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FONTAINE Brigitte – la poétesse particulière

Posté par francesca7 le 24 décembre 2014

 

 Brigitte la renarde, la belle abandonnée, nous avait appris que plus jamais on ne mettrait de la terre dans la bouche de ceux qui parlent. Elle aura donc tant parlé, tant déliré que nous ne savons plus qui a dit quoi, mais nous savons que ses mots sont mêlés à notre sang. Mélange de quotidien fait de poussière et hasard, de dits de petite fille de l’autre côté du miroir, les chansons de Brigitte sont un monde en feu. Elle, l’étoile noire, nous dit que nous ne serons plus chacun pour soi, mais ensemble dans nos cendres, dans nos utopies, dans nos toupies. Et les saisons en enfer reverdiront, et les festins couleront.

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https://www.youtube.com/watch?v=zyQzKHGdO8c#t=21

Dans sans doute sa plus belle chanson, « Les Vergers », elle n’oublie rien des colonisations qui nous terrassent , mais avec le drapeau noir des délires, des pleurs et des sourires, elle parle de libération. Elle nous dit que dans cette vie, cruelle pourtant, personne ne marche vers nulle part et que personne n’est hall de gare. Sa déraison est notre rosée, notre liberté. Elle est la fée Mélusine, elle qui a dû être la part magique des rosées des forêts de Morlaix qu’elle foulait enfant. Elle sait les mots de passe et les comptines qui font des herbes des harpes, elle nous apprend aussi que le bonheur ne saurait avoir de mémoire.
Brigitte chante en lévitation, les portes ont des ailes, nous avons tous des grains de sable dans les yeux sans son armoire faite de lavande et de fumées.

Extrait du site : http://www.espritsnomades.com/sitechansons/fontainebrigitte.html

21044082_20130925181436812.jpg-cx_160_213_x-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxBrigitte Fontaine (née le 24 juin 1939 à Morlaix) est une auteur-compositeur-interprète, comédienne, dramaturge et écrivain française. Fille d’instituteurs, Brigitte Fontaine développe très tôt son goût pour l’écriture et la comédie. Son enfance, qu’elle déclare globalement heureuse, se déroule à Plouyé, une petite commune du Finistère, puis à Morlaix. Son bac littéraire en poche, elle se rend à Paris à 17 ans, pour devenir comédienne. Elle joue notamment au Théâtre de la Huchette dansLa Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco.

L’audience de Brigitte Fontaine s’est notablement élargie depuis le début des années 2000, et ses apparitions télévisuelles ne sont jamais banales. Humaniste et libertaire, Brigitte Fontaine l’est aussi depuis toujours dans ses engagements, comme lorsqu’elle signe le manifeste des 343 (en 1971 et en 2011), s’exprime (dès 1990) contre les guerres en Irak, soutient les étrangers en situation irrégulière et se prononce contre les prisons.

En marge des hit-parades (1969 – 1979

Brigitte Fontaine devient alors une figure de l’underground français. En une demi-douzaine d’albums publiés pour la plupart par le label indépendant Saravah, Brigitte Fontaine explore, sans se soucier des hit-parades, différents mondes poétiques. Renonçant aux rimes, usant parfois du talk-over, elle enregistre, avec très peu de moyens et souvent sur deux pistes, des chansons qui abordent avec humour ou gravité, selon l’humeur, des thèmes aussi divers que la mort (« Dommage que tu sois mort »), la vie (« L’été, l’été »), l’aliénation (« Comme à la radio », « Où vas-tu petit garçon »), la folie (« Ragilia »), l’amour (« Je t’aimerai ») ou encore l’injustice sociale (« C’est normal »), l’inégalité des sexes (« Patriarcat »), l’idéologie et le crime (« Le 6 septembre »), le faux engagement politique (« L’Auberge (Révolution) »), le racisme (« Y’a du lard »), voire elle-même et son compagnon (« Brigitte », « La harpe jaune », « Nous avons tant parlé »)… Le couple construit une œuvre foisonnante et cohérente à la fois, à l’écart des programmateurs de radio et de télévision, dans une liberté totale – sauf cas de censure, mentionnés par Benoît Mouchart dans sa monographie de Fontaine.

Parce qu’ils voguent entre pop, folk, électro et world music, les albums L’incendie et Vous et nous par exemple, du tandem Areski-Fontaine, figurent parmi les disques les plus inclassables de la scène française. Près de trente ans plus tard, l’audience internationale de ces 33-tours (réédités depuis en CD) a pris de l’ampleur, notamment grâce aux propos enthousiastes que tiendront à leur sujet dans la presse anglo-saxonne les membres du groupe Sonic Youth. Les disques « Brigitte Fontaine est folle » et « Comme à la radio » sont même réédités pour la première fois à destination des États-Unis en décembre 2013 par le label indépendant Superior Viaduct. Mais ils ne sont pas encore parvenus aux oreilles du grand public francophone, pour qui le travail de Brigitte Fontaine reste beaucoup moins connu que ses apparitions médiatiques.

Les prestations scéniques de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem ne sont pas à cette époque des tours de chant traditionnels : mêlant improvisation théâtrale et chansons, leurs performances s’inscrivent davantage dans le genre du « happening » que dans celui du concert au sens propre. Les instrumentations sont d’ailleurs réduites à leur plus simple expression, les artistes n’hésitant pas à chanter a capella lorsqu’ils ne s’accompagnent pas eux-mêmes à la guitare, aux percussions, au mélodica ou à l’accordéon. De 1973 à 1979, ils seront seuls en scène, sans être soutenus par un orchestre. Ils se produisent alors principalement en France, mais aussi dans toute la francophonie et en Algérie. Ils donnent également de nombreux spectacles dans des prisons et des hôpitaux pyschiatriques.

Disques d’or (2001-2004)

Disques d’or, ses albums Kékéland (2001) et Rue Saint Louis en l’Île (2004) ont bénéficié de collaborations prestigieuses (Noir Désir,Sonic Youth, Archie Shepp, -M-, Gotan Project, Zebda, etc.) et se présentent comme des bouquets variés, comprenant tangos (PipeauRue Saint Louis en l’Île) et rock (Bis Baby Boum Boum), trip hop (God’s NightmareEloge de l’hiver) et reggae (Je fume), mêlant amour (Profond) et voyages (GuadalquivirFréhel), Betty Boop et la série noire (Rififi), Simone de Beauvoir et Rabelais… Il aura fallu attendre 2001, Y’a des zazous, un duo avec -M- et une reprise (un comble) pour que Brigitte Fontaine accède à une certaine popularité, mais pour cela il a fallu aussi qu’elle s’illustre dans une poignée de talk shows à la télévision, souvent de mauvaise foi, qui fixent pour longtemps son image de « folle ». Des tubes potentiels sont ignorés par les diffuseurs auprès du grand public, Fontaine est assez connue mais insuffisamment pour son oeuvre..

Depuis 2001, Brigitte Fontaine est en tournée dans toute la France (avec des escales en Belgique, en Suisse et même à Londres et Barcelone), accompagnée sur scène des mêmes musiciens (le bassiste Bobby Jocky, le guitariste Yan Péchin, le pianiste Dondieu Divin, le batteur Patrick Baudin, le violoncelliste Frédéric Deville et bien sûr le percussionniste Areski Belkacem).

En mars 2011, Brigitte Fontaine publie trois nouveaux recueils de textes aux Belles-Lettres/Archimbaud, parmi lesquels figure une anthologie de chansons et de poèmes intitulée « Mot pour mot ». Le cahier « Livres » du quotidien Libération salue cette parution le 31 mars 2011  en consacrant deux pages à l’œuvre écrite de Brigitte Fontaine, « une alternance de mélancolie anxieuse et d’enragement social que l’école rangerait sans difficulté au panthéon romantique ». Son nouvel album intitulé L’un n’empêche pas l’autre paraît le 23 mai 2011. Le 29 juin 2011, elle chante sur la scène du Bataclan avec Mathieu Chédid, Jacques Higelin, Grace Jones et Areski Belkacem. En juillet 2011, elle tourne dans Le Grand Soir, nouveau film de Benoît Delépine et Gustave Kervern, où elle interprète la mère des personnages joués par Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel tandis qu’Areski interprète leur père. Le 30 janvier 2012, Bertrand Cantat rejoint Brigitte Fontaine sur la scène du Trianon pour interpréter en duo « Les Vergers », une chanson de 1975 reprise en duo sur L’un n’empêche pas l’autre, ainsi que le très rock « Bis baby boum boum », un autre duo Fontaine-Cantat extrait de Kékéland, et, lors du rappel, pour « Soufi » (albumProhibition) où il se substitue à Grace Jones.

