Histoire d’un réseau de l’Internet
Posté par francesca7 le 21 février 2015
L’aventure, tout à la fois politique, technologique et sociale du réseau Internet a commencé dans le contexte de compétition, aux implications scientifiques et militaires, dû à la guerre froide. En 1957, le département d’État à la Défense des États-Unis crée l’Agence pour les projets de recherche avancée (Advanced Research Project Agency, ou ARPA), afin de mettre sur pied un réseau de télécommunications informatique qui permette aux chercheurs universitaires et aux militaires de s’échanger des données et de coordonner leurs activités. En 1962, l’US Air Force commande à la Rand Corporation un rapport sur la vulnérabilité des réseaux de télécommunications en cas de conflit. Le rapport livré par l’informaticien Paul Baran souligne la centralisation excessive de certains réseaux et le manque d’autonomie de fonctionnement des nœuds intermédiaires de communication par rapport aux centres de contrôle en cas de destruction du réseau ; la mise hors d’usage du noyau central aurait pour conséquence la paralysie de l’ensemble.
Arpanet
C’est aux chercheurs de l’ARPA qu’est confiée la mission de développer un réseau expérimental qui répondrait à la nouvelle approche stratégique préconisée par le rapport Rand. Le réseau Arpanet (Advanced Research Project Agency NETwork), réseau à commutation par paquets, est testé le 21 novembre 1969 : à l’aide d’uneligne téléphonique, une liaison est effectuée entre deux ordinateurs, respectivement installés à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) et à l’Institut de recherche de Stanford. En décembre, le réseau est étendu à l’université de Californie à Santa Barbara et à l’université de l’Utah.
Le projet Arpanet satisfait plusieurs objectifs. Le réseau utilise des technologies éprouvées et des équipements disponibles sur le marché, ce qui le rend évolutif. D’autre part, il n’est pas tributaire d’un centre de contrôle : au noyau central traditionnel est substituée une architecture composée d’une multitude de connexions, dont la configuration globale évoque une toile d’araignée ; chaque ordinateur du réseau peut ainsi communiquer avec tous les autres ordinateurs. De 1970 à 1980, le réseau Arpanet s’étend d’abord aux universités américaines dont les recherches concernent la défense. Puis le réseau est séparé en deux : Milnet, réservé aux militaires, et Arpanet. Ces deux réseaux demeurent interconnectés grâce à la technique appelée Internet Protocol (IP), qui permet l’échange de données entre réseaux dotés d’équipements informatiques différents. Au milieu des années 1980, les agences de recherche du gouvernement américain confient à la National Science Foundation (NSF) la charge de se substituer à l’ARPA pour donner à l’ensemble des institutions universitaires un accès au réseau, voire pour développer ce dernier à l’échelon international en prenant acte de la détente survenue dans les relations Est-Ouest. De fait, le réseau NSFnet, capable d’une transmission à grande vitesse, connaît un essor remarquable.
Jusqu’en 1991, et la création du Commercial Internet Exchange, les utilisations à caractère commercial sont bridées par les préceptes édictés dans l’AUP (Acceptable Use Policy), qui établit que le NSFnet a pour vocation exclusive de soutenir la recherche et l’enseignement. Pour répondre à la demande pressante des entrepreneurs, un second réseau national est mis au service des entreprises à caractère commercial. Parallèlement, des tractations s’engagent au niveau politique pour céder le réseau NSFnet au secteur privé. En 1995, NSFnet est remplacé par un ensemble de grands réseaux interconnectés (ANSnet, MCInet, CompuServe, etc.), lesquels proposent à leurs clients l’accès à l’Internet.
La « Toile » ou Web
Étroitement associé au développement de Internet, le Web rend Internet accessible au grand public en présentant les informations sous une forme multimédia et interactive. Sa conception est due au Britannique Tim Berners-Leeet à son équipe du Cern (officiellement appelé Organisation européenne pour la recherche nucléaire), à Genève. Le Web fonctionne selon un modèle « client-serveur » : le client émet une requête vers un serveur et lui demande la communication d’un document ; le serveur reçoit la demande et retourne les fichiers au client ; celui-ci reçoit le document, et le logiciel spécialisé qu’il utilise, appelé « logiciel de navigation » ou « navigateur » (browser), réalise la mise en page.
