Françoise de Foix et François
Posté par francesca7 le 9 juin 2015
Morlaix, printemps 1505.
Dans la petite église en bord de mer, Anne de Bretagne assiste, recueillie, à une messe. On remarque dans l’assistance le seigneur Jean de Laval, un grand jeune homme de dix-neuf ans. Et ce jeune homme ne quitte pas des yeux une toute jeune fille, presque une enfant : Françoise de Foix.
Elle a seulement onze ans ! Elle est déjà si belle que Jean de Laval en tombe amoureux fou. Que se passe-t-il après la messe ?
On ne le sait trop, mais ce qui est certain, c’est que l’année suivante, Françoise de Foix, à l’âge où les élèves aujourd’hui entrent en cinquième, accouche d’un enfant dont le père est Jean de Laval ! En 1508, ils se marient. Pendant dix ans, le couple vit un bonheur sans nuage au château de Châteaubriant (aujourd’hui en Loire-Atlantique).
Mais François Ier qui ne s’illustre pas que sur les champs de bataille entend parler de la grande beauté de Françoise de Foix. Il invite le couple castelbriantais en son château de Blois. Méfiant, Jean de Laval s’y rend tout seul ! François Ier ruse et parvient à ses fins : Françoise de Foix devient son amante pour une liaison qui va durer dix ans. Grande, brune, altière et gracieuse, Françoise de Foix est de tous les voyages de François.
Elle participe même au camp du Drap d’or aux côtés de la reine Claude de France ! Mais à son retour de captivité en Espagne, François tombe amoureux d’une jeune beauté : Anne de Pisseleu.
En 1537, Françoise de Foix, délaissée, meurt dans sa chambre, au château de Châteaubriant. On soupçonne aussitôt Jean de Laval de s’être vengé en empoisonnant sa femme infidèle. Depuis, on dit que chaque année, la martyre d’amour fait une apparition dans les lieux mêmes où elle mourut, au douzième coup de minuit…
Françoise de Foix, comtesse de Châteaubriant, femme célèbre par sa beauté fut mariée très jeune à Jean de Laval-Châteaubriant, seigneur de Châteaubriant. Jusqu’au règne de François Ier, on avait vu peu de femmes à la cour ; mais ce prince qui aimait le faste et la galanterie, prétendait qu’une cour sans dames
« était une année sans printemps, et un printemps sans roses. »
Il chercha donc à y attirer les femmes les plus séduisantes de France. La beauté de madame de Châteaubriant était connue à la cour. Le roi engagea son mari à l’y amener. On prétend que le comte différa d’obéir autant qu’il lui fut possible ; qu’il avait fait faire deux bagues parfaitement semblables que, laissant, l’une à la comtesse, il lui avait défendu de quitter sa retraite, si la lettre par laquelle il la mandait n’était point accompagnée de l’autre bague, et que pour plaire au monarque, on eût l’adresse de dérober la bague à l’époux soupçonneux, par le moyen d’un domestique auquel il avait confié son secret que la comtesse arriva à la cour malgré son mari.
Quoi qu’il en soit de cette anecdote, il paraît certain que madame de Châteaubriant vint à la cour, pour la première fois en 1518, lors du baptème du dauphin François et qu’après une assez longue résistance, elle céda à la passion qu’elle avait inspirée au roi. Devenue « la mye du roi » elle reçut moult cadeaux et son mari et ses frères ne furent pas en reste. Mais la mère du roi, Louise de Savoie, veillait et voyait d’un mauvais œil cette liaison, non par excès de moralité mais parce qu’elle détestait la famille de Foix. François Ier ayant été fait prisonnier devant Pavie, en 1525, madame de Châteaubriant resta exposée à la haine de la régente et à la vengeance de son mari.
On prétend encore, car tout est conjectural dans l’histoire de cette femme, que, forcée de se réfugier à Châteaubriant, le comte la fit enfermer dans une chambre tendue de noir, et qu’au bout de six mois il forma des projets contre sa vie.
Varillas, et Sauvai qui l’a copié, disent qu’il lui fit ouvrir les veines. C’est là, sans doute, un de ces contes dont les historiens romanciers ont rempli leurs ouvrages. Châteaubriant était jaloux, mais sa conduite pendant la faveur de sa femme prouve qu’il avait de l’honneur. Suivant Sauvai, il assassina sa femme aussitôt que François l’eût abandonnée pour se livrer à de nouvelles amours. Cependant, elle vivait encore en 1536. Elle revint à la cour après la délivrance de François Ier.
En 1526, lorsque François Ier revint de sa captivité en Espagne, on lui présenta une jeune fille blonde et jolie (Anne d’Heilly de Pisseleu) et il se laissa tenter. La lutte des favorites dura deux ans et Françoise dut finalement céder la place.
Brantôme donne des détails curieux sur cette rupture. Le roi ayant fait demander à madame de Chateaubriant les joyaux qu’il lui avait donnés, et sur lesquels on avait gravé des devises amoureuses composées par la reine de Navarre, la comtesse eut le temps de les faire fondre, et, s’adressant ensuite au gentilhomme chargé des ordres de François Ier, elle lui dit :
« Portez cela au roi, et dites-lui que, puisqu’il lui a plu me révoquer ce qu’il m’avait donné si libéralement, je le lui rends et je le lui renvoie en lingots d’or. Quant aux devises, je les ai si bien empreintes et colloquées en ma pensée, et les y tiens si chères, que je n’ai pu souffrir que personne en disposât, en jouît, et en eût du plaisir que moi-même. »
Le roi, qui ne voulait que les devises, lui renvoya les lingots. La comtesse lutta quelque temps contre la nouvelle favorite, et se servit de sa faveur mourante pour avancer et soutenir ses frères, dont l’un était le fameux maréchal de Lautrec, et l’autre Thomas, fut également maréchal de France.
Ces derniers firent, dans la campagne d’Italie, plusieurs fautes que madame de Châteaubriant sut faire pardonner. Elle mourut le 16 octobre 1537. Son mari, qui fut soupçonné d’avoir contribué à sa mort, lui fit néanmoins élever dans l’église des Mathurins de Châteaubriant un tombeau décoré de sa statue et d’une épitaphe qu’on trouve dans le recueil des poésies de Marot, dont le comte était protecteur zélé. Il semble qu’ils aient vécu longtemps côte à côte, malgré les rumeurs de mésentente entre eux.
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