François Rabelais – plusieurs cordes à son arc
Posté par francesca7 le 18 mars 2015
écrivain (La Devinière, près de Chinon, 1483 ou 1484 - Paris 1553).
Si les personnages et les épisodes de l’œuvre rabelaisienne sont devenus, au fil des siècles, des repères « mythologiques » de la culture nationale, l’existence de leur créateur continue, pour une large part, à se dérober aux recherches érudites.
• « Ce que nous en savons le mieux, écrivait Michelet, c’est qu’il eut l’existence des grands penseurs du temps, une vie inquiète, errante, fugitive. » On sait que l’éducation du jeune Rabelais est confiée aux moines, et l’on suppose qu’aux alentours de 1510 il est novice dans un couvent de cordeliers près d’Angers. Vraisemblablement ordonné prêtre dans les années qui suivent, il s’initie aux langues anciennes et adresse au célèbre humaniste Guillaume Budé, en 1521, une lettre respectueuse qui nous apprend qu’il est moine franciscain au couvent de Fontenay-le-Comte. Budé encourage l’activité littéraire et philologique du néophyte, mais, en 1523, les supérieurs de Rabelais, sensibles au vent d’obscurantisme qui souffle de la Sorbonne, lui confisquent ses livres de grec. Il passe alors chez les bénédictins, moins fermés aux innovations culturelles. En 1528, il abandonne le froc pour l’habit de prêtre séculier. Deux ans plus tard, il est inscrit sur le registre des étudiants de la faculté de médecine de Montpellier. Commence alors une période d’intense activité éditoriale, qui témoigne d’une curiosité encyclopédique. En 1532, il publie une traduction latine des Aphorismes d’Hippocrate, puis lesEpistres médicinales de l’Italien Manardi. Nommé médecin à l’hôtel-Dieu Notre-Dame de la Piété du Pont-du-Rhône, il publie Pantagruelvraisemblablement à la fin de la même année, sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier (anagramme de François Rabelais). En 1533, l’ouvrage est condamné par la Sorbonne pour obscénité. Le cardinal Jean du Bellay prend alors Rabelais sous sa protection et l’emmène à Rome comme médecin et secrétaire. Rabelais y réédite la Topographia antiquae Romae de l’érudit milanais Marliani. De retour à Lyon en 1534, il publie Gargantua et la Pantagruéline Prognostication. Reçu docteur en médecine à la faculté de Montpellier en 1538, il exerce désormais dans cette ville. L’imprimeur et humaniste Étienne Dolet écrit alors que Rabelais est l’« un des meilleurs médecins du monde ». En 1543, Pantagruel et Gargantua sont censurés par le parlement de Paris à la demande des théologiens. Le Tiers Livre, qui paraît à Paris en 1546, est immédiatement condamné par la Sorbonne. Rabelais quitte alors la France pour Metz, ville d’Empire, qui lui offre un poste de médecin. En 1547, il accompagne une nouvelle fois à Rome, le cardinal Jean du Bellay qui lui fait conférer les cures de Meudon et de Saint-Christophe-du-Jambet quelques années plus tard. En 1552, paraît le Quart Livre, également vite censuré par les théologiens. L’année suivante, Rabelais meurt après avoir résigné ses deux cures. L’Isle Sonnante - seize chapitres du futur Cinquième Livre - est publiée en 1562, et deux ans plus tard paraît l’intégralité duCinquième Livre, dont la paternité reste aujourd’hui encore sujette à discussions.
Verve, fantaisie et sagesse.
• Effervescente, chaotique et multiforme, jouissant de hautes protections et frôlant sans cesse les flammes du bûcher, l’existence de Rabelais est sans doute la meilleure introduction à une œuvre qui se dérobe à toute signification univoque. Si les histoires des géants et de leurs compagnons - Panurge, Frère Jean des Entommeures - se sont inscrites avec une telle force dans la mémoire collective, c’est qu’elles gardent, par-delà les sages morceaux choisis auxquels la tradition scolaire les a trop souvent réduites, une insolence verbale et une puissance de questionnement intacte. Après la relative éclipse des siècles classiques, l’esprit de Pantagruel et de Gargantua n’a cessé de souffler sur les grands créateurs de la littérature française – Victor Hugo, Balzac, Céline et Claudel. L’adjectif « rabelaisien », passé dans le langage courant pour qualifier une verve truculente, apparaît finalement restrictif au regard d’une œuvre dans laquelle Michelet voyait l’Iliade et l’Odyssée du patrimoine littéraire français.
Sources encyclopédiques
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