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ETRE FAUX COMME UN JETON

Posté par francesca7 le 8 février 2015

 

images (3)On dit « franc comme l’or » et « faux comme un jeton ».

Pourquoi une réputation aussi fâcheuse s’attache-t-elle à ce malheureux objet ?… Un jeton est une « petite pièce ronde faite en guise de monnaie, d ont on se sert pour calculer plusieurs sommes, ou pour marquer son jeu ou autres choses » (Furetière). Il faut savoir que les chiffres romains (LXXIII, etc) ne permettent pas les opérations, avec ou sans retenue, telles que nous les apprenons à l’école. Les Romains et leurs descendants comptaient donc avec des bouliers. L’introduction au Moyen Age des chiffres arabes (ceux que nous utilisons) ouvrit une ère nouvelle au calcul arithmétique, mais il y a loin de la théorie à l’usage, et jusqu’à la fin du XVIIè siècle les additions « à la plume » furent réservée à de rares initiés ; Il est vrai que le système monétaire de l’Ancien Régime ne facilitait pas les choses pour le compte des sommes d’argent, principal, sinon unique objet de calcul dans la vie courante ; La livre (ou franc) valait 20 sols (sous), le sol valait 12 deniers ; 3 livres faisaient 1 écu, et 11 livres 1 pistole ou 1 louis…. Le très grand public compta donc son argent avec la méthode archaïque du « jet » (d’où jeton), pratiquement jusqu’à la révolution de 1789 qui instaura le système décimal, plus facile à manier « sur le papier ».

Le principe de ces anciennes additions consiste à tracer sur une planchette (ou sur une feuille) des lignes horizontales dont chacune représente une valeur donné ; par exemple une ligne pour les derniers, une autre pour les sols, une troisième pour les livres, etc.. Un objet placé sur la ligne des deniers – on peut faire d’opération avec des boutons ou des haricots – vaut symboliquement 1 denier. Quand on arrive à une rangée de 12 boutons on les enlève tous et on les remplace par un seul bouton sur la ligne des sols ; chaque fois que l’on atteint 20 boutons sur cette dernière, on les remplace par un seul sur la ligne des livres, ainsi de suite. (Dans la pratique les valeurs des lignes tenaient compte des pièces de monnaie réellement en usage : 6 deniers, 15 sols etc). Bref, si en fin de compte on se retrouve avec 8 boutons sur la ligne supérieure, 15 sur celle au-dessous, et 6 sur la dernière, cela veut dire que le total de la somme est 8 livres, 15 sols et 6 deniers.

C’est, comme l’indique Gougenheim ; à ce genre de calcul que se livre précisément Argan, avec jetons et planchette, quand au tout début du Malade imaginaire, il fait le total de la note qu’il doit à son apothicaire. Les metteurs en scène modernes de Molière, ignorant l’usage historique et embarrassés par ce monologue de départ, tout à fait abscons s’il n’est pas replacé dans sa manipulation précise, font dire le texte à l’acteur au petit bonheur la chance, en tripotant par acquit de conscience quelques piécettes inutiles ou une plume d’oie hors de saison.

Donc, les jetons, de cuivre ou en argent, utilisés pour ces opérations n’avaient aucune valeur propre. Ils « ne prennent de valeur que par la place qu’ils occupent sur la table ». Montaigne dit d’un homme dont le crédit s’accroît ;  « Nous jugeons de lui, non selon sa valeur, mais à la mode des jetons, selon la prérogative de son rang ».

Ces jetons avaient « la dimension et l’aspect d’une pièce de monnaie… Le roi, les cours, les divers offices avaient des jetons particuliers portent l’effigie du souverain ou des allégories et ornés de devises latines ou françaises ; Les particuliers en trouvaient dans le commerce ». (Gougenheim).

Naturellement l’aspect réaliste de ces « fausses pièces » incitait les aigrefins à les faire passer auprès des gens simples pour monnaie courante, d’où l’expression faux, comme un jeton. Panurge use déjà du subterfuge lorsqu’il propose à une grande dame de Paris de « frotter son lart » avec elle ; « Après disner, Panurge l’alla veoir, portant en sa manche une grande bourse pleine de gettons ». Il offre d’acheter ses faveurs en lui promettant, si elle consent, un riche présent de pierreries : « Et ce disoit, faisant sonner ses gettons comme si ce feussent escus au soleil » (Pantagruel, XIV, 141).

Il faut ajoute que le raccourci de la locution, un faux jeton, n’a guère de sens, puisqu’ils l’étaient tous par définition.

issu du livre : « La puce à l’Oreille » aux éditions Stock 1978

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Le Serpent de nos contrées

Posté par francesca7 le 8 février 2015

 

 

 

imagesLa taille des serpents est très variable selon les espèces, de 10 cm à 10 m. Ils une croissance continue tout au long de leur vie, même si cette croissance ralentit avec l’âge. Contrairement à de nombreux autres animaux, ils ne renouvellent pas leur peau en continu. Lorsque cette peau devient trop exiguë, elle se déchire et se détache de l’animal, remplacée en dessous par une autre nouvellement formée. 

