sur les bords de la Durance, l’habitant des campagnes transmet à ses enfants les chants de ses aïeux. Sous le ciel méridional, comme sous le ciel de la Grèce, plusieurs poètes inconnus ont célébré le dévouement et les malheurs de l’amour. Sur les rivages de l’Hellespont, de nombreuses générations se sont raconté d’âge en âge la gracieuse et touchante histoire de Léandre et de Héro. Sur les bords du Tarn, à l’endroit où cette rivière se trouve resserrée entre deux énormes barrières de rocher — appelé aujourd’hui Saut de Sabode Sabot ou du Sabot –, on se souvenait jadis du tragique récit de la mort du berger Saho.

Voyez-vous ce village caché comme un nid de tourterelle au milieu des arbres touffus qui le couvrent de leur ombrage ? Là vivait autrefois une jeune bergère qui portait le nom d’Indie. Elle était la fleur du hameau ; elle avait à peine seize ans lorsque tous les bergers des environs la demandèrent en mariage à sa vieille mère. Mais les joues d’lndie devenaient rouges comme la cerise printanière, toutes les fois qu’elle entendait les doux propos d’amour.

— Je ne veux point quitter ma mère, disait-elle, ma vieille mère qui n’a d’autre soutien que moi.

Quelques années s’écoulèrent, et lorsque le joli mois de mai revenait avec les beaux jours et les fleurs, tous les bergers allaient, la nuit, planter devant la petite maison d’Indie un jeune arbrisseau qu’ils couvraient de rubans et de guirlandes. lndie avait déjà vingt ans, lorsque revenant du village où elle avait communié, le saint jour de Pâques, elle rencontra un berger qui habitait le hameau voisin.

Ce berger avait nom Saho. Il était beau comme un ange du paradis, et son troupeau prospérait, parce que Dieu veillait sur lui pour récompenser la piété du berger. Toutes les jeunes filles en âge d’être mariées s’asseyaient, le soir, sur leurs portes, pour voir passer Saho quand il ramenait son troupeau du pâturage. Mais Saho baissait modestement les yeux et récitait ses oraisons. Cependant, il aimait la belle lndie de l’amour le plus tendre.

— Indie, lui dit-il, en revenant du village, le saint jour de Pâques, lndie, vous avez communié aujourd’hui, et je suis sûr quo vous aimez bien le bon Dieu.

— Et vous aussi, Saho, répondit la bergère.

— Longtemps j’ai cru qu’il ne fallait aimer que le bon Dieu et ma mère, répondit Saho ; mais plus souvent je vous vois, plus je sens que mon cœur s’ouvre à un autre amour. Quand vous passez près de moi, je n’ose pas vous regarder, je tremble, et puis je pleure lorsque vous vous éloignez. Demain je viendrai voir votre mère, je lui dirai si elle veut nous marier ensemble.

— Nous marier ! fit lndie en rougissant.

— Si vous ne m’aimez pas encore, lndie, vous m’aimerez plus tard.

lndie et Saho se séparèrent à l’instant ; ils avaient aperçu quelques villageois au détour du sentier. A quelque temps de là, des pleurs se firent entendre dans la maison d’Indie ; la jeune bergère avait perdu sa mère, et longtemps elle fut inconsolable. Saho ne quittait plus le village ; il craignait qu’il n’arrivât quelque malheur à celle qu’il appelait déjà sa fiancée.

Sur les bords du Tarn dans COURS d'EAU-RIVIERES de France 550px-Gorges_du_Tarn_Point_Sublime

Mais le curé du village blâma ces assiduités, et Saho revint dans son hameau, de l’autre côté de la rivière. lndie éprouva bientôt le besoin de revoir son berger bien-aimé ; elle dépérissait, la pauvre colombe, depuis qu’elle n’entendait plus la musette de Saho. Par une belle soirée d’été, la bergère s’assit sur un des rochers qui s’élèvent aux bords du Tarn, et chanta la ballade des trois jeunes filles à marier :

« Sur le bord de la rivière, sur le bord fleuri, il y a trois jeunes filles, filles à marier. Celle qui est la plus jeune ne fait que pleurer. Pourquoi pleurer, fillette, pourquoi tant soupirer ? Si je pleure, pauvrette, j’en ai bien raison ; les glands de ma ceinture dans l’onde sont tombés. Que donnerez-vous, brunette, à celui qui ira les chercher ? Je lui donnerai une rose avec un doux baiser.

