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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

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Le calendrier des fêtes Lorraines

Posté par francesca7 le 6 décembre 2014

 

Affiche-Pommes-RVB-42x60-mai-2013L’automne et l’hiver

Dans la vie traditionnelle lorraine, l’année s’achève en automne.

Après la moisson et la fenaison, les champs sont ouverts à tous les animaux (vaine-pâture) et on prépare l’hiver en tuant le cochon.  La Toussaint est la veillée des morts. Elle se tenait au soir du 1e novembre et consiste en la visite au cimetière. Toutefois, il était habituel que les hommes sonnent les cloches de l’église une partie de la nuit.  La Sainte-Catherine et la Saint-Nicolas sont deux fêtes de jeunesse qui se répondaient en écho. A la Sainte-Catherine (25 novembre), les jeunes filles préparaient un repas dans un café auquel on conviait les garçons. A l’issue de ce repas, les filles pouvaient inviter les garçons à danser (dans les sociétés traditionnelles, le célibat des filles était stigmatisé). Quinze jours plus tard, la Saint-Nicolas permettait aux jeunes gens de rendre la politesse.

La fête de saint Nicolas (06 décembre) est celle qui a le plus perduré. Il est accompagné du « Père Fouettard » ( « Hans Trapp » en Lorraine germanophone). L’épisode des trois enfants ressuscités par le saint est toujours figuré. Dans l’église de Saint-Nicolas-de-Port, a lieu une procession où apparaît le Sire de Réchicourt, un miraculé de saint Nicolas enveloppé dans une cape et portant bottes et gants de cuir ainsi qu’un heaume de métal à la visière rabattue. On faisait croire aux enfants que le saint viendrait la nuit distribuer des cadeaux (pommes, noisettes et orange au début du siècle) aux enfants sages.  Noël est une fête plus familiale et plus religieuse que la SaintNicolas. En soirée, on brûlait une bûche : un tronc d’arbre que le grand-père bénissait en l’aspergeant d’eau bénite ou de vin. Une demi-heure avant minuit, on se rendait à l’église pour assister à la messe de minuit. Enfin avait lieu le repas de Noël où l’on servait uniquement de la viande de porc, du jambon voire du boudin. 

Carnaval marque la fin de l’hiver et le retour aux travaux des champs. Le port des masques et des déguisements était courant sauf dans les Vosges. Dans de nombreux villages, des cavalcades parcourent les rues du village. On noircissait aussi le visage des filles avec de la suie ou du cirage et on n’hésitait pas à mettre du désordre dans les cuisines. Enfin, faire des crêpes ou des beignets faisait partie des coutumes de Carnaval.

Le printemps  Le cycle pascal : le dimanche des Rameaux, on faisait bénir le buis qui assurerait la protection des bêtes et des gens. A partir du Jeudi  Saint, les cloches de l’église ne sonnaient plus. Les enfants de chœur parcouraient alors le village et annonçaient les heures du jour et les offices avec des crécelles. Puis, ils passaient de maison en maison récolter des œufs teints dans des décoctions de pelures d’oignons, de grains de chicorée ou de fleurs d’anémone. Le Samedi Saint, ils faisaient une tournée de quête et chantaient aux maîtresses de maisons visitées un chant sur l’air du Stabat Mater.

 Les Rogations

Le cycle de pâques annonçait le temps de processions. Celles organisées durant les trois jours précédents l’Ascension portaient le nom de Rogations. Le caractère agricole utilitaire de ces cérémonies, consistant à protéger les cultures, explique la faveur dont elles bénéficient dans les villages.

 La Fête-Dieu : à l’époque de la fenaison et des moissons, il y avait peu de place pour les distractions et les réjouissances. C’était le temps des communions solennelles qui ont commencé à disparaître à la fin des années soixante. Le deuxième dimanche après la Pentecôte, la Fête-Dieu (une fête mobile rattachée au cycle lunaire de Pâques) est la cérémonie la plus fastueuse de la saison où l’on vénère le Saint sacrement. La fête consiste en une procession à travers le village oùdes branchages et des fleurs jonchent le sol; le prêtre dépose l’ostensoir du Saint Sacrement sur des autels provisoires où prières, coups d’encensoir et bénédiction des paroissiens se succèdent.

Chaque maison située à proximité de ces reposoirs avait à cœur de participer à la décoration (nappe blanche, chandelier, vases avec fleurs cueillies dans le jardin). La procession terminée, on récupérait précieusement les fleurs bénies.

L’été  La Saint Jean est une fête solaire qui a lieu au solstice d’été, le 24 juin. Le principal rite consiste à allumer un bûcher.

SOURCE : http://www.musee-lorrain.nancy.fr/fileadmin/fichiers/museelorrain/documents/Dossier_enseignant-Autrefois_en_Lorraine.pdf

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Hommage à la Dame Blanche de Brocéliande

Posté par francesca7 le 6 décembre 2014

 

La Dame Blanche de Brocéliande nous a quittés…

images (8)Le 20 décembre 2011, dans son sommeil, la Dame blanche Annie de son prénom nous a quittés. Nous l’avons rencontrée, il y a trois ans à l’orée de la forêt des plus beaux chênes de France, en Brocéliande.

Pas question de ne pas la voir la Belle Dame. Toujours habillée en blanc, ses cheveux longs immaculés, tressés ou libres comme elle l’était. Tu croisais son regard bleu océan déchaîné et tu sentais les embruns de vérité de sa personnalité et de son attachement à l’authenticité. Elle était fille de radiesthésiste et son père du même nom, Masson, nous a laissé un livre, érudit sur le sujet. Elle aimait le vent, toutes les fleurs, la musique et le chant des oiseaux. Nous avons peu ou pas rencontré de telles personnes…

Un jour de canicule, à Rennes, nous sirotions des limonades et nous avons vu Annie tourner le coin de la rue d’allure à la fois médiévale et le visage déterminé évoquant Babayaga. Elle mar­chait lentement et en nous apercevant, elle vint à nous et partagea un jus de citron. C’était déjà pour nous beaucoup. Elle allait non loin de là chercher du fil d’argent pour réaliser ses magni­fiques bijoux, souvent au gré de son inspiration représentant des noeuds celtiques, des bijoux en forme de torques et des couronnes pour les che­veux des filles qui célébraient leur union devant les Dieux païens.

Elle était actrice à ses heures perdues puisqu’elle a tourné dans un film sur la Bretagne, a écrit un livre et nous conte «Cornélius, le Demi-Dieu».