Brigitte_Fontaine_-_Lydia_MetralEn octobre 2012, les éditions Actes Sud publient « Portrait de l’artiste en déshabillé de soie », où Brigitte Fontaine dévoile ses pensées intimes sans jamais céder à l’exercice des « mémoires » : point d’anecdotes au fil du texte, mais plutôt une suite de révélations et d’illuminations poétiques qui prolongent sous une forme nouvelle le travail de l’écrivain. En attendant la sortie de son prochain disque, Brigitte Fontaine fait une prestation remarquée sur scène, aux côtés de Christophe Miossec, Kent et Albin de la Simone, à l’occasion de plusieurs concerts hommages à Alain Bashung (le spectacle « Dernières nouvelles de Frau Major ») sous la direction musicale de Yan Péchin. Elle partage la même année avec l’accordéoniste Patrick Fournier une des Nuits de Nacre du festival de Tulle.

En septembre 2013, Fontaine assiste à la Gaîté Lyrique à la première projection publique du documentaire Reflets et Crudités qui lui est consacré (sorti au cinéma le 2 octobre) et publie son album J’ai l’honneur d’être avec la collaboration d’Areski et de Jean-Claude Vannier, dont le premier extrait, « Crazy Horse », fait l’objet d’un clip signé Enki Bilal. Les Inrocks se fendent d’un nouvel article élogieux quoique maladroit, mais pas d’une couverture. Elle effectue ensuite une tournée qui passe en novembre par le Bataclan. Elle provoque la surprise en reprenant à cette occasion la chanson « Je suis décadente (la concierge gamberge) » qu’elle n’avait plus jamais interprété sur scène depuis 1965. Le 11 avril 2014, elle est une des têtes d’affiche, avec Grand Corps Malade, du festival Porte-Voix d’Oloron. Elle présente trois spectacles différents aux Bouffes du Nord les 5, 6 et 7 juin 2014, alternant concert acoustique, lecture musicale et concert avec son groupe au grand complet (Yan Péchin, Patrick Baudin, Dondieu Divin, Bobby Jocky et Areski Belkacem). En novembre 2014, elle publie chez Flammarion Les Hommes préfèrent les hommes (titre d’une des chansons – polar et hymne homosexuel – de son dernier album), un recueil de seize histoires dont, outre la nouvelle titre, la première et la plus longue, « Nuit d’hiver », « Le Prépuce », « La Classe », « Les Sardines », « Gravissimo », « Aladdin et les Quarante Voleurs », « Les Brunes préfèrent les blondes », « Les Sacs », « Interview comme les autres », « Un coma impossible », « Le Matin de la fatalité », « Boucle d’or », « Futur », « Les Tickets de restaurant », « Enki et Miss Fatma, conte de Noël » – cette dernière écrite en alexandrins ; la couverture est un portrait de l’écrivain par Enki Bilal.


La “folle” de l’île Saint-Louis nous lit ses écrits, mélange de douce démence teintée de poésie brute.

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https://www.youtube.com/watch?v=aRr4d6lfHzs

Aura-t-elle un bonnet d’aviateur sur la tête ? Des mini-couettes ? Une robe de bure ? En tout cas, la surprise ne viendra pas — ou pas seulement — de sa tenue. Elle viendra de sa prestation. Car si personne n’ignore qu’elle est une authentique rockeuse, iconoclaste comme on n’en fait plus et comme on n’en entend pas assez, on oublie trop souvent que Brigitte Fontaine est aussi poétesse, romancière et conteuse. Auteure d’autant de livres que de disques, et toujours aussi subversive. La plume pile dans le mille, toujours bien enfoncée pour remuer le cocotier des idées convenues et des tabous en tout genre. Démonstration in vivo cette semaine : l’insaisissable s’apprête à lire des extraits de son dernier ouvrage fraîchement paru, images (1)Les hommes préfèrent les hommes (Flammarion). Un recueil d’histoires teintées polar, sexe et sang, qui content, entre autres, les (més)aventures de Viandox et Spontex… L’entendre dire ses textes sur scène, assise à sa petite table, faussement sage, entourée de musiciens, est une expérience rare : l’embarquement intellectuel et sensoriel vers un surréalisme cruel et juste, une drôlerie acide, une pertinence implacable. On a beau savoir qu’elle est capable de tout, Brigitte Fontaine n’a pas fini de nous surprendre. Intelligence politique et poétique étourdissante.

 

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La Sorcière, le Chenapan et le Korrigan

Posté par francesca7 le 21 décembre 2014

24359460Un Conte Moderne par Gwenael

il était une fois, dans une ville pas bien grande, une sorcière d’âge moyen, de taille moyenne, d’intelligence moyenne, de beauté moyenne… Bref, une femme qui ne cassait pas des briques mais dont les connaissances, plus que le physique, semblaient attirer la gent masculine. Par une soirée de pleine Lune, cette sorcière prit connaissance des textes d’un homme, un homme charmeur, que l’on aurait nommé «prince charmant» dans un autre temps. Mais autre temps, autre moeurs. 

Cet homme était certes très agile de la plume et semblait sortir de son ordinaire, peuplé de guerriers, de chamans, de scientifiques ou de mâles bassement pragmatiques… Un corbeau, oui, on aurait pu le surnommer ainsi ; sage mais espiègle et à la mémoire terriblement efficace. Après quelques semaines d’échanges de mots intelligents, bien que parfois inintelligibles pour le commun des mortels, étranger à leurs jeux de lettres, ils décidèrent qu’il était temps pour eux de faire plus ample connaissance. Ils se rencontrèrent donc le lendemain autour de quelques bières ; une agréable soirée, pendant laquelle cet homme, au doux nom de Chenapan, profita de l’ivresse de la sorcière et de quelques tours de cartes ayant impressionné la Dame, pour lui soutirer quelques secrets… Et un baiser.  

Satisfait d’avoir réussi ce joli tour de passe-passe, il se dit qu’il serait sans doute amusant de jouer avec elle, comme il avait l’habitude de le faire avec les Dames. Mais il oubliait qu’elle était une sorcière, une suivante de la Déesse et de ce fait, l’amie des Korrigans. Elle-même avait parfois tendance à l’oublier ou préférait ne pas prêter  attention aux avertissements de ces derniers. 

Quelques jours plus tard, elle se rappela que Chenapan lui avait proposé de la revoir et que c’était à elle de le rappeler. Ce qu’elle fit, se disant qu’elle avait apprécié leurs discussions et qu’il serait intéressant de prolonger l’expérience entamée quelques jours auparavant. Ils se donnèrent donc rendez-vous la semaine suivante. Dans les jours qui précédèrent, notre sorcière se mit à perdre régulièrement sa bague et sa montre qui réapparaissaient là où elle les avait cherchés quelques minutes auparavant. Pas de doute, les Korrigans essayaient de lui faire passer un message… Son article les concernant sans doute, qui tardait à être écrit ? 

Elle resta dubitative et s’en alla donc demander conseil à son ami, un chouette viking de Bretagne ; après analyse des faits, ce dernier lui dit «les Korrigans ne volent jamais sans raison ; c’est un message pour te prévenir que ton prochain rendez-vous sera vraiment foireux. Un conseil, évite d’y aller». Elle préféra ne pas écouter ce conseil, y alla… Et se fit gentiment poser un beau lapin. Moralité, il faut toujours être attentif aux messages que tentent de nous faire passer les Korrigans, surtout lorsqu’on est l’une des suivantes de la Déesse-Mère…

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La Chasse Sauvage ou la Chaussée d’Arthur

Posté par francesca7 le 21 décembre 2014

Par Lapetite

Aux portes de l’hiver grandes ouvertes, la grande cavalcade des esprits, appelée la chasse sauvage, parcourt les cieux. Ils chevauchent pour  amasser les âmes des morts perdues et errantes, et les conduire chez elles.

A leur tête chevauche un illustre chasseur : Arthur. 

images (7)Légende ancienne connue sous de nombreuses versions, «Chasse-Gallery», «Chasse Artu», «Mesnie Hennequin», la chasse sauvage, sous son aspect «arthurien» date très certainement de Robert de Boron (XIIème siècle), mais il n’est pas interdit de penser que les auteurs de la période arthurienne se sont inspirés d’un mythe déjà présent et bien vivant, résurgence de mythes normands ou celtes beaucoup plus anciens. C’est du moins ce que propose Joseph Loth. La chasse sauvage est «animée» par des chasseurs un peu particuliers : des revenants, plus tardivement des démons, piégeant les âmes solitaires ou égarées pour les ramener dans l’Autre Monde. Plusieurs «explications» sont proposées : pour certains, il s’agit d’une chasse aux âmes par des démons avides de tortures et de souffrance, pour d’autres de l’accompagnement de Guenièvre (Gwenhwyfar : blanc fantôme) par Arthur ou sa cour. Pour d’autres encore, il s’agit de Cernunos assumant ici son rôle de guide vers l’Autre Monde, vers la forêt. Ainsi, dans toutes les suppositions, le caractère quelque peu macabre et presque «chamanique» est toujours rappelé. Le plus souvent, la chasse sauvage a lieu en forêt, lieu magique par excellence, par une nuit de pleine lune ou une nuit particulière, telle que celle du solstice d’hiver. La version «arthurienne», quant à elle, présente Arthur comme un collecteur d’âmes, qui se trouvant entre le monde des vivants et celui des âmes depuis la bataille de Camlan, aide celles-ci à rejoindre l’Autre Monde. 

