Au temps du CARNAVAL
Posté par francesca7 le 18 avril 2015
Fête populaire marquant un temps de réjouissance et de défoulement avant les privations du carême.
Il est probable que l’histoire du carnaval puise son origine dans les fêtes païennes qui, pendant la morte saison, entre février et mars, devaient hâter le renouveau de la nature et faire appel aux ancêtres. Mais on sait comment l’Église a réussi à surimposer au calendrier agricole ses temps liturgiques.
C’est au IXe siècle que l’obligation du carême devient plus contraignante, prenant la forme d’un jeûne pendant les quarante jours qui précèdent Pâques. L’opposition entre les deux périodes du cycle, la grasse et la maigre, devient alors plus tranchée : au temps des beuveries, de la liberté et des mascarades carnavalesques succède celui de l’abstinence, de la pénitence et de l’ordre social du carême. Les prêtres utilisent parfois les cendres du grand bûcher du Mardi gras, dernier jour des réjouissances carnavalesques, pour marquer au front des fidèles la croix du mercredi des Cendres, premier jour du carême.
Le thème du combat entre Carnaval et Carême, magnifiquement illustré par le tableau de Bruegel le Vieux (1559), existe en réalité dès le XIIIe siècle ; on y a vu parfois l’opposition entre une culture populaire truculente et la morale de l’Église, ennemie de toutes les joies du corps. Il est vrai que les processions parodiques du carnaval présentent une satire souvent virulente des réalités sociales et religieuses. Toutefois, on estime aujourd’hui que l’« inversion carnavalesque » (le temps d’une fête, les puissants sont raillés et les humbles, couronnés), parce qu’elle est temporaire et maîtrisée, contribue paradoxalement à renforcer l’ordre social. Même si, à l’occasion, la pantomime peut se faire menaçante : ainsi à Romans, en 1580, où le carnaval tourne à l’émeute populaire.
Organisé par des confréries de métier et de quartier ou par des associations de jeunesse elles-mêmes contrôlées par les corps de ville, le carnaval échappe partiellement à la répression des formes de culture populaire des XVe et XVIe siècles. Mais la discipline imposée, au village comme en ville, par la Contre-Réforme catholique au XVIIe siècle contribue à vider le carnaval de sa charge subversive. S’il se maintient à l’époque contemporaine, c’est confiné au monde de l’enfance ou bien, comme dans les villes du nord de la France aujourd’hui, porté par un renouveau folklorique sans doute nostalgique des sociabilités d’antan.
Aujourd’hui encore, liés généralement à la fête chrétienne de Mardi gras, les carnavals sont un type de fête relativement répandu en Europe et en Amérique. Ils consistent généralement en une période où les habitants de la ville sortentdéguisés (voire masqués ou bien maquillés) et se retrouvent pour chanter, danser, faire de la musique dans les rues, jeter des confettis et serpentins, défiler, éventuellement autour d’une parade.
Les masques prennent les caractéristiques des êtres surnaturels qui sont les démons et les esprits des éléments de la nature, c’est pourquoi le masque a une fonction apotropaïque. À la fin le temps et l’ordre du cosmos, bouleversés pendant le carnaval, sont reconstitués (nouvelle création, nouvelle cosmogonie) par la cérémonie de la lecture du « testament » et par les « funérailles » du carnaval qui souvent consistent en la brûlure du « Roi Carnaval » représenté par un mannequin ou une poupée de chiffon. D’autres fois l’image du carnaval est noyée ou décapitée (à propos de la mort rituelle du carnaval voir Le Rameau d’or écrit par James George Frazer).
Les travestissements de tous genres, les bals nocturnes et masqués, les promenades du dimanche gras et du mardi gras sont les principaux amusements auxquels on se livre pendant le carnaval. Le carnaval de Venise et en général ceux des pays méridionaux sont les plus célèbres et les plus brillants.
Traditionnellement, dans le christianisme, le carnaval marque la dernière occasion de célébration des aliments gras et autres avant le début du Carême. La période entre le début du Carême et Pâques (autrement dit la durée du Carême), selon le calendrier de l’Église, est de quarante jours. Traditionnellement, pendant le Carême, aucune fête ne doit avoir lieu, et les gens doivent s’abstenir de manger des aliments riches, tels que la viande, les produits laitiers, les graisses et le sucre. Les quarante jours du Carême, rappelant le récit biblique des quarante jours que Jésus passa dans le désert, servent à marquer une certaine période où le croyant chrétien se tourne vers Dieu et la discipline religieuse. Dans les jours précédant le Carême, il y aurait lieu de consommer tous les aliments et boissons riches en graisse, en sucre ou aux œufs. La tradition de cette consommation importante d’aliments avant le début du Carême serait censée être à l’origine du carnaval.
Le Carnaval de Paris est durant cinq siècles l’un des plus importants carnavals du monde et une très grande fête dès le xvie siècle. Il succède à la Fête des Fous, qui prospère depuis au moins le xie siècle jusqu’au xve siècle.
C’est au Carnaval de Paris qu’est lancé mondialement le confetti en papier en 18912 et le serpentin en 1892.
La foule est telle au Carnaval de Paris que, fin xixe siècle début xxe siècle, on arrête la circulation des véhicules sur les grands boulevards le mardi gras et le jeudi de la Mi-Carême. Des photos existent qui témoignent de l’importance de la fête. On peut regarder, par exemple, la photo des grands boulevards le jeudi de la Mi-Carême 1927. Ou celle du passage du char de la Reine des Reines place de l’Opéra le jeudi de la Mi-Carême 1928. On relève à chaque fois ici la présence d’une foule énorme, à une époque où, pourtant, la fête s’est affaiblie.
Elle a influencé le Carnaval dans le monde : à Rio de Janeiro, La Nouvelle-Orléans, aux Antilles, etc.
Après 45 ans d’oubli, l’initiative de la renaissance du Carnaval de Paris est prise par Basile Pachkoff en 1993. Il ressuscite le cortège de la Promenade du Bœuf Gras en 1998 et celui des Reines des blanchisseuses de la Mi-Carême en 2009.
Les liens anciens qui existent entre le Carnaval de Paris et des fêtes de province et de l’étranger depuis 1904 jusqu’aux années 1920 renaissent depuis 2003. Ils amènent des participations italiennes, cherbourgeoises et belges.
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