Les bords du lac de NANTUA
Posté par francesca7 le 11 février 2015
Une nouvelle fenêtre sur le lac : En accord avec le comité de gestion du site classé du lac, la mairie de Nantua décline sa politique de mise en valeur de cet espace naturel exceptionnel. Dans ce cadre, souhaitant améliorer l’ouverture de la ville sur le lac, elle a récemment fait procéder à l’arrachage de la haie de troènes, située à hauteur du rond-point de l’Europe, à proximité du monument des déportés. Si la vue s’en trouve largement améliorée, l’action a également eu pour conséquence de redécouvrir le magnifique cèdre du Liban, centenaire, situé dans cet espace.
A l’assaut panoramique des monts d’Ain : En 1903, Maurice Sonthonnax, un habitant de Nantua, lançait un défi sportif : rejoindre le point culminant du Signal depuis la Place d’Armes en moins de 45 minutes. Un pari gagné puisque c’est finalement en 41 minutes et 23 secondes que le sportif catholard avala les 650 mètres de dénivelé. Découvrant ce récit, Patrick Martel, un passionné d’histoire local et membre du Club Alpin Français (CAF) de Nantua, eu alors l’idée de faire revivre ce challenge à quelques compétiteurs aguerris. Le 9 juin 2013, le CAF de Nantua, avec le concours de la municipalité, organisera donc le «Défi des monts d’Ain», un trail de 4,5 km sur les traces de Marius Sonthonnax, ouvert aux coureurs comme aux randonneurs. Ceux-ci auront le choix entre deux parcours, avec ou sans lacets, pour une pente pouvant atteindre 30 % sur certains passages. L’effort devra donc être soutenu, mais les organisateurs assurent que la course sera conviviale, des animations étant prévues le long du parcours. Renseignements et inscriptions sur http://defidesmontsdain.free.fr/
Le Lac de Nantua est souvent cité en France comme un exemple caractéristique de l’influence de l’activité humaine sur l’environnement. Son « état de santé » a été l’objet de préoccupations des pouvoirs publics et des élus locaux depuis qu’y est apparue la tristement célèbre Oscillatoria rubescens. L’ouvrage rend compte d’études menées pendant près de 10 ans concernant essentiellement l’évolution de l’écosystème lacustre en relation avec les activités humaines. Y sont exposées les conséquences du déversement d’eaux usées dans un lac de taille moyenne, les modifications physicochimiques et biologiques consécutives au détournement de ces eaux usées. Il est question enfin d’un essai infructueux d’oxygénation hypolimnique.
En ce qui concerne Nantua, la tradition décrit un lac autrefois très pur, dont les eaux permettaient « de faire le pain le plus blanc de la région’.’ Mais pendant des années des tanneries ont rejeté leurs eaux usées dans les affluents du lac. Il est donc probable que des rejets organiques polluants ont été abondamment amenés au lac à cette époque ; la teneur, anormalement élevée, en métaux lourds dans les sédiments du lac, 0,16 mg Hg, 3,6 mg Cd et 38 mg Pb par kg de sédiment sec (rapport « Inventaire des lacs » non publié) est au moins en partie un témoin de cette pollution ancienne.
Le Lac de Nantua tel qu’on peut le voir actuellement résulte des grands travaux de 1856 : ces travaux abaissèrent le niveau du lac de plus d’un mètre. Ils ont permis un assainissement des zones marécageuses et l’aménagement de l’esplanade du Lac côté Nantua.
Les zones ainsi dégagées et assainies furent revendues en grande partie à des particuliers en 1869 par la mairie de Nantua en tant que lac non domanial. À l’origine, deux bras du lac ont servi à l’évacuation de ce volume énorme d’eau, un seul demeurant de nos jours, le deuxième étant asséché et comblé.
Poissons : le peuplement de poissons est assez varié : ablette, Gardons, brème, tanche, carpe commune, carpe miroir, carpe écaille, chevesnes, perche, brochet, sandre, lavaret, truite arc-en-ciel, truite fario, truite lacustre.
On observe malheureusement depuis quelques années des perches soleils - Lepomis gibbosus - espèce importée aux conséquences écologiques néfastes sur les alevins de toutes espèces mais sa prolifération semble contenue, voire en régression.
Crustacés : on ne trouve quasiment plus d’ écrevisses indigènes à pattes rouges « astacus astacus » ou alors de petite taille. Elles entrent en concurrence depuis 2013 avec l’écrevisse de Californie « Pacifastacus leniusculus » (Pacifastacus leniusculus). Cette espèce est invasive, sa pêche n’est pas réglementée contrairement à celle de l’écrevisse indigène. Il est interdit de la transporter vivante (sous peine d’amende) pour éviter toute dissémination. La pêche de l’écrevisse indigène est, au contraire, réglementée.
Méduses d’eau douce : à partir de 2010, on a pu observer des méduses d’eau douce (craspedacusta sowerbyi). Cette méduse, importée, est non urticante. Elle n’apparait pas ensuite chaque année mais on peut la considérer désormais comme implantée sous forme de polypes.
Coquillages : il existe un fort peuplement de moules d’eau douce, principalement des dressènes (dressena polymorpha) (image : http://redpath-staff.mcgill.ca/ricciardi/dreissenap.html), plus rarement des Pisidia.
Attention: il ne faut pas consommer les moules d’eau douce car ce sont de véritables pièges à polluants. On observait jusqu’il y a cinq ans quelques colonies d’Anodonta Grandis mais elles ont été progressivement remplacées par les dressènes plus envahissantes et moins sensibles à l’eutrophisation. On n’observe néanmoins plus de gros spécimens (>10 cm) comme certaines personnes ont pu en trouver par le passé, ce qui témoigne d’une forte pollution sédimentaire profonde.
Gastéropodes : principalement du genre Hydrobiidae (concentration maximum vers 10 mètres) et Valvatidae (moins de 3 mètres).
Sangsues : sangsues de petites tailles (Helobdella robusta), qui ne s’attaquent pas à l’homme mais plutôt aux gastéropodes (qu’on peut apercevoir facilement en soulevant une pierre), voire aux poissons.
Le lac de Nantua a la particularité d’être non domanial: les berges et le lit d’un cours d’eau ou d’un lac non domanial appartiennent aux propriétés riveraines. (Source : archive du Bugey – article de P. Domingeon – Travaux de 1859). Certaines parties sont communales, d’autres privées. Il n’y a pas de droit de passage, sauf pour les éventuels accès pour contrôle sanitaire de l’eau.
L’eau d’un lac non domanial reste un bien public collectif qui, en l’occurrence appartient à la commune de Nantua. L’autorité administrative établit et met à jour pour chaque bassin ou groupement de bassins, après avis du comité de bassin, un programme de surveillance de l’état des eaux.
En 1947, le Comité des Déportés de Nantua décide la réalisation d’un monument à la mémoire des déportés du canton.
L’implantation en bord de lac, choisie pour magnifier l’ensemble et l’isoler de la ville, a été déterminée par le sculpteur et approuvé par les autorités locales. Le 9 octobre 1949, le sculpteur Louis Leygue justifie ce choix :« Lorsque le comité local de Nantua m’a demandé d’étudier un monument à la mémoire des déportés, j’ai pensé à le placer dans le cadre magnifique du lac. J’ai cherché un endroit assez retiré, loin des bruits de la ville, loin des fêtes éventuelles. De plus, j’ai choisi l’endroit où la ligne plongeante des montagnes semble se rencontrer au loin à la surface des eaux. Ce lieu magnifique centre l’attention sur le monument. »
Laurent Picot
laurentpicot.ph@gmail.com
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