Incontestablement, il s’agit bien là d’un mythe qui, à de nombreuses reprises, a évolué, où l’imaginaire et la créativité populaire ont finalement pris le pas sur l’écriture. Ainsi, l’Arthur «chasseur» qui dans le «Gauvain»   tombe dans une profonde «rêverie» durant une chasse et rêve de diverses choses surnaturelles et magiques reprend bien cet esprit. Dans une autre partie, Gauvain est lui-même présent dans l’Autre Monde (Continuation-Gauvain vers la fin du XIIème siècle et Mort Artu, estimé au XIIIème siècle). 

On retrouve bien là une caractéristique propre à la légende arthurienne : celle de se recréer, de se renouveler et de «fusionner» les anciens mythes et les nouveaux, démontrant un processus créatif propre au corpus de la légende. Dans certaines légendes (voir Paul Sébillot), la chasse traverse les mondes et les époques… La chasse de Gascogne mélange ainsi la messe et la chasse, la police de la chrétienté au monde sauvage de la forêt et du lièvre, lequel en fin de chasse entraîne Arthur vers l’Autre Monde, au-delà de la forêt. « Dans la brume nordique, les gens redoutaient d’entendre les cris des oies sauvages au-dessus d’eux. Peut-être était-ce les glapissements des chiens des chasseurs qui, comme tous les autres animaux de l’Autre Monde, ont un corps blanc et des oreilles rouges. Ils chevauchent [souvent] vers l’Ouest, vers le vent, vers Tir-Na-Nog», vers Avalon.  

Ce mythe faisait peur, l’on craignait l’Autre Monde, plus encore ses habitants, et pourtant, bien souvent, la chasse n’est pas si dangereuse. Ainsi une version raconte comment une épouse reconnut son mari disparu à la guerre et put ainsi le rejoindre. Façon de «raconter», de «créer» l’immortalité, la chasse sauvage propose une alternative à la version chrétienne, au moins aussi forte dans l’esprit de la personne de l’époque et certainement beaucoup plus proche du légendaire local. Ainsi, la chasse est au Royaume-Uni bien souvent menée par Cernunos lui-même, chassant le cerf, ou plus tardivement la jeune fille des bois, sauvage et belle. La version de Gascogne fait d’Arthur un roi qui renia la messe pour le lièvre flairé par ses lévriers. 

Si les formes les plus anciennes des légendes ne pouvaient se résoudre à tuer le roi, car avec lui mourrait tout espoir d’unification politique de la «Bretagne» du haut MoyenÂge, elles le décrivaient alors comme endormi dans l’attente d’un nouvel appel, en Avalon, soigné par sa sœur Morgane. Dès lors, Arthur demeure dans l’Autre  onde, le «Tir-na- Nog», où les âmes après leur départ du monde physique sont conduites pour trouver repos et félicité durant ce que l’on nomme la Chasse Sauvage, menée tour à tour par Gwynn ap Nudd, roi de l’Annwn – l’Autre Monde, accompagné par des chevaux et des Cwm – les chiens de l’Autre Monde, tous aux couleurs blanche et rouge, ou bien par Cernunos, ou par Arthur lui-même. L’épouse même d’Arthur, Guenièvre, Gwenhwyfar en gallois, évoque une personne envoûtante et nébuleuse ni réellement vivante, ni réellement morte. Si l’on admet qu’il pût y avoir une ou plusieurs Guenièvre, son nom en tout cas, évoque le «Blanc Fantôme» pouvant verser à nouveau vers une interprétation d’Arthur comme un «collecteur d’âmes» allant vers l’Autre-Monde, l’Avalon, pour être soignées et régénérées. C’est du moins la version courante dans les environs de Glastonbury. 

téléchargement (2)«L’île aux Pommes que les hommes appellent l’Ile Bienheureuse, est ainsi appelée parce qu’elle produit toutes choses par elle-même. Là les champs n’ont nul besoin de paysans pour les labourer et Nature seule pourvoit à  toute culture… Là, après la bataille de Camlann, nous amenâmes Arthur blessé… Et Morgane nous reçut avec les honneurs requis. Elle plaça le roi Arthur dans sa propre chambre, sur un lit doré, de sa noble main découvrit elle-même la blessure et la contempla longuement. Enfin, elle dit que la santé pourrait lui revenir s’il restait avec elle longtemps et souhaita qu’elle fît usage de son art de guérir. Nous en réjouissant, nous lui confiâmes donc le roi, et au retour abandonnâmes nos voiles aux vents favorables». Voilà, comment en un rapide paragraphe, une «obscure» fresque historique (au sens propre du terme puisque jamais la présence du roi Arthur ne fût prouvée, ni le lieu de sa tombe) se transforme par la magie du verbe, des bardes et troubadours. Le processus de création du récit et de transformation du verbe prend ici tout son sens et toute sa perspective dans le temps : la roue des saisons de la Chasse Sauvage ne se fait pas au hasard, et la chasse «d’hiver et celle «d’été» n’est pas égale.

Le monde animal est lui aussi bien représenté dans la chasse sauvage. Les versions plus proches de la France ou de l’Espagne racontent que Arthur chassait en réalité un lièvre à la messe de Pâques au lieu d’assister à la cérémonie (version de Gascogne). Le cerf figure également en bonne place, chassé par l’homme sauvage, dans les forêts profondes.  

Le sanglier est l’un des animaux les plus ancrés dans le mythe des premières versions, si l’on accepte que «la Chasse Sauvage» médiévale et celtique puissent être rapprochées à la fois dans le légendaire et à la fois dans le «récit». Ainsi, le Twrch Trwyth est l’animal royal par excellence défendant son royaume et son roi à travers l’Irlande et le Pays de Galles. On peut noter, dans ce mythe, la présence d’Arthur et de Gwynn, fils de Nudd (donc Gwynn Ap Nudd, seigneur de l’Anwnn). Ce qui peut être interprété est également le caractère «intermédiaire» de la «disparition» du Twrch Trwyth dans le Mabinogion de Kulhwrch et Olwenn. Comme Arthur, le sanglier disparaît dans la mer, vers l’Ouest, et personne ne sut jamais où il était allé. 

Comme Arthur, il est dans un «Autre Monde» auquel il appartient déjà et peut donc attendre d’être rappelé. Ensemble, au cours de l’histoire et à son achèvement, ils traversent une étendue d’eau, symbole d’un passage d’un état à un autre, uniques témoins de ces passages où seuls sont appelés certains bardes et troubadours par la force du mythe, de sa création et de son évolution.  

Ce texte est l’introduction d’une étude plus large (en cours) sur «la Chasse Sauvage» qui s’inscrit dans le cadre du projet Avalon. Le texte complet sera présenté avec le corpus global rendu par l’ensemble des participantes du projet.

Par choix, les références exactes ne sont pas insérées mais seront présentes dans le texte final.

 

Publié dans AUX SIECLES DERNIERS, FAUNE FRANCAISE, LEGENDES-SUPERSTITIONS | Pas de Commentaire »

Sous le Dolmen

Posté par francesca7 le 20 décembre 2014

par Kamiko

images (2)voilà bien longtemps que je n’étais pas revenu en ces terres battues par les vents aux parfums d’embruns salés, hurlant parfois d’étranges messages aux oreilles de celles et ceux qui savent les entendre. Bois humides et moussus au parterre de feuilles mortes en décomposition parsèment un paysage par ailleurs plat, ou peu s’en faut, aux herbes rases et aux fleurs courbées. La première vision que j’ai de mon pays aimé, alors qu’impatiemment je m’en rapproche, est une falaise démesurée, aux rochers agrippés à l’escarpement comme des doigts désespérés, sur laquelle d’immenses vagues se jettent, aveugles au choc rude qui les éparpillent en des dizaines de gouttelettes, explosant en une gerbe de poussière d’eau blanche et odorante qui se collent à mon visage et à mes vêtements. Malgré cela chaque ressac s’acharne à s’écraser sur ces rochers, inlassablement, rongeant peu à peu la surface de la terre, grignotant imperceptiblement les pierres mouillées. Combat éternel entre ces deux éléments, dont l’arbitre imperturbable trône dans les nuages lourds et gris formant un couvercle clos à cet endroit magique. On dit qu’il pleut tout le temps par ici. C’est faux. Pas tout le temps. Mais il est vrai que le ciel de plomb y est souvent de mise. 

