Le château de Clementigney ou Château de la Juive
Posté par francesca7 le 26 mai 2015
Le château de Clementigney, plus connu sous le nom de château de la Juive est l’une des plus remarquables demeures particulières de Besançon (Franche-Comté). Il est situé sur la commune limitrophe de Chalezeule, à deux pas du quartier historique de Bregille et sur le bout du mont de Brégille. Le bâtiment de base a été construit à une date inconnue, mais les premières traces à son sujet remontent à la fin du xviiie siècle, avant que la puissante famille juive Lippman n’en devienne propriétaire. C’est d’ailleurs une de leur descendante, Léonie Allegri, qui demande à l’architecte franc-comtois Alphonse Delacroix de la transformer en un véritable château. Entre 1850 et 1870, il donne naissance au bâtiment tel qu’on le connait aujourd’hui, avec son style gothique et son échauguette caractéristique. Le dynamisme de la propriétaire donne à la demeure son surnom toujours actuel, le « château de la Juive ». Par la suite, l’édifice change de main et devient un hôtel-restaurant réputé pour sa gastronomie de qualité et ses décors remarquables, gagnant une réputation nationale et attirant plusieurs célébrités. Cependant, cette vocation se termine au début des années 2000, lorsque le dernier chef cuisinier meurt, le château retrouvant, depuis lors, une fonction purement résidentielle.
Le château de la Juive est construit au numéro trois du chemin des Buis, administrativement dans la commune de Chalezeule, mais presque limitrophe du quartier de Bregille, à Besançon. Il est bâti sur un terrain qui appartenait, dès 1248, au chapitre de Sainte-Madelaine, avant d’être officiellement intégré à la commune de Chalezeule au xvie siècle. Il se dresse tout au bout du Mont de Brégille, face au château de Montfaucon, engoncé au sein d’un parc boisé.
Le premier propriétaire connu de la demeure est Monseigneur de Fresnoy en 1780, qui détenait alors une maison de campagne de son épouse Jeanne Antoine de la Grée, ainsi que plus des deux tiers de la commune de Chalezeule. Ce personnage était le seigneur de terres en Picardie, chevalier de saint-Louis, capitaine au régiment de Monsieur et sera le dernier seigneur de la commune, puisqu’il se fera élire maire sous le nom de Defresnoy. Dans les premiers cadastres, en 1835, l’édifice apparaît comme propriété de M. Mayer Lippman, sans que l’on sache précisément s’il s’agissait d’achat de biens ou de spéculation. La famille Lippman s’installe à Besançon lorsque trois frères originaires de Sarre-Union (Bas-Rhin) – dont Mayer et Alphonse désignés comme marchands de montres – s’établissent, au début des années 1800, à l’hôtel Terrier de Loray, au 68, Grande rue.
Mayer Lippman, alors connu comme étant le juif le plus riche de la cité, fait du bâtiment sa maison de campagne, puis la décore et la meuble richement selon la mode de l’époque. Il se marie à Babette Lévy dont il a quatre enfants : Alfred (négociant à Marseille), Auguste (banquier à Paris), Nathalie et Dina. Cette dernière, mariée au banquier parisien Bénédict Allegri, meurt après avoir donné naissance, en 1827, à Reine Précieuse Léonie Allegri. C’est elle qui sera surnommée la Juive et qui laissera son surnom à la demeure. Mayer Lippman décède le 9 juin 1849 et est enterré au cimetière israélite de la ville, laissant un héritage considérable
Le 17 juin 1919, le château devient la propriété, pour la somme de 60 000 francs, d’Élie Fourcasse, qui en fait sa maison de campagne9. Cet homme est fils d’ouvrier en horlogerie dans le Petit Battant et devient monteur de boîtes pour montres, puis épouse Jeanne-Marie Victorine Martin, qui a fait fortune dans le négoce Le nouveau propriétaire n’hésite pas à vendre la collection d’armes du château, probablement originaire du temps des Turenne, empochant ainsi plus de deux fois le prix d’achat du bâtiment.
