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Aux temps des Fermiers

Posté par francesca7 le 21 mars 2015

1 FERMIERSPour former une exploitation agricole, nombre de paysans étaient donc tenus de louer de la terre. En dehors des solutions particulières que leur donnait le droit coutumier de certaines provinces, ils pouvaient recourir à deux formules classiques : le fermage et le métayage.

Dans le cadre du fermage, le loyer était fixé une fois pour toutes à une certaine quantité de grains et de bétail ou à une certaine somme d’argent. Indépendamment des récoltes réalisées, plus ou moins belles en fonction des circonstances climatiques ou militaires, bailleurs et preneurs s’étaient entendus sur un prix pour plusieurs années. Ce prix constituait une rente foncière dont la régularité était un avantage précieux pour le propriétaire. Pour le preneur, il représentait un pari sur l’avenir : le fermier devait être assuré que, quels que soient les aléas, il disposerait d’une récolte suffisante, une fois réglé son propriétaire, pour faire vivre sa famille, pour payer les impôts, les fournisseurs et le personnel éventuel, pour retenir les semences de l’année suivante et, si possible, pour dégager un profit. Si les risques n’étaient pas très grands dans le cas de petites locations (parcelles ou marchés de terre sans bâtiments), il en allait tout autrement quand des domaines entiers étaient loués à ferme (réserves seigneuriales, domaines bourgeois). Alors, l’étendue des terres et la présence de bâtiments agricoles (siège de l’exploitation) suffisaient pour former une (grande) exploitation. Mais pour s’engager, les preneurs devaient disposer d’un train de culture et d’un cheptel en conséquence. Pour une ferme d’une trentaine d’hectares, il y fallait 2 ou 3 chevaux, 10 vaches environ, 200 moutons, une charrue, un chariot, une charrette et tout un matériel spécialisé, l’ensemble représentant un capital d’exploitation de plusieurs milliers de livres au XVIIIe siècle. Et bien des domaines comptaient 50, 60, voire plus de 100 hectares. Pour s’en charger, il fallait qu’il existât une classe d’entrepreneurs de culture, celle que l’on rencontre dès la fin du Moyen Âge dans le Nord avec les « censiers » ou dans le Bassin parisien avec les « fermiers laboureurs ».

Les baux à ferme se répandirent à partir du XIIe siècle (les premiers fermiers connus par les textes médiévaux se rencontrant en Normandie et dans le Bassin parisien). Ils correspondaient d’abord aux pays d’assolement triennal : aussi, leur durée était-elle en général de neuf ans, parfois de six ou de trois. Pendant ces neuf années, le fermier s’acquittait à l’égard de son propriétaire en deux ou trois termes annuels, fixés aux moments importants du calendrier cultural : Noël (après les semailles d’automne et les premières ventes de la récolte précédente), Pâques (après les semailles de printemps et la suite des ventes) et la Saint-Jean-Baptiste (avant les récoltes et au moment des dernières ventes). Pour les exploitations en corps de ferme qui étaient louées ainsi, seuls de riches laboureurs étaient capables de s’acquitter sans trop de retard, même en mauvaise année, car ils disposaient des réserves et du crédit nécessaires. À partir du XVIe siècle, ils se mirent à prendre aussi à ferme les dîmes, les champarts et les autres droits seigneuriaux : en conséquence, cela leur permettait de jouer sur leurs stocks pour ne vendre qu’au bon moment et au meilleur coût. Cette spéculation à la hausse conduisait les fermiers à s’abstenir de garnir les marchés en période de bas prix, ce qui multipliait les émeutes frumentaires. La Révolution et la période taxatrice de l’an II ne firent qu’apporter une sanction provisoire à ce libéralisme économique jugé excessif.

