La reine Claude – la Boiteuse
Posté par francesca7 le 8 juin 2015
Disgracieuse, Boiteuse – comme sa mère Anne de Bretagne –, de petite taille et de forte corpulence : voilà Claude de France. Le 13 mai 1514, âgée de quatorze ans et demi, elle se marie. À qui ?
Au plus beau, au plus grand : un jeune homme de dix-neuf ans : François d’Angoulême. En ce mois de mai 1514, on porte le deuil de la reine Anne de Bretagne morte en janvier, ce mois terrible où le froid fut si intense que les loups affamés attaquèrent bourgs, villages, fermes isolées, et que le pain manqua.
Point de jeux, point de trompettes, ainsi en a décidé Louis XII. Et François d’Angoulême, futur François Ier , déclare à quelques proches, à propos de cette épouse sans grâce, mais qui l’admire tant : « Rien en la personne de cette fille de roi ne me séduit, je l’estime, mais je ne pourrai jamais l’aimer. » Pourtant, neuf mois après son mariage, Claude de France, à quinze ans, va donner naissance à son premier enfant : Louise qui mourra à trois ans.
Six grossesses consécutives vont suivre : Charlotte, morte à 8 ans, François, mort à 18 ans, Henri, le futur Henri II, Madeleine, morte à 17 ans, Charles, mort à 22 ans, et Marguerite, morte à 51 ans. Lorsqu’elle met au monde Marguerite, la reine Claude n’a que 24 ans ! En un peu moins de dix ans de mariage, elle aura été enceinte sept fois, et son septième accouchement sera le dernier. Lorsqu’il apprend qu’elle va mourir, François Ier s’attendrit tristement en disant :
« Si je pensais la racheter par ma vie, je la lui donnerais de bon coeur. Je n’aurais jamais pensé que le lien du mariage fût si difficile à rompre. »
Claude de France s’éteint le 26 juillet 1524. D’elle on conserve l’image d’une reine douce et bonne ; et celle d’une prune toute ronde, verte et parfumée, à laquelle elle donna son nom : la reine-claude. Elle meurt à 24 ans après avoir mis au monde sept enfants
À propos de la reine Claude de France, Brantôme a écrit :
« Il faut parler de madame Claude de France, qui fust très bonne et très charitable, et fort douce à tout le monde, et ne fist jamais desplaisir ny mal à aucun de sa court ny de son royaume. Elle fust aussy fort aymée du roy Louys, et de la royne Anne, ses pere & mere, et estoit leur bonne fille et la bien-aymée, comme ilz luy monstrarent bien; car amprès que le roy fust paisible duc de Milan, ilz la firent déclarer et proclamer en sa court de parlement de Paris, à huys ouverts, duchesse des deux plus belles duchez de la chrestienté, qui estoient Milan et Bretaigne, l’une venant du pere et l’autre de la mere. Quelle heritiere! s’il vous plaist. Ces deux duchez joinctes ensemble eussent bien faict un beau royaume »
Autant François était grand et athlétique, autant Claude était petite. Ses maternités successives la faisaient paraître continuellement bien en chair aux dires de la Cour, qui en faisait un sujet de moquerie. Les ambassadeurs étrangers notent sa « forte corpulence », sa claudication, le strabisme de son œil gauche, sa très petite taille, sa laideur et son effacement, pour ne souligner que ses qualités de cœur. Elle fut peu aimée à la cour après la mort de ses parents. Brantôme témoignera :
« que le roy son mary luy donna la vérolle, qui lui advança ses jours. Et madame la régente (Louise de Savoie) la rudoyait fort […] . »
Le roi lui imposera l’omniprésence de sa maîtresse, Françoise de Foix.
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