POURQUOI LA FLEUR DE LYS
Posté par francesca7 le 31 mars 2015
symbole de la royauté française.
La fleur de lys a été l’insigne du pouvoir et la marque du sacré dans de nombreuses civilisations anciennes (de l’Inde jusqu’à la Crète). En France, elle devient le signe de la souveraineté, réservé au Roi Très-Chrétien à la fin du XIIe siècle. À la même époque, dans la théologie, une comparaison est faite entre la Vierge Marie et le « lys entre les épines » du Cantique des cantiques (II, 2). Cette évolution permet ensuite d’établir un parallèle entre le roi de France et la Vierge Marie, tous deux élus par Dieu pour vaincre le mal. Le motif floral apparaît alors à profusion sur les vêtements du sacre royal, et les monarques le choisissent comme signe distinctif. À partir des règnes de Louis VII et de Philippe Auguste, la fleur de lys devient un motif décoratif ornant les sculptures, les monnaies, l’orfèvrerie, les blasons royaux et de nombreux objets usuels (vaisselle, mobilier). Au XIVe siècle, ce symbole est également concédé à certains lignages nobles, qui l’utiliseront par la suite pour revendiquer leur lien avec le roi. À la fin du Moyen Âge, la fleur de lys sacralise l’idée monarchique et permet de justifier l’alliance entre la France et Dieu. À l’époque moderne et jusqu’à la Révolution, elle est le symbole de la France.
De nombreuses légendes ont cherché à expliquer l’origine des armes de France.
- Parmi les hypothèses donnant à la fleur de lys des origines religieuses, on peut citer cette légende hagiographique23 : dans l’ancienne forêt de Cruye (actuelle forêt de Marly), près du château de Montjoie où la tradition a fait séjourner Clovis et son épouse, vivait près d’une fontaine un ermite que la très chrétienne reine Clotilde avait l’habitude de venir consulter. Un jour qu’elle était en prière avec le saint homme, un ange leur serait apparu et lui aurait demandé de remplacer l’écusson de son mari portant trois croissants ou trois crapauds par trois fleurs de lys qui brillaient d’une couleur d’or sur la plaine de l’actuel Joye-en-Val. On prêtait à Clovis avant sa conversion des armes à trois crapauds.
- Une autre légende rapportée par Louis Girard rappelle que la fleur de lys est un iris stylisé dont Clovis a fait sa fleur favorite : lors de la bataille de Vouillé en 507, les armées de Clovis sont repoussées dans les marécages de la Vienne par les Wisigoths d’Alaric II. Une biche au son de l’armée traverse alors la Vienne en crue au niveau d’un gué environné de grands iris, indiquant ainsi ce passage que peuvent franchir les armées qui vont pouvoir battre les Wisigoths. Cette fleur, symbole de la victoire de Clovis, est dès lors adoptée par le roi des Francs.
- Il a aussi été affirmé que la fleur de lys serait un ancien symbole des Francs, qui étaient originaires de Flandre où l’iris Faux-Acore ou iris jaune (Iris pseudacorus L.) poussait en abondance sur les rives de la Lys. Le Seigneur d’Armentières en fit le motif de son blason. Lors de l’annexion de son fief par le roi de France, celui-ci décida à son tour de l’ajouter à son propre blason. Ainsi serait née la « fleur de Lys », qui n’aurait pas été un lys.
- Pierre-Barthélemy Gheusi donne à la fleur de lys une origine plus guerrière que botanique : ce serait un embout de javelot gaulois (ou encore l’Angon des Francs) avec pointe et crochets (voir l’analogie de forme avec ce sceptre fleurdelisé du blason de Trieste - blasonné « Hallebarde » – et qui serait la lance de Saint Serge selon Ottfried Neubecker, Le Grand Livre de l’héraldique).
La fleur de lis est constituée de :
- Trois pétales, un central, droit, accompagné de chaque côté d’un pétale plus court et courbé vers l’extérieur.Une barrette horizontale (ou « traverse », parfois « douille »), à blasonner si d’une couleur différente.
- Les pétales sont le plus souvent directement accolés à leur base, mais pas nécessairement. Cette caractéristique n’est pas significative et ne se blasonne pas.
- Les pétales sont parfois nervurés d’un trait, plus rarement d’une couleur différente – ce qui dans ce dernier cas doit se blasonner.
- Un pied, formé par le prolongement des pétales ou par une seule pièce trilobe. Ce pied peut être absent, la fleur de lis est alors dite « coupée » ou « au pied nourri » (ou simplement « nourrie »).
La fleur de lis peut être enrichie de quelques accessoires et produire des variantes sans que soit modifiée sa nature fondamentale
Il existe deux orthographes possibles pour le même nom : lis ou lys. La seconde orthographe, peu utilisée aux XVIIème et XVIIIème siècles, est devenue très courante depuis le XIXème siècle, surtout au sens héraldique. Avant d’être appelée « fleur de lis », elle était dite « fleur royale » ou reine des fleurs par les Pères de l’Église.
Le terme de « fleur de lis » n’est apparu qu’au XIIème siècle, dans Erec et Enide de Chrestien de Troyes. Il viendrait du latin lilium, ou de fleur de li (fleur de roi), li signifiant dans cette langue roi, souverain, qu’il est permis de rapprocher de Llys qui voudrait signifier dans cette même langue : salle, cour ou palais, et de Gwen-Lys qui veut dire homme de cour.
La fleur de lis en elle-même : il existe plusieurs variétés de lis des jardins : le lis blanc est dit lilium candidum ou lis commun, le lis jaune orangé ou « lis faux safran » est dit lilium croceum. Lis est entré par analogie dans la dénomination d’autres plantes telles que le « lis d’étang » pour nénuphar, « lis de mai » ou « lis des Vallées » pour muguet, « lis Saint-Jacques » pour l’amaryllis, « lis jaune » pour liseron tricolore, etc. Lis a produit liseron en 1538 : selon Pline l’Ancien, la nature voulant produire la fleur de lis pour être la reine des fleurs, elle n’osa entreprendre un tel chef-d’œuvre d’un seul coup et s’essaye avec le liseron.
La fleur de lis est avant tout une fleur, et comme telle participe à son symbolisme. C’est avant tout une symbole du principe passif. Le développement de la fleur, à partir de la terre et de l’eau, symbolise celui de la manifestation à partir d’une substance passive.
Sa signification varie alors selon ses couleurs. Une fleur jaune revêt un symbolisme solaire ; une fleur bleue un symbolisme onirique et une fleur blanche la pureté ou un symbolisme lunaire. Ainsi s’explique pourquoi le Christ est représenté parfois par une fleur de lis jaune ou dorée et la Vierge par une fleur de lis blanche ou d’argent.
Si la fleur de lis est bien le symbole de la dynastie capétienne, elle ne leur est pas exclusivement réservée, loin de là. Dès la fin du XIIème siècle, elle fut utilisée comme meuble héraldique dans toute l’Europe occidentale.
Elle aurait même été particulièrement utilisée durant la période 1280-1380 dans une vingtaine d’armoriaux médiévaux : Angleterre, Berry, Brabant, Bretagne, Hainaut, Hesbaye, Hollande, Main, Maine, Basse-Normandie, Nuremberg, Poitou, Romagne, Vermandois, Zélande.
Le fleurs de lis furent choisies principalement par des gens de petite et moyenne noblesse ou des groupes sociaux n’ayant aucun lien de parenté avec la famille capétienne. L’emploi de la fleur de lis est également extrêmement fréquent chez les paysans de la France du Nord et de l’Ouest. Il ne faut voir là qu’un phénomène de mode.
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