 

Pour autant, les propriétaires ne montraient guère de bienveillance à l’égard de leurs fermiers. D’une part, le montant de la redevance faisait en principe l’objet d’adjudications publiques au plus offrant, ce qui élevait au maximum les engagements entre fermiers concurrents. Un difficile équilibre était établi entre les exigences, contradictoires, du propriétaire et du fermier. Dans les périodes de baisse des prix agricoles, les bailleurs étaient excessivement sévères : entre 1650 et 1730, ils maintinrent trop haut leurs loyers, acculant de nombreux fermiers à la faillite dans tout le royaume. Ce naufrage des fermiers, constaté du Languedoc à la Normandie, constitue l’un des aspects de la « crise » duXVIIe siècle. D’autre part, le régime de culture et l’entretien du domaine faisaient l’objet de clauses contraignantes qui pérennisaient les traditions : interdiction de dessoler ou de dessaisonner (et de rompre l’ordre des cultures), interdiction d’échanger des parcelles ou de sous-louer (sans l’agrément du bailleur), obligation d’assurer des services de charrois qui mobilisaient les attelages plusieurs jours dans l’année, obligation de convertir sur place les pailles en fumier sans pouvoir en vendre, etc. Ces précautions, qui se précisent du XVIe auXVIIIe siècle, soulignent que pour les propriétaires il ne s’agissait pas de favoriser un quelconque progrès agricole, mais de préserver leur capital et la possibilité de changer de locataire à chaque fin de bail. Cependant, la répétition des clauses suggère aussi que, dans les faits, de nombreux fermiers prirent leurs distances avec leurs propriétaires, en particulier entre 1750 et 1789, lorsque la hausse des prix agricoles avantageait les producteurs.

Très dépendants économiquement du travail et des services de leurs voisins, les paysans ont longtemps été étroitement assujettis aux caprices du climat. De nos jours encore, une grêle qui ravage les vignes, une gelée tardive, une sécheresse prolongée, etc., provoquent de vives réactions et entraînent désormais, dans bien des cas, le déclenchement d’un plan d’urgence. En revanche, jusqu’auXIXe siècle, époque du développement des assurances agricoles, les paysans ne disposaient d’aucune protection. Et les circonstances étaient d’autant plus dramatiques que l’alimentation était à base céréalière, que chaque province vivait d’abord sur ses ressources propres (avant l’internationalisation du commerce du blé, auXIXe siècle) et que les rendements moyens restaient très faibles (autour de 9 quintaux à l’hectare en moyenne, soit dix fois moins qu’aujourd’hui). Les malheurs des paysans, touchés également par les épidémies (en particulier la peste jusqu’au milieu du XVIIe siècle) et le passage des gens de guerre (jusqu’au règne de Louis XIV), avaient pour seul effet de faire fléchir momentanément le fisc : ce qui était déjà important puisque le principal impôt direct, la taille royale, pesait d’abord sur les rustres. Parmi les exploitants, les inégalités étaient tout aussi fortes, et les intérêts, souvent concurrents. Et, en dehors des exploitants, les simples salariés agricoles et les plus humbles paysans ne demandaient qu’à survivre. Pour arbitrer ces intérêts divergents, les paysans disposaient d’une institution locale : la communauté rurale.

champsLe regroupement des hommes dans le cadre du village, stabilisé autour de l’an mil, déboucha au XIIIe siècle sur l’émergence d’une institution locale représentative des intérêts des manants et habitants : l’assemblée communale, qui se détacha peu à peu du cadre paroissial (premier pôle de fixation) puis du cadre seigneurial (qui avait organisé initialement la mise en valeur du sol). À partir de 1500, la communauté apparaît dans des textes législatifs ou réglementaires : ainsi, l’ordonnance du 25 janvier 1537 donna-t-elle pouvoir aux prévôts des maréchaux de convoquer les communautés « à tocsin et cri public » pour courir sus aux vagabonds et pillards. Elle comparut lors des rédactions des coutumes sous Louis XII ou François Ier par l’intermédiaire de ses procureurs. Ses attributions étaient importantes : en pays de vignoble ou de grande culture, elle élisait le garde des récoltes (le messier), donnait son avis sur l’ouverture des moissons et des vendanges. Un peu partout, elle intervenait dans les pratiques culturales (respect de l’assolement) et contrôlait les usages collectifs (glanage, chaumage, vaine pâture). Dans les pays secs, elle organisait l’irrigation, ainsi au sud du Dauphiné. Elle gérait enfin les biens communaux, dont la possession déterminait le degré de puissance des communautés rurales.

