Expression : Je l’ai connu un peu plus poirier
Posté par francesca7 le 22 janvier 2015
En parlant d’un parvenu orgueilleux
Cette expression est venu d’une ancienne historiette que la fabuliste, poète et académicien Antoine-Vincent Arnault raconte ainsi : « Il y avait, dans une chapelle de village aux environs de Bruxelles, un saint Jean fait en bois, auquel les paysans portaient une grande dévotion. Ils y venaient en pèlerinage de dix lieues à la ronde. Le tronc qui lui servait de piédestal, quoique vide souvent, se remplissait toujours.
« Cette statue vermoulue étant tombée, le curé, qui l’avait fait restaurer plusieurs fois, prit le parti de la remplacer par une statue nouvelle, à la confection de laquelle il sacrifia son plus beau poirier. Maluit esse Deum (il préférait être Dieu). Le nouveau saint, peint et repeint, est remis à la place du vieux. En rajeunissant l’effigie, le curé crut raviver la piété des fidèles. Il en fut tout autrement : plus de pèlerinages. Les habitants du lieu même semblaient avoir oublié la route de la chapelle de Saint-Jean.
« Le pasteur, ne pouvant concevoir la cause de ce refroidissement, y rêvait, quand il rencontra un vacher qui, très dévot au vieux saint, n’était pas moins indifférent que les autres pour le nouveau. — Est-ce que tu n’as plus de dévotion à saint Jean ? lui dit-il. — Si, monsieur le curé. — Pourquoi donc ne te revoit-on plus à la chapelle ? — C’est qu’il n’y a plus là de saint Jean, monsieur le curé. — Comment ? il n’y a plus de saint Jean ! Ne sais-tu pas qu’il y en a là un tout neuf ? — Si fait, monsieur le curé ; mais celui-là n’est pas le vrai comme l’autre. — Et pourquoi ça ? — C’est que je l’avons vu poirier. »
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