Avec précaution, je débarque au port, laissant mes pas me guider au travers des rues étroites et encombrées du village de pêcheurs dans lequel j’ai atterri. A peine sur le quai, je suis assailli par les voix criardes des hommes et des femmes rentrant de leur virée sur l’immensité azur de l’océan ou hélant le passant afin de récolter quelques pièces en vendant, au marché, le fruit de leur pêche. C’est avec un petit sourire de tendresse que je reste un instant perdu devant ce paysage unique de bateaux colorés ondulant lentement sur les eaux, au gré des vagues douces et rondes, bercé par le cri lointain des goélands, dominé par le clocher de l’incontournable église, bâtiment bien plus haut que les autres, majestueux diront certains, où les croyants se pressent comme des coquillages sur un rocher.  

Je ne suis pas de ceux-là. Du moins, pas de ceux qui croient en cet être qu’ils nomment Dieu. S’il existait un Dieu unique et miséricordieux, voilà longtemps qu’il m’aurait accordé le repos. Je crois plutôt que les anciens avaient raison. J’ai une autre croyance profondément ancrée en moi. Un credo ancestral, bien antérieur au nazaréen. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas l’important. Je me suis démené toutes ces années pour retrouver un souvenir, lui remettre la main dessus. Un souvenir qui m’a fait fuir d’ici, me lançant à sa poursuite un jour d’août. Cependant, aujourd’hui, je ne le cherche plus, j’ai usé toute mon énergie dans ce but chimérique et je n’en ai plus. Je viens me ressourcer. C’était il y a longtemps maintenant, je parcourais la lande encore verte et fleurie, sautillant joyeusement, chantant à voix haute pour repousser les esprits malins qui ne manquaient pas d’errer, disait-on, sur ces terres. Je revenais du marché avec, à mon côté, une bouteille d’hydromel que j’avais achetée fort cher et que j’avais entamée plus que de raison afin de fêter la nouvelle vie qui s’offrait à moi. J’étais jeune homme alors, insouciant et rêveur, souhaitant parcourir le monde, découvrir de nouvelles villes, de nouveaux peuples. Je rêvais d’aventures et de rhum, de soleil et de liberté. J’avais profité de ce jour où tout les villages alentour se réunissaient pour les marchés, pour trouver un capitaine qui fût susceptible de m’emmener loin de cette vie paysanne que je pensais miséreuse. A force de demandes et d’interrogations, un navire du Roy me prit à son bord. Il était en partance pour les Indes mystérieuses et lointaines. J’avais deux jours devant moi. Le temps de rentrer prévenir mes parents et mes frères de mon départ, de préparer quelques affaires et ce serait le grand saut ! 

Quelle hâte irrépressible envahissait mon coeur, quelle impatience envahissante de découvrir de nouveaux mondes ! Tant et si bien que je ne remarquais pas un petit être assis sur un rocher, perdu dans ses pensées, fumant la pipe dont il tirait de longues bouffées, recrachant une fumée opaque à la texture du brouillard. Je marchais sur lui sans le vouloir. J’en fut  déséquilibré et roulais dans l’herbe, le poussant, le heurtant, l’embarquant bien malgré moi dans une acrobatie miséreuse et douloureuse. J’étais énervé d’avoir été tiré de ma rêverie et m’adressai à lui, énervé, en frottant mes vêtements maculés de terre fraîche et d’herbe grasse. Je n’avais pas si mal que ça, l’alcool aidant. – Ne peux tu pas faire attention, petit homme ? On n’a pas idée de s’asseoir en plein milieu du chemin ! 

Le petit être se releva à ma suite, nettoyant ses vêtements colorés et ramassant sa pipe qui s’était brisée dans la chute. Il posait alternativement son regard sur le manche et sur le foyer, maintenant séparés de cet objet qu’il devait affectionner particulièrement. J’eus le temps de le détailler à cet instant. Notamment ses frusques. Elles étaient totalement dépareillées, de couleur vives et voyantes, lui donnant un air étrange et surnaturel. Sa barbe blanche poussant comme du genêt tombait jusqu’à son ventre rebondi et ses oreilles pointues dardaient dans tous les sens semblant douées d’une vie propre. Il ramassa ensuite son chapeau haut de forme cabossé et d’un coup sec à l’intérieur, le remit d’aplomb. En tout et pour tout, il devait mesurer une soixantaine de centimètres. Mon sang se glaça dans mes veines lorsque je le reconnus, sinon lui, du moins son espèce. Je venais de renverser un représentant du petit peuple ! On parlait d’eux le dimanche à l’église comme étant les suppôts du Diable, des séides du démon. Seuls quelques originaux dont le vieux Fanch qui vivait à l’orée du bois du Nevet les craignaient. Fanch m’avait souvent parlé d’anciennes légendes concernant ces êtres dont il disait qu’il était nécessaire de les respecter, non de les fustiger et j’étais enclin à le croire lui, plutôt que d’autres grenouilles de bénitier qui les voyaient comme de vilains personnages. Cependant, je savais que je venais de m’attirer son courroux par mon imprudence, mais surtout par mes paroles désastreuses et malpolies. 

- C’est ainsi que tu prends les choses, Guillaume ?

images (3)Le ton employé était froid. Sa voix ressemblait à une cascade de cailloux dévalant une pente. Il connaissait mon nom et ce n’était pas bon signe. Une odeur forte de terreau qu’il devait  exhaler fut soudain perceptible, malgré mon état d’ébriété. Je tentais d’arrondir les angles, usant de mes mains ouvertes pour montrer mon embarras. – Je suis désolé, petit être ! Je n’avais pas vu qu’il s’agissait de toi. Je pensais qu’un gamin se jouait de moi. Crois moi, j’en suis navré. Prends cet hydromel pour excuse, je t’en fais cadeau. 

Il réfléchissait. Le vieux Fanch m’avait dit que les êtres fées étaient facétieux. Il devait réfléchir à un mauvais coup à me faire subir. Enfin, il approcha d’une démarche gauche vers moi, dodelinant comme un animal peu sûr de lui. Je me pliai puis m’assis afin de me mettre à sa hauteur du mieux que je le pouvais. Il tendit sa main ouverte. Je m’empressais de lui donner la bouteille que je ramassais et qu’il leva sans effort. Il but une gorgée puis me rendit mon bien. – Merci de ton geste Guillaume. J’avais grand soif ! 

Pendant un instant je crus m’en être tiré à bon compte.

- Ne crois cependant pas t’en tirer de la sorte. Tu es inconscient et comme tous les jeunes gens de ton âge, irrespectueux et

ivrogne à tes heures ! Viens t’excuser chez moi et tu seras pardonné totalement. Devant le seuil de ma maison j’ai le pouvoir de te pardonner. 

- Qu’est ce à dire ? demandai-je.

Je ne voyais pas vraiment comment trouver sa maison. – A toi de la chercher. C’est simple et voici un indice qui te guidera jusqu’à moi. Les cieux l’ouvrent et la terre l’accepte. Elle est posée comme une assiette à l’endroit le plus beau de la Terre.

- Ca ne veut rien dire ! rétorquai-je.

- Oh que si, Guillaume ! D’ici là tu auras longue vie ! 

Son sourire était énigmatique. Il y eut soudain une forte bourrasque, charriant de la poussière, me forçant à mettre mes bras devant mes yeux afin d’éviter d’être aveuglé. Lorsque je regardai ensuite sur le chemin, il avait disparu. Emporté par le vent ou vision ? Je ne savais pas à quoi m’en tenir. La chaleur de l’alcool aurait aussi bien pu me causer illusion ! Je restai interdit un moment, rassemblant mes esprits et mes souvenirs qui déjà, se faisaient plus diffus, puis repris mon chemin, ne pensant plus à cette aventure dans les mois qui suivirent. Je partis alors sur les mers, voguant de par le monde, découvrant des richesses qui feraient pâlir d’envie les rois, j’admirais des beautés qu’envieraient toutes les dames de la cour, explorant des contrées si étranges, que l’imagination peinerait à les concevoir, palabrant avec des hommes et des femmes si différents que ma vie d’avant parût fade et triste. 

Les années passèrent, inlassablement. Mais je ne changeais pas. Pas une ride, pas une tâche qui, communément,

parsemaient la peau des mains des personnes âgées. Tant et si bien qu’un jour, accusé de sorcellerie, je fut mis aux arrêts dans la cale, attendant notre retour au pays pour, certainement, périr au bûcher. Signe de Dieu, je le crus, mais plus probablement aide des sylphes de l’air et des ondines de l’eau, une tempête providentielle me permit d’échapper à la vigilance de mes geôliers. Le naufrage du navire sur lequel je voguais me permit ensuite d’échapper à une mort certaine. Je m’accrochai à un bout de bois, résidu du mat de la goélette. La tempête semblait s’acharner à tout va, mais elle m’épargnait étrangement. Je survécus. 

Je me souvins alors des paroles du petit être. Je devais trouver sa maison au plus vite !