Aujourd’hui, à deux siècles de distance, les tensions qui secouent la paysannerie trahissent toujours ces inégalités. Mais, désormais, aux questions strictement économiques est venue s’ajouter une interrogation universelle : quel est le sens, en France, du travail de la terre ?

 

SOURCES ENCYCLOPEDIQUES

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Les grandes transformations de Paris au XIXe siècle

Posté par francesca7 le 21 mars 2015

haussmann-travauxDans les premières décennies du XIXe siècle, Paris n’a pas encore totalement rompu avec la structure urbaine mise en place à l’époque médiévale. En témoignent la faible superficie de la ville et la forte concentration des fonctions urbaines dans un espace restreint. Aucune spécialisation du sol n’est à l’œuvre : les quartiers centraux, proches du fleuve (quartier Saint-Honoré, quartier des Marchés, quartier des Lombards, quartiers des Arcis), rassemblent, dans un dédale de rues étroites, le bâtiment de la Banque de France, le siège social de la Caisse d’épargne, l’Hôtel des Postes, les bâtiments des Messageries installés à proximité des imprimeries et des journaux, les commerces de draps, les Halles, les bouchers qui tuent sur place les animaux, les mégissiers qui traitent les peaux… L’absence de spécialisation fonctionnelle renvoie à l’importance des relations de proximité et à la concentration des activités au centre-ville. Cette concentration, ainsi que la présence de garnis où loge une main-d’œuvre instable d’hommes de peine, de portefaix, de débardeurs, indispensables aux activités commerciales et portuaires, d’ouvriers du bâtiment qui ne peuvent guère s’éloigner de la place de Grève, leur lieu d’embauche, expliquent les très hautes densités observées dans le centre de la capitale.

Afin de pallier la saturation de l’espace urbain, la pratique de la surélévation - on élève les combles afin d’y créer de nouveaux espaces d’habitation, soit en ayant recours à des constructions en pans de bois, soit en modifiant le profil de la charpente, soit en utilisant une maçonnerie légère - et celle du « bourrage des parcelles » sont généralisées. À la profondeur des parcelles parisiennes correspond alors une hiérarchie des activités qui renvoie à l’éloignement par rapport à la rue, comme l’a montré François Loyer : « À l’alignement, les fonctions nobles du logement et du commerce ; sur cour, des logements de moindre prestige et des stocks ou des activités artisanales… Cette descente dans la hiérarchie peut aller jusqu’à l’activité maraîchère, en cœur d’îlot, lorsque les parcelles sont très profondes. »

Paris est alors une « ville malade » et sa restructuration s’impose d’urgence. Entreprise durant la première moitié du siècle, celle-ci ne prendra véritablement toute sa portée et sa signification qu’au cours du Second Empire. Non que la ville ait ignoré les transformations avant l’arrivée d’Haussmann à la préfecture de la Seine, en juin 1853 ; mais les grands travaux prennent, dès ce moment, des dimensions nouvelles : globalement, les sommes engagées par le baron pour transformer Paris sont quarante fois supérieures à celles engagées sous la monarchie de Juillet, lorsque Rambuteau était préfet de la Seine. On connaît la charge satirique - les Comptes fantastiques d’Haussmann - que Jules Ferry écrira juste avant la chute du préfet, en janvier 1870, y dénonçant les emprunts exorbitants exigés par cette politique de grands travaux.

