POURQUOI DIT-ON RIRE JAUNE
Posté par francesca7 le 19 mars 2015
Le jaune est une couleur contradictoire. Quand il est vif et éclatant il représente la couleur du soleil et de l’or ; il est à ce titre attribué aux dieux, « à la puissance des princes, des rois, des empereurs, pour proclamer l’origine divine d leur pouvoir »
Au contraire quand il est mat il représente la couleur du soufre, de l’enfer, et devient le symbole de la trahison, de la déception. Il est alors « associé à l’adultère quand se rompent les liens sacrés du mariage à l’image des liens sacrés de l’amour divin, rompus par Lucifer » (Dictionnaire des symboles).
C’est ainsi que dans l’imagerie du Moyen Age le jaune devint la couleur traditionnelle de Judas, le traitre par excellence, celui qui avait vendu le Christ lui-même. « Jaune, paisle jaune doré, couleur de Judas, de vérolé, d’aurore, de serein », dit quelque par A.d’Aubigué.
De cet Apôtre mal famé le symbole passa aux Juifs en général, que dans certains pays la loi obligeait à s’habiller en jaune – tradition re-surgie à point sous le nazisme avec l’étoile jaune de sinistre mémoire … En Espagne, les victimes des autodafés étaient vêtues de jaune en signe d’hérésie et de trahison ; en France, on badigeonnait en jaune la porte des félons. C‘est véritablement une couleur qui n’a pas bonne réputation.
De là vient le jaune : « l’ouvrier qui travaille malgré l’ordre de grève donné à sa corporation », car il trahit le vœu de solidarité contenu implicitement dans la notion de lutte des classes. Cela depuis le début du siècle où les « jaunes » s’opposaient aux « rouges ». En novembre 1899, il y eut un groupement de jaunes au Creusot, puis la création d’un syndicat jaune en 1900.
Il est heureux que le célèbre « maillot jaune » du Tour de France cycliste soit venu redonner quelque lustre à une couleur si décriée. Le choix est paraît-il dû au hasard, par référence à la couleur du journal L’Equipe qui patronna le premier maillot, et qui était alors imprimé sur papier jaune.
Mais de la tradition médiévale vient aussi le rire jaune, celui de la gêne, du dépit, des faux jetons que la contrariété fait sourire à contre-coeur et du bout des dents.
Extrait de La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton
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