Il est joint un CD incluant 8 textes extraits du livre, mis en musique par Myrdhin (Zil a récité). Son livre a bénéficié de la renommée d’un artiste incontesté de la musique celtique (harpe).

Quand elle n’écrivait pas ou ne vendait pas ses bijoux pour avoir quatre sous, elle aimait ses chiens, ses frères qu’elle admirait et nous toutes et tous. Elle m’a conté avoir un autel superbe où elle rangeait les photos de ses souvenirs an­ciens et de ses ancêtres.

Ne pleure pas, Païen ! Notre soeur nous manque parce qu’au fond, sa discrétion, sa révérence discrète à la nature et son amour profond pour les autres nous la rend encore plus présente. Mais la spirale du chaudron d’Annie fait que les Eaux sans fin nous la ramèneront tantôt, le plus long pour nous au fond mortels, c’est l’attente du retour de cet être hors du temps et hors du commun.

Que les Dieux t’accompagnent, Annie dans les bras de la Déesse.

http://lunebleuezine.files.wordpress.com

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Dans l’Histoire du département des Vosges

Posté par francesca7 le 5 décembre 2014

 

(Région Lorraine)

 

images (10)La contrée qui est bornée à l’est par le revers occidental des Vosges et au sud par les monts Faucilles et une partie du plateau de Langres était habitée jadis par une population que César désigne sous le nom de Leuces (Leuci). Comme pour la plupart des peuples de l’ancienne Gaule, l’histoire ne commence pour les Leuces que du jour où ils se trouvent en contact avec les Romains. Ces conquérants, qui rencontrèrent sur le sol gaulois de si redoutables adversaires, n’eurent avec les Leuces que des rapports pacifiques.

Lorsque César, se disposant à marcher contre Arioviste et les Suèves, veut rassurer son armée épouvantée, il cite les Leuces parmi les peuples amis de Rome, et qui ont promis de fournir des vivres durant la campagne. C’est que les Leuces étaient des premiers menacés par cette formidable invasion germanique dont les Suèves étaient l’avant-garde ; ils ne virent dans César que le sauveur de la Gaule. César, d’ailleurs, eut soin d’entretenir leurs dispositions sympathiques.

On voit dans ses Commentaires que la conquête romaine ne pesa -pas durement sur leur pays ; dans un passage où il énumère les populations gauloises traitées avec le plus de faveur et qui conservèrent de grandes franchises après la réduction du pays en provinces, il cite en première ligne les Leuces. Rome, qui témoignait ainsi sa reconnaissance à un peuple ami, avait su apprécier aussi ses qualités guerrières ; Lucain vante l’habileté des Leuces à manier la fronde.

Dans la division de l’empire en provinces, les Leuces furent compris dans la Belgique première. Le pays des Vosges eut sa part des misères qui signalèrent la dissolution de l’empire ; au commencement du Ve siècle, lors de la grande invasion des barbares, il fut désolé par les Vandales, qui pénétrèrent jusque dans la vallée qui donne naissance à la Moselle et ruinèrent un château et une ville qui s’élevaient sur l’emplacement d’Épinal. Un peu plus tard, la domination des Francs, qui étaient aussi de rudes conquérants, s’étendit sur la Gaule, et le pays des Vosges fit partie du royaume de Clovis et, après sa mort, du royaume d’Austrasie, dont il forma la limite méridionale ; au delà des monts Faucilles commençait le royaume des Bourguignons.

Au milieu des troubles et des violences dont la période mérovingienne présente le triste spectacle l’histoire du département des Vosges est presque tout entière dans les légendes pieuses et dans les récits des chroniqueurs sur la fondation de quelques monastères, dont les plus célèbres furent Saint-Dié et Remiremont. Dans ces temps malheureux, on ne trouvait un peu de calme et de sécurité que dans la vie monastique.

Lorsque Charlemagne, voulant organiser l’empire, établit la division administrative en comtés et légations, le pays qui répondait à peu près au département des Vosges forma trois comtés désignés sous les noms suivants : comitatus Calvomontensis (entre la Moselle et la Meurthe), comitatus Segentensis (vers Mirecourt), comitatus Vosagus (au sud du précédent). Charlemagne et son fils Louis le Débonnaire avaient une prédilection marquée pour ce pays aux vastes et sombres forêts ; ils y venaient souvent en automne pour leurs grandes chasses impériales.

Dans le démembrement de I’empire carlovingien consacré par le traité de Verdun, le pays des Vosges fit partie des États de Lothaire ler, et échut ensuite à son fils Lothaire Il ; le royaume de ce prince, qui comprenait les pays situés entre la Meuse, l’Escaut et le Rhin, était appelé la France de Lothaire (Lotharingia), d’où est venu le nom de Lorraine. Pendant un demi-siècle, la possession de ces contrées fut un continuel sujet de guerre entre les tristes successeurs de Charlemagne, princes dégénérés, mais que le souvenir du grand empereur animait d’une insatiable ambition.

Lorsque, au commencement du Xe siècle, la Lorraine fut rattachée à l’empire germanique et divisée ensuite en duchés, le pays des Vosges fit partie du duché de Lorraine mosellane ou haute Lorraine, « qui eut pour premier duc, dit M. Gérard Gley, Frédéric de Bar, beau-frère de Hugues Capet, en 959, et qui appartenait en grande partie à des seigneurs ecclésiastiques ou laïques, dont l’autorité était presque sans bornes. » (Géographie physique et historique des Vosges). Les longues luttes des petits-fils de Charlemagne, et plus tard des rois de France et des empereurs d’Allemagne, pour la possession de la Lorraine favorisèrent l’indépendance des seigneurs, qui ne laissèrent aux ducs de Lorraine qu’une autorité restreinte et des domaines fort limités.

C’est ainsi que le pays des Vosges se couvrit de ces forteresses féodales dont les vestiges subsistent encore en beaucoup d’endroits. Ce serait une longue et fastidieuse histoire que celle des démêlés et des guerres de tous ces petits tyrans féodaux entre eux et de leurs révoltes contre les ducs de Lorraine.

Nous ne ferons pas davantage l’énumération des monastères et des églises qui furent fondés alors dans le pays des Vosges par les seigneurs. Remarquons seulement que plusieurs de ces monastères donnèrent naissance à des villes, que dans ces temps de barbarie les terres ecclésiastiques étaient ordinairement plus respectées que les autres, et qu’ainsi les habitations se groupèrent autour des églises et des monastères. Telle fut l’origine d’Épinal, de Saint-Dié, de Remiremont, etc.