« Paris assaini, agrandi, embelli » : la formule est inscrite sur l’arc de triomphe dressé pour l’inauguration de la rue Malesherbes par Napoléon III, en 1861. Ce slogan résume assez pertinemment les objectifs des transformations opérées sous le Second Empire. Haussmann raconte en ces termes sa première rencontre avec l’empereur, lors de son arrivée à Paris : « Il était pressé de me montrer une carte de Paris sur laquelle on voyait, tracées par lui-même, en bleu, en rouge, en jaune et en vert, suivant leur degré d’urgence, les différentes voies nouvelles qu’il se proposait de faire exécuter. » Les travaux sont effectués en trois étapes, qui correspondent à trois réseaux de circulation coordonnés. Le premier est mis en place bien avant 1858 : il réalise la « grande croisée de Paris », au niveau du Châtelet, au carrefour de l’axe est-ouest (rue Saint-Antoine et rue de Rivoli) et de l’axe nord-sud (boulevard de Sébastopol et ce qui deviendra le boulevard Saint-Michel). Le cœur de la ville, où l’entassement des habitants était maximal, est ainsi aéré ; l’Hôtel de Ville et l’île de la Cité sont dégagés. L’objectif du second réseau, financé par l’État et par la Ville, est de relier les différents quartiers de la capitale. Le troisième réseau, financé par la Ville seule, doit favoriser les échanges entre l’ancien Paris intra muros et les espaces annexés le 1er janvier 1860. Au terme des travaux, qui se poursuivent après la chute d’Haussmann, l’ensemble du réseau de circulation parisien est entièrement réaménagé. Le prolongement de la rue de Rivoli et le percement du boulevard de Strasbourg sur la rive droite, celui du boulevard Saint-Michel sur la rive gauche permettent, pour reprendre la formule du préfet de la Seine, « de satisfaire aux nécessités d’une circulation toujours plus active. » Parallèlement, la mise en place d’un réseau polyétoilé à l’est - place du Trône (aujourd’hui place de la Nation) - et à l’ouest - place de l’Étoile, (aujourd’hui place Charles-de-Gaulle) - réorganise l’ensemble du trafic et entraîne un désengorgement du centre. Les grands boulevards issus de cette réorganisation se caractérisent par leur monumentalité. Ils sont autant d’emplacements prestigieux pour les sièges sociaux des grandes sociétés et pour les grands immeubles cossus. Lors de l’inauguration du boulevard Malesherbes, qui traverse la plaine Monceau et l’ancienne Petite-Pologne, la presse saisit bien la signification sociale des transformations opérées : à la place des « vastes superficies où on ne rencontrait que des taudis de logeurs, des cahutes de chiffonniers, des chantiers de toutes espèces, des cloaques de toutes odeurs… [s'édifie] cette ville de palais que nous bâtit M. Pereire du côté de ParisCourcelles ».

La manière dont Paris a été restructuré pendant la seconde moitié du XIXe siècle a provoqué une déconcentration de la monumentalité, qui prend toute sa signification lorsqu’on la compare aux transformations survenues au même moment à Vienne. Donald Olsen, qui a comparé les deux capitales, souligne que, si l’on avait procédé de la même façon sur les bords du Danube et sur les rives de la Seine, les Champs-Élysées auraient accueilli l’Opéra et le Louvre, la Sorbonne et la Chambre des députés, l’Hôtel de Ville et la Bourse…