Développé en commun par le Cern et le NCSA (National Center for Superconducting Application), le programme Mosaic (mis en service en 1993) est une interface universelle utilisant les techniques de l’hypertexte et du multimédia. Distribué gratuitement par téléchargement, Mosaic permet une consultation aisée des serveurs du réseau Internet et illustre ce qu’est un hypertexte : il suffit de cliquer sur un mot ou une illustration pour se connecter à une autre zone machine du réseau. Au lieu d’obéir à un modèle hiérarchique, la recherche d’informations sur le Web se fait donc selon un modèle de type multimédia : la technologie permet de s’affranchir de l’aspect linéaire des documents. Devenu public dès 1991, le Web connaît une croissance considérable du nombre de services proposés. En 1994, d’une scission du groupe de développement de Mosaic sont nés une nouvelle entreprise, Netscape Corporation, et un nouveau produit commercial, Netscape Navigator. Depuis lors, de nombreux services d’index et de recherche d’informations, les moteurs de recherche, se sont créés (Google, Yahoo, Baidu, etc.).
Dopé par la généralisation de la transmission de données en haut débit (via le câble, le satellite, ou encore la connexion ADSL) et par la banalisation des usages des micro-ordinateurs dans les foyers et dans les entreprises, Internet est devenu socialement et économiquement quasi-incontournable en tant que vecteur de diffusion et de communication et de recherche d’informations. Estimé, en 2005, à plus d’un milliard, le nombre d’internautes dans le monde a dépassé les 2 milliards en 2012, et ce chiffre devrait encore augmenter dans les années à venir.. En France, on est passé de 15 millions d’internautes en 2005 à environ 42 millions en 2012.x de…
Internet offre aux utilisateurs de nombreux types d’applications : messagerie électronique (mél ou courriels, en anglais e-mails), messagerie instantanée (« chat »), sites Web et blogs marchands, institutionnels, personnels ou collaboratifs (wikis), réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.), commerce électronique (ou e-commerce), transfert et téléchargement de fichiers informatiques (textes, images, musiques, vidéos), téléphonie sur IP (téléphone par ordinateur), forums de discussion, jeux en réseau ou en ligne (→ jeux vidéo)… Ces différents usages d’Internet créent une culture nouvelle, qui enrichit le système relationnel de l’ensemble des acteurs de la société : individus, entreprises et institutions.
Les enjeux sociaux et culturels
L’essor d’Internet constitue une innovation majeure dans le domaine des communications : c’est un vivier d’idées. C’est aussi un outil de désenclavement. Où qu’il soit dans le monde, un internaute peut « surfer » sur le Net et ainsi accéder à des produits, à des services d’information, effectuer une transaction, participer à une discussion sur un forum, etc. Mais Internet ne fait pas l’unanimité. Pour ses détracteurs, il contribue à une détérioration du tissu social en favorisant une forme de communication sans contact réel. Internet rapproche-t-il les gens ou, au contraire, contribue-t-il à l’individualisme ? S’il est indéniable qu’Internet offre un moyen supplémentaire de communication interpersonnelle, internationale et interculturelle, comme la lettre ou le téléphone, il crée en même temps de nouvelles formes d’individualisme et transforment nos modes de consommation de biens culturels et de loisirs.
Les implications d’Internet dans la vie quotidienne sont multiples. Le réseau offre la possibilité de « télégérer » des opérations financière : par exemple, acheter tel produit, commander tel voyage. Il peut simplifier les démarches administratives ou bancaires, grâce à des guichets électroniques qui évitent un déplacement ou l’envoi d’un courrier.
Le commerce en ligne (e-commerce) constitue avec la messagerie (le courriel) deux applications particulièrement porteuses.
Grâce au réseau haut débit, les opérateurs de télévision diffusent des bouquets de chaînes dont les programmes peuvent être téléchargés ou visionnés à la demande (lecture en continu ou streaming).
Par ailleurs, la téléphonie sur IP permet de communiquer de façon illimitée et à moindre coût via Internet, en s’affranchissant ainsi des opérateurs de télécommunications traditionnels.