Mais ces villes, qui relevaient de la féodalité ecclésiastique ou laïque, grandirent en population et en importance, et il vint un temps où leurs habitants se trouvèrent assez forts pour se soustraire à la sujétion féodale. C’est au XIIIe siècle, du temps du due Ferry III, que la liberté bourgeoise s’établit dans le pays des Vosges, et que les villes y reçurent, comme dans presque toute la Lorraine, ce que l’on appelait la charte ou la loi de Beaumont ; Beaumont était une petite ville de Champagne, bâtie par un archevêque de Reims, qui avait attiré les habitants en leur accordant une constitution municipale d’après laquelle s’organisèrent un peu plus tard un grand nombre de villes.

Avec la liberté on vit renaître le commerce et l’industrie ; mais combien la sécurité manquait encore à ceux qui s’aventuraient hors des murs de leur ville ! On voit au XIVe siècle des marchands de Neufchâteau arrêtés sur la grande route et saisis, comme le serait une propriété, par des créanciers de leur seigneur. Une autre misère de cette époque était ces compagnies de pillards et de brigands qui se formaient à la faveur de la guerre entre la France et l’Angleterre, et dont les ravages s’étendirent jusqu’au pied des Vosges ; Neufchâteau fut horriblement dévasté par eux en 1371.

Au siècle suivant, le pays eut à souffrir de la guerre cruelle dans laquelle les maisons d’Anjou et de Vaudemont se disputèrent le duché de Lorraine. Le duc Charles le Hardi avait marié Isabelle, sa fille et son héritière, à René d’Anjou, qui avait hérité déjà du comté de Bar. René trouva un compétiteur dans Antoine de Vaudemont, d’une branche cadette de la famille ducale. Les prétentions de Vaudemont étaient appuyées par le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, et par les Anglais.

Mais une grande partie de la noblesse lorraine tenait pour René, qui avait reçu, en outre, quelques renforts français sous le commandement du fameux Barbazan et de Baudricourt, le capitaine de Vaucouleurs. Antoine de Vaudemont avait une armée composée surtout d’aventuriers anglais et de seigneurs bourguignons. Les deux rivaux se trouvèrent en présence près de Bulnéville (2 juillet 1431).

L’armée de Vaudemont avait l’avantage du terrain ; Barbazan conseillait à René de couper les vivres à l’ennemi pour le forcer à déloger ; mais les jeunes seigneurs lorrains et allemands qui entouraient René, comptant sur la supériorité du nombre, demandèrent le combat à grands cris. Barbazan fut tué dès le commencement de l’action ; sa mort mit le désordre dans l’armée ; l’artillerie de Vaudemont et ses archers décidèrent la victoire. René, tombé aux mains des Bourguignons fut emmené captif à Dijon.

A la captivité de René se rattache un épisode digne d’être mentionné ici. Après la bataille de Bulgnéville, la femme du prisonnier, Isabelle, vint implorer le secours de Charles VII ; la duchesse était accompagnée d’une de ses amies d’enfance, gracieuse jeune fille, dont la vue fit une vive impression sur le coeur de Charles VII ; c’était Agnès Sorel, « une des plus belles femmes que je vis oncques, dit un contemporain, et qui fit en sa qualité beaucoup de bien au royaulme. » Les maîtresses de nos rois n’ont pas souvent mérité pareil éloge.

Les hostilités ne s’arrêtèrent pas après la bataille de Bulgnéville. Pendant plusieurs années, Antoine de Vaudemont ravagea le pays avec ses bandes d’aventuriers ; Mirecourt fut pillé en 1438. La même année, Charles VII envoya des troupes au secours de René, son beau-frère, avec Lahire et Xaintrailles.

images (11)Ce fut un surcroît de malheur que l’arrivée de ces prétendus auxiliaires, qui pillaient également amis et ennemis. Enfin, la paix fut rétablie entre Vaudemont et René, qui consentit au mariage de sa fille avec le fils de son rival. Ce traité devait plus tard rendre la Lorraine au descendant de l’antique famille ducale ; mais la guerre avait cruellement pesé sur le pays vosgien, et d’ailleurs la tranquillité ne fut pas de longue durée pour ses habitants.

René Il de Vaudemont venait de succéder à Nicolas d’Anjou ; aussitôt Charles le Téméraire, l’ambitieux due de Bourgogne, envahit la Lorraine, se rend maître des Vosges et des villes voisines. Charmes, Mirecourt, Épinal et Saint-Dié sont forcés, Bruyères est saccagé, Neufchâteau et Remiremont sont obligés de se rendre. Mais la chasse de Granson, comme dit Comines, et le désastre de Morat marquèrent le terme des prospérités de la maison de Bourgogne, et le pays des. Vosges retourna avec le reste de la Lorraine sous l’autorité de René Il et de ses successeurs.

C’est dans les montagnes des Vosges que le duc Charles IV chercha un asile, lorsque ses imprudentes provocations fournirent à Richelieu un motif pour envahir la Lorraine. C’est à Épinal qu’il signa une première abdication. C’est à Mirecourt qu’il se retira lorsque Nancy fut occupé par une garnison française, et qu’il signa en 1634 une seconde abdication ; c’est encore parles Vosges qu’il rentra dans son duché, l’année suivante, à la tête d’une armée. C’est que le pays des Vosges était comme la citadelle de la Lorraine ; c’était un sol favorable à une guerre de partisans, comme Charles IV était réduit à la faire.

Mais, pendant que ce prince singulier balançait ainsi la fortune du grand ministre de Louis XIII, le pays se ressentait douloureusement de tous les maux de la guerre. Des soldats féroces pillaient et brûlaient les églises et les monastères, maltraitaient les religieuses et ouvraient le ventre des prisonniers pour chercher l’or qu’ils pouvaient avoir avalé. Aux excès de la cruauté humaine se joignirent la famine et la peste, qui dépeuplèrent des villages entiers.

Il faut arriver jusqu’au règne de Léopold, que le traité de Ryswick (1697) remit en possession de la Lorraine, pour voir la fin des calamités de ce pays. Quelques années plus tard, les combinaisons de la politique européenne donnèrent à la Lorraine un souverain étranger, Stanislas Leczinski.

On sait combien fut brillant le règne de ce prince ; mais n’oublions pas que les magnificences de Lunéville étaient coûteuses et que les impôts pesèrent lourdement sur la population des compagnes. Néanmoins, de sages mesures signalèrent aussi le règne de Stanislas ; c’est ainsi qu’après la famine de 1741 des greniers d’abondance furent établis à Épinal, Saint-Dié, Mirecourt, Neufchâteau, etc. En 1766, à la mort de Stanislas, le pays des Vosges suivit le sort du reste de la Lorraine, qui devint province française. Compris dans le grand gouvernement de Lorraine-Barrois, il était divisé alors en neuf bailliages : ceux d’Épinal, de Saint-Dié, de Bruyères, de Remiremont, de Darney, de Mirecourt, de Châtel, de Charmes et de Neufchâteau, relevant de la cour souveraine de Nancy, qui fut érigée en parlement par Louis XVI.

