La schizophrénie de Charles VI
Posté par francesca7 le 7 juin 2015
Charles VI souffre de ce qu’on appelle aujourd’hui la schizophrénie. De sorte qu’il connaît, entre deux crises, des périodes de rémission où il se comporte tout à fait normalement. Mais lorsque la maladie le saisit, souvent à l’improviste, il ne reconnaît plus sa femme, ses enfants, se met à crier de façon horrible, déchire au couteau les tapisseries et tentures. Il refuse de se laver, jeûne plusieurs jours, puis se met à manger gloutonnement, de façon grotesque, animale. Il danse de façon obscène et affirme s’appeler Georges.
Au bout de quelques années, Jean sans Peur a l’idée de placer auprès du roi fou une blonde, jeune et fort belle Bourguignonne : Odinette de Champdivers. Caressante et bonne, elle éprouve une immense tendresse pour son « roi fol ». Elle lui apprend à jouer aux cartes, elle le soigne avec toutes sortes de doux remèdes ; elle tempère l’ardeur des médecins qui veulent à tout prix, régulièrement, inciser le cuir chevelu du malade afin d’en faire sortir le mal de la folie…
Odinette tente aussi de convaincre Charles qu’il n’est pas de verre : c’est en effet une obsession pour lui ; il est persuadé que s’il tombe il va se briser en mille morceaux ; alors, il se barde d’attelles de fer sur tout le corps afin d’éviter la catastrophe qu’il redoute ! Tendre, Odinette donne aussi de l’amour au roi : un an après leur rencontre, naît leur fille qu’ils prénomment Marguerite (De Valois 1407-1458). Pendant trente années, les crises vont se succéder, entrecoupées de longues périodes de rémission, de sorte qu’on peut imaginer qu’Odinette et Charles connurent une forme de bonheur intense et rare. Jusqu’en 1422. Cette année-là, le 21 octobre, meurt le roi fou.
Du vivant de Charles VI, de riches dons servirent de récompense au dévouement d’Odinette. Elle est gratifiée de deux beaux manoirs avec toutes leurs dépendances situés l’un à Créteil, au Buisson et l’autre à Bagnolet, sans doute situé aux Malassis4. Elle partage le long calvaire du roi de France atteint de démence jusqu’à la mort de celui-ci en octobre 1422. On dit même qu’elle invente pour le distraire les cartes à jouer. Selon certains auteurs, Odette porte les vêtements de la reine dans le lit royal chaque nuit, et Charles ne repère pas la substitution.
En 1418, le roi avait offert une rente à Odette de Champdivers et à leur fille Marguerite de Valois. D’avril à octobre 1422, le gouvernement moribond de Charles VI de France alloue à Marguerite de Valois la somme de cinq cents livres par an, sa vie durant, sur le péage de Saint-Jean-de-Losne. Mais à la mort du roi, en octobre 1422, Odette et sa fille perdent leur rente.
Elle vont alors chercher refuge auprès du duc de Bourgogne. Mais celui-ci est peu généreux.
Les deux femmes sont ensuite accusées et jugées pour avoir comploté et espionné pour la France. Après 1424, Marguerite et sa mère se réfugient dans le Dauphiné.
Charles VII de France la fait légitimer par lettres datées du mois de janvier 1428, à Montrichard.
Odette de Champdivers, par l’intermédiaire d’Étienne Chariot, cordelier de Beuvray-lès-Autun en Bourgogne et espion de Charles VII dans la région, avertit le roi d’un massacre de ses partisans lyonnais programmé par les Bourguignons et les Anglais.
Chariot est arrêté par les Bourguignons et dénonce Odette de Champdivers. La mère et la fille sont accusées et jugées pour avoir comploté et espionné pour la France. Odette de Champdivers disparaît après le 6 septembre 1424. Il est assez probable qu’elle meurt dans le plus grand dénuement. Elle est peut-être morte dans le Dauphiné en 1425.
C’est la seconde plus ancienne maîtresse connue d’un roi de France, après Biette de Casinel, maîtresse de Charles V.
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