Au-delà, Internet est devenu un enjeu social. Avec son développement, un nombre croissant d’emplois n’ont plus lieu d’être. Des activités comme, par exemple, la presse, la distribution ou l’édition sont à l’aube de profondes mutations. À l’inverse, de nouveaux métiers apparaissent, dont un nombre important en relation directe avec la mise en place fonctionnelle d’Internet et des systèmes d’information qui lui sont liés. Par ailleurs, Internet induit une évolution de la notion de travail : il n’est plus nécessaire d’être physiquement présent sur un lieu ; une tâche peut être effectuée à distance (télétravail), ce qui suppose une nouvelle appréciation du temps de travail et de la relation entre l’employeur et l’employé. Ainsi, Internet entraîne l’individualisation du salariat et introduit une grande porosité entre les frontières du privé et du professionnel.
Parallèlement au potentiel informatif et informatique de chaque élément qui compose le réseau, se sont développés, au début des années 2000, de nouveaux services qui se caractérisent par la participation et l’interaction des utilisateurs à la production de contenus. L’internaute est devenu contributeur du Net : c’est l’ère du Web 2.0, marquée principalement par la création de millions de blogs(personnels, professionnels et institutionnels) et surtout des réseaux sociaux (Linkedin, MySpace, Facebook, Twitter, etc.) qui ont conquis une place centrale au sein des différents usages d’Internet.
Avec le Web 2.0, les utilisateurs ont la possibilité d’être beaucoup plus actifs dans la production, la diffusion et le traitement de l’information. On observe un déplacement d’un ensemble d’oppositions traditionnelles entre professionnels et amateurs, passivité et activité, autorité verticale et réseau horizontal… Toutefois, tous ces chamboulements d’ordre sociaux, culturels, informationnels et économiques engendrés par Internet, qui modifient en profondeur la société et les comportements des individus qui la composent, nécessitent un encadrement politique, juridique et éthique.
Les enjeux économiques
La présence des entreprises sur le réseau prend des formes diverses, de la simple présence « médiatique » au serveur transactionnel qui permet de consulter un catalogue, de comparer puis de choisir un produit et enfin de procéder à son achat en ligne. Grâce au courrier électronique, l’Internet propose à l’entreprise – de même qu’à toute institution – un outil de communication externe, qui lui permet de diffuser ses messages (informations sur ses produits et services, annonces de recrutement…) à l’intention des internautes et d’organiser le travail à distance avec ses collaborateurs reliés au réseau. Mais la messagerie électronique lui offre aussi un outil de communication interne (intranet), qui est à l’usage de ses personnels pour qu’ils réalisent des gains de temps dans leurs relations professionnelles.
Pour l’entreprise, l’objectif primordial reste la vente. À cet égard, Internet assure l’essor du commerce électronique (cybercommerce ou e-commerce). Les pages d’accueil du Web, faisant place à la publicité de marque, sont âprement convoitées. Le téléchargement direct sur les autres pages du réseau permet d’offrir à la vente des produits sans cesse diversifiés. Par exemple, l’édition s’est mise à l’heure de la cyberlibrairie et les grands magasins ou les hypermarchés ont ouvert leurs propres sites de distribution. On observe toutefois, sous la forme de « spams », une invasion parasite de l’écran par des messages publicitaires que les annonceurs expédient aux internautes en captant l’adresse électronique de ces derniers à leur insu ; ce « spamming », non sollicité et souvent massif, nécessite le recours à des filtres et incite certains fournisseurs d’accès à la mise en place de parades dont l’efficacité reste toutefois aléatoire.
L’un des principaux enjeux économiques tient à l’association de la technologie d’Internet et de celle de la téléphonie mobile. Ainsi, le protocole WAP (Wireless Application Protocol) offre une passerelle entre un téléphone portable (smartphone) – ou tout autre périphérique sans fil compatible (tablettes, assistants numériques personnels, etc.) – et le serveur Web : il utilise à cette fin un langage conçu pour les écrans de petite taille, ne disposant pas d’outils de navigation comme le clavier et la souris.
Une analyse économique d’Internet montre que le réseau repose essentiellement sur la centralisation des données (YouTube, DailyMotion, Facebook, Google…), ce qui offre une grande facilité de gestion et implicitement une maximisation des profits (capitalisme appliqué au numérique). Actuellement, l’évolution d’Internet se poursuit dans ce sens, avec un développement marginal des logiciels libres (open sources) et autres plates-formes alternatives peer to peer (poste à poste).Les risques et les faiblesses d’Internet
Les risques liés à la croissance
La vitesse de transmission des données sur Internet fait que ce dernier concurrence les moyens traditionnels de diffusion de l’information, en premier lieu la presse écrite, de même que des modes de transmission comme le courrier ou le fax. Mais la dimension mondiale du réseau accroît les difficultés à la fois pour repérer l’information utile et pour vérifier sa fiabilité. L’édition sur le Web ignore les filtres que constituent d’ordinaire les éditeurs traditionnels. De fait, le Web peut être un véhicule redoutable de rumeurs, notamment par le biais desnews. Des informations erronées peuvent se propager avec d’autant plus de rapidité que l’anonymat des émetteurs les met à l’abri des plaintes.