Le décret de 1790 qui divisa la France en départements établit le département des Vosges et lui donna pour chef-lieu Épinal. Les habitants d’un pays qui souffrait depuis des siècles des abus de la féodalité ecclésiastique ne pouvaient accueillir qu’avec sympathie et comme une ère réparatrice la Révolution. Si la condition nouvelle imposée à la Lorraine au XVIe siècle excita des regrets chez une population attachée à sa vieille dynastie, ils durent s’effacer alors devant un sentiment nouveau.

Jusqu’alors, les Vosgiens ne connaissaient la France que par des invasions militaires et des exactions financières ; ils comprirent, mieux que les édits royaux de Louis XV, qu’ils n’avaient pas à se plaindre de leur destinée, qui les ramenait après tant de siècles dans la grande famille française.

Signalé pour son patriotisme en 1792, le département des Vosges fut la premier, en 1800, à acquitter la plus forte partie de ses contributions ; le gouvernement consulaire, pour reconnaître ce patriotique empressement, décréta que la place Royale à Paris prendrait le nom de place des Vosges ; elle conserva ce nom jusqu’à la Restauration, pour le reprendre en 1848, le perdit sous le second Empire et le recouvra après 1870.

En 1814, ces braves populations montrèrent combien elles étaient françaises de cœur. Les armées coalisées marchaient sur la France ; Blücher arrivait par le nord de la Lorraine et Schwarzenberg par le haut Rhin ; les deux armées devaient se réunir sur la haute Meuse. Une partie du corps de Schwarzenberg fut arrêtée quelque temps dans les Vosges par une héroïque résistance ; et, quelques mois plus tard, lorsque, après la bataille de Montereau, l’armée autrichienne fit un mouvement de recul, ce fut encore dans les Vosges qu’elle éprouva le plus de pertes.

Peut-être l’étranger n’eût-il pas franchi la frontière, si Napoléon eût compris plus tôt que, dans cette lutte suprême, il fallait s’abandonner à cet énergique patriotisme des masses, dont les Vosgiens donnèrent alors un si bel exemple.

Le département des Vosges eut beaucoup à souffrir pendant la guerre de 1870-1871. Un des premiers envahis, il fut le dernier évacué et à la signature de la paix il perdit un canton entier, celui de Schirmeck, comprenant les communes de : Schirmeck, Barembach, La Broque, Grandfontaine, Natzviller, Neuviller-la-Roche, Rothau, Russ, Waldersbach, Wildersbach, Wisches, et la partie septentrionale du canton de Saales, c’est-à-dire les communes de Saales, de Bourg-Bruche, de Colroy-la-Roche, de Plaine, de Saint-Blaise-la-Roche, de Saulxures et de Ranrupt ; en tout, 18 communes, et une population d’environ 22 000 habitants. L’invasion et l’occupation étrangère lui avaient coûté 8 millions 785 723 fr. 85.

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La Glace et le Roitelet

Posté par francesca7 le 5 décembre 2014

 

Conte traduit du breton par Kazh ar c’hoad

Dans l’ancien temps, il y a très, très longtemps, une dispute éclata entre la Glace et le Roitelet. Personne ne sait vraiment pourquoi ! 

3roitelet huppeDSC_6285- Je viendrai à bout de toi ! dit la Glace.

- On verra ! dit le Roitelet. 

Il gela tellement cette nuit-là que les pierres se fendaient. Le lendemain, la Glace, en voyant le Roitelet bien vivant et tout joyeux :

- Où étais-tu donc cette nuit ?

- Là où étaient les femmes à faire la lessive.

- Ah ! Oui ! Bien ! Ce soir, je t’aurai !

- On verra. 

Cette nuit-là, il gela tellement que l’eau gelait sur le feu. Le lendemain matin, le Roitelet se leva aussi joyeux et en bonne santé que jamais.

- Quoi ? dit la Glace, surprise, tu n’es pas mort encore ?

- Comme tu vois.

- Où étais-tu donc la nuit passée ?

- Entre la femme et le marié !

- Regardez donc où se fourre ce sale oiseau-ci ! Mais qu’importe, je viendrai à bout de toi, puisque je l’ai dit ! 

Cette nuit-là, il gela tellement que furent raidis la femme et le mari dans leur lit.

- Cette fois-ci, il doit en être fait de mon ami, le Roitelet, se dit la Glace en elle-même. 

Mais quand elle le vit le lendemain matin aussi joyeux et vigoureux que jamais, elle fut très surprise.

- Où donc, par la foudre, étais-tu cette nuit ?

- Entre la queue de la vache et le trou de son cul !

- Bien ! Bien ! Voyez donc ! Qu’importe, cette nuit-là on verra

; fais bien attention !

- Oui, oui, joue bien ! 

Le Roitelet se retira dans un trou, dans le mur de la cheminée, proche du four. Et il y trouva une souris, et dispute entre eux ! Comme ils ne pouvaient s’entendre, il fut convenu qu’il y aurait un grand combat le lendemain entre tous les animaux à plumes et les animaux à poils qu’il y avait dans le pays, sur le Menez Bré (ndt : une haute colline du pays du Trégor dans le 22, un vieux site sacré où se trouve maintenant une chapelle, dédiée à St Hervé. Sous ce lieu est sensé dormir le devin Gwenc’hlan en attendant son retour). 

Le jour assigné, dès le matin, aussitôt que descendent les poules des perchoirs, ils allèrent tous vers le Menez Bré ; les vaches, les boeufs, les cochons, les moutons vinrent au-dehors de leurs crèches, les chevaux, de leurs écuries, et ils prirent tous le même chemin, et personne ne put les en empêcher. Aucun oiseau ne fut aperçu dans la campagne ce jour-là, ni corbeaux, ni merles, ni moineaux, ni pies, ni pinsons, ni roitelets ; ils étaient tous allés à Menez Bré. Il y eu là un terrible combat ! Comme on n’en vit jamais. Partout, des poils, des plumes, des cris, des plaintes. Les animaux à poils étaient sur le point de vaincre, lorsqu’arriva aussi l’aigle. Alors il en fut tout autrement ! Celui-ci mettait en pièce et charcutait tous les animaux poilus, coup sur coup. 