« Alors le galant tire ses chausses et se lance dans l’eau ; dans l’onde le galant s’est enfoncé. La dernière vague a fait flotter les glands ; tenez, tenez, brunette, voici vos glands dorés. »

Puis lndie ajouta : « Quand j’étais petite, je gardais les agneaux ; parmi les fleurs de la prairie je ne pensais pas aux amours. Maintenant que je suis grande, je garde les moutons ; je les fais paître sur l’herbette, dans ces champs si doux. Un jour, je les ai conduits à l’onde de ce petit ruisseau ; là j’ai trouvé sur la prairie trois chevaliers gracieux.

« L’un me dit : adieu, Indie ; l’autre : adieu, amour ; l’autre me pousse dans le ruisseau comme un pêcheur jette sa ligne. Il y avait peu d’eau, je ne me suis point mouillée ; au pied du beau pommier je me suis assise. Pommier divin, qui charmes, tu as de bien belles fleurs, mais tu n’en as pas autant que mon cœur a d’amours. »

Saho tressaillit d’amour et de joie entendant les douces paroles d’Indie. La rivière n’était pas large à cet endroit, et il sauta d’un bord à l’autre avec la légèreté d’un jeune chevreau. Le lendemain, il franchit aussi la rivière ; la bergère et le berger ne pouvaient plus passer un jour sans se voir.

— Indie, ma douce amie, dit un jour Saho, marions-nous ensemble ; nous n’aurons plus qu’un seul troupeau ; nous cultiverons ensemble nos petits champs, lorsque nos en fans seront en âge de garder nos moutons.

— La volonté de Dieu soit faite, répondit Indie, et vos vœux accomplis, berger Saho.

Quelques jours après, le bruit courut dans le village que l’heureux Saho était à la veille d’épouser Indie. Tous les voisins se réjouirent, car le berger et la bergère étaient purs et innocents, comme au jour de leur baptême, et tout le monde les aimait. Un seul berger détestait Saho : ce berger s’appelait Guillaume. Il était laid à faire peur à toutes les filles, et cependant il avait osé tenir propos d’amour à Indie. Mais la bergère s’était moquée de lui.

Guillaume dissimula ses projets de vengeance ; il s’aperçut que le rocher formait une pente rapide jusqu’au bord de la rivière. Pendant le jour, il sema de petits cailloux ronds sur cette surface unie, et il se dit en riant aux éclats, comme un démon : « Ce soir, galant Saho, tu ne verras pas Indie, ta douce amie ; tu tomberas dans le gouffre, et demain j’annoncerai ta mort à l’orgueilleuse bergère. »

Quelques instants après le coucher du soleil, le berger Saho aperçut une quenouille plantée sur le rocher de la rive opposée ; c’était le signal si désiré du rendez-vous. Il voulut s’élancer pour franchir la rivière, mais les petits cailloux roulèrent sous ses pieds ; il ne put garder l’équilibre, et après avoir chancelé pendant quelques instants, il tomba dans l’abîme en criant : « Indie, je meurs, Indie, adieu pour toujours. »

La bergère entendit ce cri de désespoir qui la glaça de terreur. Elle courut au bord de la rivière, mais elle ne vit rien dans le gouffre. Le chapeau de Saho restait seul sur la rive opposée. Deux jours après on trouva le cadavre de Saho au-dessous du pont d’Albi. On le porta au village où il fut enseveli près du tombeau de la mère d’Indie.