Je parcourus à nouveau le monde, une fois rentré à bon port, cherchant dans tous les lieux connus et inconnus l’endroit le plus «beau de la terre» qui, selon les dires mêmes du lutin, me verrait trouver l’entrée de son domaine. Aux Indes paradisiaques, aux Amériques immenses, au coeur de l’Afrique étrange, dans les confins nordiques où la glace et le froid règnent sans partage et en Asie mystérieuse et envoûtante, je cherchais. Les années  passèrent, par dizaines puis centaines, sans que je ne puisse trouver ce qu’en vain je convoitais. J’eus nombre de femmes, mais pas d’enfants. Je quittais à regret mes promises, au bout de quelques temps, de peur qu’elles ne découvrent mon secret et ne me dénoncent aux autorités successives dont j’ai connu les régimes. Que de peine à chaque fois, que de déchirement, que de larmes versées sur mon immortalité. Combien de fois me suis-je senti si bien en compagnie d’une dame dont la beauté divine m’aurait fait tout oublier, s’il n’y avait eu cette malédiction pesante, planant sur ma tête comme un nuage noir, annonciateur de malheur. J’ai pleuré des litres d’eau salée, brûlé plusieurs fois ma peau au four du soleil, tenté par trois fois de mettre fin à mes jours, mais rien n’y faisait. J’étais toujours là, bon pied, bon oeil. 

J’appris énormément de mes errances. Je compris notamment que je n’aurais jamais dû partir de chez moi. Que le seul  véritable bonheur que j’avais ressenti, c’était sur ces terres battues par les vents et inondées par les légendes. Après avoir parcouru la totalité du monde des hommes, j’avais besoin de revenir chez moi. Dans la contrée qui m’avait vu naître, quelques siècles auparavant. Les années disparurent, envolées comme des feuilles d’automne. Jusqu’à aujourd’hui. 

Je quitte le village côtier et m’enfonce dans les terres. Que de changements ici ! Que de mouvement ! Des voitures circulent maintenant de partout, les routes de bitume ayant remplacé les sentiers, de grandes villes se dressant aujourd’hui là où, jadis, ne se trouvaient que quelques cabanes de planches moisies. Je passe dans des champs, fais signe aux agriculteurs, circule dans les bois serrés de mon enfance, contemple les écureuils sur les branches, avance un peu au hasard, redécouvrant la terre de mes ancêtres. Je me demande si les descendants de mes frères vivent encore de nos jours ?

Quand bien même, qu’irais-je leur dire ? 

Une nuit passe, puis une autre. J’erre sans fin et sans but, m’enivrant simplement du parfum de la terre, de la couleur des cieux, de la douceur des embruns. Puis soudain, le troisième soir, alors que je m’enfonce un peu plus profond dans la lande, entre les nouvelles maisons et les anciens villages, j’aperçois un dolmen. Trois pierres grises et moussues dressées et gravées de signes inconnus, formant un triangle sur lequel repose une assiette de roche plate. Une assiette posée en plein milieu d’un champ, épargnée par la civilisation. Ce mégalithe aurait pu être là depuis la nuit des temps. Il l’était peut-être, d’ailleurs. Au dessus de lui, dans les cieux chargés, perçant les nuages, un rayon de soleil couchant, rosé et brillant vient frapper cet édifice millénaire et auguste, indiquant comme un doigt tendu, l’emplacement de ce qu’en vain, j’ai cherché de par le monde. Fumant la pipe sous le dolmen, le petit être me regardait, malicieux. Je tombai à genoux devant lui. -Tout ce temps j’ai cherché, tout ce temps j’ai erré, alors que tu étais à ma portée ? 

images (4)Il rit et le son éraillé qui sort de sa petite gorge fait trembler les poils de sa barbe.

- Oui, Guillaume. Mais qu’à cela ne tienne ! Tu es ici aujourd’hui !Ta malédiction est maintenant levée. Vis ta vie comme tu le dois, respecte nous dorénavant et sois bon avec les tiens. Tu vivras une vie d’homme. 

Je tombe au sol et je pleure. Tout ce que je n’avais pas encore pleuré sort finalement et maintenant de mes yeux rougis. La nuit durant je me vide de mes larmes sous le regard de la pleine lune aimante et souriante. Tous ces siècles d’errance prenaient fin. Toutes ces épreuves s’achevaient enfin. J’avais grandi, j’avais vieilli, j’avais mûri mais il me manquait toujours quelque chose. Une parcelle de mon être que je venais de retrouver, enfin. Ce n’est que le lendemain matin, aux premières lueurs de l’aube, que je reprends ma route. Le lutin a disparu. L’ai-je seulement vu ? 

Je ne vais pas loin cette fois ci. Je vais m’installer ici, c’est dit. Acheter ce terrain où repose ce dolmen, afin que pour toujours, il reste protégé de la folie des hommes. Le plus beau des terrains. Le plus bel endroit au monde. Je comprends maintenant.

 

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La Pierre de Fée

Posté par francesca7 le 20 décembre 2014

 

téléchargement (1)Par Elfie

Bien souvent lorsque nous parlons de dolmen, de menhir… nous pensons tout de suite à la Bretagne. Et pourtant, la plus grande concentration de ces édifices se trouve en Provence avec pas moins de cinquante dolmens et  d’une vingtaine de menhir. 

Le dolmen dont il est question ici se trouve dans le Var, à Draguignan. Ce monument funéraire a toujours fasciné

par sa taille mais aussi par le peu de moyens dont ont disposé les hommes de Néanderthal qui l’ont érigé. Deux mètres cinquante de haut, quatre blocs extraits à un kilomètre de là et une pierre supérieure pesant à elle seule vingt tonnes : il n’en faut pas moins pour faire naître le mystère. De cette fascination est née la légende de la fée Esterel qui est à l’origine du nom de ce dolmen : la Pierre de la fée.

 

La légende de la fée Esterel

Un jour, la fée Esterel qui aimait se déguiser, prit la forme d’une bergère. En se promenant, elle rencontra un génie. Ce dernier tomba éperdument amoureux d’elle et lui demanda immédiatement sa main. La fée accepta mais à une condition : leur mariage devra être célébré sur une table soutenue de trois pierres. Elle lui fit une description de ces pierres et le génie reconnut tout de suite les pierres qui jadis étaient tombées de la montagne de Fréjus. Le pauvre génie se mit donc à l’ouvrage. Il y mit tout son coeur et ses forces de génie. Mais cela ne suffit pas pour soulever la dernière pierre, celle qui devait reposer sur les autres et ainsi former la table.

Il en fut désespéré. Cependant, la nuit suivante, la fée Esterel accomplit ce prodige. 

Pourquoi me demanderez-vous ; et bien la fée n’était tout simplement pas indifférente à ce génie. Après cela, on s’attend donc à un heureux mariage, malheureusement il n’en fut pas ainsi. Le génie, constatant les prouesses de la fée, se trouva bien misérable et condamné à mourir parce que la fée était bien plus forte que lui.

Et c’est ce qu’il advint : il mourut, suivi peu de temps après par la fée Esterel.

 

 

 

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Recettes de Samhain et de Yule

Posté par francesca7 le 17 décembre 2014

Par Stryx

Fricot de légumes-racines aux herbes

Voici la saison sombre qui s’installe, les feuilles tombées de la main de la déesse couvrent, bienveillantes, racines fines et chenues, glands et graines chus. Le repli au chaud commence et c’est près du feu intérieur que chaque être vivant se réfugie. Voici qu’arrive l’hibernation. Pour d’autres, le chaud pelage a enflé, doux et épais. Le scintillement du givre va s’installer.

Voici que s’annonce le temps des féeries hiémales. Voici le temps du chaudron, le temps de l’imagination, le temps de la veillée… 

Honneur aux racines, honneur à la chaleur dedans la terre, honneur aux partages près du feu. Les légumes-racines sontentreposés, les herbes et champignons séchés, l’eau de la source se fait mordante, il faut vouloir la capturer.

Lumignons, chandelles et lanternes sont allumés. Oignons pelés et émincés, betteraves crues tranchées, conserve leurs pelures pour teinturlurer. Carottes et pommes de terre en morceaux débitées, rutabagas en cubes coupés, garde leurs épluchures pour aux animaux les donner. Dans ton chaudron, ces légumes-racines tu vas poser, avec un peu de gras, de ton choix le préféré…

 

Un léger flot de vin blanc de l’année et trois flots d’eau avec gratitude récoltée dans ce chaudron tu vas verser. Trois ou cinq grains de poivre, une pincée de sel marin tu peux alors ajouter. D’une feuille de sauge, d’une pincée de sarriette et d’une autre d’armoise tu vas ce mélange saupoudrer en honorant la terre de tes pensées. Puis ton chaudron tu dois entre fermer, une heure ou deux laisser mijoter. Dans les fumets de ce bouillon viendra l’heure des paroles, des contes et des chansons, des réjouissances dans la maison.