Le fils du roi était en train de regarder par une des fenêtres du château, et lorsqu’il vit cela, il descendit et avec un coup de sabre, il cassa une des ailes de l’aigle. Ce fut alors la fin du combat. Les animaux à plume avaient gagnés, et on entendit le Roitelet chanter sur l’eau de la chapelle Saint Hervé, qui est au sommet de la colline. 

- Maintenant, dit l’aigle au fils du roi, il te faudra me nourrir pendant neuf mois, avec de la viande de lièvre et de la viande de perdrix. 

- Je le ferai, dit le fils du roi, viens avec moi au palais. 

Au bout de neuf mois, l’aigle était bien rétabli, et il dit au fils du roi :

- Viens avec moi maintenant, pour voir mon château.

- Moi, je ne demande pas mieux, dit-il, mais comment y aller ? 

Toi tu voles par les airs ; et je ne pourrai jamais te suivre.

- Viens sur ma nuque. 

Il alla donc sur le cou de l’aigle. L’aigle monta si haut dans le ciel, que le fils du roi en vint à avoir peur, et dit :

- Je ne désire pas aller plus loin ; descends-moi en bas !

- Non ! Non ! Tu dois aller jusque mon château ! Nous ne sommes plus loin !

 

Et celui-ci de continuer à voler, par-dessus les bois, les mers.  Ils arrivèrent enfin :

- Bonjour ma mère, dit l’aigle.

- Comment ? tu es revenu mon fils ? Tu as été bien longtemps à faire ton tour ; j’ai eu bien du souci de voir que tu ne revenais pas. 

- J’avais été bien empêché, ma pauvre mère : mais voici le fils du roi qui est venu avec moi ici.

- Le fils du roi ? Celui-ci est bien nourri, et nous ferions avec lui un bon repas !

- O ! Non, ma mère, nous ne lui ferons aucun mal ; j’ai été bien nourri pendant neuf mois dans son palais, et je l’ai invité à venir ici passer un moment dans notre château ; il faudra bien se conduire à son égard. 

L’aigle avait une soeur qui était très belle… aussi belle qu’une jeune fille puisse être. Le fils du roi la regarda, et la voulut pour épouse. Mais la vieille lui répondit que celle-ci n’était pas pour son bec. Et voici qu’il ne se fatiguait pas à être chez l’aigle, trois mois, quatre, cinq, six ! Il ne parlait pas de retourner chez lui. Tant et si bien que la vieille se fatigua de lui, et lui dit qu’il fallait qu’il parte, ou il serait mangé. Un jour, l’aigle lui dit : 

- Allons jouer aux boules, pour passer le temps.

- Oui donc, dit l’autre.

- Quelle sera la récompense ?

- Ta soeur si je gagne, et ma vie si je perds.

- C’est dit ; allons jouer. 

Ils allèrent dans une grande allée, où étaient les boules. Hélas ! Quand le fils du roi vit ces boules-là ! Elles étaient en fer, et chacune pesait cinq cent livres ! L’aigle prit sa boule, et jouait avec elle, la jetait en l’air comme si c’eût été une pomme. Le pauvre prince ne put même pas bouger la sienne. 

 - Ta vie est à moi, dit l’aigle.

- Je demande ma revanche.

- Et tu l’auras ; cependant ce n’était pas dit ! Demain, nous jouerons à nouveau. 

images (7)Le prince alla trouver la soeur de l’aigle en gémissant, pour lui raconter ses malheurs.

 - Ce n’est pas grave, répondit-elle, tu serais prêt à m’être fidèle ?

- Oui ! Jusqu’à la mort !

- Bien ! Laisse-moi faire. J’ai ici une vessie, je la peindrai en noir et je la mettrai à côté de la boule de mon frère. Quand tu la prendras, tu n’auras qu’à dire :« Chèvre, cours à ton pays ; Tu es ici depuis sept ans, Tu n’as pas eu de bout de fer à manger !» Aussitôt, tu la verras s’élever, et elle ira en Egypte. Mais fais bien attention de prendre ta boule en premier. 

Le lendemain, ils allèrent de nouveau dans l’allée de boules. Le fils du roi prit tout de suite la vessie, comme si ç’avait été une boule, et il se mit à jouer avec, à la lancer en l’air, comme une vessie qu’elle était. Et voilà très surpris l’aigle, et inquiet : 

- Comment cela se fait-il ? dit-il. 

L’aigle joua en premier, et jeta si fort sa boule, qu’elle fut bien un quart d’heure avant de retomber sur terre. 

- Beau jeu ! dit le fils du roi ; à mon tour maintenant. Et il dit doucement :

« Chèvre, cours à ton pays ; Tu es ici depuis sept ans, Tu n’as pas eu de bout de fer à manger !» Et aussitôt, la boule s’éleva dans les airs, si haut, si haut, que l’on ne la vit plus, et on avait beau attendre, elle ne retomba pas. Elle était partie en Egypte. 

- Nous avons joué chacun notre tour ! dit le fils du roi. 

Et l’aigle retourna chez lui en criant, et partit conter ce qui était arrivé à sa mère, pour se plaindre ; sa boule était perdue, qui était si belle ; il ne pourrait plus jouer quand il aurait envie ; une sorcière devait être avec lui…. 

- Il faut le tuer, dit la vieille, pourquoi attendre plus longtemps ?

- Mais, je n’ai pas encore vaincu sur lui, ma mère, et je dois le faire. Demain, nous jouerons un autre jeu, et nous verrons comment il s’en tirera cette fois-là ! 

- Va me chercher de l’eau, je n’en ai plus du tout à la maison.

- Très bien ! Demain matin nous irons ! 

Et l’aigle dit au fils du roi :

- Demain matin, nous devrons aller chercher de l’eau pour ma mère, il n’y en a plus au château.

- Bien, comme tu veux ! Mais montre-moi avant les pots.

- Les voici. 

Et l’aigle lui montra deux cuviers de cinq barriques chaque ; sur chaque paume de la main il en tenait un sans mal. Le prince alla trouver la sœur de l’aigle, très inquiet, vous pouvez croire ! 

- Tu me seras fidèle ? lui demanda-t-elle.

- Oui, jusqu’à la mort !

- Bien ! Demain matin, quand tu verras mon frère prendre son cuvier, dis-lui : «Ba ! Laisse ici ces cuviers, et donne-moi une pioche, une pelle et une brouette.» 