La pauvre bergère ne pleura pas longtemps son fiancé. Elle s’endormit du sommeil du juste, et toutes les jeunes filles du village portèrent le deuil. Guillaume fut maudit ; on le chassa du pays, et l’endroit où le fiancé d’Indie avait trouvé la mort fut appelé le Saut du Sabot, où l’on construisit un pont peu avant 1840.

 

(D’après « Mosaïque du Midi », paru en 1840)

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FILER DU MAUVAIS COTON

Posté par francesca7 le 26 juillet 2015

 

EXPRESSION FRANCAISE

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« On dit proverbialement. Cela jettera un beau coton, pour faire entendre, qu’une chose mal entreprise produira un mauvais effet et qu’elle sera désavantageuse à ceux qui l’on commencée ; Cette façon de parler, quoiqu’elle ait passé de la ville jusqu’à la Cour, est basse et ridicule ». Tel était le sentiment de Furetière sur cette expression et c’est peut-être pour être moins ridicules que nous disons, depuis le XIXè siècle, « filet du mauvais coton ».

P.Guiraud, suivant en cela M.Rat, donne ici une interprétation arboricole : « Filet un mauvais coton, « être dans un mauvais état de santé ou d’affaires », s’explique par la forme primitive de l’expression qui est jeter un mauvais coton. Jeter signifie « émettre une sécrétion ». On dit par exemple jeter sa gourme qui est une sorte d’inflammation boutonneuse qui atteint les petits enfants |…]. Jeter un mauvais coton aura donc pu se dire d’un cotonnier qui produit des boutons maladifs, et coton aura entraîné la pseudo-motivation filer ».

Sans vouloir porter ombrage à l’éminente érudition de M.Guiraud, je trouve assez étonnant que les gens du XVIIè siècle, et le peuple de Paris de surcroit, se soient intéressés d’aussi près aux cotonniers, ces arbres exotiques d’Inde ou d’Egypte, au point de nommer, sans les avoir jamais vus, une de leurs maladies possibles, et d’en faire une locution courante … Tout au plus pouvaient-ils savoir – Olivier de Serres le dit – que les cotonniers « jettent » du coton, et à la rigueur en faire une plaisanterie. Une étoffe vieillissante « jette » en effet une bourre cotonneuse qui est la marque de son usure, et qui laisse prévoir des déchirures, des accros, bref une détérioration complète du tissu dans un proche avenir.

C’est là l’interprétation donnée par G.Esnault, lequel note aussi pour 1692 « jeter un vilain coton ».

Par contre il semble logique que le « coton » de la locution ait conduit à « filer » peut-être à cause des première machines défectueuses au XVIIIè siècle, peut-être aussi par attraction avec une autre expression courant et ancienne : filet sa corde, qui voulait dire se livrer à des activités qui ne pouvaient qu’entraîner une fin désastreuse :

Qui plus despend que n’a vailant

Il faut la corde à quoy se pend (Cotrgrave)

Il y a là une parenté certaine, surtout au sens que relève Furetière de chose « désavantageuse à ceux qui l’ont commencée », qui a pu produire la croisement.

Extrait de La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton 

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Sur le Pont-Neuf de Paris

Posté par francesca7 le 26 juillet 2015

(Paris)

 

800px-Boutique_pontneufLe samedi 31 mai de l’année 1578, après avoir vu passer le magnifique convoi de Quélus et de Maugiron (ses favoris, tués en duel), Henri III, accompagné des deux reines Catherine de Médicis et Louise de Vaudemont, de plusieurs princes, et des plus notables magistrats de la ville, vint solennellement poser la première pierre du pont Neuf, appelé d’abord pont du Louvre.