Sa fille Berthe, épouse d’Hippolite Dolo, ingénieur des arts et métiers, reçoit en dot le domaine lors de son mariage en 1921, mais l’édifice en mauvais état sera finalement revendu, le 15 mars 1926, à Joseph Périat. Ce dernier, d’origine suisse, chef cuisinier à la cour royale d’Angleterre, décide d’aménager un restaurant au sein du château. La notoriété du domaine dépasse alors largement la région, grâce aux talents culinaires de son propriétaire, mais également avec le décor exceptionnel qui accompagne le repas des hôtes. Malgré tout, il se résout à vendre le château à Alain Gerber, le 12 janvier 1939, à la suite de problèmes récurrents de santé. Il vend également le fonds du restaurant, le 17 février de la même année, à Henri Nussbaum.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Henri Nussbaum tente de maintenir la réputation du château, malgré les restrictions de plus en plus pesantes D’ailleurs, il subit de fortes pressions lors de la Libération, du fait de sa clientèle allemande, en plus des désagréments causés par un char allemand ayant détruit les grilles à l’entrée. Le 10 décembre 1948, Alain Gerber, toujours propriétaire du domaine, décide de le vendre pour la somme de deux millions de francs à un couple de cultivateurs, Francine et Camille Barthot-Malat. L’acte du notaire de Levier décrit le bien ainsi « 15 pièces chauffées au chauffage central, un pavillon en annexe, buanderie, garage, atelier sur caves, une maison de ferme de six pièces, écurie, grange, hangar, trois citernes, parc, verger, prés et serre. » La ferme est louée à Henri Converset à partir de 1937 et les prés à M. Mercier en 1948. Camille Barthot-Malat cède le château en 1955 ainsi que son parc de 1,25 hectare à René Gavet et sa femme Myriam, et le fonds d’hôtellerie l’année suivante
Un passage du journal de Bregille, d’avril 1982, décrit précisément le château de la Juive, reprenant le témoignage de la vie quotidienne de Léonie Allegri dans sa demeure. Ainsi, on y apprend une multitude de détails, comme l’existence d’un escalier en chêne, le fait que les couloirs aux riches lambris dissimulaient des placards secrets, ou encore la description de sa chambre : elle contenait un lit à baldaquin soutenu par des colonnes torsadées, des murs aux lambris rouges et bleu roi, et un plafond bleu ciel tapissé d’étoiles. On apprend aussi qu’était présente une grande cheminée sculptée, recouverte de faïences bleues et blanches, et que les cabinets comportant des vitraux blancs transparents étaient situés dans l’échauguette. Quant à la salle de bain, située au troisième étage, il fallait, pour l’utiliser, monter l’eau seau après seau et la chauffer à l’aide d’un chauffe-eau en cuivre, fonctionnant avec un serpentin envoyant le liquide dans une baignoire également en cuivre, ne comportant pas de système d’écoulement. Des faïences, reprenant les motifs du mur de la salle de réception, trônaient dans le bâtiment, offertes par un peintre italien. Une fois remariée, Léonie Allegri fut confrontée aux infidélités de son époux, le comte de Turenne, dont la rumeur rapporte qu’il facilitait la fuite de ses maîtresses par l’escalier de la tour, alors renommée Felice, ainsi que par des portes secrètes cachées dans les lambris. Il fit également apposer ses armes sur les grilles du château, et fit sculpter son portrait et celui de Léonie sur la cheminée de la chambre de son épouse. Les vignes, encore bien vivaces juste avant la Grande guerre, disparurent avec le décès de leur propriétaire, Léonie, en 1914
L’écrivain Guy Des Cars a fait du château une œuvre littéraire en 1938 – LE CHATEAU DE LA JUIVE est en vente ici : http://bibliothequecder.unblog.fr/
Une recherche minutieuse parmi les archives du temps, ma curiosité a été gâtée, mais je voudrais savoir d’óu
le nom de Clementigney vient.
Bonjour Anca
Il semblerait que ce soit le nom de son premier propriétaire, M.Clément IGNEY, avant que la puissante famille juive Lippman n’en devienne propriétaire.C’est d’ailleurs une de leur descendante, Léonie Allegri, qui demande à l’architecte franc-comtois Alphonse Delacroix de la transformer en un véritable château. Entre 1850 et 1870, il donne naissance au bâtiment tel qu’on le connait aujourd’hui.
J’espère avoir répondu à votre questionnement !
Bonne journée à vous !
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