«Pour faire quoi ?» répondra-t-il. «Pour quoi ? Pour ramener ici la fontaine, afin que nous ne soyons pas obligés d’y aller trop souvent, nigaud !» Quand il entendra ça, il ira chercher l’eau lui-même, car il désirera pas voir détruite la fontaine, ni ma mère non plus. 

Le lendemain matin :

- Bien ! Allons chercher l’eau, dit l’aigle.

- Oui, oui, quand tu veux.

- Prend ton cuvier alors !

- Des cuviers comme ça ? A quoi ça sert des cuviers comme ça ? A perdre son temps.

- Comment veux-tu faire ?

- Donne-moi une brouette, une pioche et une pelle.

- Pour quoi faire ?

- Pour quoi faire, nigaud ? Pour ramener ici la fontaine et ne plus être obligé d’y aller trop souvent. 

- Hola ! Hola ! Cette fontaine ne sera pas détruite ! Une si belle fontaine.

- Bien ! Va donc chercher l’eau toi-même si tu veux ; moi, je n’irai pas ! 

Et l’aigle alla chercher l’eau lui-même, avec ses deux cuviers, et très en colère.

- Comment de défaire de lui ? dit-il le soir à sa mère.

- Le mettre à la broche et le manger ! répondit la vieille.

- Non ! Non ! Demain je l’enverrai abattre des arbres avec une hache de bois, et nous verrons. 

Il lui dit avant d’aller se coucher :

- Aujourd’hui, j’ai fait le travail moi-même, et demain, ce sera ton tour.

- Qu’y aura-il à faire demain ?

- Ma mère a besoin de bois pour faire du feu dans la cuisine, et tu devras aller abattre une allée de chênes qui sont là, et avant le coucher du soleil, ils devront être tous abattus. 

- S’il n’y a que ça ! dit le fils du roi ; mais il était en fait très inquiet, bien qu’il ne le montrât pas. 

Il alla alors trouver à nouveau la soeur de l’aigle.

-Tu me seras fidèle ? dit-elle.

- Oui ! jusqu’à la mort.

- Bien ! Quand tu seras arrivé dans le bois, avec ta hache de bois sur l’épaule – car il ne te donneras qu’une hache de bois – retire ta veste, metsla sur le tronc d’un vieux chêne que tu verras là, déterres ses racines, prends ta hache de bois et frappe sur l’arbre, et tu verras ce qui arrivera. Il alla le lendemain matin au bois, sa hache en bois sur ses épaules ; il retira sa veste, la jeta sur le tronc d’un vieux chêne, déterra ses racines ; il prit alors sa hache de bois : 

- Une hache de bois, pour abattre de si grands arbres ! Mais qu’importe, je verrai.

Il frappa un coup sur le tronc de l’arbre, et aussitôt, il tomba, avec un grand bruit.

- Très bien, dit-il.

 images (9)

Il alla vers un autre, et pareil ! Chaque coup, il tomba un arbre, et ainsi, en peu de temps, l’allée d’arbres fut abattue. Quand vint l’aigle, pour voir, vers le coucher du soleil, il fut très surpris. Il se mit à geindre, et alla trouver sa mère : 

- Hélas, chère maman, je suis vaincu ! Je ne puis plus jouer avec cet oiseau-là : un sorcier ou un magicien quelconque doit être avec lui ; voici abattu l’allée d’arbres jusqu’au dernier ; je suis très chagriné avec lui ! 

Pendant qu’il était ainsi à se plaindre, le fils du roi arriva :

- Je t’ai vaincu trois fois, dit-il, et ta soeur est à moi !

- Oui, hélas ! Envoie-la avec toi, et pars le plus tôt possible !

 Le prince retourna au château de son père, et avec lui, la soeur de l’aigle. Mais celle-ci ne demandait pas à être mariée tout de suite, ni même aller avec lui au palais du roi ; elle dit alors qu’elle irait servir dans une maison quelconque en ville pendant deux ans, sans dire qui elle est, pour voir s’il lui restera fidèle, comme il lui avait juré par trois fois. 

- Voici, dit-elle, avant de se quitter, la moitié de mon anneau et la moitié de mon mouchoir, afin que tu penses toujours à moi. » 

Elle fut prise comme femme de chambre chez un riche orfèvre, et le prince retourna au palais de son père. Il oublia rapidement la soeur de l’aigle, et il vint à tomber amoureux d’une princesse qui était à la cour. Voici qu’ils furent fiancés, le jour du mariage fut décidé, et les anneaux furent donnés à faire chez l’orfèvre chez lequel travaillait la soeur de l’aigle. Et il fut invité beaucoup, beaucoup de monde aux fêtes du mariage ; l’orfèvre et sa femme furent invités aussi, et même leur femme de chambre, étant donné qu’elle était une fille avait de très bonnes façons. 

Celle-ci demanda alors à son maître de lui faire un petit coq et une petite poulette d’or.

- Pour quoi faire donc ? dit sa maîtresse.

- Laissez-moi faire, ma petite maîtresse, vous verrez très bientôt pourquoi. 

Et il fut fait comme elle avait demandée. Lorsque le jour du mariage fut arrivé, l’orfèvre, sa femme et leur femme de chambre allèrent au palais, et comme le prince et sa future femme étaient très contents des anneaux et des bijoux qui avaient été fait pour eux, ils en furent très bien accueillis. La soeur de l’aigle avait emmené le coq et la poulette d’or, ainsi que les moitiés de l’anneau et du mouchoir dont le prince avait les autres moitiés. A la fin du repas, elle fut à côté de la nouvelle épouse ; et elle tira alors la moitié du mouchoir de sa poche.

- Tiens ! dit la future épouse, j’en ai un pareil au vôtre ! 

- Montrez un peu !

- Tenez ! Oui, ils sont identiques !

Et aussitôt que les deux moitiés furent rejointes, elles se recollèrent !

- Ceux-ci ont toujours été ensemble, dit la femme de chambre. 

En retirant le mouchoir de sa poche, le demi anneau tomba sur la table. La future épouse, quand elle le vit, le prit et l’approcha de l’autre moitié qui était avec elle ; et ils se recollèrent aussitôt, comme le mouchoir. Elle en fut très surprise :

 - Ne vous étonnez pas, Princesse, ceux-ci ont toujours été ensemble !

Elle sortit alors de sa poche le petit coq et la petite poulette d’or, et elle les mit sur un plateau d’étain.

- Quelles belles choses ! dirent-ils tous. 

Elle tira alors un petit pois d’or de sa poche et le mir sur le plat. Aussitôt, le petit coq l’attrapa et l’avala.