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Mélange d’herbes pour Yule

Les ombres se sont avancées, déployées, installées mais le début de l’hiver réserve aux promeneurs avisés de beaux moments illuminés où les fées du givre jouent de scintillements, où la brume danse à l’air que l’on respire et les sylphes paraissent moins transparentes, où les vertes aiguilles royales couronnent les sentiers et les feuilles luisantes du houx rappellent que n’est pas si loin le moment de la nuit la plus longue qui annonce déjà le retour lent mais assuré des lueurs solaires. C’est l’occasion offerte d’aller demander à un genévrier de se laisser cueillir quelques baies, de récolter avec permission des aiguilles de sapins que tu rapporteras en gratitude près de ton âtre. Les aiguilles et les baies mêlées à un peu de girofle écrasée et un soupçon de cannelle seront déposées dans un bocal et recouvertes d’huile ; le bocal fermé, déposé, de préférence dans la pièce où brûle le feu, près de la fenêtre la plus lumineuse au moins une lune durant, jusqu’au moment où en préparation du solstice, rapportant le houx chez vous, vous pourrez oindre les bougies de la fête, disposer quelques feuilles de lierre à leurs pieds dans des coupelles pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs de Yule. Que les Unseelies vous soient cléments et que les ombres sorcières vous enseignent le chemin des lueurs féériques voilées et dévoilées !

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Les Portes de la Faery

Posté par francesca7 le 17 décembre 2014

 

par Mut Danu

amandinelabarre2_zps241b98bbbien loin d’être de vieilles et ennuyeuses histoires tout juste bonnes à être lues à l’heure du coucher, très éloignées des histoires modelées pour les enfants dont ils ont pourtant l’image, «les Contes de Fées» cachent en eux une mine féconde d’informations sur le monde de Faery et ses coutumes. Dans les pays celtiques, la croyance populaire, source de renseignements et d’enseignements inépuisable, était partagée entre tous, jeunes, vieux, hommes, femmes, au moyen des histoires que l’on raconte le soir au coin de l’âtre, ou bien, moins solennellement, autour d’une pinte de bière dans les soirées enfumées de la taverne locale. Mais plus qu’une invitation indiquant l’emplacement des portes de Faery, les Contes servaient aussi d’avertissements, de réels panneaux signalétiques indiquant «Ne pas entrer», protégeant celles et ceux qui  souhaiteraient vivre une vie «normale», loin de l’agitation et du tumulte de Faery, d’entrer dans ce monde lointain et pourtant si proche du notre. 

Ainsi, nous apprenons comment de pauvres âmes sont entrées en Faery par accident… Que ce soit en tombant  malencontreusement d’un cheval, en passant par un chemin humide et encombré, en tombant très malade un jour ou en s’endormant, las, au pied d’un arbre, en étant dérouté par le brouillard ou le mauvais temps, en voulant répondre à une supplique entendue dans la forêt la nuit ou en découvrant une porte fermée qui s’ouvre magiquement à leur approche. Les Contes transportent alors les auditeurs dans une histoire où ils apprennent ce qui arrive en Faery… Ils ne doivent ni manger ni boire et encore moins accepter les cadeaux qui les condamneraient à devenir débiteur de leur «gentil» donateur, ou à servir la Reine de Faery pour les sept années à suivre. Les frusques et la poussière peuvent parfois prendre l’aspect de riches vêtements ou d’or étincelant pour celles et ceux qui ne savent pas voir au- delà des apparences, et accomplir l’aller- retour entre les mondes laisse toujours des traces chez le voyageur, très souvent pour le pire… Parfois le visiteur de Faery repart avec, entre les mains, de l’or réel ou des cadeaux, comme la capacité de guérison ou un don musical. Cependant, il existe systématiquement un élément de danger inhérent à ce monde, dont parlent aussi bien les contes traditionnels que les livres

modernes traitant du sujet. Alors pourquoi quelqu’un voudrait-il ouvrir la Porte, de sa propre volonté, et ainsi courir un risque ? La raison profonde dépend de chaque individu. La plus probable et commune est le désir ardent d’éprouver quelque chose, un sentiment, un ressenti, qui va bien au-delà d’une vie considérée comme «normale». D’autant plus dans nos sociétés modernes aseptisées et conditionnées. 

Une autre raison pourrait être le fait qu’un individu se soit déjà aventuré en Faery en tant que «voyageur accidentel», et  cherche à s’y rendre de nouveau mais cette fois, en tant qu’explorateur volontaire, à la recherche de la connaissance et avec l’espoir d’acquérir la sagesse qui doit aller avec. Il est aussi possible qu’une personne soit tombée sur un livre ou un texte décrivant une visualisation, une méditation guidée qui ouvre les portes de Faery et soit curieuse de tenter l’aventure par elle-même. 

Une chose est cependant certaine, les Contes de Fées nous préviennent de nous tenir à l’écart de ce monde superposé au nôtre et aucun d’eux n’explique réellement comment y entrer délibérément. Il n’existe que peu d’instructions écrites en ce qui concerne la façon de se rendre en Faery, à cause des limites naturellement imposées par l’écriture et les mots qui ne peuvent rendre la complexité de ce monde. Vous pouvez lire sur la Faery du crépuscule à l’aube sans rien, jamais, y comprendre. La seule façon d’y arriver est d’aller voir par soi-même. Découvrir de ses yeux, ce monde nonphysique qui existe en parallèle du nôtre. Cet univers devrait être perçu comme un endroit réel, peuplé par des êtres réels et où des événements réels arrivent, bien qu’il existe d’une façon différente de celle que l’on conçoit généralement, en paramètres de matière et de temps. La découverte de la clef qui ouvre la porte vers Faery implique «la suspension de l’incrédulité», c’est-à-dire la mise de côté de la réalité que nous considérons comme «normale» afin d’acquérir une expérience de ce plan non-physique. La clef ne peut être trouvée que profondément dans notre imaginaire. La vie quotidienne que nous appelons aussi «la culture moderne» nous force à dévaluer le pouvoir de l’imagination. En fait, c’est notre imagination qui est notre source personnelle de puissance et d’énergie, qui nous anime depuis la plus tendre enfance. Pour les enfants, les portes menant vers d’autres mondes sont  grandes ouvertes, tout le temps ! C’est seulement en grandissant que nos esprits ferment ces portes pour ensuite les laisser finalement closes et en jeter les clefs au fond d’un puits vaseux au plus profond de notre conscience. Finalement, la pensée de voyager de notre réalité à un monde non-physique devient aussi impossible à appréhender que l’idée que nous pourrions marcher au travers d’un mur ! Quelques adultes utilisent des drogues hallucinogènes comme clef pour ouvrir des portes de la réalité non-physique, mais pourquoi endommager notre corps inutilement ? Quand vous comptez sur un raccourci pour apprendre quelque chose de nouveau, vous ne l’apprendrez jamais totalement comme vous le devriez. Rendre vie et corps à notre imaginaire en tant qu’adulte est un travail ardu alors que ce devrait être… un jeu d’enfant. Pensez à cela un moment et vous réintégrerez la voie qui vous mènera à la réouverture des portes par les voies les plus naturelles qui soient. Comme je l’ai déjà mentionné, puisque le royaume de Faery est basé sur l’expérience individuelle, rien de ce que je pourrais vous dire ne vous serait d’une aide quelconque si vous ne l’essayez pas par vous-même. Ce que je peux néanmoins faire, c’est partager un peu de mon expérience personnelle et vous offrir certains conseils. Le reste vous appartient : votre capacité innée à l’imaginaire, votre persistance et peut-être un peu de chance vous mèneront au-delà des mondes… 

Mon expérience personnelle inclut des souvenirs d’enfance vagues, de points d’entrée et de visites en Faery qui ont brusquement cessé pendant l’adolescence pour ensuite reprendre à nouveau, une décennie plus tard. Au début de la vingtaine, je méditais consciencieusement, m’attelant à la création d’un refuge silencieux, réceptif et personnel dans mon esprit. Dans le même temps, j’ai commencé à faire des rêves lucides (lorsque le rêveur est actif comme dans la vie éveillée) et spontanément, j’ai retrouvé les sensations qui avaient toutes les caractéristiques de ce que j’appelle aujourd’hui «le  voyage».