L’architecte qui en avait donné le plan et qui en commença l’exécution, fut payé 50 écus. Henri IV le fit continuer, et on l’acheva en 1606. Il était en pierre, et de la longueur où nous le voyons aujourd’hui : seulement les boutiques qui s’y trouvent n’existaient pas alors, et ne furent élevées qu’en 1775. A son extrémité méridionale, sur le quai Conti, à l’endroit même où est la voûte sous laquelle on passe pour descendre à la rivière, était une maison appelée le château Gaillard, démoli sous Louis XIV ; c’est là que Brioché attirait une foule si nombreuse à son spectacle de marionnettes.

Le pont Neuf, qui servait de communication directe entre la cité et les deux autres quartiers de la ville, était dès son origine la promenade publique la plus fréquentée et la plus variée de Paris. Toutes les classes de la population semblaient s’y être donné rendez-vous : à toute heure du jour, une foule active, remuante, sans cesse renouvelée, et toujours avide de curiosité, encombrait les trottoirs, se pressait à l’entour de la statue de Henri IV, et refluait jusque vers la place Dauphine, où se voyait la même variété et le même mouvement.

A côté des petits marchands de toutes sortes qui se tenaient sur le pont, s’élevait le théâtre de Mondor et de Tabarin. Des charlatans moins connus, des bateleurs moins plaisants, trouvaient aussi moyen de glaner après ces deux grands maîtres. Enfin, comme l’écrivait Berthod, poète du temps, le pont Neuf était un…

…Rendez-vous de charlatans,
De filous, de passe volans,
Pont Neuf, ordinaire théâtre
De vendeurs d’onguens et d’emplâtre ;
Séjour des arracheurs de dents,
Des fripiers, libraires, pédans,
Des chanteurs de chansons nouvelles.

De coupe-bourses, d’argotiers,
De maîtres de sales métiers,
D’opérateurs et de chimiques,
Et de médecins purgitiques,
De fins joueurs de gobelets.

A toute heure du jour toute cette foule faisait entendre des cris de diverses sortes, et chacun cherchait à faire son métier et à vendre sa marchandise ; c’était un tumulte confus. C’est là aussi que venaient de grand matin les pauvres gens, semblables à ce malheureux poète dont parle Saint-Amant dans sa Gazette du pont Neuf, qui chaque matin, de sept heures à onze, venait faire sa cour au roi de bronze, c’est-à-dire se chauffer, au soleil, devant la statue de Henri IV, après avoir été quêter quelques aumônes à l’église des Grands-Augustins, située près de là, sur l’emplacement occupé aujourd’hui par la halle à la volaille.

Il fallait bien que cette promenade fût de préférence le rendez-vous ordinaire des auteurs peu fortunés, puisque Saint-Amant, qui dans ces sortes d’affaires parlait avec expérience, fait dire à son poète crotté, forcé de quitter Paris :

Adieu, pont Neuf, sous l’eau qui l’eau passe
Si ce n’est quand l’hiver la glace.

Adieu, belle place Dauphine,
Où l’éloquence se raffine,
Par ces bateleurs, ces marmots,
De qui j’ai pris tant de beaux mots
Pour fabriquer mes épigrammes.

Adieu, vous, que tout au contraire
J’ai souvent fourni de quoi braire,
Chantres, l’honneur des carrefours
Et des ponts, ou d’une voix d’ours.
Et d’une boufonne grimace,
Vous charmez le sot populace ;
Tandis qu’un matois, non en vain,
Essaie à faire un coup de main.

Dans aucune des descriptions du pont Neuf et de son histoire ce dernier trait n’est oublié ; les tire-laine, les voleurs, les filous et les gueux ceimants et mendiants exploitaient audacieusement, en plein jour, les bourses et les poches des passants. Les spectateurs pour la plupart riaient de ces vols, ou même applaudissaient si le tour était fait avec adresse, et si, pris en flagrant délit, le voleur cherchant à fuir et luttant contre son adversaire avec grand bruit, arrivait le guet, la hallebarde ou l’arquebuse au poing, qui mettait d’accord les deux parties, en arrêtant le volé aussi bien que le voleur.