- Il est encore parti avec toi, dit la poulette.

- Chut ! la prochaine fois, il ira avec toi.

- Oui ! le fils du roi me disait aussi qu’il me serait fidèle, quand il était en train de jouer aux boules avec l’aigle. 

Le prince, quand il l’entendit, se retourna pour voir. La femme de chambre mit un deuxième pois d’or sur le plat. Le coq l’avala aussitôt : 

 - Il est encore parti avec toi, dit la poulette.

- Chut ! La prochaine fois, il ira avec toi.

- Oui ! le fils du roi m’a aussi dit qu’il me serait fidèle, quand il lui avait été dit par l’aigle qu’il devait aller chercher de l’eau.

 Tout le monde fut très surpris, et se demandèrent les uns aux autres :

- Qu’est-ce donc que ceci ? 

Le prince écoutait et était plus attentif que les autres. La femme de chambre retira un troisième pois de sa poche et le mit dans le plat, et, pour la troisième fois, le coq l’avala aussitôt.

- Il est encore parti avec toi ! dit la poulette.

- Chut ! la prochaine fois, tu l’auras.

- Oui ! le fils du roi me disait aussi qu’il me serait fidèle, lorsqu’il a été envoyé par l’aigle abattre une allée de chênes, avec une hache de bois !

 - Hola ! dit le fils du roi, en se levant, il en est assez !

Et de se tourner alors vers son beau-père et de dire :

- J’avais, mon beau-père, un trésor qui était tenu sous une petite clef parmi les plus belles ; je perdis ma clef et j’en fis faire une nouvelle ; peu de temps après, je trouvais mon ancienne clef ; me voici maintenant avec deux clefs, de laquelle dois-je me servir, de la neuve ou de l’ancienne ? 

- Respect et honneur sont toujours dus aux anciens.

 - Bien ! Mon beau-père, gardez votre fille, car j’en ai aimé une autre avant elle : elle était perdue, et je l’ai retrouvée, la voici ! 

Et alors ils se jetèrent dans les bras l’un l’autre, en pleurant de joie ! Ils furent fiancés et mariés, et pendant trois mois, il y eu des fêtes et des jeux, des danses et de la musique, et toujours du bruit !

Conte Breton paru au Magazine Lune Bleue 2007

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Les Epingliers – métier d’antan

Posté par francesca7 le 3 décembre 2014

epinglier3-275f05aCe métier est également cité dans le livre  de Claude Dunetton : La puce à l’oreille aux éditions Stock de 1978 

On a connu les épingles de tout temps : la civilisation apporta, il est vrai, un raffinement à leur fabrication, mais le principe resta le même. Au moyen âge, les dames en usèrent et en abusèrent : les légers ornements de coiffures nécessitaient l’emploi de milliers d’épingles. Jean de Meung, dans son Testament, se plaint de cette profusion de pointes aiguës qui hérissent les gracieux habillements des dames. Il s’écrie :

Més il y a d’espingles une demie escuelle !

Et le plus souvent ces dards ne se contentent point de menacer les voisins ; ils piquent.

. . . plus c’ortie ne chardon !

Indépendamment de cette exagération malencontreuse, l’usage des épingles avait quelque chose de plus désagréable encore pour les maris. A cette époque, elles coûtaient un gros prix, et « l’escuelle » représentait une somme de deniers assez ronde : aussi la fabrication allait-elle grand train dès le XIIIe siècle.

En ce temps même, les épingliers avaient leurs statuts propres, leur communauté, leurs privilèges et leurs sanctions pénales. Dans le Livre des métiers, on voit qu’ils devaient laisser leur travail accompli en toutes saisons. Leurs apprentis devaient avoir au moins huit ans, et chaque maître ne pouvait en employer plus d’un. L’apprenti bénéficiait de tous les avantages des autres corporations ; son maître lui devait protection et aide, et ne pouvait le mettre à un travail sérieux qu’après une année d’exercice et de pratique manuelle. En tant que communauté, les maîtres élisaient deux jurés chargés de l’inspection des fabriques et de l’examen des produits : ceux-ci découvraient-ils quelque fraude, ils en référaient au prévôt, auquel ils soumettaient les objets défectueux.

Le métier d’épinglier comportait des maîtres et des maîtresses, qui payaient 5 sols d’amende pour toute infraction à la prohibition du travail les jours fériés. Ils étaient de même soumis à diverses sanctions pénales lorsqu’ils employaient « du fer clier », ou lorsqu’ils prenaient à leur service des ouvriers étrangers à la ville. Cette dernière restriction était une mesure d’ordre général appliquée à tous les corps de métiers au moyen âge, et c’était l’une des plus propres à maintenir le bon ordre dans les villes d’alors, privées de police et souvent livrées à tous les coups de main. Les statuts définitifs des épingliers furent homologués en 1336 et confirmés en 1601, sous Henri IV. A cette époque, ils différaient de ceux des aiguilliers, formés en corporation dès 1557. Depuis, en 1695, les deux communautés furent réunies ; mais la fabrication demeura distincte. La patronne commune était Notre-Dame.

L’épingle se composa, dès les temps les plus anciens, d’une tige de laiton appointée et terminée à l’opposé de la pointe par une tête tournée et fixée. Il n’est pas rare de nos jours de retrouver des épingles ayant plus de six cents ans, maintenant entre eux les parchemins d’un dossier d’archives. Ces épingles, plus grossières que ne le sont les nôtres, ont pourtant tout ce qu’ont celles de notre temps : la tige polie, la pointe, et la tête de cannetille.

Vers la fin du XIVe siècle, les dames portaient une attache de coiffe de dimension plus grande et à tête plate, comme sont encore certaines épingles de fabrication anglaise. C’est d’une de ces pointes acérées que parlent les Quinze Joyes du mariaige lorsqu’elles nous en montrent une tombée d’un voile : le mari doit la ramasser aussitôt, car la dame se « porroit affoler ou blecier ».

Au XVIIIe siècle, à l’époque où la fabrication des épingles prit une plus grande extension, l’épinglier ne se trouvait plus enfermé dans les statuts étroits du XIIIe siècle. Les fabriques de la ville de l’Aigle avaient pris une importance considérable, et ne confectionnaient plus exclusivement des épingles, mais aussi des grilles pour portes de bibliothèques, et des petits clous. Les ateliers, qui employaient alors plus de six mille personnes, hommes et femmes, produisaient, bon an mal an, de douze à quinze cent mille livres. L’écoulement des marchandises, qui, dans le principe, se faisait sur les marchés de la ville de Caen, avait pris une extension très grande, et les épingliers fournissaient leurs produits à toute l’Europe et jusqu’en Amérique.