 

images (11)Parfois j’ai volé vers Faery, ou j’ai nagé ou encore, j’ai flotté dans un bateau perdu avant de poser pied sur les rivages familiers de cet autre monde. Parfois, éveillée, j’ai «vu» des images et les événements en surimpression sur le paysage que mon regard percevait vraiment, de la même façon que si vous teniez une image imprimée sur du plastique fin et transparent devant vos yeux. Ces visions étranges étaient aussi inquiétantes qu’excitantes. Tout que j’essayais de faire était une sorte de méditation zen que j’avais lue. Aucune des personnes que je connaissais ne méditait alors, me laissant seule parcourir les paysages de mes rêves afin de converser en compagnie d’une étonnante vieille femme. Quoique j’aie désespérément ressenti le manque de guide réel, j’ai continué au petit bonheur mes expérimentations et j’ai commencé à essayer d’entrer dans l’Autre monde réellement délibérément. Après quelques temps, j’ai remarqué que je retournais systématiquement dans les mêmes endroits, lors de mes songes, lorsque je souhaitais entrer dans l’Autre Monde… 

Une descente de marches de pierres humides et inégales, une rivière souterraine froide et apaisante ; ou encore la découverte d’un certain arbre dans la forêt ; ou enfin en ouvrant une lourde porte en bois craquante. Cela m’a pris vingt ans de pratique informelle avant que je ne découvre enfin les premiers livres sur la Faery et que je sois, dans le même temps, formée à la voie de la Prêtrise, qui incluait les Arbres Sacrés et les rituels de Faery comme faisant partie de l’étude. Finalement vint une reconnaissance de la part d’autres gens qui avaient voyagé, tout comme moi ! Voici un conseil en or pour ce qui est de la découverte de Portes, en vue de voyager : chacun trouve ses portes propres ! Conseil étrange, mais je m’en explique : Puisque notre réalité humaine physique est à peu près la même pour toutes et tous, la forme des Portes est souvent aussi la même… Une caverne, un passage ombragé, un chemin sauvage. Même si la vie moderne et la technologie ont changé radicalement ces cent dernières années, la Faery dépend du monde naturel et l’esprit humain a besoin de trouver des portes qui reflètent cet état. Peut-être la forme «physique» de votre Porte sera inhabituelle, à l’instar de Jack qui a trouvé la sienne en montant grâce aux racines du haricot magique. Je suis parfois partie en grimpant le long d’une échelle de corde. Que vous ayez déjà traîné vos guêtres dans l’Autre Monde ou que ce soit la première fois que vous lisiez un texte traitant de Faery, vous pouvez y arriver. La facilité avec laquelle vous voyagerez dépendra probablement un peu de vos capacités naturelles et certainement aussi de la pratique que vous avez. Utilisez la méditation et apprenez à créer un espace de liberté à l’intérieur de vous-même. Vous ne pouvez pas aller n’importe où, ni bien loin, avec une tête pleine de désordres quotidiens et d’inquiétudes. Pratiquez la visualisation. Vous pourrez trouver, si cela vous aide, nombre de supports visuels imprimés ou sur internet. Essayez des visualisations différentes et voyez ce qui fonctionne le mieux pour vous. Prenez l’habitude de tenir un «journal de voyage», ça aide. Mais plus que tout, donnez de l’importance à votre pratique spirituelle et croyez en votre expérience propre. Dans le même temps, souvenez-vous des précautions inhérentes à la Faery ! 

Premièrement, ne parlez pas de Faery ! Seules les personnes qui sont déjà parties en Faery peuvent entendre votre expérience. Rappelez-vous que la plupart des gens craignent et détestent tout ce qui s’écarte un tant soit peu de la «norme». Parler de voyages dans «l’Autre monde» ne facilitera pas votre intégration dans la vie «réelle». 

Deuxièmement, ne prenez pas d’amant en Faery ! Cela pour deux  raisons : 1) un rapport de ce type en Faerie vous empêcherait d’avoir des relations dans votre vie de tous les jours et 2) tomber amoureux en Faery risque de vous rendre la vie quotidienne insupportable. Gardez une vie équilibrée et les pieds fermement ancrés dans la terre ferme! 

Troisièmement, vous ne devez pas accepter de manger et boire quoi que ce soit dans le monde de Faerie, mais vous devez

impérativement manger dans le vôtre ! Un nouvel avertissement qui vous encourage à vous occuper de votre physique et à garder votre équilibre. La Faery donne la nourriture et la connaissance à votre âme mais votre corps ne peut pas survivre avec les douceurs de ce monde. Les histoires de malheureux partis en Faery et qui ont ensuite perdu pied après leur retour au monde réel, ou des rares gens de Faery qui essayèrent sans succès de vivre entièrement dans le monde physique en sont des exemples évocateurs. 

Quatrièmement, ne vous rendez pas en Faery si c’est par cupidité et simple recherche d’or ! Prenez ceci comme un

avertissement, au cas où vous projetteriez de faire de l’argent grâce à ce que vous avez appris en Faery. Ainsi si vous deveniez vraiment un expert de Faery et que vous souhaitiez «utiliser» cette connaissance comme le ferait un tour-opérateur, gagnant de l’argent en proposant des ateliers payants dans de luxueux hôtels… Prenez garde ! Les «chercheurs d’or» risquent de se sentir humiliés lorsqu’ils se rendront compte que la «mine d’or» tant espérée n’est en fait que cendre et poussière. Tous les Contes sont d’accord, seul le chercheur gentil, humble, ressort de Faery doté d’un trésor réel. De plus, les cadeaux que font traditionnellement les gens de Faery aux mortels sont le plus souvent aussi intangibles que ce que l’on nomme la «bonne fortune» ou encore la capacité de guérison ou bien un don pour la musique, la compréhension des langages animaux et  végétaux ; ou encore la connaissance, en général, ainsi que la sagesse de savoir comment l’utiliser à bon escient… 

La liste des traditionnels conseils à suivre est à la fois courte et simple : Partez avec des intentions claires et un coeur pur, soyez polis avec celles et ceux que vous croiserez dans l’Autre monde ; venez en aide aux Vieilles femmes qui vous demandent un petit service, ne faites pas de promesses que vous ne pouvez pas tenir, décidez de votre propre chemin et ne laissez personne vous dicter ce que vous avez à faire en Faery. Si vous vous trouvez dans une situation inconfortable pendant une visualisation ou un voyage, rappelez-vous ce que les vieux Contes vous enseignent et faites face en faisant quelque chose de complètement mystérieux et incorrect ; en mettant vos vêtements à l’envers par exemple, en parlant charabia et en sautant sur un pied en tapotant le sommet de votre tête afin de détourner l’attention suffisamment longtemps pour vous permettre d’ouvrir une porte et retourner au monde physique. Vous pensez que je plaisante ? Pas du tout, il m’est déjà arrivé de devoir faire cela, bien que rarement. 

Redécouvrez vos Contes de Fées préférés, ils seront les meilleurs guides que vous pourrez trouver! Le monde de Faery n’est pas éloigné du notre. Il est entrelacé avec notre monde. Vous en trouverez la clé en vous et vous arriverez à en pousser l’huis à la force de votre imagination. La patience et la Pratique ouvrent les Portes. 

Bon Voyage, Mut Danu, HPS

 

Traduction par Kamiko

Mut Danu est une Haute Prêtresse et aînée de la Tradition Dianique «Apple branch». Elle est active aux Etats-Unis avec le coven «From the branch» et d’autres groupes de femmes inspirées par la Déesse. Elle a fondé en France La Branche du Pommier et est membre de la Ligue Wiccane Eclectique.

 

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A LA QUEUE LEU LEU : un motif

Posté par francesca7 le 15 décembre 2014

 

images (14)En Europe occidentale le loup, ancienne terreur des petits enfants, n’est plus qu’un souvenir, un vieil animal de fable ; Il continue à vivre dans le langage, mémoire mythique des nations – une faim de loup, un froid de loup. En France, il a été un réel prédateur jusqu’au milieu du XIXè siècle, mais nous nous sommes habitués à son absence. Nous sommes devenus trop nombreux sur ce soin de planète, om nous instituons nos propres prédations, pour coexister avec l’habitant des bois. « Un loup chasse l’autre ».

Le mot Leu n’est pas autre chose qu’une ancienne forme de loup. « Hareu, le leu ; le leu ; le leu !   » criaient les bergers picards. il a laissé des traces dans le nom Saint Leu, pour Saint Loup, et naturellement dan la description de gens marchant l’un derrière l’autre – « queue à queue, comme les loups quand ils s’entresuivent » ! à la queue leu leu…. Cela bien avant que les romans de Fenimore Cooper nous fassent parler de « file indienne ».

Pourtant le redoublement du mot leu n’est qu’une erreur d’écriture, déjà très ancienne. Il constitue une mauvais (ou amusante) interprétation de la vieille langue où « de » et « du » ne s’employaient pas toujours pour désigner l’appartenance : Château Gaillard veut dire « le château de Gaillard » et Choisy le Roi « Choisy du Roi ». Ainsi la queue du loup était simplement « la queue du loup » et en Picardie ; « la queue de leu », qu’on a fini par écrire « leu leu ». Du reste Rabelais cite la forme « à la queue du loup ».

Si l’expression a eu autant de vitalité c’est qu’elle servait à désigner « un jeu de petits enfants » un jeu tout bête et toujours amplement pratiqué dans les cours d’écoles maternelles, qui consiste à courir en rang d’oignons en tenant le tablier de celui qui précède… C’est le petit train !

Bien sûr ! Simplement changement de motivation. Des centaines de générations de bambins se sont divertis de la sorte, bien avant que les trains existent. Celui qui court en tête de file, avant de faire la locomotive, faisait tout bonnement le « leu » !