Sur le Pont-Neuf de Paris dans COURS d'EAU-RIVIERES de France 800px-Pierre-Auguste_Renoir_090

Les arracheurs de dents avaient déjà, comme de nos jours, des compères mêlés aux spectateurs ; c’est ce que nous apprend l’abbé Le Vayer, dans une histoire comique, publiée vers 1560, et intitulée le Parasite Mormon. Il nous raconte la chétive existence et le triste destin d’un pauvre poète, qui, mourant de faim et sans ressource, allait sur le pont Neuf proposer à un charlatan de se laisser arracher deux dents moyennant 10 sols, avec promesse de déclarer hautement aux assistants qu’il n’en ressentait aucun mal.

Plus loin encore, il nous montre ce malheureux que la nécessité contraint, pour gagner un peu de pain, d’aller chanter des chansons qu’il avait faites, répondre froidement à ceux de sa connaissance qui le surprennent en cette posture de bateleur : « Pardieu ! cinquante pistoles sont bonnes à gagner ! » voulant ainsi faire croire qu’une gageure seule le poussait à ce déguisement, et parant sa gueuserie d’un vernis d’amour-propre.

Maintenant que nous connaissons les diverses espèces de gens qui à toute heure de nuit et de jour hantaient cet endroit, voici quelles places distinctes leur assigne sur le pont, sur les trottoirs, à l’entour de la statue et dans la place Dauphine, une gravure de 1646, par Della Bella. Sur les trottoirs du côté de la rue Dauphine, des duellistes se battent à outrance, les arracheurs de dents font leurs parades ; une nuée de mendiants, armés de leurs infirmités d’emprunt, et venus de la Cour des Miracles, s’abat aux portières des carrosses que l’on voit se diriger rapidement vers le Louvre ; plus loin, et devant la statue, on voit un charlatan ; à l’entrée du quai des Orfèvres, on voit une femme et un enfant dont les mains se glissent dans les poches par dessous les manteaux : sur le trottoir opposé, les marchands de vin et de comestibles attirent les spectateurs par leurs cris et leurs annonces fastueuses ; tout auprès se tiennent les tireurs de laine ; enfin, à l’entrée de la place Dauphine, sont les marchands de filets et des chiens de chasse ; et au milieu, ça et là, une foule nombreuse et oisive s’empresse auprès de chaque boutique, et grossit à chaque instant les groupes. Tous les spectateurs portent des cannes et des épées.

Cet usage de porter des armes, alors général dans toutes les classes de la société, nous était venu d’Espagne, et indiquait le nivellement qui se préparait. Un auteur satirique de l’époque le tourne en ridicule, et dit avec un grand air de mépris : « Quand le savetier a gagné par son travail du matin de quoi se donner un ognon pour le reste du jour, il prend sa longue épée, sa petite cotille (collet à l’espagnol) et son grand manteau noir, et s’en va sur la place décider des intérêts de l’Etat. »

Si le pont Neuf était de jour une arène commodément ouverte à toutes les entreprises de l’audace ou de la ruse, de nuit son passage, malgré les escouades du guet à cheval et à pied qui parcouraient la ville, devait être encore plus dangereux pour les bourgeois attardés ; pour s’y hasarder, il fallait un coeur bien résolu, ou une bourse bien vide ; il fallait pouvoir dire, comme le poète crotté de Saint-Amant :

Adieu, blonde Samaritaine,
Que sans peur des tireurs de laine,
Pour n’avoir n’argent ni manteau,
En revenant du royal chasteau,
J’ay veu cent fois aux heures sombres…

Saint-Amant écrivait au commencement du XVIIe siècle, vers 1620 environ ; trente ans plus tard la ville n’était pas plus sûre ; et ces vers connus de Boileau nous donnent une idée peu flatteuse de Paris pendant la nuit :

Sitôt que du soir les ombres pacifiques
D’un double cadenas font fermer les boutiques,
Que retiré chez lui, le paisible marchand
Va revoir ses billets et compter son argent ;
Que dans le Marché-Neuf tout est calme et tranquille,
Les voleurs aussitôt s’emparent de la ville.