La fabrication n’était pas sans danger, comme nous allons l’expliquer en décrivant les diverses opérations de ce travail. Le laiton, acheté en écheveaux, était calibré, ou mis au point par une opération de tréfilage destinée à lui donner la grosseur voulue : c’est ce qu’on appelait aussi raire. Le calibre une fois obtenu, un ouvrier spécial décapait le métal et le nettoyait. Un troisième ouvrier faisait passer le laiton ainsi préparé dans une série de trous pour le redresser. L’empointeur venait ensuite, qui préparait les pointes sur une meule, et qui les donnait au repasseur pour les terminer.

Un ouvrier d’un autre ordre préparait la cannetille, c’est-à-dire un fil de laiton plus fin, qu’il roulait en spirale au moyen d’une roue, et qu’il découpait ensuite en parties égales pour faire les têtes ; ces têtes étaient ajustées par un bouteur, qui les fixait solidement. Après cette série d’opérations, on blanchissait l’épingle à l’étain, et elle était livrée.

téléchargement (1)Le danger était surtout pour l’empointeur et le repasseur, qui faisaient une poussière de laiton fort nuisible à leur santé. Les hommes blonds voyaient leurs cheveux se teindre en vert. La réunion de ces opérations constituait une manipulation délicate, pénible et peu propre. Comme nous l’avons dit, l’épinglier ne se bornait pas à la fabrication de l’épingle, et, outre les clous et les grillages, il faisait aussi des broches ou aiguilles à tricoter dont le débit était très grand avant les métiers si employés de nos jours dans la fabrication des bas. Mais, en dépit de tout ce travail les ouvriers de l’Aigle gagnaient peu ; les fabricants spéculaient sur leur situation d’habitants de la campagne pour ne leur donner que le strict nécessaire, et si tel d’entre eux arrivait à épointer, par exemple, 72 000 épingles en un jour, il ne gagnait guère que 20 sols pour cette besogne ingrate et meurtrière.

 (Extrait de Histoire anecdotique des métiers, paru en 1892
Cet ouvrage a été réédité dans la collection « La France pittoresque ». 
LE DÉCOUVRIR)

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LES EPINGLES et TIRER SON EPINGLE DU JEU

Posté par francesca7 le 3 décembre 2014

 

téléchargementUne histoire moralisante remportait naguère un franc succès sur les bancs des écoles : celle des débuts édifiants du célèbre banquier Laffitte, pauvre jeune homme engagé dans son premier emploi après avoir essuyé un refus poli, parce qu’il avait pris la peine en sortant, tête haute, de ramasser dans la cour une épingle et de l’accrocher au revers de son veston. L’employeur qui le suivait machinalement du regard avait été séduit par ce geste d’épargne d’excellent augure et l’avait rappelé sur le champ : « Jeune homme, je vous engage » !

Evidemment les temps ont bien changé. On se demande ce que la jeunesse actuelle pourrait bien ramasser par terre pour éviter le chômage et tirer aussi brillamment son épingle du jeu.

Tirer son épingle du jeu

Jeu de mots mis à part c’est du côté des petites filles qu’il faut chercher l’origine de cette expression. Vers le XVè siècle les fillettes jouaient à placer des épingles dans un rond au pied d’un mur et à les faire sortir à l’aide d’une balle qui devait d’abord frapper le mur avant de ricocher dans le cercle. Une joueuse habile parvenait au moins à récupérer sa mise, c’est à dire à retirer son épingle du jeu. Le sens figuré en découle très tôt, comme en témoigne d’Aubigné au XVIè : « Mais, ne pouvant rien contre vents et marée, il tira son épingle du jeu ».

Cela dit, les épingles ont eu autrefois dans la vie des femmes une importance dont on ne se doute guère. C’était apparemment un objet d’un certain luxe, dont la fabrication était strictement réglementée. Au XIIIè siècle, le Livre des métiers précise : « Que nul maître ni maîtresse ne puisse acheter fil cher pour faire espingles, si ce n’est à ceux du dit métier (les épingliers), sous peine de l’amende ». On offrait des épingles aux dames et les testaments du XIVè et du XVè siècle disposaient parfois de legs particuliers destinés à leur achat, en particulier pour les « longues espingles à la façon d’Angleterre ». Du reste, le pécule que les maris accordaient à leur épouse pour leurs menues emplettes personnelles ou bien le sommes qu’elles pouvaient amasser d’elles-mêmes par un truchement quelconque s’appelaient tout bonnement les « épingles ». « Madame d’Etampes prend de pension, pour ses épingles, cinq cents livres ».

Il s’agit là, semble-t-il d’un trait de civilisation occidentale car l’anglais connaît aussi l’expression pin-money qui désigne l’argent de poche des femmes et des jeunes filles. Témoin ce dialogue d’une comédie classique de Vanbrugh où une jeune fiancée se réjouit ingénument de la munificence de son futur époux : « Dis-moi, nourrice, s’il me donne deux cents livres par an pour m’acheter des épingles, qu’est-ce que tu crois qu’il me donnera pour acheter des beaux jupons » ? – Ah ma chérie, il te trompe vilainement ! Ce que ces Londoniens appelle l’argent des épingles c’est pour acheter à leurs femmes tout ce que peut offrit le vaste monde, et jusqu’aux lacets de leurs chaussures ».

La pratique des « épingles » a duré longtemps, et s’il faut en croire Littré, jusqu’à l’époque de nos arrière-grand-mères, où le mot désignai tune sorte de pourboire particulier à l’intention des femmes : « C’est pour les épingles des filles, se dit de ce que l’on ajoute en payant une marchandise ou un ouvrage au prix convenu… Ce sont les épingles de madame ».

Monter en épingle

On comprend dès lors que l’on puisse être tiré à quatre épingles – ajusté sans aucun faux pli. Et aussi naturellement qu’il vaille parfois la peine de monter une chose en épingle, afin de la mettre en valeur. Tout est dans la tête, si j’ose dire, et dépend de la grosseur et du prix de celle-ci. On peut monter une émeraude en épingle par exemple, et faire d’une simple épingle de cravate ou d’une épingle à chapeau un véritable bijou.

Que l’on en juge par cette description somptueuse, extraite d’un traité des émaux du XVIè siècle : « Un saphir enchâssé à jour, sur un espingle d’or, garni de douze petites perles ». Pas du tout le genre que vous iriez chercher dans une meule foin » !

issu du livre : « La puce à l’Oreille » aux éditions Stock 1978

 

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