Les transformations de la capitale n’ont évidemment pas été sans conséquences sur la répartition de la population. Mais l’« haussmannisation » n’a pas entraîné, comme on l’a trop souvent avancé, un départ immédiat des catégories populaires du centre ville. Jeanne Gaillard a dénoncé le schématisme d’une telle interprétation : « La population ouvrière [...] tend à rester sur place. Tout indique que, refoulée par les travaux, elle ne va pas d’une traite jusqu’aux arrondissements extérieurs ; à la place libre et aux loyers moins chers, elle continue de préférer la proximité du centre où se trouvent ses fournisseurs et ses clients. Le Parisien de cette époque est peut-être nomade, mais un nomade dont le terrain de parcours est très étroitement limité. » Les quartiers situés aux abords immédiats de l’Hôtel de Ville, où se situe la croisée de Paris, enregistrent, dès 1856, une baisse démographique, tandis que les quartiers voisins connaissent un accroissement brutal, dû principalement à une augmentation très forte de la population vivant en garnis. À la veille de l’annexion de 1860, Paris intra muros compte 1 175 000 habitants répartis sur 36 kilomètres carrés, soit une densité moyenne de 327 habitants à l’hectare ; la petite banlieue, entre le mur des Fermiers généraux et les Fortifications, s’étend sur 43 kilomètres carrés et compte 364 000 habitants, soit une densité moyenne de 84 habitants à l’hectare. Ces chiffres indiquent, sans équivoque, l’extrême concentration de la population dans le vieux centre. Maurice Garden a suivi, du Second Empire aux années 1980, l’évolution des densités dans les vingt quartiers de Paris : la répartition de la population s’inverse aux dépens des quartiers centraux et au bénéfice des quartiers périphériques. À la veille de la Première Guerre mondiale, la première ceinture autour du centre ancien est, à son tour, saturée, et l’essentiel de la croissance résulte de celle des arrondissements créés en 1860, qui rassemblent, en 1906, la moitié des habitants de la capitale.

Ces transformations se sont accompagnées de mutations dans les relations que la capitale entretient avec l’industrie. Les initiatives royales avaient permis la création de grandes manufactures, mais c’est surtout sous le Premier Empire que l’industrie a connu un véritable essor. Une enquête de la Chambre de commerce pouvait, sans risque d’être contredite, conclure à la veille de la révolution de 1848, que « Paris a depuis longtemps pris sa place au nombre des villes manufacturières de premier ordre en France. Ses produits, variés à l’infini, sont connus du monde entier… » On dénombrait alors 350 000 ouvriers, employés dans quelque 65 000 entreprises. Dès le Second Empire, le déclin des grands établissements industriels s’amorce. Haussmann n’est guère favorable à la croissance industrielle dans Paris. L’annexion de 1860 est donc, à cet égard, un moyen de contrôler et de limiter le développement industriel des arrondissements extérieurs. On assiste alors à une lente et irréversible désindustrialisation de la capitale au profit des banlieues.

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La révolte du Papier timbré

Posté par francesca7 le 21 mars 2015

 

révolte qui éclate en Bretagne en 1675.

UDB_1975_poster_-_Tricentennial_of_the_Revolt_of_the_papier_timbréElle a lieu au moment où la province sort d’une ère de prospérité très longue, originale en France, pour connaître des difficultés économiques durables. Au sens strict, cette révolte concerne la plupart des villes bretonnes, et en particulier Rennes, où elle commence le 18 avril et atteint son paroxysme en juin. L’occasion de cette rébellion est l’instauration de nouvelles taxes, d’un monopole royal de la vente du tabac, et la création d’un droit d’enregistrement des actes officiels par le recours au papier timbré. Faute de troupes dans la province, la répression tarde jusqu’en octobre : une rue de Rennes est presque entièrement rasée, la troupe loge chez les habitants, et, surtout, le parlement est exilé à Vannes jusqu’en 1689, un départ aux conséquences économiques très graves pour la ville.

Cependant, l’importance de l’événement tient aussi - au moins, autant - à sa simultanéité avec une révolte paysanne, dirigée à la fois contre les abus des seigneurs et l’instauration des nouvelles taxes, qui touche essentiellement le centre et le sud du Finistère actuel pendant tout l’été. Connu sous le nom de « révolte des Bonnets rouges », le mouvement rural a laissé plusieurs remarquables cahiers de revendications paysannes, les « codes paysans ». Son écho, en pleine guerre de Hollande, est international, et il est également largement commenté par la marquise de Sévigné, qui séjourne alors en Bretagne.

Une vision « romantique » en est donnée par le mouvement contestataire breton des années 1970, ravivant un souvenir entretenu d’autant plus fortement qu’il s’agit de la seule révolte populaire importante en Bretagne entre le XVe siècle et 1793.