Le corps des serpents est recouvert d’écailles, qui peuvent avoir toutes sortes de tailles, de formes, de textures et de dispositions, y compris au sein d’une même espèce. Ils peuvent présenter à peu près toutes les couleurs existantes. La couleur des serpents peut varier au cours de la vie chez un même individu. Ainsi, certaines espèces peuvent changer de couleur au cours d’une même journée, à la manière des caméléons, mais d’autres changent de couleur sur le plus long terme[1]. Ainsi, la couleur des jeunes individus peut être très différente de la couleur des adultes[2]. La couleur des serpents joue un rôle important puisqu’elle leur permet de se camoufler aux yeux des prédateurs et des proies potentielles. 

La colonne vertébrale est constituée d’un grand nombre de vertèbres (160 à 400) très bien articulées les unes par rapport aux autres, permettant aux serpents de se déplacer par ondulation. La bouche peut se distendre au passage des proies qu’ils capturent. De ce fait, les serpents sont capables d’avaler des proies énormes : dans l’estomac d’un  python de cinq mètres on a trouvé un léopard (préalablement étouffé). Les serpents sont tous carnivores. Ils  peuvent avaler une grande quantité de nourriture en une seule fois et sont capables de jeûner pendant de nombreux jours suite à cela. 

Les serpents ont une très mauvaise vue. Ils se repèrent dans leur milieu en sentant les odeurs et les déplacements  d’air grâce à leur langue bifide. Certains serpents ont une image thermique de la  proie. Ils sont sensibles aux  radiations infrarouges et peuvent percevoir les plus infimes changements de température. Les serpents se  rencontrent dans la plupart des régions du globe excepté les plus froides. 

SYMBOLISME

La symbolique des dragons est à rapprocher de celle des serpents. 

Terre

Le serpent, dépourvu de pattes, le corps tout entier collé au sol, s’abritant sous terre, est considéré assez  universellement comme le symbole de la Terre-mère. C’est un symbole chtonien des forces de la nature, du territoire et des forces souterraines. Dans la tradition celtique, les énergies souterraines se manifestent parfois sous la forme de « femmes serpent », comme la Vouivre. 

Le serpent est relié aux divinités proche-orientales du monde souterrain : la déesse de l’amour et de la fertilité  assyrienne, Ishtar, ou Qadesh en Palestine. Quetzalcoatl, «Serpent à plumes» aztèque, serait allé dans le monde souterrain pour y créer le cinquième monde de l’humanité. 

Eau

Le serpent, créature parfois aquatique, peut représenter l’Esprit de l’Eau. La Vouivre est une femme-serpent  aquatique dans la mythologie celte. Mélusine est une femme dont le bas du corps se transforme en serpent tous les  samedis lorsqu’elle prend son bain. De nombreux dragons processionnels sont liés aux crues de fleuves. 

Feu

En Gaule, le serpent apparaît parfois associé au bélier. Cette combinaison pourrait être en rapport avec le culte du  foyer, car le bélier est souvent associé au feu.[3]

 

Protection

Dans la Grèce mycénienne, Athéna était une déesse du foyer et des greniers, également protégés par le serpent qui  apparaît sur son bouclier, l’égide. Le serpent est donc gardien des lieux. Dans la mythologie nordique  Midgardsormr, le Grand Serpent qui vit dans la « Grande Mer » primordiale, entoure le monde du milieu  (Midgard), la terre des hommes au centre de laquelle se trouve la terre des dieux, Asgard. Au-delà de la Mer et des  anneaux protecteurs de Midgardsormr se trouve Utgard où sont les puissances mauvaises et destructrices, les  Géants et les Forces du Chaos ; en mordant sa queue il assure au monde humain sa cohésion et sa solidité. En  Egypte, l’Uréus, déesse féminine qui représente l’oeil de Ré, flamme devenue serpent, symbole de la vigilance en  éveil, protège le front du Pharaon. La Montagne de l’Occident est gardée par Oudjat, la déesse serpent, dame du  Silence ; elle remplit aussi les fonctions de protectrice du grenier. 

Guérison

Dans l’Antiquité grecque, le dieu de la médecine, Asclépios (Esculape pour les romains), avait le serpent pour attribut. Dans les temples qui lui étaient dédiés, à Epidaure notamment, l’oracle était rendu par l’intermédiaire de serpents, serpents que l’on retrouve d’ailleurs enroulés autour du caducée. Sa fille, la déesse de la santé Hygie est également représentée avec un serpent. 

Immortalité, mort et Renaissance

images (1)Comme d’autres animaux, qui entrent sous terre comme on enterre les morts, et en ressortent, les serpents sont symboles de renaissance et d’immortalité. Puisqu’ils sont carnivores et qu’ils tuent leurs proies en utilisant leur venin, on les a associés à la mort. 

Le serpent change de peau, ce qui donne l’impression qu’il quitte un vieux corps pour renaître. L’« Ouroboros », serpent qui se mord la queue, symbolise le cycle infini de la vie et de la mort. On retrouve ce symbole dans de nombreuses civilisations Méduse est une femme à la chevelure de serpents, pétrifiant les hommes de son regard. Le sang coulant de sa veine gauche est un poison, tandis que celui de sa veine droite est un remède capable de ressusciter un mort[4]. 