C’est à se demander si ce ne sont pas les trains qui ont réellement copié sur les petits enfants, et à travers eux sur les loups ?… On comprend mieux dès lors la perplexité des vaches le long des voies ferrées, et l’abîme de réflexions où les plonge la « récupération » humaine des instincts ancestraux.

Quand un loup rôdait à proximité d’un village, la nouvelle avait vitre fait le tour de ses habitants. La menace qu’il représentait pour les troupeaux, et aussi pour les enfants, bien que réelle, était aussitôt exagérée par un vent de panique dont il est difficile de cerner la part de l’imaginaire. Toujours est-il que c’était un animal rapidement identifié et qu’il était bien difficile à un brave loup de se promener incognito dans la campagne ; De là la comparaison classique ; « On dit aussi qu’un homme est connu comme le loup – dit Furetière – pour dire qu’il est extrêmement connu : et cela ne se dit que d’un homme de qui on peut se donner liberté de dire ce qu’on en pense ».

Dans nos contrées les loups avaient un pelage noirâtre, aux mieux gris foncé, alors que leurs confrères sibériens ont quelquefois le poil plus clair ; Il est possible que certains migrants, à l’occasion d’hivers particulièrement rudes, se soient avancés jusque sous nos climats, et que le passage d’un loup plus clair ait produit dans l’imagination populaire le mythe du « loup blanc », forcément le plus connu de tous, et le plus redoutable ; Car c’est bien en tant qu’animal mythique que Rutebeuf le cite déjà au XIIIè siècle :

Car ce siècle est si changé

Que un leu blanc a tous mangé

Les chevaliers loyaux et preux.

 

Peut être à cause d’une incompréhension dues à la forme populaire « leu », peut-être par un jeu de mots tentant, au lieu de « connu comme le loup blanc » on dit souvent dans le nord d e la France « connu comme le houblon » – variante assez naturelle chez des buveurs de bière.

issu du livre : « La puce à l’Oreille » aux éditions Stock 1978

 

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EXPRESSION : Se mettre à poil

Posté par francesca7 le 15 décembre 2014

 

images (11)« A poil ! Tout le monde à poil » chantait P.Perret. L’expression, dans son acception tout à fait ordinaire de « nu comme un ver », paraît s’entendre d’elle-même puisque dans la tenue d’Adam et Eve tout un chacun montre ses poils là où ils sont. Il s’agit pourtant là d’une motivation secondaire qui fait aujourd’hui la drôlerie et peut-être le plaisir du mot ;

En réalité à poil s’est d’abord appliqué aux chevaux, et constitue une variation de l’expression à cru, qui signifie à même le poil, sans selle ni couverture ; « On dit aussi qu’on monte un cheval à poil, quand on le monte sans selle, et le dos tout nu » (Furetière »). Autrefois les deux expressions s’employaient indifféremment en équitation. Ne pas confondre ; « un garçon d’écurie vint à poil et au grand galop me trouver » (Bavey d’Aurevilly) ne veut pas dire que le gaillard était tout nu.

Cela dit, à cru s’employait également pour les personnes dès le XVIIè siècle pour « à peau nue ». « Leurs transparents seraient plus beaux si elles voulaient les mettre à cru », suggère Mme de Sévigné (les transparents étant des robes de dentelles portées sur des habits de brocard). Il est difficile de savoir si l’on disait également «à poil » dans le même sens dès cette époque, mais il est probable que non. A poil avait alors un tout autre sens ; celui de « brave, courageux ». « Un homme à poil, un homme résolu » dit Littré. C’est ce sens qui a donné les fameux « poilus » (les intrépides), dès avant la guerre de 14-18.

Le poil de la virilité, de la bravoure, le poil guerrier – lequel a donné aussi avoir du poil au ventre, et même « au cul » (avec son euphémisme : « aux yeux ») – nous vient de loin.

Si notre estomac est velu.

Mars, comme nous, l’avait pelu.

dit du Bellay, évoquant le dieu de la Guerre. Avant lui Rabelais rapporte la tradition de vertu et de force accordée à la pilosité. Lorsque Pantagruel naquit, les sages-femmes s’éemerveillèrent : « … Voicy sortir Pantagurel, tout velu comme ung ours, dont dist une d’elels en esperit prophétique : « Il est né à tout le poil : il fera choses merveilleuses ; et s’il vit, il aura de l’eage [âge]« . 

 images (13)En tout cas les deux sens de à poil – force et nudité – ont coexisté un certain temps avant que le second l’emporte. En 1889, Le Père Peinard use simultanément des deux acceptions – d’abord dans le récit d’une bagarre ; « [les petits crevés des cercles catholiques] avaient à faire à des gars à poil et qui ne sont bougrement pas manchots ; les chaises volent que c’est un vrai beurre » – puis dans le compte rendu d’une expositions de peinture ; « [Vallotton] nous montre une tripotée de femmes, des jeunes et des vieilles à la baignade, y en a à poil, d’autres en chemise « . On ne saurait être plus clair.

On peut toutefois être certains d’une chose : dans les salles de garde de la cavalerie, la perspective de monter tantôt un cheval à poil, tantôt une femme de même, a du faire rire aux larmes plus d’un grenadier.

issu du livre : « La puce à l’Oreille » aux éditions Stock 1978

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EXPRESSION : TIRER A HUE ET A DIA

Posté par francesca7 le 15 décembre 2014

 

téléchargement (2)Cette expression vient de notre ami le cheval – La plus noble conquête de l’homme a été mise un peu sur la touche par les temps modernes. A part le prodigieux intérêt pour les courses télévisées, et dans une moindre mesure les randonnées forestières des dimanches d’été, le rôle et le prestige du cheval se sont réduits comme peau de chagrin au cours de ce siècle.

Pourtant, principale source d’énergie pendant un millénaire et moyen de transport presque unique, le cheval qui a révolutionné en son temps aussi bien la manière de cultiver la terre que de se batte aux armées a joué dans le développement de la civilisation occidentale un rôle aussi capital que celui de l’électricité depuis une centaine d’années. Il n’est pas étonnant qu’il soit resté de ses bons et loyaux servies un nombre remarquable de façons de parler.

Ce n’est pas le signe d’une bonne organisation dans aucun domaine que de tirer sans cesse à hue et à dia !…

Ce sont là des termes, dit Furetière, « dont se servent les chartiers pour faire avancer les chevaux par le droit chemin. Il est venu en usage dans cette phrase figurée et proverbiale : Il n’entend ni à dia, ni à hurhaut ; pour dire. C’est un brutal qui n’entend point la raison, quelque parti qu’on lui propose. Les Chartiers se servent de dia pour faire aller leur cheval à gauche, et de hurhaut pour les détourner à droite ». En effet, Roger de Collerye disait très justement au XVIè siècle :

A propos un chartier sans fouet

Qui ne dit dea ni hirehau

Pourrait-il toucher son chevau ?

 

Droite ou gauche, un choix capital certes, mais souvent difficile à opérer. « Il est normal que les uns tirent à hue et les autres à dia – disait R. Escarpit dans un de ses billets du Monde ; A ne pas vouloir choisir, au mieux on reste immobile, au pire, on est écartelé ».

 

Dia ! Dia !… criaient donc les cochers, claquant leur fouet en guise d’accélérateur. Da ! Da !…  reprenaient les bambins, dès le plus jeune âge. C’est ainsi que le noble animal est devenu dada dans la langue enfantine, dès les temps anciens, comme naguère l‘automobile était devenue « toto ».

Il est naturel qu’un animal à la fois aussi prestigieux pour un enfant et aussi familièrement quotidien ait toujours constitué le jeu favori et obstiné des petits garçons, sous la forme de substituts divers, allant du simple bâton empanaché au cheval de bois, toutes catégories, dont la chaise à bascule ornée d’une tête de bidet constitue la version bébé. Selon Rabelais un ancêtre de Pantagruel avait échappé au Déluge en chevauchant l’arche de Noé dans laquelle vu sa teille, il n’avait pu trouver place ;  »Il estoit dessus l’Arche à cheval, jambe deça, jambe delà, comme les petitz enfants sus des chevaux de boys« .

téléchargement (3)La fascination pour le jouet s’est transportée naturellement sur les amusettes et autres idées fixes du monde adulte, qu’il s’agisse d’une collection de castagnettes andalouses, ou bien des obscures branchements des radio-amateurs. Notons en passant que l’anglais Hobby, de hobby-horse (cheval de petite taille), a exactement le même sens et la même évolution.

Enfourcher son dada est donc à peine une métaphore : « Un homme qui ‘na point de dada ignore tout le parti que l’on peut tirer de la vie » affirme Balzac. Je dirai que dans bien des cas un dada aide à vivre, tout simplement.

issu du livre : « La puce à l’Oreille » aux éditions Stock 1978

 

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