Des filous effrontés d’un coup de pistolet,
Ebranlent ma fenêtre et percent mon volet.
J’entends crier partout : Au meurtre, on m’assassine !…

(D’après un article paru en 1835)

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FAIRE LA GRACE MATINEE

Posté par francesca7 le 24 juillet 2015

 

EXPRESSION FRANCAISE

Faire la grasse matinée est une occupation très agréable, et qui semble avoir été inventée de fort longue date. On disait autrefois « dormir la grasse matinée » ainsi au début du XVIIè siècle M.Régnier s’exclame :

Ha ! que c’est chose belle et fort bien ordonnée

Dormir dedans un lit la grasse matinée.

 

Plus tard le Joueur de Regnard annonce ainsi son programme :

Je ronflerais mon soûl la grasse matinée.

Et je m’enivrerais le long de la journée.

 

Grace-matineeTraditionnellement on considère que cette façon paresseuse est appelée ainsi parce qu’elle permet d’engraisser. « On dit qu’une femme dort la grasse matinée – explique Furetière, dont la discrimination de sexe est intéressante – pour dire qu’elle se lève tard, et qu’elle se tient au lit pour devenir grasse, pour faire du lard… » Pour une fois je crois que le vieux lexicographe exagère.

On sait que gras, grasse, viennent du latin crassus qui veut dire « épais ». Le mot a gardé longtemps son sens et sa forme d’origine, cras, crasse, conservés d’ailleurs dans l’expression « une ignorance crasse », qui signifie simplement une «ignorance épaisse ». 

Je pense quant à moi que la « grasse matinée » a dû naître dans ces mêmes eaux, proches de l’étymologie, avec la nuance de matinée longue, qui s’étale dans l’épaisseur du sommeil. L’idée d’ »engraissement » liée à tant de mollesse aura sans doute donné la motivation nécessaire et permis à l’expression de se figer. 

Un conte du XIIIè siècle parle déjà de dames nonchalantes qui je cite : « se couchent tard, pour ce fault qu’on les laisse dormir grans matinées pour nourrir en leur gresse ». 

Décidément il semble bien que ce soit les femmes qui ont inventé la qualité de la vie.

 

Extrait de La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton 

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Marie-Caroline, duchesse de Berry

Posté par francesca7 le 24 juillet 2015

 

Parce qu’il ne reste plus de descendant mâle de la branche aînée des Bourbons, et que ce sont les Orléans qui risquent de monter sur le trône, Louis XVIII a décidé de marier son neveu – qui est le fils du futur Charles X –, le duc de Berry, à Marie Caroline de Naples qui appartient à la famille des Bourbons-Sicile et descend, par sa mère, de la Maison des Habsbourg ! La rencontre entre Marie-Caroline et le duc de Berry a lieu en forêt de Fontainebleau, au carrefour de la croix Saint-Herem.

Marie-Caroline, duchesse de Berry dans FONDATEURS - PATRIMOINE 220px-Berry%2C_Marie-Caroline_duchesse_de_-_1Marie-Caroline est belle. Pleine de grâce et de légèreté, elle séduit tous ceux qui l’approchent, et, ce jour de juin 1816, lorsque, délaissant tout protocole, elle court se jeter aux pieds du roi et du duc de Berry, les témoins de cette rencontre sont à la fois attendris et conquis par celle qui pourrait devenir reine de France. Le 17 juin 1816 a lieu le mariage dans la cathédrale Notre Dame. Trente-six carrosses dorés, décorés de plumes, prennent ensuite la direction des Tuileries !

C’est le bonheur. Marie-Caroline rayonne ! Elle conquiert bientôt le coeur de la France entière ! La tragédie du 13 février 1820 la jette dans l’ombre jusqu’en 1832 où elle tente de revenir sur la scène politique pour assurer l’avenir de son fils le comte de Chambord. Après avoir débarqué dans des conditions difficiles à Marseille, elle rejoint la Vendée où elle espère rallier de nombreux partisans.