 

Ces nouveaux impôts et ces menaces s’ajoutent à une situation économique difficile en Bretagne. La province est alors très peuplée (environ 10 % de la population du royaume), et épargnée par les disettes et les épidémies depuis les années 1640. Dans les années 1660-1670, elle entre dans une phase de difficultés économiques, consécutives aux premiers effets de la politique de guerre économique de Louis XIV, de l’augmentation sensible et simultanée des impôts, et de faiblesses structurelles : par exemple, diminution des deux tiers du commerce du vin et des toiles d’après le duc de Chaulnes (surnommé an hoc’h lart : le gros cochon, en breton), gouverneur de Bretagne, les revenus issus de la terre (fermages) diminuent eux aussi d’un tiers, entrainant une déflation généralisée, exceptée des offices.

Le système du domaine congéable, qui régit les rapports d’une partie des paysans cultivant la terre et possesseurs, est mis en cause par certains : archaïque, il décourage les investissements et les améliorations des méthodes de culture, aussi bien de la part des paysans que des seigneurs. Ceux-ci, en revanche, devant la baisse de leurs revenus depuis 1670, exigent de façon plus pointilleuse leurs autres droits (voir réaction seigneuriale). Ainsi, en 1668, le paiement des servis est refusé dans la région de Carhaix, à Penfrat en Saint-Hernin. Le rôle du système foncier et fiscal est contesté par Jean Meyer : la superposition de la carte de la révolte avec les régions de domaine congéable est « douteuse ». On peut en effet remarquer que des paroisses hors domaine congéable se soulèvent, alors que d’autres, qui en font partie, ne se soulèvent pas. La suppression du système n’est pas abordée dans les codes qui nous sont parvenus.

La révolte est très souvent menée par des femmes. À cette époque, la législation royale est de plus en plus draconienne à l’encontre des femmes, tous leurs droits sont diminués, aussi bien leurs droits économiques que civils (elles ne peuvent plus choisir leur époux par exemple). Ceci heurte dans un pays où la femme occupe traditionnellement une place très importante, et on en trouve mention dans les codes paysans. Enfin, la Bretagne est un pays d’États, où l’impôt sur le sel, la gabelle, n’existe pas, et où les nouveaux impôts doivent être acceptés par les États depuis l’acte d’Union de la Bretagne à la France. En 1673, les États avaient, outre un don gratuit de 2,6 millions de livres, acheté la suppression de la Chambre des domaines (qui privaient certains nobles de droit de justice) pour la même somme et racheté les édits royaux instituant les nouveaux impôts, plus diverses autres dépenses en faveur du pouvoir royal qui s’élèvent à la somme exorbitante de 6,3 millions de livres. Un an après, les mêmes édits sont rétablis, sans consultation des États. Et c’est par le Parlement de Bretagne que Louis XIV fait enregistrer la taxe sur le papier timbré en août 1673, et la taxe sur le tabac en novembre 1674, au mépris des « libertés bretonnes » (c’est ainsi que les Bretons de l’époque appelaient leurs privilèges en vertu du traité d’union de la Bretagne à la France). Les nouvelles taxes touchent plus les paysans et le petit peuple des villes que les privilégiés, et font craindre une introduction de la gabelle. Tout cela crée un large front de mécontentement contre la brutalité inédite de l’État royal.