Quetzalcoatl, ou «Serpent à plumes», chez les Aztèques, était un dieu de la mort, mais aussi de la renaissance.

Les Romains associaient aux serpents les âmes des défunts : Virgile raconte, dans L’Enéide, comment Enée voit un serpent se glisser près de la sépulture de son père et goûter les mets sacrés qu’il y a déposés avant de regagner le fond du tombeau, augure d’un message des ancêtres signifiant qu’ils en acceptent l’offrande.

 

Transe et divination

Delphes possédait, depuis des temps reculés, un oracle gardé par le Python, serpent dragon, génie serviteur de la déesse Gaïa. Vaincu par le dieu solaire Apollon, il resta sur place et transmit le pouvoir oraculaire. La figure serpentine est souvent présente dans les « hallucinations », chamaniques ou non, provoquées par des plantes psychotropes. 

Autres figures mythiques

Dans la Gaule orientale et dans le pays du Rhin le serpent apparaît sur un cheval galopant, renversant un monstre – que l’on appelle couramment l’anguipède – semi-zoomorphe, semi-anthropomorphe. Dans la cosmogonie nordique, Yggdrasil – l’Arbre du monde, a ses racines rongées en permanence par un serpent, Nidhögg. 

La Kundalini est représentée comme un serpent endormi, lové au niveau du premier chakra (l’éveil de cette énergie vitale permet à l’initié d’atteindre la Sagesse). Hermès, dieu de la sagesse et maître des chemins et des carrefours, trouva un jour deux serpents en train de se battre et, leur tapant sur la tête avec son bâton de pèlerin, parvint à les concilier ; tous deux s’enroulèrent autour de ce bâton qui deviendra le caducée, symbole de la capacité à relier les contraires – les énergies solaires et lunaires – autour d’un axe vertical. 

Rhéa aurait pris la forme d’une couleuvre pour échapper aux ardeurs amoureuses de Zeus. Mais celui-ci se changea en serpent. Hermès les réconcilia en plaçant le bâton entre les deux.[5] Chez les Romains, Juno Sospita, la « protectrice », est la patronne de Lanuvium, près de Rome, où l’on pratiquait un rite annuel pour savoir si l’année  serait fertile. Une jeune fille allait nourrir un serpent qui habitait au coeur d’une grotte. Si le serpent acceptait les gâteaux, l’année serait bonne ; dans le cas contraire, elle serait stérile. Dans la tradition babylonienne, le serpent dragon femelle, Tiamat, est vaincu par le dieu héros Marduk, et dépecée, faisant ainsi naître le Ciel, la Terre et tous les êtres vivants. 

images (2)En Egypte, dans certaines cosmogonies, le Noun, océan indifférencié des potentialités, est associé au dragon serpent Apap (Apophis pour les Grecs) qui, chaque nuit, menace de dissolution le soleil et toute la création. 

Chez les Mongols, inspirés par les Chinois, le serpent dragon est un des douze animaux célestes. Il tourne sur lui-même et autour de l’univers. Il passe l’hiver sous terre d’où il sort au printemps pour monter au ciel. Il est ambivalent et soutient l’arbre de vie. En Inde, les rois serpents Nagas sont des divinités protectrices des fleuves, porteurs de vie et de fécondité mais aussi de sagesse ancestrale. En tant que faiseur de pluie, tel le serpent arc-en-ciel de la mythologie des aborigènes d’Australie, il représente la fertilité et les ressources abondantes de la terre.

PRATIQUES

En Egypte, lors de la fondation d’un temple, on doit clouer au sol le serpent des puissances de la terre pour pouvoir entreprendre la construction. Les mêmes rites magiques propitiatoires se retrouvent en Chine dans la science de la géomancie. 

En Bulgarie le 25 mars se tenait la fête appelée « Blagovetz » ou encore « Blagovechtenie ». Les garçons sautaient par-dessus un grand feu pour se préserver en été des piqûres et morsures des serpents et des lézards. Les femmes faisaient du bruit avec une pince à feu, un tisonnier ou d’autres objets de ferraille, en tournant dans tous les coins du jardin, pour que les serpents et les lézards qui, selon la croyance, sortaient ce jour de leur cachette d’hiver, se sauvent de la maison. Elles disaient : »Courez les serpents et les lézards, parce que les cigognes arrivent ».

Le culte romain de Bona Dea a pu impliquer des serpents.

 

Sources

1. Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p.30

2. Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p.31

3. Dimitri Nikolai BOEKHOORN, Bestiaire mythique, légendaire et merveilleux dans la tradition celtique : de la

littérature orale à la littérature

4. Piere Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Presses universitaires de France, 1999

[1951], p.168

5. Belfiore, Jean-Claude, Croyances et symboles de l’Antiquité, Larousse, Paris, 2010. p.195.

Retrouvez l’encyclopédie collaborative Wiccapedia : http://www.wiccapedia.fr

 

 

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