Les risques liés à la sécurité et à la confidentialité
L’accès à l’Internet expose l’entreprise comme le particulier aux risques d’intrusion et donc aux risques de vol ou de destruction d’informations, par le biais de virus. En outre, l’achat sur l’Internet est subordonné à la protection de la confidentialité des données lors d’échanges transitant par le réseau et nécessitant une carte bancaire. La combinaison du filtrage (pare-feu), du cryptage, de l’authentification et du contrôle d’accès aux outils et applications permet de lutter contre les tentatives de communications indésirables. Toutefois, lacybercriminalité, pratiquement inconnue il y a moins de vingt ans, prend de l’ampleur et devient un sujet de préoccupation majeur pour la plupart des États.
Les risques liés à la sauvegarde de la propriété intellectuelle
La question du respect des droits d’auteur sur le Web se pose avec acuité. En la matière, ce dernier n’est pas une zone de « non-droit » : la législation sur le droit d’auteur protège toute œuvre originale, « quels qu’en soit le mode ou la forme d’expression ». Elle s’applique donc à la numérisation, qui est l’expression, sous une forme spécifique, d’une œuvre. De fait, si la communication d’une œuvre entre deux personnes au moyen du courrier électronique ne constitue pas une communication publique, la diffusion d’une œuvre protégée sur un service d’information est assujettie au droit d’auteur. Sa consultation, autorisée dans le cadre de la consultation particulière, encore que la consultation d’une œuvre sous une forme numérisée suppose la copie de cette œuvre (téléchargement), ne constitue en rien une cession de droit à la reproduire ou à la diffuser.
Le débat est complexe. La multiplication des réseaux peer to peer, qui permettent l’échange de fichiers audiovisuels (musique, vidéo, jeux vidéo, etc.), reste au cœur de l’actualité juridique et économique. Plusieurs logiques s’affrontent. La première est basée sur un échange libre et gratuit. Les ayants droit ne perçoivent alors aucune rémunération. La seconde repose sur le paiement par l’internaute d’une redevance forfaitaire perçue par le fournisseur d’accès et reversée à des sociétés de répartition de droits d’auteur. Enfin, la troisième suppose le versement de droits d’auteur pour chaque œuvre protégée et téléchargée. Ces différentes solutions se heurtent à des contraintes techniques importantes ainsi que d’ordre juridique.
Les risques liés au respect de l’éthique
Peut-on tout diffuser sur l’Internet ? Quelle position les pouvoirs publics doivent-ils adopter face au réseau des réseaux ? Le développement rapide des services sur Internet a pris de cours le législateur, et le régime juridique qui leur est applicable reste empirique. L’article 2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 définit en tant que communication audiovisuelle « toute transmission, émission ou réception de signes, de signaux, d’écrits, d’images, de sons ou de renseignements de toute nature ». Cette définition, volontairement large, inclut les services du Web. Mais la profusion d’informations confère au réseau une envergure qui rend difficile le seul recours à des lois nationales. De fait, des casinos virtuels peuvent étendre leur clientèle en s’affranchissant de toute réglementation ; plusieurs sites ont mis en vente des objets nazis ; d’autres font commerce de la pédophilie. Il reste à élaborer une déontologie et une législation d’Internet. La notion de responsabilité est au centre des débats : les forums de discussion, par les contenus qu’ils véhiculent, posent clairement le problème de la responsabilité des internautes et/ou de celle des fournisseurs d’accès au réseau. La loi sur l’économie numérique telle qu’elle doit s’appliquer en France, faisant obligation aux hébergeurs d’exercer un contrôle a priori sur les sites Internet français et aux fournisseurs d’accès de filtrer les sites étrangers, soulève parmi eux une vive émotion, relayée par les utilisateurs du haut débit. Les questions d’avenir pour Internet
Être ou ne pas être internaute ?
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