Durant le règne de Louis XIV, c’est la révolte où les autorités locales ont le plus laissé faire les émeutiers, les particularismes locaux rapprochant élites et peuple en Bretagne. Ceux-ci sont certes spontanés, mais s’organisent rapidement, et rallient des groupes de plus en plus larges au sein de la société. À côté du pillage, on observe, ce qui est singulier, des prises d’otages et la rédaction de revendications. Arthur Le Moyne de La Borderie voit dans la révolte du papier timbré une révolte antifiscale contre les nouveaux impôts. Il récuse en revanche les explications et les propos du duc de Chaulnes qui rapporte les « mauvais traitements » des gentilshommes bretons envers les paysans. Il explique que la colère des paysans révoltés se tourne contre les nobles pour deux raisons : ils constituent pendant longtemps la seule force de maintien de l’ordre disponible dans les campagnes, et leurs châteaux servent de cibles, faute d’agents du fisc. Enfin, il rapproche certaines observations faites en 1675 (« les passions mauvaises, les idées extrêmes et subversives qui fermentent nécessairement dans toutes les masses révoltées » qui en arrivent « au communisme et aux violences contre les prêtres ») des événements survenus durant la Commune de Paris : « Tant il est vrai que rien n’est nouveau sous le soleil et que les passions populaires, La révolte du Papier timbré  dans ARTISANAT FRANCAIS 280px-Papier-timbre-9-aout-1674une fois affranchies du frein social, se précipitent d’un seul bond au gouffre de la barbarie », en citant le curé de Plestin (« Les paysans se croyaient tout permis, réputaient tous biens communs, et ne respectaient même plus leurs prêtres : en certains lieux, ils voulaient les égorger, en d’autres, les expulser de leurs paroisses ») : pour lui, la révolte de 1675 est aussi un épisode de la lutte des classes.

L’historien soviétique Boris Porchnev a travaillé essentiellement sur le riche fonds Séguier, qu’il avait à sa disposition à Léningrad. Il décrit lui aussi cette révolte comme antifiscale, temps fort de la lutte des classes, mais il en élargit les causes à une révolte contre les prélèvements des seigneurs fonciers (nobles et ordres religieux). Il propose également une analyse patriotique bretonne de ce soulèvement en citant un article de N. Ia. Marr qui fait un parallèle entre la situation des Bretons en France et les « allogènes » caucasiens en Russie tsariste. Boris Porchnev écrit : « Le rattachement définitif de la Bretagne à la France, confirmé par les États de Bretagne, avait eu lieu en 1532. Peut-on parler d’asservissement national et de lutte de libération nationale des Bretons, étant donné que la noblesse bretonne s’était déjà entièrement francisée et que, au fond, seuls demeuraient bretons les paysans ? La réponse est contenue dans l’état actuel du problème breton en France. En dépit d’une dénationalisation continue d’une partie des Bretons, ce problème demeure typique des « minorités nationales » et ne saurait être résolu dans les conditions d’un régime bourgeois ». Boris Porchnev conclut : « Nous trouvons justement dans le xviie siècle les racines historiques lointaines de cette lutte ». Enfin, pour lui, la révolte de 1675 annonce 1789.

Pour Alain Croix, la révolte est un affrontement entre la bourgeoisie et ses alliés d’une part, l’Ancien Régime d’autre part, comme lors de la Révolution française, « à une échelle différente. La pression en faveur du changement est modeste en Bretagne, et l’originalité de la situation de la province l’isole de toute manière dans le vaste royaume de France : il n’y a d’ailleurs pas ailleurs l’équivalent des révoltes de 1675 ». Il lie également la révolte aux différences de l’économie bretonne, maritime et ouverte au commerce, et de l’économie française, aux intérêts continentaux.

Roland Mousnier met également en avant l’archaïsme du système seigneurial breton comme cause de la révolte, qu’il juge essentiellement anti-fiscale.

Jean Nicolas note la durée de la révolte, le rapprochement entre élites et peuple en Basse-Bretagne, la formulation de revendications précises.

Outre la réduction au silence des États et du parlement, la reprise en main permet également l’établissement d’une Intendance de Bretagne (la Bretagne était la dernière province à ne pas connaître cette institution représentante du pouvoir central) que les États de Bretagne avaient jusqu’alors toujours réussi à éviter. La Bretagne entière est ruinée en 1679 par l’occupation militaire selon les États.

En Basse-Bretagne, les zones révoltées sont aussi celles qui furent favorables aux Bleus lors de la Révolution française, et qui virent la crise la plus importante des vocations religieuses au xixe siècle. Elles correspondent également aux zones du « communisme rural breton », ainsi qu’aux zones où la langue bretonne est la plus vivante. Un pardon, célébré le quatrième dimanche de septembre en l’église Notre-Dame de Tréminou, commémore cet épisode de l’histoire bretonne.

 

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