Mais les temps ont changé : ils ne se manifestent guère ! Entrée dans la clandestinité, elle vit en nomade, de château en château, de ferme pauvre en grange à foin. Elle se réfugie enfin dans une soupente à Nantes où, trahie, elle est arrêtée puis conduite en détention à Blaye. Déshonorée parce que mère en 1833 d’une fille de père inconnu, elle est privée d’avenir politique. Elle meurt en 1870.

 

Marie Caroline Ferdinande Louise de Naples et de Sicileduchesse de Berry, est née à Caserte en 1798 et morte au château de Brunnsee près de Mureck en Styrie en 1870.

Épouse de Charles Ferdinand d’Artois, duc de Berry, fils de Charles X, elle est la mère du comte de Chambord Henri d’Artois, prétendant légitimiste au trône de France.

Au nom de son fils le comte de Chambord, elle tenta en vain de prendre le pouvoir en France en 1832 en qualité de « régente ».

como_à_CapriLa duchesse s’intéressa à de nombreux domaines artistiques.

Comme son époux qui présidait la Société des Amis de l’Art, la princesse fut une grande mécène, encourageant par ses multiples achats dans les Salons de nombreux peintres et favorisant la production artistique et littéraire d’un grand nombre de musiciens et d’hommes de lettres.

Elle apporta également un parrainage actif à de nombreuses manufactures ainsi qu’à beaucoup de maisons de commerce ou ateliers d’artisanat, souhaitant ainsi favoriser l’essor économique du pays.

Mais son extrême générosité – elle fut surnommée « la bonne duchesse » – est moins connue; elle se manifesta par le soutien très actif qu’elle apporta tout au long de sa vie, même en exil, à de multiples organisations et associations aussi bien qu’aux victimes de catastrophes naturelles, nécessiteux ou anciens serviteurs de la monarchie.

La vente aux enchères publiques « Noblesse Oblige » organisée par la maison Sotheby’s à Londres le 14 avril 2011 a dispersé 70 objets et souvenirs historiques lui ayant appartenu, parmi lesquels :

  • son meuble d’aquarelliste orné d’une plaque en bronze doré sertie des miniatures de la duchesse et de ses deux enfants ;
  • une plaque commémorative de son mariage en porcelaine de Sèvres (1816) ;
  • le vaisseau en argent sur son socle en bois clair offert par la ville de Bordeaux à la naissance de son fils (1820) ;
  • trois bustes en biscuit de Sèvres d’elle et de ses enfants ;
  • son dernier service à café en porcelaine de Vienne ;
  • des sièges en acajou provenant du château de Rosny.
    • Le 25 mars 2013, c’est un bureau à cylindre entièrement incrusté de fleurs de lys et portant un médaillon marqueté à son chiffre, et une paire de vases en porcelaine ornés de médaillons en « biscuit » aux profils du duc et de la duchesse (Paris, Denuelle, vers 1823), offerts par elle à son amie la comtesse Leray de Chaumont et demeurés depuis dans sa descendance, qui seront vendus par Me Fraysse et Jabot, commissaires-priseurs, à l’hôtel des ventes de Tours.

Le 18 novembre 2009, une boîte en or du maître-orfèvre parisien Morel, ornée d’une miniature de Duchesne (1770-1856) représentant la duchesse de Berry, offerte par elle le 18 juillet 1828 au vicomte du Hamel, maire de Bordeaux, en remerciement de l’accueil royal de la ville lors de sa « mission » de propagande politique précitée, qui avait été depuis conservée par les descendants sans avoir été exposée, a été vendue aux enchères à Bordeaux à un collectionneur de souvenirs historiques pour la somme de 35 980 euros, au double des estimations (reprod. dans La Gazette de l’Hôtel Drouot no 250, du 27/11/2009, p. 250 ).

 

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