Le village d’ Oradour-sur-Glane
Posté par francesca7 le 5 mars 2015
village martyr de la Haute-Vienne dont la population a été assassinée par les nazis le 10 juin 1944.
Les 7 et 8 juin 1944, la division « Das Reich » (Waffen SS), stationnée dans la région de Montauban depuis le mois d’avril, reçoit l’ordre de faire mouvement vers le front de Normandie. Sur son chemin, elle a aussi pour mission d’aider la Wehrmacht dans la lutte qui l’oppose aux nombreux maquis du Sud-Ouest et du Massif central. Dirigées par le général Lammerding, les unités de la division « Das Reich » se sont déjà illustrées par leur cruauté sur le front de l’Est ; en France, elles ont reçu le renfort de soldats alsaciens, les « malgré-nous », enrôlés de force dans la Wehrmacht comme dans la Waffen SS en vertu du décret du 25 août 1942. Face à la détermination des maquis FTP et des combattants de l’Armée secrète, Lammerding choisit la terreur : le 8 juin, il fait pendre 99 otages à Tulle. L’horreur atteint son paroxysme à Oradour-sur-Glane, où Dickmann, chef du 1er bataillon, ordonne à ses hommes de commettre un massacre, d’autant plus arbitraire que ce bourg du Limousin ne constitue guère un foyer de la Résistance : le 10 juin, 642 civils, presque toute la population d’Oradour, à laquelle s’ajoutent 44 réfugiés lorrains, sont assassinés ; les hommes sont fusillés au fond du garage et dans les granges, les femmes et les enfants, brûlés dans l’église.
Dès les lendemains de la Libération, Oradour devient le symbole de la barbarie nazie : les ruines du village sont respectueusement conservées ; des visiteurs y affluent. Mais le procès des bourreaux, qui s’ouvre devant le tribunal militaire de Bordeaux en janvier 1953, est difficile : morts ou en fuite, les principaux responsables sont absents ; surtout, parmi les 21 inculpés, on ne compte que sept Allemands contre quatorze Alsaciens, dont douze ont été incorporés de force dans la SS. En vertu de la loi du 15 septembre 1948, ces derniers sont passibles d’un jugement et leur condamnation est réclamée par les rares survivants et l’ensemble de la population du Limousin, mais l’Alsace unie se mobilise en leur faveur, refusant de distinguer leur sort de celui des autres « malgré-nous ». Face aux risques que fait peser sur l’unité nationale l’affrontement de deux mémoires, les responsables politiques privilégient la raison d’État : condamnés à des peines de prison et de travaux forcés par le tribunal, les douze Alsaciens sont aussitôt amnistiés par le Parlement. Seuls les députés communistes se sont prononcés en bloc contre cette amnistie. L’Alsace est soulagée, mais les habitants et les élus de la Haute-Vienne sont durablement meurtris par ce qu’ils jugent être une « trahison » de l’État.
Massacre des femmes et des enfants : Le groupe emmené et enfermé dans l’église comprend toutes les femmes et tous les enfants du village. Des soldats placent dans la nef, près du chœur, une sorte de caisse assez volumineuse de laquelle dépassent des cordons qu’ils laissent trainer sur le sol. Ces cordons ayant été allumés, le feu se communique à l’engin, qui contient un gaz asphyxiant (c’était la solution prévue) et explose par erreur ; une fumée noire, épaisse et suffocante se dégage. Une fusillade éclate dans l’église ; puis de la paille, des fagots, des chaises sont jetés pêle-mêle sur les corps qui gisent sur les dalles. Les SS y mettent ensuite le feu. La chaleur était tellement forte qu’à l’entrée de cette église on peut voir les restes de la cloche, fondue et écrasée sur le sol. Des débris de 1,20 m de hauteur recouvraient les corps.
Une seule femme survit au carnage : Marguerite Rouffanche, née Thurmeaux. Son témoignage constitue tout ce qu’il est possible de savoir du drame. Elle a perdu dans la tuerie son mari, son fils, ses deux filles et son petit-fils âgé de sept mois.
Le chœur de l’église comprenant trois ouvertures, dans un instinct de survie, Mme Rouffanche se dirigea vers la plus grande, celle du milieu et à l’aide d’un escabeau qui servait à allumer les cierges, elle parvint à l’atteindre. Le vitrail étant brisé, elle se jeta par l’ouverture. Après un saut de trois mètres, elle atterrit au pied de l’église sur un fourré et fut blessée par un SS en fuyant vers un jardin voisin. Dissimulée parmi des rangs de petits pois, elle ne fut délivrée que le lendemain vers 17 heures.
Le centre de la mémoire est un musée et un mémorial témoignant des atrocités commises par les occupants nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale. Sa vocation est de perpétuer le souvenir des victimes, d’informer et d’œuvrer afin que de tels événements ne se reproduisent plus jamais. Le projet, qui naît en 1989, se concrétise dix ans plus tard et est inauguré par le président de la République Jacques Chirac et le ministre de la Culture Catherine Trautmann le 16 juillet 1999.
Son architecture atypique (qualifiée de « Non-architecture » par son concepteur, Yves Devraine) s’inscrit dans le cadre tourmenté du village martyr, distant de quelques centaines de mètres. Le centre présente des expositions permanentes permettant de mieux comprendre le drame, sans omettre de replacer la tragédie dans son contexte historique. Le visiteur transite ainsi dans quatre espaces thématiques, avant de rejoindre un « espace de réflexion » où des messages de paix et des citations sont présentés.
Des expositions temporaires ont également lieu dans l’enceinte du centre, où des stagiaires du service autrichien de la Mémoire sont accueillis régulièrement.
L’ensemble du mémorial et du village martyr font d’Oradour-sur-Glane le site le plus visité en Limousin, avec 306 427 visiteurs en 2007.
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